Cette fic est écrite dans le cadre de la 163ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Dehors". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !
- DEHORS !
L'oncle Vernon avait vociféré l'ordre encore plus fort, et Harry voyait déjà battre au coin de sa tempe la veine rouge qui lui soufflait d'habitude qu'il était temps pour lui de fuir hors de sa portée. Mais les événements de la soirée et la vitesse à laquelle ils s'étaient enchaînés le paralysaient. L'attaque des détraqueurs sur Dudley et lui, l'intervention de Miss Figg, son renvoi de Poudlard, les lettres d'Arthur Weasley puis de Sirius le réprimandant et lui interdisant de quitter le domicile de son oncle et de sa tante sous n'importe quel prétexte… Et maintenant, l'ordre de l'oncle Vernon, dehors. Pas pour la soirée ou le temps qu'il se calme, définitivement. Harry ne réagit pas et le visage de son oncle devint encore plus violacé. Le prenant violemment par le bras, il le traîna en dehors de la cuisine et le projeta dans l'entrée de la maison avant d'ouvrir le placard sous l'escalier pour en extraire son énorme malle contenant toutes ses affaires.
- J'ai dit Dehors ! Tu prends ta malle, ton maudit pigeon et tu disparais loin de notre vue et de notre vie ! Tu ne détruiras pas notre famille plus longtemps, mon garçon, je te le garantis !
Après avoir traîné sa malle en sa direction, son oncle monta à toute vitesse les escaliers du haut desquels il jeta la cage d'Hedwige en ignorant son hululement indigné. Harry eut juste le temps de la rattraper et abdiqua devant la fureur de son oncle. Il s'empara de sa malle dans une main et de la cage dans l'autre avant de ressortir de la maison, esquivant un autre projectile que Vernon lui lançait.
La nuit était déjà tombée et il traîna ses affaires sur plusieurs centaines de mètres avant que l'épuisement ne l'emporte sur la peur et la colère et qu'il ne se laisse tomber, assis sur sa malle. Que pouvait-il faire ? Où pouvait-il aller ? La dernière fois qu'il s'était retrouvé dans cette situation, le Magicobus avait surgi de nulle part pour le conduire où il le voulait. Mais en supposant qu'il parvienne à se souvenir de comment l'appeler, où voulait-il aller ? Toutes les personnes à qui il aurait spontanément pensé – Sirius, Mr Weasley, même Miss Figg – lui avaient catégoriquement interdit de sortir de chez son oncle et sa tante et, à cet instant, il ne se sentait pas la force d'affronter leurs réprimandes et leur déception. Tenter d'utiliser Hedwige pour leur écrire et leur expliquer la situation ? Cela prendrait plusieurs heures avant qu'ils ne reçoivent sa lettre et là encore, il n'avait pas la moindre idée de la façon dont ils réagiraient. La dernière chose dont il avait besoin était bien qu'on lui ordonne de retourner chez lui, peu importe la fureur de son oncle. Mais alors, où aller d'autre ? Où se réfugier ? Il pouvait bien passer la nuit dehors, par cet été caniculaire, les températures ne chutaient pas en-dessous de vingt degrés… Ca ne lui dirait pas quoi faire après mais s'il parvenait à trouver un coin où dormir quelques heures, il aurait peut-être les idées plus au clair après cela. Alors qu'il se relevait pour se diriger vers le parc de Little Whinging, un CRAC sonore retentit non loin de lui. Il sursauta et se retourna en tirant sa baguette en direction de la personne qui avait transplané et qui se rapprochait rapidement de lui. Il ne l'identifia que lorsqu'il passa sous le réverbère à quelques mètres de lui.
- Professeur Rogue ? s'étonna-t-il.
Il fut surpris de constater que la vision du professeur de Poudlard qu'il haïssait le plus avait presque quelque chose de réconfortant – à cet instant, à l'exception peut-être de Voldemort, il aurait en réalité été heureux de voir n'importe qui appartenant au monde magique.
- Taisez-vous, Potter, ordonna Rogue d'une voix rapide. Vous êtes en danger, nous devons partir d'ici, tout de suite.
- Quoi ?
Rogue jeta un sort rétrécissant sur sa malle avant de la ranger dans une poche de sa robe. Il saisit ensuite fermement le poignet d'Harry et, avant que celui-ci n'ait pu dire quoi que ce soit d'autre, ses pieds quittèrent le sol pendant qu'un rouleau de caoutchouc le compressait de toutes parts jusqu'à l'étouffer. Il reprit une longue inspiration en s'effondrant sur un carrelage froid et, en relevant la tête sur un salon obscur, il comprit qu'il venait de transplaner. Rogue était en train de rendre sa forme normale à sa malle et, pendant qu'il se redressait, il expliqua d'une voix plus calme :
- Le Seigneur des Ténèbres a appris que vous n'étiez plus sous la protection du domicile de votre tante et il s'apprêtait à envoyer une équipe de mangemorts pour vous cueillir. Vous m'aviez déjà habitué à votre arrogance et votre idiotie, mais j'avoue que je n'aurais pas parié sur le fait de vous voir ressortir sans protection dans de pareilles circonstances. A deux minutes près, le Seigneur des Ténèbres finissait ce qu'il avait commencé dans ce cimetière il y a un mois.
Harry s'efforça de ne pas frissonner pendant que les visions, autant issues de ses souvenirs que de ses cauchemars récurrents, l'assaillaient. Le cimetière. Queudver qui l'attachait à une tombe pour que Voldemort puisse le torturer. Le duel.
- Je ne l'ai pas voulu, protesta-t-il, ils m'ont jeté dehors.
Rogue parut surpris par sa réponse mais se détourna.
- Restez ici et ne touchez à rien le temps que je contacte Dumbledore pour savoir quoi faire de vous.
- Epargnez-vous la perte de temps, grommela Harry, il me dira de rentrer chez ma tante. C'est ce qu'ils m'ont tous dit depuis deux heures. Et si je le fais, vous me retrouverez encore dehors la nuit prochaine parce que comme vous, aucun d'eux ne semblait disposé à croire que c'est eux qui ne voudraient plus de moi et non l'inverse.
Le regard de Rogue sonda longuement celui de Harry, comme s'il réfléchissait à ce qu'il venait de dire, avant de se détourner et de disparaître derrière une porte sans un mot de plus. Harry soupira longuement avant de se rasseoir sur sa malle. Il laissa son regard divaguer sur le salon où il était. Quelques fauteuils en tissu vert foncé autour d'une table basse et sous un grand tapis, une cheminée sur laquelle des bibelots ressemblant à ceux de la boutique de Barjow & Beurk s'alignaient, une bibliothèque contenant des livres semblant ne pas avoir été touchés depuis des années. L'ordre de Rogue de ne toucher à rien était inutile, la sensation de se trouver dans l'antre d'un expert en magie noire était suffisamment malaisante pour lui donner envie d'explorer l'endroit plus en détails. Pourtant, les paroles de Rogue continuaient encore plus à le faire frissonner. A deux minutes près, Voldemort le cueillait. De ce qu'il avait compris, Rogue avait eu cette information en premier et était intervenu sans prendre le temps d'avertir quiconque d'autre. Comment aurait-il pu être au courant à moins d'avoir été dans les rangs des mangemorts à cet instant ? Et s'il était un mangemort, pourquoi l'avoir arraché de justesse au danger qui le menaçait et chercher à le mettre en sécurité ? Un nouveau CRAC sonore retentit dans la maison et, avant que Harry n'ait pu se demander si Rogue était parti ou quelqu'un d'autre arrivé, la porte se rouvrit en laissant passer Rogue, Remus et Sirius. Harry se releva et pâlit légèrement en le voyant, se remémorant son interdiction de sortir de chez sa tante, mais Sirius semblait dévoré par l'inquiétude quand il fondit sur lui.
- Harry, bon sang, tu vas bien ?
En deux pas, Sirius fut sur lui, une main sur son épaule et l'autre sous son menton pour l'obliger doucement à relever la tête vers lui pendant que son visage inquiet sondait le sien.
- Ca va oui. Je suis désolé, je voulais pas partir de chez eux je te le jure…
- Oublie ça, ordonna Sirius en balayant ses paroles d'un signe de tête. Rogue m'a dit qu'ils t'avaient jeté dehors, c'était stupide de ma part de t'ordonner d'y rester, ils auraient pu te malmener bien plus que ça si tu m'avais obéi. Oublie ça mon grand.
Sirius l'attira contre lui et le serra dans ses bras et, pendant qu'il se laissait aller à son étreinte, Harry sentit toute la pression de la soirée disparaître. A cet instant, il avait enfin la sensation de ne plus être seul – et de ne plus avoir à se débattre. Que peu importe ce qui arriverait, que des détraqueurs l'attaquent, que son oncle revienne déchaîner sa fureur sur lui ou que Voldemort vienne l'enlever, cela ne reposerait plus sur lui seul, qu'il serait sous la protection d'un sorcier bien plus mûr et expérimenté qui ferait tout pour qu'il ne lui arrive rien d'autre. Il savoura l'étreinte de son parrain pendant plusieurs secondes avant que celui-ci ne le relâche doucement.
- Sirius, commenta Remus resté un peu plus loin à côté de Rogue, la décision d'emmener Harry ne peut pas nous revenir entièrement. Dumbledore ne voulait pas qu'il rejoigne le QG tant que le sortilège de Fidélitas n'était pas en place pour le protéger. On doit le prévenir et…
- Et bien que cela me fasse du mal de l'admettre, coupa Rogue, Potter a eu raison sur un point. Dumbledore souhaitera que Potter retourne chez sa tante d'où il pourra à nouveau être expulsé à tout moment. Je n'aurais pas forcément deux fois de suite la chance d'être au bon endroit au bon moment pour prendre le Seigneur des Ténèbres de vitesse.
- Harry était sous la protection d'un sortilège inviolable chez sa tante et celui-ci a volé en éclats quand ils l'ont mis à la porte, reprit Sirius. James et Lily étaient protégés par un Fidélitas également. On sait tous que les sorts de protection soi-disant parfaits ont des failles. Harry a besoin d'un repas chaud et d'un lit dans une demeure remplie de membres de l'Ordre du Phénix, pas d'autres sortilèges inutiles car sabordés par de mauvaises personnes. Et le QG reste encore ma maison dans laquelle je suis libre d'inviter qui je veux. Il rentre avec nous et si Dumbledore trouve quelque chose à en redire, il devra gérer ça avec moi d'abord.
Remus acquiesça lentement puis se retourna vers Rogue.
- C'est pour ça que tu as tenu à nous avertir en premier ? supposa Remus. Tu te doutais que Sirius serait l'un des rares à s'opposer à la volonté de Dumbledore ?
- Crois bien que ce n'est par plaisir que je suis venu vous trouver, en effet, confirma Rogue avec un rictus.
Il releva les yeux vers Sirius qui avait gardé un bras autour des épaules de Harry et reprit :
- J'ai en effet préféré m'adresser à quelqu'un dont j'avais à peu près la certitude qu'il rechignerait à jeter de nouveau ce gosse dehors.
En espérant que ça vous ait plu !
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