Cette fic est écrite dans le cadre de la 164ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Dévaster". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !


Sirius tournait en rond dans le bureau de Dumbledore, ne parvenant pas à rester immobile. Il n'attendait qu'un mot pour être rassuré, pour apprendre que la troisième tâche du tournoi des trois sorciers était fini et que Harry était définitivement hors de danger. Au lieu de ça, il avait reçu ce patronus lancé à la hâte par Dumbledore. Harry a été enlevé par Voldemort pendant la troisième tâche. Il est en sécurité. Venez nous retrouver devant la cabane de Hagrid sous la forme de Sniffle. Il avait accouru aussitôt et, peu de temps après, Rogue l'avait conduit dans le bureau de Dumbledore. Et maintenant il attendait, sans plus d'informations ou de nouvelles, sans pouvoir répondre à une seule question qu'il jugeait pourtant simple : Comment allait son filleul ? Soudain, la porte s'ouvrit sur Dumbledore et Harry. Plus exactement, Dumbledore qui portait à moitié Harry.

Il fut d'abord choqué par son regard. Les yeux de son filleul, d'habitude débordants de vie, d'énergie voire parfois d'insolence, semblaient s'être éteints. Ses deux billes vertes sans lueur ne trahissaient qu'une profonde fatigue et peut-être quelque chose que Sirius devina être de la douleur. Cette impression fut confirmée quand il vit qu'Harry boitait terriblement, s'efforçant d'avancer tout en semblant incapable de poser son pied droit par terre. Son visage était sale, couvert de terre, de sang et de quelques traînées d'eau - des larmes ? - et sa robe déchirée en de multiples endroits.

- Harry ! s'exclama-t-il.

Il fut sur lui en deux foulées et le prit par les épaules.

- Comment tu te sens ? Oh je le savais... Je savais que quelque chose comme ça allait arriver ! Qu'est-ce qui s'est passé ?

Le regard de son filleul se ralluma timidement en le voyant mais ses mots semblent rester coincés dans sa gorge, achevant d'inquiéter Sirius. Quoi qu'il ait subi, Harry semblait effondré, traumatisé... Dévasté.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? reprit-il plus doucement.

Il l'aida le plus délicatement possible à marcher jusqu'à une chaise face au bureau de Dumbledore pendant que celui-ci prenait place en face d'eux. Sirius garda une main posée sur l'épaule de Harry mais à nouveau, celui-ci n'essaya pas de répondre, laissant Dumbledore raconter le récit de Barty Croupton Junior et la façon dont il avait réussi à truquer le tournoi des trois sorciers dans le but d'enlever Harry et de le livrer à Voldemort.

- A présent Harry, conclut Dumbledore, je vais te demander une dernière épreuve pour cette soirée. Je vais avoir besoin de savoir le plus précisément possible ce qu'il s'est passé à partir du moment où tu as touché le trophée.

- Ça ne peut pas attendre demain ? s'exclama Sirius.

Il se fit violence pour ne pas formuler devant son filleul le fond de sa pensée. Il faut être aveugle pour ne pas voir à quel point il est démoli et dévasté, je ne suis pas sûr qu'il puisse aligner trois mots dans son état et aucun de nous n'a envie d'y passer la nuit pour obtenir un récit cohérent.

Harry tourna vers lui un regard soudainement reconnaissant qui le motiva à reformuler ses mots.

- Laissons-le dormir, il a besoin de repos.

- Crois bien que si je pensais te rendre service en te permettant de rejoindre le sommeil maintenant, je le ferai, assura Dumbledore. Mais endormir la douleur ne fera que la raviver davantage lorsqu'elle se réveillera. Tu devras tôt ou tard nous parler de ce qui s'est passé cette nuit, et le plus tôt t'apaisera le plus vite possible.

Harry acquiesça d'un pâle hochement de tête et, bien que Sirius doutait encore de sa capacité à aligner trois mots, il commença à raconter d'une voix rauque ce qui s'était passé. Leur décision avec Cédric de s'emparer de la coupe ensemble, leur atterrissage dans le cimetière, leurs interrogations sur s'il s'agissait ou non d'une épreuve du tournoi. La main de Sirius se crispa sur l'épaule de son filleul quand il évoqua d'une voix soudainement brisée l'apparition de Queudver qui avait tué Cédric devant lui avant qu'aucun d'eux deux n'ait pu comprendre ce qui se passait. Puis il raconta la suite. Queudver qui le traînait jusqu'à une tombe où il le frappait pour le dissuader de se débattre avant de le ligoter et le bâillonner, Queudver qui exécutait devant lui le rituel de magie noire permettant de ressusciter Voldemort... Quand il raconta comment il lui avait entaillé le bras avec son couteau, il ne put retenir une exclamation choquée. Dumbledore s'était levé sous le choc et examina quelques secondes le bras tailladé de Harry avant de se rasseoir et de lui demander de continuer. Le retour de Voldemort, son discours à Harry puis à ses mangemorts. Puis son attention revenue sur Harry. Sa capacité de le toucher sans dommage, le sortilège Doloris qu'il lui lançait sans qu'il puisse se défendre, sa provocation en duel. A chaque fois que Sirius semblait commencer à comprendre ce qui avait plongé Harry dans un tel état de choc et de traumatisme, le récit de son filleul s'accentuait encore dans l'horreur. Les nouveaux sortilèges de torture, la volonté de Voldemort de l'humilier et de le soumettre avant de le tuer, les hurlements de rire des mangemorts pendant tout ce temps... Il sentait que sa main se crispait beaucoup trop fort sur l'épaule d'Harry sans pour autant parvenir à se maîtriser pour le lâcher.

Quand il raconta comment sa baguette s'était connectée à celle de Voldemort pour ramener chacune de ses victimes, Sirius ne put s'empêcher de se sentir soulagé de savoir qu'il n'avait plus été seul, que James et Lily étaient revenus pour l'aider et le conseiller. Il pensa amèrement que ses deux amis avaient dû le haïr d'avoir failli à ses devoirs de parrain et d'avoir laissé leur fils se retrouver dans une telle situation, mais il gérerait sa culpabilité plus tard. James et Lily lui avaient offert une ultime porte de sortie dont Harry avait pu s'emparer pour s'enfuir et rentrer à Poudlard. Sirius entendit à peine les remerciements de Dumbledore et ses félicitations pour sa bravoure et son courage, ni son soulagement de l'avoir vu revenir indemne de cette épreuve. Il ne se donna pas la peine de protester que son filleul était très loin d'être indemne. Il était tellement tétanisé et dévasté... Son enfance et son innocence étaient restées à jamais attachées à cette tombe et qu'importe les soins et les potions de sommeil dont il pourrait bénéficier... L'enfant qu'il avait connu, lui, ne reviendrait jamais de ce cimetière.


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