Cette fic est écrite dans le cadre de la 165ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Vérisimilitude". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !

Harry sursauta et se recroquevilla sur lui-même en entendant la porte d'entrée se refermer violemment. Dans le fauteuil du salon, à côté de lui, Pétunia s'était crispée mais elle ne bougea pas lorsque l'oncle Vernon les rejoignit, le visage rouge de fureur.

- Tu es fier de toi j'espère ?!

Harry avait appris depuis longtemps qu'il ne servait à rien de lui répondre. Qu'il ne servait à rien de lui dire qu'il n'avait pas la moindre idée de pourquoi la moitié du plafond de la maison s'était effondré entre Dudley et lui quand celui-ci avait voulu passer ses nerfs sur lui, qu'il n'y était pour rien, qu'il avait à peine eu le temps d'avoir peur avant de voir la structure de la maison s'écrouler. Il n'essaya pas de se débattre lorsque Vernon le saisit par le col de son tee-shirt trop grand et le secoua violemment avant de le jeter sur le sol. Il laissa les coups tomber en essayant à peine de se protéger mais ne put retenir un soupir de soulagement quand son oncle le saisit à nouveau pour le jeter dans le placard sous l'escalier dont il verrouilla la porte.

Son visage était encore rouge quand il revint dans le salon et s'effondra dans un fauteuil à côté de Pétunia. Un silence pesant tomba avant que Pétunia ne le brise :

- J'ai pu avoir les assureurs au téléphone. Un expert va passer demain mais selon ce qu'ils m'ont dit, il n'y a pas de raisons qu'ils ne couvrent pas les réparations.

Vernon ne répondit que par un grognement et un nouveau silence tomba avant qu'elle ne reprenne :

- Je sais ce que tu penses Vernon mais… Ce n'était pas de sa faute.

- Tu ne vas pas te mettre à le défendre Pétunia ! s'exclama-t-il soudainement. Tu sais comme moi ce qui a fait s'effondrer la moitié du plafond de l'étage !

- Je sais ce qui a fait ça oui. Et c'est quelque chose qui vit à l'intérieur de ce gosse, pas ce gosse en lui-même. Elle faisait ce genre de choses aussi. Elle était juste strictement incapable de le contrôler.

- Nous étions d'accord quand nous avons recueilli ce gosse ! Pas de ça chez nous ! Soit il comprend la leçon et il trouve le moyen de contrôler ça, soit il devra s'en aller !

Pétunia sembla hésiter à chercher une réponse avant de renoncer et de laisser à nouveau un silence pesant retomber dans la pièce. Elle était la mieux placée pour comprendre l'état d'esprit de son mari – elle aussi était épuisée quotidiennement. Épuisée de se lever en se demandant ce que les pouvoirs de ce gosse leur réserveraient aujourd'hui, épuisée de mentir aux voisins, aux amis, au reste de la famille, de mentir à chaque personne de leur entourage pour tenter de justifier l'inexplicable. Entretenir cette vérisimilitude, cette apparence de vérité, cette apparence de normalité, alors que rien chez eux et encore moins chez cet enfant n'était normal ou explicable sincèrement à qui que ce soit, était un défi de tous les jours qui les rongeait jusqu'à la moelle. Justifier pourquoi la moitié de leur maison s'était effondrée, pourquoi leur neveu s'était retrouvé sur le toit de l'école, pourquoi il s'était soudainement volatilisé alors qu'il était coincé contre un mur face à Dudley… Tout cela leur demandait de l'énergie, plus d'énergie que n'avaient deux adultes à la vie déjà bien remplie par l'éducation de deux enfants, trop d'énergie pour pouvoir gérer autrement que par des cris, des coups et de l'indifférence celui qui était sans le vouloir responsable de chacun de ces événements. Alors ils cédaient à leur colère, leur épuisement et leur rancœur d'avoir accepté de gérer ce gosse et tous les problèmes qui allaient avec lui, ils remisaient leur culpabilité et ils laissaient Harry dans son placard. Pendant quelques jours, leur vie redevenait un peu plus saine, un peu plus normale, ils avaient moins besoin de mentir ou de faire semblant que d'habitude. Alors ils dormaient plus paisiblement que jamais, ils pouvaient enfin souffler et se reposer… Jusqu'à ce qu'ils aient retrouvé la force de le laisser sortir et d'affronter la prochaine tempête, le prochain événement paranormal.

En espérant que ça vous ait plu sans pour autant (trop) excuser les Dursleys pour leur comportement !

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