Cette fic est écrite dans le cadre de la 170ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Perversion". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !

- Il te pervertit ! s'écria Severus. Ce type pervertit toutes les personnes qui le fréquentent de trop près ! Black, qui a été renié et haï par sa famille ! Pettigrow, le type discret et effacé qui se retrouve en retenue tous les quatre matins ! Lupin, qui a été nommé préfet exprès pour les cadrer et qui lui aussi se retrouve collé aussi souvent qu'eux ! Tu ne vas pas faire exception, Potter va t'embarquer sur un mauvais chemin qui va te faire renier tout ce que tu es et tous ceux à qui tu tiens, comme il le fait avec tout le monde !

Lily prit quelques secondes pour réfléchir à ce que Severus venait de lui dire. Elle savait que celui-ci haïssait beaucoup trop James pour avoir un point de vue objectif sur son comportement, pourtant sa curiosité l'incita à considérer cette dernière accusation. Est-ce que vraiment, James pervertissait tous ceux qui l'approchaient ?

Pour Sirius, le constat semblait facile. L'héritier des Black, fils prodige et fierté de sa famille, qui avait rencontré James dans le train et avait supplié le Choixpeau de le répartir à Gryffondor pour pouvoir rester avec lui – selon les rumeurs, en tout cas. Sirius, qui depuis sa rencontre avec James n'avait eu de cesse de provoquer sa famille, de fréquenter et d'apprécier les nés-moldus de son année, de faire les quatre cents coups avec lui et de multiplier les retenues, avertissements et lettres à ses parents. Sirius, qui malgré ses airs assurés et fanfarons, revenait de chaque vacances chez sa famille avec le regard plus sombre, les mouvements plus précautionneux, le dos légèrement voûté. Aucune des punitions physiques qu'il recevait ne serait arrivée s'il était resté dans le droit chemin tracé par ses parents, et il y serait resté s'il n'avait pas rencontré James. Mais James avait dévoilé un autre Sirius. Elle se souvenait de ce garçon triste qu'elle avait rencontré dans le train et à qui James avait essayé de remonter le moral. Sans James, ce garçon aurait été réparti à Serpentard, il serait resté le personnage froid et solitaire dont elle s'était demandé s'il n'était pas sur le point de mourir de tristesse sous la pression qui pesait sur ses épaules. James l'avait peut-être perverti, selon les dires de Severus, mais elle avait plutôt envie de dire que James avait simplement permis au vrai Sirius, celui enfoui sous son masque d'héritier de la famille Black, celui qui riait, qui plaisantait, qui rendait la vie à Gryffondor aussi joyeuse, de s'épanouir au grand jour.

Peter. Un sang-mêlé timide et effacé, sérieux malgré son manque flagrant de compétences en magie. Elle s'était souvent demandé ce que des personnes aussi brillantes qu'exubérantes comme James et Sirius avaient pu lui trouver pour qu'ils deviennent aussi proches. Longtemps, elle avait considéré Peter comme l'ombre du groupe, celui qui les suivait et les approuvait sans jamais poser de questions ou d'objections. Pourtant, à leur contact, Peter avait pris de l'assurance. Il avait progressé en magie, indubitablement, tiré vers le haut par l'excellence de ses amis, mais il avait aussi pris en assurance. Sans eux, Peter serait resté ce garçon invisible que beaucoup de gens croisaient sans même connaître le prénom. L'aura de James et Sirius avait rejailli sur lui et lui avait permis de s'affirmer, de se sentir légitime à proposer des idées, répondre à des questions et même parfois être l'instigateur de leurs coups fourrés. Peter était de ces personnes qui ont constamment besoin de se sentir aimées et considérées pour exister et côtoyer quelqu'un d'aussi amical et ouvert d'esprit que James était probablement la meilleure chose qui aurait pu lui arriver.

Et puis il y avait Remus. Remus, qu'elle avait profondément apprécié dès qu'elle l'avait rencontré. Comment aurait-il pu en être autrement, ils étaient tellement semblables tous les deux ? Sérieux, travailleur, impressionné par Poudlard, semblant ne pas en revenir de la chance de pouvoir être ici et décidé à prouver au monde entier qu'il y méritait sa place. Remus, qui disparaissait chaque mois et revenait à chaque fois plus pâle, plus affaibli, mettant toujours plus de temps à se rétablir et redevenir aussi enjoué que d'habitude. Il inventait toujours différentes excuses pour justifier ces absences mais, si Lily avait plusieurs hypothèses plus ou moins crédibles, tout le monde semblait s'accorder sur le fait qu'il cachait comme il le pouvait un problème de santé dont seuls Mme Pomfresh et Dumbledore avaient le secret. Et plus les mois passaient, plus Lily s'en persuadait : Quel qu'il soit, ce problème de santé aurait fini par le tuer. Peu importe la volonté de se battre et la résilience de Remus, celui-ci aurait fini par arriver au bout de ses forces, par renoncer à se battre et laisser ce mal l'emporter. Mais il avait rencontré James. James, qui avait paru comprendre avant tout le monde à quel point Remus n'allait pas bien. James, qui était resté à ses côtés à l'infirmerie aussi souvent et longtemps que nécessaire, jusqu'à être sûr que Remus était parfaitement rétabli. James, grâce à qui Remus avait finalement remonté la pente et revenait de ses périodes d'absences moins fatigué, moins abattu, plus souriant et déterminé à avancer malgré tout.

- C'est bien le problème, Severus, expliqua Lily. Toi, tu parles de perversion, de tirer les gens vers le mal, parce que tu apprécies de les voir dans cet état-là. Tu aimes voir des gens moins heureux, moins brillants ou moins en forme que toi. Mais moi, ce que je vois, c'est que James fait juste ressortir le meilleur de ce qu'il y a chez les personnes qui l'approchent d'assez près.

En espérant que ça vous ait plu !

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