Cette fic est écrite dans le cadre de la 172ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Torturer". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !


- Endoloris !

Attaché contre la pierre tombale du cimetière, Harry n'avait eu aucun moyen de se défendre. Le sortilège l'avait frappé et une douleur telle qu'il n'en avait jamais connue l'avait envahi pleinement, broyant ses os et brûlant ses muscles à l'extrême. Lorsque Voldemort avait levé le sortilège, il avait à peine entendu les éclats de rire des mangemorts autour d'eux pendant que son corps inerte retombait contre les cordes qui le retenaient. Lorsque Queudver l'avait détaché et lui avait rendu sa baguette, il avait légèrement repris contenance. A présent, au moins, il pourrait se défendre pour ne plus connaître une telle douleur. C'était ce qu'il avait cru, jusqu'à ce que le deuxième Doloris le prenne par surprise et qu'il s'effondre à nouveau. Le sortilège avait été plus long, plus féroce, la douleur accentuée par les convulsions incontrôlables de son corps. Quand celui-ci s'était arrêté, il était resté étendu dans l'herbe du cimetière. Il ne voulait plus revivre ça, plus jamais ressentir une telle douleur, il en venait même à espérer que Voldemort l'achève immédiatement pour enfin en finir et ne plus souffrir. Mais ça n'avait pas été son intention. Quand il lui avait lancé un Imperium pour le faire obéir, il avait compris que, quoi qu'il fasse, Voldemort comptait encore le torturer, longtemps, avant de lui permettre d'en finir. Et, quand il l'avait menacé d'un autre Doloris pour lui apprendre à obéir avant de le tuer, seule la terreur et le désespoir à l'idée de ressentir encore cette douleur sans nom l'avaient poussé à se cacher derrière une tombe avant de riposter.

Harry rouvrit les yeux en sursaut, trempé de sueurs. Les ronflements de Ron à ses côtés et les couvertures épaisses lui rappelaient où il était, au 12 square Grimmaurd, où l'Ordre du Phénix l'avait ramené quelques jours auparavant. Il savait d'expérience qu'il ne parviendrait pas à se rendormir avant plusieurs heures, le même cauchemar défilait en boucle toutes les nuits et le laissait réveillé pour la plus grande partie de la nuit, hanté par la perspective de revivre un jour la douleur causée par un sortilège Doloris. Un frisson le secoua à cette simple pensée et il se motiva à se lever et à rejoindre la salle de bains de l'étage. En passant de l'eau froide sur sa tête, il acheva de se réveiller et parvint légèrement à calmer le tremblement de ses mains.

- Harry ? Tout va bien ?

Il sursauta et se retourna d'un bond vers Sirius.

- Désolé, s'excusa celui-ci, je ne voulais pas te faire peur.

Pendant que Harry reprenait sa respiration, Sirius s'empara d'une serviette de toilette et essuya délicatement l'eau qui coulait encore sur le visage de son filleul. Ce contact et la prévenance de Sirius achevèrent de calmer Harry et, après avoir fermé le robinet, Sirius reprit :

- Tu fais encore des cauchemars ?

Harry se demanda l'espace d'une seconde comment Sirius avait pu le deviner avant de se douter que ce ne devait pas être la première fois que son parrain l'entendait se lever la nuit pour émerger et finir de se réveiller dans cette salle de bains. Il confirma d'un léger hochement de tête. Sirius avait été là le soir où il était revenu de ce cimetière pour raconter le récit de ce qu'il s'était passé à Dumbledore, il savait qu'il n'avait pas besoin d'en dire plus pour que son parrain devine quelles scènes tournaient en boucle dans ses cauchemars la nuit.

- Harry… continua doucement Sirius. Je veux que tu saches que contrairement à ce que tes années précédentes t'ont laissé penser, il n'est pas normal que tu te sois retrouvé seul face à Voldemort. Peu importe à quel point il te recherche, rien ne justifie qu'il soit parvenu à t'atteindre à la fin de l'année dernière. Te protéger et t'empêcher de l'affronter, c'est notre travail, à nous, les adultes. Et nous ne faillirons pas à nouveau, je te le promets.

- Mais s'il parvient quand même…

- Il n'y parviendra pas, coupa Sirius. Je ne le permettrai pas, et Dumbledore non plus. Je te jure que tant que nous serons là, il ne pourra plus poser la main sur toi.


La promesse de Sirius lui avait permis de retrouver le sommeil, d'abord cette nuit-là, puis pendant toutes les autres. Les cauchemars se succédaient toujours autant, il se réveillait toujours en sueurs, mais il avait désormais cette certitude : Il n'aurait jamais à revivre ça. Peu importe à quel point le sortilège Doloris était violent, peu importe à quel point Voldemort désirerait le torturer la prochaine fois qu'il se retrouverait face à lui, Sirius serait là pour le protéger et empêcher que cela n'arrive. Il ne revivrait plus jamais de Doloris, et cette certitude lui permettait de retrouver le sommeil.


- Très bien… souffla Ombrage entre ses dents. Puisque vous ne me laissez pas le choix… Le sortilège Doloris devrait vous délier la langue…

Le sang d'Harry se glaça. Durant toute l'année, la promesse de Sirius de toujours s'opposer à quiconque voudrait lui jeter ce sort lui avait permis de mettre légèrement à distance son traumatisme des effets du Doloris. Mais Sirius n'était plus là, prisonnier de Voldemort, Dumbledore était parti également et, alors qu'une terreur sourde se répandait en lui, il entendit Hermione crier :

- Non ! Dis-lui Harry !

Pendant qu'Hermione faisait de son mieux pour improviser des explications capables de satisfaire Ombrage, Harry fut envahi par une bouffée de reconnaissance. Hermione n'était pas du genre à improviser, à agir sans avoir un plan de parfaitement défini. Mais elle avait toujours tout compris mieux que tout le monde, mieux que Ron qui pourtant partageait sa chambre l'été dernier. Même si elle ne lui en avait jamais parlé, elle avait deviné l'ampleur du traumatisme d'Harry face à ce sortilège et, en l'absence de Sirius, en l'absence de Dumbledore, elle tentait l'impossible pour le protéger comme elle le pouvait.


- Donne-moi cette prophétie, susurra Lucius Malefoy entre ses dents.

Harry savait qu'il n'avait pas le choix. Entre cette prophétie dont il ignorait tout et la vie de ses amis retenus par les mangemorts, il n'avait même pas à y réfléchir. Pourtant, il s'avança le plus lentement possible vers Malefoy en lui tendant la sphère argentée. Il espérait encore que ses amis ne les intéresseraient pas, qu'ils les relâcheraient dès qu'ils auraient eu ce qu'ils désiraient. Mais il ne se faisait aucun espoir quant à lui-même. Malefoy ne le laisserait jamais ressortir de ce ministère, pas alors qu'il était à sa merci et qu'il obtiendrait tous les éloges de Voldemort pour lui avoir livré Harry. Il savait ce qui l'attendrait alors. Les mêmes tortures, les mêmes sortilèges que l'été dernier. Alors que la main de Malefoy se refermait sur la prophétie et que son regard se relevait sur l'adolescent face à lui avec un sourire sadique et satisfait, les portes de la salle volèrent en éclats, laissant les membres de l'Ordre du Phénix. Sirius dévala les gradins qui entouraient l'arcade en direction d'Harry et s'interposa entre Malefoy et lui. Pendant que les sortilèges fusaient de toutes parts et qu'Harry prêtait main forte à Sirius pour repousser les assauts des mangemorts, une part de lui ne put s'empêcher d'adresser un remerciement silencieux à Sirius. Son parrain aurait eu toutes les raisons de lui en vouloir de s'être mis dans cette situation, d'avoir volé vers ce ministère sans s'inquiéter du danger dans lequel il se mettait. Mais ça n'avait rien changé à la volonté de Sirius de tenir sa promesse. Il s'opposerait à quiconque voudrait à nouveau le livrer à Voldemort.


Pendant que Harry dévalait le parc à la poursuite des mangemorts, Bellatrix se retourna vers lui :

- Endoloris !

Le sortilège le frappa et le jeta par terre, mais l'éclair de douleur disparut instantanément pendant que Rogue criait :

- STOP !

Bellatrix avait levé sa baguette et interrogeait du regard Rogue qui reprit :

- Tu connais les ordres ! Potter appartient exclusivement au Seigneur des Ténèbres ! Nous devons le lui laisser !

Bellatrix esquissa une moue déçue mais se détourna de lui. La rage d'Harry envers Rogue était toujours aussi intense, son sentiment de vengeance après sa trahison toujours flamboyant en lui. Mais, bien qu'il nierait éternellement avoir eu cette pensée à ce moment-là, dans un coin de son esprit, il pensa pendant une fraction de seconde que quelqu'un qui continuait à s'opposer à ce qu'il soit torturé alors que Sirius et Dumbledore n'étaient plus là pour le faire ne pouvait pas être totalement mauvais.


En espérant que ça vous ait plu !

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