Bêta : Mokonalex
Assistante/Elfe de Maison/Infirmière : Mirabelle31
Note de l'auteur : Un peu de retard cette semaine, mais j'ai fait un petit voyage en SAMU jusqu'aux Urgences. En bref, ma situation ne s'améliore pas mais on tient l'coup, "vindieu" !
Sur ce, appréciez bien ce chapitre et n'assassinez pas l'auteur pour son cliffie en bas de page. Je vous rappelle qu'un auteur mort, assassiné, tué, raide sec ou fortement défunt, est un auteur qui ne peut plus écrire. Songez-y ! ^^
Bonne lecture !
Dans le jardin public du Square Grimmaurd, Harry n'en menait pas large. Il regardait fixement la porte noire à la peinture écaillée du numéro 12. Le heurtoir d'argent en forme de serpent semblait lui dire « Frappe ! Et tu auras des ennuis… »
Le jeune sorcier frotta la paume moite de ses mains sur son jean. Il soupira en voyant les fenêtres toujours illuminées du rez-de-chaussée. Plus il retarderait l'échéance, et plus il s'en prendrait dans les dents. Avec le courage et la détermination d'un Serpentard croisé avec un Poufsouffle, Harry traversa lentement la rue avec la tête de quelqu'un qui va à la potence.
Il monta les escaliers de pierre de la demeure, mais avant qu'il n'ait eu le temps de poser sa main sur le heurtoir, la porte s'ouvrit brutalement en grand. Il sursauta et cria presque de surprise.
Remus Lupin, les yeux dorés fulminant de colère et la mine sévère, se trouvait devant lui. Sans un mot, il le saisit violemment par le bras et sans le savoir blessa le jeune sorcier. Harry aurait demain matin, un bel hématome en forme de doigts sur son biceps droit. Il réprima un gémissement de douleur et eut un moment de recul en voyant la mine vraiment peu plaisante du Maraudeur. Derrière lui se tenait Molly Weasley. Elle était si furieuse qu'Arthur était obligé de lui tenir les bras par derrière. Elle marmonnait quelque chose à propos d'une cuillère en bois…
Sur la première marche de l'escalier descendant à la cuisine, Ron et Hermione assistaient, bouche bée à la scène. Le rouquin était furieux et ne se gênait pas pour le montrer. Les bras croisés sur la poitrine, avec un air de défi et de haine sur le visage, il toisait méchamment son meilleur ami, sous l'œil fortement désapprobateur d'Hermione.
— HARRY JAMES POTTER ! OÙ ETAIS-TU PASSÉ ? hurla Remus en secouant Harry comme un prunier.
Celui-ci effrayé, se recroquevilla contre le battant de la porte, les bras repliés contre son visage. Il se laissa choir sur le sol et commença à balbutier.
— Dé… désolé… Oncle Vernon… Pardon… Me frappe pas… Pitié…
— Lâche-moi, Arthur ! Je te dis de me lâcher, il n'est pas question que ce petit vaurien se permette d'entrer et de sortir d'ici comme d'un moulin moldu !
— ÇA SUFFIT ! LÂCHEZ CET ENFANT, IMMÉDIATEMENT !
La voix d'Albus Dumbledore avait claqué comme un fouet, depuis les escaliers menant au premier étage. Sa mine sévère indiquait qu'il était vraiment mécontent.
— Ne recommencez pas ça devant moi, Remus, où je pourrais bien me fâcher. Et ceci vaut également pour vous, Molly ! Vous ne frapperez pas Harry avec une cuillère en bois, il n'est pas votre fils.
— Mais, Albus… il a fugué, tenta la rouquine sous l'œil désapprobateur de son époux.
— Fugué ? Première nouvelle !
— Vous avez passé la journée dans votre chambre à faire vos recherches, Albus. Nous avons tenté de vous prévenir en frappant à votre porte mais vous n'avez pas répondu, tenta de se justifier Remus. Harry a disparu vers 20h et personne ne l'a vu quitter la maison, personne ne savait où il était depuis. Il aurait pu lui arriver n'importe quoi !
— Et si des Mangemorts avaient mis la main sur lui, hein ? insista Molly en tentant toujours de se dégager des mains fermes qui la retenaient.
— Vous savez très bien qu'il n'y a eu aucune activité de Mangemorts ou de Lord Voldemort depuis la première année d'Harry, affirma le Directeur de Poudlard en franchissant la distance qui le séparait du jeune Gryffondor recroquevillé tout tremblant contre la porte. Lève-toi, Harry. Tout va bien, mon garçon. Tu ne risques rien, je te le promets. Tu as passé une bonne soirée ? Severus m'a dit que tu t'étais bien amusé. Il faut que tu me racontes un peu. Comment était la musique ? Ah, si j'étais encore jeune et fringant ! Je serais allé avec vous ! Tu sais quoi ? Un jour, il faudra qu'on aille tous les trois faire un bowling. Je suis sûr que ça te plairait. Severus est terrible au bowling… Il arrive à me battre, parfois. C'est tout dire !
La voix paisible d'Albus Dumbledore ramena Harry au présent. Le vieil homme lui tendit sa main noueuse et le petit sorcier la saisit alors pour s'aider à se remettre sur ses jambes.
— Vous… vous étiez au courant ? demanda Remus, complètement abasourdi. Comment ça se fait qu'il ne nous ait pas prévenus ? Harry ! Pourquoi tu n'as rien dit ?
— Je suis majeur, je suis donc libre de mes mouvements, répondit Harry d'une voix de nouveau posée grâce à la présence d'esprit d'Albus. Je n'étais pas seul, je n'étais pas en danger. Et je n'ai fait aucune bêtise. De plus, je ne suis pas parti longtemps, juste quelques heures. J'aurais disparu toute une journée ou un week-end, je ne dis pas. Mais, je vous le dis franchement, je n'ai pas apprécié cet accueil. Un match de Quidditch dure souvent plus longtemps que mon absence de ce soir. Si jamais vous me refaites un coup comme celui-là, je ne vous adresserai plus jamais la parole. De toute ma vie ! Vous n'êtes pas mes parents, ni mes tuteurs. Je n'ai aucun compte à vous rendre. À la limite, au Professeur Dumbledore si nous étions à Poudlard.
— Tu ne peux pas dire ça, Harry ! protesta Molly. Nous nous sommes inquiétés pour toi !
— Ah oui ? Pourtant je ne vous ai pas vue de la journée. Personne ne m'a appelé pour le thé. Ni pour un dîner quelconque. J'avais même l'impression que la maison entière était déserte. Je savais que le Professeur Dumbledore était dans sa chambre, mais les autres ? Alors eux ont le droit d'aller et venir comme bon leur semble, mais pas moi ? Je vous le dis encore, c'est tout vu !
— Où étais-tu ? insista Remus.
— Où ? Dans le Monde Moldu. J'y ai dîné et passé une très agréable soirée, merci beaucoup. J'aurais apprécié que vous ne gâchiez pas tout avec votre inquisition et votre violence.
Harry frotta ostensiblement le gras de son bras en fixant Remus, droit dans les yeux, avec un air lourd de reproches.
— T'étais avec cette enflure de Rogue ? fit alors la voix haineuse de Ron.
— Monsieur Weasley, vous seriez bien aimable de ne pas insulter le Professeur Rogue devant moi, ou je pourrais bien faire le sablier des Gryffondors être dans le négatif avant même la rentrée. Minerva en serait ravie…
Albus avait fixé Ron par-dessus ses lunettes en demi-lunes et son regard avait perdu son scintillement habituel. Il tendit son bras vers Harry.
— Remontons, si tu le veux bien. J'aimerais que tu me racontes cette soirée. Tu as mangé quoi ? Et il y avait quoi comme genre de musique ? As-tu dansé ? J'ai toujours aimé danser. Je parie que Severus a fait le ronchon toute la soirée. J'ai tout faux ou je brûle ?
Harry éclata de rire. Il voyait bien ce que le vieil homme essayait de faire. Il lui fabriquait un alibi sur mesure. Le Patronus de Severus Rogue avait été très succinct. Albus avait seulement appris que son petit Sauveur se trouvait au même endroit que son Maître des Potions, qu'il était en sécurité et en bonne santé, qu'il avait dîné, dansé et un peu trop bu, mais qu'une potion avait résolu le problème. L'heure s'avançant, Severus avait renvoyé le sale gosse à la maison. Le Directeur aurait bien aimé savoir comment Harry s'était retrouvé au même endroit que son professeur, mais il sentait que ce n'était pas une bonne idée de le demander. Il connaissait le secret du Maître des Potions mais ne l'avait jamais révélé, pas même à l'intéressé. Il se doutait qu'Harry partageait lui aussi ce secret.
Une petite chose toutefois avait surpris Albus Dumbledore. Le Patronus de Severus Rogue avait changé. La semaine passée, le messager qu'il avait reçu de son enseignant avait encore été porté par le Patronus qu'il lui connaissait depuis l'adolescence. Cela avait toujours été un Varan de Komodo, et ce soir, la voix suave et sexy du Maître des Potions était sortie d'un Patronus en forme de biche. Mais que s'était-il passé en une semaine, pour que son Patronus change de façon aussi radicale ? Ce qui était drôle et aussi un peu suspicieux, c'était que le Patronus d'Harry était un cerf… Il y avait-il une corrélation ? Si oui, laquelle ?
— Severus t'a fait transplaner, je présume. Tu n'as pas eu trop de mal ? Le transplanage d'escorte peut être très désagréable, quand on n'est pas habitué. Personnellement, j'ai toujours détesté qu'on me transplane ainsi. Je me souviens quand j'étais petit…
Albus babillait en faisant des moulinets de ses bras. Harry, un petit sourire aux lèvres, le suivit dans le couloir du premier étage. Il vit du coin de l'œil Ginny Weasley refermer la porte qu'elle tenait entrebâillée. Le vieil homme ouvrit celle de ses quartiers et fit entrer Harry en le poussant légèrement. Aussitôt le battant se referma et Albus Dumbledore posa son doigt sur ses lèvres. Il sortit sa baguette de sureau de la poche de sa robe à fleurs et fit un grand geste du bras sans dire un seul mot. Harry reconnut le mouvement ample de l'Assurdiato et attendit.
— Viens… Allons nous installer par ici, fit le Directeur en désignant un vieux sofa éculé. Un bonbon au citron ?
Le jeune sorcier secoua la tête en dénégation et remercia l'homme de son intention. Il ignorait de quoi le vénérable Mage voulait lui parler mais il espérait que le ton serait plus agréable que celui des autres occupants.
— Je n'avais pas remarqué ton départ, Harry, annonça-t-il en posant ses fesses maigrichonnes sur le siège amélioré d'un sort de coussinage. Je dois avouer que j'étais tellement pris par mes recherches sur le sang de dragon que je n'ai pas vu l'heure passer. Avec Severus, nous espérons trouver un treizième usage à ce sang. C'est passionnant comme tout. Vois-tu, Harry, j'ai l'habitude des fantaisies du Professeur Rogue. Le week-end, il est toujours en vadrouille dans le Monde Moldu. On ne peut pas lui en vouloir, il n'y a rien pour s'amuser dans le Monde Magique. Alors imagine ma surprise, lorsqu'un certain Patronus est venu me révéler que tu étais avec Severus dans le Monde Moldu. D'ailleurs le brigand m'en a tout juste dit assez pour que je puisse te tirer d'affaire. Je vais te faire une confidence, je n'ai pas été appelé pour le thé, non plus. Ni pour le dîner. Un des Elfes de Poudlard m'a apporté ce qu'il faut vers 22h. J'ignore où ils ont tous passé la journée, mais assurément, il n'y avait personne dans cette maison avant une heure très avancée. Ils sont tous culottés de te reprocher une sortie de quatre heures alors qu'ils ont passé pour certains, trois fois ce temps à l'extérieur.
Harry hocha la tête pour montrer qu'il avait bien compris. Mais une chose le chagrinait. Pourquoi le vieux professeur avait-il parlé de transplanage d'escorte, alors qu'il savait qu'il n'en était rien. Il posa la question.
— Miss Weasley regardait et écoutait lorsque nous avons traversé le couloir. Précédemment, en bas, j'ai vu la lueur dans les yeux de Remus. Il t'a discrètement reniflé. Je ne doute pas qu'il ait senti l'odeur de Severus sur toi. Ce qui est normal si vous avez passé la soirée ensemble.
— C'était un hasard, Professeur. On s'est retrouvé au même endroit par accident. On a bu un verre ensemble, le Professeur Rogue m'a offert un cocktail de jus de fruits et on a parlé en écoutant de la musique.
— Severus s'est montré agréable avec toi ?
— Oui, oui. Il a été assez sympathique. Rien à voir avec son attitude à Poudlard.
— Je suis ravi de l'apprendre. Je suppose que tu iras le retrouver demain soir pour… danser. Vous avez raison, mes chers enfants, amusez-vous pendant que vous êtes jeunes. Si je pouvais me trémousser comme ça, au son de la musique pendant des heures, je le ferais. Mais mes vieux os… Enfin bref… profite de ton été, Harry. Tu le sais maintenant que notre Monde n'offre aucune distraction.
— Oui, je le sais, lâcha le jeune Sauveur, dans un souffle.
— Ceci dit, il faudra vraiment que nous fassions une partie de bowling un de ces quatre. En semaine, très certainement car Severus refuse de modifier le programme de ses week-ends. Je me demande s'il danse… il a dansé ? demanda Albus avec un air de conspirateur.
Harry afficha un sourire moqueur et hocha la tête.
— Oui, il danse. Et plutôt bien d'ailleurs. Il est populaire aussi d'après ce que j'ai vu. Il a des amis et semble respecté.
— Oooh ! Extraordinaire ! J'en suis ravi ! C'est une excellente nouvelle ! Tu peux aller dormir maintenant, mon petit. Je crois que nous avons assez donné le change à Remus et Molly.
Harry se leva et lança un regard craintif vers son Directeur.
— Je vais avoir des ennuis ? Je veux dire… demain ?
— Non. Pas si j'ai mon mot à dire. Bonne nuit, Harry. Dors bien. Et n'oublie pas que si tu as besoin de parler, ma porte t'est ouverte.
Dans la longue cuisine du 12 Square Grimmaurd, les sorciers présents étaient visiblement contrariés. Ils étaient même furieux pour la plupart.
Hermione n'était pas contente. Mais ce n'était pas après Harry qu'elle en avait. Elle commençait à se demander si elle était la seule à avoir une once de sens commun. Mais enfin ! Personne n'avait donc remarqué à part elle qu'Harry avait eu une sorte de flash-back provoqué par l'agression verbale et quelque peu physique de Remus Lupin ?
La jeune sorcière avait toutefois le sentiment que le Directeur de Poudlard avait bien compris le problème. Comment se faisait-il que le vieil homme que personne ou presque n'avait aperçu ces derniers jours savait où se trouvait Harry, avec qui, et ce qu'il avait fait ?
Quelque part c'était rassurant. Cela voulait dire qu'Harry n'avait pas fugué comme l'avait tempêté Molly pendant des heures. Il était simplement allé faire un tour et pas seul. Le fait qu'il soit sorti avec Severus Rogue était surprenant, mais peut-être que c'était une suggestion de Dumbledore.
Arthur ne disait rien. Tout en tripotant ses doigts, le nez baissé, il écoutait les vociférations de Molly qui balançait son venin à qui voulait l'entendre. À ce moment-là : Remus et Ron.
— C'est inadmissible ! Comment Albus peut-il soutenir Harry comme ça ? Par Merlin, il était perdu dans le Monde Moldu ! Il aurait pu lui arriver n'importe quoi !
— Il n'était pas perdu, Molly, soupira Arthur. Harry est juste allé faire un tour quelques heures.
— Il était avec Severus, gronda Remus. Que faisait-il au fils de James, hein ? Je ne lui ai jamais fait confiance. Mangemort un jour, Mangemort toujours ! Son odeur est partout sur Harry, comme s'il l'avait tenu dans ses bras !
— Par Circé, Remus ! Ne me dis pas que Severus et Harry font partie de ces déviants ! Ces pervers ! Azkaban, du gibier pour Azkaban !
— Je ne sais pas, Molly, gronda le loup-garou, visiblement dégoûté à cette pensée. Mais sois assurée que si Harry fait partie de cette engeance, Sirius saura prendre les mesures qui s'imposent.
La petite voix pour une fois hésitante d'Hermione se fit alors entendre.
— Des mesures ? Mais… quelles mesures ? Et pourquoi parlez-vous d'engeance, de pervers ou de déviants ? Les homosexuels sont des gens comme les autres. Ce n'est pas une déviance, ni une maladie. C'est parfaitement normal et admissible. Je ne vois vraiment pas le problème. D'ailleurs, pour votre information, Harry n'est pas homosexuel. Il ne s'est jamais intéressé à un garçon. Pas vrai, Ron, qu'Harry n'a jamais dit qu'il trouvait un garçon à son goût ?
Les têtes que Remus, Molly et Ron affichaient valaient le détour, et Arthur fut à deux doigts de pouffer de rire. Sachant qu'il aurait de gros ennuis domestiques, il se mordit l'intérieur des joues pour garder son sang-froid.
— Tais-toi, Hermione ! glapit alors Molly Weasley, rouge comme une tomate. Tu ne sais pas de quoi tu parles ! C'est la pire des déviances pour un être humain ! Si Dumbledore n'avait pas été là, ils seraient toujours expédiés à Azkaban et embrassés !
Hermione écarquilla les yeux et en resta interdite. Son regard passa de l'un à l'autre. Arthur avait pâli à la mention d'Azkaban et ses épaules s'étaient voûtées. L'homme semblait soudain porter sur elles le poids du monde. Ron, la bouche pincée et les yeux glacés, regardait la jeune sorcière comme s'il lui était poussée une tête surnuméraire pendant la sieste.
Remus n'aboya pas sur Hermione de la même façon que Molly. Il choisit d'entrer en mode professeur. La réflexion de la jeune née-moldue lui avait indiqué qu'elle ignorait tout des règles les plus discrètes voire secrètes du Monde Magique.
— Hermione, dans notre monde, ce genre d'attitude est inadmissible. Ces perversions ne sont pas tolérables. Les sorciers sont des êtres droits qui ne sont en aucun cas régis par leurs hormones ou des sentiments discutables. Ce sont les êtres inférieurs qui se laissent aller à ces penchants funestes. Je sais que les Moldus pensent beaucoup au sexe et le pratiquent sans aucune limite ni barrière.
— C'est dégoûtant ! pesta Ron en faisant mine de vomir sous le regard attendri de sa mère.
Hermione n'eut même pas le loisir de répondre, ni d'exprimer son dégoût et son désaccord. Ginny, en chemise de nuit, robe de chambre et chaussons, venait de faire irruption dans la cuisine.
— J'ai vu Harry entrer chez le Professeur Dumbledore avec lui. Le Professeur lui a demandé s'il n'avait pas trouvé désagréable le transplanage d'escorte avec Rogue. Harry était avec Rogue ? Qu'est-ce qu'il fichait avec ce bâtard graisseux ?
— Ginny, protesta Arthur, respecte le Professeur Rogue. C'est un enseignant très estimé de la meilleure école du Monde Magique. Que tu l'aimes ou pas, il a le droit à ton respect.
— Laisse-la donc, Arthur, pesta Molly. Personne n'aime cet odieux tyran de toute façon. Tu disais, ma chérie ? Harry a transplané avec Rogue ? Remus, c'est pour ça que tu as senti l'odeur de Rogue partout sur lui. Mais où étaient-ils et qu'ont-ils bien pu faire ? Par Merlin !
— Ils ont visiblement été assister à un concert, d'après les informations données par le Professeur Dumbledore, affirma Hermione d'un ton glacé.
— Oui, oui, un concert ! N'est-ce pas un lieu où les Moldus se réunissent pour écouter de la musique ? Le Professeur Dumbledore est réputé pour aimer beaucoup la musique.
— C'est cela, Monsieur Weasley. Je pense qu'Harry est allé à un concert et que le Professeur Rogue l'y a accompagné à la demande du Professeur Dumbledore.
— Et ces concerts ? Est-ce que ce sont des lieux de débauche ? insista Molly.
— Aucunement, déclara Hermione d'une voix toujours froide.
La jeune sorcière en avait soupé du Monde Magique. Harry et elle avaient eu plus que des suspicions au cours des années à Poudlard. Mais là, on atteignait des sommets ! Il n'était pas question de rester dans ce monde de fous et de retardés. Si les sorciers voulaient rester au Moyen-âge, grand bien leur fasse, mais hors de question qu'elle se plie à leurs règles stupides, rétrogrades et iniques. Par la barbe de Merlin, plus leur sang était pur, et plus ils étaient stupides !
Si les ASPICs n'avaient pas été nécessaires pour obtenir le fameux certificat d'équivalence de diplômes du Ministère, il y a longtemps que la jeune brunette aurait pris ses cliques et ses claques et réintégré le domicile de ses parents.
D'ailleurs, elle était à deux doigts d'expédier Hedwige chez elle, avec une lettre disant qu'elle avait changé d'avis et souhaitait aller en vacances en Italie avec eux. Après tout, Venise, Capri et Rome en été, ce ne devait pas être mal du tout… Tant pis pour la magie !
Au moment où la jeune née-moldue prit la décision d'aller voir Harry dans sa chambre afin de l'interroger sur sa soirée, Ron se leva et annonça qu'il allait se coucher. Zut ! Trop tard !
En réprimant un soupir, elle annonça également son désir d'aller rejoindre son lit. Demain, elle saurait tout. Harry lui raconterait en détail, elle le savait.
Dans la petite chambre du second étage, Le jeune Sauveur rongeait son frein. Il avait revêtu son pyjama rayé trop grand, hérité de cet idiot de Dudley. Ron, lui, boudait ostensiblement dans son lit, en tournant le dos à son meilleur ami. Il avait affiché une mine revêche dès son entrée dans la pièce et refusé d'adresser un seul mot à Harry.
Les pensées du jeune sorcier à la cicatrice célèbre étaient dirigées vers la Terreur des cachots.
Que faisait Severus Rogue à cette heure ? Etait-il toujours au Flamant Rose ? Ou bien avait-il trouvé « à remplir son lit » selon son expression ?
L'adolescent se mordit soudain la lèvre en ressentant une incroyable bouffée de jalousie à cette idée. Il s'imagina alors que c'était lui qui se trouvait dans les bras du ténébreux Serpentard…
Surpris par la soudaine montée de désir qu'il ressentit, il en rougit dans la pénombre de la chambrette et se tourna sur le côté, apeuré des conséquences si Ron devinait à quoi il pouvait fantasmer. Harry remonta les drap et couvertures au dessus de sa tête et soupira.
Sa décision était prise. Quoi qu'il arrive, rien ne le ferait rester dans le Monde Magique. Voldemort ou pas, les sorciers n'avaient qu'à aller se faire voir chez les grecs.
— Ce n'est pas grave, je t'assure, mon chouchou ! Ça arrive à tout le monde, une petite panne. Tu as dû abuser des cocktails de Rick. La prochaine fois, essaie les p'tits cachets bleus, ça t'aidera bien…
Severus Rogue se releva d'un bond et fourragea dans son épaisse tignasse noire. Par Salazar, pour la première fois de toute sa vie, il avait une panne ! LUI ! Lui qui était capable de faire l'amour toute une nuit et d'épuiser le plus exigeant des amants. Et là… rien. Impossible d'avoir la moindre petite érection. Il avait même tenté de se lancer discrètement un sort en prétextant un petit tour à la salle de bain. Et rien, niet, nada… son appendice était resté aux abonnés absents. Son amant d'un soir était pourtant avenant. C'était un petit brun mince avec de grands yeux bleu foncé, plutôt mignon et répondant au prénom de Michael.
Et pourtant, il n'y arrivait pas. Pour la première fois de sa vie, il ne pouvait pas ! Personne ne lui avait jeté de sort, pourtant. Potter avait été le seul sorcier présent et à aucun moment, le sale gosse n'avait sorti sa baguette de sa poche. Potter… pourquoi ses pensées revenaient-elles systématiquement sur ce petit foutriquet ? Par les chaussettes trouées de Merlin, même pendant que Mike s'escrimait à lui obtenir un semblant d'érection, il n'avait cessé de penser à ce petit con. Et d'ailleurs, pourquoi avait-il de plus en plus de mal à insulter le gosse ? Il le faisait de plus en plus à contrecœur…
Discrètement, le sorcier s'approcha du petit tas déposé sur le fauteuil de la chambre et fouilla dans son pantalon de cuir pour trouver l'étui à baguette qui y était accroché. Il en sortit l'artéfact magique et le pointa sur Mike qui admirait le plafond sale avec un air de profond ennui sur le visage.
— Somnus !
Le Moldu sombra aussitôt dans le sommeil et Severus s'approcha de lui tranquillement, la baguette tendue. Il la posa sur la tempe de l'homme…
— Oubliette !
D'un mouvement de baguette, il se lança ensuite un Vestio et soupira en rangeant l'objet dans son holster. Il retira ensuite son paquet de cigarettes et son briquet de sa poche, enleva la clé de la serrure et sortit sur le palier. Il n'avait aucune envie de dormir et une bonne promenade dans les rues de Londres l'aiderait peut-être à y voir plus clair…
Encore une fois, pourquoi ses pensées le ramenaient-elles toutes vers Potter ? D'ailleurs comment allait le gosse ? Avait-il eu des ennuis en rentrant ? Si jamais Lupin ou Molly l'avaient brutalisé, ils allaient trouver à qui parler !
Harry avait très mal dormi, malgré sa fatigue. Il avait eu un sommeil agité et non reposant. Juste avant l'aube, il avait quand même réussi à sombrer dans les bras de Morphée, mais cela n'avait pas suffit à le faire récupérer totalement.
Lorsque le jeune sorcier avait ouvert les yeux, il s'était rendu compte qu'il était seul dans la chambre. Ron s'était levé sans bruit et ne l'avait pas réveillé. Il y avait fort à parier que le rouquin ne souhaitait aucune confrontation. Harry se doutait que Remus, Molly et Arthur avaient discuté âprement à son sujet lorsqu'il était monté avec Dumbledore. Il ignorait ce dont ils avaient parlé mais sans nul doute, on ne lui avait pas balancé de fleurs.
Le Gryffondor soupira et se tourna de l'autre côté. Il ne savait pas quelle heure il était, et pour être franc s'en fichait totalement. Le jour pénétrait largement à travers les rideaux de velours mangés aux mites.
Un bruit de coups frappés sur la porte le tira de sa rêverie. Il tourna la tête vers la source de nuisance, mais ne répondit pas. Son moral n'était pas au plus haut. Il n'avait nulle envie d'affronter encore des reproches. La porte s'ouvrit tout doucement et une tête brune aux cheveux touffus et presque pas emmêlés se glissa par l'entrebâillement.
— Harry ? Tu dors encore ?
Hermione venait aux nouvelles et le jeune Survivant en fut soulagé. Il ne voulait pas voir Ron ou Ginny, mais la brunette c'était autre chose.
— Entre, Mione.
— Je t'ai pas réveillé, au moins ?
— Non, c'est bon, je ne dormais plus. Il est quelle heure ?
— Onze heures passées.
— Ah. Je pensais avoir dormi moins. J'ai pas bien dormi cette nuit. J'ai vu l'aube pointer et ensuite, je me suis enfin endormi. C'est mieux que rien je suppose…
— Tu n'as pas l'air d'être très en forme, remarqua Hermione en entrant dans la pièce.
— Ferme la porte derrière toi, je dois te parler.
Harry n'eut pas besoin de préciser à son amie ce qu'il entendait par « fermer la porte ». Celle-ci sortit sa baguette de la poche de sa robe à fleurs très moldue et verrouilla l'issue par un Collaporta et pour faire bonne mesure, lança un Assurdiato. Après tout, on était samedi et les jumeaux allaient venir déjeuner. Si leur discussion se prolongeait un peu, les deux petits indiscrets allaient très certainement tenter de venir écouter à la porte, surtout s'ils apprenaient qu'Harry n'était pas encore levé et qu'il était sorti la veille au soir. Il y avait fort à parier que Molly et Ron allaient raconter ses exploits nocturnes en long, en large et en travers, et surtout en dramatisant les choses.
Hermione alla tranquillement s'asseoir au bord du lit d'Harry et celui-ci se redressa, repoussa les couvertures jusqu'à sa taille et plia les jambes pour y poser ses coudes.
— Tu étais vraiment avec le Professeur Rogue hier soir ?
— Oui, répondit Harry sobrement.
— C'est arrivé comment ? Parce que franchement je ne te vois pas passer volontairement la soirée avec lui, même si le Professeur Dumbledore te le demandait à genoux.
Harry soupira, ferma les yeux et frotta son visage dans ses mains. Il en tendit une vers la table de nuit séparant son lit de celui de Ron et attrapa ses lunettes rondes pour les poser sur son nez.
— Quand j'étais chez les Dursley, j'ai trouvé dans un magazine de Dudley une publicité pour un bar de nuit pas loin d'ici, dans le quartier. Un bar gay, Mione…
— Un bar gay ? Ooooh ! Mais, Harry, tu sais que…
— Oui ! l'interrompit son ami. Mais laisse-moi finir, s'il te plaît.
Hermione hocha la tête et n'ouvrit plus la bouche. Elle se contenta de fixer le jeune Élu, attendant qu'il lui raconte tout.
— Hier soir, je suis allé dans ce bar. Les jumeaux m'avaient fourni une carte d'identité me vieillissant d'un an. Pas le choix, sinon je ne serais pas rentré. Ça sert vraiment à rien d'être majeur un an avant les Moldus, on ne peut rien en faire… On a juste la Trace en moins, et c'est tout.
— On peut transplaner aussi.
— Ouais, t'as raison. J'y pensais même plus. Transplaner… faut encore avoir un endroit où aller… Entre les mœurs rétrogrades des sorciers, l'absence de loisirs, et Remus plus Molly sur le dos, ça te sert à rien de savoir transplaner, d'être majeur et de ne plus avoir la Trace. Tu peux pas sortir… tu n'as aucun endroit pour t'amuser, tu te fais engueuler pour un Accio ! Je commence à détester franchement le Monde Magique, Mione ! Pas la magie… juste les sorciers hypocrites et leur monde.
— Idem. Et ? Ce bar ?
— Cool, décor sympa. Le patron s'appelle Rick. On est bien accueilli. Il m'a payé un verre pour fêter mon anniv' et m'a proposé de manger un truc parce que j'avais le ventre vide et il voulait pas que je picole le bide creux.
— Il avait raison. T'as mangé quoi ?
— Un « grilled cheese », Mione. J'en rêvais depuis que j'étais tout petit. Tante Pétunia en faisait tous les vendredis soirs à Dudley. Je sentais l'odeur depuis mon placard, mais j'y avais jamais goûté. J'ai dansé pendant des heures, je crois bien. Et à un moment, y a un mec bourré qui a cherché des histoires. Il me collait, voulait m'emmener, m'embrasser dans le cou… un chiant, quoi ! Je lui ai collé une tarte mais ça l'a pas calmé. Et là, Rogue s'est pointé. Il a presque décollé le mec du sol en le tenant par le cou. Le gars, il a filé comme s'il avait vu le diable !
— Rogue était dans un bar gay ?
— Mmm… Il est ami avec les patrons, qu'il m'a dit. Il vient là le soir pour la musique et les cocktails de Rick. Ça fait quinze ans qu'il va dans ce bar. Il m'a payé un cocktail de jus de fruits. Il voulait pas que je boive de l'alcool. Ensuite, on a discuté et il m'a demandé de rentrer ici. Il m'a accompagné dans une petite rue d'où il a l'habitude de transplaner, il a envoyé un messager à Dumbledore et je suis rentré.
— Il n'a pas fait un transplanage d'escorte avec toi ? s'étonna la jeune fille.
— Non, pourquoi ?
— Harry, Ginny a entendu le Directeur le dire…
— Ah oui… il a dit ça à cause de l'odeur. Remus a senti Rogue sur moi et il était furieux.
— Comment a-t-il mis son odeur sur toi ?
— Ben… hésita Harry qui se refusait à tout révéler. On a dansé trois slows ensemble.
— Des… Harry ! Comment as-tu pu ? Enfin, c'est ton professeur ! s'horrifia Hermione.
— Hééé ! On n'a rien fait de spécial ! Ok ? On a juste dansé pour que les autres me lâchent… Ils rodaient tous à l'heure des slows et je voulais pas qu'on m'embête. Et on a discuté, c'est tout. Tu savais que Rogue fume ? Ouais… et des mentholées en plus…
— Non, je l'ignorais. Et d'ailleurs, je m'en fiche totalement. Que faisais-tu dans un bar gay ? Tu n'es même pas gay, d'abord ! Et Rogue, il l'est ?
Se souvenant des mises en gardes des jumeaux et de Severus, Harry éluda la question.
— Autant que moi, ricana-t-il. Je t'ai dit qu'il y va pour les patrons et les cocktails. Et la musique aussi. Il a raison, y a une super ambiance, et les cocktails sont franchement une tuerie !
— Tu es content de ta soirée, alors ?
— Ouais, totalement. D'ailleurs j'y retourne ce soir. Rogue est d'accord.
— Comment ? Tu es fou ? gémit Hermione, horrifiée. Molly et Remus vont piquer leur crise, tu n'y penses pas !
— Mais si, justement j'y pense. Et j'ai dit à Rogue que j'y serai. Il va se demander où je suis, si j'y vais pas. Il pourra même croire que j'ai des ennuis… et demander des explications à ceux qui m'auront empêché de sortir. D'abord, je fais rien de mal et Dumbledore est d'accord. Il dit que tant que je suis avec Severus, il peut rien m'arriver.
— Tu l'appelles Severus ? sursauta la brunette.
— Moi, non. Mais Dumbledore oui. Moi, je l'appelle comme à Poudlard : Professeur Rogue et Monsieur. Comme d'habitude, quoi. Et lui, il m'appelle Potter. Comme toujours. Et il dit que je suis un cornichon, une plaie purulente et tout et tout. Rien d'inhabituel… Je suis en pays de connaissance.
— C'est là que Rogue passe tous ses week-ends ? C'est bizarre…
— Ce sont ses amis, Mione. Et on peut pas dire qu'il en ait beaucoup dans le Monde Magique. Tout le monde le déteste, sauf ce connard de Malefoy et son vieux… et le Directeur aussi.
— Oui, c'est sûr que ça fait maigre…
Hermione resta silencieuse un instant et se décida à demander de l'aide à Harry.
— Tu as besoin d'Hedwige ? J'aimerais envoyer un hibou à mes parents. Je souhaite rentrer chez moi et aller en Italie avec eux.
— Nan, nan, pas besoin. Tu peux la prendre, elle va être contente d'avoir une lettre à expédier. Mais je suis étonné, je croyais que tu avais décidé de rester là pour l'été.
— Harry… disons que j'ai changé d'avis. La façon dont ils t'ont traité hier soir… et aussi ce que Remus et Molly ont dit après… et Ron… misère ! Je n'avais jamais rencontré autant d'intolérance et d'homophobie de toute ma vie. Tu savais que selon eux, les gays sont du gibier pour Azkaban et que si Dumbledore n'avait pas été là, ils seraient toujours envoyés en prison et même embrassés par les Détraqueurs ?
— Oui, je le savais. C'est absolument dégueulasse. Pars, si tu le veux, puisque toi tu peux. Moi j'ai pas vraiment le choix. C'est soit les Dursley, soit le Square Grimmaurd. De toute façon, je n'ai plus confiance en eux, pas après ce que Rogue et les jumeaux m'ont appris. Les Weasley et Remus veulent organiser un mariage entre moi et cette petite sangsue de Ginny. C'est pour ça que Molly m'a donné la montre en or de son frère.
— Pas possible ! Mais… mais c'est dégoûtant !
— Et d'après toi, Mione… Pourquoi ils tolèrent ta présence ici, et ton amitié avec Ron ? Pourtant, c'est pas recommandé, l'amitié garçon/fille.
Hermione se figea, la bouche ouverte. La vérité venait de brutalement apparaître devant ses yeux et elle en avait profité pour lui balancer une bonne claque sur le museau.
— Ils… ils… non… me dis pas… Pas possible… hein ? Pas lui et… moi ? Tu… hein, Harry… c'est pas ça ?
Hermione était tellement choquée qu'elle ne trouvait plus ses mots.
— Si. Ils veulent te marier à Ron dès qu'on aura passé nos ASPICs.
— DANS LEURS RÊVES ! Je refuse ! Pas question !
La jeune Préfète se leva brusquement et entreprit de déambuler nerveusement dans la petite chambre.
— Je m'en vais, Harry. Et je peux te dire que si je n'avais pas mes examens à la fin de l'année, je ne retournerais même pas à Poudlard.
— Pareil pour moi. McGonagall s'est mis dans la tête que j'allais aller à l'Académie des Aurors, pour faire comme mon père et Sirius. Pffff ! Compte là d'sus et bois d'l'eau, comme dit le voisin de Tante Pétunia… Ils vont pas être déçus du voyage ! Pour commencer, j'ai bien l'intention de faire ce que je vais vouloir de mon été. Si je veux sortir tous les week-ends avec Rogue, je sortirai. Si je veux aller jouer au bowling avec Dumbledore, j'irai ! D'ailleurs, je vais sortir tous les jours dans le Londres moldu. Je vais aller au cinéma, au musée de Madame Tussaud, au British Museum… et je les emmerde ! Tiens… peut-être même que Dumbledore aimerait venir avec moi !
— Ooh ! Et bien si c'est pour des sorties culturelles comme des musées, je ne peux pas te donner tort. Tu devrais essayer le Royal Albert Hall, c'est une salle de concert légendaire. C'est hors de prix, mais à faire une fois dans sa vie. Le Professeur Dumbledore adore la musique, dit-on… Il aimerait peut-être y aller avec toi ?
— Superbe idée, Mione ! fit Harry avec un large sourire. Et je m'en fous du prix. Figure-toi que j'ai appris après mon anniversaire que depuis la mort de mes parents, plein de gens m'avaient couché sur leurs testaments, et même pour certains, tout laissé. Je ne manque pas d'or et je ne suis pas à la veille d'en manquer. En attendant, va écrire ta lettre. Je vais appeler Hedwige, elle doit normalement être dans le jardin à chasser les mulots…
Harry avait affiché un sourire provocateur plutôt insolent, lorsqu'il était descendu pour le déjeuner, après sa douche. Il s'était ostensiblement installé entre le Professeur Dumbledore et Hermione et avait strictement refusé d'adresser la parole aux autres convives en dehors des susnommés et des jumeaux. Il en avait profité pour demander au vieux Directeur de Poudlard s'il ne souhaitait pas l'accompagner pour assister à l'un des Proms [1] de la BBC au Royal Albert Hall. Albus en avait rougi de plaisir et fait tomber sa fourchette de surprise. Et bien sûr, il avait accepté chaleureusement, les yeux pétillants de joie. Hermione avait dissimulé un sourire amusé et les jumeaux avaient échangé un regard intrigué puis haussé les épaules.
Arthur, intéressé, s'était aussitôt penché pour tenter d'en savoir plus, mais la tête qu'avait affiché Molly, ainsi que son raclement de gorge l'avaient dissuadé de même y songer. En soupirant discrètement, il avait plongé le nez dans son assiette en félicitant intérieurement Harry pour ses tentatives d'émancipation.
Au dessert, Harry avait annoncé qu'il sortait encore ce samedi soir et qu'il n'était pas question qu'on l'en empêche ou gare… Évidemment, Remus, Ron et Molly avaient tenté – en pure perte – de lui faire changer d'avis. Mais ni les menaces ni les cajoleries n'avaient ébranlé la décision du jeune sorcier.
Harry était planté devant le Flamant Rose qui venait visiblement d'ouvrir. Un homme brun et bien plus petit et chétif que Rick était sorti deux minutes auparavant et avait déposé les fameux pots de fleurs artificielles de chaque côté de la porte. En arrivant, le jeune sorcier avait vu les enseignes s'allumer et le grand flamant rose en néon s'illuminer en clignotant auparavant quelques secondes.
Le garçon ne savait pas à quelle heure l'établissement ouvrait. Il était donc arrivé vers 19h complètement au hasard et s'était réjoui de son timing idéal.
Le Gryffondor, vêtu cette fois-ci d'un jean indigo moulant qu'il étrennait et d'une chemise blanche, poussa la porte de l'établissement. Les chaises et tabourets étaient encore sur les tables et l'homme brun aperçu précédemment finissait de passer la serpillière. Rick se tourna en entendant la porte qui s'ouvrait. Il eut presque un sourire de soulagement en voyant le petit Harry. Il lui fit un signe de tête bref et se pencha de nouveau vers la forme en noir qui était curieusement avachie sur la seule chaise touchant le sol humide.
— Enfin, voyons… Severus ! Tu n'es pas bien de te mettre dans des états pareils ? Punaise ! Depuis quinze ans que je te connais, je ne t'avais jamais vu ivre à ce point. Mais qu'est-ce qui s'est passé pour que tu picoles ainsi ? Ne me dis pas que tu ne t'es pas couché et que tu as bu toute la nuit et la journée ? Tu es parti avec Michael… y a eu un problème ?
Harry resta figé en reconnaissant l'épave visiblement ivre morte, avachie la tête dans les bras, sur le revêtement en plastique rose de la table.
— Pro… Professeur Rogue ?
L'intéressé leva aussitôt le nez à l'appel de son nom et balança une bordée de jurons qui auraient fait rougir un vieux loup de mer.
— Po... Potter ! Encore vous ! C'est… c'est de vot' faute… Chuis sûr… Dix points en moins pour… Gry… Gryffondor. Na !
La tête de Rick tourna alternativement de Severus à Harry. Il ne comprenait rien à ce qui se passait.
— Professeur ? T'es professeur, Severus ? Tu m'avais jamais dit ça !
— Désolé, Monsieur… fit Harry gêné à son enseignant. Ça m'a échappé…
— Bon ! Severus ! Pourquoi tu t'es mis dans cet état ? Tu ne t'es pas couché, tu n'es pas rentré chez toi non plus, tu portes les mêmes vêtements qu'hier soir. Est-ce que c'est Michael ? Raconte, bordel !
— J'ai… j'ai pas pu, Ricky ! Moi ! Se… Severus Ro… Rogue ! J'ai pas… pas… ban… bandé ! Putain, pre… première fois de… de ma… chienne de… de vie. Laisse-moi mou… mourir… Nan, fais… fais-moi… un… truc… un Tue-La-Mort…
— T'ES PAS UN PEU MALADE ? Je ne sers pas ce genre de débouche-chiottes, moi Monsieur ! J'ai de la conscience professionnelle ! Tu vas me faire le plaisir de dessoûler et vite fait encore !
Walt qui finissait de vider l'eau de son seau, pouffait de rire si ses épaules se secouant en rythme étaient une indication.
Harry, lui, regardait la scène avec incompréhension ou presque. Il avait bien pigé que Rogue avait tenté la veille de « remplir son lit » et qu'il avait visiblement eu une « panne ». L'homme en avait été fortement humilié et avait noyé sa contrariété dans l'alcool. Le spectacle était assez édifiant. Voir ce sorcier habituellement si fier et plein de retenue, étalé le visage sur la table était assez étrange et dérangeant.
— Je vais te faire un café serré, et tu vas bouffer, nom d'un chien ! Si tu dessoûles pas, tu rentres chez toi ! Je ne te servirai pas une seule goutte d'alcool ce soir ! Tiens-toi le pour dit !
Puis se tournant vers Harry…
— Tu as mangé, p'tit ? Je vais lui faire un « grilled cheese » et un jus de fruit pour lui remplir le ventre. Tu en veux un aussi, un « grilled cheese » ?
À la mention de l'encas, les yeux d'Harry s'illuminèrent et il hocha vigoureusement la tête, les joues roses.
— Aide-le à se lever. Emmène-le à sa place habituelle au fond de la salle. C'est que dans son état, il va me faire fuir les clients !
— Je… je t'em… t'emmerde, Rick ! balbutia l'ancien Mangemort qui à présent faisait des moulinets avec sa baguette qu'il venait de sortir de son étui. Et je veux pas de… de ton putain d'café !
— Moi aussi, je t'aime, chéri… ricana le barman en levant les yeux au ciel.
Harry retint un fou rire et obéissant au maître des lieux, il s'approcha du sorcier et le prit par l'aisselle.
— Allez, Monsieur. Levez-vous. Je vous aide. Vous serez mieux dans le canapé.
— Qu'est... qu'est-ce… vous… vous foutez là, Potter ? C'est Albus qui… qui vous a… envoyé m'es… m'espionner ? Oui, c'est lui… ce… ce vieux fou… me l'pai… paiera !
— Professeur, murmura Harry en se penchant à l'oreille du Maître des Potions. Rangez votre baguette, les Moldus pourraient se poser des questions…
Le Serpentard lui lança un regard torve et acquiesça sans un mot. La baguette disparut aussitôt dans l'étui invisible. Il fit l'effort de se lever et titubant, soutenu par Harry qui le traînait presque, Severus traversa le bar d'un pas mal assuré. Il s'écroula littéralement dans le petit sofa de son alcôve favorite. Harry s'assit près de lui et le retint par le bras afin de l'empêcher de s'étaler de tout son long sur le siège. Il n'y avait pour l'instant aucun client ni de musique. Des spots étaient allumés au plafond et on voyait parfaitement dans la pièce. Walt était d'ailleurs en train de remplacer les bougies roses dans les photophores et de les allumer.
— Professeur… Faut pas vous mettre dans des états pareils pour ça, voyons… Vous devez pas être le seul à qui c'est arrivé. Et en plus, vous avez oublietté le gars, non ?
Severus Rogue lança un regard fatigué à son élève et hocha la tête.
— Vous… vous avez pas une potion avec vous ? Un truc pour dessoûler ? Sinon, je vous aide à rentrer au Square Grimmaurd…
— Vous… rigolez ? Y a Lupin… et les Weasley…
Harry grimaça involontairement. Il pouvait sans peine imaginer le mépris qu'ils afficheraient, les sarcasmes et même les insultes. Et Rogue ne serait pas en état de se défendre… Non, ce n'était pas un service à lui rendre. Lorsqu'il serait à jeun, il le ferait payer au jeune Gryffondor balafré… et au centuple. À tout bien réfléchir, il était encore mieux ici, dans son siège confortable et dans quelques minutes il allait manger un peu, histoire d'éponger l'alcool ingurgité.
Quelques minutes passèrent en silence, pendant lesquelles Harry regarda l'homme tenter d'extirper quelque chose de son pantalon de cuir. Visiblement les poches de Rogue avaient reçu le même sortilège les rendant « sans fond » que les siennes. Dès que le jeune sorcier achetait un vêtement neuf, Hermione s'empressait d'y mettre sa patte et toutes ses poches se trouvaient ainsi magiquement modifiées.
Le jeune homme vit ainsi apparaître sur la table basse, le paquet d'Embassy presque vide, un briquet jetable, une liasse froissée de Livres Sterling et une poignée de pence ainsi que quelques gallions qui s'y étaient mêlés. Puis, le Maître des Potions sortit de sa poche deux flacons. Harry reconnut la Potion de Sommeil Sans Rêve, mais l'autre il ne l'avait jamais vu. Rogue déboucha celui-là et l'avala cul sec sans même grimacer, et Merlin savait qu'il ne devait pas être très bon… Le Serpentard ferma les yeux quelques instants et se laissa aller contre le dossier matelassé.
Harry ne disait rien, assis sur le rebord du siège, il attendait. Quoi ? Il ne savait pas trop. Rick et ses assiettes sûrement que Rogue ouvre les yeux, aussi. Il était un peu déboussolé… En arrivant ce soir, il n'avait pas songé une seule minute que son professeur aurait été dans cet état. Il n'avait pas dormi, si les cernes noirs qu'il avait sous les yeux étaient un indice. Il ne s'était pas rasé, ni changé. Il n'avait certainement pas mangé de la journée et semblait épuisé.
La Terreur des cachots ouvrit lentement les yeux. Ils étaient toujours injectés de sang mais son regard était redevenu normal et pas hagard comme quelques minutes auparavant. L'homme se redressa et passa sa main dans ses longs cheveux pour dégager son front.
— Restez là, Potter. Je vais aller me rafraîchir un peu dans les toilettes.
— Monsieur ? Essayez de ne pas avoir l'air trop dessoûlé. Les Moldus ne peuvent pas passer du stade ivre mort à celui à jeun ou presque en moins d'une minute.
— Je sais. Figurez-vous que j'ai une très grande expérience de l'alcool chez les Moldus. J'aurais aimé ne jamais l'avoir d'ailleurs.
Severus Rogue se leva sans difficulté du sofa trop bas et trop mou et Harry le regarda se diriger d'un pas presque assuré vers la porte rose marquée « Toilettes ».
Bien entendu, ce fut pendant l'absence de Severus que Rick choisit de revenir avec deux assiettes de « grilled cheese ». Il sembla étonné de l'absence de son énergumène de client.
— Allons bon ! Où est-il ? Il n'est pas sorti quand même ? Je ne l'ai pas vu passer, s'inquiéta le barman.
— Non, non, il est toujours là, il est juste aux toilettes.
— Tout seul ? Bordel ! J'espère qu'il ne va pas vomir partout, Walt va être furieux, il vient de passer la serpillière.
— Il n'est pas si mal. Enfin, je veux dire qu'il n'a pas l'air dérangé par ce qu'il a avalé, tenta de minimiser Harry.
Rick posa les assiettes sur la table ainsi que des couverts et deux serviettes en papier.
— Tu veux boire quelque chose, petit ? Un conseil, évite l'alcool ce soir, parce que je n'ai aucune intention d'en servir à Severus et s'il voit que tu en bois, il fera peut-être du cirque. Enfin, je dis ça, mais je l'ai jamais vu démoli comme ça et je préfère prévenir que guérir. Se mettre dans des états pareils pour si peu… Y a pas mort d'homme, enfin ! Ça arrive à chaque mec au moins une fois dans sa vie.
— Arrête de jacasser, Rick et sers-nous deux Lotus Bleu.
— Enfin tu te montres raisonnable ? C'est pas trop tôt ! pesta le barman. Assieds-toi et avale ça. Et comme je l'ai dit à Harry, ne compte pas sur moi pour te servir de l'alcool ce soir !
L'ancien Mangemort se rassit alors près d'Harry. Le jeune sorcier ne put empêcher son regard de se poser sur le tatouage odieux que portait l'adulte. La marque des ténèbres était pâle, comme délavée mais inerte totalement depuis la fin de la première année d'Harry à Poudlard. La présence de Voldemort à l'arrière de la tête de Quirinus Quirrel l'avait fait se réactiver un petit peu pendant quelques mois. Le tatouage représentant un serpent sortant de la bouche d'un crâne avait foncé légèrement, remué un petit peu à de rares occasions et même une ou deux fois, Severus avait senti la magie de la marque se réveiller et le picoter. Une fois le Mage Noir chassé de son hôte, la marque s'était de nouveau totalement désactivée. Elle avait même encore plus pâli qu'après Halloween 1981, ce qui avait fait Albus Dumbledore soupçonner que le Seigneur des Ténèbres n'avait pas survécu à son extraction forcée du corps de Quirrel par Harry Potter.
Le Maître des cachots suivit le regard d'Harry sur sa marque et soupira.
— Mangez pendant que c'est chaud, Potter.
— Oui, Monsieur, répondit docilement Harry, gêné d'avoir été surpris.
Il se leva et alla s'installer sur le pouf qu'il avait occupé la veille, juste en face de son professeur. Walt arriva juste à ce moment-là en tenant un tumbler dans chaque main. Il les déposa devant ses deux clients avec un « voilàààààà » ravi, et tortillant légèrement des hanches, il retourna vers le bar pour papoter avec Rick en attendant les premiers « autres » clients.
La vue du liquide vert dans le tumbler apporté par Walt intrigua Harry au plus haut point. Il souleva le verre et attrapa la paille blanche pour aspirer le liquide. C'était frais, pétillant, avec la couleur de la menthe verte et un goût de pamplemousse. Décidément, il adorait ça ! Alcoolisés ou pas, ces mélanges le ravissaient un peu plus chaque fois.
Sans un mot, les deux hommes terminèrent leurs « grilled cheeses » et reposèrent leurs couverts dans leurs assiettes. Severus alluma une cigarette, en tira une longue bouffée et se laissa aller contre le dossier du canapé.
— Potter, racontez-moi ce qui s'est passé lorsque vous êtes rentré hier soir dans ce trou à rats que votre parrain appelle une maison.
— Ooh… Et bien… hésita un peu le Gryffondor, les joues rougies, Remus et Molly me sont tombés dessus comme un Botruc sur des œufs de doxys. Arthur a même dû tenir Molly car elle voulait me frapper avec une cuillère en bois. Et Remus….
Harry grimaça et frotta son biceps endolori, là où une vilaine marque noire en forme de main témoignait de la violence et de la force du loup-garou.
— Il vous a blessé ? Frappé ? demanda Severus, un sourcil levé.
Il n'était pas vraiment surpris. Il avait déjà vu Lupin à l'œuvre lorsqu'ils étaient à Poudlard. Potter aîné et Black arrivaient toujours à lui faire faire ce qu'ils voulaient et souvent, ils utilisaient la force physique anormale de l'hybride magique pour leurs petites combines ou vengeances. Lui avait toujours réussi à éviter ces débordements mais il connaissait quelques Serpentards qui eux n'avaient pas eu cette chance. Les Maraudeurs étaient des monstres qui n'avaient à une époque rien à envier aux apprentis Mangemorts de Poudlard. La seule différence était qu'ils s'estimaient du bon côté… du côté des gentils. Avec des gentils comme ça, on n'avait plus besoin de méchants…
Harry hocha la tête pour signifier que oui, il avait quelques traces de la colère du loup-garou.
— Le Professeur Dumbledore leur a hurlé dessus. Je l'avais jamais entendu hurler comme ça avant. Et puis il a demandé si j'avais passé une bonne soirée, si la musique était bien et si nous nous étions amusés, vous comme moi. Un truc du genre. En tout cas, de voir qu'il avait l'air au courant avant même que j'arrive, ça les a mouchés sacrément. Vous avez eu une idée de génie avec votre Patronus, Professeur. Au fait, Hermione quitte le Square Grimmaurd. Elle n'a pas du tout apprécié la scène à laquelle elle a assistée dans la cuisine après que je sois monté me coucher. Elle m'a dit qu'elle n'avait jamais entendu autant de propos homophobes et rétrogrades de toute sa vie. Quand je pense qu'ils ne savent même pas que je suis gay… En tout cas, je leur ai dit ce midi que j'allais sortir dans le Monde Moldu très régulièrement, et que j'allais d'ailleurs inviter le Professeur Dumbledore à venir avec moi, et même vous si vous le vouliez. Je suis presque sûr que le Musée de Cire de Madame Tussaud plairait au Directeur, et moi j'aimerais bien le voir.
Harry babillait, son verre à la main. Il semblait parfaitement détendu et pas du tout contrarié par sa prise de bec avec une partie des adultes de Grimmaurd. Ses idées de rébellion étaient assez rafraîchissantes et semblaient amuser Albus Dumbledore. Pourquoi pas… tant que ça ne nuisait pas à son quotidien forcé là-bas…
— Dites, Professeur. Vous allez encore vous chercher un p'tit ami, ce soir ? Et si ça marche pas… encore… Vous savez ?
Harry lança un coup d'œil appuyé vers sa propre entrejambe pour faire comprendre à son vis-à-vis de quoi il parlait. Severus Rogue lui lança un regard tueur et sa mâchoire se serra.
— N'abusez pas, Potter, ou vous pourriez vous retrouver dans une situation fâcheuse assez rapidement. Nous verrions alors si vous êtes capable de résister à un second Avada… Expérience très intéressante et attendue dans certains milieux. Vous désirez faire avancer la science ?
— Heuu… nan, nan. Mais j'disais pas ça pour vous insulter ou autre, hein ! C'est… c'est que j'y pense souvent, vous savez… pour moi. Je me dis que… si… si j'étais pas capable de le faire ? J'ai… j'ai même jamais embrassé quelqu'un. Je sais même pas comment on fait, vraiment… Peut-être que je devrais même pas essayer… jamais. Je…
— Cessez de dire vos stupidités habituelles ! aboya Severus, agacé. Par Merlin, ici comme à Poudlard vous ne l'ouvrez que pour raconter des idioties ! À se demander où vous étiez le jour où Merlin a distribué les cerveaux au Monde Magique !
— Dans un placard quelconque, comme d'habitude, marmonna Harry pour lui-même sans se douter que le ténébreux professeur l'avait parfaitement entendu.
— Vous n'êtes pas plus désavantagé que n'importe quel sorcier qui va dans le Monde Moldu pour s'amuser ou s'encanailler. La première fois que l'un de nous pénètre seul dans le Monde Moldu, ne vous leurrez pas Potter, il est vierge et complètement innocent. C'est d'une évidence totale pour qui connait un tant soit peu notre Monde. Vous ferez comme les autres et comme les Moldus qui ont leur première expérience : vous apprendrez ! Ne me dites pas que vous voulez que ça soit différent pour vous aussi de ce côté-là ? Faire la une des journaux vous manquera ? Avoir des hordes de fans à vos trousses vous manquera ? Bienvenue dans la vie des gens normaux, Potter !
— Non ! Vous… vous n'y êtes pas, Professeur. Je déteste ma célébrité, protesta Harry en baissant la tête pour admirer ses doigts et le fond de son verre à présent vide.
— Et bien, vous devriez être ravi alors, dans le Monde Moldu. Ici personne ne se soucie de qui vous êtes et de ce que vous faites.
— C'est vrai. De toute façon, il faut que je m'y réhabitue. Je vais quitter pour de bon le Monde Magique dès que j'aurai eu mes ASPICs. Hermione aussi. Si vous aviez vu sa réaction quand je lui ai dit que les Weasley voulaient la marier à Ron ! Elle était horrifiée. Pour la première fois de sa vie, je l'ai vue rester sans mots. Elle n'arrivait même plus à faire une phrase. Et après, elle était furieuse. Je lui ai prêté Hedwige et elle a envoyé une lettre à ses parents pour qu'ils viennent la chercher. Dumbledore n'a même pas eu l'air surpris du tout. Par contre, Molly et Arthur étaient furieux. Ron et Ginny aussi. Remus n'a pas eu l'air très concerné.
— Normal, Potter. Le loup ne s'intéresse qu'à vos petites fesses.
— Heiiiiin ? protesta Harry les yeux écarquillés en posant ses mains sur les zones précédemment mentionnées.
— Pas dans ce sens, idiot ! Je veux dire que si ça ne vous concerne pas directement, Lupin s'en fiche. Il s'estime être responsable de vous et devoir des comptes à Black.
— Pffff ! Sirius s'en lave les mains de ma vie. Je n'ai jamais passé plus de dix minutes dans la même pièce avec lui consécutivement. Il m'envoie un hibou de temps en temps, et c'est tout. Super, le parrain. Il serait toujours à Azkaban, ce serait pareil.
Severus Rogue regarda fixement Harry sans rien dire. Le sale gosse n'avait pas tort du tout. Black, curieusement, se désintéressait totalement de sa charge. Même Albus en était surpris et lui avait confié son étonnement. Le Maître des Potions, lui, savait parfaitement à quoi s'en tenir. Sirius Black avait toujours été un fêtard. Il avait fait partie des rares sorciers qui, adolescents, se vantaient largement de leurs exploits dans le Monde Moldu. Il racontait à qui voulait l'entendre ses orgies de boisson, de drogues diverses et frasques sexuelles en tout genre. Il choquait unanimement élèves de toutes les Maisons, professeurs comme parents. Orion et Walburga n'avaient eu d'autre choix que de renier le renégat afin de préserver la réputation de leur famille. Sirius avait trouvé refuge chez James Potter, un orphelin, dont les parents étaient morts assassinés par des Mangemorts. Leur décès avait émancipé le garçon qui s'était vu confier biens et or familial. Sans garde-fou, les deux adolescents s'en étaient donnés à cœur joie. Leurs deux complices n'avaient jamais osé. De toute façon, Remus n'aurait jamais rien fait qui eusse pu compromettre cette fameuse intégration dans le Monde Magique, qu'il souhaitait tant. Quant au dernier, cette larve de Queudver ne méritait même pas que son nom fut mentionné.
— Dites, Professeur Rogue… Vous croyez qu'il y a une différence entre coucher avec un Moldu et un sorcier ?
Severus Rogue, qui a cet instant précis, était en train d'allumer une de ses dernières cigarettes, en avala la fumée de travers et se mit à tousser, son visage s'empourprant rapidement.
— Potter ! Vous avez le chic pour surprendre les gens avec de drôles de questions ! pesta l'homme après s'être jeté un Anapnéo informulé et sans baguette. Vous savez très bien que je ne peux pas répondre à votre stupide question ! Comment le pourrais-je ? Je vous ai déjà dit que je ne connaissais aucun sorcier gay et par conséquent comment espérez-vous que j'ai une seule idée sur une différence quelconque ? Parfois, je me demande ce qui vous passe par la tête…
— Vous n'aimeriez pas le découvrir ? fit alors Harry avec un petit sourire en coin, totalement inattendu.
La Terreur des Cachots se figea, le visage sans expression. La musique qui s'alluma alors, fut une excellente excuse pour ne pas répondre tout de suite. Voyant que les clients commençaient à se presser dans le bar, Walt s'était enfin décidé à rejoindre sa cabine de DJ et à lancer une de ses fameuses bandes-sons préenregistrées. Il allait pouvoir retourner à l'appartement et discrètement regarder un épisode des aventures de Sherlock Holmes avec le séduisant Jeremy Brett, à la télévision.
— Est-ce que j'ai bien saisi ce que je crois que vous avez osé dire, Monsieur Potter ?
— Oui. Vous avez bien compris.
Harry regardait le Professeur Rogue, droit dans les yeux sans ciller, indifférent au fait que celui-ci était un Légilimens accompli et qu'il pourrait sans une seule difficulté avoir accès à ses souvenirs et pensées les plus secrètes. Dumbledore lui avait parlé de cette faculté qu'avaient certains sorciers de pouvoir accéder à la mémoire des autres ainsi que d'avoir la capacité de protéger leur propre esprit contre ce genre d'intrusion. La Légilimancie et l'Occlumancie n'étaient pas enseignées à Poudlard, mais étant donnés les dons que Voldemort avait dans ces deux matières, Albus n'avait pas hésité à mettre son petit Sauveur au courant.
Le Maître des Potions leva les yeux au ciel.
— Potter, ce n'est pas parce que je suis le seul sorcier gay que vous connaissez que je dois être l'objet de vos fantasmes actuels ! Vous devriez vous contenter de Moldus… Croyez-moi, c'est bien plus simple.
— C'est vous qui le dites, répliqua Harry sournoisement avec un petit sourire en coin, digne d'un Serpentard. Si je ne m'abuse, ça n'a pas été comme vous l'avez voulu, avec votre Moldu de cette nuit…
— Je vais vous tuer, Potter ! rugit alors le sorcier insulté. Et même Albus ne pourra pas m'en empêcher !
Harry haussa les épaules.
— Me tuer ? Honnêtement, je préfèrerais un baiser, si ça ne vous dérange pas. Après tout, les condamnés à mort ont le droit à une dernière volonté, une dernière cigarette, un dernier repas et un dernier verre d'alcool. Le repas, aussi frugal soit-il, nous l'avons pris. La cigarette, c'est facile, fit-il en posant son paquet de Dunhill ostensiblement au milieu de la table. Pour l'alcool, désolé, mais à cause de vous, Rick refuse de nous en servir. Il ne me reste au final que la dernière volonté. Et c'est un baiser.
— Vous… vous êtes un petit Serpent déguisé en Lion ! Si cette chère Minerva apprenait que vous essayez de faire chanter votre professeur pour avoir un baiser, que dirait-elle ?
— Ce n'est pas du chantage. Juste une proposition. Il n'y a aucune menace et vous n'êtes pas obligé. Bien entendu, je me réserve le droit d'être très insistant… Et comme je vous vois mal sortir votre baguette pour me menacer…
Harry se sentait très sûr de lui. Un peu trop peut-être… il avait oublié qu'il parlait à un espion, un ancien Mangemort. Par Merlin, le Directeur de Serpentard qui avait terrorisé deux générations de gamins à Poudlard ! Non, Harry n'était pas vraiment de taille… et il allait vite le comprendre…
La première idée de Severus Rogue avait été de terrifier le sale gosse effronté afin qu'il décampe et retourne au Square Grimmaurd dans les robes d'Albus et les jupons de Molly. Et puis… une autre, bien plus sournoise et saugrenue, avait pris sa place en regardant le sourire confiant de Potter.
Le Maître des Potions avait tenu Harry dans ses bras pour trois slows, la veille au soir. Habituellement, il n'aimait pas vraiment les slows mais c'était un passage inévitable pour mettre un partenaire dans son lit et il devait bien s'y résoudre de temps en temps. Il avait donc découvert à sa grande surprise, que tenir un sorcier pas trop mal fait de sa personne entre ses bras était une expérience intéressante. Enfin, disons plutôt que tenir Harry Potter dans ses bras était intéressant. Ce qu'il avait ressenti avait été complètement unique et inédit. Après réflexion, on aurait dit que la magie d'Harry flirtait avec la sienne.
Le gamin voulait qu'il l'embrasse… ? Parfait ! Et bien il allait être exaucé !
Le Serpentard bondit de son canapé, bras tendu et attrapa Harry par le revers de sa chemise blanche en coton. Il le tira violemment en avant et le jeta sur le canapé près de lui. Le Gryffondor afficha un visage soudain effrayé et le fixa, les yeux écarquillés. Il eut juste le temps de pousser un petit cri qui fut aussitôt étouffé par la paire de lèvres chaudes qui vint se poser agressivement sur les siennes.
Le cerveau d'Harry se mit aux abonnés absents et il se figea, les mains accrochées aux épaules nues de l'homme. D'instinct, il ouvrit la bouche et laissa la langue douce du professeur s'immiscer dans la caverne humide. Rapidement, leurs magies entrèrent dans la danse et les sensations ressenties la veille revinrent, encore plus exaltantes.
Un éclat de rire se fit alors entendre. Rick circulait entre les tables qui commençaient à se remplir. Son plateau à la main, il déposait des boissons et des amuses-bouches devant les clients. En passant devant l'alcôve, il avait vu la manœuvre de Severus et n'avait pu se retenir de rire en les voyant bouches collées. Et après, le brun ténébreux oserait lui dire qu'Harry ne l'intéressait pas ?
Le jeune sorcier était à présent allongé en travers des coussins du sofa, le Maître des Potions pratiquement vautré sur lui. Ils semblaient tous deux ne pas se soucier de la présence des autres personnes dans la pièce. C'était la première fois que Rick voyait Severus agir de cette façon. Habituellement, il était plutôt réservé et gardait ce genre d'exhibitions pour un endroit plus discret, comme sa chambre d'hôtel. En tout cas, le barman ne l'avait jamais vu faire ça. Il se promettait de tout raconter à Walt dès que celui-ci reviendrait.
La température montait dans l'alcôve plongée dans la pénombre. Les spots précédemment allumés pour l'ouverture du lieu avaient été éteints depuis un petit moment et seuls les photophores et les jeux de lumière apportaient quelques lueurs. Harry avait accroché ses deux bras autour du cou de son partenaire qui lui dévorait la bouche et le cou. Les mains du plus âgé se promenaient sur le corps fin du jeune homme dont la chemise blanche sortait à présent du jean bleu foncé.
Le jeune Gryffondor était sur un petit nuage rose et avait des papillons plein l'estomac. Si se faire embrasser était aussi génial, il n'osait pas imaginer ce qu'une relation sexuelle pouvait donner. Ça devait être terrible… Comment était-ce même possible que les sorciers boudent ce genre de plaisir ? Il y avait vraiment quelque chose qui ne collait pas chez eux.
Severus ne valait pas mieux qu'Harry. Habitué au plaisir charnel, il était bien plus sensible et réceptif que le jeune homme qui découvrait la saveur des baisers et du simple contact physique. Lui aussi avait des papillons dans le ventre et un feu bouillant coulait dans ses veines à la place de son sang. Décidément, avoir un sorcier dans son lit devait vraiment être différent s'il en jugeait par ses réactions. Le moindre gémissement étouffé d'Harry le rendait fou et à sa grande satisfaction, il sentait l'érection qui lui avait tant fait défaut la veille, pulser dans le boxer qu'il portait sous son pantalon de cuir. Il n'avait pas de problème… c'était Michael le souci. Visiblement, choisir ce Moldu avait été une erreur, bien qu'il eût été plutôt mignon et bien foutu.
Severus l'ignorait, mais sa magie avait mis son grain de sel, la veille au soir. Elle avait découvert les délices de la magie compatible d'un autre sorcier et avait décidé qu'elle ne voulait que lui. Elle avait donc influencé le corps de son propriétaire afin de lui faire comprendre que non, un Moldu ce n'était pas ce qu'elle souhaitait. Elle voulait se lier avec celle si pure du jeune sorcier et n'avait pas hésité à le faire savoir. À présent, elle venait de reconnaître les effluves magiques que le garçon laissait involontairement passer et caressait son alter ego en allant à sa rencontre, les corps des deux hommes étant plaqués l'un contre l'autre.
L'endroit n'étant pas propice au moindre débordement, Severus choisit de mettre provisoirement fin à l'expérience. Il pouvait le confirmer, flirter avec un sorcier c'était décidément foutrement meilleur qu'avec un Moldu… ou alors Potter avait quelque chose que les autres membres de la communauté magique n'avaient pas. C'était une possibilité car des accolades d'autres sorciers et sorcières, il en avait déjà reçus plus d'une fois dans sa vie. Dumbledore n'en était pas avare, Lucius parfois l'avait congratulé ainsi pour exprimer sa satisfaction, en général après une mission pour le Lord particulièrement réussie, et même Poppy et Minerva pour lui souhaiter son anniversaire ou la bonne année.
Bien entendu, il n'y avait jamais eu de connotations sexuelles dans ces cas précités mais tout de même, il n'avait jamais perçu le moindre petit frémissement de la part de sa magie. Celle du Seigneur des Ténèbres avait été plutôt terrifiante lorsqu'elle fusait hors de son corps et les Mangemorts en général se recroquevillaient de peur et reculaient d'un pas ou deux lorsqu'ils la ressentaient. Encore une fois, rien de comparable avec ce que Severus percevait avec Harry Potter.
Le Maître des Potions relâcha le garçon et se redressa dans le petit canapé. L'expérience était concluante et l'idée d'aller plus loin le taraudait à présent. Mais le gamin était vierge, selon son propre aveu, et il était fort probable qu'il n'était pas prêt à aller plus loin.
— Expérience intéressante, Potter ?
— Que… quoi ? balbutia l'intéressé, les yeux dans le vague.
— Vous avez eu votre baiser, non ? Alors, c'était comment ? fit Severus avec un petit sourire en coin.
Mais Harry ne répondit pas, il se redressa également et remit ses lunettes bien droites sur son nez. Il regarda l'occupant des cachots comme Mondingus Fletcher une bouteille neuve de Vieil Ogden, attrapa le sorcier par le cou et profitant de son soudain déséquilibre le refit basculer sur lui pour lui ravir ses lèvres.
Si Severus Rogue en fut surpris, il ne le montra pas et docilement il répondit à l'invite. Avec satisfaction, il constata qu'il n'avait pas du tout traumatisé le sale môme et que celui-ci en redemandait. À présent, il sentait les caresses d'Harry sur ses bras nus et avec délectation se rendit compte que la magie du garçon qui crépitait d'excitation dans ses doigts passait dans ses bras et que la sienne y répondait volontiers. Par la barbe de Merlin, si le sale petit monstre se mettait en tête de le toucher à un certain endroit, il allait devenir fou !
Cette idée nouvelle s'ancra définitivement dans son cerveau et il se promit de très rapidement connaître cette expérience.
— Potter, murmura-t-il à l'oreille du Gryffondor. Si nous n'arrêtons pas immédiatement, je ne réponds plus de rien, et nous risquons les pires ennuis avec Rick…
— Pourquoi ? répondit Harry d'une voix rauque en parsemant la mâchoire de Severus de petits baisers brûlants.
— Parce que je vais vous baiser sur ce canapé et ça fera désordre.
Harry rougit alors jusqu'à la pointe de ses cheveux ou presque et baissa les yeux de confusion. Il ne s'était pas attendu à autant d'enthousiasme de la part de l'homme et de savoir qu'il avait de telles intentions le surprit plutôt que de le choquer.
— Mais… qui vous dit que je ne veux pas ? osa-t-il, toujours écrevisse.
Severus Rogue le regarda les yeux plissés et le visage figé. Il… il voulait ? Par les chaussettes trouées de Merlin et le string à paillettes de Dumbledore, si le môme se fichait de lui, il allait le payer. Il évita le rictus qui naturellement voulait apparaître sur son visage et profitant de la pénombre, il passa le plat de sa main sur l'entrejambe d'Harry qui hoqueta de surprise et dont les reins se soulevèrent instinctivement. L'érection bien dure que Severus sentit sous ses doigts lui ôta alors toute réalité.
— Potter, nous allons aller faire un tour…
— Où… où ça ?
— Au Butterfly. C'est dans une rue adjacente un peu plus loin. J'y ai une chambre. Si vous n'êtes pas d'accord, dites-le tout de suite, parce que je vous préviens, je ne vous laisserai aucune autre chance. Soit vous venez avec moi immédiatement, soit vous rentrez à Grimmaurd.
— Je… je vais avec vous… murmura Harry, un peu choqué de sa propre audace.
— Bien. Alors levez-vous, nous y allons.
Severus se leva du canapé et ramassa son paquet d'Embassy presque vide et son briquet ainsi que les pièces et billets abandonnés près des assiettes dévastées. Harry rangea également ses Dunhill et son briquet dans sa poche et se leva, soudain très intimidé. Par Godric, Salazar et tous les autres, il allait se retrouver dans une chambre d'hôtel avec l'homme qui le faisait fantasmer comme un malade depuis plus d'un an et demi. La Terreur des cachots de Poudlard se dirigea alors vers le bar suivi d'Harry à quelques pas derrière lui. Rick haussa un sourcil inquisiteur et Severus lui glissa un billet de cinquante livres froissé en lui disant que c'était un acompte sur sa note du week-end. Rick, interloqué, prit le billet en regardant alternativement les deux hommes. Puis comprenant ce qu'ils avaient l'intention de faire, il afficha un large sourire. Il regarda le couple quitter le bar et les suivit un instant du regard. Il ne fut pas étonné du tout de voir Severus prendre Harry par le cou pour le plaquer contre lui comme s'il avait peur qu'il se sauve.
Il faisait encore grand jour bien évidemment vu qu'il n'était même pas 20h30. Indifférents aux regards parfois outrés des passants, le couple poursuivit son chemin sur le trottoir en face du Flamant Rose. Ils longèrent la rue sur une centaine de mètres et tournèrent à droite dans une petite rue résidentielle. Entre deux maisons de briques rouges typiques du quartier, se trouvait un hôtel pas très bien réputé, il fallait le dire. Sa haute façade de pierres grises se détachait parmi les maisons basses. Un papillon autrefois coloré était encore visible sur l'enseigne délavée par les pluies londoniennes. Les poubelles débordantes étaient sorties sur le trottoir et les volets de fer rouillés du rez-de-chaussée étaient descendus sur les baies vitrées. La porte également vitrée légèrement poussiéreuse était quasiment recouverte d'autocollants publicitaires.
L'endroit n'était pas vraiment accueillant et Harry se demanda un instant quelle pouvait être la clientèle de ce genre de lieu. Lorsque Severus poussa la porte, le jeune sorcier eut la réponse à sa question. Deux prostituées, court-vêtues, en cuissardes à talons aiguilles, poitrines presque à l'air et maquillées comme des camions volés sortirent en papotant, cigarettes à la main. Derrière un comptoir crasseux, un concierge qui ressemblait étrangement à Argus Rusard regarda vaguement Severus Rogue d'un œil torve. Sans un mot, il lui tendit la clé du numéro 13 et retourna aux délices de la lecture passionnante du « Sun ».
L'escalier grinçait et à la grande confusion d'Harry, le couple croisa encore une prostituée un peu trop plate et à la pomme d'Adam trop proéminente pour mériter la minijupe qu'elle portait. Derrière « elle » un homme moustachu plus large que haut suivait en se dandinant. Harry ne put s'empêcher de penser à son oncle Vernon et se retourna pour profiter du spectacle. La chambre 13 se trouvait au premier étage et Harry espérait que son chiffre lui porte bonheur.
Severus s'arrêta devant une porte au bois crasseux et au vernis écaillé portant le numéro sur une plaque de cuivre terni. Il glissa la clé dans la serrure et poussa la porte.
1 Célèbres concerts classiques donnés chaque été pendant huit semaines dans cette salle mythique.
