Bêta : Mokonalex

Assistante/Elfe de maison/Infirmière : Mirabelle31

Note de l'auteur : Attention, ceci est un chapitre lourdement censuré. J'ai été dans l'obligation de retirer plus de 2000 mots du lemon pour adhérer aux principes du site et au rating M. Cette censure étant très importante, je ne peux que vous recommander d'aller lire le chapitre intégral chez Fanfics en folie pour ne rien perdre. Comme d'habitude, je ne donne pas dans le PWP et les scènes citronnées contiennent des informations importantes pour la suite de l'histoire.

Bonne lecture à tous et toutes


La chambre 13 de l'Hôtel Butterfly avait connu de meilleurs jours dans les années 50. L'établissement avait dû avoir un certain standing plusieurs décennies auparavant car la chambre comportait une petite salle de bain avec une baignoire qu'Harry aperçut par la porte ouverte de cette pièce. Le papier peint fleuri était usé, décoloré et sale. Il se terminait à vingt centimètres du haut du mur par un liséré en velours rouge par endroit déchiré et manquant. Le plafond et la bordure en haut des murs avaient une peinture blanc sale, piquée de moisi et écaillée en larges plaques dévoilant les anciennes couches de différentes couleurs. Le lit king size était en placage de bois vernis ressemblant au formica de la cuisine de la Tante Pétunia, mais en plus mauvais état. Deux chevets et une petite armoire de même facture complétaient l'ameublement plus que ringard. Rien dans la pièce n'indiquait qu'elle était occupée depuis la veille. Le Maître des Potions n'avait apporté aucun effet personnel, mais il était vrai qu'avec sa baguette magique, ses besoins étaient limités. Le lit était fait et recouvert d'un couvre-lit en peluche rouge passablement mité et comportant un certain nombre de trous de cigarettes.

La pièce était naturellement sombre vue son orientation et ses rideaux clos. Au plafond, un lustre de verre opalisé vieillot dispensait une lueur faiblarde, sinistre et tremblotante. Le rideau de toile fleurie était vieux, jauni et par endroit cuit par le soleil. Au dessus du lit, une gravure cartonnée représentant une femme du 17ème siècle dans son boudoir était punaisée sur le mur. On ne pouvait pas dire que la déco était au top de la mode et de la nouveauté. De toute façon, vu la clientèle et le concierge, il ne fallait pas s'attendre à mieux.

Severus regarda en silence Harry se tourner dans tous les sens pour examiner la pièce.

— Je sais, c'est pas terrible, mais pour ce que je fais habituellement ici, c'est suffisant. Le lit n'est pas mauvais et il y a des toilettes et une baignoire. Faites attention, Potter, l'eau est très chaude au robinet.

— Harry. Appelez-moi, Harry, s'il vous plaît, fit le jeune Gryffondor d'une petite voix intimidée.

Un simple hochement de tête fut sa réponse. Rogue s'approcha du garçon et lui retira ses lunettes qu'il déposa sur la table de nuit la plus proche de lui. Interloqué, Harry le regarda sans rien dire et cligna des yeux plusieurs fois, gêné par sa vision plus que médiocre. Il n'eut pas le temps de se poser d'autres questions, le sorcier fonça sur lui comme Voldemort sur un né-moldu.

Harry Potter ne savait plus où il était. Il ne savait d'ailleurs plus à cette minute comment il s'appelait. Il était submergé par la vague magique qu'il sentait s'échapper du corps du Serpentard. Celui-ci l'embrassait et le caressait comme s'il avait quatre ou cinq paires de mains. Tout à coup, Harry sentit ses vêtements le quitter. Il comprit alors que Severus avait lancé un Devestio informulé sur leurs deux corps car sentir la peau chaude et très nue du professeur sur la sienne le fit presque défaillir de plaisir.

Deux bras puissants le soulevèrent du sol et le déposèrent pas vraiment tendrement sur le lit où les ressorts du matelas le firent rebondir plutôt spectaculairement avec un « bouing » sonore typique très désagréable. D'ailleurs, le Maître des Potions eut un claquement de langue agacé et après s'être saisi de sa baguette, il lança un sort de silence à la literie.

— Désolé, Potter… Heuuuu… Harry, j'avais oublié. Je dois le renouveler chaque jour, sinon c'est l'enfer au moindre mouvement.

— Pas… pas grave, Professeur, répondit Harry plus qu'intimidé.

— Appelle-moi Severus.

Harry hocha la tête et regarda un peu inquiet le prédateur nu qui s'avançait vers lui, les yeux brûlant et une érection démesurée frappant ses abdominaux à chaque pas. Si la veille, il n'avait pas bandé pour Michael, il se rattrapait largement ce soir. Le garçon jaugea les dimensions d'un coup d'œil inquiet en se demandant ce qu'il allait bien faire avec son machin.

Parce que notre petit ami Harry n'avait strictement aucune idée de ce qui l'attendait !

Oh, bien sûr il avait eu des cours d'éducation sexuelle avant d'entrer à Poudlard, mais ces cours avaient été du niveau « enfants de dix ans » et si on leur avait bien expliqué les mécanismes de la reproduction humaine, on ne leur avait pas détaillé de façon explicite une relation sexuelle entre un homme et une femme. Par conséquent, pas étonnant donc que personne n'avait expliqué à Harry comment deux hommes faisaient l'amour…

Severus vit l'incertitude dans les yeux d'Harry et comprit que le gamin ne savait vraiment pas ce qui allait se passer, malgré son excitation et la jolie érection qui en était la preuve. Il s'allongea au milieu du lit et le prit dans ses bras, se couchant pratiquement sur lui pour recommencer à l'embrasser. D'un geste de la main, Severus fit sa magie éteindre l'affreux lustre et la chambre aux rideaux fermés ne fut plus éclairée que par l'enseigne publicitaire au néon fatigué qui clignotait dehors dans la rue et le jour qui filtrait à travers le tissu usé.

Harry était détendu, plus que détendu… il était grisé par les baisers de l'homme qu'il désirait depuis si longtemps. S'enhardissant, il caressa le dos de Severus et même ses fesses rondes, ce qui l'excita encore plus. Il poussa un petit cri rauque lorsque l'homme attrapa sa virilité dans sa main et commença à le caresser.

Jamais personne n'avait touché Harry de cette façon et ce qu'il ressentait sous l'administration experte du sorcier n'avait rien à voir avec ce qu'il arrivait à obtenir certains soirs où il se trouvait enfin seul dans la salle de bain des Gryffondors, alors que tout le monde dormait.


Scène MA censurée


D'un bond, Severus quitta le lit et prit sa baguette sur la table de nuit. Il commença par verrouiller magiquement la porte. Il ne voulait surtout pas être dérangé dans ce qui, il le pressentait, allait être la nuit de sa vie. Il jeta ensuite un Assurdiato sur l'ensemble de la chambre. Si l'un d'eux devenait un peu trop vocal dans les quelques minutes voire heures qui allaient suivre, personne n'en saurait rien.

Baguette toujours en main, Rogue retourna vers la table de nuit de gauche et ouvrit le tiroir pour en retirer un flacon de lubrifiant très moldu mais qui en fait contenait une potion visqueuse spécialement créée et réalisée pour son usage personnel. Pour la première fois d'Harry, il allait coupler cette potion avec le sort de lubrification qu'il connaissait, le seul existant d'ailleurs à sa connaissance.

La Terreur des cachots retourna rapidement sur le lit, faisant tressauter les ressorts comme s'ils étaient sur un trampoline. Avoir ce lit particulier était une aubaine. La première fois, Severus n'en avait pas cru sa chance. Il avait pu se rendre compte que les ressorts fous de la literie facilitaient ses ébats et économisaient les forces des deux partenaires qui pouvaient ainsi s'agiter plus facilement et avec tous les bénéfices que ça pouvait leur apporter. Après cette première fois, Severus avait réclamé la 13 systématiquement si elle était libre. Gavin, le concierge, quasiment toujours muet comme une carpe, ne connaissait le sorcier que sous le nom de Monsieur Prince, le client du week-end de la 13 qui recevait un homme différent chaque soir et jamais un prostitué, s'il vous plaît. Cet homme-là devait avoir un sacré charme ou savoir-faire, pour n'avoir aucun mal à trouver ainsi des amants…


Scène MA censurée


Dès que le sexe démentiel du sorcier fut totalement inséré dans le rectum plus si vierge que ça, les deux magies décidèrent qu'elles aussi voulaient s'amuser et faire l'amour. Alors que Severus démarrait ses premiers coups de boutoir, heurtant en même temps la prostate d'Harry, les premières vagues bleutée de magie sortirent de leurs deux corps, comme des volutes de fumée scintillantes.


Scène MA censurée


La chambre était à présent remplie de vagues bleues scintillantes d'intensités variables. Severus les vit alors et ralentit la cadence tout en tournant sa tête dans tous les sens…

— Harry ! Regarde ! Autour de nous !

Le garçon ouvrit aussitôt les yeux et les plissa pour contrer sa myopie.

— C'est… c'est quoi ?

— Je ne sais pas, répondit Severus d'une voix hachée, le souffle court.

Harry posa une main sur son ventre et ensuite toucha celui de Severus et le caressa.

— Je sais. C'est la magie. Ma magie… je la sens sortir de mon corps, elle cherche quelque chose… je crois qu'elle a trouvé. Elle… elle est… heureuse. Elle a trouvé. Je crois qu'elle a trouvé… ta magie.

— Par Merlin, balbutia le Maître des Potions interloqué. Ne me dis pas que… nos magies font… l'amour ? Comme nous ?

— Je crois que si… fit Harry en hochant la tête. Severus… rajouta-t-il… fais… fais-moi… encore… trop bon…

Les coups de boutoirs reprirent leur intensité précédente mais avec une nuance. Severus se coucha complètement sur Harry, emprisonnant son sexe entre leurs deux ventres. Aussitôt, leurs bouchent s'unirent, accentuant encore, si c'était possible, le plaisir insensé qu'ils ressentaient. Severus n'avait jamais éprouvé une telle chose. Il aurait dû éjaculer depuis longtemps déjà, au regard de l'intensité de ses émotions, mais il était très clair que la magie avait son mot à dire et qu'elle voulait que les choses durent. Aucun des deux sorciers n'avait à s'en plaindre d'ailleurs.

Dans la chambre, les vagues de magie tournoyaient l'une contre l'autre, s'enroulaient, se poursuivaient en un curieux ballet lumineux. L'une était bleu foncé et l'autre d'un bleu pâle très pur. Leur frottement l'une contre l'autre provoquait des petits scintillements et parfois des crépitements comme ceux qui sortaient des doigts des deux sorciers lors d'une forte émotion.

Le couple haletait sans restreinte. La sueur rendait leurs deux corps glissants et Harry avait accroché ses deux jambes autour des hanches de l'homme et ses bras autour de son cou. Le visage caché dans les cheveux longs de l'ancien espion, le jeune sorcier songeait que faire l'amour était la plus merveilleuse chose du monde et que non, ce n'était pas sale ni pervers, ni même une corvée. Comment les sorciers pouvaient-il penser des choses aussi stupides ? Encore une preuve que décidément il n'était pas à sa place dans ce monde rétrograde.


Scène MA censurée


Alors que sa propre magie satisfaite revenait dans son corps, Severus sombra dans l'inconscience, rejoignant ainsi Harry dans les limbes du sommeil. Ils étaient restés dans la même position, Severus toujours en lui, le sexe à présent dégonflé et Harry accroché à lui comme une grenouille à un roseau quelconque.

Les deux dormeurs ne le savaient pas encore mais leurs vies venaient de changer définitivement. Ils ne pourraient plus jamais ignorer cette nuit. Leurs magies ne les laisseraient pas oublier. Et personne dans le Monde Magique ne pourrait séparer ce couple que la magie avait décidé d'unir, indifférente aux préjugés rétrogrades des autres sorciers.

Quatre heures plus tard, Severus ouvrit les yeux et se leva, les jambes flageolantes. Il se dirigea en vacillant vers la salle de bain où il utilisa les toilettes et ensuite se passa de l'eau froide sur le visage. Utilisant le gobelet à dents, il avala un verre d'eau et assis sur le bord de la baignoire tenta de mettre de l'ordre dans son esprit. Il avait vécu une chose incroyable ce soir, et il était persuadé que personne ne le croirait s'il en parlait. À croire que personne n'avait jamais vécu la même chose qu'eux, sinon l'opinion des sorciers sur le sexe serait largement différente.

Le Serpentard reposa son verre vide et retourna vers la chambre. Harry s'était roulé en boule pendant son absence et semblait ne pas avoir chaud. D'un geste de baguette, Severus le fit léviter au dessus du lit. Il écarta le vieux couvre-lit, ouvrit drap et couvertures et reposa Harry sur le matelas, la tête sur l'un des deux oreillers. Severus fit le tour du lit, posa sa baguette sur sa table de nuit et se glissa entre les draps. Il remonta les couvertures sur Harry et lui-même, puis, la tête sur l'oreiller, il se tourna sur le côté et se plaqua contre le dos du lionceau, un bras autour de son corps fin. Severus Rogue ferma les yeux. La dernière chose qu'il perçut avant de sombrer dans un sommeil réparateur fut sa magie qui vibrait de plaisir de sentir celle d'Harry tout contre elle.


L'aube pointait derrière la toile usée des vieux rideaux lorsqu'Harry ouvrit les yeux. Il s'étira, se sentant curieusement courbaturé et se figea un instant, le cœur prêt à exploser de peur en se rendant compte qu'il y avait quelqu'un allongé juste à côté de lui. Il tourna la tête brusquement au risque de se faire un torticolis et resta sans bouger, les yeux écarquillés et la bouche ouverte en voyant le visage du dormeur qui paisiblement occupait l'oreiller voisin.

Alors, les souvenirs de la soirée de la veille lui revinrent en mémoire. Maintenant qu'il était bien réveillé, il se souvenait avoir dragué de façon éhontée son professeur de potions. Celui-ci avait répondu à ses avances, au Flamant Rose. Ensuite, ils s'étaient repliés dans la chambre 13 de l'Hôtel Butterfly. L'endroit était encore plus horrible que l'affreux Hôtel du Rail de Carbone-Les-Mines où l'Oncle Vernon les avait fait dormir, Tante Pétunia, Dudley et lui alors que l'obèse tentait de fuir les hiboux de Poudlard. Cet hôtel avait traumatisé Pétunia qui disait à qui voulait l'entendre que faire payer pour dormir là était un crime. La nuit dans la cabane humide en pleine mer ne l'avait pas autant choquée.

Harry sentit le rouge lui monter aux joues. Il avait couché avec le Professeur Rogue ! Dans ses rêves les plus fous, il n'aurait jamais imaginé une chose pareille. Et pourtant, il l'avait fait ! Est-ce que ça allait se voir sur lui ? Est-ce que Remus, Molly et Dumbledore allaient s'en rendre compte ? Par le caleçon moisi de Voldy, il avait fait l'amour avec un homme !

L'homme en question dormait encore du sommeil du juste. Ses longs cils noirs laissaient une ombre légère sur ses joues minces et pâles à présent piquetées de barbe matinale. Ses traits paraissaient bien plus détendus que lorsque le sorcier était réveillé. Il semblait bien plus jeune aux yeux d'Harry. Les longs cheveux noirs faisaient comme une auréole autour de son visage. Severus Rogue était couché sur le côté, faisant face au Gryffondor qui le regardait avec émotion. Pour bien voir de si près, le jeune homme n'avait heureusement pas besoin de ses lunettes. Son regard descendit sur la bouche légèrement entrouverte et ensuite la courbe gracile du cou où un magnifique suçon trônait.

Harry retint sa respiration. C'était lui qui avait fait ça ? Misère ! Il était mort ! Jamais Rogue ne lui pardonnerait un coup pareil !

Avalant sa salive, le Sauveur se retourna doucement, maudissant les affreux ressorts qui amplifiaient chaque mouvement dans le lit. Il voulait aller s'enfermer dans la salle de bain et réfléchir à la situation. Qu'allait-il se passer à présent ? Si jamais quelqu'un apprenait ce que Rogue et lui avaient fait, ils allaient être jetés en pâture au Monde Magique…

Harry sortit doucement du lit et à tâtons chercha sa paire de lunettes sur la table de nuit au dessus de marbre brun. Il retint un soupir en la posant sur son nez. Enfin, il voyait clair ! D'un œil critique, il jugea la chambre et haussa les épaules en se disant qu'il n'avait pas eu mieux dans son enfance. Son placard et son lit de camp étaient moins bien que cette chambre. Ici, il y avait de la place, une fenêtre et comble du luxe, une salle de bain avec toilettes.

Nu comme un ver, il se précipita dans la petite pièce précitée. Elle était carrelée de blanc style hôpital. Le haut des murs et le plafond étaient bleu ciel mais la peinture était écaillée et moisie et il n'y avait aucune fenêtre ce qui n'était pas l'idéal pour évacuer l'humidité. La baignoire était propre mais l'émail avait souffert au cours des décennies. Harry s'approcha du lavabo. Il était de facture ancienne et ses deux robinets étaient ternis par le calcaire. Le miroir était fendu dans un angle et le tain avait des traces d'oxydation importante. Le carrelage du sol était usé et certains carreaux fendus faisaient mal aux pieds nus. Les toilettes étaient de celles qui avaient un réservoir suspendu accroché au mur et on devait tirer sur une vieille chaine à poignée de bois pour faire couler l'eau. Harry hésita en voyant l'installation. Et si le réservoir tombait et qu'il se le prenait sur la tête, hein ?

Lorgnant l'installation vétuste avec inquiétude, Harry souleva le couvercle de bois et la lunette et vida sa vessie en soupirant d'aise. Puis il recula et se mit sur le côté pour tirer sur la chaîne avec appréhension. Satisfait de voir que le truc était toujours en place sur le mur et qu'il n'était pas trempé des pieds à la tête, le jeune sorcier retourna vers le lavabo pour y faire quelques ablutions. Il chercha une bonde du regard et avisant un bouchon de caoutchouc noir posé sur le rebord de la vasque, il s'en saisit et l'enfonça dans le trou d'évacuation.

La veille, Severus Rogue lui avait dit de faire attention à l'eau chaude qui sortait bouillante du robinet. Il l'ouvrit donc avec précaution et un horrible bruit de glouglou et des crachotements se firent entendre. De gros claquements de tuyauterie vétuste le firent pester. Super pour la discrétion…

L'eau fumait. Il n'était pas question d'y mettre les doigts. Harry coupa le robinet et ouvrit celui d'eau froide. Il faisait autant de bruit que son jumeau. Soupirant, le garçon chercha de quoi se laver le visage. Il y avait des serviettes rêches aux franges usées mais propres ainsi que des gants de toilette du même style et un échantillon de savon parfumé encore dans son papier d'emballage. Il ôta de son visage la monture ronde métallique et la déposa sur le rebord de la vasque émaillée.

Délaissant le gant, Harry se plongea le visage dans l'eau du lavabo et s'ébroua comme un chien fou. Il passa ses doigts mouillés dans sa tignasse emmêlée et attrapant une serviette, il s'y frotta le museau tout en prenant place sur le rebord de la baignoire, ses lunettes à la main. Ainsi installé, la serviette entre les mains, les lunettes de retour sur son nez, il fixa une fente dans un carreau de faïence et rêvassa quelques minutes.

Le bruit peu discret de la chasse d'eau avait tiré du sommeil le Maître des Potions. Il avait dormi comme un loir et il pouvait dire que dans cette chambre, c'était plutôt rare, surtout lorsqu'il était accompagné. Normalement, il passait une nuit blanche à faire des galipettes et lorsque l'amant du jour dormait, épuisé, Severus quittait la chambre, allait se restaurer et ne revenait pour s'y reposer qu'une fois les lieux libérés. Il dormait le reste de la journée et retournait ensuite au Flamant Rose pour y recommencer son manège. Qu'il passe donc la nuit entière dans ce lit à dormir était pour le moins inhabituel.

Harry Potter n'était plus dans la chambre la porte fermée de la salle de bain ainsi que le bruit de la chasse d'eau indiquaient ce qu'il faisait. L'homme se remit sur le dos en soupirant à la pensée de la soirée incroyable qu'il avait vécue la veille. Lui, un estimé professeur de la non moins estimée Ecole de Magie et de Sorcellerie de Poudlard avait couché avec un de ses élèves et un garçon encore en plus. Il était presque sûr que personne n'avait osé avant lui…

Severus frotta son visage entre ses deux mains fines. Il mourrait d'envie de fumer une cigarette et d'avaler un bon café noir bien serré. Par contre, il ne fallait pas compter sur le personnel du Butterfly pour avoir un petit déjeuner digne ce nom. Ils ne servaient qu'un infâme jus de chaussette ne portant le nom de café que pour eux et un odieux brouet qu'ils osaient nommer thé.

Le boucan des robinets lui fit esquisser un sourire. C'était celui du lavabo, il le reconnaissait car celui de la baignoire était pire encore. Le Serpentard espérait que son jeune amant ne souhaite pas rentrer trop vite au Square Grimmaurd. Il se sentait particulièrement en forme et l'érection qui tendait le drap méritait qu'on s'intéressât à elle.

Harry avait eu raison de se demander s'il y avait une différence entre faire l'amour avec un sorcier ou un Moldu. Il y en avait une colossale ! Jamais il n'aurait pensé d'ailleurs…

Le potionniste eut soudain l'envie irrépressible de rejoindre son petit lion et de le serrer dans ses bras. Le savoir éloigné de lui paraissait presque intolérable… Par les robes à fleurs d'Albus ! Il n'avait pourtant pas de sang de créature dans les veines, alors pourquoi se comporter comme un vampire venant de prendre un calice ? Rogue savait bien ce qu'on disait de lui dans les couloirs et les salles communes et ça le faisait bien rire, mais il n'y avait pas une once de vérité là-dedans. Confusément, le sorcier sentit que la magie devait y être pour quelque chose et songea que quelques séances de méditation du genre de celles pratiquées lors de l'apprentissage de l'Occlumancie devraient l'aider un peu, sinon il était dans la bouse de dragon. Jamais il n'avait été amoureux, ne pouvant s'offrir ce luxe et par conséquent, le naïf ignorait tout des prémices de cet état.

Rejetant les draps et couvertures, Severus quitta le lit et sans prendre le temps de revêtir quoi que ce soit, il traversa la chambre et ouvrit la porte de la salle de bain sans frapper.

Aussitôt, ses yeux se posèrent sur les deux émeraudes derrière les lunettes d'Harry. Le jeune homme serra sa serviette contre lui en rougissant et en baissant les yeux, visiblement intimidé.

— Harry… grogna le Serpentard en s'avançant vers le garçon, une idée très lubrique en tête.

Pourtant le sorcier nu interrompit son avancée et tendit l'index, les sourcils froncés.

— C'est… c'est moi qui t'ai fait ça ? demanda-t-il avec inquiétude. Harry… je suis désolé, vraiment. Je n'avais pas imaginé te serrer aussi–

— Stop, Severus ! fit aussitôt le Gryffondor après avoir jeté un œil dans la direction pointée par son amant. Ce n'est pas toi qui as fait ça, c'est… Remus.

Harry avait presque oublié l'hématome en forme de doigts qui noircissait son biceps droit. Il passa sa main gauche dessus et grimaça au souvenir de l'accueil qu'il avait reçu l'avant-veille au Square Grimmaurd.

L'ancien espion était furieux. Comment le lycanthrope avait-il osé faire ça au gamin ? Il allait en glisser un mot à Dumbledore et sans nul doute, le vieil homme allait se mêler des affaires de ces emmerdeurs !

— Lupin se préoccupe encore une fois de ce qui ne le regarde pas ! Par Merlin, tu es un sorcier majeur ! Mais bon… que peut-on espérer de cet idiot influencé par Black, ce sale cabot pouilleux ? Après tout, il a toujours suivi les Maraudeurs sans discuter, ni se poser de questions, même lorsqu'ils faisaient les pires conneries ! Pfff !

L'homme s'approcha pour examiner l'hématome et claqua la langue de désapprobation.

— Dommage, je n'ai aucun baume avec moi, mais lorsqu'on rentrera au Square Grimmaurd, je te donnerai ce qu'il faudra et en une heure tu n'auras plus aucune trace.

Rogue esquissa un sourire en voyant les résidus de sperme collé sur le ventre d'Harry. Le Gryffondor n'avait pas pris de douche ni de bain encore, et ça tombait bien, ils allaient pouvoir s'amuser dans la baignoire…

— Un bon bain va nous faire du bien pour attaquer cette journée, déclara le Maître des Potions d'un ton badin. On peut y aller à deux, la baignoire est assez grande. Ensuite on ira prendre un petit déjeuner ailleurs.

En rougissant, Harry tourna la tête vers la baignoire que Severus était en train de remplir. Le petit sourire en coin que le sorcier lui lança alors, confirma au jeune homme les intentions du potionniste…


Au Square Grimmaurd, l'ambiance n'était pas au beau fixe. En se levant, Ron avait vu que le lit d'Harry n'était pas défait et que par conséquent, son ami n'était pas du tout rentré de son expédition de la veille. Bien entendu, le rouquin s'était empressé, sitôt lavé et habillé, d'aller tout rapporter à ses parents qui étaient déjà installés dans la cuisine devant leur première tasse de thé. Dumbledore et Remus Lupin étaient là aussi, savourant leurs assiettes d'œufs au bacon.

À l'annonce de l'absence d'Harry, les réactions furent diverses. Hermione leva les yeux au ciel d'un air excédé : Ron ne pouvait-il donc cesser de se mêler des affaires de leur ami ? Vu l'accueil reçu la veille, il n'était pas étonnant que le jeune Sauveur n'ait eu aucune envie de rentrer au bercail.

Ginny poussa des cris horrifiés en prenant sa mère à témoin comme quoi Harry filait un mauvais coton et qu'il allait devenir un voyou à la réputation déplorable, ce qui lui retirerait toute honorabilité dans le Monde Magique. Evidemment, Ron acquiesça en hochant vigoureusement la tête, ne pouvant parler vu ce qu'il venait de mettre dans sa bouche.

Remus jeta sa serviette de table près de son assiette d'un mouvement d'humeur et pesta qu'il était temps que Sirius revienne pour prendre les choses en main et faire entendre raison à Harry. Au fond de lui, une petite voix lui rappela que James et Sirius avaient fait bien pire en leur temps et qu'ils n'en avaient jamais fait mystère à Poudlard. Cela avait d'ailleurs occasionné un joli scandale à l'époque et lui-même n'avait pas osé protester de peur de perdre leur précieuse amitié. Bien entendu, il ne tint pas compte de ces souvenirs et continua de ronchonner en songeant aux folies que le petit idiot était sûrement en train de commettre. Bon sang ne savait mentir, disait-on…

Arthur, comme d'habitude, ne réagit pas plus à la nouvelle que si on lui avait raconté le bulletin météo seriné par la RITM pour le week-end. Molly, quant à elle, était furieuse et prenait Albus Dumbledore à témoin. Comment laissait-il une telle folie se produire ? Où était Harry ? Comment se faisait-il qu'il avait découché ? Et s'il était mort ou blessé ? Le pauvre garçon aurait pu faire une mauvaise rencontre, atterrir dans un quartier mal famé et se trouver sur le chemin de créatures infâmes faisant commerce de leurs corps. Après tout, il était connu que les Moldus étaient décadents…

— Il suffit ! trancha le Directeur de Poudlard tout en tartinant un toast de confiture de framboise. Je sais où est Harry et ce qu'il fait. Il n'est pas seul, il est avec Severus. Ils ont décidé de visiter Londres aujourd'hui.

— Pourquoi n'est-il pas rentré hier soir ? protesta Molly, les deux mains sur les hanches et l'œil agressif. Et où ce pauvre enfant a-t-il dormi cette nuit ? Et a-t-il seulement mangé ? Enfin Albus, vous ne pouvez pas le laisser ainsi livré à lui-même, il va lui arriver malheur !

— Si j'avais été accueilli aussi fraîchement qu'il l'a été vendredi soir en rentrant à minuit, je pense que je ne serais pas rentré du tout la fois suivante non plus, répondit froidement Dumbledore en fixant la rouquine par-dessus ses lunettes en demi-lunes. Harry a dormi à l'hôtel et s'est d'ailleurs couché très tôt, plus tôt que vous tous, si je ne m'abuse.

— Il a mal dormi la nuit précédente, confirma Hermione une tasse de thé à la main.

— Il a également dîné hier soir, et petit déjeuné ce matin, poursuivit le vieil homme. Il est en parfaite santé et très satisfait de son sort. Il n'y a aucun souci à se faire pour lui.

— Comment le savez-vous ?

— J'ai mes sources, répondit Albus d'un ton mystérieux.

— Si vos sources se nomment Severus Rogue, pesta Molly, permettez-moi de les prendre avec des pincettes !

Le Directeur n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit pour calmer les esprits, Hedwige, que personne n'avait revue depuis vingt-quatre heures venait de faire son apparition dans la cuisine, une lettre visiblement moldue accrochée à sa patte par un chouchou à cheveux. Le rapace se posa près d'Hermione et tendit obligeamment une serre vers la jeune fille. La jeune brunette ne put réprimer un sourire en voyant le stratagème mis en place par sa mère pour faire tenir la lettre sans blesser l'oiseau.

Un trou avait été fait dans un angle de l'enveloppe avec une perforatrice de bureau et un élastique pour cheveux y avait été glissé et entortillé ensuite autour du membre de l'animal. Délicatement, Hermione retira le lien de tissu et ouvrit le courrier.

Le silence se fit autour d'elle. Les Weasley avaient parfaitement compris de qui provenait la missive. Hermione avait révélé la veille qu'elle avait écrit à ses parents pour leur faire savoir qu'elle souhaitait se rendre en Italie avec eux, proposition qu'elle avait précédemment déclinée. Molly, voyant sa future belle-fille échapper à son influence, avait tenté de l'en dissuader. Plus la jeune fille passerait du temps avec Ron et Ginny, plus ils arriveraient à la modeler pour en faire une Weasley acceptable et plus elle s'attacherait à leur dernier fils. Pour la même raison, elle tenait à avoir Harry sous sa coupe et le plus possible en présence de sa Ginny.

Hermione lut sa lettre attentivement et la replia avec un sourire. Elle leva ensuite les yeux et annonça d'une voix posée que ses parents allaient venir la chercher dans l'après-midi. Elle poursuivit en déclarant avoir par conséquent sa malle à préparer. La jeune fille reposa sa serviette de table et se leva pour quitter la pièce. Molly afficha aussitôt une mine fortement contrariée tandis qu'Arthur se réjouissait secrètement de rencontrer à nouveau les Granger qu'il trouvait fascinants.

Harry allait perdre un de ses seuls soutiens avec Dumbledore dans ce vieux manoir délabré. La brunette aux cheveux touffus se doutait que le jeune homme serait bien protégé par le vieux Directeur ainsi que par Rogue, qui curieusement semblait avoir accepté de jouer les nounous et de sacrifier ses week-ends pour son élève honni. D'ailleurs, cette soudaine amitié était suspecte et Hermione se promettait bien d'interroger sérieusement Harry hors de toute présence inopportune dès leur retour à Poudlard. Quant à elle, quitter le Monde Magique et ses manipulations récemment mises à jour allait lui faire des vacances. Au sens propre comme au figuré !


Au matin du lundi, Severus Rogue avait transplané dans le petit jardin public en friche du Square Grimmaurd, Harry Potter serré dans ses bras. Leur dimanche avait été une réussite totale. Après un bain en duo qui s'était terminé d'une façon coquine très prévisible, les deux sorciers étaient allés prendre un petit déjeuner chez McDonald's, chose inédite pour Harry. Ensuite, ils s'étaient tous deux promenés jusqu'à l'heure du déjeuner dans Soho, le quartier gay par excellence. Là, personne n'avait trouvé à redire qu'Harry tienne la main de Severus ou que celui-ci, en mode possessif, ne l'attrape par le cou dès qu'un homme lorgnait d'un peu trop près son jeune amant. Pour Harry, cette journée avait été une révélation. Il s'était exhibé au bras d'un homme comme s'il s'était baladé avec une petite-amie sans que personne n'y trouve à redire. Ils avaient même pu s'embrasser en pleine rue sans choquer dans ce quartier fréquenté par les gays de Londres.

Ils n'avaient eu aucun mal à trouver un petit restaurant où ils avaient agréablement déjeuné. Ensuite, ils étaient allés au cinéma voir « Chapeau melon et bottes de cuir » où Severus avait déclaré que John Steed ressemblait comme deux gouttes d'eau à Lord Voldemort dans sa jeunesse et que Mère-Grand était le portrait craché de son vieux professeur de potions Horace Slughorn qu'Harry ne connaissait pas. Le jeune homme avait d'ailleurs renchéri en disant que Grand-Père était le sosie de sa Tante Pétunia. Severus avait ricané et déclaré qu'en effet, Pétunia Evans aurait fait une espionne de choc, ayant des dispositions naturelles pour cette profession. Le jeune Gryffondor avait dû mordre sa main pour ne pas hurler de rire dans la salle obscure, ce qui aurait fait un peu désordre.

Après avoir dîné au bord de la Tamise, le couple était rentré à l'hôtel où les deux sorciers s'étaient empressés de répondre à l'appel de la chair…

Harry avait vécu ces dernières vingt-quatre heures comme dans un rêve et bien que Severus ne l'ait pas avoué de vive voix, il avait ressenti la même chose. Le Gryffondor s'avérait amusant, gentil, affectueux et pas difficile du tout à contenter. Curieusement, il ne crachait pas sur le sexe, chose amusante pour un fraîchement dépucelé, et semblait n'avoir aucune séquelle douloureuse ou gênante de leurs récents exploits. Etant donné l'ardeur du Maître des Potions, c'était plutôt surprenant, et le Serpentard était persuadé que la magie était encore intervenue. Décidément, en rentrant à Poudlard, il aurait quelques recherches à faire chez les bouquinistes de l'Allée des Embrumes.

— On doit vraiment rentrer, hein ? marmonna Harry d'une voix pitoyable en levant deux yeux de cocker vers l'occupant des cachots.

— Exact. Et tu sais comment tu dois te comporter. Nous en avons parlé plusieurs fois. Il est impératif que notre secret soit bien gardé si vous voulons continuer ce que nous faisons en toute tranquillité. Je vais donc de nouveau t'appeler « Potter », te traiter comme un veracrasse et à Poudlard, tu seras en retenue plus souvent qu'à ton tour.

— De ça, je ne me plaindrai plus… enfin, sauf en public, fit Harry avec un maigre sourire.

— Dès demain matin, tu viendras prendre des cours de rattrapage en potions, ça nous permettra d'être seuls pendant des heures.

— Tu n'espères quand même pas que Molly va laisser passer ça ? objecta le jeune Sauveur. Si tu me donnes des cours particuliers, elle va faire un foin pour que tu en donnes à Ron et Ginny aussi.

Le ténébreux professeur réfléchit alors un court instant tout en dévisageant Harry.

— Je ne pense pas que Monsieur Weasley et sa sœur seront ravis de cette proposition. Et à mon avis, leurs protestations seront suffisantes pour me convaincre de refuser de donner des cours supplémentaires à des élèves ne souhaitant pas apprendre et n'aimant pas les potions. Je lui rappellerai que ce sont les vacances et que je ne suis pas là pour sacrifier mes congés pour des petits énergumènes ne pensant qu'au Quidditch.

— Bonne stratégie. Tu penses qu'on va avoir des ennuis ? s'inquiéta alors Harry en regardant d'un air craintif dans la direction où il savait trouver le numéro 12.

— Ils n'ont pas intérêt à essayer.

Le grand brun au pantalon de cuir attira son jeune compagnon dans ses bras et à l'abri d'un bosquet touffu et mal entretenu, il l'embrassa voracement avant de le lâcher.

Severus traversa le jardin sans un mot, Harry trottinant derrière lui. Il marqua un temps d'arrêt sur le trottoir et regarda le 12 apparaître entre les numéros 11 et 13 de la place. D'un pas décidé, une main encourageante sur l'épaule du garçon, il traversa la rue obligeant ainsi un Harry fortement contrarié à le suivre.

Le Garçon-Qui-Avait-Survécu avait pensé à cette vieille demeure comme un sanctuaire, son havre de paix qui le délivrait des Dursley. Mais pour la première fois, la façade grise et sinistre lui fit l'effet d'entrer dans une prison. Et il allait devoir en affronter les gardiens : Remus et Molly. Les deux hommes montèrent les vieilles marches de pierre et Severus pointa sa baguette pour en toucher la porte. Albus avait intégré la signature magique du Serpentard aux barrières de protection de la maison, au grand dam de Remus qui même s'il faisait bonne figure, n'appréciait toujours pas le potionniste. Il fallait dire aussi que Sirius Black ne faisait rien pour arranger les choses, bien au contraire.

La porte d'entrée à la peinture noire écaillée s'ouvrit alors avec un grincement désagréable. L'odeur de moisi les prit à la gorge et Harry soupira. Il avait oublié combien cette odeur était pénible et pénétrante. On s'y faisait bien sûr, et au bout de quelques temps, on ne la percevait même plus. Au fond du couloir sombre, les doubles-rideaux noirs mangés aux mites qui dissimulaient la toile de Walburga Black étaient tirés. Severus posa un doigt sur ses lèvres et à pas de loup, après avoir fait signe à Harry de le suivre, il descendit tranquillement les marches menant à la cuisine.

Dans la longue pièce sans fenêtre, éclairée par de vieilles lampes à gaz poussiéreuses, le silence se fit à leur entrée. Toutes les têtes des personnes présentes se tournèrent vers eux. Harry remarqua qu'Hermione était manquante. La brunette avait certainement réussi à joindre ses parents et à partir avec eux. Albus Dumbledore leur fit un sourire éclatant Arthur, un plus discret et le visage de Remus affichait sans détour sa désapprobation la plus totale.

Ron et Ginny semblaient furieux et Ron, les yeux plissés de jalousie, examina les tenues des deux hommes en les détaillant des pieds à la tête. Le pantalon de cuir très sexy de la Chauve-souris des cachots, ainsi que son débardeur de Spandex et ses bottes de motard moldu étaient le comble de l'indécence au masculin. Le rouquin regarda également Harry d'un œil critique, avisant le jean indigo bien coupé et moulant, la chemise blanche propre et les souliers de ville bien cirés. Harry n'avait pas l'air d'avoir passé les deux nuits précédentes dehors. Ron remarqua également qu'il était rasé de frais, tout comme l'ancien Mangemort qui avait lui – comble de l'outrage – les cheveux propres et bien peignés.

Molly s'était figée dès que le duo était entré dans la cuisine. Avec un œil expert, elle avait en une fraction de seconde fait les mêmes constatations que son fils. Tout d'abord, comment un enseignant de la très sélecte école de magie et de sorcellerie de Poudlard pouvait-il s'exhiber ainsi vêtu, comme un Moldu décadent ? Comment pouvait-il offrir un tel spectacle à des enfants innocents ?

Elle remarqua la tenue propre et non froissée d'Harry, son air reposé et par Merlin, il n'avait pas bronzé ? Severus également… il avait les bras et le visage bien plus colorés qu'à son départ. Et que Circé lui vienne en aide, ce mécréant ne pouvait-il donc pas cacher cette infamante Marque des Ténèbres ? On aurait dit qu'il l'exhibait comme un trophée ! C'était d'une indécence folle !

— Où étais-tu, Harry Potter ? commença la mégère, les deux poings sur ses hanches grasses. Comment as-tu osé disparaître ainsi tout le week-end, sans même nous prévenir ? Nous ne sommes pas tes Elfes de Maison !

Albus Dumbledore leva un sourcil intrigué. Il avait pourtant prévenu qu'Harry n'était pas seul, et ils en avaient la preuve sous les yeux. Il avait également répété que le garçon ne risquait rien et qu'il n'y avait donc rien à rajouter. Mais visiblement, la nature profonde de Molly Weasley née Prewett refaisait surface…

— J'étais sorti, comme je vous l'avais dit, Mrs Weasley, répondit tranquillement Harry. Par contre, si vous voulez savoir pourquoi je ne suis pas rentré, c'est que j'avais envie d'éviter deux autres accueils comme celui de vendredi soir. Dorénavant, je partirai le vendredi soir comme le Professeur Rogue et je reviendrai le lundi matin, également comme lui. Je trouve que c'est une idée admirable que je reprends à mon compte. Vous n'avez pas besoin de savoir mes faits et gestes, je vous rappelle que je suis majeur et donc un sorcier adulte. Je n'ai pas dormi sous les ponts et j'ai fait trois repas par jour.

Molly ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois comme un poisson hors de l'eau tandis que Remus plissait les yeux, visiblement tenté de dire quelque chose de cinglant. Severus le vit et choisit alors de mettre son petit grain de sel…

— Inutile de reprocher quoi que ce soit à Potter, Lupin. Comme il te l'a dit, il est majeur et fait ce qu'il veut. Par contre, je te préviens, si le gamin a encore des hématomes sur les bras à cause de toi, je n'hésiterai pas à t'envoyer quelques maléfices dont tu ne soupçonnes même pas l'existence. Et je pourrais aussi faire que ta potion Tue-Loup soit beaucoup moins efficace que d'habitude, accidentellement, bien entendu.

— Tu n'oserais pas ! gronda alors le loup-garou, furieux que le Serpentard s'immisce entre Harry et lui.

— On parie ? Potter ! Je vous ai promis un baume pour votre bras. Venez, je vais vous donner ça tout de suite. Et ne vous couchez pas trop tard ce soir, demain vous avez rattrapage en potions ! D'ailleurs, je pense que nous allons commencer dès aujourd'hui, je vais avoir besoin d'aide avec une expérience.

— Rattrapage ? Vous allez donner des cours de potions à Harry ? s'étonna alors Molly comme prévu par le jeune Gryffondor. Mais c'est parfait, Ron et Ginny iront également assister à vos cours. Cela leur fera du bien, avec les notes médiocres qu'ils ont ramenées. On se demande bien pourquoi d'ailleurs, je suis certaine qu'ils ne sont pas si nuls…

— Je n'ai pas dit que j'acceptais de sacrifier mes vacances pour donner des leçons supplémentaires à des vauriens qui s'en fichent des potions et n'ont aucunement envie d'apprendre quoi que ce soit dans cette matière. Potter me doit quelques services et j'ai besoin d'une petite main pour m'assister dans mes recherches. Après tout, si je dois faire du baby-sitting gratuitement tous les week-ends, au moins que j'en tire un quelconque avantage !

— M'man, heuuu… protesta Ron, j'ai pas du tout envie de cours de potions, moi.

— Moi non plus, ajouta sa cadette en lançant un œil noir et mauvais à son professeur.

— Ce sont les vacances, tempéra Dumbledore, laissez-les se reposer, Molly. Comme Severus l'a dit, Harry lui doit quelques services. Cet échange de bons procédés est parfait.

Puis le vieil homme abandonna sa tasse de thé et son toast à la confiture de framboise pour se tourner vers Severus et Harry qui repartaient en direction de l'escalier.

— Au fait, Harry, tu as bien profité ? Vous êtes allés où ?

— On s'est promenés au bord de la tamise, Professeur Dumbledore. J'ai nourri des canards, jeté des cailloux dans l'eau pour faire des ricochets et après le déjeuner nous sommes allés au cinéma.

— Au cinéma ? Quelle bonne idée ! On y passait quoi ? La dernière fois que j'y suis allé, c'était en noir et blanc et muet. On dit que la couleur et le parlant, ça change tout.

— Plutôt oui, fit Harry en éclatant de rire. On a vu un film d'espionnage, « Chapeau melon et bottes de cuir ». Le Professeur Rogue pense que l'acteur qui avait le premier rôle ressemblait beaucoup à Lord Voldemort avant.

Les autres sorciers – à l'exception de Dumbledore – sursautèrent et même grimacèrent en entendant le nom tabou. Harry eut envie de hausser les épaules et de se moquer d'eux mais se ravisa.

— Plutôt à Tom Jedusor, alors… constata Albus, rêveur.

— Oui, et un autre ressemblait à un certain Horace Slughorn et la femme à ma Tante Pétunia. Ça nous a bien fait rire !

— Vraiment ? En effet, c'est très drôle. Je suis ravi que vous vous soyez bien amusés. Il faudra qu'un jour nous fassions cette partie de bowling, pas vrai Severus ?

— Vous tenez vraiment à prendre une dérouillée, Albus ? s'amusa le Maître des Potions avec un petit sourire en coin.

— Mon cher petit, je pourrais encore vous en remontrer malgré mon grand âge. Filez soigner cet enfant, Severus, je vous rejoins dès que j'ai terminé. Nous n'avons pas encore testé le sang de dragon comme dégrippant pour serrures moldues rouillées.

— Vous avez essayé de dissoudre de la peinture avec ? suggéra Harry une idée derrière la tête.

— Mais… non. Dissoudre de la peinture ? Pourquoi pas ! Nous allons essayer ! Mais comment t'est venue cette idée, Harry ?

— Ben, j'ai eu souvent envie de vaporiser de la térébenthine moldue sur Lady Black pour voir si ça marcherait sur les tableaux magiques… alors pourquoi pas du sang de dragon ?

— En effet, ce n'est pas idiot. Après tout, au cours de mes recherches, j'ai bien découvert que ça faisait un excellent décapant à fours.

Harry se retourna vers l'escalier, puis hésita une seconde, semblant avoir oublié quelque chose.

— Dites, Professeur Dumbledore… Où est Hermione ? C'est que j'aimerais bien lui raconter le film, moi. Il vient de sortir et elle ne l'a pas vu !

Molly, Ron et Ginny se regardèrent avec agacement, quelques lueurs de colère dans les yeux. Ils étaient furieux de la défection de la brunette dont le départ avec été passablement mouvementé.

— Ah… mon cher petit, je crains bien que ton amie Miss Granger n'ait choisi de rentrer chez elle afin de partir en vacances en Italie avec ses parents. Un voyage fort agréable, ma foi… Venise et ses gondoles… les pizzas et le chianti… le Bel Canto… J'y suis allé moi-même en 1922 et j'en garde un excellent souvenir. Je suis sûr que Miss Granger t'enverra quelques cartes postales magiques de son séjour. Je lui ai donné quelques adresses de quartiers sorciers, mais celui de Pompéi est incontournable !

— Pompéi ? Mais ce sont des ruines… le Vésuve…

— Que pour les Moldus, Harry ! Que pour les Moldus ! Les ruines les occupent et ils ne voient pas le reste de la ville, celle qui est cachée derrière les barrières magiques. Et elle est parfaitement intacte !

Harry en resta bouche bée et songea que la magie était vraiment une très belle chose. Le souci c'étaient les sorciers et leurs mentalités… Mais Severus Rogue s'impatienta et le tira de sa rêverie.

— Dépêchez-vous, Potter, je n'ai pas que ça à faire. Je voudrais avancer un peu, j'ai un tonneau de crapauds cornus qui attendent qu'on les éviscère pendant que j'écrirai mon nouvel article pour Potions Magazine.

— Ah non, hein ! Pas les crapauds cornus ! Vous êtes vache, Professeur Rogue ! Vous n'aviez pas parlé de ça ! protesta le Gryffondor sous l'œil amusé du Directeur de Poudlard.

— Taisez-vous, impertinent, ou je vous fais compter tous les yeux de tritons dans chaque bocal et j'ai quatre bocaux avec moi. Et des modèles géants !

— Pfff !

— Vous avez gagné, Potter ! Ce sera les yeux de tritons !