Bêta : Mokonalex
Assistante/Elfe de Maison/Infirmière personnelle : Mirabelle31
Bonne lecture !
Edit du 26 décembre 2013 : Certains lecteurs s'inquiètent du fait que je ne publie pas la suite. Alors comme on ne peut plus mettre de note d'auteur entre les chapitres sans que la fic ne soit virée, je n'ai pas d'autre choix que de mettre un mot ici sur le dernier chapitre publié.
J'ai fait deux séjours à l'hôpital (et clinique) depuis ce dernier chapitre, et un autre est prévu bientôt pour une autre intervention chirurgicale. Et c'est pas fini...
Comme je l'ai déjà dit, si je n'écris pas, c'est que je ne peux pas. En plus d'une maladie neurologique orpheline, d'un syndrome de Gougerot et d'un diabète insulino-dépendant, j'ai aussi un cancer. Le tout mélangé, vous imaginez bien que mon quotidien n'est pas des plus agréables et qu'il est surtout douloureux.
Le chapitre 9 est à la bêta et le chapitre 10 n'a que 9000 mots. Je ne peux pas faire mieux pour l'instant, il faudra attendre, peut-être longtemps, je n'en sais rien.
Merci de patienter et bonnes fêtes de fin d'année à tous et toutes.
Minerva McGonagall avait conduit son protégé jusqu'à son bureau de la Tour de Gryffondor, en le tenant par le bras. Harry avait suivi docilement sa directrice de Maison, sans faire un seul mouvement de protestation ou se plaindre à voix haute. La sorcière lui avait lancé des coups d'œil inquiets tout le chemin. Le Gryffondor était visiblement toujours sous l'emprise du Véritasérum. Cette nouvelle version était absolument incroyable de puissance par rapport à l'ancienne. Et ce qui était encore plus extraordinaire, c'était que Potter avait réussi à résister quelque peu à la drogue.
Les quelques élèves que le duo croisa dissimulèrent très mal leurs ricanements en voyant le fameux Harry Potter hagard et qui semblait avoir les pires ennuis du monde pour que McGonagall le tienne ainsi entre ses doigts crochus.
Minerva ouvrit la porte de son bureau d'un geste de baguette. Elle guida Harry jusqu'à un fauteuil crapaud où elle lui ordonna de prendre place. La mine pincée, la vieille dame conjura un verre à pied et d'un Aguamenti, le remplit d'eau fraîche.
— Prenez ce verre, Potter, et buvez-le. Ça aidera peut-être à l'élimination de la potion.
Le garçon obéit sans un mot et la sorcière alla s'asseoir en soupirant, à sa place habituelle derrière son bureau.
— Je n'arrive pas à croire que vous et Severus vous soyez mis dans une telle situation. Personne ne vous avait donc dit que le Monde Magique était dangereux, Monsieur Potter ?
— Si. Les jumeaux Weasley.
Minerva resta interdite devant la réponse de son jeune élève. Elle avait songé à voix haute, sans penser à lui qui était toujours sous l'effet de la drogue. Une idée très peu Gryffondorienne fit son petit chemin sous son chapeau de sorcière. Puisque Monsieur Potter était prédisposé à dire la vérité, il serait peut-être utile de lui poser quelques questions en passant. Après tout, rien ne sortirait d'entre ces quatre murs.
— Potter, comment diable avez-vous débuté cette relation avec le Professeur Rogue ?
— Pur hasard. Nous étions au même endroit au même moment durant une sortie nocturne.
— Je vois… répondit Minerva.
Elle n'avait pas besoin d'en savoir plus. Le hasard avait fait les choses de façon inouïe. Elle savait comme tout le staff que Severus sortait le samedi soir dans le Monde Moldu, et que le nombre de ces sorties augmentait considérablement pendant les vacances scolaires. Elle savait aussi, par les indiscrétions de Molly Weasley, qu'Harry était beaucoup sorti également et qu'il découchait même systématiquement ces soirs-là. La rouquine avait révélé à la professeure de métamorphose qu'Albus Dumbledore cautionnait ces escapades et que parfois, il sortait même avec Harry et Severus. À présent, Minerva comprenait pourquoi le Directeur était furieux après Dolorès mais pas du tout étonné des révélations de Ronald Weasley. Le vieux brigand devait être au courant de tout, comme d'habitude et il devait être en train de tout mettre en œuvre pour protéger ses deux garçons favoris. Nul parmi les enseignants n'ignorait la tendresse quasi paternelle que le vieil homme avait pour Severus Rogue mais également depuis six ans, pour Harry Potter.
La Directrice des Gryffondors eut une petite pensée pour son jeune collègue de Serpentard. Elle avait vu comment Ombrage se comportait et les questions insidieuses et orientées qu'elle osait poser. Minerva McGonagall était une sang-mêlé et n'avait jamais vraiment compris pourquoi le Monde Magique était aussi en retard. Elle avait pourtant été élevée par un père Moldu plutôt conservateur et très religieux. Ce n'était pas l'idéal pour l'ouverture d'esprit ni même la modernité. Elle avait su se fondre dans le Monde Magique et y faire son nid, protégée quand même par les vieux murs de Poudlard. Personnellement, elle n'avait jamais rien eu à craindre de la justice. Rien dans son comportement n'avait jamais gêné les sorciers de la rue ni provoqué leur indignation. Pourtant au fil des ans, elle avait vu, entendu et assisté à des scènes terribles. Elle se souvint alors de cette fameuse histoire ayant eu lieu en 1965.
Arthur Weasley avait alors quinze ans. Il était élève à Gryffondor et promis en mariage depuis son plus jeune âge à Molly Prewett également élève de Gryffondor. Le meilleur ami d'Arthur était un sang-mêlé appartenant à la Maison Poufsouffle et qui se nommait Kyle Nutcombe. Les deux garçons étaient inséparables et pourtant le Poufsouffle avait eu un secret qui lui avait coûté la vie. Kyle préférait les garçons et était tombé amoureux d'un jeune Moldu de son village.
Un jour de l'été 1965, le jeune sorcier avait été surpris par un de ses cousins au sang-pur à bécoter son petit-ami dans une meule de foin. Ledit cousin, horrifié, s'était précipité à la maison et avait tout raconté. Le côté sang-pur de la famille s'était empressé de dénoncer le jeune homme aux Aurors et au Magenmagot. Kyle avait été arrêté, expédié au Ministère puis jugé par le Magenmagot pour crime de bougrerie. C'était le nom que l'on donnait à ce fait en ce temps-là. Le jeune Poufsouffle avait été jugé coupable, expédié à Azkaban et comble de l'abomination avait été embrassé par un Détraqueur une semaine après son arrivée. Il avait été le fils unique d'un couple mixte très aimant, et trois jours après sa mort, sa mère se noyait volontairement dans l'étang de la propriété.
Fergus Nutcombe ne s'était jamais remis de la mort de sa femme et de son fils. Il avait quitté le village et disparu de la circulation. On avait dit pendant longtemps qu'il avait bu jusqu'à en mourir, ou bien qu'il avait émigré dans un autre pays ou même qu'il s'était installé dans le Monde Moldu. En vérité, personne ne savait ce que le pauvre homme était devenu.
Pour Arthur, le choc avait été rude. Il avait été interrogé également par le Magenmagot. On avait voulu lui faire dire qu'il savait que son ami était un dépravé et qu'il avait cautionné, voire même qu'il avait été complice et profité de ses penchants funestes. Septimus Weasley et son épouse Cedrella née Black avaient exigé que leur fils soit interrogé sous Véritasérum et en leur présence. Arthur avait ainsi révélé qu'il ne savait rien et n'avait jamais soupçonné quoi que ce soit. Jamais Kyle n'avait eu la moindre attitude ambigüe avec lui d'ailleurs. Le jeune Gryffondor avait aussitôt été relâché et était rentré chez lui où ses parents lui avaient interdit de dorénavant prononcer le nom maudit de son ami. Molly avait eu la même exigence, et Arthur s'était enfermé pendant des mois dans un chagrin qu'il n'avait pas eu le droit de montrer ni d'exprimer.
Plus jamais il n'avait eu ensuite d'ami proche, et d'ailleurs quand elle y songeait Minerva se disait qu'il n'en avait toujours pas, toutes ces années après. Kyle Nutcombe avait été le dernier gay à être exécuté. Albus Dumbledore avait fait un foin pas possible pour empêcher la mort du garçon innocent, mais à l'époque il n'était pas encore le Président-Sorcier, juste un simple membre du Magenmagot. Son statut de vainqueur de Grindelwald l'auréolait d'un certain prestige mais il n'avait pas encore assez de poids pour révolutionner les lois.
Ce ne fut pas avant 1972 que l'exécution des gays fut enfin abolie, et on ne cessa pas de les envoyer à Azkaban avant 1976. À l'époque, Sirius Black et James Potter avaient trouvé ça fort dommage et avaient raconté à qui voulait l'entendre que s'ils avaient su, ils en auraient profité avant pour tenter de faire accuser Severus Rogue de « crime de bougrerie » histoire qu'il soit expédié en prison à vie.
Cette pensée fit frissonner Minerva. Encore heureux que les Maraudeurs n'aient jamais su la véritable orientation du Serpentard. Personne ne l'avait jamais sue d'ailleurs. Et Harry échappait actuellement au reniement par son père, puisque James n'était plus. Mais Sirius allait très certainement faire un scandale et renier son filleul, voire même le déshériter. Remus ne protesterait pas, comme d'habitude. Le loup-garou avait soif d'appartenance et, comme d'habitude également, ferait tout pour être accepté par le Monde Magique qui pourtant lui refusait le droit de se marier et de se reproduire.
Pauvre Harry, et pauvre Severus… qu'allaient-ils devenir ?
Et comment Arthur, qui aimait beaucoup le jeune Sauveur, allait-il prendre la nouvelle ? Le spectre de Kyle allait sans nul doute revenir le hanter…
Minerva leva les yeux de son sous-main. Dans le fauteuil, Harry s'agitait et clignait violemment des yeux derrière ses lunettes rondes. Le Véritasérum était réputé pour provoquer une certaine sécheresse ophtalmique car les récipiendaires drogués oubliaient de cligner des yeux pour hydrater leurs globes oculaires.
— Comment vous sentez-vous, Potter ?
— Professeur McGonagall ? Mais qu'est-ce que je fais là ? fit Harry en se tournant dans tous les sens, étonné de ne plus être dans le bureau rose de l'autre foldingue.
— Je vous ai tiré des griffes de Dolorès Ombrage, répondit McGonagall. Elle vous a donné une forte dose de Véritasérum qui, je crois, vous a complètement shooté, Potter.
— Véritasérum ? paniqua alors Harry en pâlissant à vue d'œil. J'ai.. j'ai…
Les deux mains crispées sur les accoudoirs et les yeux écarquillés d'horreur, le jeune sorcier devina qu'il avait avoué son plus terrible secret. Un secret qui allait coûter cher à Severus Rogue. Le Maître des Potions l'avait gardé soigneusement pendant plus de vingt ans et Harry venait de tout démolir ! Il avait détruit la vie de son amant !
Le jeune homme baissa la tête, anéanti, et laissa couler les larmes qui montaient. Minerva vit ses épaules se soulever en silence et comprit qu'il pleurait. Elle serra les dents, bouleversée par ce triste spectacle.
— Ne pleurez pas, Potter. Le Directeur ne laissera rien vous arriver.
— Mais… Mais il n'y a pas que moi, bredouilla Harry d'une voix entrecoupée de sanglots.
— Ne vous en faites pas pour Severus, Monsieur Potter. Il en a vu bien d'autres dans sa vie. Et je pense qu'il savait qu'un jour il devrait affronter quelqu'un comme Dolorès. Cela aurait pu arriver plus tôt.
— Vous savez ? Qui…
— J'étais là, Potter ! l'interrompit la vieille femme. J'ai assisté à toute la scène. Je présume que vous ne vous en souvenez pas. Si vous me permettez, avec ce que cette idiote vous a versé dans le gosier je n'en suis pas vraiment étonnée. Ce qui m'a surprise c'est que vous ayez quand même réussi à résister à cette drogue. Vous m'avez épatée. Oh, bien sûr vous avez fini par parler, mais par Godric, elle a dû s'y reprendre à plusieurs fois et reformuler ses questions, même. Alors rien que pour ça vous avez toutes mes félicitations, Potter. Tout ce qui peut empoisonner l'existence de ce crapaud en rose est bon à prendre. Une tasse de thé ? DOBBY !
Ombrage avait affiché un sourire absolument hideux lorsqu'elle avait ouvert la porte de son bureau pour faire entrer Kingsley, Tonks et leur prisonnier. Son hilarité avait nettement diminué quand elle avait aperçu le Directeur de Poudlard entrer à leur suite, le regard glacé. Les membres de la Brigade Inquisitoriale avaient grimacé et échangé quelques coups d'œil inquiets également.
Drago Malefoy était entre temps sorti de l'infirmerie où Ombrage avait exigé qu'il se rende. Poppy Pomfresh n'avait pu que constater que le jeune homme avait bien été oublietté, sans aucun autre dommage d'ailleurs, et avait annoncé qu'elle ne pouvait rien y faire. La Médicomage avait aussitôt relâché le Serpentard qui s'était empressé de retourner dans le giron de l'Inquisitrice.
En voyant son parrain et Directeur de Maison entrer, Malefoy ne put s'empêcher de reculer, un peu effrayé. Il ne se souvenait bien évidemment plus de la scène qu'il avait racontée à Weasley, mais les autres s'étaient faits un plaisir et un devoir de lui résumer avec force détails qu'ils estimaient truculents, les mésaventures d'Harry Potter et l'implication abominable de Severus Rogue. Le blond platine en avait presque eu la nausée. Son parrain avait donc une relation interdite et dégoûtante avec Potty le Balafré, comme il le surnommait souvent. C'était une nouvelle terrible et Lucius allait sans nul doute accuser le coup. Pas besoin d'être un voyant pour savoir que les portes du Manoir Malefoy allaient dorénavant se fermer définitivement pour le Maître des Potions.
— Merci, Shacklebolt, susurra l'odieuse bonne femme en rose, avec un vilain sourire hypocrite qui ne trompa personne. Vous pouvez faire asseoir le suspect sur cette chaise.
Elle désigna aux deux Aurors qui étaient entrés dans le bureau, la chaise rose où Harry avait été précédemment attaché. Le potionniste se redressa et leva le nez avec un air méprisant. Il se dirigea seul vers le siège et s'y installa. Un sortilège lancé par la bonbonne en robe rose le cloua sur la chaise et Severus lança à la femme un regard tueur qui fit trembler ses élèves et sourire Albus Dumbledore. L'Inquisitrice toisa le Serpentard avec suspicion. Il n'était pas question qu'elle approche de cet anormal dépravé et les membres de sa Brigade avaient bien trop peur de lui pour tenter de lui faire prendre le Véritasérum. Elle reprit la petite fiole qui avait déjà servie pour Potter et la tendit négligemment à Shacklebolt qui ne put qu'obéir et la prendre.
— Auror, administrez le Véritasérum, je vous prie. Nous avons un interrogatoire à mener.
Les membres de la Brigade cessèrent de s'agiter et de murmurer entre eux. Ils se concentrèrent tous sur les évènements en cours. Albus s'était approché de Severus et se tenait près de sa chaise, comme pour le protéger ou l'encourager. Drago s'était dissimulé au fond de la pièce et se sentait très mal à l'aise. La présence du ténébreux sorcier lui causait une sourde angoisse comme s'il savait inconsciemment que l'homme était dangereux. Ron lui, pavoisait, indifférent aux états d'âme de ses condisciples. Il avait eu son heure de gloire ce soir ! Il avait commandé la Brigade, mené une mission à bien, rapporté des informations capitales qui avaient précipité la chute de deux criminels pervertis. Enfin on allait reconnaître ses mérites et le traiter à sa juste valeur. Il était plus que temps !
Kingsley obéit à contrecœur en lançant un regard navré à l'ancien espion de l'Ordre du Phénix. Il n'avait malheureusement pas le choix et devait obéir à Ombrage. Cornélius Fudge n'avait pas oublié de le rappeler à tous les Aurors. La plupart d'entre eux aurait d'ailleurs préféré qu'il s'abstienne.
— Comment vous appelez-vous ?
L'interrogatoire débuta immédiatement après que la drogue fut administrée. Pressée, Dolorès n'avait pas attendu que la potion agisse et la réponse ne lui plut guère.
— John Fitzgerald Kennedy, répondit Severus Rogue avec un petit sourire en coin.
— Hein ? fit alors le crapaud qui en resta bouche bée. Mais ce n'est pas possible ! D'où sort ce nom ? Rogue n'est pas son vrai nom ?
Cette fois-ci, ce fut Chambers, de Serdaigle, qui intervint à la rescousse de l'Inquisitrice. Albus souriait encore, amusé de la répartie de son Maître des Potions et surtout dégoûté que sa professeure d'étude des Moldus soit aussi inculte dans la matière qu'elle était censée enseigner aux têtes blondes de Poudlard.
— Professeur Ombrage, si vous permettez, Kennedy était un homme politique américain moldu qui est mort il y a longtemps. Je crois que le Professeur Rogue se moque de vous…
— Comment est-ce possible ? Le Véritasérum…
— C'est moi qui l'ai créé, espèce d'idiote, s'amusa Severus, vous n'imaginez pas que vos petites questions vont me déranger, non ?
— SHACKLEBOLT ! Le reste du flacon ! TOUT DE SUITE !
— DOLORÈS ! tempêta Dumbledore, je vous préviens s'il arrive quelque chose à Severus, si vous lui provoquez une overdose de cette potion, je vous conduirai moi-même à Azkaban ! N'abusez pas de ma patience et de ma bonté !
La menace ne ralentit pas Ombrage, pas plus qu'elle ne l'influença. Elle préféra arracher le flacon de la main de Kingsley et alla le verser elle-même dans la bouche de l'accusé en heurtant le col du flacon à sa lèvre supérieure qu'elle fit d'ailleurs éclater.
— DOLORÈS ! hurla le Directeur, furieux.
Alors que le Maître des Potions à présent drogué et indifférent passait sa langue sur sa lèvre meurtrie pour en lécher le sang, Tonks tendit sa baguette vers lui et lança un sort basique de guérison sur la bouche blessée.
— Je vous préviens, Professeur Ombrage, si j'ai encore une seule chose à vous reprocher sur le traitement infligé à mon Maître des Potions, j'en aviserai personnellement Cornélius Fudge en tant que Président-Sorcier du Magenmagot !
Albus toisa la femme par-dessus ses lunettes en demi-lune avec un regard lourd de menaces non déguisées. Elle allait obéir où il n'hésiterait pas à peser de tout son poids et à utiliser ses titres afin de la faire rentrer dans le rang. D'ailleurs, à la première occasion, il allait vérifier le contenu de ses plans de cours. Il avait remis cette corvée depuis bien trop longtemps.
— Hemm… hemm… fit Dolorès les joues rougies. Reprenons ! Comment vous appelez-vous ?
Cette fois-ci, Severus n'eut pas le choix, il dut répondre, la potion ne lui laissant aucune autre alternative. Il avait, tout comme Harry, reçu une dose de Véritasérum bien plus élevée que nécessaire et même si son organisme y était habitué, il lui était impossible en l'état de se soustraire à l'interrogatoire ou même de contrôler ses réponses.
— Severus Tobias Rogue.
Le ton était monotone et sonnait étrangement avec la voix grave et sensuelle habituelle du Maître des Potions. En entendant cette réponse laconique, Ombrage jubila mais jeta malgré tout un petit regard inquiet vers Albus Dumbledore.
— Quel âge avez-vous ?
— Trente-sept ans.
Théodore Nott était le scribe attitré de la Brigade Inquisitoriale. À ce titre, il transcrivait sur parchemin la totalité des interrogatoires menés par Dolorès Ombrage. Il avait déjà réalisé celui de Potter, maintenant il recopiait les paroles de son Directeur de Maison.
Le silence régnait dans le bureau. Tous étaient suspendus aux lèvres du potionniste ainsi qu'à celles de la Grande Inquisitrice. King et Tonks, les bras croisés, assistaient à la scène sans rien dire. De toute façon, même s'ils avaient relevé une ou plusieurs irrégularités, ils n'auraient rien pu dire. Ombrage avait toute autorité sur eux, Fudge encore une fois, avait insisté.
— Vous avez trente-sept ans et vous êtes un professeur, s'amusa la folle en rose. Et pourtant, vous avez pris pour amant, un garçon qui est tout d'abord votre élève et qui a, en plus, vingt-ans de moins que vous. Est-ce vrai ?
— Oui.
L'aveu agita les témoins et Albus vit Kingsley grimacer. Sans nul doute l'Auror venait de comprendre que la situation de Severus était critique.
— Monsieur Malefoy vous a-t-il vu embrasser Potter ?
— Oui.
— Avez-vous oublietté pour ce fait, Monsieur Malefoy qui est pourtant votre filleul ?
— Oui.
Drago fulminait littéralement. Il n'avait plus de souvenirs de cette scène bien entendu, mais il estimait que son parrain l'avait purement et simplement trahi.
— Demandez-lui pourquoi, s'il vous plaît, Professeur Ombrage, insista alors le blondinet.
Le crapaud lui fit un petit signe de tête courtois et accéda à la demande du fils de Lucius.
— Pourquoi avez-vous oublietté votre filleul ?
— Il allait nous dénoncer. Il venait d'entrer sans frapper dans mon bureau. Il n'aurait jamais dû voir ça, s'il s'était comporté conformément à son rang.
La longueur de la réponse de Severus Rogue indiqua à Albus que celui-ci, malgré la puissance de la potion, ainsi que la dose anormalement reçue, contrôlait encore un peu ce qu'il pouvait dire. Mais visiblement cette notion échappa à l'auditoire, sauf peut-être à Kingsley Shacklebolt et Nymphadora Tonks.
L'accusation de Severus fit grimacer Drago. Il était vrai qu'il était entré comme un bolide, sans même frapper mais il pensait son parrain seul et ne s'était pas attendu à le trouver dans une si curieuse posture. Embrasser Potter ! Non mais franchement ! Quelque part, il n'était pas mécontent de ne plus avoir cette image dans la tête. Au moins, c'était une chose positive…
— Entrer sans frapper ? ricana Tonks. J'ignorais que Tante Narcissa avait autant raté ton éducation, cousin Drago. Même moi, une sale sang-mêlé indigne des Black, je connais mieux l'étiquette sorcière que toi !
Drago eut le bon goût de se taire et de rougir. Il avait commis un impair, c'était en effet une faute grave chez les Malefoy et aussi les Black. Il avait d'ailleurs oublié que cette étrange fille aux cheveux roses était sa cousine au sang-mêlé, issue de la mésalliance honteuse entre sa Tante Andromeda et un sang-de-bourbe autrefois réparti à Poufsouffle.
Ombrage se racla la gorge pour rappeler tout le monde à l'ordre. C'est qu'elle avait un interrogatoire à terminer et qu'il n'était pas question de se laisser distraire par des discussions de salon ou des retrouvailles familiales. Il ne fallait pas oublier que le Véritasérum avait une durée d'action limitée et que le flacon était vide…
— Professeur Rogue, avez-vous eu des relations contre-nature avec Potter ?
— Non.
— Professeur ! se manifesta encore une fois Pansy Parkinson. Il pense comme Potter, vous devriez reformuler. Ce sont des anormaux, tous les deux !
— Vous avez raison, Miss Parkinson. De toute évidence, ils sont aussi déviants et coupables l'un que l'autre, constata Ombrage agacée.
Elle se retourna vers le Directeur des Serpentard qui affichait une mine stoïque et indifférente. Il fixait le mur sans paraître voir quoi que ce soit.
— Professeur Rogue, avez-vous eu des relations sexuelles avec Harry Potter ?
La main de Dumbledore se crispa sur le dossier capitonné de la chaise occupée par le Maître des Potions. Comment osait-on poser de telles questions ? Il n'avait jamais supporté ce genre d'inquisition, même lorsque la loi punissait de prison et de mort les sorciers et sorcières jugés coupables. Pour lui, l'orientation sexuelle des membres de la communauté magique était personnelle et ne devait en aucun cas faire l'objet de publicité quelconque. C'était inadmissible. Il s'était battu une partie de sa vie pour supprimer ces abus et ces ingérences. Pour lui, les gens devraient avoir le droit de s'amuser, de sortir, de se fréquenter librement et surtout d'épouser qui bon leur semblait et surtout par amour ! Comme les Moldus les plus modernes !
La réponse se fit attendre quelques secondes supplémentaires. Il était évident que le Serpentard tentait lui aussi de contrer la potion, tout comme Potter l'avait fait. Il n'avait aucune chance…
— Oui, finit-il par avouer.
Ombrage exulta littéralement et des étincelles roses sortirent spontanément de sa courte baguette outrageusement ouvragée.
— Pourquoi avez-vous pris Potter comme amant ?
— Il s'est proposé et j'ai trouvé l'idée plutôt agréable.
— Co… comment ça ? bredouilla Dolorès, outrée. Il… il s'est proposé ? Mais ce garçon est pire que je le pensais ! Pourquoi avez-vous continué à le voir ?
— Parce que le sexe est génial avec lui. Il est le meilleur amant que j'ai eu de toute ma vie.
— Groumph… Et vous en avez eu beaucoup ?
— Plusieurs centaines.
— Plu-… Je ne veux même pas en savoir plus. C'est absolument épouvantable !
Les Serpentards regardaient leur Directeur de Maison avec les joues rouges. Jamais ils n'auraient pensé que cet homme froid, sévère, au grand nez et aux cheveux souvent gras ait pu avoir autant de succès. Comment faisait-il ? Certains se posaient la question, mais jamais ne l'auraient formulée à voix haute, leur éducation rendant cette idée impensable.
— Si vous êtes libéré, continuerez-vous à fréquenter Harry Potter ? À coucher avec lui ?
— Oui.
— C'est absolument immonde ! Il n'y a pas de mots pour décrire une telle infamie ! Je ne suis même pas sûre que les électro-sorts de Sainte-Mangouste pourront faire quelque chose.
— J'interdis ce genre de choses, Dolorès ! tonna Dumbledore furieux. D'après l'enquête que j'ai ordonnée au nom du Magenmagot, ces pratiques n'ont donné aucun résultat positif pour ces cas précis. Absolument aucun, alors que nous savons que pour plusieurs pathologies psychomagiques il y a eu de notables améliorations. Le Guérisseur Darren Odomar est formel, l'homosexualité n'est pas une maladie. Il est impossible de modifier l'orientation sexuelle avec un sort ou une potion.
— Alors, c'est que c'est une perversion… susurra l'odieuse enseignante inapte. Je l'ai toujours su ! Ce sont des pervers juste irrécupérables et bons pour Azkaban !
— Vous retardez, Dolorès. On ne met plus les gens en prison pour ça et vous le savez bien !
— La faute à qui ? Vous ! C'est vous qui les avez convaincus de voter cette loi inique ! Vous avez gagné, Dumbledore ! Votre Maître des Potions, un ancien Mangemort en plus, commerce charnellement avec le Sauveur du Monde Magique et ne s'en repend même pas !
— Que connaissez-vous à l'amour, Dolorès ? demanda froidement Albus, raide comme un piquet.
— Ne me parlez pas de cette chose inutile ! Ces niaiseries sont justes bonnes pour les Moldus ! Il y a des choses plus importantes dans la vie, plus enrichissantes et plaisantes !
— Comme quoi ?
— La dévotion au Ministère et au Monde Magique !
— Pourquoi ne vous êtes-vous jamais mariée ? insista le vieil homme.
— Ça ne vous regarde en rien, pesta le crapaud, le rouge aux joues.
— Laissez-moi me souvenir… Ne serait-ce pas parce que votre père s'est vu recevoir une quantité incroyable de refus à chaque tentative de négociation d'une union pour vous ? On dit même que Sigismond Woodbrygg aurait refusé pour tous ses fils y compris le dernier qui était cracmol, au cas où… si je me souviens bien. Quel dommage… peut-être que si vous aviez pu trouver le bon couvercle pour votre marmite, vous ne seriez pas aussi aigrie, aussi desséchée !
— Je ne vous permets pas !
— Je me l'autorise quand même ! Vous avez dévoilé l'intimité d'une personne qui m'est chère. Severus est un fils pour moi et vous avez exhibé sa vie personnelle au public et surtout à ses élèves. Je me suis donc permis de vous rendre la pareille. Maintenant, si vous avez terminé, j'aimerais récupérer mon professeur de potions et le ramener dans ses appartements.
— Pas question ! Il va être conduit au Ministère et passera la nuit en cellule ! Il est officiellement accusé de crime de bougrerie !
— Ce n'est plus un crime mais un simple délit. Et je ne convoquerai pas le Magenmagot en session extraordinaire un dimanche matin pour une chose aussi stupide. Vous attendrez donc lundi comme tout le monde et l'ouverture du Département de la Justice Magique. Kingsley et Tonks n'ont pas besoin de faire des heures supplémentaires un samedi soir, et leurs collègues non plus. Vous pouvez rentrer chez vous, King.
— JE VOUS L'INTERDIS !
— Désolé, M'dame, mais moi j'obéis au Président-Sorcier du Magenmagot. Bonne soirée ! Viens Tonks, on rentre. À lundi, Professeur Dumbledore, rajouta Kingsley avec un large sourire.
— Il reste là ? paniqua Ron Weasley. Rogue reste là ? Et Potter aussi ? Mais on en veut pas dans la Salle Commune et le dortoir, je vous préviens ! On le met dehors s'il essaie même de se pointer ! Pas question d'avoir un pervers à Gryffondor. Et on veut pas non plus avoir cours avec… avec lui… termina-t-il en pointant Severus du doigt.
Les autres Membres de la Brigade Inquisitoriale hochèrent tous la tête y compris Drago Malefoy. Dolorès regarda Ron avec fierté. Elle avait sous-estimé cet élément, mais visiblement il avait reçu une éducation fort correcte malgré la pauvreté connue des Weasley. Mais sa mère était une Prewett, si ses souvenirs étaient bons c'était une famille qui n'avait jamais plaisanté avec l'étiquette.
— Monsieur Potter n'est plus admis à la Tour de Gryffondor dès ce moment, Monsieur Weasley. Vous avez raison, il est un exemple plus que déplorable pour ses condisciples. Il ne devrait même pas être autorisé à rester à Poudlard.
— Harry restera à Poudlard, et il retourna à Gryffondor ce soir même ! tonna Dumbledore à deux doigts d'exploser. Et Severus donnera ses cours lundi comme d'habitude !
— Ça… c'est ce que nous verrons ! trancha fermement le crapaud. Vous ne pourrez pas aller contre Cornélius, ni les lois ! Ce sont des délinquants qui doivent être punis. Et s'il n'y avait que moi, ils seraient traités comme les criminels qu'ils sont !
— Vous les avez déjà traités en criminels, Dolorès. Tout ça pour un malheureux baiser…
— Vous savez très bien qu'ils ont fait bien pire ! Alors ne venez pas chipoter en disant que c'est un simple baiser.
— Ce qui a lieu dans l'intimité et entre quatre murs ne concerne personne. Si Monsieur Malefoy n'était pas entré dans le bureau de son parrain sans frapper, personne n'aurait su qu'il y avait quelque chose entre Harry Potter et Severus Rogue, déclara le Directeur. Venez, Severus, je vous ramène à vos cachots.
Le vieil homme sortit sa baguette de sureau de la poche de sa robe jaune ornée de tulipes rouges et libéra le Maître des Potions du Maléfice de Glue Provisoire qui le maintenait collé à la chaise. Il tendit la main vers le Serpentard et l'aida à se relever. Rogue, hagard, tout comme Harry précédemment, semblait totalement indifférent à ce qui l'entourait.
Cette nouvelle version du Véritasérum était très particulière. Non seulement, elle était beaucoup plus puissante, mais rendait les récipiendaires dociles bien que lucides. Il n'y avait qu'au moment où les effets de la potion cessaient qu'arrivait la dernière conséquence : le sujet auquel on avait administré la drogue perdait absolument tout souvenir de l'interrogatoire. Ce résultat avait été totalement involontaire et Severus ne s'en était rendu compte qu'au moment des essais cliniques. Personne ne pouvant se plaindre de cet effet secondaire, au demeurant sans danger, il n'avait jamais cherché à le corriger.
Dumbledore ouvrit la porte du bureau et sortit la tête haute et le regard méprisant. Tout en tenant Severus par le bras, il traversa le petit groupe d'Aurors oisifs, planté dans le couloir et à qui Kingsley résumait l'affaire et s'éloigna rapidement. Il était furieux et se sentait impuissant, sensation désagréable qu'il avait souvent ressentie à chaque affaire de ce style. Il y en avait eu beaucoup autrefois et n'avait jamais oublié ce pauvre gosse de quinze ans qui avait été exécuté pour avoir simplement embrassé un jeune adolescent moldu de son âge. Il se souvenait parfaitement des parents dévastés, d'Arthur Weasley son meilleur ami qui n'avait jamais plus été le même ensuite… Il y avait fort à parier que le procès que Dolorès et Cornélius n'allaient pas manquer de faire à Harry et Severus allait ravager la famille Weasley d'une façon que ses membres étaient loin de soupçonner.
Le duo prit deux passages secrets pour rejoindre les cachots. Alors que Severus reprenait ses esprits, installé confortablement dans le canapé de son salon, une tasse de thé fort à la main, Albus appela Minerva par la cheminette et lui conta le détail de l'interrogatoire du Serpentard.
— Vous êtes bien sûr qu'il est prudent de laisser Monsieur Potter retourner à la tour de Godric, Albus ?
— Je l'ignore, Minerva, je n'ai malheureusement pas le troisième œil de Sybille. J'ai insisté pour qu'il y retourne pour empoisonner Dolorès et Monsieur Weasley, je l'avoue. Je serais d'avis que nous fassions un petit essai. Ramenez Harry dans la Salle Commune et faites-le surveiller par la Grosse Dame voire même ce petit Elfe qui l'a prit en affection. Vous savez, Dobby, celui libéré par les Malefoy.
— Oui, oui, je sais qui il est. Je m'en occupe tout de suite. Je serais plus tranquille en effet de savoir Monsieur Potter sous surveillance.
— À la moindre alerte, si Harry s'avérait menacé par ses condisciples, sortez-le de là et conduisez-le chez Severus.
— Chez… ? grimaça la vieille femme, vous êtes sûr, Albus ? Dans l'état actuel des choses, ce n'est peut-être pas une bonne idée…
— Qui penserait que je l'ai caché là ? Jamais Dolorès n'imaginera que j'ai pu faire une chose pareille. Harry sera en sécurité dans les cachots. Pour l'instant, voyons voir comment les Gryffondors vont prendre la nouvelle.
— Pas très bien, je le pense. Monsieur Weasley ne va pas manquer de bourrer le crâne de ses condisciples. Je n'oublie pas non plus qu'il y a ce que je pourrais nommer « des intégristes » parmi mes lionceaux…
— Je sais, soupira Dumbledore, Miss Weasley, Miss Patil, Miss Brown, les frères Hooper… et bien d'autres. Ils ont été élevés ainsi, Minerva. Ils ne connaissent rien d'autre. Espérons que Miss Granger arrive à leur faire entendre raison.
— Pfff ! pouffa tristement la Directrice des Rouge et Or, vous avez toujours été exagérément optimiste, Albus. Je crains fort que cette fois-ci, ce ne soit mal venu… Venez, Potter, je vous ramène à la Salle Commune…
Une fois seule dans son bureau, Dolorès Ombrage s'était enfermée à double tour afin de ne surtout pas être dérangée. Elle s'était précipitée vers l'âtre de la vaste cheminée qui réchauffait la pièce et s'était agenouillée devant les buches qui crépitaient sous l'assaut vorace des flammes. Elle avait jeté dans le feu une généreuse poignée de poudre verte dite de cheminette et avait annoncé d'une voix impatiente l'adresse demandée.
— Rita Skeeter, la Gazette du Sorcier, Chemin de Traverse, Londres !
La grosse femme en rose se fendit d'un sourire mielleux et hypocrite lorsqu'au bout d'une minute environ, les flammes vertes laissèrent apparaître le visage bien connu de la journaliste à scandales la plus sournoise du Monde Magique.
— Madame Ombrage ? Que me vaut le plaisir de votre appel ? susurra Rita, persuadée qu'elle allait tenir un scoop juteux dans la minute.
— Ma chère Rita, auriez-vous quelques minutes de libre ? J'ai un très joli scandale dont je voudrais informer les sorciers de notre pays. Malheureusement, je n'ai pas le choix, c'est… trop… terrible… fit hypocritement Dolorès en soupirant faussement d'un désespoir totalement feint.
Les yeux bleus de la journaliste s'écarquillèrent derrière ses lunettes à fausses pierreries et on entendit aussitôt de l'autre côté des flammes le bruit caractéristique du parchemin neuf et la blonde lécha une plume à papote vert acide afin de la mettre en service.
— Je vous écoute. De qui s'agit-il ? En bref, qui a fait quoi ?
— Harry Potter et Severus Rogue. Ce sont des déviants, des criminels sodomites. Oui, ma chère, je vous informe très officiellement qu'ils sont amants. Cette affaire épouvantable a été révélée par Messieurs Drago Malefoy et Ronald Weasley qui ont en quelque sorte, pris les coupables sur le fait. Ils ont d'ailleurs avoué.
Rita poussa presque un cri orgasmique en entendant la nouvelle. Sa plume se figea quelques secondes dans l'air et entreprit de s'agiter comme une folle sur le parchemin en lévitation, hors de la portée des flammes.
— Dolorès ! Je veux tous les détails ! Racontez-moi TOUT !
En arrivant devant la porte dissimulée derrière la toile de la Grosse Dame, Harry n'en menait vraiment pas large. Pour la première fois de sa vie, ou presque, le jeune sorcier se retrouvait à craindre son entrée dans sa Salle Commune. Sans nul doute, Ron Weasley avait monté tout le monde contre lui ou presque. Il lança un regard inquiet et un peu perdu à Minerva McGonagall qui posa sa main ridée et noueuse sur son épaule en signe d'apaisement.
— J'espère que tout ira bien, Potter. Désirez-vous que j'entre avec vous ?
— Heuuuu… non. Ça devrait aller. Merci Professeur McGonagall.
— N'oubliez pas, s'il y a un problème, venez me trouver.
Harry hocha la tête tout en se disant qu'aller pleurer dans le giron de la vieille professeure de métamorphose serait la dernière chose qu'il ferait. Ce n'était pas du tout son genre de se plaindre. McGo devrait le savoir depuis le temps…
La Grosse Dame avait suivi la conversation sans rien dire. Elle était parfaitement au courant des évènements et son regard scruta Harry un peu plus longtemps que nécessaire. En ouvrant son portrait, la sorcière peinte songea que non, l'aspect d'Harry Potter ne semblait pas avoir changé et par conséquent, Violette [1] se trompait en pensant que ça se voyait. Il fallait qu'elle aille lui raconter ça, mais avant elle allait surveiller la Salle Commune. Elle était persuadée que ça allait mal se passer…
Minerva McGonagall n'entra pas. Elle tourna les talons et redescendit le premier escalier menant aux étages inférieurs. Le jeune Gryffondor resta une dizaine de secondes figé devant le trou béant derrière le portrait. Il pensa à Severus et aux bons moments qu'ils partageaient depuis leur première nuit ensemble. C'était bien dommage de s'être fait griller ainsi et surtout aussi rapidement, mais il n'allait certainement pas nier son affection pour le Serpentard ni avoir honte de ce qu'il était. Le Garçon-Qui-Avait-Survécu était gay et il allait falloir s'y habituer ! Qu'on se le dise !
Harry aspira une bonne goulée d'air et la tête droite, il entra dans la Salle Commune, baguette à la main, prêt à en découdre s'il le fallait. Minerva McGonagall avait eu la bonne idée de soustraire sa baguette discrètement à la surveillance de la Brigade Inquisitoriale. En effet, Ron Weasley l'avait posée comme un trophée sur le bureau de la folle en rose, mais celle-ci trop heureuse d'avoir mis la main sur le jeune Sauveur, s'était totalement désintéressée de l'artéfact magique. À peine arrivée, la Directrice de Gryffondor avait aperçu et reconnu la baguette et s'était empressée de la glisser dans la poche de sa robe. Ni vu, ni connu. Une fois le garçon totalement remis du Véritasérum, elle lui avait rendu l'objet juste avant de le ramener à la Tour.
Il y avait un sacré remue-ménage dans la Salle Rouge et Or. Les élèves de la Maison, toutes années confondues étaient presque tout présents. Au centre de la pièce, la Préfète fulminante pointait un index agressif vers Ronald Weasley qui trônait, fier de lui en s'admirant les ongles. Les yeux brillants et les joues rouges d'Hermione indiquaient qu'elle avait passablement dit son fait à l'Inquisiteur, mais malheureusement, celui-ci ne semblait pas particulièrement concerné.
— TU ME DEGOÛTES ! vociféra la brunette, sans prendre garde aux postillons éventuels. Tu te rends compte de l'image que tu donnes aux nés-moldus et aux sangs-mêlés ?
— Je m'en fous, répondit Ron froidement. Ils sauront ainsi quelle attitude avoir et quelles sont les choses intolérables dans notre monde. C'est ainsi et rien ne changera !
— Et bien je peux te dire que le Monde Magique court à sa perte, Ronald. Bientôt, aucun né-moldu ne voudra venir faire ses études à Poudlard. Ils choisiront Salem, Beauxbâtons, Durmstrang, ou des écoles moins connues et prestigieuses à Bruxelles, Rome, Madrid… et ailleurs. L'Académie de Soins Aux Créatures Magiques de Brighton pourrait même ouvrir une section de magie générale selon les dernières nouvelles. Cette école forme les vétomages de toute l'Europe et il se pourrait bien que Lord Archimède agrandisse son Académie. C'est une école privée non soumise au contrôle du Ministère et donc pas de Brigade Inquisitoriale ni de Grande Inquisitrice. Quel changement ! Ne t'ai-je pas dit que sa fille Lady Audia Archimède s'est retrouvée coincée avec moi dans un ascenseur en panne au Ministère ? Il a fallu deux heures pour que le Service d'entretien résolve le problème, et pendant ce temps, j'ai beaucoup sympathisé avec Lady Audia et c'est elle qui m'a raconté cette nouvelle. D'ailleurs, je dois lui écrire dans la semaine. Ça tombe bien, je vais avoir des tas de choses à lui dire ! Et si je dois vider cette école de tous les nés-moldus afin de les protéger de vos griffes, je ne vais pas me gêner !
Hermione s'arrêta enfin pour reprendre son souffle. Harry s'était immobilisé pour l'écouter. Il se doutait qu'en son absence, elle avait dû donner de sérieuses explications aux jeunes Gryffondors. Certains ne semblaient pas concernés, comme Neville et les autres sang-purs qui souriaient même pour les plus bravaches. Les sangs-mêlés et nés-moldus se concertaient, chuchotaient derrière leurs mains et un « première année » pleurait.
— Bravo, Hermione ! Je n'aurais pas mieux dit, annonça tranquillement le Sauveur en se montrant délibérément.
— TOI ! On ne veut pas de toi ici, Potter ! cracha Ron avec mépris. Je t'ai dit que tu n'avais rien à faire chez les Gryffondors ! On ne veut pas de déviants ici, pas de sales sodomites pervertis !
— Joli vocabulaire, Ronnychou, s'amusa froidement Harry, tout en tapotant négligemment la paume de sa main gauche avec sa baguette qui jetait à chaque heurt une mini-gerbe d'étincelles rouges et vertes. Dis-moi, Hermione, tu ne trouves pas qu'il a progressé en insultes homophobes ? Il a avalé un dictionnaire ou quoi ?
— Il a plutôt un peu trop fréquenté une grosse idiote en rose et une bande de crétins aux Q.I. d'huîtres mazoutées !
— Weasley a raison, on ne veut pas de toi, ici ! fit une voix mâle inconnue.
— Oh ! Voyez-vous ça ! Et qui a parlé ? Qui est le courageux qui se cache ? ricana la jeune Préfète en se tournant dans tous les sens pour trouver le responsable.
— Miss Hermione… S'il vous plaît, sanglota un première année en tirant sur la robe de sorcière de la jeune fille. Je veux rentrer à la maison, s'il vous plaît….
Hermione regarda le petit visage rouge noyé de larmes. Le gamin était plutôt petit pour onze ans, il était blond, bien coiffé et avec une coupe de cheveux très moldue. Ses vêtements étaient neufs et d'excellente qualité… Un né-moldu d'une famille aisée sans nul doute, peut-être un sang-mêlé élevé moldu.
— Comment tu t'appelles ? demanda la Préfète en s'accroupissant devant le petit.
— Chad Osborne-Miller…
— Pourquoi tu veux rentrer chez toi ? s'enquit alors Harry qui avait suivi Hermione.
— C'est pas bien ici, ils arrêtent les gays et les mettent en prison. Il l'a dit, lui ! répondit le môme en montrant Ron du doigt. Moi, j'ai deux papas et je veux pas qu'on les mette en prison.
— DEUX PAPAS ? ricana alors Ginny qui avait entendu. Personne n'a deux papas, espèce d'idiot !
— TAIS-TOI, GINNY ! aboya alors Harry. Dans le Monde Moldu, deux hommes peuvent se marier ensemble, deux femmes aussi, et sans que ça ne pose de problème. Ils peuvent avoir des enfants également, naturels ou adoptés.
— DES PERVERS ! On devrait les exécuter ! rugit la rouquine en se précipitant vers le gosse pour lui faire peur.
Harry se mit devant Chad et balança une claque retentissante à Ginny Weasley. Celle-là, on pouvait dire qu'elle avait démangé le jeune sorcier balafré depuis la ridicule demande en mariage. Aussitôt, Ron se précipita baguette tendue et lança un Impedimenta sonore à Harry qui le contra d'un geste de baguette. Le rouquin allait tenter encore quelque chose, et Ginny aussi, si on considérait le bâton ouvragé qu'elle tenait en main, mais Dean et Seamus furent plus rapides et les stupéfixèrent avec de larges sourires ravis.
— Que ceux qui ne sont pas contents, le disent ! lança l'irlandais d'une voix tonnante.
— Ouais, nous ! On veut pas qu'il reste ! On n'a pas besoin d'un criminel anormal et perverti à Gryffondor !
Plusieurs élèves s'étaient avancés : garçons et filles de toutes les années et surtout… tous de sang-pur. Bien sûr…
Ils avaient sorti leurs baguettes et les pointaient à présent vers Harry, Dean et Seamus. Aussitôt, les nés-moldus et les sangs-mêlés que les explications d'Hermione ainsi que l'arrestation d'Harry Potter avaient choqués firent la même chose. Ils se massèrent tous du côté des trois dissidents de septième année et pointèrent eux aussi leurs baguettes vers les « ennemis ». Hermione, elle, tentait de consoler Chad au bord de l'hystérie et deux fillettes tremblantes s'étaient accrochées à la robe de sorcière de la Préfète de Gryffondor.
— Potter ! Tu n'as rien à faire ici. Dégage ! Sauveur du Monde Magique ou pas, on ne veut pas de toi à Gryffondor ! Ni à Poudlard ! Ni dans le Monde Magique ! Retourne chez les Moldus et emmène avec toi tes amis nés-moldus ! fit Duncan Towler de 4ème année.
— JE SUIS PAS NÉ-MOLDU ! cria alors Chad qu'Hermione tentait encore de rassurer. JE SUIS UN SANG-MÊLÉ ET JE VEUX PARTIR QUAND MÊME !
— Tu as un parent sorcier ? s'étonna Hermione.
Elle aurait parié que le môme était né-moldu !
— Mon père biologique, Marcus Osborne, est un sorcier américain et il a fait ses études à l'Institut des Sorcières de Salem. Il voulait que j'aille là-bas, mais mon second papa, Doug Miller, c'est un Moldu et il ne voulait pas que je sois trop loin de la maison. Je veux pas rester ici, Miss Hermione…
La Salle Commune des Rouge et Or était un capharnaüm où les deux factions à présent ennemies se menaçaient et s'insultaient allègrement. Quelqu'un avait ennervaté Ron et Ginny et ils étaient remontés comme des pendules moldues, haranguant leurs condisciples à virer ces anormaux qui cautionnaient le vice et la perversité.
La porte donnant à l'extérieur s'ouvrit alors violemment et Albus Dumbledore entra, suivi de Minerva McGonagall. Le vieux Directeur avait sa baguette de sureau à la main et pour une fois, ses yeux semblaient glacés derrière ses lunettes en demi-lune. Minerva, la bouche pincée, était à deux doigts de faire un malheur et involontairement sa baguette lançait des étincelles rouge et or à chacune des inspirations de la sorcière.
— QUEL EST LE PROBLÈME, ICI ? tonna le vieil homme qui savait pourtant très bien à quoi s'en tenir.
Lorsque le ton avait commencé à monter dans la Salle Commune, la Grosse Dame, conformément aux ordres reçus, s'était précipitée dans le bureau de la Directrice de Maison. Malheureusement, elle avait trouvé les lieux vides et l'occupant habituel du tableau du bureau, McCormick, lui avait confié en voyant sa panique, que Minerva venait de descendre prendre le thé dans les cachots du Directeur de Serpentard avec Albus Dumbledore. La Grosse Dame avait en deux mots confié son inquiétude à McCormick qui avait abandonné son alambic pour aller squatter un paysage de la Salle Commune de Godric, histoire d'assister à la bataille… La Lady peinte avait retroussé ses cotillons et s'était ruée à travers les tableaux jusqu'aux cachots de Severus où elle avait fait une apparition très remarquée au milieu d'une toile représentant une scène de banquet. Les occupants du tableau avaient cessé de s'empiffrer pour écouter le récit de la Grosse Dame et dès qu'elle eut terminé et que les trois sorciers eurent disparu par la cheminette pour rejoindre le bureau de McGonagall, les sorciers peints avaient quitté eux aussi leur tableau pour rejoindre la tour de Godric et assister au spectacle. La Grosse Dame laissée seule avait attrapé une bouteille de vin des Elfes qu'elle avait attaqué au goulot pour aller plus vite…
L'irruption intempestive de Dumbledore et de McGonagall avait figé les belligérants. Les plus jeunes, rassurés, baissèrent leurs baguettes, et ceci des deux côtés de la Salle Commune.
— Miss Granger, fit le Directeur, expliquez-nous ce qui se passe, s'il vous plaît !
— Oui, Professeur Dumbledore.
Hermione raconta tout ce qu'il s'était passé depuis le retour d'Harry à la tour de Gryffondor. Elle parla de Ron, de Ginny et des autres, ainsi que du souhait de partir de Chad Osborne-Miller et de deux fillettes de première et seconde année.
Seamus et Dean en profitèrent pour annoncer leur soutien à Harry et dire qu'ils ne restaient que pour passer leurs ASPICs. Ils rajoutèrent qu'ils ne se voyaient pas du tout vivre dans un Monde Magique aussi en retard sur le reste du Royaume-Uni, et d'ailleurs également en retard sur les autres communautés magiques des autres pays.
— C'est pas vrai ! Tu mens ! lança alors Romilda Vane, furieuse. On n'est pas en retard sur les autres sorciers !
— Malheureusement, si, Miss Vane, fit alors Dumbledore d'une voix paisible. Dans les autres pays d'Europe et aussi en Amérique, les sorciers sont bien plus avancés. Ils utilisent la technologie moldue améliorée magiquement tous les jours. Chez nous, c'est interdit, ou presque, les exceptions étant le Poudlard Express et le Magicobus. Les sorciers étrangers ont bien plus de distractions et de loisirs et les parents ne choisissent pas les conjoints pour leurs enfants.
— Mais alors, comment font-ils si personne ne choisit pour eux ? s'horrifia Lavande Brown. Ils doivent prendre n'importe qui et faire de terribles mésalliances !
Albus la regarda en soupirant.
— Ils écoutent leur cœur, Miss Brown.
— C'est… indécent ! insista la blonde à lunettes.
— Si vous l'dites… soupira le vieil homme désabusé.
— Monsieur Osborne-Miller, vous voulez vraiment rentrer chez vous ? Peut-être qu'une conversation de cheminette avec votre père suffirait à vous rassurer, proposa Minerva à son élève.
Le gamin n'eut pas le temps de répondre, la voix mauvaise de Ron se fit entendre.
— Son père ? Il faudrait encore qu'il sache de qui vous parlez, Professeur. Il paraît que cet anormal en a deux… comme si on allait croire ces mensonges !
— Cela suffit, Weasley ! aboya la vieille femme tandis que Dumbledore plissait les yeux en regardant attentivement le dernier fils d'Arthur.
Avoir nommé Ronald préfet avait visiblement été une erreur. Il abusait de son autorité pour terroriser les plus jeunes sans jamais faire son devoir correctement. Il préférait de beaucoup le pouvoir que lui conférait sa qualité d'Inquisiteur et plus on lui donnait de missions et donc de pouvoir, plus il devenait arrogant et agressif. En bref, ce Weasley-là était de la même veine que Percy comme l'avait si bien fait remarquer Kingsley Shacklebolt. Il était bien connu que le pouvoir corrompait et Ronald Bilius Weasley en était un exemple parfait.
Si jamais dans le futur le hasard mettait Percy ou Ron à des postes importants du Ministère, on allait voir débarquer deux tyrans voire même des Mages Noirs en puissance. Et ceci… il n'en était pas question. Albus sentit qu'il était temps qu'il ait une petite discussion discrète avec son vieil ami du Département des Mystères. Une fois avisés des risques potentiels, les Langues-de-Plomb s'arrangeraient pour que jamais Ron, Percy ou Ginny ne deviennent des menaces…
Il était temps qu'Albus se décide à agir dans l'ombre. Arrêter Harry Potter et Severus Rogue pour délit de bougrerie pour un simple baiser était absolument insensé. Il était d'ailleurs plus que temps que ces sornettes cessent ou le Monde Magique allait courir à sa perte en moins d'une génération. La différence entre sorciers et moldus était devenue trop importante. C'était un gouffre qui allait sans tarder séparer les nés-moldus des sangs-purs. Bientôt, il n'y aurait même plus de sangs-mêlés résidents dans le Monde Magique, mais que des élevés-moldus issus de sorciers ayant fui la rigueur et l'obscurantisme du Ministère pour se réfugier dans le Monde Moldu.
— Un mois de retenue avec Monsieur Rusard, Ronald. Vous veillerez à l'organisation de ces retenues avec Argus, Minerva.
— Bien sûr, Albus.
— Et cinquante points en moins pour avoir provoqué une telle dissension dans votre Maison. Ceci n'est pas tolérable. Et par conséquent, je ne veux plus voir de telles scènes. Vous serez bien aimable de garder vos opinions pour vous et de ne pas les balancer à la figure de vos condisciples qui n'auraient pas les mêmes. Suis-je clair ?
On entendit quelques grognements, des « oui » à peine audibles et visiblement dits à contrecœur et on vit surtout des hochements de tête peu convaincants.
— Harry ? Va chercher ta malle, mon garçon. Et vérifie bien que tu as tout et en bon état. Nous allons te trouver une chambre tranquille où tu seras en sécurité.
— On n'ira pas en cours avec le pédophile pédéraste non plus ! Vous pouvez le virer ! grogna Ron qui visiblement tenait à se faire démolir avant la fin de la soirée. De toute façon, Malefoy a dû écrire à son père. Je parie que le bâtard graisseux va pas être prof longtemps !
Albus retint son souffle et secoua la tête de désapprobation. Décidément, Ron Weasley était un petit crétin qui n'apprenait pas vite et qui ne savait surtout pas quand il devait fermer sa grande bouche…
— Trois mois de retenues avec Monsieur Rusard, Hagrid et vous-même, Minerva. Je vous laisse organiser tout ça.
— En tout, Albus ? Avec le mois précédent ?
— En plus, Minnie. Un mois pour insolence et discrimination préjudiciable à la bonne marche de l'école et trois mois supplémentaires pour insultes graves et menaces envers un professeur et Directeur de Maison. Il y a des choses que je ne tolère pas, Monsieur Weasley. J'enverrai un hibou à Arthur avant demain. Miss Weasley ? Ne prenez pas exemple sur votre frère, il file un très mauvais coton et pourrait bien se retrouver à la porte plus vite qu'il ne pourrait dire Quidditch s'il continue… Vous êtes prévenus. Tous les deux. Monsieur Osborne-Miller, Miss Holden, Miss Flynn, venez… vous allez pouvoir parler à vos parents. Monsieur Osborne-Miller par cheminette et vous Mesdemoiselles, par téléphone. Oui, je peux vous conduire dans un endroit où il y a le téléphone pour communiquer avec vos parents moldus. Très pratique pour les cas d'urgence, pas vrai ?
Harry revint avec sa malle réduite dans la poche de sa robe. Dean et Seamus avaient tenu à l'accompagner et portaient son Eclair de Feu et la cage vide d'Hedwige. Le jeune Sauveur récupéra son bien des mains de ses amis et après leur avoir souhaité une bonne nuit ainsi qu'à Hermione, il quitta la tour de Gryffondor avec les deux professeurs et les trois jeunes élèves déprimés.
Le lendemain matin, Hermione apprendrait au petit déjeuner que son ami avait été installé dans l'appartement de son amant – et que c'était un secret –, que Chad Osborne-Miller était rentré chez lui après un entretien avec ses parents, tout comme les deux petites filles Eva Flynn et Marjorie Holden. La nouvelle la plus terrible serait l'annonce de la liaison d'Harry et Severus par la Gazette du Sorcier et les réactions démesurées et rétrogrades du Monde Magique…
Albus Dumbledore avait tenu à accompagner lui-même Harry Potter dans les cachots du Maître des Potions. Le jeune Sauveur était resté muet durant tout le trajet mais les quelques soupirs désespérés qu'il avait laissés échapper avaient renseigné le vieux Directeur sur son état d'esprit. L'ancien professeur de métamorphose avait frappé à la porte des quartiers de Severus Rogue et celui-ci en ouvrant n'avait pu dissimuler sa surprise en voyant Harry arriver avec sa malle flottant derrière lui.
— Albus ? Mais…
— Laissez-nous entrer, mon garçon, si vous le voulez bien. Il y a le couvre-feu mais je serais plus tranquille si nous discutions à l'abri de vos barrières magiques.
— Oui, oui bien sûr, avait fait Severus, encore un peu déboussolé par les évènements inattendus de la soirée.
Il s'était effacé et avait laissé entrer les deux hommes. Une fois la porte refermée, Harry avait fondu en larmes, s'était excusé de sa faiblesse et avait demandé une dizaine de fois pardon à son amant pour n'avoir pas pu s'empêcher de tout révéler à Ombrage. Severus, indifférent à la présence de Dumbledore, avait pris Harry dans ses bras et l'avait serré contre lui, lui assurant qu'il n'y était pour rien et que le Véritasérum utilisé était imparable. On le payait assez cher pour cette production, d'ailleurs…
Albus les avait laissés quelques minutes pour aller chercher trois verres dans le buffet du maître des lieux. Il avait sorti d'un placard une bouteille à peine entamée de Vieil Ogden et avait rempli plus que généreusement les verres du liquide ambré.
— Tenez mes enfants… Buvez ça, ça vous requinquera, fit le vieil homme en soupirant et en leur tendant deux des verres.
Sans un mot, Severus et Harry se saisirent des Old-fashioned [2] plus qu'à demi-remplis, un peu surpris que le Directeur leur propose ainsi un alcool fort.
— Monsieur Weasley a monté une bonne partie de la Maison Gryffondor contre Harry, ce soir. Ce petit évènement a aussi fait prendre conscience à certains très jeunes élèves des croyances rétrogrades de notre monde ainsi que sa position archaïque sur l'homosexualité. C'est fort regrettable… j'espérais les protéger encore un peu de tout ça.
— Professeur, vous pensez que le petit Chad va vouloir quitter Poudlard ? s'inquiéta Harry, assis sur le canapé à côté de Severus.
Dumbledore qui leur faisait face depuis le fauteuil où il avait pris place, leva les yeux et cessa sa contemplation du Vieil Ogden miroitant dans son verre.
— Je le crains, Harry.
— Chad ? Chad Osborne-Miller ? demanda Severus qui n'était pas au courant.
— Oui, Severus. Le petit a été très bouleversé, et deux fillettes également. Monsieur Osborne-Miller est élevé par son père biologique, un sorcier américain venant de Salem. Ce sorcier est homosexuel et vit dans le Monde Moldu avec son époux, un jeune homme moldu au courant du Monde Magique. Monsieur Miller a adopté le jeune Chad et est donc son second père. L'enfant est parfaitement heureux et très équilibré. Vous avez dû remarquer en plus qu'il est fort bien vêtu et ne manque de rien. La qualité de ses fournitures scolaires vaut tous les jours celles de Monsieur Malefoy. De plus, Minerva ne tarit pas d'éloges sur ce garçon très assidu et studieux.
— C'est un élève décent en potions.
— Hermione l'aime bien, je crois. Mais de toute façon, elle aime tous les petits, c'est pas un critère…
— Monsieur Osborne voulait que son fils aille à Salem et Minerva et moi avons dû batailler pour le convaincre que Poudlard était très bien. Monsieur Miller ne souhaitait pas que l'enfant soit trop éloigné géographiquement, ça tombait bien. Et maintenant, tout est gâché… Je vais devoir remonter dans deux minutes pour appeler ses parents par cheminette. Je ne vous cache pas que c'est fâcheux. Monsieur Osborne travaille pour le Bureau de Rotterdam de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers. Il s'occupe de leur liaison avec le Monde Moldu. Cet incident va leur rappeler combien les sorciers du Royaume-Uni sont homophobes et rétrogrades. Si cet évènement faisait boule de neige, je crains fort que toutes les communautés magiques d'Europe ne nous montrent encore du doigt.
— Albus, je croyais que ça s'était arrangé depuis que vous aviez réussi à faire changer la loi et que l'homosexualité n'était plus un crime ? s'étonna le Maître des Potions en fronçant les sourcils.
— Disons que tant que nous ne faisions pas de vagues, personne ne nous le reprochait. Mais maintenant que Dolorès a entreprit sa petite croisade avec sa Brigade de choc, je crains le pire. Mes enfants, lorsqu'on remue la boue, elle remonte à la surface… Je vous laisse, ajouta le vieux Mage en se levant lentement, j'ai laissé les petits à la garde de Minerva dans mon bureau, j'ai dit que je ne serai pas longtemps absent. J'ai également les petites Flynn et Holden à conduire au Bureau de liaison avec les Moldus pour qu'elles puissent y trouver un téléphone pour appeler leurs parents. Elles veulent quitter Poudlard aussi.
— Ce sont des nées-moldues ? s'inquiéta alors Harry qui avait suivi la conversation sans piper mot.
— Miss Flynn est de sang-mêlé et vit dans le Monde Moldu. Son père est un Cracmol, sa mère une Moldue. Vous savez… les Flynn, Severus… qui tenaient la boutique de chaussures sur mesure au coin du Chemin de Traverse et de l'Allée des Embrumes quand vous étiez enfant. Et bien c'étaient ses grands-parents !
— Ah oui, les Flynn… Je n'avais pas fait le rapprochement. Maintenant c'est une Agence de Placement pour Elfes qu'il y a là…
— Oui, malheureusement, encore une famille décimée par Tom. Quant à Miss Holden, c'est une née-moldue oui, Harry et je peux te dire que Minerva a eu beaucoup de mal à convaincre ses parents de nous l'envoyer… S'ils n'avaient pas eu aussi peur de ses pouvoirs, je pense que nous n'aurions pas réussi.
— Ils vont lui faire du mal alors ? paniqua presque le jeune Sauveur qui pensa aux Dursley à ce moment-là.
— Je vais leur suggérer un transfert au Collège Merlin de Galway. Ce n'est pas la meilleure école, mais c'est très calme. Elle n'aura pas de souci là-bas. D'ailleurs, je pense que je vais le suggérer pour les trois. Miss O'Hara, la Directrice, va être ravie d'accueillir trois nouveaux élèves. Et géographiquement, ce n'est pas éloigné de trop d'ici. Je file ! Harry, sois prudent et surtout, attendez-vous tous les deux à ce que votre relation soit malheureusement à la Une des journaux de demain.
— Professeur Dumbledore, on va être renvoyés, Sev' et moi ? Je retournerai pas chez les Dursley, je vous préviens ! Et à Grimmaurd non plus… Sirius et Remus vont me renier de toute façon.
— Nous en reparlerons demain, si vous le voulez bien. Je suis pressé. Restez dans les cachots ce soir, ce sera plus prudent.
— Dois-je faire mes malles, Albus ? demanda alors le Maître des Potions d'une voix curieusement faible.
Le vieil homme qui se dirigeait alors vers la porte s'immobilisa et resta silencieux quelques instants. Harry l'entendit soupirer légèrement, puis Dumbledore sans se retourner leur donna un indice sérieux sur ce qui les attendait.
— Il est fort possible que vous le deviez, Severus. Je vais faire tout mon possible pour vous tirer de là tous les deux, mais il n'est pas utile que je vous rappelle dans quel monde nous vivons et les conséquences. Demain toute l'école sera au courant, voire même le Monde Magique dans son entièreté. Je ne me fais aucune illusion. Je suis prêt à parier un sac tout neuf de bonbons au citron que Miss Skeeter est déjà avertie et s'éclate sur un de ces articles dont elle a le secret.
— Si cette salope ose… gronda le jeune Sauveur, le regard dur et les poings serrés.
Albus ne releva pas et s'éloigna les épaules légèrement voûtées. Lorsque la porte se referma derrière lui, Harry se jeta de nouveau dans les bras de Severus qui le serra contre lui.
— C'est de ma faute, Harry. J'aurais dû fermer la porte des Serpentards puisque tu étais là. Jamais je n'aurais imaginé que Drago…
— Laisse tomber, Sev'. C'est le destin, on ne pouvait pas prévoir, c'est tout.
— NON ! Ce n'est pas vrai ! J'aurai dû le prévoir, c'était mon rôle, je suis un espion !
— Tu étais… tu ne l'es plus. Tu-Sais-Qui n'a jamais réussi à revenir et Albus pense qu'il est mort. Et tu le sais, ta marque est quasiment effacée, plus qu'après Halloween 81. Une seule personne parmi tous tes Serpentards était assez arrogante pour entrer ici en terrain conquis sans se faire annoncer. Et ça ne pouvait être que ce m'as-tu-vu de Malefoy. Mais ce qui me choque le plus, c'est que Ron l'ait aidé. Pire, on aurait dit qu'il se délectait à le faire…
Le jeune Sauveur dissimula son visage dans les plis de la cape du ténébreux sorcier et soupira. Il sentit une des mains de l'homme glisser dans ses cheveux en pétard et lui caresser doucement la tête pour le détendre et le calmer.
— Sev', si tu es renvoyé, je ne reste pas. Je refuse. De toute façon, c'est mort pour moi, ici. Tu aurais vu l'accueil que j'ai reçu tout à l'heure dans la Salle Commune ! Seuls Hermione, Dean et Seamus ont ouvertement pris fait et cause pour moi. Neville qui pourtant était mon ami et m'a envoyé un livre pour mon anniversaire, s'est contenté de regarder la scène comme s'il ne se sentait pas concerné. Les autres élèves de sangs-mêlés et nés-moldus ont réagi assez positivement suite aux explications d'Hermione, mais vraiment, y a que Mione, Dean et Seam' qui ont ouvert la bouche. Je parle pas de Ron, Ginny et des sangs-purs… y avait rien à espérer d'eux de toute façon. Tu sais que j'ai giflé Ginny ? Putain, ça m'a fait du bien, tu peux même pas savoir. Mione a giflé Ron. J'aurais été elle, je lui aurais envoyé un sacré mauvais sort !
— Je m'en suis douté quand Albus a demandé l'asile pour toi ici.
— Il… il t'a rien dit ? Je veux dire… pour… pour nous ? demanda alors le jeune homme en levant son visage vers celui de son amant.
— Rien. Il a éludé lorsque je lui ai demandé… Je me doute qu'il le savait déjà. Peut-être même le savait-il depuis le début. Avec Albus, il faut toujours s'attendre à tout.
— Tu vas faire tes malles ? Au cas où ? hésita Harry en lançant un regard en coin à sa propre malle, abandonnée au milieu de la pièce principale des quartiers du Maître des Potions.
— Je ne sais pas, Harry, répondit le sorcier en regardant autour de lui d'un air un peu perdu.
Severus vivait dans cet appartement en tant que professeur depuis la rentrée de 1981, soit seize longues années, mais il y avait également passé ses deux années d'apprentissage pour sa maîtrise de potions. Les meubles, les tableaux et les tentures appartenaient au château mais il avait mis sa patte partout depuis belle lurette. Les livres qui s'accumulaient, tout comme les bocaux d'ingrédients ou les fioles de potion étaient à lui ; les coussins, plaids, tapis et photographies diverses qui égayaient les lieux, aussi. Ce désordre savamment organisé était le sien et il se plaisait dans ses cachots, beaucoup plus que dans sa modeste maison de l'Impasse du Tisseur à Carbone-Les-Mines. Mais si les évènements se précipitaient tels ils semblaient se dessiner, Severus allait refaire beaucoup plus vite que prévu connaissance avec l'humidité automnale de l'Impasse du Tisseur. Passer son enfance dans cette maison avait déjà été difficile mais devoir de nouveau y vivre en permanence allait être une épreuve terrible.
La maison n'avait pas de chauffage à part la cheminée. Il n'y avait pas d'eau chaude au robinet de la cuisine, seul point d'eau de la maison qui ne comportait pas non plus de salle de bain. Les toilettes étaient au fond de la cour, dans un appentis de bois tout bancal et le siège était un banc de bois percé d'un trou qu'on pouvait fermer d'un couvercle. Il n'y avait pas de chasse d'eau, on se contentait de verser un peu de sciure de bois dans la fosse lorsque ça sentait trop mauvais et qu'il y avait trop de mouches…
Pour passer l'hiver dans ce gourbi, il allait falloir faire quelques travaux de confort, mais sans emploi – car il ne se leurrait pas – le peu d'or que le Maître des Potions avait dans son coffre à Gringotts allait fondre comme neige au soleil.
Harry regarda quelques instants Severus qui semblait se battre avec des pensées peu réjouissantes.
— À quoi tu penses, Sev' ? À demain ? Ils vont sonner l'hallali tous ces connards coincés ! Et ça va être la curée, pour nous… maugréa le jeune Sauveur. Ron, Malefoy et tous les autres de la Brigade vont répandre des ragots sur notre compte, et même tout raconter à leurs parents. On n'a pas fini de voir des hiboux dans le ciel britannique…
— Viens, Harry… Ça ne sert à rien de se ronger. De toute façon, on n'y peut actuellement rien. Allons nous coucher. C'est peut-être notre dernière nuit…
— Ici, peut-être. Mais ensemble, sûrement pas ! assena froidement le Gryffondor. Je refuse de te quitter ! Tu veux me quitter, toi ? ajouta-t-il avec un air suspicieux en regardant son amant droit dans les yeux.
Rien que la pensée d'une séparation prolongée suffisait à donner des bouffées d'angoisse au ténébreux Serpentard. Son estomac se nouait douloureusement et son cœur s'emballait de façon toute aussi désagréable.
Harry fixa le visage figé du Maître des Potions et soupira. Il savait très bien ce que le sorcier faisait en ce moment. Il se cachait derrière ses puissantes barrières d'occlumancie. C'est pour cela qu'on avait toujours l'impression que ses yeux étaient des abimes glacés et sans fonds et que son visage était dur voire même revêche. Aucune expression, aucun sentiment ne passait et pour ceux qui se trouvaient en face de lui et le regardaient, c'était extrêmement désagréable. On avait toujours l'impression de regarder une statue inerte.
Si Severus se dissimulait ainsi, alors qu'ils étaient seuls dans ses quartiers, c'est qu'il vivait très mal la situation.
— Tu disais que tu voulais qu'on aille se coucher ? Tu as raison, cette soirée a été au final très éprouvante. Mais au moins j'ai appris quelque chose…
— Quoi donc ? demanda le Directeur de Serpentard d'une voix posée et sans émotion.
— Que Ron est un salaud… Il n'a pas hésité une seule minute à me trahir à la demande de cette petite vermine de Malefoy. Oui c'est une vermine et à cette heure, je me fiche qu'il soit ton filleul ! Il t'a trahi aussi ! Il savait très bien ce que ça allait provoquer. C'est un sang-pur, par Merlin ! Je m'y attendais un peu pour Ron, mais pas comme ça. Avec Hermione on avait bien senti qu'il se détachait de nous depuis quelques années, mais je pensais juste que c'était parce qu'on grandissait et qu'on n'avait plus les mêmes centres d'intérêt. Je ne pensais pas qu'il aurait fait exprès, surtout qu'il sait très bien ce qu'on risque. Il m'a même balancé à la figure qu'on méritait Azkaban. Je suis prêt à parier qu'il regrette que les Détraqueurs n'embrassent plus les gays. Je ne veux plus jamais entendre parler de lui ou de sa sœur. Je voudrais d'ailleurs ne plus jamais voir leurs sales tronches !
— Il y a des chances pour que tu sois exaucé, Harry. Je pense que nous n'allons pas faire de vieux os ici.
— On verra bien. En tout cas, on affrontera ça à deux ! Viens…
Severus esquissa un petit sourire de contentement en entendant les paroles rassurantes d'Harry. Il laissa le jeune Sauveur le prendre par la main et docilement le suivit au fond de la pièce principale. Harry ouvrit lentement la porte de la chambre à coucher et tourna un visage coquin vers son amant.
— Tu connais les pipes au Nutella™, Sev' ? J'ai vu ça un jour dans un magasine cochon que Dudley planquait sous son matelas. Tu crois qu'ils en ont aux cuisines ? DOBBY !
La porte se referma doucement sur le duo et on entendit le pop typique d'un transplanage elfique. Les torches magiques s'éteignirent automatiquement dans les quartiers du Maître des Potions et alors que les ténèbres s'installaient, Poudlard s'agitait malgré le couvre-feu : l'heure du scandale approchait.
1 Violette est la meilleure amie de la Grosse Dame. Son tableau se trouve dans l'antichambre derrière la Grande Salle.
2 Verres à whisky larges et bas
