Bêta : Mokonalex.

Note de l'auteur : la suite est à la bêta... ça va arriver.
Bonne lecture.


A l'aube de leur second jour de TIM, alors que Severus Rogue et Harry Potter faisaient les idiots dans les locaux de Sainte-Mangouste, à Poudlard les Professeures McGonagall et Chourave se précipitaient de conserve dans le bureau directorial. Pomona tenait un journal entre ses mains. A peine arrivée dans la Grande Salle pour son petit-déjeuner, elle avait reçu cet exemplaire et en avait aussitôt pris connaissance. Son cri de surprise avait intrigué Minerva qui lui avait demandé ce qu'il se passait. Pomona lui avait alors montré le journal et les deux sorcières avaient pris connaissance de l'article puis étaient remontées sans prendre le temps de se restaurer.

Albus n'était pas encore descendu, Filius non plus. Est-ce qu'ils étaient au courant ? Pourquoi personne ne leur avait rien dit avant ?

— ALBUS ! Pourquoi nous avoir caché la situation d'Harry et de Severus ? tempêta la Gryffondor en le regardant verser des graines et des fruits dans la mangeoire de Fumseck.

— Caché ? Je ne vous ai rien caché, du moins à ma connaissance. De quoi parlez-vous donc ?

— De ceci ! Montrez-lui le journal, Pomona !

La grosse femme hocha la tête, la mine sévère et brandit le journal vers le Directeur. Celui-ci intrigué s'en saisit et le déplia. En prenant connaissance de la une, il eut un mouvement de surprise qui n'échappa pas aux deux sorcières.

— Par la barbe de Merlin ! Mais… qu'est-ce…

Albus examina les photos avec attention puis entreprit de lire l'article de Jenny Biscus. Tout ceci sentait la magouille Potterienne voire Severusienne. Oh, mais il en aurait le cœur net très rapidement. En attendant d'en savoir plus, il allait abonder dans le sens de l'article…

— Je savais qu'ils avaient de très gros problèmes, Minnie, mais pas à ce point. Ces pauvres garçons… Je crains que tout ceci ne soit exact, mes chères Professeures. Ils n'ont plus de maison depuis cet été, je suis au courant. La maison s'est écroulée après une tempête, Severus m'avait prévenu. Ensuite, ce pauvre garçon est tombé bien malade et Harry m'a appelé à l'aide. Je l'ai conduit ici à l'infirmerie sur une civière. J'espérais que Poppy… mais elle a refusé de le recevoir.

— Elle n'a pas voulu ? s'horrifia Pomona, la main devant sa bouche.

— Non. Elle nous a chassés et a dit qu'elle ne soignerait aucun déviant. J'ai dû dire à Harry d'essayer le Monde Moldu pour faire soigner Severus. Je suppose que c'est ce qu'il a fait… Harry m'a juste dit qu'ils n'avaient plus rien, plus d'or, que le Trésor Magique les avait privés de tout et que le coffre de Severus avait même été fermé par ordre du Ministère et les patentes de ses potions annulées.

— Mais… mais c'est un acharnement intolérable !

— Oui, Minerva. Et depuis… je n'avais plus de nouvelles. Je ne pensais pas que leur situation était si terrible.

— Ils ne vous ont pas envoyé de hiboux ? Et ce petit hibou noir qu'on a offert à Severus ? Et Hedwige ?

— Le petit hibou noir, je ne suis pas certain qu'il ait survécu. C'est un rapace qui n'est pas adapté à la vie dans notre pays. Il ne supporte pas le froid. Je crains qu'Hagrid, en le choisissant, ne se soit un peu laissé emporter… Il me semble en plus que c'était un juvénile, à peine sorti du nid. Quant à Hedwige, non, je ne l'ai pas vue depuis des mois.

— Mais enfin, Albus, comment est-ce possible de se retrouver dans une telle situation ? Ils ne peuvent pas travailler ?

— Minerva, le Monde Moldu est terriblement difficile déjà pour les Moldus. Trouver un travail et un logement peut souvent s'avérer un parcours du combattant. Alors deux sorciers, sans or, et surtout sans qualifications moldues et sans appuis ? Je ne suis pas du tout étonné. Non, pas du tout !

— On peut faire quelque chose ? Je veux dire, pour les aider.

— Malheureusement, non, Pomona. Nous n'avons pas le droit. Ils ont été condamnés à des peines infâmantes et radiés de la liste des sorciers britanniques. Enfin, Severus du moins. Si nous tentons de les aider d'une manière ou d'une autre, nous serons accusés de complicité et jetés à Azkaban. Ça ne servirait à personne.

— Mais pourquoi les priver de leur or ? Potter était riche, non ?

— Ils ont ressorti la vieille loi d'Hypocritus Le Zélé pour les priver de leurs héritages. La seule chose que je peux faire c'est demander officiellement son abrogation devant le Magenmagot. Cette loi était tombée en désuétude et plus appliquée, mais elle existait toujours et Timeus Travers a eu l'idée de la ressortir, rien que pour punir encore plus Harry et Severus.

— C'est absolument scandaleux ! Epouvantable !

— Je sais, Minnie, je sais. Venez, mes bonnes amies… allons prendre notre petit-déjeuner, je verrai ce que je peux faire. Leur envoyer Dobby avec un panier de victuailles, peut-être…

A son retour de la Grande Salle, quarante minutes plus tard, Albus eut la surprise de voir la tête de son vieil ami Dedalus Diggle apparaître dans les flammes vertes.

— Je te dérange pas, Albus ?

— Tu ne me déranges jamais, Dedalus. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

— Eh bien, je viens de recevoir la Gazette de ce matin, et je trouve cet article étrange. Tu l'as lu ? Celui qui parle de Potter et de ton Maître des Potions.

— Oui, Minerva me l'a montré. Que trouves-tu étrange ?

— J'ai aperçu Potter un peu avant Noël dans le Monde Moldu. Il était accompagné d'un homme qui n'était pas Rogue et ils sortaient d'un supermarché moldu avec des sacs de vivres. Il ne semblait pas dans la misère. Alors les voir sur la photo, dans cet état…

— Tu l'as vu il y a plus d'un mois, Dedalus. Je crois savoir qu'ils étaient hébergés par le cousin moldu d'Harry mais que lorsqu'ils n'ont plus eu d'or pour payer leur pension, on leur a demandé d'aller voir ailleurs, comme disent les Moldus. Depuis, ils vivent dans la rue et mendient leur pain.

— Est-ce vrai ce que cette Biscus raconte ? Le Trésor Magique les a entièrement ruinés volontairement ?

— C'est vrai. En plus de l'amende infligée par Cornélius, ils ont saisi les héritages reçus. Ils n'ont plus rien.

— Terrible affaire, Albus. Terrible affaire. Il faut abroger cette vieille loi. Elle est indigne !

— Je compte bien faire cette demande à notre prochaine séance, Dedalus. Je te revois au Magenmagot.


Hermione, elle, avait reçu un hibou des jumeaux Weasley juste avant de partir pour sa première heure de cours à la fac de droit. Elle n'avait pas eu le temps de lire le journal reçu trente minutes auparavant et l'avait laissé, roulé et serré dans son anneau de carton, sur son bureau dans sa chambre. Par contre, reconnaissant le hibou de Fred et George, elle avait pris le temps de décrocher la missive et d'en prendre connaissance. Un article découpé était joint au parchemin. La lettre, rédigée par Fred, lui expliquait rapidement que l'article était le résultat d'une mystification élaborée par Harry et Severus avec leur aide. Il lui recommandait de ne pas s'inquiéter, que tout allait bien et qu'Harry la tiendrait au courant si quelque chose se passait. George avait ajouté un petit mot. Il expliquait qu'Hedwige passant son temps en livraisons dès que les deux bannis rentraient à la maison, elle n'était pas disponible pour les lettres aux amis. Eux vivaient à Londres, comme Hermione, et leur hibou ne mettrait que quelques minutes pour la joindre.

— Bien vu, Fred et George ! Je me serais inquiétée à mort en lisant ça, si vous ne m'aviez pas prévenue. Harry Potter, espèce de petit brigand ! Tu as intérêt à tout me raconter à la première occasion ! marmonna-t-elle, en se dirigeant vers l'abribus en face de chez elle et en rangeant la lettre dans son sac de cours.


Severus avait un peu hésité pour leur troisième jour. Il avait pensé au départ se lever encore plus tôt que la veille et s'installer avec Harry dans le hall de l'hôpital pour y finir leur nuit. Mais la lassitude évidente de son jeune compagnon, la balafre récente qu'il portait au visage et son refus d'en parler en détail – Severus ignorait encore qui était responsable de cette attaque – le fit changer d'avis. Harry était bien mieux au chaud dans ses bras et dans leur lit confortable. Il se résolut donc à s'en tenir à ce qu'il avait dit la veille en partant : ils arriveraient quinze minutes avant l'heure prévue.

Lorsqu'Harry se réveilla, Severus lui recommanda de remplir sa musette sans fond de tout ce qu'il jugerait possible d'avoir besoin à Azkaban. Il vit le jeune Sauveur y ranger des boites contenant des aliments sous des sorts de préservation, une couverture, des vêtements de rechange fatigués mais pas en si mauvais état que ceux portés à Sainte-Mangouste, ainsi que quelques savonnettes et une serviette de toilette. Severus fit plus ou moins la même chose, sauf qu'il rajouta une baguette magique de rechange, des livres, et des flacons de potions.

Les musettes seraient dissimulées sous des sorts d'invisibilité, ainsi personne ne songerait à les leur prendre. En arrivant à Azkaban, on se contenterait de leur saisir leurs baguettes et de les déshabiller pour leur donner un uniforme rayé éculé. Ensuite, une autre mystification soigneusement préparée allait débuter…

Severus avait déjà eu le droit à un petit séjour à Azkaban à la mort de Lord Voldemort. C'était Albus qui l'avait sorti de là. Et le potionniste n'avait aucune envie de se retrouver là-bas dans les mêmes conditions que la première fois. En 1981, il avait eu froid, très froid. Il avait aussi eu très faim car la nourriture donnée aux Mangemorts était la pire. Les droits communs avaient un traitement un petit peu plus humain. Il leur était donné des paillasses et trois repas par jour : du porridge le matin, une sorte de ragoût à midi et de la soupe et du pain le soir. Eau à volonté, un trou dans le sol pour y faire ses besoins… c'était le luxe commun pour tous les étages, quels que soient les crimes commis.

Ah ! Une différence tout de même ! Les portes des Mangemorts étaient en bois plein alors que les étages des droits communs avaient des cellules fermées par de lourdes grilles. Ainsi, les gardiens pouvaient rapidement voir ce qu'il se passait dans ces cellules sans s'attarder.

Fudge avait fait exécuter tous les Mangemorts quelques années auparavant et donc leurs cellules, dites de haute-sécurité, étaient maintenant occupées par les meurtriers, les violeurs et autres personnages dangereux. Harry et lui auraient moins d'un mois à passer dans cette villégiature, donc ils seraient mis avec les petits délinquants et les sorciers en préventive.

A huit heures moins le quart, les deux « forçats » entrèrent dans le hall de Sainte-Mangouste. A part la sorcière d'accueil, Miss Harker, les lieux étaient déserts. L'épaisseur de neige dehors ne donnait pas tellement envie de sortir de chez soi non plus, sauf si pas moyen de faire autrement. Ils prirent l'escalier menant au sous-sol, ouvrirent leurs casiers pour y prendre les chaussons et les robes prêtés par le Professeur Spleen et se vêtirent sans un mot. Leurs vieilles tenues, ainsi que leurs musettes déjà rendues invisibles, furent rangées dans les casiers verrouillés pour la dernière fois. Enfin, ils l'espéraient tous deux. Ce n'était pas que le boulot était déplaisant, mais ils auraient bien aimé être rémunérés pour le faire ! Offrir encore ça au Ministère ne leur plaisait pas du tout. Surtout quand on voyait ce qu'ils devaient supporter, et sans pouvoir répliquer, même en cas d'attaque physique. Severus avait été très clair : plus question de vivre ça et sans pouvoir manger encore en plus !

— Fais bien attention à toi, chaton, conseilla Severus à Harry en déposant un baiser sur ses lèvres.

— Ok.

Harry quitta les vestiaires et Severus, un sourcil levé, le regarda partir la tête basse et traînant les pieds. Le potionniste n'aimait pas du tout ce qu'il voyait. Que s'était-il donc passé la veille ? Qui avait lancé ce Maléfice sur Harry ? Le garçon n'avait rien voulu dire, c'était curieux. Severus attendit qu'Harry entre dans la salle de repos des sorciers de ménage pour y attendre Ernest, avant d'aller dans la direction opposée et d'entrer dans le labo de potions.

Les quatre potionnistes résidents n'étaient bien entendu pas encore arrivés. Ils arrivaient tous entre cinq et dix minutes en retard chaque jour, visiblement. Ou alors, c'était sa présence qui les faisait venir à reculons. C'était bien possible aussi. En attendant leur arrivée, il avait bien entendu installé ses deux chaudrons habituels, sa planche à découper, pris un couteau, un mortier et son pilon et les ingrédients nécessaires pour les potions qu'il avait choisies de réaliser, sachant que s'il ne le faisait pas on allait encore le cantonner à faire des Pimentines ou des Potions d'Amnésie… A la place, il s'était réservé la Potion Tue-Loup et la Gorgée de Désenflage. Avec ces deux-là, il serait tranquille jusqu'à midi.

Après… ma foi… on verrait.

Les heures passèrent dans un quasi-silence un peu lourd, mais il ne gênait pas Severus, bien au contraire. Ça lui permettait de se concentrer sur ses tâches sans avoir à écouter les babillages incessants et stupides des sombres crétins dont il devait supporter la présence.

Il venait pourtant à peine de terminer ses potions et de nettoyer son chaudron qu'on frappa à la porte. Tous se retournèrent pour voir le Professeur Spleen entrer sans attendre d'invite, ce qui n'était pas dans ses habitudes.

— Professeur Rogue ? Il y a eu un… incident au 3ème étage. Monsieur Potter a été victime d'une agression sérieuse.

— Harry ? Qu'est-ce qu'il a ?

Severus était au bord de la panique. Si jamais on avait fait du mal à son lionceau, ça allait se payer ! Au moins, il irait à Azkaban pour quelque chose !

— Justice ! Justice ! ricana Grunnion, hilare. Merlin fait payer leur déviance aux anormaux !

— LA FERME, GRUNNION ! Si jamais vous êtes derrière tout ça, gare à vous !

Severus retira son chapeau pointu, ses gants et son tablier et les laissa sur la table. Avisant sa caisse de flacons, il appela :

— BLINKY !

L'Elfe qui livrait tout le temps ses boites popa dans l'instant et le regarda, attendant ses ordres.

— Les potions sont pour le Guérisseur Hippocrate Smethwyck au premier étage.

— Oui, Maître Rogue, Blinky va.

— Allons-y, Professeur Spleen. Où est mon compagnon ?

— Aux Urgences. Venez…

— Compagnon… pffff, marmonna Oldridge d'un ton dégoûté.

— Oui ! Oldridge ! Et le jour où les Moldus légaliseront le mariage entre hommes, j'aurai l'honneur de l'appeler mon époux ! Vous… vous resterez marié à votre main droite jusqu'à la fin de vos jours. Vous n'êtes pas assez intelligent pour espérer mieux !

Et la porte se referma sur les potionnistes rouges de confusion et d'horreur. Spleen eut le bon goût de ne pas relever la déclaration de Severus Rogue. Celui-ci n'avait raconté ça que pour les choquer. D'après ce qu'il savait, rien de ce style n'était prévu pour les gays, sinon Rick et Walt auraient été unis légalement depuis longtemps. Et il n'avait jamais eu l'intention de se marier non plus, sachant que de toute façon épouser une femme – seule possibilité légale – était absolument hors de question. Rien que d'y penser, il en frémissait d'horreur.

— Qu'est-ce qu'on lui a fait cette fois-ci ? Hier, il a reçu un Diffindo sur le visage !

— Je sais, Professeur Rogue. La Guérisseuse Albertus m'a raconté tout à l'heure. Elle était furieuse de le voir revenir si vite. Il a reçu un Doloris et… un Avada Kedavra. Je suis désolé.

Glacé d'horreur, le Maître des Potions se figea. Pas ça. Non, pas ça. Pas Harry !

Il se mit à courir dans le couloir, n'écoutant pas le Professeur Spleen lui demandant de l'attendre. Le sang battait dans ses oreilles et son cœur lui faisait si mal qu'il avait l'impression qu'il allait mourir lui aussi. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux et un nœud se forma dans sa gorge.

Les Urgences de Sainte-Mangouste se trouvaient au fond du hall, derrière le bureau d'accueil de Miss Harker. Severus traversa le hall en courant toujours et poussa violemment la lourde porte grise dont les deux battants heurtèrent les murs. Il vit au fond du couloir éclairé d'orbes froids et tristes deux Aurors qu'il connaissait bien. Ils faisaient partie de l'Ordre du Phénix, l'équipe qui attendait de pied ferme le Mage Noir s'il lui prenait la saugrenue idée d'un jour tenter de revenir d'entre les morts, ou d'ailleurs.

Savage et Fiertalon le virent aussi et lui firent des signes pour lui indiquer dans quelle salle se trouvait Harry.

Severus entra. Sur une table d'examen, Harry gisait, les lunettes de travers et les yeux grands ouverts et fixes. Près de lui, une Médicomage lançait des sorts sans s'arrêter, pestant de leur inefficacité, écoutant le cœur qui refusait de repartir. Elle poussa un soupir.

— Y a rien à faire. Il est mort. Quelqu'un sait s'il a de la famille ?

Dans un coin, le vieil Ernest pleurait et se mouchait dans un grand mouchoir qu'il tenait dans ses mains noueuses déformées par l'arthrose. Tonks, debout près du corps, était livide, se demandant comme l'annoncer à Fol Œil et surtout à Dumbledore. Kingsley Shacklebolt était gris au lieu de noir. Severus vit toute la scène comme au ralenti et il entendit crier « NON ! » sans même réaliser que ce son venait de sa propre gorge. Il s'approcha du corps et le prit dans ses bras. Le visage caché dans le cou du cadavre, il hoqueta, désespéré. Celui qui avait fait ça allait le payer de sa vie…

Le Maître des Potions ne vit pas les volutes de magie habituellement bleu foncé sortir de son corps. Il ne remarqua pas qu'elles étaient presque noires, à la manière d'un Obscurus. Il ne sentit pas qu'elles entraient dans le corps d'Harry. Il n'entendit pas les cris de surprise et de peur des témoins dans la salle. Mais il sentit Harry sursauter et prendre une grande respiration et enfin, il l'entendit gémir.

— HARRY ! Oh ! Merci Merlin ! Harry, mon chaton ! Parle-moi !

— Se… Sev' ?

— Oui, oui, je suis là. Ça va aller, chaton, ça va aller, tu es en vie !

— Poussez-vous, Rogue ! ordonna la Médicomage, baguette à la main. Je dois l'examiner !

— Du calme, Miss Miller ! Vous n'avez pas changé depuis Poudlard, hein !

— C'est Guérisseuse Albertus, je vous prie ! Et passez-moi donc une Cure Post-Doloris sur cette étagère là-bas au lieu de me bassiner !

On entendit la Guérisseuse marmonner entre deux sorts de diagnostics et de soins « Mais comment il a fait ça, par Merlin ? Il était mort ! Il était mort ! ». C'était une question rhétorique. Tout le monde savait qu'Harry Potter avait déjà survécu à un Avada. Il semblait bien qu'il soit totalement immunisé contre cet impardonnable…

Severus prit le flacon demandé, le regarda par transparence et gronda que c'était du pipi de chat fait par des incompétents ! La Guérisseuse le lui prit des mains, le déboucha et le donna à boire au survivant.

— Je sais ! Mais c'est tout ce qu'on a ! Les potionnistes ici sont des incapables qui en plus se prennent pour le nombril du monde ! Les potions n'ont pas la moitié de la puissance qu'elles devraient avoir, et ceci dans le meilleur des cas. C'est ça quand les administrateurs ne veulent pas payer pour du personnel compétent. Il faut réclamer dix fois les mêmes potions et croiser les doigts de les recevoir au bout d'une semaine ! Certains Médicomages en sont réduits à faire les leurs chez eux, sur leur temps libre et leurs propres gallions.

Dans un coin, Spleen écoutait. En effet, il avait reçu des plaintes sur la qualité médiocre des potions, sur les commandes non honorées même urgentes. L'affaire de la potion demandée par Bonham la veille avait fait une forte impression dans le service. La première version totalement inefficace avait été réalisée par un potionniste pas assez doué pour se rendre compte que la recette était fausse. Cette situation mettait en danger la vie des patients. Il fallait y remédier rapidement et trouver un véritable Maître des Potions pour diriger ce service d'incapables. Il regarda Severus Rogue avec envie. Et dire que ce type n'avait pas d'emploi… Et dire qu'il n'avait pas le droit de l'embaucher, ni même de le payer, ou de lui offrir un sandwich pour son travail…

Helbert Spleen se promit de passer un petit coup de cheminette à la Guilde des Potionnistes ainsi qu'au rédacteur-en-chef de Potions Magazine pour avoir des noms de Maîtres des Potions en recherche d'emploi. Et Grunnion allait dégager. Il faisait bien trop de boulettes. Ça allait changer.

— Rogue ? hésita Kingsley. T'es un Obscurial ? Albus m'en a jamais parlé.

— Quoi ? tiqua Severus, un Obscurial, moi ? Non, pourquoi ?

— On a tous vu un Obscurus bien noir sortir de ton corps et entrer dans celui d'Harry ! Ensuite, quand il a respiré, la fumée noire est retournée en toi.

— Noire, tu dis ? C'est bizarre, normalement elle est bleue et ne sort que lorsque celle d'Harry sort aussi. La sienne est bleu très pâle.

— Par Merlin, vous êtes deux Obscurials ! Je comprends pourquoi Albus dit que la magie d'Harry a détruit l'infirmerie alors qu'il était inconscient, quand vous avez été séparés. Vous vous ancrez l'un l'autre. C'est du jamais vu !

— Je ne pense pas que nous ayons des Obscurus. Nos magies ne sortent que lorsque nous faisons l'amour ensemble. C'est pas vraiment la définition d'un Obscurus, King !

— Trop d'informations, Severus ! Trop d'informations ! bredouilla l'Auror noir, les joues brûlantes tandis que Tonks pouffait de rire dans sa main.

— J'ai une question, les coupa le Serpentard. Qui a torturé Harry avec un Doloris et a tenté de le tuer ensuite ? Était-ce la même personne qu'hier ?

— Hier, c'était Daryl Mulciber, répondit Ernest depuis le coin où il était assis. Il travaille au Ministère. Son cousin était un Mangemort qui a été exécuté il y a quatre ou cinq ans. Et aujourd'hui, c'était Rufus Fudge, le neveu de Cornélius Fudge, le Ministre.

— Vous l'avez arrêté, j'espère ? gronda Severus, furieux.

— Oui, fit Kingsley en soupirant. Mais il a été relâché aussitôt au Ministère. Aucune plainte ne peut être déposée en ton nom ou celui d'Harry. Aucune agression contre lui ne sera punie. Si toi ou Harry vous vous défendez, c'est vous qui irez à Azkaban.

— Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? vociféra la Médicomage. D'où ça sort, ça ?

— Severus… je veux partir d'ici… fit Harry d'une petite voix.

— On s'en va, chaton. On va trouver quelques pièces, je vais t'acheter une tasse de thé bien chaud, et si on a assez, un truc à manger…

— Severus, Harry, j'ai des ordres. Si vous n'effectuez pas votre mois de Travail d'Intérêt Magique, c'est à Azkaban que vous le passerez, fit Kingsley avec des regrets dans la voix.

— Alors, envoyez-nous à Azkaban. Au moins on aura à manger et une paillasse pour dormir. Et un toit pour nous protéger de la pluie. Ça sera toujours mieux que ce qu'on a en ce moment.

— Mais ça va pas, non ? Pas question d'envoyer à Azkaban la victime d'une tentative de meurtre et de laisser son meurtrier libre comme l'air !

— C'est pourtant la règle pour les condamnés comme eux, Mirabel, tempéra le Professeur Spleen. Monsieur Potter et le Professeur Rogue n'ont plus aucun droit dans le Monde Magique.

— On marche sur la tête ! pesta-t-elle. Helbert, j'ai pas fait médicomagie pour voir ça ! Ce garçon devrait être dans un lit sous perfusion de potion ! Et à la place, il va aller à Azkaban ? C'est une honte !

Kingsley mit une main sur l'épaule de Severus.

— Severus Rogue, vous êtes en état d'arrestation pour le non-respect de votre Travail d'Intérêt Magique. En conséquence, vous passerez le mois prévu pour le TIM à la prison d'Azkaban comme le dit la Loi.

Pendant ce temps, Tonks, à contre-cœur, disait la même chose à Harry. Lorsqu'elle voulut l'aider à se lever, elle le vit vaciller. Visiblement, il ne pouvait pas tenir debout sans aide, et encore moins marcher. Severus la poussa et souleva Harry dans ses bras. Celui-ci ferma les yeux et laissa sa tête aller contre la poitrine de son compagnon.

Furieuse, la Guérisseuse hurlait au scandale et à la honte ! Ernest pleurait toujours. Et dans un coin de la pièce, sous sorts de silence et d'invisibilité, deux Elfes en larmes se tenaient par la main. Ils avaient assisté à toute la scène, appelés par la détresse de Severus et la « mort » d'Harry.

Personne n'aiderait leurs maîtres ?

Personne ne les vengerait ?

Mais si… Dobby et Winky allaient s'en charger…


Kingsley Shacklebolt et sa brigade d'Aurors, composée de Nymphadora Tonks, d'Ed Fiertalon et d'Alan Savage, se présentèrent à la zone de transplanage de l'hôpital, réservée aux Médicomages d'Urgence, aux Aurors et aux services funèbres. Tenant Severus par le bras, King le fit transplaner jusqu'à l'entrepôt sur les quais d'embarquement pour la prison d'Azkaban. Severus entendit Ed Fiertalon dire à son collègue Savage qu'il regrettait sa place de prof de défense à Poudlard, si c'était pour faire des missions aussi lamentables. Ed avait cru avoir la place pour l'année, mais Fudge ne lui avait accordé qu'un trimestre et à la rentrée de janvier, il avait été remplacé par Dagbert Williamson, un autre Auror de l'équipe de Gawain Robards. Fiertalon était quasiment certain que Williamson n'aurait qu'un seul trimestre à faire lui aussi. Quelle idée stupide ! Les enfants allaient être sacrément perturbés dans leur apprentissage. Et en plus, Ombrage avait été remplacée par Corban Yaxley ! Il était presque sûr que le type était un Mangemort, mais il n'avait jamais été inquiété. Pareil pour Walden McNair, le bourreau du Ministère. Ces deux-là étaient du gibier pour Azkaban et il faudrait bien les tenir à l'œil à l'avenir…

Les Aurors firent monter Severus, portant toujours Harry, dans une grosse chaloupe. Ils grimpèrent à leur suite et Savage donna un coup de baguette sur une des rames. Aussitôt, la paire de rames se mut dans l'eau grise et glaciale, faisant avancer la coquille de noix sur la Mer du Nord. Sans magie, ce voyage aurait été impossible sans épuiser plusieurs Aurors. Il aurait fallu un moteur hors-bord mais cet équipement moldu était totalement inconnu des sorciers.

Le voyage dura plus d'une heure. Frigorifié, Harry tremblait assis sur le banc de bois, contre Severus. Le Serpentard aussi avait froid. Il remercia Tonks d'un geste de la tête lorsque celle-ci leur lança un sortilège de chauffage après avoir remarqué les tremblements d'Harry et ses lèvres bleuies. Plus ils avançaient vers la haute mer plus les vagues devenaient mauvaises. Tonks détestait la houle et elle avait la tête de quelqu'un qui va vomir dans cinq minutes. Elle poussa un soupir de soulagement en voyant se dresser les sinistres murailles de la forteresse médiévale magique.

Il n'y avait quasiment plus de Détraqueurs dans la prison. On les réservait aux derniers étages, là où les prisonniers les plus dangereux étaient cantonnés. Les gardiens affectés à ces niveaux devaient être capables de maîtriser le sortilège du Patronus. Dans le cas contraire, ils ne dépassaient pas les niveaux inférieurs.

La barque s'échoua sur une petite grève qui ne faisait que quelques mètres. Les Aurors en sortirent et attachèrent la chaîne accrochée à la proue à un épais poteau fiché dans le rocher. Dans une guérite, un gardien porta deux doigts à sa coiffe réglementaire pour les saluer. D'un geste de baguette, il fit les grandes portes s'ouvrir dans un grondement.

Severus avait repris Harry dans ses bras. Il suivit docilement les Aurors à l'intérieur du bâtiment. On les fit entrer dans un bureau ou un garde-chiourme achevait son repas.

— Salut, Brutus. On t'amène du monde.

— Salut, King. Je vois ça. Qui c'est ? fit-il en attrapant son registre et une plume.

— Harry Potter et Severus Rogue. Ils ne peuvent pas faire leur Travail d'Intérêt Magique à Sainte-Mangouste comme prévu.

— Ah ouais ? Et pourquoi donc ? On dit que c'est plutôt pas mal pourtant là-bas…

— Ils vivent dans la rue et mendient leur pain, Brutus. Ils n'ont pas une noise pour payer leur repas à la cafet', comment veux-tu bosser sans bouffer pendant un mois ?

— Pas faux. C'est impossible. Peuvent pas les nourrir là-bas ?

— Le Ministère a interdit à Spleen de leur donner à manger.

— Ah ben merde, alors ! C'est donc vrai ce qu'ils disaient sur la Gazette d'hier matin ?

— Totalement.

— Bon, bon… ici vous aurez à manger. Vous avez pas mangé depuis quand ?

— Hier midi, répondit Severus d'une voix indifférente.

— J'va m'arranger pour vous envoyer un Elfe avec une assiette de ragoût. Vous êtes pas des assassins, donc vous serez au second niveau. C'est tranquille. King ? Tu les conduits ?

Kingsley attrapa le trousseau de clés que Brutus lui tendait. Elles lui permettraient d'ouvrir les grilles de sécurité fermant régulièrement les escaliers à certains paliers. L'homme reprit sa plume dans sa main gantée de mitaines et écrivit quelques chiffres sur son registre.

— Mets-les à la 3 et la 4 du second.

— On peut pas les séparer. Faut les mettre dans la même cellule.

— Ah ouais, et pourquoi donc ?

— Ce sont des Obscurials. Ils s'ancrent l'un l'autre. Si tu les sépares, tu risques d'avoir des dégâts comme la moitié de la façade en moins pendant qu'ils dormiront.

— Ah mais nan ! On me casse pas mon outil de travail, hein ! Fous-les à la 4. Ça ira bien.

— Pas de souci. Allez les mecs, on monte !

— Au fait, il peut pas marcher, le gamin ? s'inquiéta le gardien d'accueil.

— Nan. Il a pris un Doloris et un Avada Kedavra.

— Un Avada ? T'es sûr ? Mais il est vivant !

— C'est Harry Potter, Brutus ! Bien sûr qu'il est vivant après un Avada ! C'est pas la première fois après tout !

Les Aurors et leurs prisonniers s'éloignèrent dans le couloir afin de prendre l'escalier de pierre. Ils entendirent quand même le dénommé Brutus marmonner et pester que de traiter le Sauveur du Monde Magique comme ça était indigne, déviant ou pas.

Le petit groupe grimpa l'escalier sur deux étages. Au moment où ils se présentèrent devant la grille fermant l'étage, un gardien en robe officielle – cuir noir et cape de laine grise – sortit d'une sorte de bureau avec une grosse clé. Sa vue surprit énormément Severus Rogue.

— Monsieur Flint ? Vous travaillez ici ?

— Ooooh ! Professeur Rogue ! Mais qu'est-ce que vous faites là ? Le journal disait que vous étiez en TIM à Sainte-Mangouste !

Marcus Flint était un ancien Serpentard qui avait quitté Poudlard à la fin de la dernière année scolaire, et encore, après avoir redoublé ! Il avait été aussi le Capitaine de l'équipe de Quidditch de sa Maison. Le regard de l'ancien élève se posa sur Harry, toujours niché dans les bras de son compagnon, pâle et les yeux clos.

— Il est malade ? demanda-t-il, reconnaissant parfaitement Harry Potter.

— Il a pris un Doloris et un Avada.

— Ouch !

— Marcus ! Brutus veut que tu les mettes à la numéro 4 tous les deux.

— Ok, Chef Shacklebolt, répondit Flint en écartant la grille à présent ouverte et en les faisant entrer.

Puis il murmura à Kingsley avec un air ennuyé :

— Mais ce sont des déviants… Ils risquent de mal se comporter… hésita-t-il.

— Ce sont surtout deux Obscurials qui s'ancrent l'un l'autre. On peut pas les séparer. Potter a démoli l'infirmerie de Poudlard en étant inconscient quand on les a séparés.

— Ah ouais ! En effet… C'est pas commun…

Flint lança un petit regard surpris vers son ancien Directeur de Maison mais ne fit aucun autre commentaire sur le sujet. Marcus Flint avait toujours beaucoup apprécié le Maître des Potions durant sa scolarité à Poudlard. Le revoir lui faisait bien plaisir, même si les circonstances étaient surprenantes et pas très heureuses.

— Entrez dans le vestiaire. Faut vous déshabiller pour mettre les tenues. Je vais vous en chercher.

La pièce où on les fit entrer avait des murs de pierres nues et une fenêtre en forme de meurtrière un peu triangulaire. Elle était munie d'un montant de bois et d'une vitre, ce qui était un luxe dans ce lieu où les courants d'air glacés régnaient en maîtres. Il n'était pas rare de trouver des prisonniers morts de froid au petit matin, à la première inspection. Sans fenêtres pouvant fermer, sans chauffage, sans vêtements chauds ni nourriture adéquate et suffisante, l'espérance de vie des prisonniers, surtout dans les niveaux supérieurs, était très limitée. Marcus revint avec une pile de tenues neuves encore dans leurs emballages.

— J'ai pris plusieurs tailles, je ne connais pas les vôtres, Professeur Rogue.

— Je ne suis plus professeur, Marcus, répondit Severus d'un ton las.

— Vous serez toujours le Professeur Rogue, pour moi, Monsieur ! Mon Directeur de Maison ! Même si vous… hésita-t-il finalement en désignant Harry Potter à demi-inconscient, avachi sur une chaise.

— Oui, même si je suis un déviant, en couple avec un Gryffondor ?

— Ouais, même ça. J'aurais préféré un de chez nous, un serpent quoi… Un lion ! Par Merlin ! C'est dur !

Severus déshabilla lui-même Harry, refusant la proposition d'un Devestio de Marcus ou de Kingsley. On leur laissa l'autorisation de conserver sous-vêtements, chaussettes et souliers, au vu de la saison. Harry fut habillé d'un pantalon rayé style pyjama de toile épaisse et d'une veste à boutons de même facture. Le numéro d'écrou fut brodé magiquement sur sa poitrine par un sortilège et Marcus alla chercher l'appareil-photo afin d'immortaliser le moment pour les fichiers du Magenmagot et du Département de la Justice Magique.

Severus avait déshabillé lui-même Harry car il ne voulait pas que quiconque remarque les musettes invisibles. Même si plates car semblant vides, elles leur auraient été retirées et examinées de près. Et ça, il n'en était pas question ! Passer un mois dans ce cul de basse fosse était déjà difficile mais sans leur stock de survie ? Pas question !

Une pancarte Prison d'Azkaban avec un numéro et plein de runes fut posée entre les mains d'Harry et on lui demanda de la tenir contre sa poitrine et de regarder l'objectif.

Harry, délirant, reconnut le gardien et se méprit sur la situation.

— Flint ? On a un match de Quidditch ? Vais te foutre la pâtée…

Marcus éclata de rire en changeant la plaque de verre servant de négatif.

— Tu tiens même pas debout, Potter ! J'te vois mal le cul sur un balai ! Regarde par ici !

La photo fut prise et Severus déposa Harry sur une autre chaise, libérant ainsi celle se trouvant devant l'appareil-photo planté sur ses pieds en bois.

— A vous, Professeur Rogue.

Sans un mot, Severus alla choisir une tenue à sa taille. Les étiquettes sur les emballages renseignaient sur les tailles disponibles. Kingsley songea que c'était la première fois qu'il voyait des détenus recevoir des tenues neuves. Mais l'affection sincère et le respect que Marcus Flint, gardien réputé bourru et peu intelligent, semblait avoir pour son ancien Directeur de Maison l'impressionna favorablement.

Il semblait que le Maître des Potions était finalement apprécié par quelques personnes, et non pas unanimement haï comme le laissaient entendre Remus Lupin et Sirius Black. Albus Dumbledore l'adorait et le traitait comme un fils, ce n'était pas difficile de s'en rendre compte. Harry Potter en était amoureux, très certainement, ou il n'aurait pas sacrifié toute sa vie, son éducation et sa fortune, pour le suivre. Les élèves de sa Maison, visiblement, le respectaient… Il avait entendu dire que Lucius Malefoy le tenait en haute estime et avait tenté – avec Albus – de le défendre lors de son procès pour délit de bougrerie.

Une fois revêtu du même pyjama qu'Harry, Severus s'assit sur la chaise pour la photo. Ce n'était pas la première fois qu'il se trouvait dans cette position. La dernière fois, on lui avait donné une tenue sale et éculée et il ne lui avait pas été permis de conserver sous-vêtements et chaussettes.

Les clichés réalisés, Marcus alla chercher le gros trousseau des clés des cellules qu'il avait laissé dans son bureau. Il n'avait pas été prévu d'arrivée en provenance du Magenmagot ou du Département de la Justice Magique. Il était extrêmement rare qu'un détenu condamné à un Travail d'Intérêt Magique se retrouve à Azkaban de façon inopinée. Voir son Directeur de Maison dans cette triste situation lui faisait bien mal au cœur. Mais qu'avait-il besoin d'être déviant, aussi ! Et dénoncé par un de ses propres serpents ! Une honte ! Malefoy était une petite raclure et l'autre… dans la cellule n°1, tout au fond du couloir… un fou furieux ! Jamais il n'aurait pensé qu'il finirait comme ça. Evariste, son collègue – aujourd'hui de repos – lui disait toujours qu'on ne connaissait pas vraiment les gens. Il avait sacrément raison.

Le petit groupe d'Aurors, encadrant Harry porté par Severus, guidé par Marcus Flint s'arrêta devant la cellule n°4.

— Voilà, celle-ci a deux paillasses. Vous y serez pas trop mal, je pense. J'vais demander à un Elfe de vous faire porter une cruche d'eau et deux gobelets.

— Marcus… Brutus demande que tu leur fasses porter à manger : une assiette du ragoût de ce midi.

— D'accord, Chef Shacklebolt. Mais… y z'ont pas mangé, ce midi ?

— Ils n'ont rien dans le ventre depuis hier midi, Marcus.

— Ah ouais ? Pétard ! Vous devez avoir faim. Je vous fais porter ça dans cinq minutes.

Marcus fit jouer le pêne géant de l'énorme serrure de la grille. Le bruit attira les détenus des cellules occupées et ils s'approchèrent de leurs grilles respectives. Alors que Severus et Harry allaient entrer dans leur nouveau lieu de villégiature, ils entendirent tous un cri de rage et une bordée d'insultes.

— POTTER ! SALE DÉVIANT ! ET AVEC TON PERVERS ! TU VAS PAYER POUR TON INDÉCENCE !

Harry, surpris, leva la tête et fixa le détenu qui le toisait, haineux et la bouche tordue en un rictus hideux.

— Ron ?


Albus Dumbledore, une plume à la main, était concentré sur son courrier du jour. Dans une petite heure, il allait devoir descendre dans sa nouvelle salle de classe où il recevait pour le moment trois nouveaux sorciers : deux Serpentards et un Poufsouffle. Argus Rusard, Walter Lestrange et Kennilworthy Penrose, connu chez les Moldus sous le prénom de Ken. Rusard était le plus âgé des trois, et Ken Penrose, le plus jeune puisqu'il n'avait que vingt-deux ans. En entendant Ken raconter son abandon à onze ans dans une rue inconnue d'une ville où il n'avait jamais mis les pieds, Albus avait pris conscience que cette potion créée pour Walt allait sauver bien des malheureux. Ken avait été recueilli par les Services Sociaux et avait ensuite découvert la « joie » des foyers de l'aide sociale, les familles d'accueil pas toujours bienveillantes, et les difficultés d'adaptation à un monde nouveau. On l'avait pris pour un demeuré car il ne connaissait rien, pas même les stylos à bille, la télévision, l'électricité et n'était jamais monté sur un vélo ou dans une auto. L'éducateur avait estimé que c'était certainement un cas de maltraitance et de privations extrêmes et c'était tout. Le salut de Ken avait été que sa sœur aînée, élève de 7ème année à Poufsouffle à l'époque, n'avait pas du tout digéré l'abandon de son petit frère cracmol. Elle avait entretenu une correspondance secrète avec lui par hibou, et quand la potion de Severus avait été connue, elle avait fait des pieds et des mains pour s'en procurer. Bon, elle était la fiancée d'un certain Cicéron, assistant (soi-disant) d'un commerçant ayant pignon sur rue… Et Cicéron lui avait dégoté la fameuse potion tant convoitée. Et voilà ! Il était là, à Poudlard, au lieu de pointer au chômage moldu tout en dormant dans une Auberge de jeunesse si chanceux, ou un squat si malchanceux. Tout ceci avait éclairé Dumbledore et Walt se jugeait vraiment un petit veinard avec son orphelinat et sa rencontre à seize ans avec un Rick du même âge, rejeté par son père.

Aujourd'hui, ils allaient apprendre le Sortilège de Lévitation : Wingardium Leviosa. Argus se débrouillait plutôt pas mal, surtout avec les sortilèges ménagers. Il semblait avoir des facilités pour eux, étant donné la puissance de ses Recurvites. Ce fut à l'occasion de cette découverte fortuite, dans un couloir désert, qu'Albus recommanda à Rusard de garder le secret sur la potion de Severus. Personne ne devait savoir qui se cachait derrière les potions du Prince. Rusard, fier et totalement ravi, promis de taire le secret de son idole. Le pauvre ne sut pas qu'Albus lui jeta un Oubliettes dès qu'il tourna le dos. C'était certain, il ne révèlerait pas ce secret : il l'avait totalement oublié.

Les flammes de la cheminée devinrent vertes et une petite cloche retentit, faisant comprendre à Albus Dumbledore que son correspondant avait le mot de passe. La tête de Kingsley apparut alors dans les flammes.

— Vous êtes occupé, Albus ? Si vous avez quelques minutes, j'aimerais m'entretenir avec vous.

Le vieux sorcier fut intrigué par ce ton quelque peu officiel. D'habitude Kingsley était plutôt joyeux et bon-enfant. Il avait le sourire facile et la plaisanterie sur le bout de la langue. Quelque chose devait le préoccuper. Albus posa sa plume sur le support dédié de son encrier.

— Venez donc me rejoindre, mon petit. Je ne suis pas contre une petite pause. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

Kingsley sortit de la cheminée et tandis qu'il s'époussetait avec sa baguette, les flammes redevinrent orangées. L'Auror soupira et s'approcha du bureau afin de prendre place dans un des fauteuils réservés aux visiteurs.

— Albus, j'ai assisté à une scène terrifiante, ce midi, à Sainte-Mangouste.

— Ah bon ? Et de quoi s'agit-il ?

— Ce midi, nous avons été appelé pour une urgence à Sainte-Mangouste. C'était l'un des agents de leur sécurité. Un des sorciers de ménage venait d'être attaqué dans un couloir alors que lui et son collègue passaient balai et serpillère. L'assaillant lui a d'abord jeté un Doloris et au bout de quelques secondes, un Avada Kedavra.

— Un sorcier de ménage tué d'un Avada dans un couloir de l'hôpital ? Devant témoins ?

— Oui, Albus, devant témoins. Son collègue et quelques visiteurs dont l'un a eu la présence d'esprit de stupéfixer l'assaillant.

— Belle initiative. Et je suppose qu'on vous a ensuite appelé pour venir ramasser le criminel pour l'arrêter.

— Oui. Pas que ça ait servi à grand-chose…

— Comment ça ? s'inquiéta Albus qui se demandait ce qu'il avait à voir dans cette histoire.

— Le criminel était Rufus Fudge, le neveu de Cornélius. A peine amené au Ministère, il a été libéré !

— Qui a commis une telle idiotie ?

— Cornélius. Et pour une simple raison : Rufus a lancé un Doloris et un Avada à Harry Potter.

Ce furent de longues secondes de silence stupéfait qui accueillirent la déclaration de Kingsley.

— Mon… mon petit Harry ? Il a tué mon petit Harry ? Et où est Severus ?

— A Azkaban.

Albus se leva comme un fou et d'un Accio fit venir sa cape à lui afin de se précipiter vers la cheminette.

— Ne partez pas si vite, Albus. Harry n'est pas mort. J'ignore pourquoi et surtout comment, mais le fait est que Severus l'a ressuscité ! Je ne pensais pas voir ça une seule fois dans ma vie ! Par Merlin, j'en frémis encore ! Pourquoi vous ne nous avez jamais dit que Rogue et Potter étaient des Obscurials ? Vous avez juste parlé d'une vague de magie sortant de Potter qui avait abimé l'infirmerie !

Albus fit volte-face, la poudre verte glissant de ses doigts.

— Il… il l'a ressuscité ? … Par Merlin ! Des Obscurials, moui… C'est un peu vrai que leur magie quand elle est furieuse ressemble à un Obscurus. En moins destructeur, quand même ! Je n'aurais pas pensé qualifier d'Obscurus la magie visible d'Harry. Croyez-moi, j'en ai vu des vrais, c'est autre chose !

Kingsley expliqua alors la scène à laquelle il avait assistée dans la salle des urgences de la Guérisseuse Mirabel Albertus.

— Nous avons appris de Spleen que le Trésor Magique lui interdit de nourrir les TIMs pendant la durée de leur peine. On ne peut pas demander à un sorcier de travailler un mois sans manger un repas !

— Non. On ne peut pas.

Albus ne s'attarda pas sur le sujet. Dobby lui avait expliqué la petite magouille mise au point par Harry et Severus, avec l'aide des jumeaux Weasley, la sienne et celle de Winky. Le vieil homme avait souri. Au moins, ses deux jeunes gens favoris ne se laissaient pas abattre.

— Donc, nous avons dû, conformément à la Loi, les conduire à Azkaban où ils ont été installés au second étage, cellule n°4. Ensemble, hein ! Parce que je me souviens bien de ce que vous m'aviez dit : si on les sépare, ils sont malades et les Obscurus sortent et cassent tout !

— Celui d'Harry seulement. Je n'avais pas encore eu connaissance d'une manifestation de ce genre chez Severus. Un Obscurus est une force incontrôlable qui détruit, Kingsley, elle ne ressuscite personne, elle tue ! C'est pour cette raison que je pense que ce n'en sont pas vraiment.

— Ben, c'est pas grave, finalement, ce que c'est. Par Merlin, Harry est en vie ! Et voir le désespoir de Severus tenant son cadavre entre ses bras, je vous avouerai que j'ai pas envie de le revoir de sitôt !

— Comment vont-ils actuellement ? soupira le Directeur en versant du Vieil Ogden dans deux verres bas.

— Severus a porté Harry dans ses bras tout le voyage. Le gamin est très faible. J'aurais été d'avis qu'il reste à Sainte-Mangouste comme le souhaitait la Guérisseuse Albertus, mais il n'y aurait pas été en sécurité pour commencer, et ensuite Fudge a interdit tout secours aux déviants. Ils ne peuvent pas être soignés, ni recevoir aucune aide. Il leur est également interdit de déposer une plainte. Donc, ils sont des cibles ambulantes et n'ont pas le droit de se défendre.

La tête affichée par Dumbledore indiqua à l'Auror tout le bien qu'il pensait de cette situation.

— Lorsque nous sommes partis, Tonks, Savage, Fiertalon et moi, un Elfe de la prison venait de leur apporter chacun une bonne assiette de ragoût, avec du pain et une cruche d'eau fraiche. Et Severus avait collé les deux paillasses l'une contre l'autre et nourrissait Harry à la cuillère comme un enfant, après l'avoir enroulé dans les couvertures fournies. Marcus Flint, leur gardien, leur a donné des uniformes neufs pris dans la réserve. C'est la première fois en plus de vingt ans de service que je vois un prisonnier recevoir une tenue neuve.

— Oui, Marcus Flint est l'un des anciens Serpentards de Severus. Et ils ont toujours beaucoup d'estime et même d'affection pour leur Directeur de Maison. Ils seront bien traités. Ça me rassure.

— Au fait, Ron Weasley est en préventive dans la cellule n°1. Ce gamin est complètement cinglé. Il n'a fait que hurler, vociférer et menacer Harry et Severus dès leur arrivée. Les gardiens ont très hâte de le voir monter au dernier étage avec les Détraqueurs. Sinon, j'ai aperçu notre vieille connaissance Mondingus dans la cellule n°2, Harris Laverrue dans la 5 et Willy Larbrouss dans la 6. Je me demande ce qu'ils ont encore fabriqué, ces cornichons-là !

— Mondingus aime bien Harry. Plusieurs fois, je l'ai envoyé le surveiller quand on craignait le retour de notre ami Tom.

— Ok, donc ils se connaissent. Tant mieux. Ça nous fait deux alliés dans la place, car le gardien Flint ne laissera rien arriver à Severus, malgré son statut de déviant.

— J'ai un cours à donner à mes anciens Cracmols à quinze heures, mais demain matin j'irai leur rendre visite à Azkaban.

— Pas sûr que ça plaise en haut-lieu, Albus.

— Je n'ai aucune intention de leur demander leur avis, mon cher Kingsley. Cette tentative de meurtre est la goutte d'eau qui vient de faire déborder mon vase, comme disent les Moldus. Si Cornélius bronche… il va comprendre pourquoi Lord Voldemort a toujours eu peur de moi…


Dans le service du Guérisseur Bonham, c'était la liesse. Tout le personnel soignant était réuni dans le bureau du Chef de Service et sabrait le Champagne apporté par John O'donnell. La potion refaite par Severus et donnée à Duncan la veille à midi avait merveilleusement fonctionné. Le jeune Serdaigle s'était plaint de fourmillements dans les jambes pour le repas du soir et avait réclamé le bassin, disant qu'il voulait faire pipi. Miss Monroe avait donc retiré le change-complet magique et apporté un pistolet[1] à Duncan afin qu'il se soulage. Le lendemain matin, le blessé avait été sorti de sa coquille car il remuait comme une anguille, y compris les jambes. On l'avait installé dans un lit normal et lorsque ses parents étaient arrivés, ils l'avaient trouvé assis à table près de la fenêtre, dégustant son repas.

John O'donnell avait alors réclamé Orville Bonham à corps et à cris, et Miss Monroe était allée le chercher dès son retour de ses visites et consultations. Bonham avait expliqué que la potion avait été fabriquée par un certain Severus Rogue, qui faisait un Travail d'Intérêt Magique pour l'hôpital. Duncan avait bien entendu reconnu le nom de son professeur. O'donnell et son épouse avaient donc souhaité rencontrer ce sorcier afin de le féliciter et surtout de le remercier. Helbert Spleen, présent à cette petite fête impromptue avait soupiré et tout expliqué.

— Malheureusement, ça ne sera pas possible. En fin de matinée, Harry Potter, le compagnon du Professeur Rogue, qui faisait le ménage dans le couloir du 3ème étage a été attaqué. Il a reçu un Doloris et un Avada Kedavra.

— Harry Potter est mort ? s'était exclamé Lisa O'donnell, la main sur la bouche.

— Non. Il semblerait que Monsieur Potter résiste bel et bien au sortilège de mort. Il s'est réveillé aux Urgences et comme il n'était plus en état de faire son travail et d'ailleurs ne souhaitait plus rester, il a été expédié à Azkaban avec le Professeur Rogue qui bien entendu a refusé de le quitter.

Spleen n'avait pas parlé de résurrection ou donné l'identité de l'assaillant. Il avait été vague, disant la vérité mais sans trop en dire…

— Ce type a sauvé mon fils et il a été expédié à Azkaban parce qu'il refuse d'abandonner son compagnon qui a été agressé et laissé pour mort ?

— Professeur Spleen, avait demandé Mrs O'donnell, la Gazette disait dans son article que Potter et Rogue vivaient dans la rue, sans or, qu'ils n'avaient plus de maison, plus rien et devaient mendier pour manger. C'est vrai ?

— Oui. C'est vrai. Et je n'ai pas le droit de leur donner à manger gratuitement. Ils doivent payer leurs repas durant leur séjour ici. Or comme ils n'ont pas une noise, il leur est impossible de manger. Ce midi lorsqu'ils ont été emmenés par les Aurors, ils avaient le ventre creux depuis vingt-quatre heures.

— Et c'est légal ?

— Oui. Je pense même que la Loi a été durcie rien que pour eux. Le Ministère s'acharne sur eux et veut faire un exemple, quitte à les faire mourir de faim dans la rue ou de froid à Azkaban.

— Et moi qui ai suggéré à mon ami Ed Owens de parler à la Guérisseuse Strout de ce Maître des Potions pour son fils qui a été attaqué sur le Chemin de Traverse…

— Je comprends bien et j'en suis navré. C'est vrai qu'il aurait certainement pu l'aider. C'est le meilleur que j'ai vu depuis très longtemps. Malheureusement, il n'a plus le droit de travailler dans le Monde Magique et ses patentes de potions ont été annulées. C'est absolument dramatique d'avoir privé volontairement notre monde d'un tel sorcier.


Dans l'Allée des Embrumes, Ed Owens, qui avait enterré sa mère le matin même, avait tenu à se présenter au travail dès l'après-midi, ne pouvant plus supporter de rester à la maison ou à Sainte-Mangouste où son fils était inconscient. Toujours vêtu de sa robe de deuil, il avait fait irruption dans le bureau du Boss où celui-ci travaillait avec Cicéron.

— Ed ! Tu devrais être à la maison. Je ne pensais pas que tu viendrais cet après-midi, sinon je te l'aurais dit ce matin aux obsèques. Comment va Lottie ? Et Andrew ?

— Physiquement, Lottie va bien, comme vous l'avez vu ce matin, mais moralement elle est très choquée. Elle a peur de sortir de l'appartement, à part pour aller à Sainte-Mangouste par la cheminette. Je l'ai laissée après le repas, elle allait faire une sieste et ensuite elle prévoyait d'aller au chevet d'Andy qui est toujours inconscient. Fiorella est retournée à Poudlard par la cheminette. Madame Chourave nous avait donné le mot de passe de la cheminée de son bureau. Elle ne voulait pas la savoir seule ou avec des inconnus dans le Poudlard Express.

— Oui, très bonne décision. Madame Chourave a toujours été une excellente Directrice de Maison, même à ses débuts. Donc Andrew ne s'est toujours pas réveillé ?

— Non, Boss. La Guérisseuse Strout avait bon espoir à cause du Maître des Potions dont John O'donnell m'a parlé hier soir, mais je viens d'apprendre qu'il est à Azkaban.

— Raconte-moi cette histoire. Qui est ce sorcier ?

Et Ed Owens raconta donc à son Boss toute l'affaire de Severus et Harry. Il expliqua la potion qui avait sauvé les jambes et la colonne vertébrale de Duncan. Potion inconnue dont lui seul avait la recette, visiblement. Et alors qu'il allait lui demander de faire quelque chose pour soigner son fils, voilà qu'on attaquait Harry Potter dans le but de le tuer et qu'on expédiait à Azkaban les deux déviants ne voulant plus rester à Sainte-Mangouste car cibles vivantes pour tous les haineux et homophobes du Monde Magique.

Le Boss accusa le coup, mais on vit ses yeux durcir et sa mâchoire se serrer.

— Et tu dis que le meurtrier a été libéré aussitôt sans une tape sur les doigts ?

— Oui, Boss. Ambrosius qui espionne au Ministère en se faisant passer pour un sorcier d'entretien, m'a tout raconté. Fudge persécute Potter et Rogue sous prétexte de leur déviance. Il braillait « pas de sodomites dans notre monde ! » il paraît. On entendait dans le couloir, qu'Ambrosius disait, alors que la porte capitonnée était fermée. Ça, plus le Comité de Bienséance qui attaque les gens sans raison et tue des sorcières âgées et sans défense, c'est pas possible, Boss !

— Non. En effet. Et ça va changer. Crois-moi que ça va changer. Vous allez commencer par faire le ménage. Je veux un contrat sur la tête de ce Weasley.

— Lequel, Boss ? L'assassin ?

— Oui. Lui. Il est à Azkaban mais ce n'est pas un problème, nous avons du monde là-bas.

— A propos de Weasley. J'ai appris par Ambrosius également qu'Arthur Weasley avait perdu sa place au Ministère, parce qu'il a divorcé de Molly Prewett. Selon Miss Jones du Service des Affaires Familiales, la mère aurait encouragé ses enfants à mal se comporter et à attaquer les déviants ou tous les contrevenants à la Bienséance. Est-ce qu'on met le contrat sur les autres Weasley aussi ? Ils sont un risque !

— Non. J'ai connu Arthur Weasley autrefois quand il était adolescent. C'était un brave garçon, très gentil et loyal. Fidèle en amitié aussi. Vous ne touchez pas à Arthur et pas non plus aux autres enfants s'ils ne causent aucun souci.

— A priori, Boss… Ils sont corrects. Les aînés bossent tous et à des postes intéressants. Ils ne font pas d'histoires, sont honnêtes… de parfaits petits moutons pour le Ministère. Les jumeaux seraient plus retors. Ils tiennent un magasin de farces et attrapes. Selon Ding, ils seraient des amis proches d'Harry Potter.

— Je te laisse organiser ça avec Ambrosius et Cicéron, Ed. Après tout, c'est ta vengeance.

— Merci, Boss. J'y vais. Lottie vous remercie aussi pour les fleurs à l'hôpital et moi pour la gerbe de Maman, ce matin.

— Ne me remercie pas, Ed. C'est normal. Nous sommes une grande famille ici, dans l'Allée. Cicéron ? Tu demanderas à Marcus Shield s'il ne peut pas s'organiser avec Maître Prince pour qu'il fasse une potion pour Andrew à Sainte-Mangouste.

— Je lui demanderai ce soir, Boss. Je dois aller voir s'il a reçu des nouveautés.

— Parfait. Vous pouvez disposer.

Les deux lieutenants sortirent du bureau et fermèrent la porte derrière eux. Une fois seul, le Boss ouvrit un tiroir habituellement fermé à clé. Il en sortit un cadre qui contenait une photo magique. Sur la photo, on y voyait deux adolescents sourire et lui faire signe, tout en tenant chacun un balai dans sa main. L'un était brun, mince et de taille moyenne, l'autre roux avec des lunettes dorées et plus grand. Les garçons riaient et chahutaient, puis la scène se remettait à zéro et recommençait en boucle. Le Boss fixa le garçon brun et une larme coula sur son visage ridé, jusqu'à se perdre dans sa courte barbe grise.

— Kyle… murmura-t-il.


Ce furent deux Elfes-De-Maison remontés comme des pendules moldues qui quittèrent les Urgences de Sainte-Mangouste, à midi ce jour-là. Ils avaient tout vu, tout écouté et avaient donc décidé que non, il n'était pas question de laisser quiconque faire encore du mal à Harry Potter et Severus Rogue. Winky était terrifiée de perdre son futur Maître qu'elle appréciait particulièrement et qui était si gentil avec elle. Par Merlin, il lui disait « s'il te plaît et merci » à chaque ordre donné et effectué, et il ne la battait pas ! Elle pouvait dormir dans la cuisine sur un gros coussin moelleux et avait le droit de se laver et de manger autant qu'elle le voulait. C'était le Paradis pour un Elfe, une maison comme ça ! C'était Dobby qui avait pris la décision d'agir. Il n'avait pas mis longtemps à convaincre Winky de l'aider, pour le bien de leurs maîtres.

Même si Dobby était un Elfe libre, il considérait Harry et Severus comme ses maîtres. Il était payé pour les servir, donc ils étaient ses maîtres. Affaire classée. De plus, Dobby adorait son Harry Potter et ceux qui avaient fait du mal à Harry allaient le payer très cher. L'Elfe était terriblement retors et sournois et il ne manquait jamais d'idées saugrenues, on s'en souvient. Il fut décidé depuis la cuisine de l'Impasse du Tisseur que Dolorès Ombrage serait la première à payer. Après tout, elle avait fait arrêter Harry et Severus… Et Ron Weasley aussi allait payer sa trahison ! Et ce Daryl Mulciber ! Et Rufus Fudge ! Ils allaient tous payer leurs crimes. Et les payer très cher.

Invisible, Dobby popa dans Sainte-Mangouste et se promena dans les couloirs. Il ne mit pas longtemps à trouver la chambre de l'ancienne Inquisitrice de Poudlard. En entrant dans la pièce où la sorcière hagarde gisait, shootée par des potions calmantes, il remarqua un Voltiflor en pot posé sur sa table de chevet. Un rictus invisible apparut sur le visage gris de l'Elfe. D'un claquement de doigts il fit disparaître la fleur. Il allait la remplacer dans quelques minutes… et celle-là ne serait pas perdue.

Dobby popa ensuite dans la serre n°3 de Poudlard où un cours était donné à des secondes années. Toujours invisible, il vola un plant de Filet-Du-Diable et le remplaça par le Voltiflor. Madame Chourave penserait très certainement à une erreur d'un élève car les deux plantes se ressemblaient un peu visuellement. Dobby repopa dans la chambre de Dolorès Ombrage. Personne n'était dans les parages visiblement. Il rempota la plante volée et dangereuse dans le pot portant une étiquette Voltiflor. Un petit sortilège d'arrosage et d'engrais plus tard et Dobby était prêt à retrouver Winky. Il regarda un instant sa future victime avec un large sourire. Elle ronflait, vêtue d'une chemise de nuit en pilou rose vif et d'une liseuse tricotée assortie, fermée par une épingle ornée d'un chat en argent.

Dès que Dobby quitta les lieux, la plante s'étira et ses tentacules grandirent…

Dans deux heures, le Guérisseur Prozac viendrait voir comment elle se portait, il la trouverait étranglée accidentellement par une plante livrée par erreur. Quel drame ! Ou pas…

Dobby : 1
Ministère : 0

La seconde victime prévue par les Elfes était Rufus Fudge. Cet incompétent notoire était réputé pour faire n'importe quoi au travail – surtout ne pas travailler –, pour aimer parier, faire des blagues douteuses et accuser les autres de ses méfaits… En bref, au Service des Usages Abusifs de la Magie, il rendait fou le personnel. Mafalda Hopkrik faisait des bonds dès qu'elle entendait prononcer son nom et dès qu'il était signalé dans le Londres moldu, la totalité de ce bureau s'attendait au pire.

Pourquoi donc avait-il eu l'idée de s'attaquer à Harry Potter ? Et avec deux impardonnables en plus ! Pour le commun des sorciers, une seule de ces actions valait un aller simple à Azkaban avec la clé de la cellule jetée ! En bref… A vie. Et lui, à peine arrivé au Département de la Justice Magique, on lui retirait ses menottes et on le renvoyait dans son bureau sans un seul reproche.

Par la barbe de Merlin ! Mais il se passait quoi dans ce monde de fous ?

Winky avait assuré à Dobby qu'elle allait préparer une petite surprise pour Rufus Fudge. Après lui avoir dit ça, elle s'était enfermée dans le labo de potions de Severus et avait fouiné parmi ses carnets de notes et vieux grimoires. La rusée petite Elfe n'avait pas mis longtemps à revenir avec une fiole mystérieuse contenant un liquide visqueux très suspect.

— Tiens, Dobby. Pour Rufus Fudge ! Dobby doit verser cinq gouttes dans le thé ou le café du méchant sorcier.

Dobby regarda à travers la fiole en la mettant à contrejour.

— La potion fait quoi, Winky ?

— La potion va tuer le méchant sorcier qui a fait du mal au Harry Potter de Dobby et du maître de Winky !

— Dobby peut utiliser le reste pour un autre méchant sorcier qui a fait du mal au Harry Potter du maître de Winky ?

— OUI ! Dobby doit venger Harry Potter et aussi le grand et généreux Severus Rogue, maître de Winky !

Après être devenu un voleur de renommée locale… hem hem… Dobby s'apprêtait à monter en grade dans l'échelle du banditisme elfique. Il allait passer « tueur de sang-froid » …

Il était très facile pour un Elfe-De-Maison d'entrer et sortir du Ministère de la Magie. Il n'y avait presque plus de mesures de sécurité depuis que Cornélius avait pris le pouvoir et cela avait arrangé bien des sorciers ayant des choses à dissimuler. En bref, le Ministère était un moulin moldu. On y en entrait et on en sortait comme on le voulait. Avec un peu de chance, ça serait la même chose à Azkaban… du moins dans les étages inférieurs. Dobby voulait aller voir comment son cher Harry Potter se portait, car il avait quitté Sainte-Mangouste dans un sale état. Pour le moment, il venait de poper dans l'atrium et regardait les sorciers aller et venir. Invisible, il fallait que personne ne se heurte à lui. Il fallait aussi qu'aucun Elfe du Ministère ne se mette en tête de le suivre ou autre, donc il se devait d'être prudent.

L'Elfe effronté n'eut absolument aucun mal à entrer dans le Service des Usages Abusifs de la Magie où Rufus Fudge faisait semblant de travailler. Pour être honnête, si jamais on interrogeait sa supérieure, elle vous répondrait qu'il était leur principal client… Personne ne comprenait ce qu'il faisait encore là. Cet incapable aurait dû être renvoyé depuis des années, mais voilà… il était le neveu du ministre et visiblement, ça comptait.

Le service en question était une sorte d'open space à l'ancienne. Il y avait des petits boxes en bois, vitrés, avec des piles de parchemins, de formulaires, des plumes et des encriers, ainsi qu'un tableau de contrôle très bizarre avec une carte du Royaume-Uni en parchemin épinglée sur un support. Lorsqu'un usage abusif était décelé, comme un sorcier mineur utilisant la magie hors de Poudlard, un voyant magique s'allumait sur la carte. Il suffisait au contrôleur de poser sa baguette sur ladite carte pour avoir le nom et l'adresse du responsable ainsi que la nature du « crime ». Ensuite, il fallait juste poser sa baguette sur un parchemin prérempli et le contrevenant recevait sa lettre de menace dans les secondes suivantes. Lorsque Rufus Fudge quittait le service, aussitôt le voyant correspondant clignotait avec son nom, le lieu où il était (en général le Ministère) et ce qu'il mijotait de suspect. Mafalda Hopkrik qui contrôlait tout le sud du pays s'arrachait les cheveux.

Elle n'en avait pas cru ses yeux avant midi quand elle avait vu deux impardonnables s'afficher avec le nom du crétin et l'adresse de l'hôpital. Persuadée qu'il lui faisait une sale blague, elle n'avait pas rédigé le parchemin. Et lorsqu'elle avait appris par Maugrey Fol Œil, furieux, ce que Rufus Fudge avait tenté de faire – tuer Harry Potter – elle en avait été très choquée. Elle l'avait été encore plus lorsque le débile était revenu quelques minutes plus tard et avait repris sa place dans son box pour jouer aux fléchettes sur une cible collée par-dessus la carte qu'il était censé surveiller. Mais qui arrêterait ce demeuré consanguin ? QUI ?

Les pieds sur son bureau, étalé dans son siège, Rufus sirotait un café qu'un Elfe venait de lui apporter. Au lieu de remercier le petit être servile, Fudge junior lui avait, en ricanant, envoyé un Maléfice Cuisant. Dobby, qui venait d'arriver, avait entendu le gémissement de douleur de son congénère, un jeune Elfe à peine sorti de l'enfance et qui quitta le Service en essuyant ses larmes.

Le regard de Dobby se fit glacial. Silencieusement, il approcha du bureau et fit tomber la cible sur le sol. Fudge pesta et se baissa pour la ramasser. Rapide comme l'éclair, Dobby versa quelques gouttes de potion sur le rebord de la tasse… là où la marque indiquait la place des lèvres du mécréant. Pas besoin de boire tout le café… il lui suffirait de porter la tasse à ses lèvres…

Dobby s'éloigna de quelques mètres et regarda Rufus mettre un sort de glue provisoire sur sa cible, la raccrocher au mur et reculer pour lui lancer une fléchette. Puis, il avança de nouveau sa chaise, se saisit de sa tasse, la porta à ses lèvres et en avala une large gorgée. Dix secondes plus tard, le gredin se figea, son regard se voila, et sans un mot, sans un cri, il s'abattit sur le bureau qui ne lui avait jamais servi à travailler. Personne ne se préoccupa de lui avant l'heure de la sortie. Ils étaient bien trop habitués à ses délires. Pour cette heure, les traces de potion possiblement présentes sur la tasse ou dans le café auraient disparu. Et Dobby serait très loin…

Dobby : 2

Ministère : 0

Bouillant d'envie de voir son Harry Potter, Dobby décida d'oublier momentanément Mulciber et de se concentrer sur la prison d'Azkaban. Il fallait qu'il apprenne dans quelle cellule exactement on l'avait mis. La forteresse était très vaste, fouiller les cellules une par une prendrait des heures voire des jours. Non, Dobby devait savoir tout de suite.

Il n'eut aucun mal à poper dans le hall d'accueil. Personne ne pensait jamais aux Elfes, d'ailleurs il y en avait dans la prison car il fallait bien faire la cuisine pour prisonniers et gardiens et un peu de ménage dans les pièces réservées au personnel. Un gardien assis derrière un bureau lisait la Gazette du Sorcier, son registre d'écrous abandonné près de lui à la dernière page ouverte. C'était une parfaite aubaine ! L'Elfe n'eut aucun mal à lire que Severus Rogue et Harry Potter – derniers arrivants – avaient été conduits au second étage dans la cellule n°4.

Dobby quitta la pièce et monta l'escalier de pierre. Il fut rapidement arrêté dans sa course par une grille fermant un palier à mi-hauteur entre deux étages. Ce n'était pas un problème pour lui : il suffisait de poper de l'autre côté. L'Elfe ignorait que seuls les Elfes liés à la prison ou ceux libres pouvaient accéder partout dans l'édifice. Les prisonniers ne pouvaient pas recevoir d'aide, de colis ou de visites de leurs Elfes-De-Maison personnels ou liés à leurs familles. C'était bien entendu pour empêcher les évasions. A quoi ça pourrait bien servir d'emprisonner un criminel ou un Mangemort si dix minutes après son enfermement, il pouvait s'échapper en simplement appelant son Elfe pour lui demander de le poper ailleurs ? Les barrières magiques de la prison avaient donc été conçues pour prendre en compte cette possibilité. Dobby et Winky, n'étant pas liés à un sorcier, pouvaient aller et venir comme ils le voulaient.

Le second étage d'Azkaban était semblable aux autres niveaux. On trouvait un long couloir qui comportait des cellules de chaque côté et quelques pièces pour le personnel : un bureau, une salle de change/photographie, un vestiaire où les biens saisis étaient entreposés dans des boites aux noms des prévenus et condamnés ainsi qu'une salle de repos/réfectoire pour les gardiens. Dans les niveaux inférieurs, il y avait deux gardiens affectés par couloir. Une grande partie de la prison était vide, car il n'y avait plus de Mangemorts et ces couloirs-là étaient tout simplement vides et fermés, en attendant des « jours meilleurs ». D'ailleurs, une pancarte de bois marquée « Désaffecté » était accrochée à chaque grille d'accès d'un couloir dans cette situation. Les deux gardiens du couloir ouvert du second étage étaient Marcus Flint et son supérieur Evariste Ogg comme l'indiquaient les noms sur la porte du bureau. En accédant au lieu, Dobby remarqua qu'il n'y avait ce jour qu'un seul gardien. En le voyant, il plissa les yeux, il connaissait ce sorcier. Il l'avait vu à Poudlard dans les cachots. C'était un Serpentard. Bien… au moins il ne ferait pas de mal à Maître Severus.

Dobby examina chaque cellule en remontant depuis la n°6. Seule la n°3 était vide. Les autres contenaient un seul sorcier, mais la n°4 abritait Harry Potter et son Severus. En voyant qui occupait la n°1, l'Elfe ressentit une bouffée de haine. Ce Weasley-là était méchant, mauvais comme un Mangemort ou la Dragoncelle ! Quoique… la Dragoncelle n'était pas si vilaine, après tout, elle avait emporté dans les brumes de la mort le méchant Abraxas Malefoy.

Dobby laissa de côté le problème de Ron provisoirement. Il popa de l'autre côté des grilles et regarda. Sur le sol dallé, on avait allongé côte à côte deux paillasses grossières. C'étaient des enveloppes de coutil rayé, tachées et usées, contenant de la paille qui s'échappait par des trous. Allongé sur ces paillasses, Severus Rogue tenait contre lui Harry Potter. Les deux sorciers étaient recouverts des deux vieilles couvertures réglementaires. Dobby vit qu'Harry pleurait et que Severus lui caressait les cheveux dans le but de l'apaiser.

Deux assiettes vides avec leurs cuillères attendaient près de la grille. On leur avait donné à manger à midi. Bien. Dobby hésita un instant. Devait-il les interrompre ? Non. Autant qu'ils ignorent sa venue pour le moment. Il popa dans le couloir et regarda dans la cellule d'en face, la n°2. Il reconnut le voleur Mondingus que Kreattur haïssait, car il venait de se retourner vers la grille, depuis la paillasse où il faisait la sieste. L'Elfe s'approcha de la grille de la cellule n°1. Ron Weasley faisait les cent pas en pestant et rageant silencieusement. Visiblement, on lui avait jeté un sort pour l'empêcher de hurler, crier ou parler. Dobby vit la cruche d'eau posée près de la grille. Elle était à demi-pleine. Ça suffirait bien pour ce qu'il avait à faire.

Ce misérable traître allait payer pour le mal fait à Harry Potter et Severus Rogue ! Depuis des années, il était méchant et jaloux et traitait aussi très mal Miss Hermione. Sans une once de remord, Dobby versa cinq gouttes de potion dans la cruche de Ron Weasley, puis il retourna quelques minutes dans la cellule n°4 pour constater qu'Harry s'était endormi dans les bras de Severus et que celui-ci, les yeux clos, caressait toujours la touffe de cheveux en pétard de son Gryffondor.

Rassuré pour le moment, Dobby popa vers l'Impasse du Tisseur pour retrouver Winky. Demain il poursuivrait sa mission.

Dobby : 3

Ministère : 0


1. Bouteille spécialement conçue pour permettre aux hommes alités d'uriner sans avoir à se lever