Elfe Bêta : Mokonalex
Note de l'auteur : Il me reste encore un chapitre entier après celui-ci en réserve. Après... je vais devoir œuvrer...
Bonne lecture tout de même, et n'assassinez pas l'auteur pour son cliffie...
Severus et Harry furent rapidement mis au courant de ce qui se passait depuis peu dans le monde magique. Les jumeaux Weasley expédièrent à Harry les articles de la Gazette qui en parlaient et ils lui firent le compte-rendu de ce qu'ils avaient vécu au Charm'heure dans les moindres détails. Curieusement, ils lui dirent qu'ils avaient rencontré beaucoup de gens connus là-bas, mais n'en nommèrent aucun, ce qui ne leur ressemblait pas beaucoup. Harry lisait à haute voix sa lettre à Severus qui touillait sa potion en écoutant distraitement. Lorsque Fred et George mentionnèrent qu'il y avait un homme visiblement efféminé parmi les filles et qu'il avait été un des premiers à monter et avec un joueur de Quidditch qu'Harry connaissait très bien, ils se regardèrent un instant sans parler.
Puis Harry soupira…
— Celui-là va foutre sa carrière en l'air, je peux te le dire. Le public ne va pas laisser passer ça.
— Je ne pense pas, Harry. Si les jumeaux ne t'ont pas donné son nom, c'est qu'ils sont dans l'incapacité de le faire. Je pense que la personne qui dirige cet étonnant établissement sait très bien ce qu'elle fait. Elle a dû mettre un sort sur la porte. Ceux qui entrent ne peuvent parler de ce qu'il s'y passe. Et quand je dis ça, je pense seulement aux identités des personnes qu'ils rencontrent. Ils racontent tout dans cette lettre, mais ne nomment personne. Et tu noteras que c'est inhabituel de leur part.
— C'est clair qu'ils sont tout sauf discrets, ces deux-là. Mais enfin, waouh ! Un bordel dans le Monde Magique, ça va drôlement les secouer, ces coincés du cul ! Comment ça avance ta potion ? demanda soudain Harry en penchant le nez vers le contenu du récipient en étain posé sur la paillasse carrelée.
— C'est prometteur. Pas d'explosion. Le mélange est stable. J'avance tout doucement.
Il va sans dire que Severus était toujours à tenter de créer la fameuse potion suggérée par Harry et qui donnerait à un sorcier un organe particulier uniquement trouvé habituellement chez les humains de sexe féminin.
— Va bosser, Harry. Tu as intérêt à réviser ton Histoire de la Magie, je vais te donner un QCM tout à l'heure.
— Ok, ok… j'y vais. Je suis juste venu pour te lire la lettre des jumeaux.
— Albus veut te voir demain après-midi. Il va te faire passer un examen blanc de Métamorphose. Et je te rappelle que ce n'est pas ta matière de prédilection.
— La tienne non plus !
— C'est vrai, mais moi j'ai eu mon ASPIC de Métamorphose… ce qui n'est pas encore ton cas ! ricana Severus en lui lançant un petit regard amusé.
Contrairement à James Potter, son fils détestait la Métamorphose. Et il n'était pas très doué… Non, Harry préférait les Sortilèges et Enchantements, comme Lily, mais ça, ce n'était pas la peine de le lui dire. Inutile de le torturer. Severus avait bien vu sa réaction lorsqu'il avait raconté banalement à un repas chez Rick et Walt que Lily et Harry partageaient le même dessert favori : la Tarte à la Mélasse. Les trois hommes avaient cru qu'il allait se mettre à pleurer, chose totalement inattendue.
Hermione avait bien entendu expédié à Harry un planning conséquent de révisions spécial ASPICs et la tête d'Harry à sa réception avait fait la journée de Severus. S'il devait le suivre, il n'aurait plus le temps de dormir, de manger ou même d'aller aux toilettes. C'était tout Hermione, ça ! Mais bon, quand fallait y aller, hein ! En soupirant comme si c'était la fin du monde, Harry se traîna jusqu'à la chambre et se laissa tomber sur le lit. Il attrapa son bouquin d'Histoire et entreprit de lire ce qu'il y avait à savoir sur la 213ème révolte des Gobelins.
Cinq minutes plus tard, il ronflait, le livre sur la poitrine.
La cheminette de la maison de Severus s'éclaira en vert et Harry sortit du foyer en s'époussetant pour chasser les quelques cendres qui l'avaient suivi. Le feu était maintenu au minimum avec deux petites bûches parce qu'il faisait sacrément chaud dehors et très bon dans la maison. Il fallait juste pouvoir recevoir des communications et se déplacer sans devoir rallumer un feu à chaque fois. Ça, c'était bon l'été… pour le moment, on n'était qu'au milieu du printemps.
Harry retira sa robe de sorcier et la jeta sur le dos d'un fauteuil. Son tee-shirt bleu ciel était bien suffisant. Par Merlin, qu'il avait eu chaud au Ministère ! Mais enfin, c'était fait ! FAIT ! Il avait enfin terminé de passer ses ASPICs. Il avait pensé un moment qu'il les aurait passés à Poudlard avec tous les autres, mais non. Il était un candidat libre et donc les avait passés au Ministère à l'Académie des Examens Magiques. La Professeure Griselda Marchebank avait été son examinatrice pour toutes les matières, ce que Severus avait jugé inhabituel voire anormal. Le jeune Gryffondor monta l'escalier quatre à quatre et ouvrit la porte du labo de potion au large.
— C'est fini, Sev ! J'ai enfin fini ! Je ne peux pas y croire, je suis débarrassé de ces fichus ASPICs !
— Sauf si tu les as ratés… s'amusa Severus en versant une louche de potion dans un flacon.
— Pfff ! Merci de m'encourager. Tu fais quoi ?
— Eh bien, je décante comme tu vois et je vais stocker ces potions. Donc, tu es prêt pour notre week-end chez Rick et Walt ?
— Et comment ! Au moins je vais cesser de stresser et de faire stresser ce pauvre Walt. Il a aussi des examens à passer. Arthur leur fait passer les exams des premières années. C'est pas tout à fait les mêmes que ceux que j'ai passés à l'époque.
— Non, en effet. Il y a moins de théorie et plus de pratique. En outre, cette pratique est ciblée sur les besoins quotidiens d'un sorcier adulte. Pour la Métamorphose par exemple, ça change beaucoup de choses.
— Tu parles ! A quoi ça sert de savoir transformer des pantoufles en lapins et des tabatières en souris ? Hein ! Tu peux me dire ? Métamorphoser une casserole en poêle à frire ou bien une chaise en table, je veux bien, c'est même logique, mais y a des trucs, franchement… Bon, Hedwige est rentrée où tu l'as encore envoyée jesaispasoù ?
— Hedwige et Midnight sont en livraison ensemble. J'avais beaucoup de potions à expédier à Shield et donc ils y sont allés tous les deux.
— Il s'en sort bien ton p'tit bébé ?
— Il se débrouille. Hedwige n'est jamais très loin quand il part en livraison. J'ai remarqué qu'elle le suivait à distance, au cas où, s'amusa Severus en secouant la tête.
— Ah, zut ! Je pensais te l'emprunter pour envoyer une lettre à Hermione. Tant pis, ce sera pour plus tard. Au fait, on aura quand les résultats des exams ?
— Toi, dans quinze jours au mieux. Et les élèves de Poudlard dans le courant de l'été.
— Cool ! J'ai un traitement spécial ! fit Harry, totalement ravi de ne pas avoir à attendre aussi longtemps.
— Ce n'est pas pour tes beaux yeux de Sauveur banni, chaton. Tu n'as eu que Madame Marchebank non ? C'était encore elle aujourd'hui ?
— Ouais. Elle m'a fait absolument tout passer. Je me demande bien pourquoi…
— Elle est certainement la seule à avoir accepté de faire passer ses épreuves d'ASPICs à un déviant de la pire espèce… Tu leur fais peur !
— GRRRRRR ! JE SUIS UN MONSTRE TERRIBLEUUUUUH ! ricana Harry, les doigts en forme de serres et la bouche grande ouverte.
— Va prendre une douche délassante au lieu de jouer au T-Rex, et n'oublie pas de faire ton sac. Le mien est déjà fait.
— Bonne idée, répondit Harry en retirant son tee-shirt et en déboutonnant son jean pour le retirer.
Il enleva ses chaussures et fit totalement glisser son jean et son boxer sur ses cuisses nues.
— Je peux savoir ce que tu fais, là ? demanda le potionniste en glissant deux flacons dans sa poche et en rangeant les autres dans un placard.
— Je vais à la douche. Je me disais d'ailleurs que je ne serais pas contre un peu de compagnie… après tout, la cabine de douche est immense, et je m'y sens un peu perdu, tout seul, dedans…
En tortillant exagérément du popotin, Harry se dirigea vers la porte de la salle de bain, l'ouvrit, entra et la referma derrière lui, avec un petit rictus amusé. Il se dirigea vers le robinet, l'ouvrit à « tiède » et se glissa dessous, la tête en arrière et les yeux clos. Il donnait dix secondes à son amant pour venir le rejoindre…
Deux bras fins et des mains caressantes l'entourèrent alors qu'un corps chaud se plaquait contre son dos. Une voix sensuelle murmura à son oreille.
— Je me suis laissé dire que vous désiriez un peu de compagnie en ce lieu, Monsieur Potter.
— Vous avez tout à fait raison, Professeur Rogue. Vous avez oublié de retirer votre baguette et votre holster.
— Ce n'est pas ma baguette, Monsieur Potter…
— Ooooh ! Je suis ravi de constater que vous êtes bien… raide de me voir.
La voix sexy éclata de rire. Severus le retourna et l'embrassa sur les lèvres.
— On a juste le temps d'une douche et d'un petit coup vite fait. On verra cette nuit pour le grand jeu.
— Ce soir, on fête la fin de mes exams. J'ai besoin de ce break, je suis fatigué. Mentalement fatigué. Pas grave si je ne les ai pas tous. L'année a été assez difficile comme ça pour tous les deux.
Une main légère glissa sur la hanche d'Harry et vint se placer devant, attrapant une virilité bien réveillée.
— C'est l'heure de la détente, chaton. Après l'effort, le réconfort…
Comme chaque week-end, Severus et Harry transplanèrent dans la rue déserte non loin du Flamant Rose. En semaine, il y avait un peu de circulation autour des entrepôts mais le week-end il n'y avait pas un chat. Le duo marcha sur le trottoir d'un pas vif. Le ciel était bleu et il faisait très bon. L'enseigne en forme de flamant rose était allumée et les deux pots de fleurs de Walt montaient la garde de chaque côté de la porte. Pressé, Harry courut et poussa la porte vitrée. La fraîcheur dans le bar le surprit un peu, comme à chaque fois.
Ce qui était bien au Flamant Rose, c'est que si ça caillait un max l'hiver dehors, eh bien à l'intérieur, les radiateurs rendaient la température agréable pour la clientèle. Et quand il faisait trop chaud dehors, Rick mettait la climatisation en route. On ne pouvait pas demander aux clients de rester des heures à un endroit où ils auraient trop chaud ou trop froid.
— Hey, Harry ! Sev'rus ! Comment ça va, les mecs ? s'exclama Rick avec un grand sourire.
Il quitta son bar et fit une rapide accolade à chacun d'eux et la bise sur le front d'Harry. C'était un jeu entre eux.
Un client qui n'était pas venu depuis longtemps et qui ne connaissait pas Harry s'étonna. Le type était installé devant le bar sur un tabouret haut. Il reposa sa pinte de bière et lança à Rick :
— Ben dis-donc, y a du changement ici ! T'es plus avec Walt ?
— Dis pas de conneries, Dylan. Harry est mon cousin. Il est en couple avec Sev', répondit Rick en donnant un coup de menton en direction du potionniste. Et Sev' est le cousin de Walt.
Rick n'avait pas fini de dire ça que Walt déboulait dans le bar à petits pas pressés en se tortillant un peu. Il venait de lancer une de ses fameuses bandes-son pour égayer la salle où les danseurs n'allaient pas tarder à se trémousser.
— Ouiiiiiii ! Vous êtes là ! Sev'rus, je suis content que tu sois arrivé, faut que tu me dises. J'ai une question, pour une….
Walt mima des lèvres le mot « potion » et Sev' hocha la tête.
— Montez les gars. Walt me tanne avec ça depuis qu'il est rentré. Il est persuadé qu'il n'a pas bien répondu à certaines questions de son contrôle…
— Allez, viens, on va voir ça. Tu as noté les questions et tes réponses ?
— Oui, mais Horace, il explique pas comme toi. Je suis un peu perdu. J'ai suivi tes indications, mais lui il ne fait pas pareil. Et si jamais il n'accepte pas mes réponses, hein ? Comment je vais faire ? Je vais avoir un Piètre ou… ou même un Troll ! Hiiiiiii ! Je m'en remettrai pas si j'ai un Troll !
— Ne crie pas avant d'avoir mal ! pesta Severus. Horace sait que tu es mon cousin et que tu suivras mes méthodes. Elles ont fait leurs preuves.
Le trio monta l'escalier derrière la porte marquée « Privé », laissant Rick se débrouiller avec la clientèle encore peu nombreuse à cette heure. Harry et Severus s'installèrent aussitôt dans le canapé du salon tandis que Walt fouillait dans sa sacoche de cours pour en retirer plume auto-encreuse et parchemins.
— C'est toujours Slughorn qui te donne les cours de potions, Walt ? C'est pas Monsieur Weasley ?
— C'est toujours lui, Harry. Le Professeur Weasley fait le reste. Je crois qu'il n'aime pas trop les potions ou qu'il n'est pas assez bon dans cette matière. Pour le reste, il est bien. Sauf l'Etude des Moldus, on dirait. Certains anciens Cracmols ont comparé ce qu'il racontait dans leurs cours avec nous autres qui venons du Monde Moldu, ben… c'est un peu vieux, ses infos, quoi. Les trucs modernes ou derniers cris, il connait pas du tout.
— Ah ça, je te l'avais bien dit que les sorciers étaient en retard par rapport au Monde Moldu. Au fait, comment tu fais pour les cours d'Astronomie ?
— On n'en a pas. Les profs et le directeur ont décidé qu'on n'en avait pas besoin au quotidien. On doit juste apprendre la Magie et pour ceux qui n'ont jamais quitté le Monde Magique, ils doivent apprendre le Monde Moldu. Nous on est dispensés. Mais j'aurais bien aimé en apprendre plus sur le Monde Magique. J'étais jeune quand je l'ai quitté et on ne sortait pas beaucoup du Manoir. D'ailleurs, Sev', est-ce que tu sais ce qu'est devenu le Manoir de mes parents ?
— Rodolphus en avait hérité en tant qu'aîné, je crois. Mais comme il était à Azkaban, il n'en a pas profité du tout. Rabastan ayant été exécuté le même jour que lui, tu aurais dû en hériter si tu avais été un sorcier à l'époque.
— Severus, demanda alors Harry, Walt est un sorcier maintenant. Il peut pas réclamer son héritage ? Je suppose que c'est le Trésor Magique qui a tout piqué, comme pour les biens de ton grand-père. Ils sont pas tenus de tout lui rendre maintenant qu'il est un sorcier ?
Le Maître des Potions se figea et fixa un point sur le papier peint loin devant lui. Il n'avait pas pris le temps de songer à ce cas de figure. Mais oui, Walt étant un sorcier, il pouvait hériter : il était le dernier des Lestrange.
— Je crois qu'il faudra que tu poses cette question à Albus, Walt, répondit-il. La question est pertinente et mérite d'être étudiée. Il est fort possible qu'ils soient dans l'obligation de te rendre l'or des coffres et le Manoir qui va avec, et tout son contenu comme le mobilier et les Elfes-de-Maison.
— Je lui demanderai lundi, affirma Walt en hochant la tête avec sérieux.
Severus passa rapidement en revue les questions du test et les réponses données par Walt. Ce n'était pas mauvais étant donné le peu de cours qu'il avait eus. Severus estima que le devoir, s'il était identique à cette copie, valait bien un Effort Exceptionnel. Walt fut délirant de joie pendant deux énormes minutes et trépigna d'excitation. Harry pouffa de rire et Severus donna une petite tape derrière le crâne de son cousin.
— N'en fais pas trop, Walt, ça sera plus difficile cet été. Je suppose qu'Arthur va continuer de vous donner des cours pour que vous rattrapiez le plus rapidement possible, non ?
— Il paraît. Le Professeur Dumbledore cherche un professeur de potions aussi, parce que Horace veut pas faire cours l'été.
Severus ricana d'une façon désobligeante pour son remplaçant/prédécesseur.
— Moins il en fait, mieux il se porte. Il a toujours été comme ça.
— Les gars ? Un thé glacé, ça vous dit ? proposa Harry en se levant pour aller vers la cuisine.
— Ouais, répondit Walt, mais fais-le au citron, j'aime bien le thé glacé au citron.
— Tu vas te faire bien voir de Dumbledore, Walt, s'amusa Harry. C'est son thé glacé favori !
Pendant qu'Harry œuvrait dans la cuisine, et façon moldue pour passer le temps, Severus plongea son regard d'onyx dans les yeux identiques de son cousin.
— Walt… Tu veux toujours avoir un bébé ?
— Ouais… pourquoi ?
— Et… si je te donnais le moyen d'en avoir un ? Je veux dire, d'en avoir un toi-même, avec Rick.
— Tu connais une mère porteuse ? demanda Walt en fronçant les sourcils. Rick, il veut pas de mère porteuse, il me l'a dit.
— Non, Walt. Je te propose d'être enceint. J'ai créé une potion qui permet à un homme d'avoir un utérus. Cet organe que tu n'as pas poussera en toi et une fois qu'il sera complet, il sera possible de combiner deux spermatozoïdes avec un sortilège et une potion et de t'implanter l'embryon. Un bébé-éprouvette magique quoi !
Harry, qui écoutait distraitement en regardant par la fenêtre de la cuisine, sursauta et se précipita vers le salon.
— Tu as terminé la potion, Sev ? C'est génial ! Pourquoi tu me l'as pas dit ?
— Parce que je n'ai que Walt pour la tester et que je ne sais pas s'il va accepter ou si Rick va accepter que Walt prenne la potion ! Il va y avoir tout un protocole à suivre, donc il faut qu'ils soient sûrs d'eux.
— Si Rick dit oui, alors je prendrai ta potion. Mais attends ! Ok, elle va me donner un utérus comme une meuf, mais après ? Le bébé, par où il sort ? La potion, elle va pas me priver de mon outillage de mec, hein ? Je veux pas une foufoune à la place, moi ! Rick, il m'approchera plus jamais si je garde pas mon équipement.
— Pas de panique. La potion ne modifie rien à l'extérieur. Et donc forcément, tu n'auras pas l'organe naturel pour faire sortir le bébé. Il te faudra avoir une césarienne à Sainte-Mangouste.
— Hé bé… tu vas t'amuser, Sev', pour trouver un Médicomage qui accepte de la faire, soupira Harry en allant prendre des verres hauts dans le buffet.
— Je crois que j'en connais un assez fou pour être intéressé. En plus, il est Obstétricomage… ça tombe bien.
— Ah ouais ? Je me demande qui c'est, fit Harry en fronçant le nez comme s'il avait une bouse de dragon dessous. Bon, j'ai pas été nettoyer avec Ernest dans ce coin-là. Apparemment, ce sont des sorcières qui font le ménage à la maternité. Enfin… une…
— Il s'agit du Guérisseur Julius Derwent, un ancien Serpentard. On était ensemble à Poudlard. Il a deux ans de moins que moi, si je me souviens bien. Il s'intéressait à des tas de trucs bizarres à l'époque. Enfin… ce que les sorciers trouvaient bizarre et délirant, comme les transfusions sanguines, les greffes d'organe, la fécondation in-vitro qui n'était d'ailleurs pas encore au point, etc. On savait tous qu'il voulait faire médicomagie, il l'avait dit à Horace Slughorn. On discutait potions parfois. Un mec sympa, un peu étrange mais sympa.
— Derwent ? Comme la meuf dans le portrait dans le bureau de Dumbledore ? demanda Harry. Et elle est aussi dans un portrait dans le bureau de Pomfresh.
— Dilys Derwent était une Médicomage du 18ème siècle qui a été Directrice de Poudlard. Il me semble que c'était son arrière-arrière-grand-mère, ou quelque chose d'approchant. Enfin bref, je suis quasiment certain que Julius va foncer et vouloir être de l'aventure.
— D'accord, fit Walt. Donc, tu as la potion pour me donner un utérus et accessoirement le Médicomage pour gérer l'affaire s'il accepte. Tu sais aussi comment tu vas combiner deux spermatozoïdes pour créer un bébé… Alors, ça ! Ça m'épate, parce qu'on m'a toujours appris qu'il fallait un ovule et donc une meuf.
— Normalement oui, mais tu es un sorcier, Walt. Et donc la magie va te donner ici un coup de main, affirma Severus en prenant un verre de thé glacé.
Harry en avait eu assez d'attendre et avait refroidi le thé et accéléré l'infusion des tranches de citron dans la carafe avec deux sorts.
— Sev' ! Tu oublies que Cousin Rick est un pur moldu ! Et si ça rate à cause de ça ? pesta le Sauveur banni.
— Et qu'est-ce qui te prouve que Rick est un pur moldu ? Après tout, c'est un Evans, la magie peut venir des Evans. Ta grand-mère Daisy, je ne connais pas son nom de jeune fille. Pétunia ne te l'a jamais dit ?
— Tante Pétunia ? Me dire quelque chose ? VOLONTAIREMENT ? Et en plus quelque chose sur ses parents très normaux, comme elle dit toujours ? Dans tes rêves, mon amour, dans tes rêves ! Je ne sais rien d'eux. Avant que toi et Rick ne m'en parliez, j'ignorais même leurs prénoms.
— Rick le sait peut-être ? suggéra Walt en reposant la carafe de thé glacé.
— Walt, si le père de Rick ne parlait plus à son frère, il est possible qu'il ne sache rien de son épouse.
— Pas bête, Severus. Pas bête. Donc on ne peut pas savoir d'où vient la magie chez les Evans, quoi. Dommage.
— Je n'ai pas dit ça, Walt. Il existe une potion.
— HA ! s'exclama Harry avec hilarité. Quand je te disais qu'il avait des potions pour tout ! Tu vois ?
— Je disais donc, avant qu'Harry ne m'interrompe, qu'il existe une potion…
— Méééé, heuuuu ! D'abord !
— Une potion qui permet de retracer la généalogie d'un sorcier. Oh pas sur dix générations non, mais elle peut remonter jusqu'aux arrière-grands-parents. C'est une potion basée sur le sang, et donc interdite par le Ministère.
— M'enfin ! Sev' ! Pourquoi ces cons-là interdisent ça ? Ils sont pénibles avec leurs interdictions !
— Toutes les potions et les magies basées sur le sang et le sperme sont interdites par le Ministère et cataloguées potions sombres et magie noire, chaton.
— Donc, ta potion pour combiner deux spermatozoïdes va être interdite aussi, alors, constata tristement Walt qui voyait soudain s'envoler ses rêves de « maternité ».
— Oh, ils vont essayer. C'est sûr. C'est pour ça que je ne la ferai patenter que si elle fonctionne. Après… je la refilerai à vendre à Shield.
— D'accord. Mais revenons à nos sombrals. Si tu prouves que la magie de Maman vient du côté de sa mère, ça voudra dire que les Evans sont des purs Moldus et que, par conséquent Rick est un pur Moldu. Est-ce que ça va poser problème pour la fécondation ? Eh, après tout, il aura pas de pitis nageurs magiques, lui !
— Tant qu'on n'aura pas essayé, on pourra pas le savoir, quoi ! C'est ça que tu veux dire, soupira Severus.
— Ouais. Imagine que Walt prenne la potion et se retrouve avec un utérus comme une gonzesse, et qu'après on s'aperçoive que les nageurs de combat de Rick sont inutilisables car trop moldus. On fait comment ? Je vois mal Rick accepter un don de sperme pour faire son môme alors qu'il est en pleine possession de ses moyens.
— Harry a raison, Sev'rus. Faut qu'on sache avant si Rick a des spermatozoïdes utilisables.
— Ok ok… Vous avez raison ! Je vais faire la potion d'héritage et on va voir ça, répondit Severus en rendant momentanément les armes.
Les deux autres sorciers le virent se lever, abandonnant son verre à moitié plein et sortir sa baguette.
— Je rentre, chaton. Je reviens tout à l'heure. Je vais faire la potion, comme ça on sera fixés.
— Déjà ? Comme ça ? Mais att-
Harry n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Severus transplana dans un tourbillon de fumée noire et un craquement bruyant.
— Hou la ! Il est énervé, son transplanage était bruyant. Normalement on ne l'entend quasiment pas.
— Désolé pour ça, Harry.
— Te bile pas, Walt. Faire cette potion ne va pas le déranger. Tout est prétexte pour lui à faire des potions. Je pense même qu'on lui rend un fier service, là. Et par Merlin, il le sait bien ! Bon, tu m'as pas raconté, en Métamorphose tu as eu quoi comme sujet ?
— Je devais transformer une souris en tabatière, mais j'ai peur des souris. Alors, le Professeur Weasley m'a donné un hamster à transformer.
Harry se mit à sourire. Ça ne l'étonnait pas du tout d'Arthur qui était un brave homme.
— Et ? Ça a donné quoi ?
— J'ai réussi, répondit Walt avec un sourire. Oh, elle n'était pas très jolie mais j'ai eu un point en plus parce que j'ai demandé la permission de la retransformer en hamster. Je trouvais le hamster trop mignon. Il paraît que j'ai été le seul à penser à rendre sa forme normale à l'animal.
— Tu as bien fait. McGo nous aurait pas laissé faire, mais avec Arthur pas de souci.
— On fait quoi, Harry ? On attend que Sev'rus rentre ou bien on descend ? Rick peut avoir besoin de moi pour l'aider au service s'il y a trop de monde.
— On descend ! Mais je vais mettre un mot à Sev' pour lui dire où on est. Comme ça, s'il revient, il descendra directement pour nous chercher et on remontera avec lui ici. On sait jamais, hein ! S'il en a pour deux heures…
Harry et Walt redescendirent et expliquèrent à Rick que Sev' était rentré pour faire une potion pour son projet. Rien d'extraordinaire, quoi… On connaissait les élucubrations du Serpentard quand il s'agissait de potions.
Le Gryffondor demanda un Coconut Kiss (sans alcool) à Rick et alla s'installer dans l'alcôve habituelle où Severus et lui avaient leurs habitudes. Les gens commençaient à arriver, en groupes, en couples ou même seuls. Quelques-uns se trémoussaient sur la piste aux pavés électroniques lumineux. Il éclata de rire en entendant Walt haranguer au micro les paresseux vautrés sur les canapés et leur enjoindre de venir danser la Lambada !
Curieusement, cette idée plut pas mal aux clients présents, malgré l'absence de filles en jupettes virevoltantes et strings visibles pour montrer de belles fesses. Dudley adorait regarder des clips de Lambada à la télé rien que pour ce fait. Tante Pétunia, dans son énorme naïveté, pensait son Dudleynouchet un fin mélomane… et un amateur éclairé de « danses de salon ». Walt programma plusieurs chansons de Kaoma à suivre et vint chercher Harry pour le faire danser.
— Ce soir, on fait la fête, Harry ! Donc, on va danser la Lambada !
— Mais Walt, je sais pas danser ça, moi ! protesta le Gryffondor, les yeux écarquillés.
— Et ben, je vais t'apprendre ! Lève tes fesses de ce sofa et vient tout de suite.
Et Harry, passablement inquiet, suivit Walt sur la piste de danse. Il remarqua que presque personne ne savait véritablement danser la Lambada, du moins comme les danseurs pro vus dans les clips à la télé. Cependant, Walt était très doué et il ne mit pas longtemps à montrer les pas à Harry et les autres couples copièrent leurs gestes. Les trois chansons programmées eurent beaucoup de succès, et le jeune Sauveur banni vit Rick les regarder, torchon et plateau vide en main, avec un grand sourire amusé.
— C'est trop cool ! s'exclama Harry en retournant hors d'haleine à sa place. Faut qu'on apprenne ça à Severus et à Rick.
— Oh, mais Rick sait danser ça.
— NAN ! Pas possible ! Faudra nous faire une démonstration, comme ça je pourrai convaincre Severus d'apprendre aussi !
Walt hocha la tête. Il voulait bien enseigner ça à Severus, mais connaissant l'oiseau… il était fort peu probable qu'il en accepte même l'idée.
Harry avait raison, il se passa presque deux heures avant que son chéri ne revienne. Il le vit arriver dans la salle porteur de deux verres de Sex On The Beach ce qui lui arracha un sourire.
— Tout va bien, chaton ? J'ai été un peu long, désolé. J'ai prévu deux flacons : un pour toi et un pour Rick.
— Pour Rick, mais c'est un Evans…
— Vous n'avez que ce côté-là en commun, Harry. Si ce sont les femmes qui sont concernées, il vaut mieux le savoir.
— Ah oui, pas faux. C'est vrai que la mère de Rick, c'est pas ma grand-mère.
— Il s'est passé quoi pendant mon absence ?
— Mmm ? Pas grand-chose, j'ai juste dansé la Lambada avec Walt.
Severus esquissa un sourire derrière son verre.
— J'ose espérer qu'aucun de vous deux ne portait une jupette affriolante…
Harry éclata de rire à cette idée. Une jupette affriolante, hein ? Avec un string ? Une idée saugrenue fit son chemin dans la tête du Gryffie en goguette. Il allait faire danser son Serpentard…
En attendant, il prit une gorgée du verre offert par Severus et se souleva légèrement pour prendre dans la poche de son jean son paquet de cigarettes et son briquet. Près de lui, le potionniste détendu tirait sur une Embassy Mentholée, les yeux clos, bien adossé au canapé. Harry espérait que les deux potions fonctionnent. D'abord la potion d'Héritage pour Rick et lui… et ensuite la potion donnant un utérus pour Walt. Elle n'avait pas de nom pour le moment. Ou alors, si elle en avait un, il n'était pas au courant.
Vers une heure du matin, alors qu'Harry se tortillait sur la piste de danse, Severus quitta sa place pour se rendre aux toilettes. Il y avait du monde au bar mais Rick semblait très bien s'en sortir. Walt était dans la cabine du DJ et était bien décidé à mettre une sacrée ambiance. Lorsqu'il sortit du lieu d'aisance, la vessie soulagée, et alors qu'il allait retourner dans la partie boite de nuit, la porte du bar s'ouvrit au large et un groupe passablement agité entra. Certains étaient déjà plus qu'ivres et d'autres avaient des sales têtes qui ne laissaient rien présager de bon. Severus avait l'habitude de juger les gens très rapidement. Une sorte d'instinct… peut-être facilité par son état de sorcier et son aptitude naturelle à la légilimancie… Ce groupe-là signifiait ennuis et danger. Il vit Rick lever un sourcil, lui jeter un regard entendu et demander à celui qui paraissait le meneur ce qu'il souhaitait boire.
— Bonsoir, messieurs, qu'est-ce que je vous sers ?
— Paraît qu'c'est un bar à tapettes ici ? ricana le type en retroussant une lèvre méprisante, ce qui dévoila des dents manquantes sur sa mâchoire.
Le regard de Rick se fit dur et il se pencha sur le bar, les poings posés sur le zinc. Il toisa le type maigre vêtu d'un jean sale et d'un blouson de cuir. Ses cheveux pauvres et crasseux étaient plaqués sur sa tête par un bandana et il avait une barbe d'au moins huit jours. Les autres étaient assortis et les filles, les yeux charbonneux et les jupes trop courtes sur des jambonneaux gras, ne dépareillaient pas dans leur sillage.
— Si vous êtes venus ici rien que pour chercher des ennuis, vous allez les trouver. DEHORS !
Les clients, sentant l'échauffourée venir, avaient tous reculés vers la partie boite de nuit. Leur attitude intrigua et certains, dont Harry, vinrent voir ce qu'il se passait. Rapidement, il fit glisser sa baguette dans sa main et s'approcha de Severus qui se tenait coi près du bar et regardait la scène. Le potionniste aussi tenait sa baguette dans sa main.
— Si l'un d'eux fait un mouvement vers Rick, on y va aux Repulso, murmura-t-il à son jeune compagnon.
— Ça suffira ?
— Ce sont des Moldus, Harry, ils n'ont aucune résistance aux sorts. Ils vont voler.
— Excellent…
Rick ne fut pas la cible, mais l'un des types remarqua Harry. Peut-être que la taille inférieure à la moyenne et l'aspect fin du Gryffondor lui firent penser qu'il allait faire une victime idéale, incapable de se défendre.
Erreur. Grossière erreur.
— Hé, r'gardez-moi ce p'tit minet-là… Y a de tout ici, même des gamins qui cherchent à se faire défoncer le uc', fit l'un des types en approchant d'Harry sans même accorder un regard à Severus.
Mais le Gryffondor ne recula pas, bien au contraire. Il fit deux pas vers le sale type, leva les yeux vers lui et ricana.
— En tout cas, ça ne sera pas par un dégoûtant personnage comme toi. Ivre et sale comme un peigne, en plus ! TU PUES ! Dégage d'ici !
— Eh ! Sale petit merdeux, tu vas voir !
— Ah ouais ? Je vais voir ? Et je vais voir quoi ? RIEN ! Toi par contre, tu vas morfler !
Et Harry lui lança un Repulso informulé sa baguette dissimulée dans la manche de sa chemise blanche. Quelle bonne idée d'avoir pensé à mettre une chemise à la place de son tee-shirt de l'après-midi ! Le type vola dans le décor. En fait, la porte étant restée ouverte, il la franchit en sens inverse et sans toucher le sol. Il alla s'écraser sur le trottoir et resta allongé, ko pour le coup.
Une des filles poussa un cri et voulut se jeter sur Harry mais celui-ci fut plus rapide et elle aussi vola et rejoignit son copain sur les pavés poussiéreux à l'extérieur. Les autres types voulurent s'attaquer à Harry mais Severus chopa le chef par la gorge et le décolla du sol avec un sort d'allégement informulé et sans baguette. Ça faisait toujours son petit effet en société, ce genre de tour…
Il leva lentement le type jusqu'à ce que son visage soit au même niveau que le sien et le regarda froidement.
— Vous êtes indésirables, ici. Donc, tu vas prendre tes cliques et tes claques, embarquer tes petits copains avec toi et aller te faire pendre ailleurs, déclara-t-il d'une voix glacée et très basse, du genre de celle qui terrifiait ses élèves.
— Lâ… lâche-moi !
Severus afficha un sourire inquiétant.
— Tu as cinq secondes pour te barrer. Sinon, je te tue et tes petits copains avec toi. Tu es mal tombé ici… J'en ai dégommé des biens plus costauds que toi, on n'a jamais retrouvé leurs cadavres. Tu veux être le prochain ? J'ai besoin d'entraînement…
— Moi aussi, Sev', soupira Harry. Le dernier que j'ai flingué, j'avais onze ans… Tu m'en laisseras un.
Les yeux du voyou roulaient de panique dans leurs orbites. C'était quoi ces deux mecs ? Ils n'étaient pas épais, et l'un d'eux était même petit et efféminé, et le grand maigre le décollait du sol et le tenait en l'air sans effort. Et le petit avait fait voler ses potes sur plusieurs mètres rien qu'en les poussant et sans effort non plus. C'étaient des ninjas ou quoi ?
Merde ! On lui avait dit que c'était un bar à pédés et qu'on pourrait leur foutre sur la gueule sans souci. Il semblait que les infos n'étaient pas très bonnes…
— On… on s'en va.
— Je l'espère ! DEHORS !
Et Severus, profitant du sortilège, lança le type dans la rue à travers la porte ouverte. Severus étant plus grand et fort qu'Harry, le voyou vola encore plus loin et s'écrasa sans le caniveau. Les autres sortirent en piaillant et pour certains en menaçant, mais un Maléfice Cuisant d'Harry fit rabattre son caquet au plus bruyant.
Walt s'approcha d'Harry, baguette à la main également.
— Harry, Sev', faut que vous m'appreniez à faire ça. Je dois être capable de défendre le bar et mon Rick si jamais ils reviennent ou d'autres emmerdeurs comme eux. Rick peut largement se défendre contre un ou deux mecs en même temps, mais tout un groupe ? Faudra de la magie, murmura-t-il.
— Pas de souci. On te montrera. Arthur t'a appris le Petrificus Totalus ? demanda Harry à voix basse.
— Oui, on s'entraîne et on tombe sur des coussins.
— Parfait. Déjà celui-là, tu peux y aller, il est très efficace contre les emmerdeurs.
Rick avait quitté sa place derrière le bar et était allé fermer la porte. Il jeta un coup d'œil à sa montre. L'heure de la fermeture approchait. Autant commencer à ranger un peu. Les voyous s'étaient éparpillés comme une envolée de moineaux. Pourvu qu'ils ne reviennent pas… Il n'avait pas envie qu'on lui casse ses vitrines, elles avaient coûté assez cher avec leurs vitres spéciales sans tain. Ce soir, il baisserait le rideau de fer. Habituellement le quartier était hyper calme et il ne le mettait jamais.
— Walt ? Annonce la dernière chanson et ensuite rallume les lumières dans la salle. On ferme. J'en ai marre, là.
— Ok. Je fais ça. Sers-nous des Virgin Mojitos pour quand on aura fermé. Juste pour nous rafraîchir.
Severus resta avec Rick dans le bar et Harry suivit Walt jusqu'à la cabine de DJ. Au micro, le Serpentard annonça la dernière chanson de la soirée et souhaita une bonne nuit à la clientèle. On vit les verres se vider, les paquets de cigarettes rejoindre les poches et les vestes s'enfiler. Certains se dirigèrent vers le bar et saluèrent Rick avant de prendre la porte et sortir dans la rue à présent déserte.
Quinze minutes avant la fermeture habituelle, le bar était vide et Rick rentra les pots de fleurs de Walt, il éteignit l'enseigne, verrouilla la porte et actionna la poignée qui descendait le volet métallique roulant. Le bruit attira Walt qui, baguette au poing, s'entraînait aux Recurvites sous la houlette d'Harry. Le ménage dans le bar ne prenait plus que quelques minutes, c'était totalement génial !
Rick, un plateau chargé dans les mains, se dirigea vers le canapé préféré de Severus et posa les verres sur la table basse, ainsi qu'un ramequin de cacahuètes et de pistaches salées. Puis il se laissa tomber sur le siège et confortablement installé il se frotta le visage d'une main lasse.
— Je déteste les emmerdes. La dernière fois, j'en ai assommé un, de ce genre de p'tites merdes. J'ai dû appeler la police, c'est tout un cirque. Après faut aller au poste pour faire une déposition, porter plainte et tout… C'est pénible ! Et quand ils cassent, on a les assurances qui chipotent pour rembourser. Misère ! Parfois je me dis qu'il me faudrait un videur à la porte. Je peux pas être au four et au moulin, comme on dit. J'ai toujours peur que quelqu'un s'en prenne à Walt. Il est pas taillé pour supporter des brutes épaisses.
— Tu crois qu'Harry l'est ? pouffa Severus. Et regarde-le ! Il n'a jamais froid aux yeux, celui-là ! Ah la la, c'est bien un Gryffondor, tiens… Rien ne lui fait peur !
— C'est son côté Evans, pouffa Rick. On est comme ça, chez nous. Mais où sont-ils passés ?
Rick et Severus balayèrent la salle d'un coup d'œil rapide mais il n'y avait qu'eux. Pourtant, soudainement, les lumières s'éteignirent et la piste se ralluma. Et la musique reprit…
C'était « La Lambada » de Kaoma qui passait…
— Mais qu'est-ce qu'ils foutent ces deux zoulous ? ronchonna Rick. De la Lambada ? A cette heure-ci ?
Les deux zoulous en question sortirent de la cabine du DJ plongée dans le noir. Harry et Walt avaient visiblement métamorphosé leurs vêtements… Ils étaient tous deux torses nus, jambes et pieds nus et portaient des jupettes blanches virevoltantes ras des fesses. Ça faisait bizarre sur des jambes poilues de mecs… d'ailleurs.
Rick éclata de rire en les voyant approcher en dansant. Severus pouffa, la main sur la bouche en voyant Harry faire tournoyer sa jupe et dévoiler une paire de fesses nues.
— Au nom de Merlin ! C'est quoi cette tenue, Potter ?
— Tu viens danser avec moi, Sev' ? le nargua Harry en remuant du popotin.
Rick s'était levé et avait attrapé Walt pour le serrer contre lui.
— Allez, Sev'rus ! Viens aussi ! On va te montrer comment on danse ça ! Et je te préviens, tu vas avoir un excité après… Ça chauffe ce genre de danses !
Le Maître des Potions songea alors qu'Harry n'avait pas besoin de Lambada pour être un excité, mais l'expérience semblait intéressante, voire même amusante. Déjà leurs tenues étaient des purs délires ! Seulement, il n'avait aucune idée de comment on dansait ça. Encore heureux qu'il n'y avait aucun public…
— Regarde comment Rick fait, Sev', lui dit Harry en se collant contra lui.
Pendant plusieurs dizaines de minutes, le quatuor s'amusa et la presque totalité de la cassette audio de Walt – extirpée de son walkman Sony pour l'occasion – passa, en mode autoreverse. Severus pigea bien le truc et rapidement en remontra à son partenaire à demi-nu.
Le petit véracrasse allait lui payer ça. Il passa d'ailleurs une main sous la jupe et lui caressa les fesses. Harry afficha un petit sourire sournois et laissa volontairement sortir sa magie de son corps. Il sentit Severus haleter et le serrer contre lui un peu plus fort que nécessaire.
— Tu vas prendre la troussée du siècle, tout à l'heure, toi…
— Des promesses, Professeur Rogue, toujours des promesses !
Severus se figea, il souleva Harry, le déposa sur son épaule en mode sac à patates et faisant fi de des protestations et de son derrière dévoilé par un string vert alla le balancer sur le canapé sous les rires de Rick et Walt qui dansaient toujours en faisant eux des pas bien plus compliqués que ceux que pouvaient faire les débutants qu'étaient Severus et Harry.
L'ancien professeur avala son verre d'un trait et se jeta sur son compagnon pour l'embrasser à pleine bouche et le tripoter dans tous les sens, histoire de le mettre bien mal à l'aise.
Puis il se releva, reprit Harry sur son épaule comme un paquet et annonça d'une voix forte pour dominer le bruit de la musique qu'il avait une urgence et montait tout de suite.
Rick et Walt éclatèrent de rire et s'immobilisèrent. Ils regardèrent l'autre couple s'éloigner. Harry fit un clin d'œil à Walt depuis sa curieuse position. Rick retourna s'installer dans le canapé et prit une bonne gorgée de son verre et quelques pistaches qu'il décortiqua. Walt coupa la musique et éteignit la piste puis ralluma les spots au plafond.
— J'espère qu'ils ne sont pas en train de baiser au milieu du salon, s'inquiéta Rick. C'est que j'ai faim moi… D'ailleurs on mange quoi, mon chéri ?
— Fish & Chips. Le poisson est dans la panure et les frites sont dans une bassine d'eau. Y a plus qu'à faire chauffer l'huile.
— Super ! J'adore quand tu fais ça. Ah ! ça m'a donné bien faim, cette petite séance de Lambada. Ça faisait bien longtemps qu'on s'était pas amusés comme ça. Et d'où ça te vient cette idée des jupes et des strings ? C'est Harry ? Où sont tes habits de tout à l'heure ?
— Je les ai toujours. Regarde.
Walt se leva et prit sa baguette sur la table. Il la pointa sur lui.
— Finite Incantatem !
La jupette disparut et le jean, la chemise noire et les souliers de Walt Lestrange refirent leur apparition.
— Whaouuuu ! s'extasia Rick avec un grand sourire. Tu es vraiment doué. J'adore quand tu fais de la magie.
— Merci, mon amour, tu es trop chou ! répondit Walt en déposant un énorme baiser sur la bouche de son conjoint.
Il se rassit près de Rick et prit son verre pour en boire aussi une gorgée. Walt songea qu'il aimait vraiment beaucoup sa vie depuis qu'Harry avait fait irruption dans leur existence. Il se demanda alors comment Rick allait prendre la nouvelle que Severus avait créé une potion pour leur permettre d'avoir un enfant bien à eux deux génétiquement.
Le poisson et les frites cuisinés par Walt avaient été très appréciés et à l'heure du thé et du pudding – soit trois heures du matin pour eux –, le quatuor repu songeait à retrouver le confort de leurs lits. Alors qu'Harry, qui s'était porté volontaire, remplissait le lave-vaisselle avec les ustensiles de leur repas, Walt fit une révélation à Rick.
— Rick, mon chou, Sev'rus a inventé une nouvelle potion.
— Ah ouais ? Mais Sev' invente tout le temps des nouvelles potions. Alors c'est quoi cette fois-ci ? Une autre potion pour les cheveux ? s'amusa le colosse blond dont les cheveux poussaient bien maintenant.
— Tu te souviens de ce que tu m'as dit il y a quelques temps, Rick ? lui rappela le Maître des Potions. Tu m'as dit que tu accepterais d'avoir un enfant avec Walt le jour où le Petit Jésus vous donnerait les organes pour ça…
— Ouais ! M'en souviens très bien. Façon pour moi de dire que si c'est pas un môme de nous deux, ben c'est pas possible. Et comme y a pas moyen qu'on puisse… la réponse est évidente.
Severus, sans se démonter, posa sur la table un flacon tiré de la poche de son jean noir.
— Tu peux m'appeler Jésus, si tu veux, mais franchement je préfère Severus.
— C'est… c'est quoi ? fit Rick, suspicieux.
— Ceci est une potion qui peut donner un utérus à un sorcier, donc un mâle. Eventuellement à une sorcière qui n'en aurait plus pour raison médicale, il lui en repousserait un tout neuf. Une fois la potion prise et l'utérus installé dans le ventre, il suffit de faire une fécondation in-vitro avec deux spermatozoïdes dont l'un est modifié par un sort et une potion.
— Deux spermatozoïdes ? Ça veut dire que deux mecs pourraient faire un gamin seuls sans avoir besoin d'une gonzesse pour ça ?
— Tu as tout compris, Rick, confirma le génie local des potions. L'affaire est un peu complexe ensuite car il faut faire le tri dans les spermatozoïdes pour avoir les bons codes génétiques, notamment pour déterminer le sexe et même pouvoir seulement réaliser une fécondation normale. Ensuite, un Médicomage implante l'embryon obtenu en éprouvette à l'intérieur de l'utérus du sorcier et le bébé se développe normalement. A la fin de la grossesse, une césarienne est programmée et l'enfant est mis au monde.
— Putain de merde ! T'as inventé un système pareil ? Et pourquoi donc ?
— Harry me l'a demandé.
— Harry te l'a demandé alors tu as fait ça ? Comme ça ? fit Rick stupéfait en claquant les doigts.
— On parle de moi ? demanda alors par l'entrebâillement de la porte une tête brune aux yeux verts bien connus.
Rick se tourna vers son cousin qui affichait un sourire hilare.
— Tu comptes lui demander encore des trucs démentiels comme ça ? Nan, parce que là, je suis soufflé.
Harry haussa les épaules et retourna s'asseoir près de Severus.
— Oh ! Sev' ! Ma potion d'Héritage ! Je veux l'utiliser, il faut faire quoi ? On allait oublier.
— Une potion d'Héritage ? Qu'est-ce que c'est encore que ce binz ? soupira le grand blond en passant ses doigts dans les trois centimètres de cheveux ornant depuis peu son crâne.
— Harry veut savoir d'où vient la magie de sa mère, Lily. Donc, la potion permet de connaître le nom des ascendants sur quelques générations, en général les arrière-grands-parents. Les noms seront une indication.
— Ah ouais, c'est pas con. Et comment vous faites ça ? demanda Rick intrigué.
— Walt, il nous faut juste une feuille de parchemin. Si tu en as ici…
— Oui, oui, bien entendu, dans mon sac de cours. Accio sac de cours ! répondit le susnommé baguette brandie vers sa chambre.
Le sac flotta en zigzaguant jusqu'à son propriétaire stoïque et indifférent.
— Walter Lestrange ! Tu peux me dire comment tu maîtrises l'Accio ? Par Salazar, c'est un sort de 4ème année !
Walt haussa les épaules.
— Harry m'a montré.
— Harry t'a montré… et c'est tout ? Ben dis-donc ! Tu promets, toi ! On voit bien que tu es le frère de Rodolphus et Rabastan.
Le rose aux joues, Walt ouvrit sa sacoche messenger très moldue et en sortit une feuille de parchemin qu'il tendit à son cousin sans un mot. Harry lui avait recommandé les feuilles plutôt que les rouleaux car plus faciles à ranger. Et comme Arthur s'en fichait et n'avait pas de préférence, il était resté aux feuilles.
Rick se redressa sur sa chaise et se pencha en avant pour ne rien rater de la démonstration de magie qui allait avoir lieu sous ses yeux. Il ne se lassait jamais de cet étalage, ce que les trois autres sorciers savaient bien.
Tous regardèrent Severus Rogue conjurer un pinceau brosse de taille moyenne, déboucher le modeste flacon et en verser le contenu sur le parchemin posé bien à plat sur la nappe beige de Walt. Il étala au pinceau la potion sur la totalité de la surface de la feuille. Puis satisfait, il referma le flacon vide, le rangea dans sa poche de jean et fit s'évanouir le pinceau souillé à présent inutile.
— Et maintenant ? Faut faire quoi, s'inquiéta Harry.
— Tu me donnes un doigt, je vais le piquer pour en faire sortir une goutte de sang et tu poseras la goutte sur le bas de la feuille.
— D'accord, pas compliqué.
Un sort médicomagique banal perça la pulpe de l'index gauche d'Harry et quand la goutte apparut il posa son doigt sur la feuille. Le sang s'étala automatiquement et commença à dessiner des volutes et des motifs étranges. Puis les motifs devinrent des mots, non… ils devinrent plutôt des noms. Et un arbre généalogique apparut alors.
Harry James Potter, fils de James Fleamont Potter et Lily Mary Evans. Rien de nouveau, sauf qu'Harry ignorait que son père portait le nom de Fleamont en second prénom. Qu'est-ce que c'était moche !
Au-dessus du nom de James Potter, s'affichèrent alors ceux de Fleamont Henry Potter et d'Euphémia Modesty Rosier.
Au-dessus de celui de Lily Evans, s'affichèrent ceux de John Robert Evans et Daisy Lucretia Prewett.
A cette lecture, Harry et Severus se figèrent.
— Prewett ? Ma grand-mère est une Prewett ? Bordel, Sev', ne me dis pas que Molly est ma tante ou un truc du genre !
— J'en sais rien, chaton. Il faudra montrer le parchemin à Albus. Lui, il saura.
Mais de nouveaux noms continuaient à apparaître…
Au-dessus de Fleamont Potter, ils découvrirent Henry Potter dit Harry et Porpentina Ludovica Fleamont.
Au-dessus de celui d'Euphémia Rosier, il virent s'afficher Evan Marcellus Rosier et Modesty Ursula Bulstrode.
— Par Merlin ! Je suis apparenté à Millicent Bulstrode ? Je veux mourir !
— Cesse tes simagrées, Harry, fit Severus agacé. Tu sais très bien que tous les sorciers sont apparentés, on n'est pas assez nombreux pour l'éviter.
— Ouais, renifla le jeune homme, mais j'aurais préféré d'autres familles. Rosier et Bulstrode, ce sont des familles sombres.
— En effet. Et je comprends à présent d'où James Potter tenait sa méchanceté, constata Severus avec un soupir. Les Rosier de mon époque étaient tous des Mangemorts ainsi qu'une partie des Bulstrode.
— T'en fais pas, Harry, tenta Walt avec un maigre sourire, toute ma famille était sombre et des Mangemorts. Je ne suis pas mieux loti que toi.
— C'est vrai. Désolé, Walt.
Au-dessus du nom de John Evans, apparurent les noms très moldus de Robert Anthony Evans et Jane Marion Baker.
Au-dessus de celui de son épouse Daisy Prewett, ils eurent une autre surprise…
— Ignatius Prewett et Lucretia Black ? fit Harry, horrifié. Ce sont les parents de Molly ! Percy porte en second prénom celui de Ignatius et Sirius m'avait dit que la mère de Molly était sa tante, la sœur d'Orion. Putain, Sev'rus ! Les Prewett ont eu quatre enfants et pas trois ! Ma grand-mère devait être l'aînée et a été abandonnée chez les Moldus car Cracmolle. Tout comme Walt ! Sirius m'avait dit que les jumeaux Prewett était bien plus âgés que lui et Molly. Est-ce que tu crois que Molly le savait ? Je veux dire qu'elle était ma tante ?
— Je ne pense pas, chaton. Les enfants cracmols abandonnés et reniés disparaissent des arbres généalogiques magiques que les sorciers aiment afficher dans leurs salons. Tu as bien vu comment Walburga faisait disparaître certains noms sur celui des Black.
— Ok. Donc Fred et George sont mes cousins aussi. La famille s'agrandit et je peux te dire que je suis bien content que ces deux-là en fassent partie, s'amusa Harry.
— Ça va faire très plaisir à Arthur, fit Severus avec un sourire.
— Donc, si j'ai bien tout suivi, la magie de ma cousine Lily vient de sa mère qui était une Cracmolle comme Walt avant, c'est bien ça ? demanda Rick.
— En effet, on le dirait bien, confirma Severus.
— Ça veut dire que Rick est un pur Moldu alors, et que donc, ses spermatozoïdes n'ont pas de magie. Ta potion ne marchera pas, Sev'rus, gémit Walt, très déçu.
— Qui peut le dire ? Tant qu'on ne l'aura pas essayée, on ne le saura pas.
— Ben, pourquoi tu testes pas le sang de Rick aussi ?
Toutes les têtes se tournèrent vers Harry qui avait prononcé cette banale petite phrase. Eh oui… si on le testait ?
Walt posa avec assurance une seconde feuille de parchemin sur la table et lança un coup d'œil appuyé à son cousin Sev', l'air de dire dépêche-toi on n'a pas que ça à faire. Avec un soupir, le Maître des Potions sortit de sa poche un autre petit flacon identique et conjura un autre pinceau.
Pareillement, le doigt de Rick fut piqué et une goutte de sang fut déposée au bas du parchemin.
Les noms apparurent plus lentement et avec – sembla-il – plus de difficulté que pour Harry, mais ils purent bientôt tous lire.
Richard Joseph Evans, fils de Joseph Peter Evans et Ann Philippa Mortensen.
Joseph Peter Evans était le fils de Robert Anthony Evans et Jane Marion Baker, comme son frère le père de Lily, bien évidemment. Ce qui confirmait instantanément leur lien de parenté.
Ann Mortensen était la fille de Ulric Sven Mortensen et de Morticia Olga Rookwood.
— Rookwood ? Mais Sev' c'est un nom de sorcier, ça !
— Oui, chaton, Augustus Rookwood était un Mangemort également. Je suis presque certain que cette Morticia était une Cracmolle.
— Alors, je suis un Cracmol aussi ? Comme Walt avant ? tenta Rick, plein d'espoir.
Sous les regards presque fiévreux de ses amis suspendus à ses lèvres, Severus se fit songeur.
— Tu ne vois pas les Patroni, Rick. Quand Albus vous envoie son Patronus phénix avec un message, seul Walt le voyait avant. Je pense que c'est trop éloigné. Tu as certainement des traces de magie dans tes gènes mais le taux doit être très faible.
Sans surprise, à la génération suivante pour les Moldus précités, seuls des noms moldus apparurent.
— Est-ce que tu penses que les petits nageurs de Cousin Rick sont assez costauds pour supporter une fécondation magique, Sev' ? demanda franchement Harry. Evidemment, je parle dans l'éventualité où il serait d'accord pour tenter l'expérience.
— Franchement, je n'en ai aucune idée, avoua Severus. Tant que la potion n'a pas été testée déjà pour avoir un utérus utilisable, et ensuite qu'on n'ait pas tenté une fécondation magique in-vitro et une implantation, il sera impossible de le dire.
— Donc, pour le moment, il faut juste savoir si vous désirez tester la potion, demanda Harry, tout à coup fatigué et pressé d'aller se coucher.
— Moi, oui, affirma Walt en hochant la tête. Si je peux avoir un jour un bébé à moi, de mon sang, et avec mon Rick, mais je serai le plus heureux du monde.
Tout le monde regarda Rick, attendant une réponse qui tardait à venir.
— Est-ce que j'ai le droit d'y songer sérieusement avant de répondre à cette question ? Ça fait des décennies que j'ai fait une croix sur la possibilité d'avoir un enfant de mon sang, alors tout ça… tout à coup… c'est beaucoup. Faut que j'y réfléchisse.
— Tu as le temps, Rick, conclut Severus en se levant de table. C'est une décision très importante qui doit être mûrement réfléchie. Si on allait se coucher ? Je vous avoue que je suis crevé là.
Tout le monde hocha la tête et en deux coups de baguette de Sev et Harry, la table fut débarrassée de ses miettes et le plancher balayé. Harry était persuadé que Rick allait se faire à cette idée et accepter un jour. Et puis, amusé, il songea qu'il savait maintenant d'où venait la blondeur de viking de son cousin : son grand-père maternel avait un nom suédois ou du moins nordique. Ça faisait de Rick un presque Viking. Déjà qu'il en avait le look…
Le lendemain à midi, Walt annonça qu'il allait ouvrir le volet de fer en bas dans le bar. Il n'avait pas l'habitude de le voir baissé et craignait que les clients et habitués ne pensent le bar fermé définitivement et ne tentent même pas de revenir aux heures normales d'ouverture : pour eux quatorze heures le week-end, car en semaine ils n'ouvraient pas avant le soir. Le nouveau sorcier descendit donc l'escalier et se retrouva dans le bar plongé dans le noir. Baguette allumée à la main, il alla jusqu'au panneau de métal serti dans le mur de pierre et duquel dépassait la manivelle de commande. Il l'actionna et on entendit le rideau grincer sinistrement. Il allait falloir graisser tout ça, on voyait bien que ça ne servait pas souvent. Ça ne servait même jamais pour être honnête. Dès que la luminosité fut suffisante, il éteignit sa baguette magique et la rangea dans sa manche de chemise. Le volet termina sa course avec un grand « clang » qui lui fit lever les yeux au ciel. Il faisait beau encore aujourd'hui. C'était super. Le ciel était bien bleu, la lumière belle… autant en profiter et mettre les pots de buis dehors. Ils avaient beau être en plastique, ils avaient coûté cher car bien imités. Walt déverrouilla la porte du bar et l'ouvrit en grand afin de laisser un peu d'air entrer. Les aspirateurs de fumée étaient efficaces mais l'odeur de tabac restait malgré tout présente dans l'établissement. Le dernier Lestrange attrapa le premier pot et le déposa à droite de la porte et alors qu'il allait prendre le second, laissé par Rick devant la vitrine à l'intérieur, il fut surpris par une silhouette sombre et surtout une odeur désagréable de corps pas lavé, d'alcool et de tabac. Un bras s'enroula autour de son cou et il ressentit un grand choc dans la poitrine. Walt hoqueta de surprise et baissa les yeux. De son sternum dépassait le manche en bois d'un poignard. La douleur l'envahit alors et il voulut crier, appeler Rick, Severus ou Harry, mais déjà le froid l'envahissait et il sentit le sang couler sur sa chemise bleue. Il fit deux pas à l'intérieur du bar et s'effondra sur le carrelage. L'assaillant s'était déjà enfui et dans la rue déserte, personne n'avait remarqué quoi que ce soit. Il était l'heure du déjeuner et les commerçants voisins devaient être à table.
A l'appartement, il fallut une bonne dizaine de minutes pour que quelqu'un s'inquiète. Assis à table devant une tasse de thé, Rick papotait avec Severus. Ils avaient tous pris un brunch à la place du petit déjeuner ce matin-là et donc, ils n'avaient pas faim. Une tasse de thé et une cigarette pour Severus, du thé et des biscuits pour les trois autres et c'était suffisant.
— Dites donc… il en met du temps, Walt. On a entendu le volet remonter y a un bon moment maintenant. Qu'est-ce qu'il fiche ?
— Il papote avec la bouchère d'en face ? suggéra Harry.
— Pas de danger, elle est homophobe. Nan, c'est pas normal. Je descends voir.
Rick se leva et descendit l'escalier menant au bar. Trente secondes plus tard, Harry et Severus sursautèrent, paniqué en entendant le hurlement désespéré de Rick.
— NOOOOON ! WALT !
Baguettes aux poings les deux sorciers transplanèrent directement dans le bar. Là, un spectacle de désolation les attendait. A genoux sur le sol, Rick en larmes tenait dans ses bras le corps livide et inerte de Walt. Ils virent aussitôt le manche du couteau qui dépassait de sa poitrine et la flaque de sang qui s'élargissait sur le sol.
— Sev'rus ! Fais quelque chose ! sanglota Harry en s'agenouillant près du corps de son ami.
Malgré le froid glacial qui l'avait envahi, Severus Rogue était un stratège accompli et mit en stand-by ses sentiments personnels. Il avait des choses urgentes à accomplir. Il pointa sa baguette sur la porte.
— Collaporta ! Accio Kit Potions d'urgence.
Ils n'avaient pas besoin de témoins pour le moment. Et il fallait savoir si Walt était encore en vie…
Il attrapa la sacoche magique au vol et la déposa sur une des tables roses puis il tendit sa baguette vers Walt et lança un sortilège de diagnostic.
