Hey hey !

Comment allez-vous en ce beau matin ? Enfin, j'espère qu'il fait beau chez vous. Ici, ça fait quelques jours que ça commence à sentir l'été... On croise les doigts !

Je voulais vous remercier pour vos reviews et votre enthousiasme. Cette histoire a l'air de vous plaire et j'en suis vraiment ravie.

Voici donc le cinquième chapitre avec au programme : Viktor et son petit passé avec Hermione, des œillades pas très discrètes, et un rendez-vous qui n'en est pas un... ou peut-être que si ?

Bonne lecture !


Réponses aux reviews anonymes :

Guest : Si Pansy ne prend pas les choses en mains, alors personne ne le fera, je crois ahah. Pour ce qui est de Viktor, je te laisse le découvrir ;) Merci pour ta review !
Guest : Merci à toi !
Momille : Merci beaucoup ! J'espère que tu seras également convaincue par ce nouveau chapitre !


Bien que Durmstrang soit très différent de Poudlard, Hermione se sentait plutôt bien ici.

En quelques semaines, elle avait déjà développé des habitudes, mis en place des rituels auxquels elle s'adonnait tous les jours. Cette constance la rassurait et lui permettait de cadrer ses journées.

Le petit-déjeuner qu'elle prenait quotidiennement à sept heures pile en était un bel exemple.

Ici, le premier repas de la journée était servi entre sept heures et sept heures cinquante-cinq, afin que les élèves aient cinq minutes pour rejoindre leurs salles de classe pour leurs premiers cours. Rares étaient ceux qui venaient manger si tôt, mais elle, elle préférait. George, lui, faisait partie des retardataires qui descendaient dans la salle de réception un petit quart d'heure avant la fin du créneau. Hermione le soupçonnait de profiter de l'absence de ses enfants pour rattraper du sommeil en retard et personne ne pouvait le blâmer pour ça.

Après avoir salué les professeurs présents et une fois attablée, Hermione se servit du thé et une part de banitsa, un feuilleté avec du beurre et du yaourt bulgare. Les elfes qui faisaient la cuisine ici étaient très attentionnés et prenaient en compte les goûts de leurs hôtes, mais Hermione avait à cœur de goûter la cuisine locale. En revanche, elle refusait de se passer de thé.

Lorsque la porte de la salle de réception s'ouvrit, Hermione leva instinctivement la tête. Elle fut si surprise de voir Viktor entrer qu'elle loupa sa bouche avec sa fourchette et fit tomber un morceau de banitsa sur sa robe.

Avec une maladresse qui ne la caractérisait pourtant pas, elle sortit difficilement sa baguette d'une poche intérieure et nettoya sa bêtise juste avant que Viktor n'arrive à sa hauteur.

- Bonjour, Hermione, la salua-t-il avant de pointer du doigt la chaise libre à côté d'elle. Je peux m'asseoir ?

- Bien sûr, installe-toi.

Hermione frotta ses mains moites contre ses cuisses. Elle ignorait pourquoi elle était si nerveuse d'être en sa présence. Enfin… Non, si elle était totalement honnête avec elle-même, elle savait très bien pourquoi.

- Comment vas-tu ? lui demanda-t-il. J'aurais aimé qu'on discute, l'autre jour, quand je suis venu pour la sélection des champions, mais j'étais assez pris par le temps.

- Je vais bien, je te remercie. Rassure-toi, je ne t'en veux pas. Je crois que c'est un peu la course pour tout le monde en ce moment.

- Je crois aussi, sourit-il.

- Et toi, tu vas bien ?

- Ça va, répondit-il avec un hochement de tête. J'ai hâte d'entrer dans le vif du sujet avec le Tournoi.

- Ça te rappelle des souvenirs ? le questionna-t-elle.

- Des bons comme des moins bons, oui.

Le sourire qu'il lui renvoya aurait pu faire fondre toutes les neiges éternelles qui maculaient les hauts sommets autour de Durmstrang.

- Comment se passe ton travail ? s'enquit-elle en reportant son attention sur sa banitsa. La dernière fois qu'on s'est vus, tu…

Hermione se stoppa lorsqu'un flot de souvenirs lui revint en mémoire. Un pub irlandais, de la Guinness, de la musique cubaine, encore de la Guinness, les mains puissantes de Viktor, un déhanché surprenant, encore plus de Guinness et le corps nu de Viktor sur les draps.

Si Hermione s'était regardée dans un miroir, elle aurait pu aisément admirer la rougeur de ses joues.

- Je sais à quoi tu penses, devina Viktor d'une voix taquine, ce qui coupa court à ses pensées indécentes.

- Non, se défendit-elle avec une assurance douteuse. Enfin… si, peut-être.

- Il m'arrive d'y repenser lorsque j'entends de la salsa.

Hermione n'aurait pas pu se sentir plus gênée qu'à ce moment-là.

Elle se souvenait parfaitement de la dernière fois qu'ils s'étaient vus, bien que cela ait eu lieu huit ans plus tôt.

Ils s'étaient croisés par hasard dans un pub de Dublin alors qu'elle rendait visite à Dean et Seamus et que Viktor était sur place pour le Quidditch. Il avait rapidement quitté son équipe pour venir la saluer et une chose en entraînant une autre… une bière en entraînant une autre… Ils avaient couché ensemble dans cette minuscule chambre d'hôtel qu'elle louait pour son séjour.

Les souvenirs de cette nuit étaient intacts. Hermione pouvait presque encore sentir la peau brûlante de Viktor contre la sienne ou ses mains fermement accrochées à ses hanches.

Elle se sentit rougir encore plus et son cœur fit une embardée dans sa poitrine. Elle secoua sa tête pour ne pas dériver encore plus vers la pente sur laquelle elle se sentait déjà glisser.

- C'était bien, dit-elle avant de fermer les yeux et de soupirer.

Quelle phrase stupide !

- Je crois que le gardien de nuit de l'hôtel est encore hanté par le bruit de nos éb…

- Oh par Merlin, Viktor, je t'en prie !

Hermione plaqua ses mains sur ses joues écarlates alors que son voisin ricanait en se servant du café.

- Je te taquine. On a été très clairs à propos de cette nuit, cela ne se reproduira jamais. Si ça peut te rassurer, j'ai quelqu'un dans ma vie.

- Et elle sait que tu penses encore à la femme avec qui tu t'es envoyé en l'air il y a huit ans ?!

- Non, elle ne le sait pas. Si tu veux tout savoir, c'est une batteuse de l'équipe de Quidditch de Bulgarie et c'est plutôt compliqué de mélanger le professionnel et le privé.

- Je veux bien te croire.

Hermione ignorait comment la conversation avait pu si rapidement dévier, mais elle était soulagée de ne pas avoir à surenchérir à ce sujet. Comme Viktor l'avait souligné, ils avaient été très clairs à propos de cette nuit passée ensemble, c'était un coup d'un soir, une simple folie passagère de deux adultes éméchés.

Viktor l'accompagna durant tout le petit-déjeuner et les conversations allèrent bon train, une fois toute gêne passée.

Ils quittèrent la salle de réception accompagnés de George, qui était arrivé entre-temps, puis se rendirent ensemble dans le bureau de Koslowski. Ils y avaient une réunion pour faire le point sur la première tâche. Celle-ci ne serait pas révélée aux champions avant la veille du jour J, mais ils se devaient de se retrouver entre organisateurs et jurys afin d'être au point.

Le bureau du directeur avait été aménagé de façon à ce qu'une grande table ronde trône au milieu. Huit chaises étaient installées autour et seule une était occupée par Malefoy, qui leva la tête en les entendant entrer.

- Bonjour. Installez-vous, je vous en prie.

Il ne prit pas la peine de leur offrir un sourire et Hermione pensa que le chemin pour lui prouver qu'il avait changé serait bien long.

Le bureau de Koslowski était surchargé de meubles et de bibelots en tout genre. Hermione se sentait à l'étroit, ici, presque oppressée. Ce sentiment était renforcé par cette imposante table en chêne et des chaises si larges qu'elles étaient peu espacées les unes des autres.

Elle s'installa entre Viktor et George, puis les chaises vacantes furent occupées par Apolline, Kenza, Koslowski et Nikolaï Maksimov, le Ministre de la magie bulgare.

- Bien, lança Koslowski pour marquer le début de sa prise de parole. J'espère que vous avez passé une bonne nuit et que vous êtes prêts. Cette réunion ne devrait pas vous prendre trop de temps, mais elle est importante pour que tout se déroule au mieux le vingt-quatre novembre.

Hermione souffla discrètement. Elle priait pour que Koslowski ait raison et que ce soit rapide. Elle commençait à étouffer.

- Comme vous le savez, la première tâche consistera à battre Psoglav. Pour rappel, il s'agit d'une créature démoniaque de la mythologie croate...

- Serbe.

Hermione tourna la tête vers Malefoy qui venait de faire cette intervention pour corriger son collègue.

- Psoglav est une créature légendaire de la mythologie serbe, apporta-t-il en guise de précision et de son habituelle voix traînante. Il est important de préciser que c'est une créature légendaire. De ce fait, ce sera une représentation magique de celle-ci que les champions auront à combattre. C'est une illusion sur laquelle des sorciers du Ministère ont travaillé durant de longs mois afin qu'elle soit crédible. Le but est que les champions pensent avoir affaire à une vraie créature, sans que ce soit le cas et que nous ne les mettions pas en danger.

Les mains jointes devant lui, Malefoy avait débité son explication avec un brin d'hautaineté qui fit sourire Hermione. Si elle en croyait le nez retroussé de Koslowski, il n'avait pas l'air d'avoir apprécié cette prise de parole.

- Ils ne vont donc pas vraiment se battre ? demanda Viktor, ses épais sourcils froncés.

- Si, contra Drago. La représentation magique de Psoglav a été conçue pour être la plus réelle possible. Il attaquera, se défendra et les champions penseront réellement se battre contre lui, à la seule différence qu'au moindre écart trop violent qui pourrait représenter un danger pour l'un deux, le combat cessera.

Viktor eut un petit reniflement méprisant.

- À mon époque, nous avons affronté un vrai dragon !

- Peut-être, mais lors de la deuxième tâche, tu te doutes bien que Granger n'allait pas mourir noyée au fond du lac si tu n'arrivais pas à temps. Même si c'est malheureusement arrivé par le passé, le but n'est quand même pas de tuer les élèves, Krum.

Ils étaient en train d'assister à une réelle joute verbale pour savoir qui avait la baguette la plus longue et cela amusait beaucoup Hermione. Il était loin le temps où Malefoy avait été le premier Serpentard à se jeter sur Viktor pour lui parler, lors de sa venue à Poudlard en 1994.

Elle tenta de dissimuler son sourire alors que les deux hommes se regardaient en chiens de faïence.

- Reprenons, intervint Koslowski pour couper court. Les champions devront trouver le meilleur moyen de mettre Psoglav KO. Les notes attribuées dépendront de la rapidité avec laquelle ils y parviendront, de la pertinence de leurs techniques de combat, de la solidité de leur défense. Est-ce que vous avez des questions ?

Hermione fut la première à lever la main, ce qui n'étonna visiblement pas Malefoy qu'elle surprit avec un rictus moqueur.

- Professeure Granger ? l'interrogea Koslowski.

- Où aura lieu cette première tâche ? Psoglav est décrit comme une créature troglodyte qui vit dans des grottes ou, plus largement, des endroits sombres, est-ce que ce sera respecté ?

Hermione fut étonnée de voir Koslowski tourner la tête vers Malefoy. Si elle savait que son ancien camarade de classe avait énormément œuvré pour l'organisation de ce Tournoi, elle pensait que Koslowski était quand même en possession d'informations somme toute basiques.

- Le terrain de Quidditch sera entièrement fermé par un dôme magique et l'intérieur d'une grotte sera recréé de façon à ce que ce soit le plus immersif possible, expliqua-t-il. J'ai ici des simulations que je peux vous faire passer.

Il ouvrit une pochette en carton de laquelle il sortit quelques parchemins avec des plans et des dessins de ce à quoi ressemblerait le terrain de Quidditch. Les papiers glissèrent petit à petit jusqu'à Hermione qui prit le temps de les consulter. En effet, c'était à s'y méprendre. Elle avait l'impression de voir une vraie grotte, comme celles qu'elle avait déjà visitées en Ardèche, en France, lorsqu'elle était plus jeune.

Elle fit passer les parchemins à ses voisins jusqu'à ce qu'ils reviennent à Malefoy qui les rangea.

La réunion dura encore une demi-heure, le temps que tout le monde pose toutes les questions qu'ils avaient, puis chacun put vaquer à ses occupations.

Puisqu'elle n'assurait pas ses fonctions de directrice depuis Durmstrang - même si elle ne pouvait s'empêcher d'envoyer régulièrement des hiboux à Johanna pour s'assurer que tout allait bien - l'emploi du temps d'Hermione n'était jamais chargé. Cependant, comme elle n'aimait pas rester oisive, elle avait convenu avec Koslowski et Boris Tikhonenko, le professeur d'Arts occultes, qu'elle pourrait intervenir lorsqu'il aborderait l'arithmancie, sa matière de prédilection.

Le cours d'Arts occultes rassemblait plusieurs thématiques comme l'arithmancie, justement, ou encore l'astronomie, la divination et les runes.

Hermione se rendit alors à l'étage où ce cours était dispensé, puisque dix heures approchait et que les élèves de niveau quatre n'allaient pas tarder à entrer en classe.

.

En fin de journée, juste avant le dîner, Hermione eut envie d'aller s'ouvrir l'appétit avec une promenade dans le parc de Durmstrang. Elle en avait déjà exploré quelques coins, mais il était si grand qu'elle n'avait pas encore eu le temps de tout voir. D'ailleurs, le terrain de Quidditch, situé tout au fond du parc, restait un territoire inexploré pour elle. Puisque celui-ci serait le lieu de la première tâche, elle estima qu'il était nécessaire qu'elle y fasse un tour.

Chaussée de ses bottes soumises à un sort d'adhésion pour ne pas glisser sur les pavés - elle apprenait de ses erreurs - Hermione se dirigea vers le terrain. Pour y arriver, elle dut traverser la totalité du parc, mais la balade fut agréable. Elle passa notamment près de l'enclos des chevaux géants de Beauxbâtons. Elle ne se risqua pas à les approcher, incertaine quant à leur réaction face à une inconnue, mais elle prit quand même quelques minutes pour les regarder brouter et boire. À l'odeur assez forte qui se dégageait des abreuvoirs, Hermione comprit qu'il s'agissait plus de whisky pur malt que d'eau, là-dedans.

Un bruit sourd attira soudain son attention et Hermione vit Malefoy sortir de la petite cabane attenante à l'enclos. Celui-ci ne la remarqua pas, bien trop concentré à faire léviter deux gros ballots de foin devant lui, et Hermione hésita quant à la marche à suivre. Elle ne voulait pas le déranger ni lui faire peur, mais elle ne voulait pas lui donner l'impression qu'elle observait. Moins elle lui donnait de grain à moudre, à celui-ci, mieux c'était.

Pourquoi nourrissait-il les chevaux, d'ailleurs ? Non pas qu'Hermione doutait de sa générosité et de son envie de rendre service - quoi que - mais il y avait un garde-chasse, pour cela. Ou encore, le professeur d'Étude des créatures magiques.

Malefoy semblait très investi dans sa mission. Malgré le frais extérieur, il ne portait pas sa cape. Il avait même remonté les manches de sa chemise au niveau de ses coudes et s'essuyait régulièrement le front avec son avant-bras.

Le regard d'Hermione se posa sur son bras gauche. Elle ne distinguait pas les détails, mais celui-ci était entièrement tatoué. Du moins, c'était le cas du poignet jusqu'au coude et les dessins semblaient remonter sous sa chemise.

Cependant, sa contemplation s'arrêta là.

- Tu peux m'aider au lieu de te rincer l'œil ?

Hermione revint brutalement à elle et se sentit rougir. Elle espérait que la nuit tombante ne permettrait pas à Malefoy de s'en rendre compte, d'ailleurs.

- Je ne me rinçais pas l'œil, contra-t-elle en ouvrant le portillon qui fermait l'enclos. Pourquoi est-ce toi qui nourris les chevaux ?

- Notre garde-chasse est cloué au lit avec une bonne grippe et je suis quelqu'un de serviable, quoi que tu puisses en penser, répondit Malefoy alors qu'il lâchait les ballots de foin dans un coin de l'enclos. Tu peux remplir l'abreuvoir vide avec de l'eau ? J'ai déjà rempli le premier avec du whisky.

- Sans vouloir flatter ton ego parce que tu n'as pas besoin de ça, j'ai l'impression que cette école aurait du mal à fonctionner sans toi.

Hermione lança un Aguamenti sur l'abreuvoir et celui-ci fut rapidement plein à ras-bord. Les chevaux qui avaient soif s'y précipitèrent.

- Disons qu'elle serait un peu plus bancale.

- Pourquoi fais-tu tout ça ?

Au silence qui lui répondit, Hermione crut avoir dépassé les limites ou dit quelque chose qui l'avait froissé.

- Parce que je suis attaché à cette école et que je veux le poste de Koslowski.

- C'est donc ça, sourit Hermione. Tu brigues le poste de directeur.

- Oui. Mais, malheureusement, Koslowski et Maksimov sont comme cul et chemise, je ne te l'apprends pas, dit-il. Tant qu'il sera Ministre, Koslowski est indéboulonnable. Donc je prends mon mal en patience, je montre que je suis indispensable et le temps fera son œuvre.

Si Hermione avait eu besoin d'une représentation parfaite de la manière de fonctionner et de réfléchir d'un Serpentard, elle l'avait sous les yeux.

Elle aida Malefoy à répartir le foin dans les mangeoires et une fois leur besogne terminée, il s'excusa de devoir la laisser. Hermione ne lui en voulut pas. Après tout, c'était elle qui était intervenue au milieu de sa tâche. Elle put quitter l'enclos et se rendre, comme prévu initialement, sur le terrain de Quidditch.


Pansy ne savait pas quel Billywig l'avait piquée lorsqu'elle avait écrit ce mot à Weasley. Sa rancune s'était dissipée, mais était-ce une raison pour l'inviter à boire un verre ? Elle avait d'ailleurs songé à annuler cette soirée, avant de se raviser. Ce n'était pas son genre, elle ne se défilait pas et elle ne voulait pas laisser croire n'importe quoi à Weasley.

Une fois douchée, elle se posta en sous-vêtements devant son dressing. Ce n'était pas un rendez-vous galant avec quelqu'un qu'elle tentait de séduire, donc elle oublia tout ce qui pouvait être trop sexy. Ce n'était pas non plus pour un motif professionnel, alors elle mit de côté les tailleurs et autres tenues trop formelles.

Mais si ce n'était ni un rendez-vous galant ni un rendez-vous professionnel, qu'est-ce que c'était ? Un verre entre amis ? George Weasley n'était pas son ami.

Après un lourd soupir, Pansy enfila un body noir près du corps avec des petites épaulettes et une encolure en cœur ainsi qu'un jean écru.

Elle prit le temps de réarranger son carré et sa frange avant de se maquiller. Du rose discret sur ses pommettes pour lui donner bonne mine, des paillettes sur ses paupières, du mascara pour allonger ses cils et un gloss transparent sur ses lèvres. Ce serait suffisant.

Elle avisa l'heure et, puisqu'il était temps pour elle de partir, elle glissa ses pieds dans de simples escarpins noirs et jeta rapidement sa cape sur ses épaules, histoire de ne pas avoir trop froid. Son appartement n'étant qu'à quelques pas du Fruit Défendu, elle fut sur place en moins de trois minutes.

Pansy adorait ce lieu. La décoration était éclectique, de multiples couleurs se mélangeaient tout comme les univers. Un canapé Togo des années soixante-dix côtoyait un flipper vintage, des lampes d'inspiration industrielle étaient posées sur des tables en formica et des tabourets de bar rouges typiques des diners américains se mêlaient à d'autres en bois, plus rustiques.

Les clients, eux aussi, étaient tous très différents et c'était ce que Pansy préférait ici. Elle y faisait toujours des rencontres exceptionnelles.

Son regard balaya la pièce principale sans trouver Weasley. Elle s'approcha alors du comptoir où la barmaid, Ashanti, était occupée à jongler avec son shaker.

- Salut la dame aux fleurs !

- Salut Ash, est-ce que tu aurais vu un grand roux entrer dans ton bar ?

- Un grand roux ? releva Ashanti. Nope, ça me dit rien du tout. T'as un rencard ?

La barmaid haussa ses sourcils d'une manière suggestive avec un large sourire et Pansy leva les yeux au ciel.

- Pas du tout ! Non. Absolument pas. Bref. Si tu le vois, dis-lui que je suis au fond, près du jukebox.

- Noté ! Toute façon, les rouquins ça court pas les rues ici, ricana Ashanti avant de vider le contenu de son shaker dans un verre à Margarita.

Pansy se dirigea vers sa place préférée, une table ronde avec un revêtement en marbre noir et deux chaises en rotin, puis regarda la carte des cocktails comme si elle ne la connaissait pas déjà par cœur.

À vrai dire, elle essayait de se concentrer sur autre chose, car si elle se focalisait sur ses pensées, elle partirait. Elle trouvait cette situation tellement absurde ! Et pourtant, elle en était l'instigatrice. D'ailleurs, il y avait une chance sur deux qu'il ne se pointe pas. Pourquoi le ferait-il ? Leur première rencontre, vingt ans après la dernière fois qu'ils s'étaient aperçus, avait bien commencé avant de devenir un échec cuisant. Et elle préférait ne pas penser à ces quelques minutes dans sa boutique !

- Bonsoir.

Pansy sursauta au point d'en faire tomber la carte.

- Ce n'est que moi, n'aies pas peur.

Après avoir ramassé la carte, Pansy leva les yeux vers Weasley qui enlevait son manteau.

- J'étais concentrée sur mon choix de cocktail, mentit-elle. Entre le Gin Tonic et le Moscow Mule, mon cœur balance.

Elle la fit glisser jusqu'à Weasley qui s'était assis et croisa ses jambes pour essayer de retrouver une contenance.

- Je me demandais si tu allais venir.

- Pourquoi ne serais-je pas venu ? dit-il en plongeant son regard dans la liste de cocktails.

- C'est une question toute aussi valable que "pourquoi es-tu venu ?", finalement.

- Parce que je ne refuse jamais une invitation à sortir, pardi.

- Même quand elle vient d'une personne comme moi ?

- Surtout pas quand elle vient d'une personne comme toi, dit-il en lâchant la carte des yeux pour les plonger dans les siens.

Pansy fut déstabilisée. Ses iris avaient quelque chose de fougueux, de rieur, mais de légèrement farouche qui l'empêchait de détourner le regard.

- Je peux savoir ce que ça sous-entend ? demanda-t-elle en croisant ses bras sur sa poitrine et en s'adossant à sa chaise.

- Oh, je ne sous-entends rien, tu sais, c'est très assumé. Ça ne me serait jamais venu à l'esprit de ne pas venir, tout simplement parce que j'ai envie de découvrir ce que tu caches derrière tes remarques piquantes et ce masque froid.

Un sourire en coin étira les lèvres de Pansy, tout comme celles de son vis-à-vis.

D'accord. George Weasley était donc ce genre d'homme.

Et ce n'était pas pour lui déplaire.

Pansy allait répliquer, mais Ashanti l'en empêcha.

- Alors, ils boivent quoi la dame aux fleurs et le grand roux ?

Weasley fronça les sourcils et Pansy se dépêcha de répondre pour éviter un moment gênant.

- Pour moi, ce sera un Moscow Mule, av…

- Avec beaucoup de citron, yes, termina Ashanti à sa place. Et pour toi ?

- Un Wapplesky.

- OK ! À tout de suite !

La barmaid tourna les talons et les laissa en tête à tête. Pansy se dépêcha de trouver un sujet de conversation. Elle détestait les moments de blanc. Ce silence gênant où personne ne savait quoi dire la mettait toujours mal à l'aise.

- Comment ça se fait que tu te retrouves à accompagner Granger ? lui demanda-t-elle.

- Je suis le directeur du Département des jeux et sports magiques, expliqua-t-il. C'était soit moi, soit celui du Département de la coopération magique internationale qui n'est autre que mon cher frère, Percy. Une chance pour tout le monde que j'aie été choisi.

- Tu m'étonnes, ricana Pansy. Mais j'ignorais que tu travaillais au Ministère.

- Ça te surprend ?

- Un peu, mais j'imagine que le Ministre sait qui il met à la tête de ses Départements. Ce qui me surprend surtout, c'est que tu ne travailles plus dans votre boutique de farces et attrapes.

- Tu as justement mis le doigt sur le problème. C'était notre boutique, à Fred et moi.

Un léger voile vint assombrir l'insouciance dans les yeux de Weasley et Pansy culpabilisa aussitôt. Elle ne connaissait que trop bien cette douloureuse sensation dans le cœur lorsqu'on évoquait quelqu'un de cher qui avait disparu et elle s'en voulut de lui faire ressentir.

- Je possède encore quelques parts, reprit-il, mais mon frère, Ron, en a la majorité. Il gère la boutique d'une main de maître avec Verity, qui était notre vendeuse à l'époque et qui est maintenant sa femme.

Pansy passa outre le fait qu'elle n'imaginait absolument pas Weasley avoir passé la bague au doigt à quelqu'un d'autre que Granger ou Potter. Elle profita du fait que son vis-à-vis semblait ouvert à la discussion.

- C'était trop dur pour toi de continuer à travailler là-bas ? lui demanda-t-elle.

Elle remercia Ashanti d'un sourire lorsqu'elle déposa leurs verres sur la table.

- Oui. J'ai essayé, mais je n'étais plus heureux. J'ai cru que je pouvais faire vivre l'âme de mon frère, mais je n'ai pas réussi, je le voyais partout, c'était invivable.

Les mots de Weasley résonnèrent étrangement chez Pansy. Elle avait l'impression de revivre l'été 1998, lorsqu'elle avait dû vider l'entièreté du Manoir familial après le décès de ses parents. Elle avait cru les voir partout et c'était une douleur indescriptible, lorsque le deuil n'était pas fait et la blessure encore ouverte.

- Mais à part ça, je suis très épanoui dans ma vie, se reprit-il en retrouvant instantanément le sourire, si bien que Pansy en fut déroutée.

Elle en déduisit qu'il ne voulait peut-être plus en parler et elle respecta son choix. Si elle pouvait détourner ses propres pensées qui étaient en train de s'assombrir, cela l'arrangeait.

- Trinquons, alors, proposa-t-elle en levant son verre vers lui.

- À cette soirée que je ne saurais définir, dit-il en cognant son verre contre le sien.

Elle n'était donc pas la seule à manquer de mots.

Pansy but une gorgée de son Moscow Mule, dosé comme elle le voulait, et envoya un pouce en l'air en direction d'Ashanti pour la remercier.

- Sommes-nous devenus suffisamment proches pour que tu me dises ce que tu fais en Bulgarie, toi ? s'enquit Weasley. L'autre jour, tu m'as dit que nous ne l'étions pas assez pour que tu me révèles des détails intimes…

- Ah, parce que tu trouves que, depuis la dernière fois, nous avons fait des progrès en ce sens ?

- Excuse-moi, j'ai osé penser que si tu m'avais proposé cette soirée, c'était parce que tu avais compris que les cornes de cerf, ce n'était pas de ma faute.

Pansy plissa les yeux et la lueur insouciante dans le regard de Weasley refit surface. Peu importaient les raisons de ce rendez-vous - ou quoi que cela pouvait être - finalement.

- Bon, OK, capitula-t-elle. Disons que je me suis retrouvée seule après la guerre. Je n'avais que Drago pour seul repère et quand il m'a fait part de son envie de terminer sa scolarité en faisant sa dernière année à Durmstrang, j'ai saisi l'opportunité et je l'ai suivi. Je ne me voyais pas rester seule en Angleterre, sans lui et sans mes parents.

- Tu semblais avoir beaucoup d'amis, pourtant.

Pansy lui sut gré de ne pas poser de question sur ses parents.

- De vrais amis, non, je n'avais que Drago. Les autres, Blaise, Théodore, Millicent, nous ont tourné le dos et ont très vite retourné leur veste pour se faire bien voir. Je ne suis pas toute blanche, j'ai des choses à me reprocher, notamment le fait d'avoir voulu livrer Potter à Tu-Sais-Qui, mais je m'efforce chaque jour de prouver que je ne suis pas qu'une peste un peu mignonne.

- Plus qu'un peu.

À sa manière d'écarquiller les yeux, Pansy comprit qu'il avait pensé à voix haute.

- C'est tout ce que tu retiens de mes confessions ? le taquina-t-elle.

- N'est-ce pas le plus important ?

Charmée, Pansy sourit.

Ce George Weasley était plein de surprises.

.

Pansy rabattit la capuche sur sa tête et avança droit devant elle, visage baissé.

Elle ne voulait pas vraiment se cacher, mais si elle pouvait éviter de croiser quelqu'un qu'elle connaissait à ce moment-là, cela l'arrangeait beaucoup.

Comme les voyages en Portoloin la rendaient toujours malade, l'air frais londonien lui fit énormément de bien. Par chance, il ne pleuvait pas, même si le ciel était menaçant. Peut-être était-ce une question de minutes avant que la pluie s'abatte sur elle.

Pansy passa le portail du cimetière sorcier de Bromham, dans le Wiltshire, et ses pas la guidèrent instinctivement vers l'allée douze. Là-bas, entre les sépultures froides et grisâtres, se dressait une pierre tombale plus brillante que les autres.

"Ambroisius Parkinson, né le 13 octobre 1953 et mort le 2 mai 1998.

Dahlia Parkinson, née le 22 août 1954 et morte le 2 mai 1998.

Je suis le scintillement du diamant sur la neige,

Je suis l'envol de ces oiseaux silencieux qui tournoient dans le ciel.

Pourquoi serais-je hors de ta vie simplement parce que je suis hors de ta vue ?"

Pansy connaissait ces mots par cœur, pour les avoir lus des centaines de fois. Ils étaient extraits d'un poème de Mary Elizabeth Frye. C'était elle qui les avait choisis, un peu à la va-vite, quand un employé des pompes funèbres lui avait demandé ce qu'elle voulait comme épitaphe pour la tombe de ses parents.

Pansy n'avait pas su quoi répondre sur le moment. À dix-huit ans, nous ne sommes pas censés avoir déjà réfléchi à ce genre de choses. Alors, en rentrant chez elle, elle avait attrapé le premier livre qui lui était tombé sous la main dans la bibliothèque de leur manoir et le hasard avait voulu que ce soit un recueil de poèmes sur la mort.

Elle avait passé toute la nuit à le lire et à le relire. Ce poème avait tristement résonné en elle et elle avait trouvé ces mots parfaits pour faire vivre le souvenir de ses parents.

Pansy sortit sa baguette de la poche intérieure de sa cape et lança un Evanesco sur le bouquet fané qu'elle remplaça par celui qu'elle tenait dans sa main. Des dahlias, évidemment, qu'elle avait réussi à conserver quelques semaines au-delà de la période de floraison, mêlés à quelques branches d'ambroisie.

Elle déposa délicatement le bouquet sur la pierre de marbre avant de s'asseoir sur le rondin de bois tout près. Elle se posait toujours là lorsqu'elle venait se recueillir.

Pansy ne savait pas si elle pouvait appeler cela de la chance, mais l'allée douze était rarement fréquentée, ce qui faisait qu'elle n'était jamais dérangée. La seule fois où cela s'était produit, elle avait seulement surpris une vieille dame renifler au-dessus de la tombe de son défunt mari, puis elle était partie.

Les larmes envahirent ses yeux sans prévenir et dévalèrent ses joues avant de s'écraser sur sa robe, la tachant de petits cercles humides. Dès qu'elle se trouvait ici, face au marbre sous lequel reposaient les corps de ses parents, c'était instantané. Il n'y avait qu'ici qu'elle ne prenait pas la peine de les cacher. Elle était seule, personne ne pouvait la surprendre à pleurer. Elle était seule avec son chagrin et cette douleur vive et lancinante dans sa poitrine.

Pansy avait eu beaucoup de difficultés à faire son deuil. Aujourd'hui, elle pouvait affirmer qu'elle l'avait fait, mais ce n'était pas moins douloureux quand elle y pensait. C'était toujours là, insidieux, tapis dans un coin de son cœur.

Elle resta là une heure environ, à leur parler dans sa tête, à se remémorer des souvenirs, à imaginer ce qu'aurait pu être leur vie s'ils étaient encore vivants. Pansy ne quitta le cimetière que lorsqu'elle sentit des gouttes de pluie. Elle rabattit à nouveau la capuche sur sa tête et transplana sur le Chemin de Traverse. Elle avait bien besoin d'un petit remontant avant de rentrer en Bulgarie.


Et voilà !

Alors, ce rendez-vous a-t-il été à la hauteur de vos attentes ? On peut dire que George est pas le dernier pour draguer, hein ? Il s'en cache même pas ahah. Vous pensez que Pansy va rapidement craquer ? La fin du chapitre est un peu moins glorieuse pour elle, mais ça vous permet d'en apprendre plus et de la connaître encore mieux...

Quant à nos deux autres loustics, c'est pas la même histoire ahah. Que pensez-vous de Viktor ? Ah ! Et puis ça avance déjà pour la première tâche... Eh oui, faut pas oublier qu'ils sont là pour ça héhé.

J'ai hâte de lire vos reviews !

Du love, à mercredi !