Hi ! Voici la suite.

Dans ce chapitre, on va se concentrer sur une seule et même soirée. House et Cuddy ont beaucoup de choses à se dire...

Résumé : Cuddy passe le week-end chez sa sœur, lui faisant part entre autre de ses doutes. Une fois rentrée sur Princeton, elle croise House le soir avant de quitter l'hôpital. Il semblait avoir quelque chose à lui dire, mais elle avait préféré rentrer chez elle.

Good Read ;)


Chap' 28

Trois jours plus tard, le Jeudi 8 Novembre 2007.

Il ne l'avait pas revue depuis le soir où il était venu la voir dans son bureau, surpris de la trouver encore là à une heure si tardive. Elle était finalement partie, le laissant cogiter sur bon nombre d'interrogations. Il faut dire qu'il n'avait pas mis les pieds à l'hôpital ces derniers jours, prétextant ne pas avoir de cas et donc aucune raison de venir. Wilson était exaspéré. Cuddy était dépassée.

À défaut d'avoir pu diagnostiquer une quelconque maladie chez une personne lambda, le sarcastique misanthrope qu'il était avait passé le plus clair de son temps dans sa bulle de réflexion. Ça le hantait. En fait, il en était obnubilé. Cette femme… Il ne pouvait se résoudre à s'en passer. Il aurait préféré que les choses soient plus simples, moins compliquées pour se laisser aller tout à elle. Car il se sentait prêt à essayer quelque chose de concret avec elle, mais une partie de lui lui braillait de se sauver, de prendre ses jambes à son cou car il n'était pas capable de faire autre chose. Devait-il essayer quand même ? Le changement était ce qu'il redoutait le plus. L'inconnu le terrifiait. Mais faire un trait sur elle était tout bonnement impossible.

Retirant le flacon de plastique orange de la poche de son jean, il en sortit un comprimé de Vicodin qu'il avala sans difficulté. Il éteignit ensuite la télé qui diffusait un ramassis de futilités puis massa machinalement sa cuisse droite dans un long va-et-vient vertical. Il ferma les yeux un instant, croyant au départ que ce bruit n'était que le fruit de son imagination.

Wilson, si c'est encore pour… Commença-t-il avant même d'avoir ouvert la porte.

Celle-ci laissa apparaître la Doyenne, visiblement rassurée de voir qu'il était chez lui. House la dévisagea, étonné de la trouver devant sa porte.

Si c'est pour mon absence que vous êtes là faut pas vous inquiéter, je vais bien.

Là tout de suite je ne suis pas ta patronne. Expliqua-t-elle en resserrant sa grippe sur le col de son manteau. Laisse-moi entrer, s'il te plaît.

L'étonnement de l'homme se fit plus grand. Il s'écarta et laissa passer la jeune femme. La porte se referma sur eux et il se retourna vers elle après avoir claudiqué jusqu'à son piano, posant sa main libre sur la surface de vernis noir.

Je suis venue m'excuser pour l'autre soir. Avoua-t-elle avant de remettre en place une mèche de cheveux. Je n'aurais pas dû m'en aller… J'aurais dû écouter ce que tu avais à dire.

Je n'avais pas grand-chose à dire. Fit-il remarquer rapidement. J'ai juste vu que tu étais encore là et je me suis arrêté, c'est tout.

Non, ce n'est pas tout, House. Rectifia-t-elle. Tu aurais pu rentrer directement. Après tout je ne savais pas que tu étais là.

Pourquoi chercher des réponses quand il n'y en a pas ? Questionna le diagnosticien sans pleinement avoir conscience de ses propos.

La jolie brune se débarrassa de son sac à main et déposa ce dernier sur le canapé. S'en suivit son manteau et son écharpe, trouvant leur place sur le dossier de ce siège allongé. Elle n'en resterait pas là, c'était une évidence. De manière magnétique, le regard du médecin se posa sur son abdomen pourtant dissimulé. Il se passa une main sur le visage. C'était bien malgré lui.

Tu voulais bien quelque chose, même si tu n'avais rien à me dire. Élucida Cuddy, le sortant de sa torpeur contemplative.

Elle avait son regard ancré sur lui. Il déglutit péniblement. Bien sûr qu'il y avait une raison. Il y a une raison à tout. Mais il jugea que cela pouvait attendre. Il n'était pas pleinement sûr d'être prêt. Elle non plus visiblement. Alors ses propres désirs pouvaient attendre. Il attendrait qu'elle se lance, avec toute la franchise et la volonté qu'elle serait capable de faire preuve. Il voulait être sûr qu'elle soit sûre. Et puis ça l'aiderait à se lancer à son tour. Il voulait être rassuré. Il en avait besoin, sans confortablement l'exprimer.

Simplement m'assurer que tu étais toujours vivante. Ça serait dommage de perdre la directrice de l'hosto. Tenta-t-il de masquer son malaise.

C'est sûr. Heureusement que tu étais encore là, juste au cas où.

Elle s'approcha de lui, ne laissant entre eux que quelques pas de distance. Il la regarda sans jamais rompre le contact. Elle le scruta. Il savait qu'elle n'abandonnerait pas si facilement et sur l'instant il trouva cela un peu cruel.

Pourquoi avoir tenté de me retenir s'il n'y avait aucune raison à ta venue ?

Elle se mordit la langue aussitôt. Elle avait bien remarqué sa mâchoire se crisper. Elle ne souhaitait pas le pousser à bout, mais elle voulait vraiment savoir.

Ça peut attendre, Cuddy. Rétorqua-t-il, excédé.

La jolie brune n'insista pas plus, voyant que de toute façon elle n'en apprendrait pas davantage. Et elle ne voulait pas de son air renfrogné, celui qui la faisait se sentir de trop.

J'ai aussi eu la décision du Conseil. L'informa-t-elle aussitôt, ne souhaitant pas qu'un silence gênant s'installe.

Sa mâchoire barbue se serra un court instant. C'était fugace mais elle le remarqua. Inconsciemment, peut-être, la main du néphrologue recommença ce long va-et-vient. Ça aussi elle le remarqua. Et tout aussi fugacement, ses lèvres doucement rosées se pincèrent en un rictus de culpabilité.

Et donc, qu'ont-ils décidé ? Demanda-t-il en relevant la tête vers elle, les yeux plongés dans les siens.

Nous serons tranquilles, l'avertit Cuddy, un certain soulagement dans la voix, mais à certaines conditions.

House la regarda, les yeux désormais légèrement plissés sur elle. Il n'aimait pas les compromis, et tenait en horreur les troisièmes solutions. Pourquoi devait-il y avoir une contrepartie ? Si en fait, il aimait ça. Le donnant-donnant était un moteur suffisamment convaincant pour lui… Quand il jouait selon ses propres règles. Là c'était bien différent. ON décidait pour lui. Pour eux. Des gens qui ne connaissaient rien de lui et rien d'elle. Qui ne connaissaient rien de leur vie privée. Des gens qui ne les connaissaient pas. Comment cela pouvait-il être permis ?

Il n'eut le temps de s'attarder sur cette réflexion, la voix de la jeune femme le sortant de ses pensées. Pour clarifier les choses, elle lui expliqua que tant qu'il n'y avait pas de troubles objectifs au fonctionnement de l'hôpital, ni aucun étalage de leur relation au sein dudit hôpital, alors il n'y aurait aucune sanction pour l'un comme pour l'autre.

Lorsque Sanford Wells était venu voir la Doyenne dans son bureau cet après-midi, elle s'était quelque peu crispée, essayant de ne rien laisser paraître devant l'homme d'affaires. Ce dernier n'avait pas tergiversé, et elle l'en avait remercié silencieusement. Elle s'était attendue à une décision plus dure, plus juste aussi si on s'en référait à certains de ses principes. Elle savait que l'homme avait influencé favorablement les membres du Conseil d'Administration, du moins le pensait-elle.

Alors comme ça pas de parties de jambes en l'air sur le sofa de ton bureau ?

House… Souffla-t-elle doucement en fermant les yeux.

Nan, en fait je pensais plutôt à ton bureau en lui-même. Corrigea-t-il avec un sourire entendu.

Il daigna enfin s'éloigner de cet imposant instrument et lui fit signe de s'asseoir, disparaissant dans la cuisine à côté. Depuis qu'elle était arrivée, il n'avait pas bougé et sa jambe le lui fit regretter avec une douleur lancinante.

Elle le regarda s'éloigner, se mordillant la lèvre en pensant à son effervescente douleur. Quelques secondes d'inertie, et la jeune femme alla s'asseoir sur le cuir du canapé. Ses pensées la rattrapèrent, la submergeant jusqu'à ce qu'elle lâche prise. Il était une véritable énigme pour elle. Secret et tellement insaisissable. Ça avait un côté sexy qu'elle aimait beaucoup, mais avait-elle besoin de ça ? N'avait-elle pas passé l'âge pour se laisser séduire par un homme si mystérieux ? N'était-ce pas trop dangereux ? Un peu trop inconscient de sa part ? Elle savait que toutes ces questions avaient certainement la même réponse, pourtant Cuddy ne pouvait se résoudre à renoncer à cet homme. Nom de Dieu, que lui arrivait-il ?

Je ne sais pas. Répondit House.

Le diagnosticien se tenait debout, à l'autre bout du canapé, une tasse fumante à la main. Cuddy releva vivement la tête vers lui, comprenant au même moment qu'elle venait de penser tout haut. En l'espace de deux secondes, elle se sentit rougir sous son regard interloqué. Elle ne dit rien, baissant les yeux sur la table basse. Les lèvres de l'homme se pincèrent dans une moue dubitative. Il n'était pas certain de tout comprendre, et son silence ne l'aida nullement. Finalement, il lui tendit la tasse et elle s'en saisit dans un sourire se voulant rassurant.

Je ne pensais pas trouver de la tisane chez toi. Confia-t-elle en examinant la tasse entre ses mains.

Il haussa simplement les épaules, puis retourna dans la cuisine. Elle l'entendit se chercher quelque chose à boire, reconnaissant le tintement du verre des bouteilles qui s'entrechoquaient. Il revint quelques instants après, prenant place à côté d'elle, serrant son verre dans sa main gauche et déposant sa canne contre l'accoudoir.

Il faut aussi que l'on justifie tes trois jours d'absence. L'informa-t-elle après plusieurs minutes d'un silence étouffant.

Encore une chance que j'ai un très bon médecin pour ça ! S'exclama House, appuyant ses dires d'un clin d'œil entendu.

Ne fais pas l'idiot. Gronda la jolie brune, les sourcils froncés. Je viens de te dire qu'il faut que l'on fasse profil bas et toi tu commences déjà à te faire remarquer.

Elle amena la tasse à ses lèvres, buvant une gorgée brûlante et dissimulant par la même sa consternation. Il vit cependant très bien ce sentiment s'installer chez elle et s'en voulut presque instantanément. Il savait bien que parfois il allait trop loin, sans néanmoins toujours connaître la limite à ne pas franchir. Il savait aussi que son humour ne fonctionnait pas à tous les coups.

Hey, je ne pouvais pas savoir. Fit-il doucement.

Il était peu convaincu mais il voulait faire taire ce sentiment chez elle. Elle ne le connaissait que trop bien, le côtoyant de si près qu'il voulait lui éviter d'en souffrir une fois de plus. Un jour, ça serait une fois de trop.

Le diagnosticien trempa ses lèvres dans son bourbon, ne la quittant pas des yeux, essayant peut-être de percer à jour toutes ses pensées. Et son regard posé sur elle la fit se redresser, gigotant nerveusement sur son siège. Elle daigna planter ses yeux gris-verts dans les siens, inquisiteurs.

À l'avenir, j'aimerais que tu ne te fasses plus remarquer et que tu fasses tes consultations.

Quoi, tu veux que je sois comme tous ces médecins ordinaires ? S'insurgea-t-il faussement.

Oui.

Mais je ne suis pas un médecin ordinaire !

Ça alors ! Comment pouvait-elle en douter ? En d'autres circonstances elle lui aurait certainement souri d'amusement. Mais elle se contenta de ravaler ce sourire et se passa une main sur le visage, inquiète.

Je sais. Et je suis consciente que ça va te demander beaucoup d'efforts si tu veux qu'il y ait plus qu'une aventure entre nous. Déclara-t-elle, attentive à la moindre de ses réactions.

Bah le plus simple ça serait justement que je ne change rien. Reconnut-il, tout à fait sûr de lui. C'est vrai après tout ! Le grand Docteur House qui honore ses consultations sans broncher, qui va parler à ses patients, qui passe du temps avec eux. Sans oublier la mort de toutes manifestations scandaleuses sur ton postérieur ou bien encore sur ton décolleté outrageusement plongeant. Débita le néphrologue d'une traite avant de faire une très courte pause. Nan mais qui va avaler ça ?!

House… Je veux juste que tu fasses ton boulot et que tu arrêtes de rechigner. Dans notre intérêt à tous les deux. Expliqua la Doyenne d'un ton las.

Secrètement, Cuddy espérait qu'il tenait suffisamment à leur semblant de relation pour ne pas faire d'esclandre. Mais comment en être sûre ? House était si imprévisible… Elle n'aima pas du tout ce doute qui s'insinua cruellement en elle. Agacée, elle ne chercha même pas à dissimuler sa mauvaise humeur.

Et pour mon absence ? Demanda-t-il sans réellement faire attention à la jeune femme à côté de lui qui semblait bouillir de l'intérieur.

Tu ne pouvais pas mieux tomber, hein ? Asséna-t-elle sèchement.

Il reporta son regard sur elle, ne se rendant compte que trop tard de sa maladresse. Les sourcils froncés et l'expression durcie par la colère, elle le désarma sur place. Il n'y comprenait plus rien. À quel moment avait-elle fait volte-face ? De toute évidence il avait loupé quelque chose. Il but une nouvelle gorgée de cet alcool ambré, comme si celui-ci pouvait lui donner le courage qui lui manquait tant.

Je vais me répéter mais je ne pouvais pas savoir. Admit-il en se tournant un peu plus sur sa gauche, lui faisant face du mieux qu'il pouvait. C'était stupide, c'est vrai, mais tu ne peux pas m'en vouloir d'avoir agi comme je l'ai toujours fait.

Les yeux inexorablement rivés sur lui, elle semblait ne pas pouvoir réagir. Hypnotisée ou inconsciente, Cuddy restait là sans bouger, paralysée, incapable de quoi que ce soit face à cet homme qu'elle n'avait peut-être même plus conscience d'avoir en face d'elle. Soudainement pris par un sentiment s'apparentant à de l'inquiétude, House tendit sa main droite vers elle, cette dernière s'amarrant à sa frêle épaule sans que cela n'eût changé quoi que ce soit à cette situation déconcertante. Ce n'est qu'à l'écoute de sa voix, douce mais hésitante, que la jolie brune reprit vie.

Je suis désolé. Admit-il plus difficilement qu'il ne l'avait pensé. Je comprends que certaines choses doivent changer à partir de maintenant, mais je ne suis pas sûr d'y arriver.

Elle le vit déglutir avec difficulté. Elle savait que cette confidence n'était pas des plus simples, et que peut-être elle ne lui convenait pas à lui non plus. Mais il se montrait honnête envers elle, et pour ça la jeune femme pouvait lui en être infiniment reconnaissante car lui mentir était bien la dernière chose dont elle avait besoin.

Cuddy porta pour la énième fois la tasse de porcelaine à ses lèvres. Son contenu était devenu froid et elle grimaça sous cette sensation désagréable. Depuis combien de temps était-elle ici, à tenter de lui exprimer ses craintes, ses peurs ? Ses envies aussi, ses besoins sans doute. Elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre, redoutant qu'il ne se renferme sur lui-même et qu'en découle alors l'impossibilité d'établir un dialogue, de quelque manière que ce soit. Néanmoins elle se devait d'essayer. Elle ne pouvait rester dans ce qui ressemblait à s'y méprendre à de l'inertie tout en espérant qu'il comprendrait les choses par lui-même. Cette situation n'était pas confortable et à long terme elle n'apporterait rien de bon. Quitte à ce que les choses ne marchent pas entre eux, autant que ce soit en ayant essayé que cela n'arrive pas. Les regrets étaient la dernière chose qu'elle souhaitait avoir.

Je tiens à mon travail et je veux garder mon poste. Et je veux également que tu puisses garder le tien. Expliqua la Doyenne en plantant son regard dans le sien.

Je compte bien rester !

Alors fais ce qu'il faut pour.

Dans ses grands yeux devenus gris lunaire, il n'eut aucun mal à voir cette expression. Il la reconnut tout de suite. Sur l'instant, House se maudit de la connaître si bien. Distraitement, sa main massa sa cuisse, devenue douloureuse tout d'un coup. Il prendrait bien un nouveau comprimé de Vicodin mais, sans trop en saisir le sens, il s'abstint de le faire devant elle. Et puis elle reprit la parole, essayant tant bien que mal de réfréner ce sanglot qui prenait de l'ampleur dans le fond de sa gorge.

Je n'ai pas envie de choisir entre toi et mon hôpital. J'ai envie qu'on se donne une chance.

Les derniers mots s'étaient quelque peu noyés dans sa voix. Et ses fines mains, dont les doigts ne cessaient de se tordre de nervosité, se retrouvèrent emprisonnées par celles de l'homme. Son geste fut d'une douceur qu'il avait du mal à réaliser et qu'elle semblait ne pas reconnaître. Se laissant porter par ses désirs, il l'attira doucement à lui et naquit alors une étreinte qu'elle aurait souhaité quasi éternelle. Ses grandes mains se promenaient dans son dos, et finalement ses bras forts se refermèrent sur son corps, lui accordant le réconfort qu'elle semblait mériter.

Même si le Conseil avait rendu sa décision, Cuddy savait qu'il avait tout à fait le droit de condamner sa relation avec le néphrologue. Elle se devait donc de garder le contrôle sur lui à l'hôpital, et exigeait de lui qu'il ne commette pas d'impairs. Ils avaient tous deux beaucoup d'efforts à fournir mais elle se lancerait dans cette bataille corps et âme. Renoncer à sa présence, à ces moments avec lui, à son contact… Abandonner cet homme était un sacrifice qu'elle savait impossible à réaliser.

TBC...


Rah, mais quelle torture pour eux !

J'espère en tout cas que ça vous aura plu :)

Un nouveau personnage (existant dans la série) fera son apparition dans le prochain chapitre.

Allez, je vous dis au mois prochain.

- Kisses to you and see you soon -