Hi ! Un nouveau chapitre pour commencer le mois. Et bien que nous soyons le 1er Avril, il n'est pas question ici de ce fichu poisson d'Avril :)

Bref, j'espère comme toujours que cette suite vous plaira. Il est maintenant temps de digérer « l'ouragan Arlène » !

Résumé : Cuddy vient trouver House dans son bureau et lui propose de passer la soirée avec elle, ce qu'il finit par accepter. Quelques jours plus tard, Cuddy reçoit sa mère pour Thanksgiving. Comme attendu, la sexagénaire ne tarit pas de remarques et autres réflexions sur les choix de sa fille. Cette dernière en ressort quelque peu blessée et pleine d'incertitudes.

Good Read ;)


Chap' 30

Le week-end touchait à sa fin. En ce Dimanche matin, Arlène repartait chez elle, non sans faire quelques réflexions supplémentaires à sa fille. Comme si cela n'avait pas suffi. Malgré tout, la sexagénaire devait bien reconnaître qu'il y avait quelque chose de changé chez sa fille, bien qu'elle eut du mal à l'admettre. Mais il y avait cet espèce d'apaisement. Difficile à comprendre puisqu'elle allait accoucher dans quelques mois et qu'elle en était morte de trouille, de ça et de ce qui suivrait. Arlène en aurait toutefois donné sa main à couper ; quelque chose chez sa fille avait changé. On ne pouvait pas tout mettre sous le coup de la grossesse.

Cuddy s'enroula dans une serviette avant de sortir de la douche, ses cheveux encore imbibés d'eau. Elle se sentait étrangement bien, comme soulagée d'un poids. Tout déballer à sa mère - ou presque - lui avait fait beaucoup de bien, encore plus que ce qu'elle avait imaginé. Elle sourit face à son miroir. Ce sentiment lui plaisait de manière immodérée tant il lui avait manqué. Elle démêla sa chevelure ébène avant de la sécher avec soin. Elle ne put s'empêcher de remarquer qu'elle était devenue plus fournie, plus douce aussi. Son sourire revint se plaquer sur son visage, étirant davantage ses lèvres. Elle partit ensuite dans sa chambre pour s'habiller. Elle ouvrit un placard, laissant apparaître toute une armada de vêtements de grossesse. Elle ne logeait plus dans ses jupes serrées de bureaucrate, et avait donc dû se résoudre à faire quelques ajustements côté vestimentaire. Il y avait un peu de tout, n'ayant pas vraiment réussi à se décider. Pendant un instant, Lisa parcourut du regard les étagères, et après une légère réflexion elle jeta son dévolu sur un pantalon type jean et un pull bordeaux. Elle était à l'aise dedans, s'y sentait bien.

Son portable vibra sur la commode, non loin de là. Elle s'en saisit et put y lire un message de House. Elle sourit et pianota quelques lettres sur les touches. Elle avait prévu de ne rien faire aujourd'hui, s'accordant un peu de temps seule mais le message de son diagnosticien la fit changer d'avis. Après tout, elle n'était pas contre sa compagnie. Mais avant cela elle voulait faire un brin de ménage, et c'est à ce moment-là que son sourire mourut sur ses lèvres.

Cette pièce… Lisa avait énormément de mal à y rentrer. Elle avait pourtant été sa chambre des années durant, mais depuis ce qui s'y était passé… Elle se sentait terriblement mal entre ces murs. Cette maison n'était plus que pour elle la prison de ses souvenirs. Bien sûr elle en avait eu de bons ici, mais les mauvaises choses submergent constamment les meilleures. On a plus tendance à se rappeler les mauvais souvenirs que les bons tant ces horribles évènements nous ont marqué. Elle ne se sentait plus en sécurité dans sa propre maison. Au début elle s'était dit qu'avec le temps cet affreux sentiment qu'elle avait s'estomperait et que tout reviendrait dans l'ordre. Mais rien ne redevint comme avant et le temps s'était bien joué d'elle. House avait eu raison, une fois de plus.

La jeune femme essuya rageusement la larme qui coulait sur sa joue gauche, prit une profonde inspiration et se saisit de la clinche. La porte s'ouvrit sur cet espace qu'elle ressentit comme austère, implacable et douloureux. Elle resta pétrifiée quelques instants, le regard figé dans le vide. La jolie brune faisait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas s'attarder sur ce lit, mais ce ne fut pas facile. Elle se voyait encore allongée là, Benoît la maintenant fermement pour ne pas qu'elle bouge, l'embrassant violemment pour obtenir ce qu'il voulait. Et plus tard House voulant la rassurer, la protéger alors qu'elle était à moitié nue, abusée. Elle secoua la tête et ferma les yeux, essayant tant bien que mal d'effacer ces images. Prenant son courage à deux mains - quatre aurait été plus efficace si elle en avait eu quatre - Cuddy s'affaira à la tâche. Elle se dit que plus vite elle aurait fini cette corvée, plus vite elle retrouverait un certain confort. Ne pas rester là trop longtemps ; c'était son seul mot d'ordre.

L'heure du déjeuner était là et elle se força à manger quelque chose. Elle était épuisée. En tout début d'après-midi, elle monta dans sa voiture et roula jusqu'à Baker Street. Son besoin de le voir, de le sentir près d'elle lui semblait n'avoir jamais été aussi fort. Et elle n'eut le temps de lui laisser dire quoi que ce soit qu'elle se pressa immédiatement contre lui, le serrant dans ses bras en ayant bien du mal à retenir ses larmes.

Qu'est-ce qui se passe ? Lui demanda House en répondant à son étreinte, pas très sûr de la suite à venir.

Elle se détacha de lui après quelques secondes mais ne répondit pas tout de suite. Elle fit quelques pas dans le salon, essuya grossièrement ses joues et se retourna pour lui faire face.

Je ne peux plus rester dans cette maison. Admit-elle en fuyant son regard.

Son cœur se serra. Elle semblait tellement souffrir. Il ne voulait pas la voir dans cet état et ne supportait pas qu'on lui ait fait du mal. Il savait bien ce qu'il s'était passé ; il avait compris. Il lui avait pourtant dit que c'était une mauvaise idée que de vouloir rester là-bas, mais elle s'était montrée têtue, préférant se bercer d'illusions. Et maintenant elle souffrait toujours et regrettait de ne pas l'avoir écouté. Il se sentait idiot, il n'aurait pas dû lui laisser le choix.

House s'avança doucement vers la jeune femme. Elle ne remarqua même pas qu'il se rapprochait d'elle. Son bras se tendit et sa main atteignit son menton. Il lui fit relever la tête, l'obligeant à plonger son regard dans le sien. Ça lui fit mal mais il voulait qu'elle sache qu'il ne l'abandonnerait pas. En retombant, sa main effleura le col de son manteau. Il entreprit de le lui enlever. Elle se laissa faire et finit par l'aider en extirpant ses bras du vêtement. Il le déposa sur le piano derrière elle, puis claudiqua jusqu'au fond de l'appartement. Elle resta interdite. Et puis ses yeux se replongèrent dans les siens quand il réapparut devant elle.

Prends ça.

Les yeux de Cuddy migrèrent jusqu'à ce qu'il lui tendait dans sa main. Elle fut surprise et ne dit rien, se contentant de prendre la pièce de métal du bout des doigts.

Garde-la, elle est à toi.

Il n'ajouta rien de plus et alla s'asseoir sur le canapé. Elle resta sans voix, incapable de dire quoi que ce soit. Lui donnait-il la clé de son appartement parce qu'elle avait besoin de s'éloigner de chez elle ? Ou bien était-ce une preuve de son attachement pour elle ? Une sorte de seconde étape à franchir dans leur relation ? Elle ne savait quoi en penser mais fut très émue de ce geste. Elle eut un hoquet d'émotion, ce qui le fit reporter son attention sur elle.

Ah non, tu vas pas te remettre à pleurer ! S'indigna-t-il faussement.

Elle se mordit la lèvre mais c'était plus fort qu'elle. Il se leva et s'approcha d'elle, ne pouvant en supporter davantage.

Je ne veux plus que tu pleures. Lui confia-t-il d'une voix douce en la prenant dans ses bras. Et je veux que tu restes ici.

Elle acquiesça et il finit par se détacher d'elle.

On peut aller s'asseoir maintenant ? Y a un tournoi de Monster Trucks que je ne voudrais pas rater.

Elle ne put s'empêcher de sourire largement. Sa réaction lui fit chaud au cœur, il n'en attendait pas moins. Il reprit sa place initiale pendant qu'elle se débarrassait de son écharpe, la laissant avec son manteau sur le piano. Elle le rejoignit ensuite sur le siège de cuir sombre, prenant soin d'enlever ses boots pour pouvoir se mettre plus à l'aise. Ses jambes recroquevillées sur le canapé, Cuddy s'appuya légèrement contre son épaule. Il lui embrassa le sommet du crâne, ne reculant pas la tête tout de suite. Elle sentait bon. Et avant de se replonger dans son émission, le néphrologue ne regrettait en rien de lui avoir dit de passer dès qu'elle le pourrait. Elle était là maintenant, et il était rassuré.

Sur le coup, elle ne se souvint plus très bien des choses. Son esprit était embrumé. Elle cligna des paupières pour habituer doucement ses yeux à la lumière. Elle se redressa sur un coude, faisant glisser de son épaule le plaid qui la recouvrait. Les évènements lui revinrent subitement en tête et elle aurait préféré ne jamais s'en souvenir. Mais elle se rendit compte aussitôt qu'elle n'était plus là-bas mais chez lui, et cette constatation lui mit du baume au cœur. Elle s'assit, la main sur son ventre, et le chercha du regard. En vain. Elle fut prise d'une légère angoisse, totalement irrationnelle.

House ?

Dans la chambre. Entendit-elle plus loin.

Sa respiration redevint normale instantanément. Elle se sermonna intérieurement en se disant qu'elle était idiote de paniquer comme ça. C'était stupide ! Elle étira son cou et finit par se lever, s'avançant dans l'appartement. Elle le trouva en train de tapoter les oreillers. Depuis l'entrée de la pièce, elle put sentir la fraîcheur des draps.

J'espère que madame la marmotte a bien dormi. Lui lança-t-il en se redressant, les yeux rivés sur elle.

Elle ne répondit pas, se contentant d'acquiescer d'un signe de tête. Il ne bougea pas pendant un instant, la contemplant, bien obligé de reconnaître qu'il tenait à elle bien plus que ce qu'il pensait.

Le réveil sur la table de nuit affichait 16:34, lui indiquant qu'elle devait avoir dormi au moins deux bonnes heures. Elle s'était à peine rendue compte qu'elle s'était assoupie, mais elle se sentait mieux maintenant. Perdue dans ses pensées, Lisa reporta son attention sur l'homme au moment où il jeta la couette sur le lit. Ce dernier venait d'être fait ; aussi bien que House pouvait faire un lit. Au moins il avait pris soin de changer les draps, elle n'en attendait pas tant.

Je te fais un chocolat chaud ?

Elle acquiesça, et sans plus attendre il récupéra sa canne avant de quitter la pièce pour rejoindre la cuisine. Elle fit de même quelques secondes plus tard. Mais en arrivant dans le salon, quelque chose retint son attention.

Tes affaires sont dans la penderie.

Elle n'eut le temps d'articuler la moindre syllabe. Lisait-il dans ses pensées ? Son visage esquissa un léger sourire. Elle était bien trop accaparée par ses émotions et son flot de pensées enchevêtrées qu'elle ne s'attarda pas à se demander pourquoi il se montrait si avenant envers elle. Ça lui plaisait bien. Mais bien au-delà de la pure satisfaction, elle en avait besoin. Besoin qu'on prenne soin d'elle. Besoin qu'on l'aime.

La jeune femme prit la tasse fumante entre ses mains, trouvant du réconfort dans ce lait chocolaté. Elle voulait lui dire tellement de choses, mais n'osa ouvrir la bouche. Se taire était peut-être la meilleure des choses à faire à l'instant présent. Pourtant elle ne pouvait s'empêcher de sentir son regard peser sur sa personne. Qu'importe, elle n'avait ni le courage d'entamer une conversation, ni la conviction que celle-ci se mènerait à bien.

Vous ne vous êtes pas entretuées avec ta mère ?

C'était raté. Visiblement il en avait décidé autrement.

J'imagine qu'elle a dû repartir ce matin. Poursuivit-il en voyant qu'elle semblait confuse.

Pour toute réponse, la jolie brune hocha la tête avant de replonger pour la énième fois ses lèvres dans le lait chaud. Pendant ce temps, le diagnosticien la détailla de son regard azuréen. Il comprit alors que ses soupçons d'il y a quelques heures venaient de se confirmer. Du moins il crut savoir ce qu'il s'était passé : elle avait certainement dû vouloir faire un peu de ménage après le départ de sa mère, et ce qui devait arriver arriva… À l'instant même où cette constatation le frappa, il s'en voulut amèrement. Mais ce qui est fait est fait, il ne changera pas cela. En revanche il se promit de faire mieux la prochaine fois et se passa une main sur le visage, voulant oublier ce que lui considérait comme un échec, ce qu'elle elle vivait comme une torture.

Il en revint à Arlène, ne pouvant vraisemblablement pas faire taire sa curiosité.

Alors, ta mère t'a clamé le Mazel Tov en levant les bras au ciel ? Lui demanda-t-il à demi amusé.

Aux vues de ce que lui avait dit Cuddy sur sa mère, cela lui semblait peu probable. Il s'en fichait de toute façon, son intention était toute autre : celle de détendre un tant soit peu l'atmosphère.

Il aurait fallu qu'elle soit saoule pour ça !

Il fit mouche, et un large sourire étira ses lèvres. Quelques secondes ; ce fut sa durée de vie sur son visage. Après ça, son regard s'assombrit et une certaine mélancolie s'installa.

Elle n'est qu'à moitié contente pour moi, et je ne peux même pas lui en vouloir… Se risqua-t-elle à expliquer, la voix faible et le regard bas.

L'homme se figea à l'écoute de sa confession, mais c'était surtout son langage corporel qui l'inquiéta. Recroquevillée, les doigts inlassablement malaxés et la mine défaite, elle était de toute évidence triste, il pouvait même dire angoissée. Ça ne lui plaisait pas du tout. Il se surprit à se poser la question de savoir ce que ça pouvait bien lui faire. Après tout il n'aimait personne. Oui, il lui avait dit qu'il l'aimait, mais de là à parler d'amour… Il n'avait que de l'affection pour elle, une affection particulière… Et pourquoi se mettait-il à réfléchir à toutes ces choses ? Que faisaient là toutes ces émotions ? Il était Grégory House, pas James Wilson. Tout ça n'était qu'affabulations, c'est sûr.

Il ne voulait pas comprendre pourquoi une telle chose. Pourquoi est-ce que subitement il avait l'inexorable envie de la serrer dans ses bras ? En lui murmurant que tout allait bien. Lui rappelant qu'il était là. Et il finirait par l'embrasser comme pour chasser ses peurs.

Il secoua la tête, tentant avec médiocrité de reprendre ses esprits. Et ce n'est que lorsque ceux-ci revinrent parfaitement en place qu'il la vit lui faire face, à seulement quelques centimètres.

Je me fiche bien de ce qu'elle peut penser. Tout ce que je fais n'est jamais assez bien pour elle. Ce n'est pas important. Déclara Cuddy, la tête inclinée vers le bas sur la fin de sa tirade. Ce qui est important, reprit-elle en relevant la tête vers House, c'est nous.

Les yeux plongés dans ceux de l'homme, elle ne put s'empêcher de se mordiller furtivement la lèvre inférieure. Elle n'était pas sûre de sa réaction et l'attendait avec appréhension. La dernière chose qu'elle voulait était qu'il prenne la fuite à cause d'un trop-plein d'émotions. Mais elle se sentait quelque peu obligée de provoquer les choses si elle voulait que celles-ci avancent. Elle n'aimait pas l'inertie et avait besoin de mouvements dans sa vie, ce qui ne semblait pas vraiment être le cas du diagnosticien, plus flegmatique quand il s'agissait de sentiments. Et à sa grande surprise, il ne se déroba pas.

Tu as raison, on n'a pas besoin de ta mère. Et je ne voudrais pas que Polichinelle pense qu'on fait ménage à trois.

Le myocarde de chacun rata un battement. Venait-il de dire ça ? Avait-elle bien entendu ? À la tête qu'ils faisaient l'un et l'autre, ça ne laissait aucun doute. Et comme si après ça le fait d'écarquiller les yeux était la suite logique des choses, il posa une main sur son ventre rond. Ils ne se quittèrent pas des yeux. Puis d'un pas en avant, il la prit dans ses bras. En lui chuchotant de manière presque inaudible que tout allait bien. Lui rappelant dans un silence qu'il était là. Et les peurs qu'elle pouvait bien avoir furent balayées lorsqu'il posa ses lèvres sur les siennes.

TBC...


Un chapitre ici très centré dans le temps et l'espace. Ça manque sûrement d'action, mais ça n'en est pas moins intéressant. C'est du moins mon point de vue. Le fait d'être statique permet d'explorer les choses en profondeur, et je ne pouvais pas ne pas parler des mauvais souvenirs de Cuddy qui lui reviennent en mémoire lorsqu'elle rentre dans cette chambre. Elle en est encore très marquée et le fait qu'elle soit enceinte accentue l'horreur de la chose.

Mais rassurez-vous, on avancera la prochaine fois :)

- Kisses to you and see you soon -