Chapitre XXXXXXIX : Réalité

Guest : Quand tu m'as dit que tu étais mitigée je pensais que tu n'avais pas aimé ahah! En tout cas crois-moi, je ne fais pas souffrir Lexa par plaisir mais comme tu le dis plus loin, il faut bien de rebondissement ;) Vous finiriez par vous lasser si je faisais 20 chapitres tout beau tout rose non? Reste à voir maintenant comme Lexa gère ça. Au moins oui il y a un peu de positif avec Shelby et Toni ;)

Constance : Ravie que le point de vu de Shelby te plaise et il est vrai que je prends beaucoup de plaisir à l'écrire. Pourquoi? Peut-être que ça me fait du bien de changer de point de vu et de ne pas être toujours sous celui de Lexa. Pour Becca, tu vois le mal partout ahah! J'irais lire avec plaisir les histoires de ta femme. Je n'ai pas encore eu le temps de regarder entre la fac et la préparation de mon concours mais promis j'irais! En tout cas tu devrais écrire et te publier car tu as beaucoup d'idée ahah! C'était une bonne idée pour Madi mais elle ne peut pas être la soeur de Lexa sachant que ses parents sont morts quand elle était toute petite. Ça serait une grosse incohérence ;) En tout cas merci, encore, et comme à chaque fois!!! :)

Faberry45 : Compliqué de dire à Lexa de ne pas tout casser ahah! Pour la mère de Shelby oui les choses semblent bien parties! Bcp moins pour son père oui… Merci!

Seve04 : Il n'y avait pas de grosse surprise sur le refus d'Ali et Ashlyn en effet ;) En tout cas tu vois le positif, notamment avec l'échange avec le dealer! Lexa est aussi en progrès ce qui est positif et heureusement d'ailleurs qu'elle progresse. Pour le père de Shelby, même si il est fou, je n'irais pas jusqu'à la séquestration ahah! Et puis si c'est le cas Toni ira la sauver telle un chevalier ;) Non ne dis pas que je suis terrible!!!! Il faut bien vous donner envie de lire la suite!!!

MissHarpie : Merci beaucoup!!! Ravie que tu sois embarquée par le rythme de l'histoire et que tu ne m'en veuilles pas comme certains pour la fin du chapitre ahah!

Morgane : C'est avec plaisir que je réponds et c'est normal! Vous prenez du temps pour me lire et m'écrire donc c'est la moindre des choses ;) Merci en tout cas! Vous pensez tous que Lexa va totalement vriller en tout cas ;)

Vaness : en effet pas de surprise avec Ali et Ashlyn! Effectivement Lexa ne pensera concrètement à cette idée que si la blonde le lui souffle mais bon elle n'a pas montré de signes très positifs à ce sujet… Alors tes théories ont-elles été confirmé dans ce chapitre?

van75 : Contente de t'avoir surpris, c'est le but ;) Alors Lexa va-t-elle exploser?

Edas44 : Madi n'est plus là oui… :(


« Lexa. » paniqua Clarke de me voire de marbre. C'était ça où j'explosais dans tous les sens du terme. « Lexa. » répéta-t-elle en posant ses mains de part et d'autre de mon visage pour que je la regarde mais mon regard était vide, perdu et impassible. « Lexa. » insista-t-elle en élevant le ton pour me faire réagir et en me secouant mais j'étais toujours absente.

C'était une sensation étrange.

J'étais là mais sans être là. C'était comme-ci ma conscience avait quitté mon corps et que j'assistais à la scène, impuissante et incapable d'interagir.

Je savais aussi qu'il valait mieux que cela se passe ainsi. Si je reprenais conscience de mon enveloppe corporelle, je savais que j'exploserai.

« Elle est en état de choc. » dit alors Becca que j'avais presque oublié tant elle était discrète.

Clarke la regarda alors, attendant sûrement qu'elle fasse quelque chose pour me débloquer.

Mais je n'étais pas sous le choc.

J'étais perdue.

Même si je voulais réagir, je ne savais pas quoi faire ni quoi dire.

J'avais besoin de mettre pause, de tout stopper pour pouvoir réfléchir mais je n'y arrivai pas.

La journée avait dur, trop dur et j'avais vraiment besoin d'un verre.

« Qu'est-ce qu'on doit faire? » demanda ma blonde car elle voyait que la doctoresse ne faisait rien.

« Essayez de la rassurer. » commença-t-elle tout en gardant toujours ses distances avec moi, comme-ci j'étais une bombe prête à exploser.

Clarke se retourna alors de nouveau vers moi et sans rien dire elle vint entourer ses bras autour de mon corps inerte. Elle le serra du plus fort qu'elle pouvait, comme si elle essayait de faire repartir mon coeur suite à un arrêt cardiaque.

« Ça va aller. » murmura-t-elle en embrassant ma joue, créant une légère électricité entre nous mais ce n'était toujours pas suffisant pour que je reprenne le contrôle de mon corps.

J'avais l'esprit trop parasité entre le départ soudain de Madi. Le fait que je n'avais pas tenu ma parole auprès d'elle alors que j'aurais pu. Si j'avais écouté les autres et que j'avais accepté de devenir sa famille d'accueil même si Clarke n'était pas d'accord, nous ne serions pas dans cette situation.

J'avais aussi les paroles de ce type qui tournait en boucle dans ma tête. Il avait raison. Tout ce que je faisais n'était qu'une illusion. J'avais ramené Madi chez moi et lui avait donné un semblant de vie de famille avant que des inconnus ne viennent tout lui enlever.

Je ne l'avais pas protégé, je ne l'avais pas aidé et j'avais même empiré les choses car maintenant elle allait être envoyée je ne sais où et avec je ne sais qui.

« Où l'emmène-t-elle? » demandai-je alors pour avoir une réponse à cette dernière pensée.

Ma voix, presque méconnaissable tant j'étais en mode robot fit sursauter Clarke qui s'empressa de me regarder pour voir si j'étais de retour mais ce ne fut pas le cas.

« L'organisme qui était en charge de la placer est venue la chercher pour la confier à une nouvelle famille d'accueil. » m'expliqua Becca après avoir attendu que Clarke réponde mais cette dernière était perdue face à ma réaction. « Dès ce soir, elle va prendre l'avion pour New York afin d'y vivre, selon leur mot, avec une meilleure famille. » ajouta-t-elle et je pris ses derniers mots comme une attaque.

Je savais qu'elle parlait de son ancienne famille d'accueil et non de moi. Mais lorsque l'on est perdue, en début de crise, on prend le moindre mot pour soi.

« Partez. » lui ordonnai-je alors en serrant la mâchoire avant que d'autres mots sortent de ma bouche.

Je ne devais pas être méchante avec elle, elle m'avait aidé.

Du moins elle m'avait fait gagner deux petits jours… Deux jours d'illusion et d'espoir en vain.

« Lexa… » intervint doucement Clarke car elle savait ce dont je me retenais de faire. « Madame Franco t'a aidé et elle a des choses à te dire. » ajouta-t-elle pour me convaincre de garder mon calme.

« Il n'y a rien que vous ne sachiez pas déjà Clarke. Vous pourrez lui expliquer. » la rassura la doctoresse qui voyait très bien que je n'étais pas en état de lui parler de façon amicale.

« Je suis désolée. » m'excusai-je dans un éclair de lucidité lorsqu'elle passa proche de moi pour sortir.

« Je comprends. » me rassura-t-elle à mon tour avec un petit sourire. « Appelez-moi quand vous pourrez. » ajouta-t-elle avant de faire un petit signe de tête à Clarke.

Lorsqu'elle referma la porte, nous laissant ainsi seule avec Clarke, je ne perdis pas une seconde pour me rendre dans la chambre qu'occupait Madi. Il fallait que je vois par moi-même qu'elle était partie.

Effectivement, elle n'était pas là et plusieurs de ses affaires avaient disparu.

Je ne restai pas plus longtemps ici et changeai une nouvelle fois de direction pour aller dans ma chambre.

« J'ai besoin d'un verre. » marmonnai-je assez faiblement pour que Clarke ne m'entende pas et ce fut le cas.

Je me dirigeais finalement dans la cuisine et je commençai à ouvrir énergiquement tous les placards, tous les tiroirs dans l'espoir de trouver une bouteille oubliée. Je savais que mes chances d'en trouver une étaient quasi nulles, Toni et Lincoln ayant plusieurs fois ratissé de fond en comble ma maison pour s'assurer que je n'en avais pas caché.

Si seulement j'ai caché la bouteille de la dernière fois…

J'étais devenue sourde. Je n'entendais pas si Clarke me parlait. Je savais juste qu'elle s'activait à côté de moi en essayant de capter mon intention mais sauf si elle m'appelait avec une bouteille à la main, je ne risquai pas de l'écouter pour le moment.

« Lexa. » entendis-je comme un écho lointain tandis que je finissais d'ouvrir le dernier placard de la cuisine. « Qu'est-ce que tu cherches? » demanda-t-elle de façon très naïve quand on connaissait mon addiction.

« Rien. » soufflai-je en ouvrant mon frigo pour me servir un verre d'eau. Peut-être que mon cerveau se satisferait de la sensation d'un liquide le long de ma gorge.

« Lexa. » se répéta Clarke qui ne savait décidément dire que ça depuis de longues minutes.

Je ne voulais pas lui parler. C'était de sa faute si Madi n'était plus là. Elle ne l'avait pas protégé, elle ne l'avait pas retenu.

Clarke savait que je n'avais pas envie de lui adresser la parole. Pourtant, elle continuait de chercher à établir le contact avec moi. Plus elle parlait, moins je l'entendais et plus ma prise se resserrait autour de mon verre si bien qu'il finit par exploser.

Le bruit des éclats de verre me ramena quelques secondes à la réalité, juste le temps de voir si j'avais été coupé. Clarke s'empressa de prendre ma main pour en voir l'état mais je la retirai aussi tôt avant de me diriger vers ma chambre.

« Lexa. » m'interpella Clarke en me criant presque dessus alors qu'elle me suivait dans le couloir. Étonnée par le son qu'avait produit son cri, un mélange entre l'énervement et la peur, je me tournai vers elle pour écouter de ce qu'elle avait à me dire. Elle sembla surprise que je lui obéisse car elle sursauta presque lorsque je lui fis face. « Il faut que je te parle. » ajouta-t-elle une fois l'étonnement passé en jetant discrètement un regard vers ma main.

« Je n'ai pas envie de parler. » répondis-je en reprenant ma route en direction de l'étage.

« C'est important. » précisa-t-elle sans abandonner malgré le fait que je montrai des très gros signes d'énervement. Je ne répondis pas, préférant l'ignorer et une fois dans ma chambre, je me dirigeai dans mon dressing. J'attrapai le premier sac que je trouvai et commençai à le remplir avec quelques affaires. Ma blonde essayait de me ralentir en se mettant toujours au milieu de mon chemin mais je la contournai à chaque fois sans prêter attention à ce qu'elle disait. « Lexa. » s'agaça-t-elle que je ne l'écoute pas en m'agrippant de toutes ses forces par le bras.

« Je ne veux pas parler. » me répétai-je en me débattant directement avant de sortir d'un tiroir mon passeport.

« Et moi j'ai des choses à te dire. » s'énerva-t-elle en l'attrapant de mes mains pour essayer de capter mon intention.

« Parce que maintenant tu veux parler? » m'énervai-je à mon tour en tentant de récupérer mon dû mais elle esquiva.

« Qu'est-ce que tu racontes? » s'étonna-t-elle de ce soudain reproche.

« Je t'ai appelé tout à l'heure et tu n'as pas répondu. » précisai-je en abandonnant pour le moment l'idée de récupérer mon passeport.

« J'étais légèrement occupée à gérer ces types qui ont débarqué chez toi pour récupérer Madi. » m'expliqua-t-elle indignée en continuant de me suivre à la trace tandis que je préparais de manière confuse mes affaires.

Bon, c'était une bonne explication mais je n'étais clairement pas assez lucide pour l'accepter aussi facilement.

« Chez nous. » la corrigeai-je alors en sautant sur cette opportunité pour envenimer les choses alors que nous n'en avions clairement pas besoin.

« Tu aurais préféré que je te réponde et que je laisse Madi s'en aller? » répondit-elle sans rentrer dans mon jeu.

« Dans tous les cas, Madi est partie donc ton argument ne tient pas. » rétorquai-je en la défiant du regard avec un sourire en coin parce que je n'attendais que ça, que l'on entre en conflit et lui prouver qu'elle avait mal agi alors qu'en réalité c'était moi qui faisait n'importe quoi en ce moment.

Elle me défia aussi du regard avant de cligner plusieurs fois des yeux pour se calmer et ne pas rentrer dans mon jeu.

« Pourquoi tu m'as appelé? » demanda-t-elle plus calmement dans une expiration.

« J'avais envie de répondre à ton sexto de la dernière fois et de faire ça par téléphone. » plaisantai-je très sérieusement afin de la provoquer.

« Tu te crois drôle? » souffla-t-elle d'exaspération.

« Très franchement? » demandai-je en feignant réfléchir lorsque je levai les yeux au ciel pour me rendre encore plus exécrable. « Je me trouve hilare. » répondis-je après quelques secondes tout en lui reprenant mon passeport des mains car elle était beaucoup trop choquée par mon comportement pour réagir rapidement.

« Woods. » m'appela-t-elle pendant que je quittai ma chambre.

« M'appeler par mon nom de famille ne me fait pas peur et ça ne m'intimide pas plus. » la provoquai-je sans la regarder et en continuant mon chemin.

« Lexa je te jure que si tu ne t'arrêtes pas bientôt je vais… »

« Tu vas quoi? » la coupai-je en faisant volte-face pour attendre sa menace.

Elle était aussi énervée que moi sauf que contrairement à moi, elle faisait l'effort de ne pas laisser sa colère dicter sa conduite. Je voyais qu'elle n'avait qu'une envie, me foutre une brasse mais elle savait tout aussi bien que moi que c'était ce que j'attendais pour finir d'exploser et devenir une véritable ordure.

« Je sais que tu es en colère contre moi. » commença-t-elle en gardant ses distances pour essayer de se calmer. « Tu m'en veux parce que je n'ai pas pu protéger Madi. » ajouta-t-elle avant de faire une petite pause.

« Ce n'était pas à toi de la protéger mais à moi. » la corrigeai-je en rigolant sur un air moqueur. « Je savais que tu ne ferais rien pour la protéger ni même l'aider. Pourtant je t'ai fait confiance et je t'ai laissé seule avec elle. Tu n'en as rien à faire de Madi. Si c'était le cas, tu n'aurais pas torturé mon esprit avec cette mauvaise plaisanterie sur son adoption. » lançai-je de façon très calme car je savais que mes mots auraient plus d'impacte ainsi. « Dis-moi Clarke, tu as aimé me voir me torturer l'esprit avec ta plaisanterie? » demandai-je de façon rhétorique. « Ou tu savoures plus en cet instant maintenant qu'elle n'est réellement plus là? » ajoutai-je directement.

« C'est ce que tu penses? » demanda-t-elle la voix tremblante et je voyais à son regard que je l'avais blessé.

Ce n'est qu'en voyant ça que je compris que j'étais allée trop loin.

Je faisais n'importe quoi mais une part de mon cerveau ne pouvait pas s'empêcher de lui en vouloir.

« Clarke je… »

« Non. » me coupa-t-elle en levant sa main pour accompagner sa parole. « Pars à New York. » ajouta-t-elle en se dirigeant dans la cuisine donc je la suivis, étonnée qu'elle ne me propose pas de venir avec moi.

« Tu ne viens pas avec moi? » demandai-je même si je connaissais sa position.

« Non. » répondit-elle sèchement en prenant une enveloppe entre ses mains qu'elle commença à triturer entre ses mains. « Je dois aller au travail demain. » me rappela-t-elle mais je savais que ce n'était pas la raison principale.

« Clarke il faut que… »

« Tiens. » me coupa-t-elle une nouvelle fois en me tendant l'enveloppe. « Comme preuve que je n'en ai rien à faire de Madi. » ajouta-t-elle en me fixant intensément dans les yeux.

Je tandis la main sans quitter ma blonde du regard mais à peine mes doigts attrapèrent le pli qu'elle détourna le visage et s'éloigna de quelques pas pour faire face à la fenêtre et ainsi me tourner le dos.

J'ouvris alors l'enveloppe et sortis un tas de papiers. Je ne comprenais rien à ce que je lisais.

« Clarke? » la questionnai-je pour avoir un peu d'aide tandis que j'alternai de façon désordonné la lecture des différents paragraphes à la recherche de réponse.

« Ce sont des papiers pour devenir la famille d'accueil de Madi. » m'expliqua-t-elle en se tournant pour me regarder pendant qu'elle disait ces mots. « J'ai déjà signé. Il ne manque que la tienne et Madi sera de notre responsabilité. » précisa-t-elle me faisant perdre la parole car je ne m'attendais pas à ça.

Je ne le croyais pas, il y a 24 heures nous avions une conversation sur le fait que Clarke ne voulait pas l'adopter et maintenant je tenais ces papiers avec sa signature dessus.

« Pourquoi as-tu changé d'avis? » me méfiai-je que cela cache quelque chose.

« Je n'ai pas changé d'avis. Je ne suis pas encore prête à l'adopter mais je ne suis pas prête à l'abandonner non plus. Je pense qu'être sa famille d'accueil peut être un bon compris. » m'expliqua-t-elle très sérieusement car elle savait que je ne supporterais pas une autre désillusion. « C'est pour cela que Becca Franco était là. » continua-t-elle face à mon silence. « Elle savait qu'ils allaient venir pour Madi alors elle est venue en même temps qu'eux, avec les papiers. » ajouta-t-elle avant de rigoler nerveusement alors je la regardai avec étonnement car je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle dans son explication. « Tu as raison, c'est une femme très intelligente. Elle m'a dit que dès qu'elle t'a vu dans son bureau pour lui demander de l'aide, elle savait que l'histoire se terminerait comme ça et que je ferais partie de l'aventure. » s'expliqua-t-elle sur son amusement.

« Je ne veux pas que tu te sentes piégée. » répondis-je face à toutes ces informations.

« Piégée? » répéta-t-elle car elle n'était pas sûre de comprendre.

« Je ne sais pas. Que tu te dises que je vais te quitter pour pouvoir adopter Madi. Ou parce que tu te sentes obligée de le faire par peur du jugement des autres. » listai-je rapidement.

« J'ai pris des coups de la part de Gaia pendant trois ans alors que tout le monde me jugeait donc je pense que le regard des gens est le cadet de mes soucis. » m'expliqua-t-elle sans cacher son agacement.

« Et pour la première chose que j'ai dite? » insistai-je car je voyais bien qu'elle ne comptait pas me donner plus d'arguments.

« Je n'ai pas signé ces papiers parce que j'avais peur de te perdre. » précisa-t-elle mais je n'étais pas spécialement convaincue.

Un petit silence s'installa entre nous. Clarke attendait que je parle mais personnellement je fixai ses papiers comme-ci ils allaient m'aider à prendre la parole.

« On ne peut pas faire ça. » dis-je après un certain temps de réflexion en posant les papiers le plus loin possible de moi sur la table.

« Pourquoi? » s'étonna-t-elle car visiblement elle ne s'attendait pas non plus à cette réaction de ma part.

« Parce que… » commençai-je en essayant de trouver les bons mots. « Parce que je vais reprendre les entrainements et les matchs. Parce que tu vas commencer ton plein temps à la rentrée et on n'aura pas le temps de s'occuper d'elle. » ajoutai-je en la voyant me regarder avec de plus en plus d'incompréhension. « On aura déjà du mal à s'occuper de notre couple. » précisai-je car la réalité était là.

Certes tout était beau et tout était rose, du moins presque, depuis que l'on s'était remise ensemble mais nous n'avions pas encore eu à faire face à la réalité de la vie. J'avais toutes mes journées de libres et Clarke ne travaillait pour le moment que trois jours par semaine.

Mais dès lundi, je reprendrai mes entrainements ce qui me laissera beaucoup moins de temps libre. À la rentrée, lorsque Clarke aura son plein temps, je reprendrais aussi les entrainements avec les petites et Ali.

Comment pouvait-on gérer en plus de ça une gamine qui avait besoin d'énormément d'attention? Comment faisaient tout simplement les parents pour gérer tout cela?

Quand je recentrai mon intention sur Clarke, je voyais qu'elle réfléchissait elle aussi à la question. Cependant, cette fois-ci les rôles semblaient inversés car je voyais dans son regard car elle ne comptait pas se résigner aussi facilement.

« On y arrivera. » dit-elle, confirmant ainsi mes pensées.

« Comment? » rigolai-je nerveusement avant d'attraper une chaise afin de m'assoir car j'avais besoin de me poser.

« Je ne sais pas si tu es au courant mais la journée, les enfants sont censés être à l'école. » se moqua-t-elle se détendant ainsi mais c'était loin d'être mon cas. « Il faudra juste gérer le matin et la sortie de l'école. » réfléchit-elle car elle semblait déjà planifier des choses dans sa tête.

« Et pour le mois qui vient, comment fait-on? Parce que si je me souviens bien, l'école ne reprend qu'au mois de septembre. » remarquai-je en choisissant clairement le rôle de la personne qui allait chercher tous les problèmes du monde et Clarke, celle qui allait chercher des solutions.

« Théoriquement, il n'y a que trois jours par semaine où l'on doit trouver une solution. » argumenta Clarke en s'asseyant en face de moi. « Comment font Ali et Ashlyn? » me demanda-t-elle directement en cherchant mon regard mais je fuyais toujours le sien pour de multiples raisons.

Premièrement, j'avais honte de mon comportement avec elle. Comme toujours..

Deuxièmement, j'avais peur de voir dans ses yeux qu'il s'agissait encore d'une plaisanterie de sa part et que c'était juste une vengeance suite à mon comportement.

Troisièmement, je ne voulais pas prendre le risque qu'elle puisse lire ce que je pensais et je ne voulais pas non plus accepter l'idée que Clarke soit sérieusement entrain de me proposer que l'on devienne la famille d'accueil de Madi. J'étais terrifiée que cela se passe mal si on n'aboutissait cette idée.

Elle me laissa réfléchir en silence et lorsque je me recentrai sur la réalité, je me rappelai qu'elle attendait une réponse de ma part.

« Il y a une garderie au club. » répondis-je en voyant où elle voulait en venir.

« Pour n'importe quel âge? » s'assura ma blonde avant de dire que l'on avait trouvé une solution.

« Je pense. Je n'en sais rien, je ne me suis jamais renseignée. » m'agaçai-je qu'elle ait raison car il y avait encore beaucoup de choses à régler. « Je veux dire, je n'en avais pas l'utilité avant. » me corrigeai-je plus gentiment car je ne voulais pas que la situation redevienne tendue entre nous.

« Je m'en doute sinon je me serrais posée quelques questions sur ton passé. » plaisanta-t-elle à son tour pour montrer sa volonté à arranger les choses mais son sourire restait très timide.

« Ça ne règle toujours pas mon problème d'alcool. » dis-je sachant que cela allait casser l'ambiance positive dans laquelle on commençait à s'installer mais il fallait absolument que l'on en parle. Il fallait que l'on parle de beaucoup de choses en réalité.

« Tu te soignes non? » rétorqua ma blonde qui voulait que je dise les choses par moi-même.

« J'essaye. » avouai-je timidement. « C'est pour ça que je t'ai appelé tout à l'heure. » ajoutai-je rapidement en profitant que le sujet soit lancé. « J'avais envie de boire. » expliquai-je en voyant son regard perdu. « J'ai encore envie de boire. Là tout de suite. » me corrigeai-je pour être sincère envers elle car elle le méritait.

« Je comprends mieux ton comportement depuis que tu es rentrée. » en conclut Clarke dans un premier temps avec un léger souffle de soulagement. Peut-être qu'elle avait peur d'être la seule cause de ma réaction déplacée? « Je m'attendais à ce que tu réagisses mal bien évidemment mais pas à ce point. » précisa-t-elle plus bas perdue dans ses pensées.

« Je sais que ce n'est pas la première fois que je le dis et que ce n'est malheureusement pas la dernière fois que je le dirais mais… Je suis désolée Clarke. » m'excusai-je de mon comportement d'il y a quelques secondes.

« Pourquoi avais-tu envie de boire? » m'interrogea-t-elle sans relever mes excuses ce qui montrait que je l'avais particulièrement blessé.

« Ma discussion avec le dealeur ne s'est pas passée comme je l'imaginais. » expliquai-je dans un premier temps en repensant de ce fait à ses mots. « Il a su appuyer là où ça faisait mal. » ajoutai-je en triturant mes doigts entre eux.

« C'est-à-dire? » s'inquiéta Clarke qui savait ce que je faisais sans même le voir car son regard sembla se baisser plus bas que mon visage.

« Aden. » dis-je simplement en la regardant enfin et juste à la prononciation de son nom, elle semblait avoir compris. « Il a raison. Je ne suis pas capable de m'occuper d'un enfant. » avouai-je pour être sûre qu'elle ait bien interprétée la chose.

« Connerie. » s'énerva-t-elle mais pas contre moi. Elle semblait en colère sur ce que ce type avait pu me dire.

« Vraiment? » rigolai-je nerveusement en la fixant à mon tour pour déceler une part de mensonge de sa part au travers de son expression faciale. « Je devais m'occuper d'Aden et maintenant il est entre quatre planches. » lui rappelai-je en rigolant encore nerveusement car sinon je savais que je pourrais me mettre à pleurer. Cependant mon rire était étranglée par le chagrin car presqu'aucun son ne sortit de ma bouche.

« C'était un accident. Vous étiez au mauvais endroit au mauvais moment. Ça ne fait pas de toi une mauvaise personne. » tenta Clarke de me rassurer.

« Je n'ai jamais pu lui rendre justice. » ajoutai-je alors car même si ce qui lui était arrivé était lié à de la malchance, le responsable n'avait jamais été réellement puni.

« Tu as essayé. Malheureusement le système… »

« Le système. » la coupai-je car elle reprenait les mêmes termes que le dealer plus tôt dans la journée. « Le système est pourri. Il a raison. » précisai-je encore car Clarke s'était stoppée, attendant de voir où je voulais en venir.

« Il? » répéta-t-elle car elle n'était pas sûre de qui je parlais.

« Le dealer. » répondis-je. « Il a dit que le système avait abandonné avec les gens comme eux, avec les gens dont je faisais partie avant. Il a aussi ajouté qu'il valait mieux que j'abandonne moi aussi. » expliquai-je en jouant maintenant avec le bout de la table. J'exerçai des pressions sur le bord pour essayer de me canaliser.

« Qu'est-ce qu'il t'a dit d'autre? » me demanda ma blonde avant d'essayer de me raisonner.

Sans attendre ma réponse, elle se leva de sa chaise et fin s'assoir à côté de moi sans pour autant me toucher. Elle savait que le contact pouvait être compliqué pour moi lorsque j'étais dans une crise.

J'attendis qu'elle s'assoit à côté de moi pour répondre mais je devais avouer que la sentir déjà plus proche de mon corps me détendait un peu.

« Que mon centre n'était qu'une illusion. Une illusion pour ces gosses sur un avenir meilleur et une illusion pour moi sur le fait que j'essayai de me consoler de la mort d'Aden. » dis-je avant qu'un petit blanc ne s'installe car ma blonde attendait que je dise la suite. Elle savait toujours quand j'avais tout dit ou lorsque je gardai des choses pour moi. « Il m'a dit que c'était une illusion pour tout le monde parce que je n'ai même pas vu que Madi bossait pour eux. Il a aussi sous-entendu que d'autres gosses du centre bossaient pour lui et que de toute façon, un jour ou l'autre, ils finiraient par venir toquer à sa porte pour survivre. » terminai-je mon explication en caressant nerveusement mon visage comme pour éviter que mes mots ne restent trop longtemps dans mon esprit.

« Et tu le crois. » en conclut de façon affirmative ma blonde.

« Je n'ai pas besoin de le croire. Les faits sont réels. Je n'ai pas vu pour Madi donc je n'ai certainement rien vu pour les autres. Et puis au final, qu'est-ce que leur apporte ce centre? » m'agaçai-je de l'avouer en exerçant des pressions beaucoup plus forte contre la table. J'essayai même d'ancrer mes doigts dans le bois donc Clarke n'attendit pas que je sois prête et se saisit de mes mains.

Elle exerça aussi une forte pression dessus car elle savait que j'en avais besoin. Elle attendit quelques secondes avant de répondre afin de s'assurer que je tolérai son contact que je ne risquai pas de m'énerver.

Je tentai de retirer mes mains non pas parce que je ne voulais pas qu'elle me touche, au contraire, mais parce que je ne voulais pas qu'elle se sente mal à l'aise. Je savais qu'elle mettrait ses rancœurs de côtés, le fait que je l'ai blessé, juste pour que je me sente mieux et je me devais d'en faire autant.

Elle ne me laissa cependant pas faire et me foudroya même du regard pour me faire comprendre que je n'avais pas intérêt à refuser son aide physique pour cette raison.

Elle me connaissait par coeur.

Je baissais alors les yeux honteusement, comme un signe de soumission pour lui signifier que je resterai calme.

« Tu leur apportes l'espoir. » répondit-elle finalement après un petit silence mais sa réponse me fit rire. « Tu leur apportes aussi des soins parce que je te rappelle que tu as signé un partenariat avec l'une des meilleures écoles de médecine de la ville. Tu leur apportes aussi un avenir. Dois-je te remémorer que tu as négocié avec le doyen de notre ancienne université pas moins de quatre bourses? Et que cette université fait partie des meilleurs du pays? » ajouta-t-elle de façon plus déterminée.

« Quatre gosses sur plus de cent ce n'est pas ce que j'appelle un pourcentage sur lequel on peut se vanter. » précisai-je de mauvaise foi ou de façon réaliste, indignant ma blonde sur l'image que j'avais de moi.

« Lexa tu es dure avec toi-même. Tu leur apportes une preuve. Une preuve qu'ils peuvent s'en sortir parce que toi, tout comme Toni, vous venez de ce milieu et regardez la vie que vous avez maintenant? » me questionna-t-elle de façon rhétorique.

« On a eu de la chance. » marmonnai-je modestement en serrant la mâchoire pour m'auto-bâillonner avant de dire quelque chose qui énerverait Clarke.

« Vous avez bossé dur. Alors certes ils ne finiront pas tous champions olympiques mais tu ne mises pas que sur le sport pour les aider à s'élever et à voir plus loin que l'avenir misérable que la société a préparé pour eux. Tu essayes de les ouvrir culturellement avec l'art, le dessin et la musique. Tu as aussi engagé des professeurs pour les aider d'un point de vu scolaire. » haussa-t-elle un peu plus le ton pour essayer de faire remplacer les mots du dealer par les miens.

« Mais il faut croire que tout cela sert à rien. Ce n'est que du vent. » grognai-je car sur le papier cela semblait bien mais la réalité était une toute autre histoire.

« Alors change les choses. » répondit-elle en caressant ma main avec son pouce. « Je ne dis pas que tu dois tout changer, tout jeter. Je te dis de faire quelques petites modifications pour que tu sois plus satisfaite et rassurée quant à ce que tu fais. » s'empressa-t-elle de préciser par peur que ces premiers mots ne me fassent croire que j'avais raison de douter de tout.

« Et si ce n'est pas suffisant? Si ce que je fais n'est toujours pas assez bien? » demandai-je timidement.

« Ça le sera. Tu te soucis d'eux alors tu feras forcément les choses biens. » m'expliqua-t-elle en lâcha l'une de mes mains pour la poser sur mon visage et l'orienter dans sa direction. « Si tout ce que tu fais n'est pas une preuve que tu feras une excellente mère un jour je ne sais pas ce qu'il te faut de plus. » termina-t-elle plus calmement après quelques secondes de silence.

Le silence recommença aussi tôt. Je ne savais clairement pas quoi dire. Elle venait de me sortir tout un argumentaire visant aussi bien à me rassurer sur mon association mais aussi sur la potentielle idée de devenir la famille d'accueil de Madi.

« Clarke. » commençai-je mais je ne savais vraiment pas quoi ajouter d'autre.

« Ne dis rien. » me rassura-t-elle sur mon silence compréhensible tout en caressant ma joue du bout de son pouce. « Signe ces papiers si ton coeur le veut. » ajouta-t-elle en se contorsionnant pour saisir le tas de feuille avant de les positionner sous mon nez.

« On ne peut pas prendre cette décision sur un coup de tête. Il faut encore que l'on parle de beaucoup de choses. » dis-je pour repousser encore cet instant et en refusant de regarder les documents pour accompagner mes mots.

« Et de quoi? On a parlé de sa garde. Je ne fais pas des horaires de ministres donc je pourrais largement la récupérer à la sortie de l'école, tout comme toi. Il faudra juste qu'on trouve une nounou pour les trois jours par semaine où je travaille et encore je suis sûre qu'elle pourra venir au club avec toi si vous avez une garderie. » me résuma-t-elle. « Et de toute façon ce n'est pas à partir du moment où l'on signe ces papiers qu'elle va revenir. Il faudra à mon avis un peu de temps avant que tout soit en ordre et qu'elle puisse officiellement revenir ici. » ajouta-t-elle et elle marquait un point. « Ça nous laissera tout le temps de nous organiser. » finit-elle en marquant encore un point.

« Tu as envisagé l'idée que si on devenait sa famille d'accueil et que personne ne décide de l'adopter, elle vivra ici pour toujours? » demandai-je en la regardant dans les yeux parce que je voulais être sûre du choix qu'elle prenait. On ne pouvait pas signer et trois jours après changer d'avis. Surtout quand on parle de la vie de quelqu'un, d'une enfant.

« Et toi as-tu envisagé l'idée qu'elle peut aussi être adoptée et ainsi partir? » me retourna-t-elle la question différemment car elle voyait comment cela m'avait affecté qu'elle parte après seulement quelques jours ici. « J'ai envisagé les deux possibilités Lexa. Je ne signe pas sur un coup de tête. J'aime cette gamine. Je t'aime et elle nous aime alors pourquoi pas? » m'interrogea-t-elle en attendant maintenant une réponse.

« Parce qu'hier soir tu n'étais pas de cet avis. » lui rappelai-je de façon plus posée qu'elle car ma blonde semblait laisser ses émotions la submerger.

« Si j'ai fait cette plaisanterie il y a deux jours sur le fait que tu devais bien t'occuper de notre fille c'est que j'y avais déjà réfléchi avant. » m'expliqua-t-elle en lâchant ma main car elle semblait amèrement regretter sa blague aujourd'hui'hui.

« Donc hier, tu m'as menti? » demandai-je un peu perdu par toutes ces contradictions.

« Oui. » souffla-t-elle après quelques secondes de réflexion. « Non. » se corrigea-t-elle ensuite un peu perdu. « Je veux dire, je ne plaisantais pas à 100% quand je t'ai fait cette blague sur Madi. Et hier j'étais en quelque sorte paniquée… J'ai vu ton regard plein d'espoir quand tu as engagé le sujet et ça m'a mis la pression. Je ne m'attendais pas à ce que tu m'en reparles, du moins pas à ce moment-là alors j'ai préféré te dire non au lieu de te donner un faux espoir. Shelby aussi m'en a parlé et ça m'a aussi mis la pression. Bien sûre que j'y ai pensé mais je pensais que l'on aurait plus de temps pour réfléchir à la question. Je ne pensais pas qu'ils viendraient la chercher aujourd'hui et de la voir partir, aussi apeurée et paniquée ça m'a fait réaliser que je ne voulais pas qu'elle s'en aille. » m'avoua-t-elle tout de même de façon confuse.

« À quelle heure termines-tu demain? » demandai-je causant l'étonnement de ma blonde qui ne comprenait pas pourquoi je lui posais cette question après ce qu'elle venait de dire.

« 17 heures pourquoi? » répondit-elle après avoir constaté que j'étais très sérieuse et que c'était logique pour moi.

« Bien. Je passe te chercher et on va à New York après. » expliquai-je en me levant de ma chaise. J'allai ensuite chercher mon sac que j'avais préparé il y a de très longues minutes maintenant pour le ranger car je ne partirai pas ce soir.

« Attends quoi? » demanda-t-elle confuse en me suivant dans les escaliers.

« Demain je viens te chercher après ta journée de boulot et ensuite on s'envole pour New York. » reformulai-je pensant qu'elle n'avait juste pas compris ma phrase.

« J'avais compris. » précisa-t-elle en me suivant dans la chambre avec les papiers qu'elle tenait toujours fermement.

Je lâchai mon sac par terre et lui fit face avant de lui prendre les documents des mains. Clarke me regardait toujours étrangement, attendant que j'éclaire sa lanterne.

« Demain, on va à New York pour voir Madi. Je ne signerais pas ces documents tant que je ne suis pas sûre que la situation convient à tout le monde. Et quand je dis convient je parle à 100%. » précisai-je pour lui faire comprendre que je n'étais pas encore convaincue de sa volonté d'accueillir Madi. « Je pense qu'il faut que l'on en discute toutes les trois. Surtout maintenant que je l'ai trahi. Elle ne voudra peut-être même plus entendre parler de moi. » ajoutai-je avant de déposer les papiers dans un endroit en sécurité.

Je revins faire face à ma blonde qui n'avait toujours pas bougé, réfléchissant à ce que je venais dire. Je ne la touchai pas, attendant qu'elle ait terminé sa réflexion.

« Tu as raison. » répondit ma blonde en même temps que son regard se recentrait sur moi. « Pour la discussion à trois! » paniqua-t-elle car sa réponse portait à confusion. « Pas sur le fait qu'elle ne voudra plus de toi, elle n'attend que ça. Tu es son héroïne. » se corrigea-t-elle rapidement mais je secouai la tête pour désapprouver ce qu'elle venait de dire. « Je t'assure que c'est vrai. » ajouta-t-elle outrée que je doute de sa parole.

« On verra demain. » marmonnai-je avant de récupérer de nouveau mon sac pour le déposer dans le dressing. Un long, très long silence s'installa ensuite entre nous. Elle s'était assise sur le lit, fixant ses pieds tandis que je la regardai de l'encadrement du dressing. « Clarke? » dis-je rompant alors ce moment de gêne entre nous.

« Oui? » répondit-elle en relevant rapidement le regard vers moi.

« Je suis vraiment désolée pour mon comportement… Je ne sais toujours pas comment tu fais pour me supporter et l'accepter… » dis-je honteusement. « Je comprendrais si… »

« Ne termine pas cette phrase. » me coupa-t-elle en levant son doigt de façon menaçante pour que l'idée de la défier ne me traverse pas l'esprit.

« Je suis vraiment désolée. » me répétai-je alors en restant toujours dans l'encadrement du dressing et en m'appuyant sur mon épaule car je n'osais pas m'approcher d'elle.

« Je sais. » répondit-elle en fermant les yeux parce qu'elle cherchait ses mots. « Je suis aussi désolée. » ajouta-t-elle pour mon plus grand étonnement. « Pour ne pas avoir répondu au téléphone alors que tu avais clairement besoin de moi. » précisa-t-elle.

« Tu n'as pas à t'excuser. » m'empressai-je de dire en secouant la tête car si quelqu'un était à blâmer dans toute cette histoire c'était moi et non elle. Elle avait quelque chose de plus urgent à gérer que mon envie d'alcool. « Je n'ai pas à me comporter ainsi, peu importe la situation. » pensai-je à voix haute.

Pourquoi j'avais l'impression que l'histoire ne faisait que de se répéter?

« Tu as tes démons, je le sais. » commença-t-elle en se levant du lit pour initier quelque chose car elle me connaissait assez pour savoir que je ne ferais rien et que je pouvais passer la nuit ici. « Je sais que tu n'es pas réellement toi-même quand tu es comme ça. » ajouta-t-elle en s'approchant doucement de moi comme-ci j'étais une proie et que je pouvais m'enfuir à n'importe quel moment si elle faisait un geste brusque.

« Et si justement c'était réellement moi dans ces moments-là? » m'inquiétai-je. « On a tous une part d'ombre en nous Clarke et la mienne se manifeste beaucoup trop souvent. » précisai-je face à son regard interrogateur.

« Arrêtes d'avoir tout le temps une image aussi négative de toi. Tu n'es pas une mauvaise personne. » se répéta-t-elle encore. « Tu as tes faiblesses et tes failles. Malheureusement tu en as plus que les autres et elles sont plus profondes ce qui explique ton comportement. Les personnes qui n'ont jamais souffert ne peuvent pas comprendre. Je n'ai pas autant souffert que toi mais je sais ce que tu as vécu alors je comprends tes réactions même si elle me blesse parfois. » expliqua-t-elle en se stoppant à quelques centimètres de mon corps car elle attendait mon autorisation.

« Je ne veux pas te blesser. » avouai-je le souffle coupé.

« Je ne t'en veux pas. De nous deux, je pense que c'est moi qui ai le plus blessé l'autre. » répondit-elle en prenant mon visage entre ses mains pour que je la regarde mais je fermai les yeux, pas prête à voir dans son regard que je lui avais du mal.

« Et si je blesse aussi Madi. » pensai-je encore à voix haute.

« Tu ne le feras pas. » dit-elle d'un ton assuré en essuyant une larme qui faisait son apparition.

« Je t'ai blessé alors que tu es la personne que j'aime le plus sur cette planète. » lui rappelai-je en ouvrant les yeux pour regarder si elle me mentait en distant ses derniers mots.

« Tu ne la blesseras pas. Pas plus que moi ou toutes les personnes que tu aimes. » se répéta-t-elle plus précisément et soit elle était bonne actrice, soit elle pensait vraiment ce qu'elle disait.

« Tu viens de dire que je t'ai blessé. » répétai-je ses mots.

« Oui. Mais pas violemment, méchamment ou de façon irréversible comme tu peux le penser. » tenta-t-elle de me rassurer. « En réalité je suis plus blessée quand je te vois agir de cette façon et que je suis impuissante. Du coup j'ai l'impression que je ne suis pas assez, que tu ne m'aimes pas assez pour me laisser te canaliser. » avoua-t-elle.

« Non. » criai-je presque. « Tu as tord. Totalement tord. Je t'aime Clarke et personne sur cette terre n'est capable de m'apaiser comme tu le fais. » la rassurai-je en parlant très vite par peur que si mon débit de parole était normal, elle ne m'écoute pas ou ne m'entende pas. « C'est moi qui fais n'importe quoi et c'est toi qui te blâmes. » m'agaçai-je ensuite.

« Tu fais la même chose. » rigola-t-elle nerveusement avant de m'embrasser sur la joue car elle tenait toujours mon visage entre ses mains.

« Il faut croire qu'on s'est bien trouvée alors. » remarquai-je avec un timide sourire qu'elle me rendit aussitôt.

« Plutôt bien. » répéta-t-elle pour me rassurer.

« Je t'aime Clarke. » dis-je en caressant du bout des doigts son tatouage sur son bras. Comme elle me tenait le visage, je l'avais sous les yeux.

« Moi aussi je t'aime Lexa. » répondit-elle en posant tendrement ses lèvres sur les miennes. « Tu pleures? » s'inquiéta-t-elle en se décollant de moi. Elle s'empressa de récolter ma larme avec son doigt pendant qu'elle coulait le long de ma joue.

« J'ai tellement peur de te perdre. » avouai-je sans nier les faits.

« Tu ne me perdras pas. Jamais. Je suis à toi et pour toujours. » dit-elle en me prenant dans ses bras pour me serrer le plus fort possible.

« Mais je te blesse. » tournai-je en boucle dans ma tête car dès que je pensais que les choses allaient s'arranger, cette pensée et d'autres plus sombres revenaient en force dans mon esprit.

« Pas comme tu le penses. » se répéta-t-elle une nouvelle fois la tête dans mon cou. « Mais il faut vraiment que tu arrêtes d'agir comme ça parce qu'après tu te détestes et je ne veux pas que ce soit le cas. » ajouta-t-elle en m'embrassant tendrement la joue.

« Tu mérites mieux. » soufflai-je en attendant qu'elle s'énerve mais elle n'en fit rien.

« Pourquoi ça? » demanda-t-elle en me regardant comme-ci je venais d'une autre planète.

« Parce que j'ai peur. » commençai-je. « Peur d'être trop brisé par mon passé et que je finisse par te briser. Parce que j'ai des failles, des plaies et fissures de partout. Même quand je pense qu'elles se referment, que je me soigne, c'est tout le contraire. Je ne veux pas que ça t'impacte ou que ça n'impacte Madi si on décide d'aller au bout. » ajoutai-je en caressant ses lèvres avec mon pouce. « Tu es tellement parfaite. Tu as toujours les bons mots, le bon geste, la bonne réponse et moi qu'est-ce que je fais? Je ne sais que m'énerver, faire des crises et penser à boire. Je te dis des méchancetés dans le but de te provoquer pour pouvoir plus m'énerver. Je réagis comme une enfant colérique. Je me laisse submerger par mes démons. » continuai-je avant de fermer les yeux pour me calmer car je sentais que je commençai à élever le ton. « J'ai peur d'avoir trop de part d'ombre en moi que je finisse par éteindre ton éclat. » terminai-je en guettant maintenant sa réponse.

Elle cligna plusieurs fois des yeux puis alterna son regard entre mes yeux. Elle cherchait ce qu'elle pouvait répondre. Elle cherchait à trouver les mots justes, sans faire un grand discours.

« Tu sais. » murmura-t-elle de façon confiante en plongeant son regard dans le mien. « Les fissures, c'est le seul moyen de faire rentrer la lumière. »