Chapitre LXXX : Jake

Constazz : Effectivement, sacré KO de la part de Clarke! C'est joliment dit ta phrase sur la perfection des deux!!! Et oui 2 chapitres en si peu de temps! Il ne fait pas s'habituer, c'était juste pour la compétition ;)

Seve04 : Ahah je me doute que si je peux publier un chapitre par jour, ça ne vous poserait pas de problème ;) Malheureusement ce n'est pas ça qui paie les factures ahah. Comme quoi, il n'y a pas que Lexa qui peut péter des câbles! Mais oui, si l'histoire était une série, j'aurais bien imaginé un moment où Marcus et Lexa sont commentateurs du match ahah!

Angelye : Contente de t'avoir « surprise »! On verra si tu as raison pour Lexa qui fera le lien entre la mère et la fille ;)

Delphine15 : Merci à toi pour ton retour :)

Solene1234 : voilà la suite, en espérant que tu n'aies pas trop attendu ;) Encore merci!!!

MissHarpie : Contente que l'overdose de lecture soit bien passée :) merci d'être toujours là!

(Flash-back - POV Clarke)

« Papa? » criai-je dans la maison, car je ne le trouvais pas. Je me dirigeai donc dans son bureau et effectivement, je le trouvai ici. Il était en train de bricoler des choses incompréhensibles sur son ordinateur, comme à son habitude. « Qu'est-ce que tu fais? » m'intéressai-je en le voyant appuyer sur toutes les touches de son ordinateur à une vitesse incroyable.

« Même si je t'expliquais, tu ne comprendrais pas. » rigola-t-il avant de pivoter sur sa chaise afin de me faire face. « Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter la plus jolie fille sur terre? » ajouta-t-il fièrement.

« Et moi, pour avoir le meilleur père du monde? » rétorquai-je amusée.

« Dis-moi ce que tu veux. » se méfia-t-il de mon soudain élan d'amour.

« Maman devait m'emmener choisir ma robe pour mon premier bal de promo, mais elle n'est toujours pas rentrée. » expliquai-je sans montrer mon agacement. Je ne sais pas pourquoi j'étais énervée contre elle, je devrais avoir l'habitude, à chaque fois c'était la même chose.

« Elle a dû avoir une urgence à l'hôpital. » répondit, naturellement, mon père, qui lui aussi, s'était habitué à ses absences. « Veux-tu qu'on y aille ensemble? » ajouta-t-il directement.

« Tu ferais ça? » m'étonnai-je sans raison valable car, bien évidemment, que mon père ferait ça. Il ferait tout pour moi!

« Va chercher mes clés de voiture, je t'amène au centre commercial. » rigola-t-il de me voir sourire bêtement à sa réponse.

« Merci! » m'enthousiasmai-je en venant l'embrasser.

« Je termine ça, et je te rejoins. » précisa-t-il tout de même en m'indiquant l'écran de son ordinateur.

« Pas de souci! » courrai-je déjà en direction des clés de son bolide.


« Avec qui vas-tu au bal? » me demanda mon père entre deux bouchées de hamburger.

Nous n'avions pas encore trouvé ma robe, mais ces recherches nous avaient ouvert l'appétit. Je pouvais toujours compter sur lui pour me tenir compagnie dans mes envies de nourriture.

« Tu sais très bien que je ne veux pas te dire le nom des personnes avec qui je sors » me méfiai-je tout de même, car il connaissait la règle. Tant que ce n'était pas sérieux, je ne voulais pas qu'il sache. La vraie raison? C'est qu'il était ainsi plus facile de lui cacher que je fréquentais parfois des filles… « Et sans connaître le nom de la personne, tu vas tout de même la cuisiner quand elle viendra me chercher alors je ne vois pas pourquoi tu poses la question. » me moquai-je en lui piquant une frite afin de ne pas lui laisser le temps d'écouter mes pensées. Mon père était très fort pour deviner tout ce qui me passait par la tête.

« Je veux juste savoir qui aura l'honneur d'amener la plus jolie fille du lycée. » grogna-t-il de mon geste.

« Je suis loin d'être la plus belle. » soufflai-je qu'il me dise constamment cela.

« Tu l'es Clarke! Et, un jour, une autre personne le verra et te le dira également tous les jours. » répondit-il sans plus argumenter sur ce sujet-là. « Tu peux au moins me dire d'où sort cette personne. » insista-t-il cependant sur l'objet de notre venu au centre commercial.

« Une personne de mon cours de dessin… » avouai-je sans tenter de résister, car je savais déjà qu'au jeu de la patience, mon père pouvait être le meilleur.

« Alors deux choses. » rigola-t-il de me voir faire la moue. « La première, est que je suis content que tu fasses du dessin malgré ce qu'a pu dire ta mère. » commença-t-il. Effectivement, la grande doctoresse Griffin avait trouvé cela inutile que je choisisse cette option. Selon ses dires, elle ne m'aiderait en rien pour mes études scientifiques. Je ne savais pas encore exactement ce que je voulais faire, mais avec un père ingénieur et une mère médecin, il était évident pour moi de me lancer dans une de ces carrières. « La deuxième chose est, est-ce un garçon ou une fille? » demanda-t-il prudemment.

« Pardon? » paniquai-je de la soudaine question de mon père. Je recrachai presque la pauvre frite qui était en train d'être déchiquetée entre mes molaires.

« Clarke! Je te connais comme si je t'avais fait! » plaisanta-t-il pour détendre l'atmosphère.

« Techniquement, tu m'as fait. » blaguai-je aussi comme tentative pour vite changer de sujet.

« Certes. » rigola-t-il avant de me prendre la main. « Tu sais que garçon ou fille, ta mère et moi, on s'en fiche? » précisa-t-il plus calmement.

« Tu peux éviter d'inclure maman, je ne pense pas qu'elle l'ait compris d'elle-même vu le temps qu'elle passe en notre compagnie. » confirmai-je indirectement les dire de mon père, préférant critiquer ma mère.

« Tu es dure avec ta mère. » répondit mon père avec un sourire rassurant. Ce sourire voulait dire qu'il avait reçu le message sur ma bisexualité et que je n'étais pas encore prête à approfondir le sujet avec lui.

« Et toi tu n'es pas assez dur. » précisai-je avant de me lever, car après ce coming-out le plus rapide et facile de l'histoire, je n'avais pas envie de me prendre la tête avec mon père au sujet de ma mère. « Nous sommes là pour me trouver une robe pour ce fameux bal de promo. » expliquai-je alors. « Sauf, si tu préfères que la personne qui viendra chercher ta fille, la voit seulement en sous-vêtements parce qu'elle n'a rien à se mettre! » le taquinai-je ensuite. Je savais qu'il y avait très peu de filles qui pouvaient se permettre ce genre d'humour avec ses parents, surtout son père. Je me sentais chanceuse d'avoir une telle relation avec lui.

« Tu sais que je t'aime? » demanda-t-il, comme à son habitude, chaque jour depuis ma naissance.

« Je ne vois pas le rapport. » rigolai-je de sa transition.

« C'est juste qu'un jour, une autre personne te le dira aussi tous les jours. Je ne serai plus le seul, alors j'en profite.


« Tu es vraiment resplendissante. » s'extasia ma mère lorsque j'eus enfilé ma robe pour le jour J. Elle ne l'avait bien évidement pas vu avant, comme elle n'avait pas pu tenir son engagement de m'accompagner pour la trouver. Elle était au moins là pour me voir la porter, c'était déjà très bien.

« Merci… » dis-je gênée que tous les regards soient portés sur moi. Quand je parlais de tous les regards, il ne s'agissait que celui de ma mère et de mon père.

« Salut! » cria Raven, du plus fort qu'elle pouvait, en débarquant dans ma chambre. « Mais qu'elle bombe! » s'exclama-t-elle en me regardant.

« Je te retourne le compliment. » rigolai-je qu'elle soit aussi souvent dans l'exagération.

« Je sais, je sais. » répondit-elle dans un excès de confiance. « Jake. Abby. » les salua-t-elle enfin d'une accolade.

« Raven, tu vas peut-être pouvoir me dire qui accompagne ma fille. » en profita mon père puisque je n'avais toujours pas lâché le prénom du garçon qui allait arriver d'ici quelques minutes.

« Hum hum. C'est un secret. » rigola-t-elle en mimant fermer sa bouche à l'aide une clé.

« Tu pensais vraiment soutirer des informations à Raven? » rigola ma mère de sa tentative désespérée.

« Un miracle peut toujours arriver. » avoua-t-il en haussant les épaules.

« Tu peux toujours rêver. » me moquai-je de lui en me regardant une dernière fois dans le miroir.

Sur ces paroles, on sonna à la porte. Les notes de musiques semblèrent être une délivrance pour mon père qui s'empressa de quitter ma chambre pour aller ouvrir.

« Jake! » cria ma mère en lui emboîtant le pas. Elle savait qu'il allait mettre volontairement nos cavaliers dans une situation embarrassante. Tout cela, dans le but de m'embêter.

« On ferait mieux de les suivre! » enchaîna Raven, et pour confirmer ses mots, je la suivis également.

Nous descendîmes rapidement les escaliers, manquant presque de tomber à cause de nos robes. Tant pis pour la descente de princesse digne des plus grands films. Je ne voulais pas que mon père fasse fuir mon cavalier et surtout, je voulais encore l'embêter.

« Ne lui dis pas ton prénom! » criai-je sur l'invité mystère. Il sursauta en me voyant et lâcha presque la fleur qu'il tenait dans les mains. Même si mon père savait maintenant qu'il s'agissait d'un garçon, je voulais toujours l'embêter sur le prénom.

« Je. » balbutia-t-il, sûrement perturbé qu'on ne respecte pas les protocoles des bals de promo.

« Bonsoir les filles. » rigola le cavalier de Raven, Miles. « Au passage, tu es magnifique… » ajouta-t-il pour sa cavalière qui ne l'avait pas agressée comme je venais de le faire.

« Bonsoir Miles! » répondis-je précipitamment avant de rejoindre mon invité. « Je suis désolée. » rigolai-je en arrivant vers lui. « Mais dis-moi que tu as bien fait comme je t'ai dit. » lui demandai-je directement, sans prêter attention au reste.

« Je peux savoir ce que tu lui as ordonné? » demanda amusé, mon père, face à la scène qui se déroulait sous ses yeux.

« De ne pas te dire son prénom. » répondis-je fièrement dans sa direction.

« Tu plaisantes, j'espère? » s'indigna-t-il faussement pendant que je répondais négativement de la tête à son interrogation.

« Personnellement, je trouve ça très drôle. » ajouta ma mère, qui, adorait également taquiner mon père.

« Tu devras attendre une autre fois, Jake. » me moquai-je sans cacher mon sourire de satisfaction.

« Je peux tout de même t'offrir ta fleur? » questionna timidement mon cavalier. Il ne devait plus savoir comment se comporter par peur de faire une bêtise.

« Oh! » dis-je en revenant à la réalité. « Oui, pardon. » fis-je timidement en tendant le bras pour qu'il y passe le bracelet de fleur. « Elles sont très jolies, merci. » ajoutai-je timidement, car ce garçon me plaisait même s'il devait avoir l'impression que je l'utilisais pour taquiner mon père.

« Photo! » cria comme une révélation ma mère, en partant en courant afin d'aller chercher son appareil photo.

« Oh non… » râla Miles, qui était légèrement rebelle sur les bords.

« Je suis là! » indiqua ma mère qui s'était presque téléportée tellement elle était allée vite.

Nous passâmes donc chacun notre tour pour une petite séance photo par couple, individuelle, avec ma mère, mon père, mes deux parents, par groupe et par binôme d'amitié.

« Nous devrions y aller, la limousine nous attend. » indiqua Miles qui avait Raven accroché à son bras. Il ne devait plus tenir dans son rôle de gentil garçon et c'est d'ailleurs pour ça que mon amie était dingue de lui.

« Bonne soirée les Griffin! » cria Raven, prête à vivre son premier bal de promo. Elle entraîna son cavalier en dehors de la maison et nous laissa donc tous les quatre.

« Je vais t'attendre dehors. » paniqua mon invité en suivant nos deux amis.

« Sans rancune? » interrogeai-je tout de même mon père, car je ne voulais pas aller à mon premier bal de promo sachant qu'il m'en voulait.

« Sans rancune ma fille. » me rassura-t-il en me prenant dans ses bras. Il ne me lâcha pas pour autant. « Tu sais que je t'aime? » me demanda-t-il comme à son habitude.

« Je le sais, je t'aime aussi papa. » répondis-je en lui rendant son étreinte du plus fort que je le pouvais. « Mais tu ne sauras toujours pas son prénom. » ajoutai-je pour ne pas fondre en larmes et surtout, pour aller rejoindre mes amis.

« J'aurais essayé. » rigola-t-il en me libérant avant que ma mère ne l'imite à son tour pour une séquence émotion.

« Je vous aime! Je ne rentre pas tard! » dis-je pour partir pour l'une des grandes étapes de ma vie. Cependant, je ne savais pas qu'il ne s'agirait pas de mon premier bal de promo.


« Clarke! » cria Raven, me surprenant ainsi en train d'embrasser mon cavalier dans l'un des couloirs sombre du lycée.

« Raven! » râlai-je en retour de cette interruption avec des gros yeux. Cependant, mon amie semblait très inquiète et sa venue ne s'avérait pas amicale. « Tout va bien? » demandai-je lorsqu'elle m'attrapa, sans explication, par la main pour me tirer loin de mon rencard. Elle ne répondit pas à mon interrogation, préférant fixer un point à l'autre bout du couloir. Il s'agissait de la sortie et cela m'étonnai, il était encore tôt. Nous avions la permission de minuit. Je ne comprenais pas pourquoi elle voulait que l'on parte. « C'est Miles? » tentai-je alors, car je ne voyais que cette explication possible afin d'expliquer son silence.

« Où est ton téléphone? » demanda-t-elle lorsqu'elle poussa la porte qui nous guidait devant l'entrée du lycée. Elle me lâcha afin de me laisser sortir la première, comme pour m'empêcher de faire demi-tour.

Son comportement pouvait paraître étrange, mais lorsqu'il s'agissait de Reyes, tout comportement abracadabrant devenait habituel.

« Dans mon sac, il est en silencieux. » répondis-je en le cherchant dans mon sac. Elle devait être furieuse, elle avait sûrement dû chercher à me joindre.

« Non. » coupa-t-elle mon action en attrapant de nouveau ma main pour me confisquer mon portable. Ma confusion fut plus grande lorsque je vis que Miles nous attendait dehors. Il ne s'agissait donc pas d'une dispute entre Raven et son pseudo petit-ami.

« Raven, peux-tu m'expliquer ce qui se passe? » m'agaçai-je de son cinéma.

« Un ami m'a prêté les clés de sa voiture. » précisa Miles à Raven, tout en faisant cliquer les petits morceaux de métaux ensemble. Elle le remercia d'un sourire et me traina vers la voiture de cet ami.

« Monte. » m'ordonna-t-elle en m'ouvrant la portière.

« Raven, je… »

« Monte. » répéta-t-elle émue, les larmes manquaient de quitter ses yeux.

« On me doit des explications. » m'énervai-je sous l'effet de la panique.

Comment ne pas paniquer face à tout ce cinéma?

« Monte. » réitéra-t-elle affectueusement son ordre. Sa voix était maintenant douce, son regard était rempli de tristesse et sa main caressa la mienne.

Je ne connaissais que très rarement cette tendresse venant de Raven.

C'est comme cela que je compris que ce qui se passait était grave.

Je montai sans opposition dans la voiture, plus vite je serai installée, plus vite nous arriverions là où nous devions aller. Ce ne sera qu'à ce moment là que je comprendrai ce qu'il s'est passé, puisque visiblement personne ne semblait décider à m'expliquer la situation.

Le trajet se déroula en silence. Même la radio était éteinte alors que Miles était connu pour annoncer son arrivée au lycée au volant de sa voiture avec la musique tellement forte qu'elle ferait retrouver l'audition à un sourd.

« Pourquoi allons-nous à l'hôpital? » m'inquiétai-je, car je ne connaissais que trop bien la route qui menait au lieu de travail de ma mère.

« Tu auras toutes les réponses à tes questions une fois sur place. » expliqua simplement Raven en jetant un coup d'oeil furtif à Miles.

Ce dernier se contentait de conduire et évitait à tout prix mon regard. Je le surprenais parfois à me regarder, mais dès que cela arrivait, il détournait rapidement le regard et resserrait ses mains autour du volant.

Cela ne présageait vraiment rien de bon…

Lorsque nous arrivâmes à l'approche de l'hôpital, mon inquiétude fut plus croissante, il n'emprunta pas le chemin du parking visiteur.

À la place, il prit celui des urgences.

Il se stoppa à quelques mètres de l'entrée pour nous laisser descendre avant de s'en aller, il ne pouvait pas stationner ici.

Encore une fois, c'étaient les urgences…

C'est que lorsque mon intention ne fut plus occupée par la présence de Miles que je remarquai celle de ma mère.

Merde…

Elle avait des cernes, elles étaient creusées tellement elle semblait avoir pleuré.

Elle était figée devant l'entrée, me fixant, son âme presque absente de son corps.

J'en faisais de-même.

Elle n'était pas en tenue de médecin.

Mais dans la même tenue que lorsque je l'avais quittée, accompagnée de mon père, pour le bal de promo.

Mon père…

Il n'était pas là.

Peur.

Terriblement peur.

Je voulais que le temps s'arrête.

Maintenant.

Vite.

Avant qu'une terrible nouvelle vienne écrouler mon monde.

« Clarke… » murmura ma mère d'une voix rauque.

Juste l'énonciation de mon prénom lui fit couler une larme.

Il ne me fit que très peu de temps avant de l'imiter.

« Maman... » répondis-je difficilement. Mon corps était lourd, j'avais l'impression d'être ancré au sol.

« Clarke… Je suis tellement désolée, ma chérie. » continua ma mère alors que nous nous fixions toujours. « Ton père… »

« Non. » la coupai-je. Je ne voulais pas qu'elle termine sa phrase. Je savais ce qu'elle allait dire, seulement, tant qu'elle ne prononçait pas ces mots, mon père était toujours en vie.

Je voulais qu'il reste en vie.

Encore quelques secondes…

Juste une petite seconde.

« Clarke… » insista trop rapidement, à mon goût, ma mère.

Seulement, cette fois, elle réussit à bouger pour m'envelopper de ses bras. Son étreinte était remplie de plus d'amour qu'elle n'avait pu me donner en toute une vie.

Elle me serrait si fort! Comme pour essayer de retenir un maximum de mon monde avant qu'il n'explose en mille morceaux.

Son contact me faisait du bien, cependant, ce n'était pas assez pour contenir ce qui allait arriver.

« Dis-le. » murmurai-je en fermant les yeux pour me préparer au plus gros choc de ma jeune vie.

De l'extérieur, je devais ressembler à une petite fille qui venait de faire un cauchemar et qui fermait les yeux par peur que son cauchemar ne devienne réalité.

« Ma chérie… Ton père nous a quittés… » souffla-t-elle le plus calmement possible rendant ainsi mon cauchemar bien réel.

Ma mère n'eut pas assez de force pour me supporter.

Mes genoux flanchèrent sous ses paroles et s'écrasèrent violemment, sans retenue, contre le bitume de l'entrée des urgences.

Peut-être que j'eus mal.

Peut-être que du sang coulait.

Mais ce n'était rien.

Rien comparé à la perte de son père.


« Clarke. » entendis-je Raven m'interpeller.

« Hum. » grognai-je qu'on me sorte de mes pensées.

J'étais bien, seule, avec moi-même.

Seule avec le souvenir de mon père.

Le souvenir.

C'était la seule chose qui me restait de lui.

« C'est à toi de parler. » me rappela mon amie.

Je me levais du banc sur lequel j'étais assise.

Je passais devant le cercueil de mon père.

Je pris ensuite place devant le micro de l'église.

J'avais insisté pour parler.

Je ne sais pas réellement pourquoi.

Si je ne le faisais pas, je le regretterais.

Je fixais cette boîte qui contenait le pauvre corps de mon père.

Je fermais les yeux, préférant me l'imaginer derrière moi, comme il l'aurait fait s'il était encore en vie pour me donner la force de parler.

« Papa. » commençai-je avant de prendre une grande inspiration.

« Mon monde s'est effondré.

Je le trouve insipide.

Il a perdu de son éclat depuis que la mort est venue te chercher.

Il n'y a plus le doux bruit de ton rire qui réveille le matin en même temps que l'aube.

Il n'y a plus ton sourire qui illumine mes journées.

Il n'y a plus la chaleur de ton étreinte pour me souhaiter bonne nuit lorsque les ténèbres arrivent.

Chaque souvenir que j'ai, tu es là.

Et j'ai peur.

Terriblement peur de construire des nouveaux souvenirs où ton visage n'apparaîtra pas.

Ce sentiment est horrible.

Je te vois de partout.

Mais plus avec nous.

Je ne suis pas prête et je n'ai pas envie de parler de toi au passé.

Tu devais être mon présent et mon futur.

Tu n'étais pas censée devenir mon passé.

Je suis maintenant une petite fille qui marchera seule jusqu'à l'autel le jour de son mariage.

Je suis une petite fille qui n'aura pas la joie de t'annoncer que tu deviendras grand-père.

Je suis une petite fille sans son père.

Tu fais maintenant partie des étoiles.

Et un jour, promis, je trouverai une étoile aussi belle que toi et je lui parlerai de toi. »

(Fin flash-back)