Hey ! C'est le chapitre du dimanche !

C'est un chapitre un peu court, mais j'avais promis de la guimauve, il était temps.


Ça faisait longtemps que King n'avait pas connu un sommeil aussi réparateur. Il avait eu des nuits moins douloureuses — son épaule était encore sensible — mais jamais aussi confortables. Il dormait dans des draps propres, sur des oreillers moelleux, au chaud et en sécurité.

La présence de Katakuri à ses côtés multipliait ce sentiment de bien-être par mille. Pour lui qui n'avait jamais connu la sensation de partager son affection avec quelqu'un, il avait l'impression de revivre. Il s'accrochait à Katakuri comme à une énorme peluche et refusait de le lâcher. Il faisait attention à ne pas toucher ses blessures mais il le serrait fort contre lui, les bras autour de sa poitrine. Katakuri ne s'en plaignait pas, il dormait toujours profondément alors que King s'éveillait.

Il ouvrit doucement les yeux. Le soleil était déjà levé et la lumière passait à travers les rideaux. Combien de temps est-ce qu'ils avaient dormi exactement ? King esquissa un sourire : se lever tard était vraiment devenue une de ses habitudes préférées et aujourd'hui, il ne ressentait pas la moindre culpabilité. Le parfum sucré de Katakuri à lui seul chassait toutes les mauvaises pensées qui pouvaient essayer de le perturber. Il colla son visage contre son dos et poussa un soupir de soulagement. Si ça pouvait être toujours comme ça…

Katakuri ne bougeait pas d'un poil. Sa respiration était régulière et son corps était chaud — étonnement chaud d'ailleurs — il n'allait sûrement pas se réveiller tout de suite. King avait très envie de rester roucouler avec lui mais comme toujours, ses muscles le démangeaient et ses ailes réclamaient toujours plus d'étirements. Même s'il se sentait mieux aujourd'hui, leur discussion de la veille l'avait tendu et son corps manifestait son mécontentement. Il n'en revenait toujours pas d'avoir balancé son secret comme ça. Il y a seulement quelques mois, il aurait préféré mourir que de laisser qui que ce soit savoir ce qu'il avait subi. Mais maintenant qu'il s'était confié il se sentait… mieux. Katakuri ne l'avait pas jugé, il n'avait pas eu pitié non plus, il avait accueilli l'information et lui avait donné l'espace nécessaire pour s'en remettre, tout en étant lui-même au fond du gouffre.

Finalement, ils avaient passé leur journée à se réconforter mutuellement. Comme ils en avaient besoin ! King restait persuadé que Katakuri n'avait pas à s'en faire ; ses frères et sœurs ne le laisseraient pas tomber du jour au lendemain et ce n'était sûrement pas lui qui vendrait la mèche au sujet de Chapeau de Paille. Katakuri n'était pas un traître, contrairement à ce qu'il pensait. Il avait subi une défaite dans l'intérêt de leur famille. Là où la perte de Kaido avait tout d'une condamnation, la chute de Big Mom était synonyme de libération. Il ne pouvait pas le blâmer d'avoir agi comme il avait cru bon de le faire. Et après réflexion, il ne le pensait pas responsable de ce qui était arrivé par la suite. Chapeau de Paille avait battu Kaido mais… peut-être que c'était le destin.

King avait toujours vu Kaido comme un roc inébranlable, la seule chose de sa vie qui devait rester en place, sans quoi son avenir serait condamné. Mais Kaido avait été brisé il y a déjà longtemps, par l'alcool puis par la dépression. Il commençait tout juste à l'admettre.

Son ventre gargouilla. C'était le signal qu'il attendait pour se lever. Il devait lutter contre la tentation de dormir toute la journée mais penser à Kaido lui donnait la motivation nécessaire pour décoller sa tête de Katakuri. Son corps avait besoin d'exercice et il résisterait à la tentation. Il amorça un mouvement pour se relever mais se retrouva incapable de bouger.

Surpris, il tenta à nouveau de lever la tête mais c'était comme s'il était collé à Katakuri. Car c'était le cas. Il tira un peu plus fort et le mochi collant se détacha par lambeaux de sa joue engluée. Apparemment il n'était pas le seul a avoir des pouvoirs capricieux pendant son sommeil. Il pouffa de rire, Katakuri n'avait visiblement pas envie qu'il sorte du nid et son fruit du démon était parfait pour le retenir.

Il reposa son menton sur son épaule et le réveilla en lui murmurant à l'oreille.

— Eh, réveille toi.

Katakuri grogna en réponse. Il n'avait vraiment pas envie de se lever.

— Tu peux rester dormir mais est-ce que tu veux bien me libérer ?

King devina son froncement de sourcil. Il marmonna de nouveau mais ne bougea pas.

— S'il te plaît, insista-t-il tout en ayant de moins en moins envie de se lever.

Katakuri répondit un nouveau "mh" et King ne se sentit plus englué du tout. Il l'avait relâché. King trouva ça un peu rapide — il n'avait pas besoin du mochi pour rester collé à lui — mais il se leva lentement. Il fit de son mieux pour ne pas brusquer son partenaire qui avait encore besoin de récupérer, bien plus que lui.

King songea que c'était le moment idéal pour prendre une douche bien méritée.

Il en avait déjà pris une la veille et, comme il l'avait prévu, ça avait été une conversation très gênante. Il avait mis beaucoup trop de temps avant d'oser demander où se trouvait la salle de bain et Katakuri n'avait pas été moins embarrassé que lui par ce constat : ils allaient devoir partager leur intimité et aucun d'eux n'était totalement prêt pour ça. Ils avaient passé trop de temps à raser les murs et à faire attention à ne surtout pas se dévoiler devant des yeux trop curieux, alors une chose aussi simple qu'utiliser la même salle de bain avait tout d'une épreuve.

King n'était pourtant pas si pudique, dans le fond — en tout cas sûrement pas autant que Katakuri — mais il était très angoissé à l'idée de se présenter nu devant lui. Il repensa soudain à la fois où il avait failli se déshabiller dans le couloir juste sous ses yeux. Ça lui avait parut insignifiant à ce moment là mais face à ce souvenir, il avait envie de se mettre des claques. Heureusement qu'il ne l'avait pas fait, ça aurait été abominable que les choses se passent comme ça. C'était important pour lui que Katakuri respecte son intimité.

Il préférait avoir la possibilité de se ménager et de profiter de son sommeil pour se laver le premier. Ainsi, il leur épargnait des palpitations à tous les deux. Même si dans le fond il se sentait ridicule. S'ils n'avaient pas été tous les deux aussi gauches, les choses auraient été beaucoup plus simples. Mais leur expérience étant similaire, il n'avait pas à se justifier.

Il se faufila discrètement jusqu'à la salle de bain et s'amusa encore du verrou sur la porte, qui prouvait que Katakuri était vraiment très soucieux de sa vie privée, jusque dans ses quartiers personnels. Mais il l'en remerciait, car même s'il avait tout à fait confiance en lui : il prit la peine de fermer à clé.

/

Brûlée faisait les cent pas dans la cuisine. Ses homies la fixaient, sans dire un mot. L'ambiance dans la maisonnette était pesante, tout le monde avait conscience de sa nervosité.

Elle n'arrivait absolument pas à profiter de ses vacances. Comment l'aurait-elle pu après ce qu'il s'était passé ?

Elle était partagée entre plusieurs émotions et elle essayait de faire le tri. Elle était surtout très en colère. Contre toute sa famille. On lui avait caché la vérité beaucoup trop longtemps. Toutes ces années, ses frères l'avaient considérée comme une gamine incapable d'encaisser la vérité. Il y avait bien longtemps que son agression ne la tourmentait plus mais sa propre fratrie continuait de la juger à travers cet évènement. Elle en était furieuse ! La croyaient ils tous aussi fragile que ça ?

Elle avait travaillé d'arrache pied pour qu'on la prenne au sérieux ! Totto Land était une forteresse quasi imprenable grâce à ses pouvoirs. Tout le monde louait la force de ses triplés de frères aînés ou la compétence de ses sœurs guerrières… Mais elle, elle était toujours vue comme une chose à protéger. Et l'histoire avec Chapeau de Paille n'avait rien arrangé ! Elle s'en voulait toujours de ce fiasco mais après tout, Katakuri lui-même avait souffert de l'affrontement, elle n'avait pas à avoir aussi honte d'avoir été battue quand leur champion avait lui aussi été mis en difficulté. Et elle n'était pas sans défenses ! Au contraire.

Elle avait toujours culpabilisé de voir Katakuri se renfermer après son accident. Elle avait tout fait pour être aussi forte que les autres et pouvoir se défendre elle-même afin qu'il ne s'inquiète plus de ce qui lui était arrivé. Sans succès, apparemment. Puisqu'il lui avait menti pendant si longtemps.

Elle était furieuse contre lui. Même si elle n'était pas sûre d'en avoir le droit. Elle avait eu très peur de le perdre et elle savait qu'il était au plus mal. Personne n'avait pu l'approcher de près depuis sa crise parce que King jouait les gardiens — et qu'affronter un sphinx aurait été plus simple — mais elle le connaissait. Mieux que personne. Et derrière sa colère et sa frustration, il y avait toujours son inquiétude de petite sœur. Elle avait besoin de le voir et elle savait que Katakuri avait besoin de l'entendre. Et si King voulait l'empêcher de lui rendre visite, il pouvait toujours essayer.

Elle comprenait qu'il faisait ça pour le protéger — et il remontait dans son estime grâce à ça — mais toute cette histoire la concernait. Elle avait le droit de s'entretenir avec son grand frère. Elle avait attendu deux jours, histoire qu'il se remettre et qu'il puisse profiter de la présence de King, mais maintenant : il était temps.

Elle se dirigea d'un pas décidé vers son miroir.

/

Katakuri avait du mal à garder les yeux ouverts. Dès qu'il essayait, il était pris de vertiges et le plafond semblait tourner au-dessus de lui. Il avait très chaud mais ça n'avait rien d'agréable, comme quand King était près de lui. Il savait que lui s'était levé mais il ne souvenait pas de ce qu'il lui avait dit en quittant le lit. Tout était confus.

Il sentait bien qu'il y avait quelque chose d'anormal. Il ne s'était jamais senti aussi affaibli.

Il avait encore besoin de dormir. Après ça, il se sentirait mieux. Mais il avait l'impression qu'il devait avertir King de son état. Ça ne lui arrivait jamais d'habitude. Il ne pouvait pas se relever non plus, il savait qu'il tomberait dans les pommes s'il s'y risquait. Il attendit patiemment que King revienne à son chevet pour le mettre au courant.

/

King était bien content d'avoir pu récupérer une chemise propre, il en avait marre de se balader torse nu et les vêtements de Katakuri n'avaient pas d'ouvertures prévues pour les ailes. Il était occupé à la reboutonner quand le miroir en face de lui se brouilla et laissa apparaître le visage de Brûlée. King sursauta et un juron lui échappa. En arrivant ici, il s'était demandé si la sœur finirait par utiliser ses pouvoirs pour les contacter mais avec toutes ses émotions, il l'avait complètement oubliée. Il voulait protester contre cette intrusion malvenue — ce pouvoir était extraordinairement dérangeant — mais elle avait l'air tellement furieux qu'il se tut et attendit patiemment qu'elle ouvre la conversation.

Elle avait de grosses cernes et semblait ne pas avoir dormi depuis des jours. Elle était presque dans le même état qu'eux. Elle s'était certainement fait un sang d'encre pour son aîné durant tout ce temps. Mais King comptait bien l'empêcher de le voir. Il n'était toujours pas prêt à faire face à qui que ce soit. Et après ce qu'il lui avait raconté sur sa relation avec Brûlée, il comprenait pourquoi.

— Je dois parler à Katakuri, annonça-t-elle calmement mais d'une voix ferme.

— Non, répondit King avec un haussement d'épaule. C'est trop tôt.

— Laisse moi le voir.

Il était un peu surpris qu'elle insiste aussi agressivement mais il n'avait pas l'intention de céder. Il devait refuser le passage à tous les membres de la famille, elle y compris.

— Il dort de toute façon.

— Et bien réveille le et dis lui que je veux lui parler.

— Il ne voudra pas.

Il voyait bien que son avis n'avait aucune importance pour Brûlée. En plaçant les besoins de Katakuri au premier plan, il pensait pouvoir la convaincre de renoncer mais il ne lui avait jamais vu un air aussi déterminé.

— Tu essayes de rattraper la bourde que tu as commis en veillant aussi bien sur lui, n'est-ce pas ? Dit-elle, à la fois compatissante et sévère.

King n'avait rien à répondre. C'était la vérité mais il ne voyait pas où elle voulait en venir. Il savait qu'il avait merdé mais à quoi bon le lui jeter à la figure maintenant ?

— Je connais ça, dit-elle. Tu n'es pas le premier à avoir déclenché une crise.

Elle baissa les yeux en avouant ça, soudain moins sûre d'elle. King ne savait pas s'il devait lui dire qu'il était au courant pour leur histoire et pour sa cicatrice. Il préféra garder le silence. En tout cas, il comprenait qu'elle souhaite le voir plus que les autres : elle se sentait responsable. Son intention n'était pas de le tourmenter.

— S'il te plaît, dis lui que je veux lui parler.

Il poussa un soupir. Il hésitait parce qu'il s'agissait de Brûlée, la sœur dont Katakuri était le plus proche. Il ne se voyait pas la jeter par la fenêtre, comme il l'aurait fait avec Oven si il avait essayé de forcer le passage. Et compte tenu de leur histoire commune, il n'était pas étonnant qu'elle veuille le voir. Il était même surpris qu'elle ait attendu aussi longtemps avant de se présenter.

Ils se fixèrent intensément jusqu'à ce que King reprenne la parole.

— Je vais le prévenir. Mais s'il ne veut pas te voir, je bloquerai le miroir contre le mur.

Elle ne dit rien et hocha la tête, reconnaissante.

Il rejoignit rapidement le lit de Katakuri. Il n'avait pas bougé d'un poil et dormait toujours profondément. King s'approcha doucement, il le trouvait bien pâle mais il n'était pas étonné qu'il soit fatigué. N'importe qui l'aurait été après toutes ses épreuves. Il s'en voulait de le réveiller et de lui infliger plus de stress mais d'un autre côté, il pensait que si quelqu'un pouvait le rassurer sur l'opinion de sa famille, c'était bien Brûlée.

Il se pencha sur lui pour lui caresser le visage. A la seconde ou ses doigts touchèrent sa peau, il s'alarma. Il était brûlant !

Inquiet, il lui prit l'épaule et la serra pour qu'il ouvre les yeux. Katakuri fronça les sourcils et marmonna, visiblement affaibli. Il ouvrit vaguement les yeux, regarda King et parut soulagé de le voir, bien que très fatigué.

— Ça va ?

Il ne répondit pas tout de suite. Il cligna des yeux plusieurs fois, comme si sa vue était gênée par quelque chose.

— Pas terrible, répondit-il d'une voix rauque. J'ai la tête qui tourne.

Il s'allongea sur le dos et fixa le plafond pendant une seconde avant de refermer les yeux. Les garder ouverts semblaient lui coûter énormément d'énergie et il le faisait suer à grosses gouttes. Il n'en fallait pas plus à King pour comprendre que quelque chose n'allait pas et il se trouva démuni. Il posa maladroitement sa main sur le front de Katakuri — alors qu'il avait déjà constaté qu'il avait de la fièvre quelques secondes plus tôt, mais il voulait être sûr.

Même lui ne dégageait pas autant de chaleur quand les flammes de son dos brûlaient. Il oublia immédiatement ce pourquoi il était venu le voir et repartit voir Brûlée, après avoir murmuré un "je reviens" paniqué.

/

Brûlée n'avait pas bougé. Elle attendait de l'autre côté du miroir en se rongeant l'ongle du pouce. Elle espérait que King n'allait pas la congédier comme une malpropre. Elle se doutait que Katakuri avait peur de la voir, mais il ne pourrait pas fuir éternellement. Et elle était un peu vexée qu'il se serve de King pour se cacher. Toutefois, elle s'estimait heureuse que celui-ci ait accepté de parler en son nom. Même si elle redoutait la conversation.

Elle n'était pas sûre de ce qu'elle allait lui dire.

King revint très vite la voir. Elle reprit ses esprits, prête à entendre le verdict. Elle fut surprise par son visage déconfit. De toutes les réactions qu'elle lui avait imaginé, celle-ci était la dernière à laquelle elle se serait attendu. Elle comprit tout de suite que quelque chose n'allait pas.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Il y a un problème, dit-il en lui tendant la main pour l'inviter à le rejoindre.

Elle n'avait pas besoin de son aide pour sortir du miroir mais elle la saisit, satisfaite de le voir faire un geste envers elle. Même si son attitude était préoccupante.

— Il va mal, dit-il, sans donner plus de précisions.

Il tourna les talons et elle le suivit, soudain anxieuse. Elle aurait voulu prendre le temps de jeter un coup d'œil aux appartements de son frère, elle n'était pas venue depuis une éternité, mais le comportement de King lui faisait peur. Elle le vit passer les rideaux qui cachaient le coin où Katakuri dormait et elle s'y engouffra à son tour.

Katakuri était couché là, blessé, pâle comme un linge, et visiblement incapable de tenir une conversation digne de ce nom. Malgré tout, il ouvrit les yeux et parut surpris de la voir ici.

— Brûlée ?

Elle s'approcha et lui fit signe de se taire.

— Mon pauvre frère, dans quel état tu t'es mis, murmura-t-elle.

Elle se tourna vers King, qui restait debout devant eux, les yeux rivés sur Katakuri. Il avait l'air bouleversé.

— Ça fait longtemps qu'il est comme ça ? Demanda-t-elle, plus férocement qu'elle l'aurait voulu.

— Non, hier ça allait. Ça s'est aggravé d'un coup.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda Katakuri à Brûlée, avec le peu de forces qui lui restait

Elle voyait qu'il avait du mal à garder les yeux ouverts. A chaque fois qu'il essayait de la regarder, il devenait livide. Elle n'avait pas besoin d'être médecin pour deviner sa forte fièvre.

— Peu importe, pour le moment tu as besoin de soins. Va à l'infirmerie et ramène quelqu'un, ordonna-t-elle à King.

— Moi ?

Elle le fusilla du regard.

— Oui, toi !

— Attends Brûlée, dit Katakuri en posant sa main sur son épaule — il avait du mal à soutenir le bois de ses propres muscles — ça va aller, il faut juste que je me repose encore un peu.

Il tenta de prouver qu'il n'allait pas si mal en se redressant sur ses coudes. Sûrement sans le vouloir, il lui dévoila l'énorme blessure qu'il portait au ventre — encore. Il ne fallut qu'une seconde à Brûlée pour comprendre le problème.

— Ne me dis pas que tu t'es couché… comme ça ! S'exclama-t-elle.

— Ce ne serait pas la première fois, grogna-t-il, un peu agacé et faisant de gros efforts pour avoir l'air plus fort qu'il ne l'était.

Cette fois, elle perdit patience — et prit King à partie.

— Vous êtes tous les deux des crétins. Des GROS crétins ! Vous croyez qu'il suffit qu'une plaie sèche pour qu'elle guérisse et que mourir d'une septicémie c'est pour les faibles ! Il n'y a que les hommes pour penser ça...

Si Katakuri n'avait pas été aussi mal en point, elle lui aurait mis une baffe. Mais elle n'en eut pas besoin : il s'écroula de lui-même dans les oreillers. Elle se contenta de rabrouer King, qui avait été assez bête pour le laisser mariner dans son sang sans même appeler un médecin.

— Reste pas planté là ! Va à l'infirmerie et ramène tous les homies disponibles je te dis !

Elle vit qu'il était prêt à protester mais un coup d'œil à Katakuri lui suffit pour obtempérer. Il disparut très vite et Brûlée entendit la porte claquer derrière lui.

— Mais enfin qu'est-ce qui t'a pris de ne pas te faire soigner ? S'indigna Brûlée en replaçant une couverture sur son frère malade.

Il ne répondit pas et haussa les épaules. Elle soupira.

— Il faut vraiment que tu arrêtes de te punir pour une chose qui s'est passé il y a 38 ans. Si tu crois que ça me fait plaisir de te voir souffrir pour expier tes fautes, tu te trompes. J'en ai plus que marre !

Il ouvrit un œil timide. Il n'avait plus assez de force pour se relever mais elle vit une lueur vive illuminer son regard. Il comprenait parfaitement ce qu'elle lui disait.

— Brûlée…

— C'est pour parler de ça que je venais te voir. Ton chevalier a failli ne pas me laisser passer mais je suis bien contente qu'il ait fini par entendre raison.

Un silence s'installa. Katakuri la regardait sans rien dire. Elle espérait qu'il était en état de l'écouter.

— Pourquoi tu ne m'as jamais dit que tu avais fait une crise après mon accident ?

Il avait probablement redouté cette question toute sa vie. Il déglutit difficilement et leva les yeux au plafond — avant de les fermer à nouveau à cause de ses vertiges.

— Je ne sais pas, dit-il.

— Si, tu sais très bien.

Il ne réagit pas. Elle lui laissa un peu de temps avant de lui dire ce qu'elle avait sur le cœur.

— Et moi, tu crois que je ne sais pas que je suis à l'origine de tout ton mal-être ? Que sans moi tu n'aurais jamais été aussi cruel envers toi-même ? C'est plutôt à moi de me rattraper.

Il se redressa brutalement, soudain lucide et suffisamment fort pour lui faire face.

— C'est faux ! S'exclama-t-il, choqué qu'elle puisse penser une chose pareille. Tu n'as absolument rien à te reprocher !

— Pourtant je me le reproche. Et si c'était vraiment faux, tu m'aurais confié ce qui c'était passé il y a des années. Tu me l'as caché !

— Je ne voulais pas te faire plus de mal. Tu avais déjà failli mourir à cause de moi. Alors si en plus tu devais te sentir responsable de ce qui m'était arrivé. De ce que j'étais devenu...

Il enfouit son visage dans ses mains, complètement désespéré. Elle posa sa main sur son épaule.

— Tu n'es pas un monstre, Katakuri.

Il s'effondra de nouveau dans le lit. Brûlée crut d'abord qu'il allait pleurer, qu'aborder le sujet lui était difficile même s'il avait besoin de l'entendre, puis il la regarda de nouveau avec un visage livide.

— Euh, ça va ?

— Pardon, j'ai du mal à parler, je ne me sens pas très…

— Oh ! Bien sûr ! Se reprit-elle. Désolée…

Il trouva tout de même la force d'ouvrir les yeux et de lui exprimer toute sa reconnaissance d'un seul regard.

/

Il avait parfaitement compris ce qu'elle lui avait dit. Il ne mentait pas, il était trop épuisé pour réfléchir posément et répondre en conséquence, mais il l'avait entendue. Ce n'était pas la première fois qu'ils se disputaient tous les deux, et que Brûlée lui disait d'arrêter de prendre tout sur lui. Pourtant, c'était la première fois qu'il avait l'impression de vraiment comprendre ce qu'elle essayait de lui dire depuis des années. En pensant la protéger, il leur avait fait du mal à tous les deux. Peut-être que c'était parce que cette fois, ils avaient pu se parler directement après une de ses crises et qu'il en avait marre de garder le secret. Ou alors c'était à cause de la fièvre.

Il n'en voulait pas à King de l'avoir laissée entrer ; elle était sa meilleure amie, il avait toujours pu compter sur elle. En toutes circonstances, et là encore elle lui prouvait qu'il avait tort de douter d'elle. S'il avait pu, il l'aurait pris dans ses bras.

Il rouvrit les yeux quand il sentit qu'elle lui posait une serviette humide sur le front.

— Qu'est-ce que tu ferais sans moi, je me le demande, se moqua-t-elle.

Il sourit malgré lui.

— Je serai mort depuis longtemps.

— De toute évidence.

— Enfin, maintenant tu as King pour s'occuper de toi. Il a encore des progrès à faire — elle observa sa blessure avec un air mécontent — mais ça me fait plaisir que tu ne sois plus seul.

Il acquiesça avant de réaliser ce qu'elle venait de dire. En se cachant de sa famille, il leur avait aussi caché une nouvelle très importante.

— Tu sais que… Euh… Lui et moi… ?

— Oh oui je sais, dit-elle dans un gloussement. Tout Totto Land le sait.

Katakuri était soulagé d'être trop malade pour se sentir embarrassé. Il devina qu'elle s'était trouvé aux premières loges quand sa crise avait pris fin. Brûlée poursuivit.

— Il n'y a que Oven qui n'était pas au courant mais il a comprit en trouvant King dans ta chambre. Tu aurais dû l'entendre nous le raconter, c'était très drôle.

— Je préfère ne pas imaginer.

Le bruit de la porte les interrompit. Brûlée se leva et disparut derrière les rideaux. Katakuri en fut soulagé, il n'aurait pas pu parler plus longtemps. Plus les secondes passaient et plus il se sentait mal. Mais il faisait confiance à sa sœur et à King pour ne pas le laisser dans cet état.

Il entendait leurs voix sans parvenir à distinguer ce qu'ils se disaient. Il sentait que la discussion était houleuse. Brûlée devait en vouloir à King de ne pas avoir agi plus tôt et elle le lui faisait comprendre. Elle ne devait pas lui en vouloir, il n'y était pour rien. Katakuri lui-même avait surestimé ses capacités de guérison.

Elle revint bientôt vers lui avec un homie infirmier — une immense poupée animée sans bouche ni nez. King les rejoignit, l'air penaud. Brûlée continuait de grommeler en s'adressant à King.

— Vous vous êtes vraiment bien trouvés tous les deux !

— Je vais bien, insista King, c'est lui qui a besoin qu'on l'aide.

Katakuri vit qu'il était mal à l'aise. Il surveillait le homie du coin de l'œil, près à lui bondir dessus au moindre geste déplacé. Brûlée le traita d'imbécile alors que l'infirmier s'installait et dégageait sa plaie, son matériel de soin à porter de main.

Il tendit des comprimés à Katakuri et celui-ci les accepta sans poser de questions, il concentrait toute son attention sur King. Il savait parfaitement pourquoi il refusait qu'on le touche ou qu'on le soigne.

/

King avait trouvé l'homie très efficace et, contrairement à un infirmier humain, son éthique avait été irréprochable. Il avait bandé les plaies de Katakuri avec talent et lui avait laissé des instructions simples et claires pour sa convalescence, qui n'avaient rien de trop intrusif, même pour lui. D'après lui, Katakuri serait sur pieds en très peu de temps, tant qu'il continuait de prendre des comprimés deux fois par jour pendant deux semaines pour éliminer l'infection.

Brûlée était partie et avait affirmé qu'elle se réjouissait de le savoir auprès de son frère. Ça l'avait surpris, elle avait passé beaucoup de temps à le rabrouer — et à désapprouver son souhait de ne pas s'occuper de la morsure sur son épaule — mais elle lui avait paru sincère. Il éprouvait un sentiment de fierté à cette idée. Il avait la bénédiction de la sœur préféré de son partenaire, c'était une sacrée étape de franchie.

Il avait encore du mal à intégrer cette idée. Que Katakuri soit son partenaire.

Il l'observa, endormi à côté de lui. Il avait l'air paisible comme ça, affalé sur le dos — Brûlée avait juré que c'était inhabituel de sa part — et il avait meilleure mine. Il avait dormi toute la journée et maintenant le soleil se couchait. King n'avait rien fait d'autre que veiller sur lui et il aurait pu se plaindre de l'ennui mais encore une fois, le temps passé ici n'avait rien à voir avec les heures de solitude qu'il avait connues sur Onigashima.

Il était satisfait. Même s'il s'en voulait d'avoir sous-estimé l'état de Katakuri. Il se risqua à lui caresser la joue, en espérant ne pas le réveiller. Il passa un doigt timide sur sa cicatrice. Il se demandait toujours comment on avait pu le laisser croire que son visage était laid. Il ne voyait pas ce qu'on pouvait lui trouver de repoussant, pour lui c'était tout le contraire. Son visage était sévère, souvent intimidant, mais ses yeux avaient toujours trahi sa douceur et sa noblesse de caractère.

King se demandait parfois comment les choses se seraient passées s'ils s'étaient rencontrés plus jeunes. Si Kaido et Big Mom n'avaient pas été des ennemis jurés — tu parles ! — peut-être qu'ils auraient été amis plus tôt. Est-ce qu'ils se seraient montré leurs visages à ce moment-là ? Auraient ils eu assez confiance l'un en l'autre ? Seraient ils tombé amoureux ?

Les circonstances de leur rencontre avait été un tel hasard. Il avait fallu une défaite cuisante pour chacun d'entre eux, le fait d'être au bon endroit au bon moment, et l'obligation de révéler son identité pour King. Il se plaisait à croire qu'ils se seraient plu immédiatement mais en réalité, leurs capitaines ne les auraient jamais laissés pactiser entre eux s'ils s'étaient croisés dans leur jeunesse. Lui aurait été trop aveuglé par sa loyauté envers Kaido et Katakuri trop soumis à sa mère.

Finalement, ils avaient eu de la chance de se rencontrer si tard. Sans personne pour les empêcher d'apprendre à se connaître.

Le contact des doigts de King sur son visage réveilla Katakuri. Il ouvrit les yeux, et tourna la tête lentement vers lui. Il paraissait moins incommodé par ses vertiges.

— Comment tu te sens ? Demanda King à voix basse.

Katakuri soutint son regard, il était fatigué mais moins mal en point.

— Mieux, dit-il en passant sa main sur les bandages propres de son ventre. Tu es là depuis longtemps ?

— Je n'ai pas bougé.

Il avait remarqué la baisse de luminosité, King devina qu'il s'en voulait de l'avoir "forcé" à rester à son chevet même si son regard exprimait une profonde gratitude.

— Tu ne t'es pas trop ennuyé ?

King secoua la tête avec un sourire. Contempler Katakuri en train de dormir n'avait rien à voir avec de l'ennui.

— Je réfléchissais.

— A quoi ?

Katakuri roula vers lui, comme un énorme chat, et lui passa un bras autour de la taille. Il n'avait plus peur de lui manifester son affection maintenant. Ils avaient tous les deux perdu trop de temps à se dévorer des yeux de loin, ils n'hésitaient plus à se toucher. Et King avait désespérement besoin de sentir cette tendresse. A chaque fois que Katakuri lui prouvait à quel point sa présence était importante, il était au bord des larmes. Mais il le cachait bien. Pour le moment, il souhaitait que cette émotion reste personnelle.

Il accueillit son bras avec plaisir et lui caressa les cheveux.

— Je me demandais comment les choses se seraient passées si on s'était rencontrés plus tôt. Si nos capitaines n'avaient pas été ennemis.

Katakuri pouffa de rire contre lui.

— Je me suis posé la même question plusieurs fois, avoua-t-il en marmonnant, le nez collé à sa chemise. Je pense que ça aurait été une catastrophe.

— Vraiment ? Dit King, feignant la surprise quand bien même il était d'accord. On ne se serait pas entendus tu crois ?

— Si, j'en suis même sûr.

— Et ben alors ?

— Mes frères aurait essayé de nous "arranger le coup" et auraient tout fichu par terre.

Se fut au tour de King de rire.

— Et ta mère aurait réussi à me marier à une de tes sœurs. Tu aurais été mon beau frère.

Katakuri resserra sa prise sur King pour marquer son territoire et grogna de mécontentement. King lui tomba dessus sans opposer de résistance.

— Je n'aurais pas aimé ça du tout.

C'était flatteur de savoir qu'il pouvait déclencher une jalousie aussi innocente que celle-là. Il préférait cela à l'indifférence constante dont il avait souffert pendant si longtemps. Ça faisait deux jours que Katakuri flattait son égo blessé sans même s'en rendre compte.

Il était blessé et malade, mais il trouvait le moyen de rester l'homme le plus charmant du monde. King se considérait comme extraordinairement chanceux. Il le surprit un peu quand il le serra brusquement contre lui, un peu plus fort que d'habitude. Un petit hoquet échappa à Katakuri alors que King passait ses bras autour de ses épaules en se laissant tomber dans les oreillers.

— C'est très bien que ça se soit passé comme ça, ajouta-t-il en lui répondant par un même câlin étouffant.

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Katakuri était toujours étonné par les élans d'affection que King pouvait avoir à n'importe quel moment. Et c'était très bon pour sa timidité.

Il adorait le toucher. Passer ses mains dans son dos, caresser ses longs cheveux et ses ailes… Il avait toujours du mal à croire qu'il pouvait le faire. Même malade et assommé par les médicaments, il sentait son cœur s'accélérer à chaque fois qu'ils se prouvaient qu'ils avaient le droit de s'aimer.

Il était toujours chamboulé parce qu'il avait fait et mort de peur à l'idée de ce qui lui restait à affronter. Mais sa brève rencontre avec Brûlée l'avait suffisamment réconforté pour qu'il se permette de ne penser qu'à lui, au moins pour ce soir.

Et King était étalé de tout son poids sur lui, il pouvait difficilement penser à autre chose pour le moment.

Son corps était lourd, et chaud. Ses ailes étaient immenses et les recouvraient entièrement tous les deux. A chaque fois que Katakuri se risquait à effleurer une plume, il pouvait le sentir frémir sous ses doigts. Et réciproquement. Une seule mèche de cheveux glissant dans le cou de Katakuri suffisait à le faire frissonner.

Et évidemment, ils ne se privaient pas pour s'embrasser passionnément.

Ils avaient tous les deux passé le cap des bisous prudents et incertains. A présent, ils se dévoraient franchement. Katakuri avait eu si peur que ses dents proéminentes soient un problème, il n'aurait jamais imaginé que King se montrerait si enthousiaste de poser ses lèvres sur les siennes. Il ne savait plus lequel des deux avait eu l'idée d'utiliser sa langue le premier, il se contentait d'apprécier. Il adorait sentir la chaleur de son souffle et respirer son odeur entre deux baisers humides.

Leurs mains aussi étaient très occupées. Et à chaque fois qu'ils se retrouvaient dans cette position, ils se montraient de plus en plus audacieux. Pour l'instant, ils s'attardaient principalement sur le haut du corps : Katakuri parcourait tendrement le dos et les épaules de King, osant parfois lui presser la nuque pour approfondir un baiser ou frôler ses clavicules du bout des doigts. King, pourtant bien à son aise couché de tout son long sur lui, était plus timoré. Il gardait les mains aux alentours de son visage et de sa gorge — et ce n'était pas pour déplaire à Kat. Il semblait se délecter de pouvoir le toucher et s'attardait sur chaque détail avant de descendre plus bas, comme s'il cherchait à apprivoiser chaque fibre de son corps.

Katakuri, bien que malade et affaibli, ne cachait pas son bonheur. Quand il se détachait de King pour respirer, parfois un gémissement plaintif lui échappait. La première fois, King avait été surpris mais il s'était dépêché de l'embrasser à nouveau pour réentendre un son qu'il avait eu l'air de trouver très agréable.

Ils pouvaient passer toute la soirée comme ça, à rattraper le temps qu'ils avaient perdu à se tourner autour. Quand Katakuri reprenait ses esprits, l'espace d'une seconde, et comprenait dans quelle situation il se trouvait, il était tout de même parcourut par une pointe d'angoisse. Il ne pensait pas qu'un jour ses fantasmes les plus secrets se réaliseraient. Il avait cru que ce genre de chose ne lui arriverait jamais. Et malgré ses nuits de plaisir solitaire — devenues plus fréquentes ces dernières semaines — tout cela lui était inconnu.

Embrasser King, le toucher, coller son corps au sien… C'était déjà beaucoup plus que ce qu'il avait jamais espéré.

Enhardi par les battements de son cœur, sa curiosité et son désir naissant, il osa glisser sa main sous la chemise de King et lui caressa le bas du dos. Comme toujours, sa peau était incroyablement douce et chaude au toucher. Il remonta légèrement mais il sentit King se raidir un peu. Il lui attrapa doucement la main et le stoppa avant qu'il n'aille plus loin. Katakuri retira aussitôt sa main et la refit passer par dessus ses vêtements, plus haut. Là où King tolérait qu'il le touche. Il le serra un peu plus fort, inquiet de l'avoir gêné.

Il murmura un "désolé" que King étouffa aussitôt en l'embrassant. Trente secondes plus tard, il répondit un "t'en fais pas" rassurant avant de coller son front au sien et de savourer leur chance d'être ensemble. Katakuri y répondit avec plaisir, frottant son nez au sien. Un geste qu'il avait toujours rêvé de partager avec quelqu'un.

Il ne regrettait décidément pas la façon dont ils s'étaient rencontré. Pour en arriver là, il était bien content d'avoir attendu et, finalement, de n'avoir jamais complètement perdu espoir. En revanche, il se disait que si King et Katakuri adolescents s'étaient rencontrés plus tôt, eux auraient eu une bonne excuse pour leur maladresse mutuelle.

Ils avaient encore du chemin à faire.


Il y a des choses qui commencent à se profiler là. Il y a encore une grosse étape à franchir mais c'est pas encore gagné.

Le prochain chapitre sera peut-être un flash back, je ne suis pas sûre. Si c'est le cas : savourez bien la guimauve. Parce que ça va faire mal :x

On verra bien ! A dans deux semaines !