Chapitre 2
Lundi 1er Septembre 1944
Le matin.
Il était dix heures, et le quai de la voie 9 ¾ était bondé. Les sorciers de tout âge allaient et venaient, poussant leurs chariots lourds, les cages de leurs animaux, et leurs balais bien emballé. Il ne restait plus beaucoup de temps avant le départ du Poudlard express.
Evelyn passa au travers du mur en tirant sa lourde valise. C'était bien étrange de revenir ici après tout ce temps. Une impression de nostalgie s'empara d'elle, mais elle la chassa bien vite. Tirant sur son fardeau, elle se fraya un chemin jusqu'au train, en esquivant ses anciens et futurs camarades de classe.
Beaucoup portaient déjà l'uniforme et leur robe de sorciers. Elle, elle avait conservé sa robe de l'Eglise et ses talons. Sa chevelure était lâche et ornée d'un joli ruban rouge sur le sommet de sa tête. Les boucles d'ébène se balançaient le long de son dos.
La première fois qu'elle était venue ici, elle gardait le dos courbé et la tête basse, honteuse d'être ici, craignant de rater le train, puis ses cours, de ne pas se faire d'amis. Aujourd'hui, elle venait en conquérante.
Quelqu'un la percuta alors qu'elle grimpait dans le train.
« Oups. Je ne t'avais pas vu. Pardon. Tu es nouvelle ? » Le garçon était blond, les cheveux en bataille, et portait l'uniforme de Serdaigle. Beaucoup de gens arrivaient à Poudlard à cause de la guerre en Europe. Grindelwald semait la terreur, de fait, il était courant de croiser de nouveaux élèves à la rentrée, ou même en cours d'année.
« McTavish. » Prononça froidement Evelyn. « Tu es toujours en vie, on dirait. » Le garçon fronça les sourcils, éberlués.
« On se connaît ? » Il ne l'avait, bien évidemment, pas reconnue. Personne ne le pouvait.
« Nous nous sommes connus dans une autre vie. Ecarte toi de mon chemin. » Et le garçon obéit, incapable de détacher son regard de la jeune femme.
Evelyn portait un rouge à lèvre incroyablement sombre, et ses longs cils étaient recourbés de sorte que ses yeux bleus paraissent bien plus grands. L'adolescente chétive était devenue sublime en deux ans.
Elle déposa sa valise dans un compartiment bien spécial à ses yeux, et s'installa sur la banquette, les jambes croisées avec élégance. Elle se mit à lire un parchemin de l'école au sujet de son retour. Ils allaient être surpris.
La porte du compartiment s'ouvrit avec fracas sur un visage princier aux allures sévères. L'écusson de serpentard trônait fièrement sur son torse.
« Je peux savoir qui t'a permis de t'asseoir ici ? » La voix trainante de Malfoy ne lui fit même pas lever la tête.
« Je me suis permise toute seule. Malfoy. » Le garçon se crispa.
« Comment oses-tu prononcer mon nom ? Misérable sang de bourbe, je vais te… » S'il avait levé sa baguette, quelqu'un se saisit de sa manche pour le retenir.
« Il suffit, Abraxas. Va prendre l'air et revient quand tu seras plus calme. » Le sorcier blond pâlit, tira sur son bras pour le récupérer, mais obtempéra.
Le nouveau venu était particulièrement grand, vêtu du même uniforme, et portant en plus de l'écusson de serpentard, le badge de préfet en chef. Une chevelure souple et brune retombait sur son front. Il avait les traits fins et bien dessinés, les pommettes hautes, mais surtout, des yeux noirs, dans lesquels dansaient des reflets carmin. Il était beau à couper le souffle. Encore plus qu'avant.
Et malgré sa nouvelle éducation, Evelyn eu un pincement au cœur. Diable, qu'elle avait aimé cette ordure.
« À qui ai-je l'honneur ? » Demanda Tom, car c'était lui. Evelyn Snow avait relevé la tête, croisant son regard et le foudroyant avec.
« Je te laisse deviner, Riddle ~ » Le ton moqueur ne plut pas au garçon. Elle le savait, elle connaissait chaque expression sur son faciès, et comme il se faisait plus doux encore, elle savait. La rage l'habitait.
« Il semblerait que tu connaisses mon nom, et je suis désavantagé. »
« Voyons… Tu n'as jamais eu besoin des noms, pour humilier tes adversaires… Riddle. » La voix suave de la jeune fille lui donna des sueurs froides. Cette fille le connaissait… C'était… Dangereux.
Pour cette fois, il préféra battre en retraite.
« Et bien… Je suppose que je n'ai pas le choix. Bon voyage jusqu'à Poudlard. »
« Bon voyage à toi… Tom. » Avait-elle murmuré en sifflant.
