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J'adresse un profond et éternel merci à toutes les personnes qui laissent des petites - ou des grosses - reviews : vos encouragements me motivent à continuer à écrire et à poster cette histoire ! Merci notamment à celles à qui je ne peux répondre directement comme MitsukiYaoi, SeveraMaxima, et Cmoa. J'espère que ce nouveau chapitre vous plaira ! C'est parti, on revisite le tome 3 de ce pas avec le POV de Severus ~
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Partie II
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Chapitre 13
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Même si Severus s'était préparé mentalement durant les deux semaines ayant précédé cette journée de pré-rentrée, cela n'empêcha pas son estomac de se contracter et ses poils de se hérisser dès qu'il aperçut la silhouette Remus Lupin. Une grimace de dégoût déforma ses traits à la vue de l'autre homme, reconnaissable même si cela faisait quinze ans qu'ils ne s'étaient pas vus. Severus ressentit toutefois une pointe de satisfaction pernicieuse en constatant que le loup-garou avait une apparence assez pitoyable : son teint était blafard, ses traits tirés, ses cheveux grisonnaient déjà par endroits, et ses robes de sorcier étaient tout bonnement miteuses.
Néanmoins Lupin arborait un sourire serein et heureux tandis qu'il discutait dans le hall d'entrée de Poudlard avec ceux qui allaient devenir ses collègues. Lorsqu'il vit Severus devant les grandes portes de chêne il lui adressa un signe de tête respectueux, auquel Severus ne répondit que par un reniflement dédaigneux avant de partir à grandes enjambées en direction de la salle des professeurs.
Une fois installé, il fut soulagé que Lupin prenne un siège loin du sien pour la réunion qui allait durer une bonne partie de la journée. Ignorant le loup-garou, saluant laconiquement ses autres collègues arrivant peu à peu dans la pièce, Severus écouta ensuite Dumbledore commencer à présider leur petite assemblée.
Le temps lui parut interminable : les listes de fournitures demandées par ses collègues ne l'intéressaient pas le moins du monde, de même que leurs programmes d'enseignements... Quelques rares sujets seulement attirèrent son attention, comme celui de la condition de Lupin par exemple.
Severus était profondément écœuré de constater que ses collègues accueillaient avec bonhomie le fait que Lupin soit un loup-garou. Étaient-ils donc tous inconscients du danger que cela représentait ? Peut-être que Dumbledore les avait déjà prévenus individuellement et les avait convaincus que Lupin était inoffensif. Peut-être étaient-ils trop stupides pour mesurer le risque réel qu'engendrait la présence du loup-garou.
Severus n'était ni convaincu ni stupide, et c'est pour cela qu'il prit la parole.
« Et comment peut-on être sûrs que tu n'iras pas dévorer quelques habitants du château lorsque tu auras un petit creux lors des pleines lunes ? » gronda Severus à l'encontre de son nouveau collègue.
Ce ne fut pas Lupin qui lui répondit mais Dumbledore.
« Nous avons pris les dispositions nécessaires pour que le professeur Lupin ait accès à la potion Tue-Loup avant chaque pleine lune » répondit avec tranquillité le vieux sage.
Severus renifla.
« Et on peut savoir qui va produire cette potion ? Je vous rappelle qu'elle est particulièrement volatile, et certaines doses pourtant vendues officiellement dans le commerce ont montré des ratés. »
Certes, cela avait été le cas uniquement deux fois au tout début du lancement de la potion il y a de ça plusieurs années, mais Severus se garda bien d'ajouter ce détail.
« Dans ce cas, peut-être serait-il plus prudent que ce soit notre plus grand maître des potions de Grande-Bretagne qui s'attelle à cette tâche ? » lui rétorqua Dumbledore, le regard pétillant derrière ses lunettes en demi-lune.
Severus lui lança un regard noir. Il venait de se faire piéger lamentablement.
« Contre rétribution, bien sûr » ajouta le vieux fou avec son éternel sourire bienveillant.
Severus se redressa bien droit sur son siège. Préparer la potion Tue-Loup de Lupin ? L'idée d'empoisonner l'ancien gryffondor lui passa par l'esprit ; toutefois s'il avait fait en sorte de ne pas finir emprisonné suite aux horreurs commises sous les ordres du Seigneur des Ténèbres, ça aurait été grotesque de l'être pour le meurtre de Lupin. Une autre idée lui traversa alors l'esprit : peut-être pourrait-il simplement rater la potion, et alors tous dans le château verraient à quel point il était fou d'accueillir un loup-garou parmi eux... Cependant l'image des crocs qu'il avait vus se refermer dans un horriblement claquement à quelques centimètres à peine de son visage, lorsqu'il s'était trouvé dans la cabane hurlante à l'âge de quinze ans, lui revint comme dans un flash et un frisson d'horreur le parcourut.
Finalement, Severus hocha la tête. Il valait encore mieux que ce soit lui qui s'assure que Lupin ait une potion efficace l'empêchant de semer la mort au sein de Poudlard.
Apparemment satisfait, le directeur passa aux autres points à aborder. Severus commençait à somnoler les yeux ouverts lorsque l'un des sujets le sortit de sa torpeur. Avait-il bien entendu ?
« Un Retourneur de Temps ? répéta-t-il, estomaqué.
- En effet, répéta posément Dumbledore. Le ministère a exceptionnellement accordé qu'un Retourneur de Temps soit alloué à Hermione Granger afin d'assister à un plus grand nombre d'options pour son année d'étude. »
Severus n'arrivait pas à y croire : Granger, l'amie de Potter ? Cela empestait le danger à plein nez.
« Comment pouvez-vous être sûr que Granger ne l'utilisera qu'à des fins étudiantes ? Qu'elle n'en fera pas un usage personnel avec ses amis ?
- Je me chargerai personnellement de vérifier son bon usage, mais miss Granger est une étudiante sérieuse parfaitement digne de confiance » rétorqua MacGonagall avec une fierté toute gryffondorienne.
Un coup d'œil à Dumbledore confirma à Severus que tenter de débattre ne servirait à rien à part s'épuiser en vain. Il rumina dans son esprit le danger que présentait cette situation tandis que le directeur reprenait l'ordre du jour.
Celui-ci arriva jusqu'à la mention l'évasion de Sirius Black – Severus jeta un regard en coin à Lupin qui, semblait-il, était devenu un peu plus pâle que précédemment, néanmoins son regard restait vif et concentré sur Dumbledore – puis fut évoquée la théorie du ministre selon laquelle Black pourrait chercher à approcher le fils Potter. Des exclamations indignées résonnèrent dans l'assemblée des professeurs, mais elles se firent plus fortes encore lorsque Dumbledore expliqua la mesure de protection imposée par le ministère.
« Des détraqueurs ? Ici, à Poudlard ? » invectiva Pomona Chourave en regardant ses collègues consternés.
Apparemment Dumbledore avait réussi à contenir la folie du ministre et avait négocié pour que les détraqueurs ne soient pas présents au sein de l'école. Les horribles créatures seraient postées autour du domaine et effectueraient des rondes jour et nuit, aussi longtemps que nécessaire.
Ce fut sur cette note fort désagréable que la réunion prit fin. Severus fut parmi les premiers à partir ; mais tandis qu'il était déjà loin dans le couloir, une voix l'interpella.
« Severus ! »
Un frisson de dégoût le parcourut tandis qu'il se retournait pour voir Lupin s'approcher de lui.
« Professeur Snape » corrigea-t-il une fois que le loup-garou fut à sa hauteur.
Lupin eut un de ses sourires idiots.
« Non, moi c'est professeur Lupin » fanfaronna-t-il dans un trait d'humour.
Severus lui lança un regard polaire qui glaça encore peu plus l'ambiance. Voyant que sa tentative amicale tombait à l'eau, Lupin reprit un air sérieux.
« Je voulais juste te dire merci. Pour la potion. »
Le mépris retroussa les lèvres de Severus.
« Je ne fais pas ça pour toi, Lupin. C'est pour notre sécurité à nous.
- Et bien, merci pour ça » répéta l'autre avec affabilité.
Severus lui jeta un regard écœuré avant de partir dans un claquement de cape.
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Severus était sur les nerfs.
Outre le fait qu'il avait retrouvé depuis la rentrée, un mois plus tôt, ses élèves les plus désespérants (« Orange, Londubat ! » avait-il hurlé à l'élève de troisième année de gryffondor lors de sa pitoyable tentative de confection d'une potion de Ratatinage), outre la présence de Lupin qu'il devait supporter au minimum à chaque fois qu'il le croisait lors des repas, outre la présence des détraqueurs qu'il savait postés aux entrées du domaine, il avait atteint un nouveau sommet de tension en constatant que la théorie de Dumbledore était en train de se vérifier : Sirius Black avait été aperçu dans un village d'Écosse non loin de Poudlard.
Severus ne voyait qu'une seule explication : Black était fou. Complètement fou.
Certes, Severus avait déjà eu cette intuition lorsqu'il avait côtoyé l'ancien gryffondor dans sa jeunesse ; mais il s'était alors agi d'une sorte de folie uniquement teintée d'affects dépressifs et d'explosions de colère, avec de la cohérence du côté rationnel. Mais là ? Que pouvait-il bien se passer dans la tête de Black pour qu'il cherche ainsi à se rapprocher de Poudlard, à se rapprocher de Harry Potter ? Ça n'avait aucun sens. La seule explication était que Black avait définitivement sombré dans la folie : un homme sain d'esprit qui aurait réussi à s'échapper de la pire prison du monde magique ferait en sorte de fuir loin, très loin, de ladite prison ainsi que de la communauté sorcière plus largement.
Pourquoi chercherait-il à entrer en contact avec le fils Potter ? S'agissait-il d'une obsession totalement délirante, ou bien subsistait-il un fond de logique quelque part ? Severus ne pouvait pas croire en la théorie du ministre : Black ne cherchait pas à tuer Harry Potter. Alors quoi ? Avait-il ruminé le sujet « Potter » au point de vouloir voir de ses propres yeux le fils de feu son meilleur ami ? Avait-il envie de se confronter à la réalité ? D'expliquer ce qui avait motivé ses actes ? De demander pardon ?
Une pensée lui passa par l'esprit.
Black voulait-il rencontrer Harry Potter afin de lui proclamer son innocence ?
Severus chassa cette pensée aussi rapidement qu'elle était venue : car plus jamais il ne voulait ressasser la question de la culpabilité de Sirius Black.
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Severus avait ri intérieurement lorsqu'il avait entendu que ses élèves et ses collègues attribuaient son actuelle irritabilité à la farce que lui avait joué Lupin, deux jours plus tôt, avec l'épouvantard qui avait pris sa forme face à Londubat. Certes, il avait ressenti une pointe d'agacement lorsqu'il avait appris que, pour conjurer la créature, l'élève de gryffondor l'avait affublé d'une robe en dentelle, d'un sac à main criard et d'un chapeau surmonté d'un vautour empaillé. Néanmoins il avait trouvé une forme de satisfaction malsaine à se savoir craint à ce point par un élève, et avait simplement ressenti une sorte de résignation dédaigneuse à l'encontre de Lupin, qui semblait toujours agir de manière aussi puérile que lorsqu'ils étaient eux-mêmes élèves à Poudlard. Au fond cet événement ne l'avait que bien peu atteint, et c'était en réalité le sujet Sirius Black qui continuait à le mettre sous tension. Il n'y avait pas eu d'autres nouvelles du fugitif, et chaque jour – ainsi que chaque nuit – Severus se demandait si Black allait réellement tenter quelque chose...
Lorsqu'il entra dans la salle des professeurs ce jour-là, seul Lupin y était présent. Severus leva les yeux au ciel, et ignora superbement le loup-garou tout en allant chercher dans son casier les copies dont il avait besoin pour son prochain cours. Quand il se retourna, il vit Lupin détourner les yeux et dissimuler un petit sourire discret aux coins de ses lèvres.
A cette vision, la tension de Severus sembla voir là un exutoire tout trouvé.
Lupin en était encore au stade des blagues d'adolescent attardé, riant en douce, à n'en pas douter, de la petite blague de l'épouvantard. Severus, lui, avait été forcé de grandir bien trop vite dans la noirceur de ce monde, et les blagues d'adolescents étaient loin derrière lui. Il avait appris à faire véritablement mal. Et il n'y avait pas forcément besoin de coups physiques ni de sortilèges vicieux pour cela : de simples mots pouvaient suffire.
Tandis qu'une rage froide s'amplifiait en lui, Severus choisit de se poster bien droit à côté de Lupin qui faisait semblant de corriger des copies pour l'ignorer. Et alors il passa à l'attaque.
« Toujours pas de nouvelles de Sirius Black ? » lança-t-il sans préambule, et il sentit l'ambiance de la pièce perdre quelques degrés à ces simples mots.
Lupin se figea devant ses copies, puis tourna lentement la tête vers Severus. Il le dévisagea un instant.
« Non, articula celui-ci prudemment. Toujours pas.
- Hm » fit Severus, un air faussement songeur sur le visage.
Il mima une intense réflexion avant de parler à nouveau.
« Je me demande ce qui le pousse à se diriger droit sur Harry Potter. »
Les muscles du visage de Lupin se crispèrent imperceptiblement, et si de prime abord le loup-garou sembla vouloir répondre quelque chose, il ne s'aventura finalement pas sur ce terrain glissant et retourna à ses copies, les sourcils néanmoins froncés.
Severus laissa planer le suspense quelques instants, prêt à blesser Lupin en profondeur avec l'idée qui lui était venue à l'esprit. Puis il lâcha sa bombe.
« Peut-être veut-il donner à Potter des preuves de son innocence » dit-il en haussant les épaules, comme s'il parlait simplement de la pluie et du beau temps.
Severus retint un rictus sadiques en voyant le visage de Lupin pâlir drastiquement, tandis que ses yeux s'écarquillaient et qu'il suspendait sa plume au-dessus de son encrier. Lentement, très lentement, celui-ci tourna son visage blême vers Severus.
« Après tout, les Potter » – poursuivit Severus, tout en faisant attention de ne surtout pas mentionner le nom de son ancienne amie – « auraient très bien pu mentir sur leur gardien du secret, pour essayer de mieux brouiller les pistes. Peut-être, qu'en fait, Black n'a jamais été leur gardien. »
Severus se revit soudain douze ans plus tôt, dans le bureau de Dumbledore, prononçant des mots similaires. A l'époque Dumbledore était resté stoïque, droit dans ses convictions. Aujourd'hui, ce n'était pas la même réaction qu'il avait en face de lui : Lupin semblait horrifié, et presque fragile face à ses mots.
Severus continua sur sa lancée.
« Sérieusement. Black ? Le frère siamois de Potter, vendre son meilleur ami au Seigneur des Ténèbres ? »
Lupin se leva alors d'un bond dans un bruyant raclement de chaise, la douleur et la colère ayant brusquement ravivé ses traits.
« Tu ne sais pas de quoi tu parles, gronda-t-il entre ses dents, les poings serrés.
- Vraiment ? » lâcha Severus avec un rictus torve.
Puis il quitta la salle des professeurs sans plus de cérémonie, laissant Lupin planté là, avec pour seule compagnie les fantômes du passé et les doutes semés par les mots de Severus rouvrant de vieilles blessures purulentes.
L'espace d'un instant, Severus se demanda si Lupin n'allait pas le poursuivre pour le frapper ou lui hurler dessus. Mais non, constata-t-il au bout de plusieurs enjambées. Il n'y avait aucun bruit derrière lui dans le couloir indiquant que le loup-garou cherchait à le rattraper.
Alors, pourquoi son muscle cardiaque continuait-il à palpiter de la sorte ?
Severus se figea soudain, réalisant que les mots qu'il avait prononcé lui étaient venus si naturellement qu'il ressentait qu'au fond, tout au fond de lui, une part de lui avait encore envie d'y croire. Envie de croire que Lily n'avait pas été trahie par l'un de ses plus proches amis. Envie de croire que le Sirius Black qu'il avait côtoyé, et qu'il pensait avoir connu, n'avait jamais été capable d'une pareille horreur.
Severus se haït profondément pour cela, pour être si faible face à cette idée qui continuait à revenir contre sa volonté. Alors il s'arrêta un temps, inspira profondément, puis visualisa l'un des puissants coffre-fort de son esprit. Et il y enferma cette infâme pensée, verrouillant à double-tour – de manière définitive, espérait-il.
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Finalement, le pire était arrivé.
Sirius Black avait pénétré à l'intérieur de Poudlard.
Avait-il fait exprès de choisir le soir d'Halloween, le soir de la mort des amis qu'il avait trahis ?
Severus fulminait tandis qu'il parcourait les couloirs du deuxième étage à la recherche de l'intrus, chassant d'un coup de baguette rageur les citrouilles festives qui planaient encore dans les airs. Son esprit scandait inlassablement « Black Black Black » au rythme de ses pas pressés dont l'écho se réverbérait contre les murs. Il était bien décidé à être le premier à mettre la main sur cet immonde traître, imaginant déjà les pires tortures qu'il pourrait lui infliger...
Néanmoins, au bout de plusieurs heures d'inspection, Severus dut se rendre à l'évidence : Black n'était plus là. Il sonda ses collègues qu'il croisa au détour des autres couloirs, et eux aussi furent formels : il n'y avait plus de trace de la présence de Sirius Black.
Contenant sa rage, Severus descendit faire son rapport au directeur dans la Grande Salle. Il slaloma silencieusement entre les sacs de couchages dans lesquels dormaient les élèves, ainsi regroupés pour leur sécurité. Il trouva finalement Dumbledore, conversant le plus bas possible avec un Weasley – il y en avait tellement que Severus ne prenait plus la peine d'essayer de retenir leurs prénoms – qui prenait très à cœur son rôle de préfet.
Severus les rejoignit et fit son rapport au directeur.
« Très bien Severus, répondit finalement Dumbledore. Je ne m'attendais pas à ce que Black traîne dans les parages. »
Severus ne put se retenir de poser la question qui lui brûlait les lèvres.
« Avez-vous une idée de la façon dont il entré ?
- J'en ai beaucoup et elles sont toutes aussi invraisemblables les unes que les autres. »
La rage qui grondait toujours en Severus le poussa à évoquer sa propre théorie.
« Vous vous souvenez, dit-il du bout des lèvres tout en ignorant le Weasley-préfet à côté d'eux, de la conversation que nous avons eue, monsieur le directeur, juste avant le début du trimestre ?
- Je m'en souviens, Severus, répondit Dumbledore avec une pointe d'avertissement dans la voix.
- Il paraît... presque impossible que Black ait pu pénétrer dans l'école sans une complicité interne, ne put-il s'empêcher de continuer. Je vous ai fait part de mes inquiétudes lorsque vous avez nommé-
- Je ne crois pas que qui que ce soit dans ce château ait aidé Black à y entrer » coupa le directeur d'un ton sans appel.
Celui-ci prétexta ensuite devoir s'entretenir avec les détraqueurs et, tout bonnement, lui faussa compagnie. Severus resta immobile un moment, tentant de réfréner sa fureur. Encore une fois, Dumbledore refusait de l'écouter.
C'est avec une profonde rancœur qu'il partit finalement se retrancher dans ses quartiers.
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Quelques temps plus tard, Severus avait dû admettre que pire encore était possible.
Alors que la nouvelle année avait commencé il y a peu, il s'était fait réveiller en pleine nuit par le patronus de Minerva McGonagall lui transmettant l'information suivante : Sirius Black avait pénétré dans les dortoirs des gryffondors.
Severus avait bondi hors de son lit et couru jusqu'à la Tour Gryffondor, où le fugitif n'était déjà plus présent. Severus avait ensuite contribué aux recherches dans tout le château ; mais, bien qu'elles aient été menées intensément, elles furent tout aussi infructueuses que la dernière fois.
Severus enrageait.
Certes, cette fois non plus personne n'avait été blessé. Mais il était aberrant que Black ait pu à nouveau pénétrer dans le château, atteignant même l'intérieur du dortoir de Potter – Londubat, qui avait égaré une liste écrite des mots de passe, était une véritable calamité, et le portrait qui remplaçait la Grosse Dame et qui avait laissé passer Black ne valait clairement pas mieux ; comment était-il seulement possible de commettre des fautes pareilles ?! – et les suspicions de Severus à l'encontre de Lupin ne se firent que plus fortes. Vraiment, comment Black aurait-il pu faire sans aide intérieure ?
Cependant, à nouveau, Dumbledore ne voulut rien entendre. Ce ne fut que grâce à l'immense respect qu'il portait au puissant sorcier que Severus se retint de lui hurler qu'il était actuellement aussi aveugle vis-à-vis de Remus Lupin qu'il l'avait été à l'époque à l'égard de Sirius Black.
Tant pis s'il ne pouvait pas compter sur le soutien de Dumbledore, Severus restait bien décidé à continuer à veiller par ses propres moyens.
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Si Black ne tuait pas Harry Potter peut-être que Severus lui-même finirait par s'en charger, se fit-il la réflexion quelques mois plus tard. En tout cas ce n'était pas l'envie qui lui manquait après avoir trouvé le jeune adolescent les mains pleines de boue et les poches remplies de farces et attrapes – en plus d'un vieux parchemin suspect, qui fut confisqué, avant d'être gardé par Lupin – alors que toute participation à la sortie à Pré-au-Lard lui était pourtant formellement interdite.
Harry Crétin Potter, idole du monde sorcier que tous ici tentaient de protéger à tout prix, continuait à faire fi de toute considération et bravait les règles posées pour sa sécurité, dans le seul but d'obtenir des fumisteries de chez Zonko et s'amuser à lancer de la boue sur la tête de Draco Malefoy. S'agissait-il de bravade, de masochisme, ou bien d'une totale et profonde stupidité ? Peut-être s'agissait-il d'un savant mélange de tout cela, ou encore d'une tare congénitale transmise par son père...
Potter avait-il seulement conscience que Black aurait pu lui tomber dessus lors de sa sortie inopinée à Pré-au-Lard ? Avait-il conscience de la dangerosité que représentait un criminel ayant passé douze ans à se faire dévorer l'esprit par des détraqueurs ?
Si ça n'avait tenu qu'à lui, Severus aurait collé Potter en détention jusqu'à la fin de l'année. Mais même avec ça, il n'était pas certain que ça aurait suffit à dévier Potter de son penchant à toujours se fourrer dans les situations les plus périlleuses.
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Plusieurs mois étaient passés sans aucune nouvelle tentative de Black. Severus restait néanmoins en état d'hypervigilance : Black était tout près, il le savait. Il pouvait presque le sentir. Il était convaincu que ce n'étaient pas ses deux tentatives ratées qui allaient l'éloigner de son but : outre le fait qu'il avait toujours été une personne particulièrement entêtée, si Black avait définitivement sombré dans la folie alors plus rien ne pourrait le détourner de son objectif.
Severus était également à son degré maximal de méfiance vis-à-vis de Lupin. Il avait eu beau tourner et retourner encore et encore le problème dans son esprit, il ne voyait pas comment Black aurait pu pénétrer dans le château autrement. Toutefois cela soulevait une autre question : pourquoi Lupin cherchait-il à l'aider ? Il n'y avait pas de logique à ce que Black cherche à approcher le fils Potter, n'est-ce pas ? Dans ce cas, quel sens pouvait bien y voir Lupin pour ainsi essayer de lui faciliter les choses ? Cette question-là aussi était insoluble.
Plutôt que de perdre son temps à essayer de trouver des réponses qui ne viendraient pas, Severus restait sur du pragmatique : espionner Lupin, le suivre à la trace pour tenter de révéler comment il s'y prenait afin de communiquer avec Black. Malgré ses talents d'espion cela s'était avéré infructueux, et à présent l'année scolaire touchait pratiquement à sa fin. Black et Lupin tenteraient-ils quelque chose au dernier moment ? Ou bien le loup-garou avait-il réussi à raisonner le fugitif et à l'envoyer loin de Poudlard et de Potter ? Severus avait du mal à croire à cette hypothèse et continuait à être aux aguets.
Puis, une fin d'après-midi du mois de juin, sa patience fut enfin récompensée.
Tandis qu'il apportait sa potion Tue-Loup à Lupin, il trouva le bureau de ce dernier vide de son propriétaire. Toutefois, lorsqu'il déposa le gobelet de potion fumante sur son bureau, un objet attira son attention : le vieux parchemin qui avait été confisqué à Potter, qui s'était transformé en une carte mouvante de Poudlard.
Severus s'en approcha un peu plus et inspecta les nombreux points représentant les divers habitants du château. Et enfin il le vit : Lupin était dans le parc. Celui-ci s'approcha du Saule Cogneur... Puis disparut de la carte.
Un rictus victorieux déforma les traits du visage de Severus. Il tourna hâtivement les talons, direction la Cabane Hurlante.
Il courut à travers le parc de Poudlard. Autour de lui, les ombres s'allongeaient tandis que la journée touchait doucement à sa fin. En quelques minutes à peine il fut en vue du Saule Cogneur. Tandis qu'il regardait autour de lui à la recherche d'une branche pour actionner le mécanisme qui lui permettrait de se faufiler dans le passage secret, son regard fut attiré par une étrange étoffe sur le sol. Il s'en approcha et analysa la texture dans ses mains : une cape d'invisibilité. Celle de Potter ?
Severus sentit ses entrailles se glacer. Potter. Bien sûr que ce le gamin était impliqué, comme toujours. Ce foutu gamin, arrogant et inconscient, qui allait constamment au devant du danger...
Le fils de Lily.
Que Severus avait promis de protéger.
Après un instant d'hésitation, Severus garda le tissu en main et de l'autre il se saisit d'une longue branche qui traînait là. Il appuya ensuite sur le nœud de la racine de l'arbre qui commençait déjà à s'agiter ; puis une fois celui-ci immobilisé, il revêtit la cape d'invisibilité et s'engouffra dans le passage secret.
Le tunnel lui paraissait plus étroit que lorsqu'il avait quinze ans – ce qui était parfaitement logique, lui souffla son esprit rationnel afin de chasser une sensation de claustrophobie. Il avança malgré la sensation d'oppression et les angoisses passées qui se réveillaient en lui, restant focalisé sur son objectif : Potter. Sauver Potter, qui était probablement dans la Cabane Hurlante en compagnie de Black et de Lupin. D'un criminel et d'un loup-garou.
Severus se figea soudainement. S'il avait apporté la potion Tue-Loup à Lupin, c'était justement parce que ce soir serait un soir de pleine lune. Et il avait laissé la potion sur son bureau.
Lupin ne l'avait pas bue.
Il fut pris d'une violente envie de fuir lorsque les images de sa propre rencontre avec le loup-garou, dix-huit ans plus tôt, faisaient effraction dans son esprit. Néanmoins, rapidement, elles furent remplacées par l'image du jeune Potter, et de ses yeux si verts qui semblèrent comme briller au milieu de ces ténèbres... Ce fut comme une force invisible qui le poussa à continuer.
Reprenant sa course dans le tunnel obscur, Severus calcula à la hâte dans son esprit : la lune ne s'était pas encore levée, il avait encore un peu de temps. Il fallait rapidement qu'il capture Black, mette Potter en sécurité, puis neutralise Lupin pour le ramener au château et lui faire boire sa foutue potion. C'était jouable, se répéta-t-il plusieurs fois comme pour se donner du courage, jusqu'à finalement atteindre le bout du tunnel.
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J'ai fait le choix de m'arrêter ici pour ce chapitre non pas parce que je suis sadique, mais parce que sinon on aurait été sur un chapitre proche de 11 000 mots vu comme j'ai détaillé les événements suivants. Puisque ça suit de très près, je vais essayer de vous poster le chapitre suivant dimanche prochain si j'ai le temps. Au programme : la confrontation entre Severus et Sirius + l'ajout d'une scène inédite entre eux, dont je vous fais un petit trailer :
" Un chien.
Black venait de se transformer en chien, là, juste devant lui. Severus sentit ses yeux s'écarquiller.
Black est un animagus.
Alors il n'avait pas menti ? "
...Je vous dis à bientôt, en espérant avoir titillé votre curiosité !
