Les ténèbres

Eddie se réveilla lentement, la tête bourdonnante et les membres endoloris.

Il ouvrit les yeux dans une pièce sombre et délabrée, se demandant comment il avait atterri là. Sa mémoire était floue, comme s'il émergeait d'un brouillard épais. La douleur lui traversait les chevilles et les poignets, et il lutta pour rassembler ses pensées.

La première chose qu'il remarqua fut la chaleur étouffante qui enveloppait la pièce.

Il se redressa péniblement du lit dégoutant sur lequel il se trouvait, mais une douleur insoutenable venant de ses poignets le transperça. Un cri involontaire s'échappa de ses lèvres alors qu'une vague de douleur le traversait.

Il s'écroula sur le matelas, haletant.

Alors qu'il luttait pour reprendre ses esprits, la confusion l'envahit. Il se concentra, essayant de chasser le brouillard de sa tête alors que des questions tourbillonnaient dans son esprit. Il ne comprenait pas ce qui se passait, où il était, ni pourquoi. Il ne se souvenait pas de ce qui s'était passé, de comment il avait pu atterrir là, ni de ce qui l'avait mis dans cet état.

Son cerveau embrumé par les antidépresseurs luttait pour comprendre, mais les réponses lui échappaient comme des grains de sable entre ses doigts. Il se sentait pris au piège dans un cauchemar dont il ne pouvait pas s'échapper.

Dans un moment de désespoir, Eddie se laissa aller à la douleur qui lui étreignait le cœur, ses larmes coulant librement sur ses joues alors qu'il s'accrochait désespérément à l'image de son fils.

Christopher était la prunelle de ses yeux, sa raison de vivre, et l'idée de ne jamais le revoir était une douleur insupportable qui lui serrait le cœur. Chaque pensée lui arrachait un gémissement de douleur. Son esprit était tourmenté par l'image de son visage innocent et par le souvenir de leurs moments passés ensemble, de son magnifique sourire et de ses rires d'enfants. Tout le faisait trembler d'angoisse. Il se sentait impuissant, comme s'il était en train de perdre pied dans un océan de désespoir.

Il ne voulait pas mourir, l'abandonner.

C'était tellement injuste, il avait déjà tant souffert après la perte de sa mère, il ne pouvait pas le perdre aussi.

C'était inhumain de lui faire revivre ça.

Pourtant, au fond de lui, une petite voix continuait de murmurer que tout n'était pas perdu, qu'il y avait toujours de l'espoir. Et cette lueur d'espoir, aussi faible soit-elle, lui donnait la force de continuer à se battre, à croire en un avenir où il pourrait serrer son fils dans ses bras, une fois de plus.

Il se répétait ces mots comme un mantra, une prière silencieuse pour la sécurité de son enfant. Il ne pouvait pas abandonner, il devait rester fort, pour Christopher, même si chaque fibre de son être criait de douleur et de désespoir.

Eddie se rappela la promesse qu'il avait faite à sa famille, celle de toujours se battre, de ne jamais abandonner. Cette pensée lui donna un peu de force, un peu de courage pour continuer à avancer malgré la peur qui le consumait.

Il se rappela aussi qu'il avait Buck, l'assurance que son fils serait entre de bonnes mains avec lui. Buck prendrait toujours soin de Christopher.

Il l'aimait tellement qu'Eddie regrettait ne pas avoir rendu les choses encore plus officielles. Quand il y pensait, son meilleur ami était essentiellement le second père de son fils et l'élevait comme le sien.

Il aurait aimé avoir le temps de lui faire cet honneur.

C'est alors qu'une détermination farouche s'empara de lui. Non, il ne pouvait pas se laisser mourir ici, il ne pouvait pas abandonner. Son fils avait besoin de lui, il devait se battre pour lui, pour leur avenir ensemble.

Il se concentra sur chaque respiration, sur chaque battement de son cœur, se répétant mentalement qu'il était fort, qu'il était capable de surmonter cette épreuve. Il se fixa un objectif clair : survivre, pour retrouver son fils, pour lui montrer qu'il ne l'avait pas abandonné.

Mais malgré sa détermination, la peur persistait, insidieuse et implacable, amplifié par son état dépressif. Depuis des années déjà, il se sentait pris au piège dans un cauchemar sans fin, luttant contre les démons qui menaçaient de le submerger à tout moment.

Tout semblait être arrivé à son paroxysme et Eddie se demanda si tout était réel ou s'il perdait tout simplement la tête.

Il lutta pour contrôler sa respiration, essayant désespérément de calmer la crise d'angoisse qui menaçait de le submerger. Il se concentra sur les exercices de respiration qu'il avait appris avec Franck, inspirant profondément et expirant lentement pour apaiser ses nerfs.

Sa dépression, toujours tapie dans l'ombre de son esprit, menaçait de le submerger. Les pensées sombres et les doutes incessants se bousculaient dans sa tête, amplifiant sa confusion et son désespoir.

Il avait l'impression de devenir fou.

Il se rappelait les mots de son thérapeute, les stratégies qu'il avait apprises pour faire face à l'incertitude et à l'angoisse. Il se répéta des mantras de force et de persévérance, essayant de repousser les ténèbres qui menaçaient de le submerger.

Une fois un peu plus calme, Eddie se força à évaluer méthodiquement ses blessures sa formation d'infirmier prenant le dessus. Il n'avait pas besoin d'être sain d'esprit pour ça, il avait appris à compartimenter et revenir sur ce qu'il connaissait sur le bout des doigts était un excellent moyen de revenir à la réalité et de sortir de sa spirale paranoïaque.

Avec un peu de chance, il se rendrait compte qu'il allait physiquement bien et qu'il avait fait une crise psychotique. Il était peut-être plus sévèrement atteint dans son SSPT qu'il ne le pensait.

Il regrettait de ne pas l'avoir pris au sérieux et de ne pas s'être soigné bien avant.

Il bougea ses jambes et sentit une douleur lancinante dans ses chevilles. Il remarqua alors avec horreur qu'elles étaient aussi toutes les deux cassées, rendant tout mouvement difficile.

Tout semblait bien trop réel.

Son esprit bien qu'embrumé restait très analytique et il savait qu'une telle douleur ne pouvait pas être imaginé, tout comme il savait que ce genre de fracture bien nette ne pouvait pas être accidentel. Qui que soit la personne qui le retenait, elle avait choisi de lui briser les poignets et les chevilles au lieu de l'attacher, ce qui était une façon plutôt cruelle de le garder prisonnier.

Mais qui avait intérêt à l'enlever ?

Il se força à se concentrer, à chercher des indices dans les moindres détails de son environnement. Il se répéta mentalement que la clarté viendrait, que s'il gardait son sang-froid, il trouverait des réponses.

Il ferma les yeux et respira profondément, revenant sur les informations dont il disposait. La seule raison pour laquelle il pouvait avoir été fait prisonnier, était son implication en Afghanistan.

Il venait d'apprendre la mort de tous ses compagnons d'armes, de tout ceux qu'il avait sauvé.

Mills, Noah, Bender.

Ils étaient tous morts. Ça ne pouvait pas être une coïncidence. Il s'était forcément passé quelque chose. Quelque chose dont aucun d'entre eux n'avaient prit la mesure mais qui semblait les avoir rattrapés.

Il était la cible d'une vengeance, ça ne pouvait être rien d'autre.

Les souvenirs de ses missions en Afghanistan, des dangers qu'ils avaient affrontés ensemble, se bousculèrent dans son esprit alors qu'il tentait de comprendre ce qui avait pu se passer.

Il se demandait qui avait pu décider de s'acharner sur eux.

Il était de toute évidence le dernier sur la liste du tueur. Il devait sortir d'ici et retrouver ce type pour arrêter toute cette machination.

Il essayait de ne pas devenir fou mais il sentait la paranoïa s'insinuer en lui, et il se retrouvait à écouter chaque bruit dans l'obscurité, retenant sa respiration. Chaque pensée, chaque souvenir douloureux, alimentait ses doutes et ses craintes, l'entraînant dans un abîme de terreur et d'incertitude.

Au fond de lui, malgré toutes ses questions et ses doutes, une part de lui refusait de renoncer à l'espoir. Il refusait de mourir ici, dans cet endroit sombre et sinistre. Il avait mal et il avait peur mais il savait qu'il devait continuer à avancer, même si chaque pas semblait être un effort surhumain.

Il devait sortir d'ici quel qu'en soit le prix.

Jetant un regard autour de lui, Eddie repéra une fenêtre dans un coin de la pièce. Il se redressa précautionneusement sur ses coudes, heureusement indemnes et se laissa glisser du lit tombant sur ses genoux, se battant pour garder son équilibre malgré la douleur qui lui traversait le corps.

Il rampa lentement sur le sol et se redressa vers sa porte de sortie. Après un effort considérable, il parvint à ouvrir la fenêtre avec ses avant-bras, laissant entrer un faible filet de lumière et d'air frais.

Il parvint à se hisser par la fenêtre et se laissa tomber sur le sol poussiéreux prenant un instant pour reprendre son souffle et faire refluer la douleur.

Se sentant un peu mieux une fois dehors, Eddie rampa péniblement sur le sol, s'efforçant de s'éloigner de cet endroit sinistre.

Il se redressa finalement sur la route, désespéré de trouver de l'aide.

Au loin, il entendit le bruit d'une voiture s'approchant. Rassemblant ses dernières forces, Eddie cria autant qu'il put, implorant le conducteur de s'arrêter. Mais avant qu'il ne puisse réagir, la voiture le percuta violemment, le projetant dans la poussière.

La douleur le submergea alors qu'il perdait douloureusement connaissance, ses pensées se brouillant alors qu'il sombrait dans l'obscurité.