Résumé: Après une conversation pour mettre au clair leurs attentes réciproques en matière de sexe, Lucius et Severus se sont à nouveau rapprochés. Harry travaille toujours sur une potion pour traiter la maladie des Gobelins, la première version n'ayant pas eu l'effet escompté. Sa relation avec Severus ne cesse de s'améliorer à présent qu'ils ont tout mis sur la table, de leurs sentiments profonds aux recherches que mène Severus pour éliminer la menace de Vladimir.

Bonjour à tous! Je vous avais promis un chapitre en janvier, le voici même si on n'est pas samedi. En revanche, je n'ai pas beaucoup progressé dans l'écriture donc je préfère ne rien vous promettre pour la parution du chapitre suivant... Mais profitez déjà de ce petit chapitre de transition et de vie quotidienne :) Bonne lecture!

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La semaine s'ouvrit sur un jour lumineux : un ciel clair et dégagé, même si son bleu pastel n'était pas encore celui du printemps, éclairé d'un soleil d'hiver, pâle et bas sur l'horizon, mais qui faisait déjà fondre les gelées de la nuit.

Harry laissa retomber le rideau devant le grognement désapprobateur de Lucius. Emmitouflé sous la couette, il somnolait encore, peu pressé de quitter sa chaleur douillette pour affronter la fraîcheur de la chambre. Lui aussi aurait bien paressé encore un peu aux côtés de son amant, mais il avait faim et il devait aller chercher Aria ce matin avant que ses mères ne reprennent les cours.

Severus, lui, avait quitté le lit tôt dans la nuit, sans doute peu après qu'ils se soient endormis la veille au soir, tous les trois enlacés comme autrefois. En réalité, il ne s'était rien passé de véritablement charnel, parce que Harry savait très bien que son vampire entendait profiter de leur première fois à renouer avec le sexe en tête à tête, et non pas en présence de Lucius. Malgré tout, il y avait eu une morsure délicieuse, enfouis sous la couette, des caresses partagées avec Lucius, et surtout la bonne humeur retrouvée de ses deux conjoints, qui avait suffi à le rendre heureux comme jamais et à l'emporter vers des rêves sereins et idylliques.

Harry ne savait pas ce qu'ils s'étaient dits – et ne le saurait sans doute jamais – mais ce n'était pas le plus important. L'essentiel était ces sourires, ces regards brillants, leur connivence à fleur de peau… La façon dont l'un et l'autre vibraient au moindre contact, leur manière presque électrique de se toucher, de s'embrasser, l'éclat de complicité dans leurs regards quand Lucius avait murmuré « Divine !... » à l'oreille de Severus en égarant sa main sur son corps.

À la simple pensée qu'ils allaient bientôt retrouver une intimité, d'abord lui avec son vampire, puis tous les trois, Harry sentait son ventre et son bas-ventre fourmiller de sensations délicieuses. L'anticipation, le manque, le désir, l'envie de se fondre les uns dans les autres, sentir la peau fraîche de Severus et celle brûlante de Lucius tout contre lui, en lui… tout ça le faisait frémir du fond de son âme.

Leur appartenir à nouveau, comme avant… Ou plutôt s'appartenir, les uns aux autres. Ensemble.

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Émoustillé par ces simples pensées, Harry s'approcha du lit et grimpa dessus à quatre pattes, s'avançant jusqu'à son mari qui ouvrit vaguement les yeux en percevant ses mouvements sur le matelas.

– Si tu m'accompagnes dans la salle de bains, murmura-t-il en lui mordillant l'épaule, je te suce à genoux sous la douche…

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Entre brosse à cheveux et sortilège de lissage, Lucius traînait encore dans la salle de bains quand Harry se dépêcha de descendre prendre son petit-déjeuner, habillé de pied en cap. Il s'était amusé à faire languir son mari avant de le délivrer enfin et le temps avait filé un peu trop vite à son goût.

Lucius, en revanche, depuis qu'il n'était plus Ministre et qu'il n'avait plus guère d'impératifs, menait une vie bien plus oisive qu'avant; une vie tranquille, indolente, où se lever tôt le matin n'était plus une nécessité, où les journées n'étaient rythmées que par les repas, la présence de ses conjoints et quelques sorties le soir, de temps en temps. Il avait à profusion du temps pour lire, pour se promener dans les jardins ou à cheval, pour s'exercer sur son piano… et même pour se baigner en pleine journée, quand l'envie lui prenait, ou pour une bagatelle impromptue avec l'un ou l'autre de ses amants.

Harry, lui, était davantage contraint, par son appétit en premier lieu, par sa fille quand il la gardait, par ses potions et tout un tas d'autres petites choses qui rythmaient sa vie avec l'impression de n'avoir jamais assez de temps pour tout. Mais cette nonchalance nouvelle de Lucius l'amusait, le faisait sourire, même s'il lui arrivait plus fréquemment de prendre son petit-déjeuner seul, entre un mari qui traînait au lit et un vampire déjà parti à la Librairie ou en quête d'informations sur son ennemi juré.

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Après un dernier baiser à son amant – et avoir gobé rapidement un dernier morceau de pancake –, Harry fila vers le vestibule pour changer de chaussures et transplana aussitôt pour Poudlard. Luna l'attendait de pied ferme dans son salon, légèrement agacée de le voir arriver aussi « juste » et elle lui tendit Aria à bout de bras avec un regard sombre.

– Je suis désolé ! gloussa Harry en réceptionnant sa fille qui le saluait d'un cri enthousiaste. Je ferme derrière toi !

Furtivement, il glissa un baiser sur la joue de Luna pour se faire pardonner tandis qu'elle attrapait un classeur rempli de parchemins encrés de rouge, puis elle disparut par la porte d'entrée. Harry prit alors le temps de faire un câlin à sa fille et de l'embrasser sur le front.

– Je crois que ta maman m'en veut un peu ! sourit-il. Mais je n'allais tout de même pas lui dire pourquoi je suis en retard, n'est-ce pas ? On grondera Blondie en rentrant tout à l'heure !

Ba Di !

Aria lui fit un bisou sur la joue puis entreprit de lui raconter tout un tas de choses dans un langage qui n'appartenait qu'à elle, entre babillages et onomatopées joyeuses, et Harry se prit à rire en lui faisant la conversation. Puis il rassembla les quelques affaires dont il avait besoin pour elle, jeta un sortilège sur la porte d'entrée par où Luna s'était éclipsée avant d'être en retard à son cours, et ils transplanèrent pour Sainte-Mangouste.

Pour éviter de trop solliciter ses conjoints lorsqu'il devait la garder, il avait pris l'habitude d'emmener Aria avec lui quand il devait assurer des consultations ou donner des avis à l'hôpital. Au début, il l'avait mise dans un parc pour enfants ou dans une chaise haute, parfois il la confiait à une infirmière, le temps d'examiner un patient, mais elle s'était montrée si sage et si attentive qu'il l'avait rapidement gardée avec lui. Maintenant qu'elle était un peu plus autonome, il lui disait simplement de rester à proximité, de jouer tranquillement par terre avec ses licornes miniatures, et elle restait d'un calme exemplaire.

En réalité, la plupart du temps, elle venait même voir ce qui se passait : elle se levait sans aide, marchait vers lui avec ses jouets ou son doudou à la main, et pendant qu'il interrogeait le patient ou qu'il discutait avec les autres médicomages, elle restait sagement à côté de sa chaise, les observant en silence de ses grands yeux vert sombre. Et quand il déployait sa magie pour soigner quelqu'un, elle s'approchait encore un peu plus et elle levait les mains comme si elle voulait toucher ou manipuler ces volutes vertes qui émanaient de lui et qui les entouraient de lueurs colorées et mouvantes… Parfois, il se demandait même si elle ne parvenait pas à influer sur le mouvement de sa magie, à la faire danser au gré de sa propre envie, mais il n'arrivait jamais à en être certain et Aria n'avait encore jamais eu d'accident de magie avéré…

Cette fois-là ne fit pas exception à la règle. Aria se tenait debout près de lui, accrochée d'une main à son pantalon, tandis que son autre main s'agitait dans l'air, effleurant sa magie colorée du bout des doigts. Elle resta là un moment, puis brusquement il l'aperçut du coin de l'œil relâcher son pantalon et s'éloigner, ses deux mains arrondies l'une autour de l'autre comme si elle tenait quelque chose entre elles. Elle traversa la salle d'examen et retourna s'installer dans son coin, près de ses animaux miniatures sans plus prêter attention à eux. Surpris, Harry acheva ce qu'il était en train de faire, échangea quelques mots avec le médicomage responsable du patient puis s'éloigna pour aller retrouver sa fille.

Elle lui tournait le dos, assise par terre, les jambes grandes écartées entre lesquelles elle avait posé son doudou et ses petites licornes, couchées sur ce nid improvisé. Aria paraissait concentrée, toute son attention focalisée sur ses jouets, et elle ne réagit pas quand Harry s'accroupit silencieusement juste derrière elle : entre les mains de sa fille dansait une volute émeraude, légère et vaporeuse.

Surpris et émerveillé, Harry retint son souffle. Aria remuait légèrement les doigts, comme si elle cherchait à modeler la magie à sa guise, à la faire évoluer selon sa volonté. Et bientôt, la petite volute verte effectua une courbe gracieuse, serpenta sur elle-même, puis s'immisça dans les animaux miniatures. Aussitôt, les petites licornes redressèrent la tête, se mirent debout sur leurs pattes et s'ébrouèrent en secouant crinières et encolures.

Harry ne put s'empêcher de sourire, profondément ému et fasciné de l'aisance de sa fille à manipuler la magie. Aria avait toujours été fascinée par les arabesques sur ses mains lorsqu'elles s'illuminaient de lueurs vertes quand il utilisait sa magie. Elle cherchait à les toucher, à les suivre du bout du doigt, à remonter ses manches pour voir jusqu'où elles allaient… Mais c'était bien la première fois qu'elle semblait interagir avec les volutes vaporeuses qu'émettait sa magie et qu'elle se les appropriait. Ce n'était pas un premier accident de magie à proprement parler mais il n'en était pas moins émerveillé et bouleversé.

Entre les jambes de sa fille, les licornes piaffaient doucement et trottaient autour du foulard de soie qui lui servait de doudou. Aria, elle, poursuivait ses gestes avec ses mains dans un mouvement vers le haut, comme si elle voulait soulever la magie ou inciter les licornes à autre chose.

– Tu sais bien que les licornes ne volent pas, murmura Harry en souriant.

Aria tourna brusquement le regard vers lui, affichant une moue grimaçante et contrariée. Elle secoua la tête de gauche à droite, comme si elle mettait ses paroles en doute, son poing serré eut un mouvement exaspéré, et soudain les petites licornes se cabrèrent avant de se mettre à galoper dans les airs. Harry ouvrit des yeux ronds tandis qu'elles dansaient une cavalcade aérienne à hauteur du visage de sa fille. Aria poussa d'ailleurs un grand cri de joie tout en battant des mains, puis elle tourna vers lui un sourire fier et conquérant.

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Harry assit doucement sa fille sur le banc dans le vestibule et entreprit de lui retirer son manteau et ses chaussures tandis qu'elle secouait la jambe pour les faire partir plus vite. Elle semblait de bonne humeur, joyeuse et enthousiaste, et une fois ses chaussons aux pieds, elle s'empressa de glisser du banc pour s'en aller à la recherche des autres habitants du Manoir.

Depuis longtemps, il savait à quel point sa fille appréciait d'être ici, à quel point elle aimait cette maison, sa chambre toute douce, tous les recoins pour aller se cacher, la salle de jeux remplie de merveilles et la piscine où faire Plouf ! Harry lui avait même aménagé un petit coin à elle dans la Bibliothèque, sur l'étagère la plus basse, pour y ranger ses livres et faire comme les grands… Elle aimait jouer devant le miroir du Petit Salon où apparaissait Axaya ou sur le tapis du bureau de Lucius quand il y travaillait un peu avec Mark, elle aimait traîner dans le laboratoire quand il était sur ses potions et observer les bocaux d'ingrédients et les remous colorés dans les chaudrons, elle aimait courir dans les couloirs et grimper les escaliers à quatre pattes… Mais par-dessus tout, son grand plaisir à chaque fois qu'elle arrivait était de parcourir toutes les pièces jusqu'à trouver ou Lucius ou Severus ou Mark, ou au moins un elfe de maison. Pour elle, le Manoir était sans doute un jeu de cache-cache géant et cette idée le fit sourire avec tendresse.

– Aria ! Attends-moi, s'il-te-plaît.

Elle s'immobilisa aussitôt à l'entrée du couloir et lâcha une flopée de gazouillis impatients et légèrement contrariés. Elle protestait, de toute évidence, mais cela laissa quelques secondes à Harry pour se débarrasser de ses affaires et changer de chaussures.

Dès qu'il la rejoignit, elle se remit à trottiner, le prenant par la main pour l'entraîner à sa suite, et elle s'échina à passer la tête par toutes les portes sur leur chemin à la recherche d'une présence. Seulement, à l'heure qu'il était – presque celle du déjeuner –, Severus devait être à la Librairie, Lucius n'avait prévu de rentrer qu'en début d'après-midi, et les elfes devaient être affairés ailleurs…

– Tu vois bien qu'il n'est pas là, s'amusa Harry en ouvrant la porte du bureau de Severus sous la poussée énergique de sa fille.

PaDa Dadi !

Elle fit demi-tour rapidement, une moue offusquée sur le visage, puis se dirigea vers le Petit Salon tout aussi désert.

Ha ! BaDi Dadi !

– Eh oui, Blondie est parti aussi… Allez, viens. On va aller voir si Mark est là !

Pleine d'entrain, elle leva des bras enthousiastes et partit presque en courant vers le bureau de Lucius dont elle poussa rapidement la porte entrouverte.

Tati !

Harry gloussa en pénétrant à son tour dans le bureau. Il n'avait jamais compris pourquoi Aria s'obstinait à appeler Mark « Tati » mais cela avait le don de l'amuser.

– Coucou, Mistinguette…

– Hey ! Salut… !

Assis à la grande table de travail, enseveli au milieu de ses piles de dossier, Mark tourna vers eux un visage pâle et orné de cernes d'où ne surnageait qu'un sourire de façade. Tandis que le jeune homme reculait sa chaise et se penchait pour faire un câlin à Aria et l'embrasser dans les cheveux, Harry fronça les sourcils. Mark revenait de vacances et pourtant il paraissait fatigué et soucieux. Presque terne. Et cela ne lui ressemblait tellement pas !

Une fois qu'il eut relâché Aria qui partit vaquer à ses occupations sur le tapis de Lucius, Mark sembla hésiter à se lever pour le saluer ou à rester assis, mais son regard, lui, était définitivement bas et fuyant.

– Et mon bisou ?! gloussa Harry en pointant sa joue de son index.

Mark se leva lentement, presque à contrecœur, mais Harry ne lui laissa pas le choix et l'enlaça avec tendresse. Cela paraissait peut-être un peu intrusif si Mark n'en avait pas vraiment envie, mais de toute évidence, c'était ce dont il avait besoin.

– Je suis content de te voir ! murmura Harry à son oreille avec un large sourire. Comment tu vas ?

– Mmhhh…, grogna Mark pour toute réponse avant d'ajouter d'une petite voix : Et toi ?

– Très bien ! Tout le monde va bien et t'embrasse… et te souhaite une bonne année ! s'enthousiasma-t-il en l'embrassant sur la joue.

– Merci, murmura le jeune homme.

Mark était dans ses bras, niché dans son cou comme pour s'y cacher, lui rendant son étreinte d'une façon un peu trop… désespérée pour que tout soit normal. Un besoin de tendresse et de réconfort criant malgré son silence.

Malgré tout, Harry le prit par les épaules et le repoussa légèrement, espérant croiser son regard qui persistait à éviter le sien. Mark semblait presque voûté, ramassé sur lui-même, les épaules rentrées, et malgré la légère distance entre leurs deux corps, il avait du mal à se détacher de lui, à renoncer à cette étreinte.

– Tu as passé de bonnes vacances ? fit Harry d'un ton enjoué pour briser cette sensation de malaise entre eux.

Aussitôt, les yeux de Mark brillèrent douloureusement, ses paupières papillonnèrent deux ou trois fois pour tenter de contenir cette humidité malvenue et les coins de sa bouche s'affaissèrent. Son émotion était à fleur de peau.

– Mark… ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il doucement en encadrant son visage de ses mains.

Mark continua à fuir son regard malgré ses mains qui insistaient délicatement pour lui faire relever la tête, puis il se réfugia à nouveau dans son étreinte. En le serrant contre lui autant qu'il pouvait, Harry sentait les cils humides frôler la peau sensible de son cou tandis que Mark respirait profondément pour tenter de se reprendre.

Au bout de quelques secondes, il semblait déjà plus calme et Harry perçut distinctement son murmure tendu :

– Ça fait du bien de revenir ici et de retrouver le boulot… Et d'ailleurs, j'ai plein de dossiers en retard; je ferais mieux de m'y remettre.

– Tout ça peut bien attendre. Si tu me disais ce qui ne va pas… ?

Sur son tapis, Aria poussa un petit cri de victoire et ils tournèrent ensemble la tête vers elle : elle avait réussi à enlever ses chaussons, qui semblaient beaucoup plus intéressants à enfiler sur ses mains qu'elle tenait fièrement devant elle. De façon très spontanée, ils sourirent de concert et Mark profita de cette diversion pour se reculer légèrement en reprenant un visage sérieux.

– J'ai été absent quinze jours, Harry ! J'ai un tas de trucs urgents à gérer.

– Et ça patientera bien pendant une heure de plus, répondit-il calmement. Mark… tu n'échapperas pas à des explications. Raconte-moi ce qui s'est passé pendant ces vacances…

Harry s'en voulait un peu d'insister. Il comprenait les réticences du jeune homme à se confier, il avait espéré mieux comme retrouvailles après ces vacances de Noël, il aurait préféré s'extasier avec lui sur les mimiques de sa fille ou sur ses prouesses avec la magie un peu plus tôt, mais il n'était pas question de rester sur ce malaise en suspens.

– C'est rien, marmonna Mark en baissant la tête. C'est juste que… c'est un peu tendu avec Håkon en ce moment. Alors je suis plutôt content de me remettre au boulot.

Harry fronça les sourcils et le prit par le bras pour l'entraîner vers le salon devant la cheminée.

– Tendu ? Comment ça « tendu » ? Il s'est passé quelque chose entre vous ?

Mark semblait avoir abandonné toute velléité de protester et il le suivit docilement. Ils s'assirent tous les deux, légèrement tournés l'un vers l'autre, si près que leurs genoux se touchaient et que son bras posé sur le dossier du canapé frôlait doucement les boucles blondes.

– Je ne sais pas…, soupira Mark. C'est parti de pas grand-chose… On était en Norvège, dans sa famille; j'ai eu une phrase malheureuse devant sa mère, comme quoi il travaillait trop, et elle s'est mise à lui faire des reproches, ce qu'il a très mal pris. Enfin… je ne sais pas trop ce qu'ils se sont dits au final, parce qu'ils sont passés très vite au norvégien plutôt qu'à l'anglais, mais le ton n'était pas très sympathique. Håkon a des relations en dents de scie avec sa mère… Déjà, pour le mariage, il y avait eu des moments un peu tendus entre elle et lui, mais là, c'est monté très rapidement. Et même s'ils se sont parlés un peu mieux sur la fin des vacances, avec moi il est resté très froid, très distant, et malgré notre retour, ça ne s'est pas amélioré…

Harry fronça les sourcils. Il connaissait mal Håkon, – quand ils se recevaient mutuellement, il passait plutôt tout son temps avec Mark –, mais quelles que soient les relations entre l'ambassadeur et sa mère, ça ne lui ressemblait d'avoir une attitude si distante avec son mari. En temps normal, il avait plutôt un comportement très respectueux, aux petits soins pour Mark, et le regard qu'il posait sur lui, bien que discret, était toujours plein d'amour et d'attention.

– Il a quelque chose qui ne va pas, en ce moment ? fit Harry avec un sourire sans joie. C'est cette histoire de cicatrice de brûlure qui le travaille autant ?

– Non, c'est plus vaste que ça, confessa Mark en secouant la tête. Il travaille trop. Beaucoup trop. Et il s'épuise à la tâche. Entre son poste d'ambassadeur et la présidence de la Commission sur les vampires, il n'arrête jamais. Il n'est jamais couché avant minuit, une heure du matin, et il se lève à six heures pour retourner travailler, même les week-ends; sans compter les déplacements et les réunions de dernière minute… Il est constamment sous pression et il n'arrive pas à trouver cinq minutes pour se poser. Et encore moins cinq minutes pour moi, souffla-t-il d'un air désespéré. Et puis… c'est compliqué. Il a été question que lui soit confiée une autre ambassade… un poste prestigieux, mais très loin de l'Europe. Mais moi, je ne veux pas partir ! Je veux rester vivre en France, ou au pire, en Angleterre ou en Irlande, mais pas plus loin. Avec le décalage horaire, je n'aurais même pas pu continuer à travailler pour Lucius !… Håkon s'est démené pour garder son poste en France, mais je crois qu'au fond, il me le reproche…

Harry grimaça malgré lui. Quelque part, et même si c'était infondé, il se sentait un peu coupable de pouvoir, lui, profiter à loisirs de Lucius tandis que Mark se retrouvait avec un mari débordé. Et c'était bien la démission de Lucius de cette Commission sur les vampires qui avait causé cette surcharge de travail pour Håkon. Aujourd'hui, Mark pâtissait de ce qui avait été une source de soulagement et de joie pour lui : avoir Lucius auprès de lui, toute la journée, libre de toutes ses obligations, et bien plus serein depuis qu'il n'avait plus aucune responsabilité.

Et puis cette perspective, dont Mark ne lui avait jamais parlé, que Håkon puisse être muté ailleurs, qu'ils soient obligés de partir tous les deux à l'autre bout du monde, lui serrait le cœur. Cette possible distance l'effrayait. Ne plus voir Mark tous les jours, ne plus partager avec lui ce quotidien si particulier entre travail, détente et confidences, entre baignades dans la piscine, jeux avec Aria et séries télé dans le canapé, lui paraissait invraisemblable. Mark faisait tellement partie de sa vie que c'en était impossible.

– Je ne sais pas quoi te dire, murmura Harry en le prenant à nouveau dans ses bras. C'est sans doute un passage à vide, comme on en a tous… Il est fatigué, il est débordé, mais je suis sûr qu'il t'aime toujours autant et même qu'il s'en veut de ne pas pouvoir être plus présent pour toi… Håkon va te revenir, j'en suis persuadé.

La tête posée sur son épaule, le visage niché dans son cou, Mark le serrait avec une force désespérée et sa respiration hachée était presque un sanglot muet.

– C'est juste que… j'ai peur de le perdre, fit-il d'une voix étranglée et humide. Le travail, c'est toute sa vie…

Harry raffermit sa prise sur le corps tremblant d'émotion entre ses bras et sa main vint parcourir sa nuque et ses boucles blondes aussi tendrement qu'il caressait Aria pendant un gros chagrin. La détresse et la douleur de Mark lui brisaient le cœur. Toutes ces peurs enfouies qui ressurgissaient, la crainte de passer en second, de compter moins, de ne compter pas assez… l'impression de n'être finalement là que pour quelques moments de plaisir, pour contenter des envies sexuelles, comme lorsqu'il n'était qu'un vulgaire « assistant » au service de ces messieurs…

– Vous voulez venir dîner un de ces soirs ? proposa Harry en embrassant sa tempe. Pas ce week-end parce qu'on s'en va quelques jours, tous les trois, mais mercredi par exemple ? Ou la semaine prochaine ? Ça sortira un peu Håkon de son boulot, et je suis sûr que si c'est Luce qui lui propose, il n'osera pas refuser… Et Luce pourra lui dire en douceur de lever le pied…

Mark inspira profondément pour se calmer et secoua doucement la tête.

– Je ne sais pas… Je ne sais pas s'il accepterait. Peut-être…

Harry sourit tendrement tandis que Mark se redressait pour lui faire face, les boucles ébouriffées et les yeux un peu rouges. Sa main sur la nuque de son ami glissa jusqu'à venir caresser sa joue et relever doucement son menton.

– Quoi qu'il se passe à l'avenir, tu sais qu'on sera toujours là pour toi, n'est-ce pas ?

Les lèvres de Mark se courbèrent vers le bas, ses yeux brillèrent un peu plus, mais il hocha la tête avec ce qui ressemblait finalement à un sourire ému.

– … On ne te laissera jamais tomber.

– Merci, murmura Mark d'une voix tremblante, avant de baisser le regard vers Aria qui venait de les rejoindre et de s'agripper à leurs pantalons.

Harry sourit largement, ravi de cette diversion qui ramenait un peu de vie et de joie dans leur tête à tête douloureux. Sa fille babillait, légère et heureuse, et il la prit spontanément sous les bras pour l'asseoir sur ses cuisses.

Tati MaNa ! fit-elle en attrapant sa main pour l'ouvrir et toucher sa paume.

Elle parut déçue de n'y trouver aucune magie et grimaça allègrement tandis que Mark souriait enfin de manière convaincante devant ses mimiques. Devinant ce qu'elle cherchait, Harry fit apparaître une petite volute de magie qu'elle s'empressa de capturer entre ses mains.

Ha ! PaPa MaNa !

Le sourire aux lèvres de cette bête émotion à chaque fois qu'elle produisait un son qui ressemblait à Papa, Harry l'observait jouer avec la volute de magie et la manipuler comme elle l'avait fait à l'hôpital. Mark, lui, ouvrait des yeux ronds, et encore davantage quand elle se redressa sur ses genoux pour s'avancer vers lui et poser la volute de magie sur le dos de sa main et son poignet qui dépassait de la manche de son pull. La volute brumeuse oscilla quelques secondes à la surface de sa peau, la colorant d'une lueur verte, puis elle s'y incorpora lentement, hérissant les poils sur son bras avant de disparaître complètement.

– Mais ! Je…

Avant que Mark ne puisse se manifester davantage, Aria s'était encore rapprochée de lui, se hissant debout pour venir lui faire un bisou, la bouche grande ouverte collée sur sa joue.

Harry ne put s'empêcher de glousser devant le manège de sa fille.

– Je crois qu'elle veut te réconforter à sa manière : avec un bisou et un peu de magie !

– C'est très bizarre, fit Mark en frissonnant. Très agréable mais très bizarre… Mais je ne savais même pas qu'elle avait déjà eu un accident de magie ! Pourquoi tu m'as rien dit ?!

– Oh, ce n'est pas vraiment un accident de magie, répondit Harry. Elle joue simplement avec la mienne… Et puis, c'est tout récent : elle a fait ça pour la première fois à Sainte-Mangouste, tout à l'heure…

La vérité était sans doute partielle; Aria avait fait un peu plus que jouer avec la volute de magie quand elle s'en était servie pour faire s'envoler ses licornes, mais il préférait attendre que le phénomène se répète au moins une ou deux fois avant de vraiment s'extasier sur les prouesses de sa fille. En revanche, il se souvenait parfaitement de ce regard fier et conquérant qu'elle avait eu après les avoir fait galoper dans les airs, et il en sourit à nouveau. Et elle avait à peine plus d'un an… Son propre sourire contenait sans doute autant de fierté que celui de sa fille !

– Tu es merveilleuse, ma chérie ! s'émerveillait Mark en la prenant dans ses bras pour la serrer contre lui, loin de sa tristesse précédente. Et tu as un cœur au moins aussi gros que celui de ton papa !

Harry ne put résister à l'envie qui le prit brusquement et il se pencha pour les enlacer tous les deux, le nez dans les cheveux de sa fille et dans le parfum délicieux de Mark.

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ooOOoo

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À peine la porte refermée sur la pénombre de la chambre de sa fille, Harry sourit en percevant les notes assourdies d'un piano. Pour faire bonne mesure, il jeta un sortilège de silence sur la chambre pour préserver la sieste d'Aria, puis se dirigea lentement vers le boudoir de Narcissa, tout au fond du couloir. Il hésita quelques instants derrière la porte : entrer et risquer d'interrompre Lucius, ou bien rester là en toute discrétion et profiter de l'entendre jouer comme cela n'était quasiment jamais arrivé.

Les notes étaient claires mais la musique lente et pensive, presque mélancolique. (1) Douloureusement repliée sur elle-même. Et qui ressemblait si peu à la douceur insouciante de Lucius que ce fut sans doute cela qui le décida à entrer à pas feutrés.

Il se tenait là-bas, au fond de la pièce, assis sur le tabouret et légèrement penché en avant vers sa partition. Ses longs cheveux blonds rassemblés sur une épaule brillaient comme de l'or au bout de la noirceur laquée du piano. Les yeux presque clos, le haut du corps oscillant doucement au rythme des notes, il semblait concentré – ou plutôt, perdu dans la musique. Si loin qu'il ne semblait même pas l'avoir entendu ou aperçu…

Surpris de la lenteur triste du morceau, Harry s'approcha tranquillement jusqu'à venir enlacer les épaules de son mari et glisser ses bras sur son torse. Il effleura sa mâchoire d'un baiser avant de murmurer :

– Eh bien… elle est bien mélancolique, cette musique.

Les longs doigts fins de Lucius achevèrent un accord puis s'immobilisèrent sur les touches élégantes d'ébène et d'ivoire.

– Pas du tout, protesta-t-il avec un sourire. C'est juste que j'ai besoin de morceaux relativement lents pour me ré-entraîner peu à peu. Tu préfères quelque chose comme ça ? (2)

– Hey ! Mais je connais ce morceau ! s'exclama Harry tandis que les doigts de son mari parcouraient le piano plus rapidement.

– Sans doute, fit Lucius, amusé. Severus aime beaucoup ce compositeur et il l'écoute souvent…

Le souvenir sucré de nuits dans la Bibliothèque et de morsures suaves envahit son esprit avec bonheur. Des moments précieux, des moments parfaits… Aussi parfait que cet instant à écouter Lucius jouer du piano, à regarder ces doigts fins et merveilleux voyager sur le clavier avec légèreté et délicatesse.

– Je ne m'en lasserai jamais, murmura Harry à l'oreille de son mari. Et ça me fait toujours autant d'effet, tu sais… !

Lucius s'interrompit à la fin d'une phrase musicale puis tourna à peine la tête pour venir mordiller le lobe de son oreille.

– Toujours ce fantasme du piano ? ricana-t-il. Même à plat ventre, je ne suis pas sûr que ce serait confortable pour toi !

– Ce n'est pas ça, mon fantasme ! protesta Harry en riant et en le pinçant à travers sa chemise. Ce sont juste tes mains et la souplesse de tes doigts qui me font rêver…

– Et tu les imagines où, ces doigts… ?

Le murmure suave de Lucius le fit frissonner au moins autant que le bras qu'il leva pour ramener une main possessive sur sa nuque.

– Partout sur ma peau, chuchota Harry à l'oreille de son mari. Dans mes cheveux. Entre mes lèvres. Entre mes fesses…

La main sur sa nuque insista jusqu'à le ramener devant le piano et il s'agenouilla au sol, la tête entre les cuisses de Lucius.

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oooooo

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– Quand même, tu exagères ! gloussa Harry en frottant avec sa serviette pour sécher ses fesses puis la peau nue autour de son sexe.

Il n'en revenait toujours pas de cette sensation et de cette vision si particulières. Il avait l'impression que sa sensibilité était exacerbée, que cette peau devenue glabre ressentait n'importe quel toucher avec une puissance décuplée et il avait presque hâte d'enfiler un boxer pour voir quelles sensations délicieuses cela lui procurerait.

– Ça repoussera ! ricana Lucius depuis le dressing où il se rhabillait. J'avoue que je suis habitué à te voir avec des poils courts et ça ne me dérange plus, mais une fois de temps en temps… !

Harry gloussa à nouveau en passant sa main sur sa peau nue. Le contact était doux, soyeux, très érotique… et le souvenir de ces moments dans l'antichambre purement délicieux. Pour un peu, il aurait eu envie de remettre ça aussitôt.

De caresses en soupirs, d'envies en gémissements, leurs quelques mots suggestifs devant le piano s'étaient transformés en une fellation à genoux par terre, puis Lucius l'avait sucé à son tour tandis que résonnaient quelques notes discordantes alors que Harry s'appuyait sur le clavier du piano derrière lui. Enfin, à moitié dépenaillés et ébouriffés, ils s'étaient échappés pour traverser le couloir et se jeter sur leur lit, avant de finir dans l'antichambre qu'ils n'avaient pas fréquentée depuis si longtemps.

Avec bonheur, ils avaient retrouvé les cordes, les poignets suspendus loin au-dessus de sa tête, son corps étiré de tout son long et l'équilibre précaire sur la pointe des pieds. Comme il en avait eu envie, Lucius avait passé un temps infini à promener ses doigts sur son corps, de creux en relief, de pincement en caresse, de douleur en plaisir… Une main sur sa gorge, un bras en travers de son torse, l'autre main sur son sexe pour le masturber dangereusement… Puis, quand il avait été sur le point de jouir, Lucius avait reculé d'un pas et s'était saisi de sa baguette pour effacer d'un geste tous les poils de son ventre et de son entrejambe avant de l'appliquer sur sa peau nue. D'un sortilège vicieux, il l'avait alors parcourue en laissant dans son sillage la sensation de dizaines de petites décharges électriques qui le faisaient gémir outrageusement et se contracter sur lui-même pour fuir la douleur, jusqu'à ce que son excitation redescende. Et à nouveau, il l'avait frôlé, effleuré, caressé, masturbé, chéri de ses mains pour le faire remonter sur le fil de l'orgasme, jusqu'à ce que Harry supplie pour une délivrance qui ne vint que lorsque Lucius le pénétra enfin pour se soulager entre ses reins.

La douche, comme le moment de repos sur le lit, avaient été salutaires !

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– Dire qu'au départ, je n'étais venu que pour te demander de garder Aria le temps de faire un saut à Gringotts pendant sa sieste ! gloussa Harry. Maintenant, elle ne va pas tarder à se réveiller et je vais être obligé de l'emmener avec moi !

Avec un regard interrogateur, Lucius passa un instant la tête par l'entrée du dressing tout en boutonnant sa chemise.

– Qu'est-ce que tu vas faire à Gringotts ? Tu en as pour longtemps ?

– Non, fit Harry en s'étalant sur le lit, les bras en croix. Je vais juste leur porter la dernière version de ma potion. J'ai l'impression que cette fois, elle sera vraiment efficace et je ne veux pas trop tarder.

Il ferma les yeux en appréciant la douceur satinée des draps sous son dos et ses fesses. L'envie de s'allonger complètement et de partager encore un moment paresseux avec Lucius le tenaillait mais il devait aller voir les gobelins et s'occuper de sa fille. Malgré tout, il se fit la promesse de prendre le temps de traîner au lit avec son mari et son vampire quand ils allaient partir en week-end tous les trois.

– Vas-y maintenant, si tu veux, et laisse Aria dormir… Je m'occuperai d'elle quand elle se réveillera.

Lucius sortit du dressing en fermant le bouton de son pantalon, rectifia sa chemise puis entreprit de passer une veste cintrée à souhait avant d'ajuster la longueur des poignets de l'une et de l'autre. Harry ne put s'empêcher de sourire, autant des paroles de son mari que de sa préciosité méticuleuse pour s'habiller. Toujours parfaitement élégant jusqu'au bout des ongles et hautement désirable. Lui, il aurait plutôt eu envie de le déshabiller à nouveau et de profiter de son corps tout aussi parfait. Son désir était encore à fleur de peau et Harry passa une main lascive sur son ventre et sur son sexe.

– Et tu lui changeras sa couche quand elle se réveillera ? ricana-t-il.

– Je demanderai à Clay de s'en charger !

– Laisse ce pauvre elfe tranquille, fit Harry dans un soupir. Il se fait vieux et il est fatigué.

Lucius haussa un sourcil circonspect devant cette réprimande à peine déguisée et choisit de ne pas épiloguer. À la place, il vint s'asseoir au bord du lit, juste à côté du corps nu qui le narguait si bien.

Je lui changerai sa couche. Mais habille-toi et vas-y maintenant.

Harry sourit discrètement. Lucius n'en dirait rien, et il ferait toujours mine de rechigner à s'occuper d'Aria, mais de temps en temps, comme maintenant, il avait ces petites attentions, cette prévenance, qui lui faisaient chaud au cœur et soulevaient un grand élan de sentiments dans son ventre. Un masque de façade avec une moue à demie-contrariée qui donnait l'impression que Lucius se sacrifiait, et puis dans le fond, une façon de sourire et de parler à sa fille qui montrait au contraire sa bienveillance et sa tendresse envers elle. Il fallait juste parfois le pousser un peu ou bien créer ces moments où il devait s'occuper d'elle… Et Harry n'avait aucun doute sur le fait que Lucius prendrait de plus en plus de place dans la vie d'Aria quand elle grandirait et qu'elle serait capable de lire, de tapoter sur le piano ou de monter sur un poney.

D'un rapide mouvement de hanche, il pivota pour plaquer Lucius sur le lit et le surplomber à quatre pattes. Les yeux gris de son mari passèrent de la surprise à l'agacement devant son attitude, sa nudité décomplexée et son regard lubrique. Un regard complètement amoureux et émerveillé, plutôt, mais Lucius ne devait pas faire la différence.

– Je t'aime, Blondie ! gloussa Harry avant de poser un baiser sur ses lèvres.

Puis d'un bond, il se releva et partit s'habiller dans le dressing tandis que Lucius se redressait en maugréant sur l'impudence de la jeunesse, ses cheveux emmêlés et son sortilège de lissage à refaire.

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Transplaner jusqu'à Gringotts et remettre la potion aux gobelins fut rapide, mais Harry ne put échapper à une entrevue prolongée avec le soigneur responsable des malades en quarantaine, ainsi que celui qui faisait office de potionniste ou de pharmacien. Autour d'un thé et de quelques pâtisseries qui lui firent le plus grand bien après cette séance dans l'antichambre, il expliqua succinctement ses essais, les modifications qu'il avait apportées à la recette originelle, les ingrédients qu'il avait substitués et les espoirs qu'il fondait sur cette nouvelle version.

Contrairement aux prédictions initiales du médicomage, les deux malades que Harry avait soignés étaient toujours vivants, bien que dans un état stationnaire, et rien que cela émerveillait les deux gobelins. Ils voulaient comprendre, remercier, lui faire honneur, avant même de savoir si la potion fonctionnerait ou pas… Et il ne réussit pas à partir avant d'avoir fait la promesse de revenir pour une cérémonie de remerciements au nom de l'ensemble de la nation gobeline.

Il ne rentra qu'une bonne heure plus tard et s'empressa de rejoindre le Petit Salon pour s'assurer que Lucius avait survécu à cette coexistence imposée avec Aria. Bien évidemment, ils n'y étaient pas, pas plus que dans la salle de jeux, et Harry grimpa rapidement l'escalier en colimaçon pour rejoindre la chambre de sa fille. Ils ne s'y trouvaient pas davantage. Le boudoir de Narcissa, tout comme leur chambre, était tout aussi vide et il leva les yeux au ciel d'exaspération. Il finit par appeler un elfe de maison pour s'épargner de passer le Manoir au peigne fin, puis redescendit l'escalier pour rejoindre la véranda qui donnait sur l'ouest.

Les babillages d'Aria, enjoués et rieurs, l'accueillirent avant même qu'il ne s'approche de la porte. Et puis brusquement, la voix plus grave mais tout aussi enjouée de son mari lui fit ralentir le pas et s'arrêter à l'orée de la pièce, dissimulé dans la pénombre du panneau de bois ouvragé. Écoutant en silence leur conversation légère, il risqua un œil par l'ouverture, surpris de voir Lucius accroupi juste à côté de sa fille qui lui montrait des images sur un livre. Autour d'eux, une multitude de jouets, d'animaux miniatures, de peluches et de poupons joufflus étaient éparpillés sur les tapis et entre les plantes vertes. Sur la table basse, près des canapés, trônaient les restes d'un goûter et une tasse de thé vide, tandis qu'Orion dormait du sommeil du juste, lové en rond sur les coussins de chintz.

La beauté de la scène, cette sérénité tranquille qui régnait dans la véranda, le fit inspirer profondément et soupirer de bonheur. Il aurait voulu s'asseoir dans un coin et les observer des heures durant, il aurait voulu les filmer pour emmagasiner les souvenirs et en garder une image fidèle, il aurait voulu que ces moments s'étirent à l'infini… il aurait voulu que Severus soit là.

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Les secondes passèrent, précieuses comme des trésors, puis Aria tourna brusquement la tête dans sa direction, suivie par le regard intrigué de Lucius. Harry sourit. Il n'avait pourtant pas fait un bruit, ni un mouvement, mais il avait l'impression que sa fille avait parfois des facultés particulières qui lui faisaient deviner les choses avec quelques secondes d'avance sur eux. Est-ce qu'elle entendait un son qu'ils ne percevaient pas, est-ce qu'elle ressentait une présence dont ils n'avaient pas conscience, il n'en savait rien mais ce n'était pas la première fois qu'il avait ce sentiment.

Pa pa ! Ba di na dodo ma ni !

Harry sourit un peu plus tout en tournant un regard amusé vers son mari.

– À toi de jouer puisque tu as l'air de si bien t'entendre avec elle !

– Ne sois pas jaloux, ironisa Lucius en se redressant avant de l'enlacer pour un baiser fugace. Tu restes son père et elle t'adore. Mais tu oublies trop souvent que je ne suis pas novice avec les enfants, même si je préfère m'en occuper quand ils sont un peu plus grands.

Harry chassa les paroles d'un revers de main. Il n'était pas jaloux, bien au contraire : il trouvait adorables les moments où Lucius franchissait ses réticences pour s'occuper de sa fille et ça ne le rendait qu'un peu plus follement amoureux de son mari. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de le taquiner sur le sujet.

– Tout s'est bien passé chez les gobelins ?

– Oui, répondit-il en reposant sa fille au sol après un câlin. Mais ils n'ont pas arrêté de me remercier, avant même de savoir si la potion allait fonctionner. Je ne savais plus où me mettre !

Harry rejoignit son mari sur le canapé tandis qu'Aria s'approchait du fauteuil où Orion était couché pour lui faire une caresse ou deux.

– La nouvelle coqueluche des gobelins ! sourit Lucius avant de demander du thé à l'elfe de maison qui venait d'apparaître. Je ne sais pas comment tu fais pour te faire à ce point aimer de tout le monde ! Que ce soit des moldus, des sorciers ou des créatures… Severus n'a qu'à bien se tenir !

– Severus ne craint rien du tout, tu le sais bien, affirma Harry en souriant. Et toi non plus !

– J'espère bien ! À propos de Severus, as-tu décidé quand tu voulais que nous partions quelques jours tous les trois ?

Harry tendit la main pour parer un brusque mouvement d'Aria qui abandonnait Orion pour retomber à quatre pattes, puis la retira quand il la vit filer vers ses jouets.

– C'est son anniversaire jeudi; je pensais partir jeudi soir ou vendredi matin… Il ne veut pas le fêter mais je tiens tout de même à marquer le coup. Tu n'avais rien de prévu ce week-end ?

Harry leva un regard vaguement gêné vers son mari. Encore une fois, il avait planifié cette absence dans sa tête, il en avait même parlé à Luna et à Mark quelques heures plus tôt, alors même qu'il ne s'était pas mis d'accord avec ses conjoints et que rien n'était organisé avec eux. Mais Lucius ne sembla même pas le relever et il répondit très sereinement :

– Non. Pas plus que Severus, il me semble. Matthieu et Charlie doivent venir dîner cette semaine mais on peut faire ça jeudi soir et partir juste après…

Harry hocha la tête tandis que Lucius versait le thé sombre dans les tasses de porcelaine.

– Et tu sais où tu veux aller ? En Provence ? Ou bien une belle chambre d'hôtel dans une capitale européenne ?

– Non, je… J'avais surtout envie d'être au calme. Loin de tout, loin du monde… dans un endroit perdu au milieu de nulle part. Juste nous trois.

– Je vois, fit Lucius avec un sourire amusé.

Sur le fauteuil près d'eux, Orion bâilla à s'en décrocher la mâchoire, puis s'étira de tout son long avant de se réinstaller confortablement. Aria, elle, tournait tranquillement les pages de son livre en pointant du doigt des images qu'elle nommait avec des exclamations enthousiastes.

– Tu ne me laisses pas beaucoup de temps pour me retourner ! gloussa Lucius. Mais je vais nous trouver ça. Et pour elle, tu t'es organisé ?

– Oui, je me suis arrangé avec Luna et Padma. Je ramène Aria à Poudlard jeudi soir et j'irai la rechercher mardi matin.

– Quatre jours, fit Lucius, songeur. Et dans un coin perdu… Il ne me reste plus qu'à passer quelques appels de cheminette !

– Et pas dans le sud ou dans un coin trop ensoleillé ! ajouta Harry précipitamment. Je ne veux pas que la lumière incommode trop Severus…

Lucius eut un petit sourire en coin délicieux qui en disait long sur ce qu'il pensait de cette attention permanente envers les besoins de son vampire. La bienveillance, la sollicitude, toutes ces marques de leurs sentiments renouvelés et de ce lien indéfectible entre Severus et lui, et qu'ils chérissaient l'un et l'autre. Et qui faisaient si bien ricaner l'aristocrate.

– Ne sois pas jaloux ! gloussa Harry. En échange, tu as le droit de choisir un truc aussi luxueux que tu en as envie !

Lucius le prit par le menton pour poser un baiser fugace sur ses lèvres, avant de déclarer le plus sérieusement du monde :

– Je n'ai pas besoin de quelque chose de luxueux si je suis avec vous deux.

– Méfie-toi ! Tu vas virer Poufsouffle ! fit-il en riant.

– Je ne suis pas certain que tu me trouvais si Poufsouffle, tout à l'heure dans l'antichambre…, susurra Lucius d'une voix onctueuse.

Harry dissimula un sourire licencieux en se penchant pour attraper sa tasse de thé. Il ne se souvenait que trop bien des sensations piquantes et de cette fièvre qui l'avait saisi sous les doigts délicieux de son mari. En y prêtant attention, il percevait même le contact si particulier de la peau nue autour de son sexe avec le tissu de son boxer. Une douceur suave, délicate, et il se demanda brusquement ce qu'en penserait Severus s'il glissait sa main par là, pendant la morsure du soir…

Mais pour l'heure, il était trop fatigué pour en être vraiment excité, et après la gorgée de thé, ce fut un bâillement qui prit possession de ses lèvres et qu'il cacha derrière une main lasse.

– Eh bien ! gloussa Lucius. Je parle d'antichambre et c'est tout l'effet que ça te fait ?!

– Ça m'a épuisé, tout à l'heure, avoua Harry en se lovant contre son mari. Et si je n'avais pas eu besoin d'aller à Gringotts, j'aurais bien apprécié une petite sieste avec toi !

Lorsqu'ils fréquentaient encore l'antichambre – rarement à présent –, ce moment de repos était toujours de rigueur. Une petite sieste impromptue, le temps de récupérer, de laisser les corps s'alanguir, le temps d'un peu de tendresse… quand ce n'était pas une nuit complète de sommeil. Cette fois, il n'avait eu que cinq minutes de repos, affalé sur le lit, avant de sauter sous la douche pour se rhabiller et filer à la banque.

– Je te préviens, ajouta-t-il en riant, ce week-end, je vais passer au moins la moitié de mon temps au lit !

– Et l'autre moitié à manger ? se moqua Lucius en le serrant doucement contre lui.

– À propos de manger, se souvint brusquement Harry, j'ai invité Mark et Håkon à venir dîner la semaine prochaine… Je crois que ça ne va pas très fort entre eux.

Il ne le vit pas mais il sentit que Lucius haussait un sourcil surpris puis tournait la tête pour chercher son regard. Un peu à contrecœur, Harry se redressa pour lui faire face. Il aurait préféré poursuivre cette ébauche de câlin et de tendresse mais l'importance de cette conversation passait au-delà de ses envies personnelles.

– Qu'est-ce qui se passe ? interrogea vivement Lucius. Il t'a dit quelque chose ?

– Rien de très précis… Ils se sont un peu disputés pendant leurs vacances, une histoire de petite réflexion devant la mère de Håkon et qu'il a très mal pris, mais ça semble plus vaste que ça… Mark se sent délaissé, il recommence à douter… Håkon a l'air débordé de travail et quelque part, ça a aussi l'air d'être un refuge. Je me suis dit qu'un dîner ici l'obligerait à sortir de son bureau au moins le temps d'une soirée…

Harry grimaça, plus tout à fait convaincu de parvenir à ses fins. Håkon pouvait être si froid et si professionnel, parfois.

– … J'aimerais bien que tu parles à Mark, aussi. Il te dira peut-être des choses qu'il n'a pas osé m'avouer.

– Chéri ! Tu es son confident au moins autant qu'il est le tien ! Je ne pense pas que…

– Mais tu le connais depuis bien plus longtemps que moi, l'interrompit-il. Tu l'as vu évoluer au fil des années, il a totalement confiance en toi… tu arriveras peut-être à lui faire comprendre certaines choses mieux que moi.

– J'en doute fort, mais je lui parlerai, assura Lucius avec une force de conviction qui emportait ses inquiétudes. Et je parlerai aussi à Håkon. J'imagine que mon départ de la Commission n'est pas étranger à sa surcharge de travail…

Harry grimaça à nouveau, sans avoir très envie de répondre à cette question. Le ravissement de pouvoir profiter de Lucius à loisir s'affrontait avec la culpabilité de voir Håkon s'échiner à la tâche au détriment de Mark.

– Il m'a fait de la peine, avoua-t-il en se penchant en avant, les coudes sur les genoux. Je lui ai dit que quoi qu'il se passe, on serait toujours là pour lui, qu'on ne le lâcherait jamais, mais j'aimerais tellement que ça s'arrange entre eux… Mark mérite d'être heureux.

La main de Lucius glissa sur son dos et sur ses reins en une caresse réconfortante.

– Tu as bien fait de lui rappeler ça. Mark est tellement discret qu'il n'oserait jamais demander quoi que ce soit…

– Je sais bien, regretta Harry dans un murmure. Mais j'aimerais tellement le protéger de toutes ces difficultés…

Lucius se contenta de sourire affectueusement et de caresser son dos avec tendresse. Puis il se mit à rire en voyant Aria prendre la poudre d'escampette de son tapis de jeu pour aller grattouiller la terre des plantes et y mettre ses animaux miniatures à brouter une herbe fictive.

– Je te laisse t'occuper de ta fille avant qu'elle ne transforme la véranda en potager, fit-il en prenant appui sur sa cuisse pour se lever. Je vais voir Mark.

Harry leva la tête pour lui adresser un regard reconnaissant. Il n'avait même pas trouvé le moment de lui dire qu'Aria avait pour la première fois manipulé sa magie au cours de la matinée, mais ce n'était pas le plus urgent. Pour l'instant, Mark passait avant sa propre fierté paternelle.

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Il s'agissait de son propre bureau, pourtant Lucius frappa doucement avant de pousser la porte sur la vaste pièce. Mark était là-bas, penché sur la grande table de travail au milieu de ses piles de dossier; un peu voûté, avec ses boucles blondes qui lui tombaient sur le front et les pommettes; attendrissant avec ses doigts tâchés d'encre et son écriture gracieuse…

À son entrée, Mark releva brusquement ses yeux fatigués, traversés par un mélange de surprise, d'inquiétude, de lassitude… Un regard presque terne, si loin de sa pétillance habituelle. Lucius soupira en son for intérieur, agacé contre lui-même de n'avoir rien remarqué ce matin, quand il avait brièvement croisé Mark pour lui passer ses consignes. Il savait tellement bien donner le change, feindre les apparences et ne pas éveiller les soupçons… Mais cette fois, Lucius s'en sentait presque blessé. Si Mark pouvait se permettre d'être lui-même, tout entier dans sa joie de vivre aussi bien que dans ses moments de mélancolie, s'il pouvait se laisser aller et ne rien cacher de ses états d'âme, c'était bien avec eux… avec lui.

Lucius éprouvait une telle tendresse pour le jeune homme qu'il était prêt à accueillir tout autant sa bonne humeur que sa tristesse, et il voulait surtout qu'avec eux, il se sente libre. Libre d'être ce qu'il était, dans la joie comme dans la peine.

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Doucement, il s'approcha du siège où Mark était assis et où il attendait avec incertitude de savoir ce qu'il voulait. Et avant même qu'il n'ait ouvert la bouche et dit quoi que ce soit, l'attitude du jeune homme transpirait le repli sur soi et la résignation.

Doucement, Lucius enroula sa main autour du poignet de Mark jusqu'à ce qu'il lâche son dossier de comptabilité qui se referma sur lui-même. Puis il le tira vers lui tout aussi doucement, jusqu'à lui faire lâcher sa plume, jusqu'à le faire pivoter sur sa chaise, jusqu'à l'inciter à se lever…

– Luce… j'ai des tonnes de boulot…

Lucius sourit à ce petit diminutif affectueux qu'employaient aussi bien Severus que Harry, et que Mark venait de reprendre spontanément.

– Et je n'en ai strictement rien à faire. Je pourrais brûler toute cette paperasse et tu serais simplement déchargé de cette corvée.

– S'il-te-plaît, geignit Mark en se levant à contrecœur sous l'insistance de sa main. Sois sérieux.

– Je suis tout ce qu'il y a de plus sérieux, murmura Lucius en l'enlaçant pour le tenir contre lui.

Même s'il ne cherchait pas à quitter l'étreinte de ses bras, Mark gardait un regard bas et fuyant, évitant son propre regard. Que craignait-il d'y lire au juste ? Trop de douceur, trop de tendresse ? Des sentiments qui l'auraient mis mal à l'aise et qui le renvoyaient à sa fragilité actuelle ?

Lucius sourit doucement et leva une main pour écarter les boucles blondes qui voilaient son visage… pour lui faire relever le menton et croiser enfin son regard.

– Harry te l'a déjà dit ce matin, mais je te le redis encore : on sera toujours là pour toi, Mark… N'importe quand, de n'importe quelle manière, quoi qu'il se passe… On est là si tu as envie de rire autant que si tu as envie de pleurer. On est là si tu as envie de te changer les idées, si tu as envie de boire jusqu'à tout oublier, si tu as besoin de changer d'air, de parler ou de dormir quelque part… Peu importe.

Doucement, Lucius caressa la pommette que surmontait un œil brillant, aux paupières ourlées de larmes d'émotion.

– Tu as su accueillir autrefois certains de mes silences, certains de mes états-d'âme, que je ne pouvais pourtant confier à personne, murmura-t-il encore. Tu as toujours su avoir l'attitude qu'il fallait pour me faire sourire à nouveau ou pour me rassurer malgré moi… Je te connais depuis si longtemps, Mark… Je voudrais vraiment que tu comprennes qu'on sera toujours là pour toi.

Mark esquissa un sourire un peu tremblant, trop ému, les coins des lèvres douloureusement incurvés vers le bas.

– J'apprécie beaucoup Håkon, reprit Lucius un peu plus hésitant, presque gêné d'avouer le fond de sa pensée. J'ai apprécié de travailler avec lui, c'est un collaborateur précieux et un homme agréable dans le privé… Mais tu es autre chose et tu le sais très bien. Comme tu sais très bien que le fait de travailler pour moi n'est qu'un prétexte… Même si ce n'était pas le cas, tu trouverais toujours ici une chambre ou une place à table.

Cette fois, à la promesse de le « choisir » si jamais il venait à se séparer de Håkon, à cette allusion de toujours pouvoir trouver refuge au Manoir, les yeux de Mark se remplirent de larmes qui commencèrent à rouler lentement sur ses joues.

Lucius observa quelques secondes ces perles de lumière irisées qui dévalaient la peau pâle, qui se perdaient aux coins du nez, aux commissures des lèvres ou qui glissaient jusqu'au menton, puis il attira le jeune homme contre lui, dans ses bras. Et en reniflant fort peu gracieusement, Mark se réfugia dans son cou, épanchant un chagrin trop longtemps retenu.

– Je ne te souhaite pas de te séparer de Håkon, ajouta Lucius, ému à son tour par la douleur sourde de son ancien mignon. Et on fera ce qu'on pourra pour que ce ne soit pas le cas… mais si ça devait arriver, tu pourras toujours compter sur nous.

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(1) Gymnopédies, Erik Satie

(2) Glassworks : Opening, Philip Glass

Merci de votre lecture et de votre fidélité, bien que l'on termine sur une note un peu mélancolique...

Je ne vous fais pas de promesse concernant la parution du prochain chapitre mais même si je ne publie pas pour l'instant, je continue à écrire... :)

A bientôt

La vieille aux chats