Perdus au milieu de nul part.

Titre du 01/05/2024 : Perdus au milieu de nul part

Poisson : Neal Cassidy / Baelfire (OUAT)

N : Neal Cassidy

Créature 38 : Sorcière

Prénom 41 : Neal

Quatre aspects d'… Arsène Lupin 2 : L'Aiguille creuse : Écrire sur un personnage qui vit ou se cache dans un lieu extraordinaire ou sur Adora (She-Ra)

137) 100 façons d'écrire du drama

44) 50 nuances de OUAT

8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Hé comme je suis une idiote j'ai oublié de publier le chapitre de la semaine dernière sur ce site donc y en aura deux aujourd'hui c'est cadeau ça me fait plaisir.

« Est-ce que je vais finir par avoir droit à des explications ou bien tu vas continuer à entretenir le mystère sans rien me dire ? »

Neal sursauta et se surprit lui-même de ne pas être surpris en constatant que c'était Killian qui était venu lui parler, à force ça commençait presque à devenir une habitude ces petites discussions impromptues durant leurs moments de pause ou en marchant, en lien ou non avec leur quête, c'en était presque devenu… naturel en un sens.

Il savait bien qu'il aurait sans doute dû éviter de lui parler le plus possible, l'éviter à cause de qu'il lui avait fait autrefois et de cette vengeance qu'il poursuivait toujours, mais il était fatigué d'être en colère.

Et au moins, il n'y avait plus de mensonges, de secrets se dressant entre eux, d'un côté comme de l'autre.

Alors ici et maintenant, il pouvait faire semblant, faire comme si ça ne comptait pas, comme si ça n'existait pas, comme si ça n'avait aucune importance alors que ça maintenait entre eux un fossé infranchissable.

Cette pensée n'aurait pas dû être si douloureuse à envisager.

Alors que le pirate s'asseyait à côté de lui, l'ancien enfant perdu surprit le regard méfiant de son père, de toute évidence, le Ténébreux n'appréciait pas que son ennemi discute avec son fils, mais il ne dit rien.

Tant mieux, il avait déjà assez de choses à gérer comme ça pour ne pas en plus avoir à s'occuper de son père surveillant ses fréquentations…

De quoi est-ce que tu parles ? Faillit-il lui demander, avant de se souvenir.

Oui, le moment où il avait compris que son père pouvait peut-être régler le problème du grand-père d'Henry et était parti sans se retourner et sans rien lui expliquer.

« Oh. Oui, c'est vrai.

- Alors ?

Le regard du capitaine Crochet était empli de curiosité.

- Hé bien il se trouve que mon père est le Ténébreux. Et que donc il utilise la magie et j'ai réalisé que même si sa magie n'était pas comme celle du Pays Imaginaire, il est probablement assez puissant pour réussir à contrer le fait de devoir rester sur l'île en ayant été soigné par son eau enchantée après avoir été empoisonné par de l'ombrève, alors je le lui ai demandé, et… il pense qu'il peut le faire, conclut-il avec un sourire triomphant. Il pense que David pourra partir et éviter de mourir une fois que toute cette histoire sera réglée. »

Si tant est qu'elle le soit jamais et qu'ils parviennent à gagner, mais ils en avaient tous les deux bien conscience alors pas la peine de le dire à voix haute…

Killian, bien qu'assis, se sentit vaciller et comme pris de vertiges.

Ça signifiait donc que…

Que…

Que…

Que…

Oh seigneur Dieu.

Est-ce que ça voulait dire qu'en fin de compte, s'il avait su quel prix son frère devrait payer en quittant l'île, il aurait pu trouver un moyen de le sauver en demandant l'aide d'un sorcier suffisamment puissant pour être capable d'une telle prouesse ?

Liam aurait pu, dans d'autres circonstances, ne pas mourir.

Dommage qu'il ne l'apprenne que maintenant, au moment où il était déjà trop tard pour le sauver…

En croisant son regard empli de désolation, le sourire de Neal s'effaça aussitôt.

« Tu penses à ton frère, pas vrai ? Au fait que les choses auraient pu être différentes si… enfin… si tu avais su à l'époque qu'il ne pouvait pas partir sans mourir, et qu'il existait un moyen pour qu'il s'en aille en toute sécurité, aussi difficile soit-il à trouver. »

Killian le regarda avec un air stupéfait.

Il le connaissait bien.

Il le connaissait vraiment bien, presque trop bien même, en fait c'était probablement la personne qui le connaissait le mieux en ce monde à l'exception peut-être de Regina, au point où c'en était presque terrifiant.

Pas besoin de mots, juste une simple expression avait suffi pour qu'il comprenne à quoi il était en train de songer, quel genre de regret était en train de le tourmenter alors même qu'il n'avait rien dit.

Regina aurait très certainement compris elle aussi, et les autres membres de l'expédition aussi, peut-être, ils connaissaient l'histoire de la tragique perte de son frère après tout, mais sans doute n'auraient-ils pas compris aussi rapidement et pas sans indices.

Alors que Neal l'avait fait, lui.

Ça avait un côté étrangement… réconfortant.

Cette sensation de ne plus être seul, d'être compris.

C'était une chose qui lui avait manqué après la mort de Liam, puis après la mort de Milah et durant ces longues années de solitude au Pays Imaginaire après avoir abandonné Baelfire et il était ironique que ce soit précisément dans ce lieu maudit et avec lui qu'il finisse par réaliser qu'il n'était plus seul.

Qu'il pouvait ne plus l'être, qu'il avait une chance.

Mais devant lui se trouvait le Ténébreux et avec lui, la colère, le désir de vengeance, la rage, le cœur de Milah réduit en cendres et l'injustice de sa mort, et…

Ce n'était pas le bon moment.

Et il ne savait même pas s'il y en aurait jamais un un jour.

« Oui, confirma-t-il. J'aurais aimé… Il eut un sourire triste. Ça n'a plus d'importance désormais.

- Je suppose que non, approuva Neal, et… je suis désolé. Que tu ais dû en passer par là. Que tu ais perdu deux personnes que tu aimais et que mon père et mon grand-père en soient responsables. À croire que ma famille a décidé de te pourrir la vie…

Il eut un rire faussement joyeux qui ne parvint pas à cacher son amertume et sa tristesse, et à son tour, le pirate se douta de ce à quoi il était en train de penser, au fait que sa famille était constituée en partie de monstres.

- Pas toute ta famille, le corrigea-t-il en le regardant et Neal sourit. »

Il pensait à Milah, bien sûr.

Mais pas seulement.

(En fait il y pensait même de moins en moins, presque comme s'il la laissait finalement partir, après tout ce temps à la pleurer, et c'était effrayant, et en même temps la preuve que, près de deux cents ans après, il était enfin capable de passer à autre chose.)

Aussi, quand ils durent se lever et repartir, il ne put s'empêcher de regretter que cette conversation n'ait pas duré plus longtemps.

§§§§

Henry aurait aimé pouvoir s'enfuir.

Partir loin de ce camp, loin de Félix et de son regard cruel, loin de l'ambiance sombre et malsaine de l'île, loin des ténèbres, loin de tous ces enfants qui n'avaient jamais voulu être là ou qui avaient été piégés, aux yeux effrayés ou qui au contraire semblaient avoir fait leur choix, semblaient avoir choisi l'île et Peter Pan.

Mais il ne pouvait pas.

Il ne savait pas où aller, ne pouvait pas aller bien loin, et il était seul, il ne pouvait pas utiliser la magie pour fuir et surtout Peter Pan savait voler.

Même s'il avait pu se cacher quelque part, son arrière-grand-père n'aurait pas mis bien longtemps avant de le retrouver.

Il connaissait cet endroit bien mieux que lui, et il était évident que son ombre n'aurait aucune difficulté à le traquer et à le trouver.

Alors pour l'instant, il devait attendre.

Attendre et espérer un miracle, attendre que sa famille vienne le chercher et le retrouve, attendre d'être sauvé parce qu'il ne pouvait pas faire autrement et qu'il ne pouvait pas croire autre chose également.

Ses mères, son père et tout le reste de sa famille allait arriver, bientôt, et ils le sauveraient, il le savait, il en avait la certitude, il y croyait de tout son cœur.

Parce qu'après tout, comme il l'avait déjà pensé et dit à de nombreuses reprises, dans sa famille, ils se retrouvaient toujours.

Il ne pouvait pas en être autrement.

Et malgré l'espoir qui était toujours là, il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir peur.

Peur de ce qui allait advenir, peur parce qu'il n'avait aucun moyen de contacter les siens, et qu'il ne savait même pas s'ils étaient là ou non et si c'était le cas, où ils pouvaient bien être au juste en ce moment.

La seule chose qui le réconfortait, qui lui permettait de ne pas paniquer, c'était la certitude qu'aucun d'eux n'était mort.

Si ça avait été le cas, Peter Pan le lui aurait fait savoir depuis bien longtemps, il le voulait seul et isolé, désespéré, et quelle meilleure manière de le faire qu'en lui arrachant ceux à qui il tenait plus que tout ?

Alors ils étaient vivants, tous, forcément.

Quant à savoir s'ils allaient bien, ça, c'était autre chose…

Lui-même n'allait pas bien.

Il ignorait depuis combien de temps il était retenu là, mais ça faisait déjà un certain temps de toute évidence, et ce n'était a priori pas près de s'arrêter, et il ne savait pas encore vraiment ce que Peter Pan allait faire de lui mis à part le fait qu'il voulait l'utiliser, il avait peur et il ne pouvait pas s'enfuir et il aurait aimé pouvoir faire plus.

Il avait peur des enfants perdus, oui, de la plupart d'entre eux du moins, de Félix et des autres, de ceux aux yeux sombres qui le surveillaient et le gardaient, ceux qui obéissaient à Pan sans la moindre hésitation, et peut-être y avait-il parmi eux certains ayant côtoyé son père autrefois, peut-être qu'ils faisaient partis de ceux qui lui avaient fait du mal par le passé.

Mais il y avait aussi les autres.

Il y avait ceux qui avaient peur comme lui, ceux qui avaient été enlevés ou qui, comme Wendy, avaient voulu découvrir un monde magique et qui avaient vite déchanté en réalisant qu'ils ne pouvaient plus partir et que rien n'était comme ils l'imaginaient et Henry ne pouvait pas s'empêcher de se demander pourquoi.

Pourquoi est-ce qu'après avoir réalisé qu'ils n'étaient pas le garçon qu'il cherchait, qu'ils ne correspondaient pas au dessin, pourquoi ne les avaient-ils pas laissés repartir de là où ils venaient au lieu de les garder prisonniers ?

Par simple cruauté, pour les gagner à sa cause, pour se constituer une armée, ou bien pour les envoyer se battre contre de potentiels ennemis en pensant qu'ils auraient des scrupules à affronter ce qui semblait être des enfants ?

Quelle importance après tout.

La nuit, quand l'île se faisait encore plus sombre, que le vent soufflait fort et qu'ils étaient en train d'essayer de dormir, il les entendait.

Ils pleuraient la nuit, ils voulaient partir, quitter ce monde infâme, ils voulaient fuir mais ne le pouvaient pas, à cause des autres enfants, à cause de Félix, à cause de Peter Pan, et ils étaient comme lui.

Ils voulaient seulement rentrer chez eux, retrouver leur famille, et quand il pensait au fait que malgré leur apparence enfantine, une bonne partie d'entre eux voire peut-être tous n'avait plus de famille dans le monde d'où ils venaient depuis le temps qu'ils se trouvaient là, Henry se trouvait soudainement pris de vertige.

Il savait en théorie que son arrière-grand-père était immortel même s'il avait encore une apparence d'adolescent, il savait également que Félix et tous les autres garçons perdus étaient bien plus vieux que lui et que ça n'aurait pas dû l'étonner ou le surprendre.

Mais il n'avait que dix ans.

Il ne pouvait s'empêcher de se demander comment son père avait réussi à survivre au milieu de tout ça pendant si longtemps à seulement quatorze ans.

Et il avait le sentiment de s'être retrouvé dans quelque chose de bien trop grand pour lui et il aurait voulu pouvoir aider ces enfants, leur dire que tout irait bien, leur promettre qu'il trouverait une solution, que sa famille allait venir et les sauver.

Mais il ne pouvait pas être sûr que ce serait le cas.

Et c'était bien ça qui lui faisait tellement peur.

Bien sûr, avant cela il n'avait jamais été sûr de quoi que ce soit, pendant la malédiction et lors de son séjour dans la Forêt Enchantée il avait été persuadé que tout s'arrangerait tout en sachant que tout pouvait mal tourner d'un moment à l'autre.

Lorsque Cora était arrivée il avait eu peur, mais il n'avait jamais réellement perdu espoir.

Mais maintenant…

Oh maintenant la peur lui nouait les entrailles et il n'était pas sûr que cette fois…

Qu'ils parviendraient à l'emporter.

Alors il ne pouvait rien leur dire, il n'avait aucune assurance que tout irait bien, qu'ils parviendraient à avoir leur fin heureuse cette fois-ci.

Et tout était différent, parce que c'était lui qui était concerné, lui que sa famille allait tenter de sauver, lui que Peter Pan avait chargé Jean et Michel d'enlever, lui qui était en danger et prisonnier des garçons perdus actuellement.

Si jamais quelqu'un mourait, ce serait en ayant tenté de le sauver et il ne voulait pas porter un tel poids sur les épaules.

Ici et maintenant, il comprenait encore mieux à quel point il avait pu être stupide et imprudent quand il était parti seul pour la Forêt Enchantée sans même savoir vers quoi il se dirigeait et ce qui l'attendait.

Mais ça avait été son choix, alors que ça…

Il n'avait jamais voulu que ça arrive.

Et il avait le cœur du plus pur des croyants.

Quoi que ça veuille réellement dire, Peter Pan n'avait pas pris la peine de réellement le lui expliquer en détail.

Ça devait l'amuser de le laisser dans le flou, de lui donner juste assez d'éléments pour comprendre qu'il avait un plan sans pouvoir déterminer de quoi il s'agissait au juste.

L'ordure.

Mais s'il disait vrai, ça expliquait pas mal de choses, et d'un seul coup, le fait qu'il avait tout de suite cru à l'existence de la magie et au fait que la malédiction était réelle prenait tout son sens en un instant.

Mais ça ne signifiait pas qu'il voulait écouter ce qu'il avait à dire, si tant est qu'il voulait l'utiliser, se servir de lui ou le manipuler, et le connaissant ce serait très certainement le cas.

Il devait à tout prix rester sur ses gardes.

C'était Peter Pan, l'homme qui avait abandonné son fils pour devenir immortel, celui qui avait enlevé son propre petit-fils et avait bousillé sa vie, et il l'avait enlevé.

Il ferait tout pour tenir, le temps qu'il faudrait, le temps que mettrait sa famille à venir le chercher.

S'il avait réellement le cœur du croyant le plus pur, alors il ne lui restait plus qu'une chose à faire.

Croire, de toutes ses forces, et espérer que sa croyance finisse par devenir une réalité.

A suivre…