Le plan B
St. Paul, le 04 décembre 2009
La vie avait repris son cours depuis l'arrivée de Bobby Junior, mais cette fois-ci, elle était sur le point de connaître un nouveau tournant avec la naissance imminente de de leur fille.
Trois ans s'étaient écoulés depuis cette nuit où ils avaient tous vécu des moments d'angoisse et de joie à l'hôpital.
Buck, désormais âgé de dix-sept ans, était devenu un jeune homme plein de vie, mais parfois trop téméraire pour son propre bien. Un accident au football l'avait mis sur la touche pendant un moment, et Bobby sentait qu'il cachait quelque chose.
Il tentait désespérément de convaincre sa mère et lui que c'était simplement un incident isolé. Mais avec l'arrivée prochaine de leur fille, Bobby sentait que quelque chose le tracassait profondément.
Il voulait comprendre pourquoi son fils semblait bloquer dès qu'un nouvel événement bouleversait leur routine familiale, pourquoi il hésitait tant à envisager l'avenir.
Le sujet de l'université était également revenu sur le tapis, mais Buck semblait indécis. Il jonglait entre ses aspirations futures et le désir de rester près de sa famille, surtout maintenant qu'un nouveau membre était sur le point de rejoindre leur foyer.
Marcy, quant à elle, était d'une patience et d'un courage remarquables malgré les premières contractions qui commençaient à la tourmenter. Bobby pouvait voir la peur dans ses yeux, même si elle tentait de la dissimuler derrière un sourire lumineux.
Il la comprenait mieux que quiconque.
Après tout, il avait ressenti cette même anxiété lorsqu'elle lui avait annoncé être de nouveau enceinte. La peur irrationnelle que quelque chose se passe mal, que l'accouchement ne soit pas aussi simple qu'ils l'espéraient.
Mais il se forçait à rester fort pour elle, pour Buck, pour leurs enfants.
Buck faisait de son mieux pour les rassurer, mais Bobby sentait qu'il lui cachait quelque chose.
Il voulait savoir ce qui le préoccupait, ce qui le retenait.
Bobby s'approcha de Buck ce soir-là dans le salon, son regard scrutant les yeux de son fils avec attention. Il pouvait voir quelque chose dans le regard de Buck, une lueur d'inquiétude mêlée à une touche de réticence.
– Buck, est-ce qu'il y a quelque chose qui te tracasse ? lui demanda-t-il doucement, posant une main réconfortante sur son épaule.
Buck baissa les yeux, hésitant un instant avant de répondre d'une voix basse.
– Je ne sais pas, p'pa. Je veux juste être sûr de prendre la bonne décision pour mon avenir.
Bobby sentit le poids des mots de son fils, mais il savait qu'il devait être patient. Il voulait lui offrir tout le soutien dont il avait besoin pour surmonter ses doutes et ses peurs.
– Tu peux tout me dire, Buck. Je suis là pour toi, lui assura-t-il doucement. Tu sais que ta mère et moi on fera toujours tout pour toi.
– Je sais p'pa, lui sourit-il.
Bobby lui donna son regard de père. Il savait à quel point Buck pouvait retenir ses sentiments. Il le faisait depuis qu'il était tout petit.
Buck soupira, ses épaules semblant se relâcher un peu sous le poids de ses pensées.
– Ce n'était pas vraiment un accident, p'pa, avoua-t-il finalement, sa voix teintée d'une pointe d'amertume. Un des gars de l'équipe m'a intentionnellement blessé sur le terrain. Il voulait prendre ma place de quarterback.
La colère et l'impuissance bouillonnaient en Bobby à cette révélation.
Il sentit une rage sourde monter en lui, mêlée à une profonde tristesse pour son fils. Mais il savait qu'il ne pouvait pas laisser cette colère éclater. Il se contenta de serrer la mâchoire, luttant pour garder son calme.
– Je suis désolé, Buck, murmura-t-il finalement, sa voix empreinte de tristesse. Je suis désolé que tu aies dû traverser ça. J'irai parler au coach, voir si on peut le faire renvoyer de l'équipe pour ce qu'il t'a fait.
– Le coach n'a plus que lui sur qui compter p'pa, l'implora-t-il. On doit gagner les championnats cette année. Même si je reste sur le banc une partie de la saison, j'ai une chance d'être vu par des recruteurs en fin de saison. Je pourrais intégrer la fac de mes rêves.
– Donc tu as une idée de ce côté-là, alors, lui sourit Bobby.
Buck hocha simplement la tête, ses yeux fixés sur le sol.
– Depuis aussi longtemps que je me souvienne, les joueurs de football mon toujours fait rêve.
– Je sais tu as été un grand fan de Randall Cunningham. Tu portais son maillot de quarterback aussi souvent que possible.
– C'est ça que je veux faire mais… maintenant.
– Le médecin a dit qu'avec une physiothérapie rigoureuse tu pourrais rejouer au football au maximum de tes capacité.
– Je sais mais l'envers du décor est beaucoup moins attractif que ce qu'on voit en pleine lumière. Je pensais que le football était mon avenir, papa, avoua-t-il à voix basse. Mais maintenant, je ne suis plus si sûr.
Bobby posa une main réconfortante sur l'épaule de son fils.
– Il n'y a rien de mal à avoir des doutes, Buck. Et je sais que tu serais un quarterback du tonnerre. Mais il est important d'avoir un plan B au cas où les choses ne se passent pas comme prévu.
Buck releva les yeux vers lui, une lueur d'incertitude dans son regard. Bobby fronça les sourcils alors qu'il le vit baisser les yeux sur ses mains les triturant nerveusement.
– J'en ai un, avoua-t-il à demi-mot. Mon plan B… c'est de devenir pompier, comme toi.
Bobby sentit une bouffée de fierté et de soulagement l'envahir.
Il avait toujours su que Buck avait ce feu en lui, cette envie de suivre ses pas. Il l'avait combattu mais il savait que Buck l'avait dans le sang et sous la peau, ça couvait en lui. Alors, bien sûr Bobby voulait que Buck atteigne ses rêves et il préférait éviter qu'il risque sa vie pour éteindre des incendies.
– Tu serais un excellent pompier, Buck, lui assura-t-il avec un sourire. Mais n'oublie pas que tu as encore le temps de réfléchir à tout ça. L'important, c'est que tu trouves ce qui te rendra heureux.
Buck lui rendit son sourire et Bobby chérissait chaque moment calme qu'il pouvait passer avec son adolescent de fils. Buck était un écorcher vif et les discussion calme et constructive comme ils venaient d'avoir étaient devenus assez rare. Buck enfermait tout en lui et explosait de façon sporadique dés que tout devenait trop à supporter pour lui.
Bobby rejoignit Marcy dans la cuisine, le poids de la conversation avec Buck encore frais dans son esprit alors qu'elle préparait à manger, Bobby junior dessinant tranquillement à ses côtés. Il passa sa main sur son ventre arrondis et sentit sa fille donner des coups de pieds.
Sa propre anxiété grandissait à mesure que le jour J approchait.
Malgré les préparatifs minutieux et les visites régulières chez le médecin, il ne pouvait s'empêcher de craindre que quelque chose ne tourne mal. La peur de perdre Marcy ou le bébé était toujours présente, tapie dans un coin de son esprit, prête à surgir à tout moment.
– Où est Buck ? demanda soudain Bobby junior.
– Dans le salon, admit Bobby. Il n'a pas trop le moral. Tu pourrais lui faire un gros câlin ?
– J'y vais tout de suite. Je vais lui raconter comment j'ai fait le plus joli dessin de l'école pour lui.
Bobby le regarda quitter la pièce puis il revint vers Marcy qui l'observait inquiète. Il savait à quel point elle aimait Buck comme le sien.
– Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle inquiète.
Bobby lui expliqua alors ce que Buck lui avait confié sur l'accident au football, sur ses doutes quant à son avenir et sur son plan B pour devenir pompier.
Marcy écouta en silence, sa main serrant doucement celle de Bobby. Une lueur de compréhension passa dans ses yeux alors qu'elle prenait la mesure de la situation.
– Je sais que tu es inquiet, mais Buck est fort, dit-elle doucement. Il trouvera son chemin, peu importe ce qu'il décide.
Bobby soupira, se sentant soulagé par les mots réconfortants de son épouse mais toujours rongé par l'inquiétude.
– Je sais, murmura-t-il. « Mais la vie de pompier… c'est dangereux. J'ai peur pour lui.
Marcy lui sourit tendrement, lui caressant doucement la joue.
– Je sais que tu as peur. Nous avons tous peur pour nos enfants. Mais Buck est intelligent, il est courageux. Il saura prendre les bonnes décisions pour lui-même. Et peu importe ce qu'il choisira, nous serons là pour le soutenir.
Le jour de l'accouchement arriva enfin, et Bobby se retrouva une fois de plus à l'hôpital avec sa famille, attendant avec impatience l'arrivée imminente de sa petite fille.
Alors qu'ils discutaient dans le couloir, Marcy ressentit une contraction soudaine et un liquide chaud coula entre ses jambes. Son visage resta calme malgré la situation, mais Bobby pouvait voir l'urgence dans ses yeux lorsqu'elle revint vers eux pour leur annoncer que les eaux venaient de se rompre.
Cette fois-ci, l'accouchement se déroula sans encombre, et bientôt, les pleurs d'un nouveau-né remplirent la salle d'accouchement de leur douce mélodie. Avec un mélange de soulagement et de bonheur, ils accueillirent Brooke dans leur famille, sachant que leur amour pour elle était aussi inconditionnel que celui qu'ils avaient pour Buck et Bobby Junior.
