Chapitre 3 :
Emma planchait sur le dossier du meurtre avec David.
— Bon, on a quoi depuis le début du coup ?
— On a juste interrogé sa femme. On n'a pas tellement plus d'informations. Ce mec était sympa, on le connaissait tous. Mec droit, qui bossait. Franchement rien à dire.
— Visiblement quelqu'un a eu quelque chose à dire sur ce…
Emma jeta un œil sur le dossier en guise d'antisèche.
— Robin de Locksley. Vous n'êtes pas très neutres… Vous vous connaissez trop je pense. Un œil neuf pourrait aider.
— Je pense que c'est la raison de ta présence ici, lui sourit David.
— Elle a dit quoi sa femme ?
— RAS, répondit David en soupirant. Sorti un soir, jamais rentré, corps retrouvé. Elle n'a absolument aucune idée de qui peut être derrière tout ça. Elle dit que tout le monde aimait son mari. Sauf peut-être Regina. Elle veut lui mettre la faute dessus du coup.
— Qui est cette Regina et quand peut-on l'interroger ? C'est drôle je vois dans le dossier que cela n'a pas encore été fait alors qu'il est mort il y a trois jours.
Devant le silence de David, Emma releva les yeux.
— Quoi ?
— Tu ne veux pas l'interroger. Personne ne le veut, personne ne le fera.
— C'est qui ? Le pape ?
— Non, c'est moi.
La voix rauque qu'elle connaissait déjà bien pour en avoir rêvé cette nuit la fit se retourner.
— Miss Swan, bonjour. Je vois que vous êtes parfaitement impliquée dans votre nouveau travail. Si ce n'est pour connaitre le prénom de la personne qui vous emploie. Enfin, passons, vous aviez des questions à me poser peut-être ?
— Euh…
— Ah oui ! L'éloquence !
Emma se sentit rougir de rage devant l'humiliation publique que lui faisait subir sa patronne. Cette situation provoqua un rictus sur le visage amusé de Regina.
— S'te plait Reg' ! Lui lança David. Laisse-la un peu elle essaie de s'appliquer à fond.
Elle lui jeta un regard noir avant de tourner les talons.
— De toute façon, c'est M. Jones que je viens chercher.
Emma se rendit compte qu'elle n'avait pas prêté attention une seule seconde à son conjoint et à son binôme qui était pourtant bien plus que canon. Elle s'en félicita et se tourna plus sérieusement vers David à qui elle glissa un sourire moqueur.
— Aloooooors ?
— Alors quoi ?
— Bah, elle est bonne au lit Mme Mills ?
David eu un air dégouté et contint un relent.
— Wow, elle t'écœure à ce point ?
— C'est ma sœur Emma !
Emma fut estomaquée tant elle ne s'attendait pas à une telle révélation. Elle comprenait beaucoup mieux tout d'un coup l'emploi du prénom et le pouvoir que pouvait avoir David sur elle.
— Ta sœur ?
— Oui, ma sœur. Donc non je ne sais absolument pas si elle est bonne au lit, je t'avoue que je ne m'y suis jamais intéressé.
Emma retint un rire nerveux.
— En revanche, tu peux demander à plusieurs personnes. Ma sœur n'est pas… Comment dire… Une sainte… à ce niveau. Enfin je veux dire, si le sujet t'intéresse vraiment.
— Comment ça ?
— Ah donc sa vie t'intéresse vraiment, vraiment alors.
Elle roula des yeux et fit mine de changer un peu de sujet.
— Pourquoi vous n'avez pas le même nom ?
— Regina a été mariée, elle a gardé son nom d'épouse puisque son ex-mari est mort. Sinon c'est bien une Nolan. Comme moi. Elle trouvait que ça ne rendait pas trop bien pour attiser de la crainte.
— Pourquoi vouloir attiser la crainte dans une si petite commune qui n'a rien à dissimuler… Je suis désolée pour elle, enfin, pour son mari.
— Elle s'en fiche, je pense. Sourit David. Tu dois avoir beaucoup de choses à découvrir sur ma petite sœur mais je te laisserai les découvrir toi-même. Si elle apprend déjà que je t'ai fait part de toutes ces infos sur son compte, elle me tue. Peu importe qu'on soit de la même famille.
Emma laissa régner un silence mais elle était intriguée d'en savoir plus sur sa supérieure.
— Et du coup ta sœur c'est une chaudasse ?
— Euh Emma ? Ça reste ici ma supérieure, la tienne et le maire de cette ville. Je pense qu'un minimum de respect serait bienvenu. Puis c'est ma sœur, merde !
— Désolée. Je suis très crue parfois, faut t'y habituer. Mais ce n'est pas méchant. Elle a l'air gentille.
David explosa de rire.
— Moque-toi de moi Emma, tant que tu peux le faire et tant que je ne te connais pas encore beaucoup. Ma sœur n'est pas gentille. En tout cas pas avec ses agents. Sa famille c'est différent c'est sûr, donc forcément par répercussion moi c'est différent. Je peux me permettre quelques petits écarts de temps en temps. Et encore, je m'en prends quand même plein la gueule ne te méprends pas. Par contre toi Emma, fais attention… Elle ne te loupera pas. Ses hobbies favoris sont la torture et l'humiliation publique.
— Oui, j'ai bien cru comprendre…
— Voilà, après je ne fais que te prévenir.
Emma jeta un œil à David. Il avait un sourire éclatant et radieux. Il était tellement gentil. S'il décrivait sa sœur ainsi, peut-être qu'il devait avoir raison et qu'il faudrait s'en méfier.
— Mouais, fit-elle ensuite. Tout ça ne satisfait pas ma curiosité.
— Ta curiosité, mets là où je pense. Tu veux savoir avec qui ma sœur a couché dans cette ville ? Fais un sondage « avez-vous couché avec Regina Mills : oui ou non ? » ça sera bien plus simple pour toi. Mais tu es curieuse et tu veux un exemple, pourquoi pas non ? Tiens, pour la première personne je peux te filer un indice parce qu'il ne pourra plus vraiment parler celui-là.
Il regarda avec insistance le dossier criminel que tenait encore Emma entre les mains. Lorsqu'elle s'en rendit compte, elle le lâcha automatiquement prise d'un dégoût ridicule mais incontrôlable.
— Et… Comment va-t-elle suite à cette nouvelle ?
— Emma… il faut savoir que Regina se sert de personnes pour son plaisir personnel et il ne s'agit que d'une passade pour elle. Elle n'a eu aucun sentiment pour Robin. Bien sûr la nouvelle de sa mort l'a attristée, mais comme nous tous, ni plus ni moins. Tu t'imaginais qu'elle avait un cœur à ce point ?
Il ria pour détendre l'atmosphère.
— Hey ! Relax. Ce n'est qu'un exemple de son large panel. Elle a dû le voir mettons 2 voire 3 fois.
— Elle te raconte vraiment tout ? Fit-elle écœurée de la conversation finalement plus qu'elle ne la passionnait.
— Malheureusement pour moi, je connais tous les participants oui.
Devant le silence s'installant il reprit :
— Elle s'amuse Emma. Elle n'arrive pas à s'attacher.
— Je ne suis personne pour la juger !
— Oui j'imagine…
— Tu insinues quoi là ?
— Juste que visiblement tu te faisais sauter sur ton lieu de travail donc effectivement la juger est difficile.
Elle lui fila un coup de coude déjà amical.
— Bon remettons nous-y. Tu penses que la femme de Robin cette mmh…
— Marianne ?
— Oui ! Est-ce qu'elle est mariée avec Robin depuis longtemps ?
— Je crois… Fit-il en réfléchissant. Que personne ne l'a jamais vu avec une autre femme non.
— Sauf ta sœur.
— Alors il est mort, je te l'accorde mais ce qui serait parfait c'est que tu n'en parles à personne. Je n'aurais jamais dû te le dire. Je crois être quasiment le seul au courant et si elle sait que…
— David du calme ! C'est bon je ne dirai rien. Chacun vit sa vie comme il l'entend, même si cela signifie prendre des hommes mariés.
— Non pas que je veuille la défendre, mais ça n'allait pas du tout avec sa femme à cette période. Ils ne vivaient même plus ensemble à ce que je sais.
— Comme je te l'ai déjà dit, qui suis-je pour la juger ? Mais cette liaison est arrivée jusqu'aux oreilles de sa femme ?
— C'est une petite ville Emma. Il est fort possible que oui, elle n'en a pas fait mention lors de notre interrogatoire. Elle doit en être honteuse.
— Et par quel motif a-t-elle jugé bon de mêler Mme Mills à tout cela alors ?
— Elle a simplement dit qu'elle les avait aperçus se disputer une fois. Que comme Robin était quelqu'un de droit et qui n'élevait jamais la voix, cela l'avait surprise. Elle lui a demandé pourquoi il se disputait avec le maire et il lui aurait répondu que c'était professionnel.
Emma prit une moue perplexe.
— Dans quoi travaillait Robin déjà ?
— Dans l'environnement. Il travaillait pour Regina, à la mairie. Débroussaillage, entretien des voies et de la forêt.
— C'est bizarre non ?
David tourna les yeux vers elle.
— Bizarre ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— Je veux dire qu'il meure après s'être disputé avec ta sœur et pour qui il travaillait qui plus est.
— Tu n'es pas quand même en train de me dire que tu la suspectes ? Ecoute Emma, elle est peut-être affreuse pour qui veut bien l'entendre mais ce n'est pas une meurtrière. Ce n'est pas du tout non plus le genre à payer quelqu'un pour faire le sale job à sa place !
— Je suis désolée David, mais tu as meilleure piste actuellement ?
— C'est pas question de ça Emma. Elle ne ferait pas de mal à une mouche. Enfin… Pas au point de tuer.
— Tu connais les raisons de leur dispute ce jour-là ?
— Euh… Elle ne m'en a jamais parlé.
Emma se gratta le crâne.
— Ecoute c'est délicat, mais notre bon travail de flic veut qu'on aille au moins l'interroger. Si par la suite nous n'avons rien je ne forcerai pas du tout sur cette piste, mais peut-être qu'elle aura une autre info qui nous permettra d'affiner une nouvelle voie.
Devant le silence qui s'installait dans la salle, Emma se leva en saisissant son manteau, ce qui eut le don de réveiller subitement David.
— Tu fais quoi ?
— Bah j'y vais moi. Je comprends que tu ne le veuilles pas. Mais c'est nécessaire.
— Je viens avec toi. Binôme tu te rappelles ? Si elle voit que tu as pris l'initiative seule, je ne donne pas cher de ta peau.
Il saisit également son manteau.
— D'ailleurs je ne donne pas cher de la mienne non plus.
Elle sourit en se dirigeant vers le hall d'entrée.
Une fois devant la mairie, Emma entra pour constater que la jeune femme de l'accueil n'avait toujours pas bougé de devant son téléphone. Elle se demandait comment Mme le Maire qui ne supportait pas grand monde à première vue pouvait se satisfaire d'une secrétaire aussi détachée.
Perdue dans ses réflexions, elle ne remarqua même pas David ayant fait le tour du bureau pour prendre la jeune femme dans ses bras.
— Lâche-moi ! Fit-elle simplement. Tu veux quoi ? Regina est avec quelqu'un.
— On a besoin de la voir après.
— Pourquoi ?
David jeta un coup d'œil vers Emma qui regardait la scène, scotchée des liens humains de cette ville.
— Emma, approche ! Fit-il avec un ton doux. Tu connais Emma ?
— Oh, rapidement ! On s'est entrevu hier. Répondit la jeune femme.
— Bon alors comme vous êtes deux timides vous me forcez carrément à faire les présentations. Emma, je te présente ma sœur, ainée cette fois, Zelena.
Emma tendit sa main le visage rougissant.
— Vous êtes aussi la sœur de Mme Mills ?
— En toute logique, s'amusa Zelena qui lui serra la main volontiers pour la détendre. Vous êtes du coup le nouveau « binôme canon » de mon frère ?
Emma explosa de rire devant les guillemets mimés de la rouquine.
— Vraiment David, il ne fallait pas. Même si j'imagine que mon passé professionnel a dû te donner envie, je ne fais plus là-dedans. C'est trop… contraignant.
David la regarda presque surprit de sa manière de penser.
— Ecoute Emma, tu es très jolie. Mais je suis mariée.
Il brandit sa main l'air tout fier.
— Donc tu comprendras que je n'ai absolument jamais dit que tu étais canon.
Emma se tourna vers Zelena qui lui fit non de la tête en souriant, ce qui ne laissait plus qu'une personne de cette famille pour être à l'origine de cette description élogieuse.
Alors qu'elle y pensait la porte du bureau du maire s'ouvrit brusquement sur Killian Jones qui avait l'air très contrarié. Il retrouva le sourire lorsqu'il vit Emma.
— Bah, qu'est-ce que tu fais là ?
Il fit un pas pour l'embrasser, mais Emma se recula en lui chuchotant : « pas au travail », puis reprit d'une voix plus claire.
— Je viens bosser à ton avis. Ça s'est passé comme tu le voulais ?
— Non, vraiment pas. On en discutera ce soir à tête reposée. Là je suis épuisée. Mais je ne resterai pas une seconde de plus dans cette police.
Il commença à s'en aller lorsqu'Emma le retint par le bras.
— T'es sérieux ? C'est ton premier jour !
— Je n'en ai plus rien à cirer. Réfléchis où tu veux aller. On s'arrache dès demain s'il le faut.
Emma le laissa partir, persuadée qu'elle ne pourrait pas le raisonner tout de suite. Lorsqu'elle se retourna elle croisa les regards de David et Zelena, stupéfaits.
— Laissez-tomber ! Dit-elle simplement. Il est sanguin et parfois ses mots dépassent sa pensée. Vous verrez bien demain. Bon, on y va David ?
David lui emboita le pas, même s'il n'était plus vraiment sûr d'en avoir envie.
