salut, ceci est juste un petit OS écrit après avoir vu le clip de Pink "Out of fight" qui m'a inspiré.

Je n'ai pas de béta alors un peu d'indulgence svp pour l'orthographe !

Bonne lecture


Tobias

Nous étions heureux…

Tris et moi nous nous sommes rencontrés à l'université : je faisais des études d'ingénierie informatique tandis qu'elle étudiait dans le social. Je n'étais pas particulièrement sociable mais alors que mon meilleur ami Zeke m'a formé dans un bar, c'est là que je l'ai vu. Instantanément, nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre. Après avoir obtenu nos diplômes, nous avons emménagés ensemble. Je travaillais à domicile alors que Tris était assistante sociale à Chicago et nous avons trouvé cette petite maison en périphérie de la ville, ce qui nous permettait de nous évader tout en étant à proximité de toutes les commodités et de nos amis. Nous avons passé des moments incroyables, chacun s'épanouissant dans nos boulots respectifs.

Un soir, tandis que je préparais le repas, j'ai reçu l'appel d'un hôpital : Tris avait été admise en urgence suite à un malaise. Sans attendre, je l'ai rejoint au plus vite, priant pour qu'elle aille bien. Lorsque je suis arrivé, j'ai enfin pu recommencer à respirer puisqu'elle était réveillée, souriante, me tendant les bras dans lesquels je me suis réfugié aussitôt.

« Respire mon cœur » at-elle commencé en posant sa main sur ma joue.

« Tu m'as tellement fait peur ! »

« Tu peux me croire quand je te dis que ce n'était pas voulu »

« Mais que s'est-il passé ? »

« Je m'apprêtais à recevoir une mère et son fils quand je me suis levée, je pense un peu trop vite et puis j'ai perdu connaissance »

« Tu as mangé à midi ? »

« Non, je n'ai pas eu le temps… »

« Mon amour, tu dois prendre soin de toi »

« Madame Prior » nous a interrompu un médecin en entrant « Oh, je croyais que vous étiez seule »

« Vous pouvez parler librement, Tobias est mon compagnon »

Nous avons alors écouté attentivement le médecin jusqu'à ce que le mot « cancer » soit prononcé. J'étais comme anesthésié, me demandant si je n'étais pas en plein cauchemar. Malgré mon enfance meurtrie par la maltraitance paternelle et l'abandon de ma mère, j'avais enfin trouvé mon âme sœur mais tout ça a été balayé en quelques minutes. Je regardais alors Tris, qui écoutait attentivement, visiblement plus concentrée que moi. Une fois que le médecin a fini son monologue, Tris lui a demandé quelles étaient ses options et si les traitements lui permettraient de rester en vie. Ces mots m'ont presque achevé, comme si je me prenais un sacré coup de bâton sur la nuque. Elle était bien plus rationnelle que moi à cet instant. Encore une fois, je ne comprenais que quelques mots, comme « chimio », « une chance sur deux pour obtenir une totale rémission », là encore, ces informations m'ont anéanti mais je ne pouvais rien dire, je n'en avais pas le droit, ce n'était pas moi qui était malade.

Le médecin a donné plusieurs brochures à Tris, lui a laissé les coordonnées d'un oncologue puis il lui a remis ses papiers de sortie et nous a abandonné pour nous donner un peu de temps afin d'assimiler l'information.

« Rentrons » a-t-elle dit simplement en s'habillant puis en me prenant la main.

Durant les jours qui ont suivi cette révélation, tout nous a paru éloigné, nous nous étions volontairement isolés du monde extérieur, comme si tout ce qui était arrivé ne pouvait pas nous atteindre dans notre cocon. Je tentais de la faire rire et cela semblait marcher mais la nonchalance nous touchait ensuite de plein fouet. Lequel de nous deux aurait le courage d'affronter la réalité que nous avons fui de toutes nos forces depuis quelques jours ? Bien évidemment, pas moi.

« Tobias, nous devons en parler. L'ignorer ne le rendra pas moins réel »

« Je sais mon amour, je sais »

« Je vais faire la chimio et je vais avoir besoin de toi pour m'épauler »

« Je serai là, pour toujours » lui ai-je répondu en l'entourant de mes bras, comme pour tenter de la protéger de ce qu'elle allait bientôt subir.

« Je t'aime »

« Et moi plus encore » ai-je terminé en l'embrassant tendrement.

Nous sommes restés dans les bras l'un de l'autre sur le canapé en regardant la pluie tomber dehors pendant un bon moment puis elle s'est séparée de moi et m'a regardé, un petit sourire malicieux.

« Tu sais, notre véranda à l'arrière de la maison ? »

« Oui »

« Je veux en faire un jardin d'hiver où on pourra se reposer ou lire au calme »

« Tu es sûre que c'est ce que tu veux ? » lui ai-je demandé, peu enthousiaste, pensant que cela allait la fatiguer plus qu'elle ne pourrait le supporter, ce qu'elle a compris sans que je lui dise.

« Mon cœur, j'ai besoin d'un projet et ça, c'est ce que je veux »

« Ce que Madame veut, elle l'aura ! »

« Alors, allons-y ! »

« Quoi, maintenant ? »

« Bah oui gros bêta ! »

Alors nous n'avons pas perdu un instant, nous sommes allés dans la véranda, l'avons observé, avons parlé de la façon dont il fallait l'aménager et nous avons commencé à bouger les meubles, à en sortir d'autres, à établir les endroits où devraient se trouver des plantes puis à la fin de la journée, nous avons fait des recherches sur internet, sur la végétation que nous aurions dans notre havre de paix. Notre liste était établie mais nous n'avons pas pu la mettre en pratique dans l'immédiat car dès le lendemain, les séances de chimio avaient commencé. Je l'ai accompagné à chaque visite pour l'épauler du mieux que je pouvais et puisque je travaillais à la maison, j'étais là lorsqu'elle avait besoin de moi.

Au début, Tris était la même, avec sa vitalité sans borne, son optimisme permanent alors que de mon côté, je ne parvenais pas à rester positif cependant, je faisais tout pour le lui cacher, je me devais d'être fort pour elle. Petit à petit, au fil des semaines, nous avons continué notre jardin d'hiver, même si les forces de Tris s'amenuisaient avec le temps. Un jour, alors que Tris se reposait, j'ai appelé mon meilleur ami pour qu'il m'aide à continuer. Je voulais faire la surprise à Tris mais il restait un meuble assez lourd à enlever mais aussi la méridienne à installer, ce qui était impossible à faire seul. Ce dernier n'a pas hésité un seul instant pour venir m'aider. Même si j'étais heureux de le voir, je ne parvenais pas à afficher le moindre sourire, ce que mon ami a aussitôt remarqué :

« Comment va Tris ? » a-t-il demandé.

« Elle a eu une nouvelle séance de chimio ce matin et ça l'a vidée de toute son énergie »

« Oh… Combien de séances reste-il ? »

« Une seule puis elle repassera un examen pour savoir si ça a marché… Tu sais, elle ne se plaint jamais, elle est si forte, je suis tellement fier d'elle. A côté, je suis une vraie loque »

« Ne dis pas ça… »

« Ose me dire le contraire ? » lui ai-je dis en m'arrêtant et en le regardant dans les yeux.

« Tobias, tu es seul pour tout gérer et c'est l'amour de ta vie, c'est normal que tu ne pètes pas la forme ! »

« Je gère que dalle, je survie et je n'ose même pas imaginer ce que ce sera si… »

Mais je n'ai pas pu finir ma phrase, le souffle me manquant. Mon ami a compris mon désarroi mais n'a rien dit, il serait dans le même état si Shauna était malade et tout comme lui à cet instant, je serais à ses côtés pour le soutenir. J'ai envie de craquer, de hurler, de pleurer mais rien n'est sorti alors j'ai continué de m'activer pour finir la pièce tant attendue par Tris. Nous avons fini les dernières finitions puis Zeke s'en est allé en m'enlaçant comme jamais il ne l'avait fait mais je savais que c'était uniquement pour me témoigner son soutien envers moi.

Après avoir vérifié que Tris allait bien, je suis allé me doucher, profitant de l'eau chaude sur mes épaules pour soulager les tensions qui me parcouraient puis une fois séché et habillé, je suis retourné auprès de ma bien-aimée qui commençait à se réveiller.

« Salut ma belle, comment te sens-tu ? »

« Ça va » m'a-t-elle répondu doucement alors que je savais pertinemment que ce n'était pas le cas. « J'en entendu Zeke ? »

« Oui, il est venu prendre des nouvelles »

« Tu aurais dû me réveiller »

« Tu avais besoin de dormir mon amour mais j'ai une surprise pour toi »

« C'est vrai ? » a-t-elle dit avec les yeux qui pétillaient malgré son teint fatigué.

« C'est dans le jardin d'hiver »

Elle m'a souri et s'est assise fébrilement. Rapidement, j'ai compris qu'elle ne parviendrait pas à rester debout longtemps donc sans perdre un instant, je l'ai prise dans les bras pendant qu'elle attrapait mon cou. Auparavant, la tenir dans mes bras me faisait sourire, nous étions comme deux adolescents mais maintenant, cela m'a fait surtout constater tout le poids qu'elle a perdu, révélant à présent ses os saillants à certains endroits de son corps. Je savais aussi qu'elle détestait son corps depuis la chimio et je ne pouvais pas la blâmer même si je lui répétais que pour moi, ça n'avait aucune importance et qu'elle retrouverait son apparence une fois guérie.

Lorsque nous sommes arrivés devant le jardin d'hiver, je me suis arrêté, ce qui l'a obligé à regarder la pièce qu'elle voulait tant.

« Tu l'as terminée ? » a-t-elle demandé, les larmes prêtes à tomber.

« Oui mon amour, c'est pour toi que je l'ai fait »

« C'est magnifique mon cœur. Je t'aime tellement ! »

« Moi aussi »

Je l'ai embrassé tendrement, la tenant toujours fermement dans mes bras puis je me suis avancé et l'ai déposée sur la méridienne. Je lui ai montré tous les détails, tous les coins et recoins de la pièce sans qu'elle n'ait besoin de bouger. Elle a posé ses mains sur sa bouche, émerveillée par ce qu'elle voyait puis elle a tapoté sur la méridienne pour que je la rejoigne.

« Tobias ? »

« Oui mon amour »

« Je veux que tu saches que sans toi, je ne m'en serais pas sortie. »

« Ne dis pas ça » lui ai-je dit en prenant sa main.

« Je ne plaisante pas mon cœur. Je n'aurais pas eu la force de me battre. Si j'ai réussi à affronter cette fichue maladie, c'est parce que j'ai puisé au fond de moi tout l'amour que tu me portes alors je voulais juste te remercier »

J'étais incapable de répondre à sa déclaration tellement j'étais bouleversé. Sans crier gare, je n'ai pas pu retenir mes larmes puis elle a posé ses mains sur mes joues, tout en essuyant mes sanglots avec ses pouces.

« Tu es plus fort que tu ne le crois mon cœur, ne l'oublie jamais » a-t-elle fini en me donnant un doux baiser.

Je n'ai pas pu résister à l'envie de la prendre dans mes bras, priant pour que je n'aie pas à vivre sans elle, j'en serais tout bonnement incapable, bien qu'elle en pense le contraire. Après quelques instants, nous nous sommes allongés tous les deux et avons reparlé de moments heureux passés ensemble.

Deux semaines plus tard, nous nous sommes retrouvés dans le bureau de l'oncologue qui suivait Tris. Il s'est assis en face de nous et nous a montré une enveloppe.

« Nous avons les résultats suite à votre chimio pour savoir si le cancer est éradiqué » a-t-il commencé.

Tandis qu'il s'apprêtait à ouvrir l'enveloppe, Tris s'est levée, lui a demandé si elle pouvait s'en occuper et le médecin la lui a remise mais elle ne s'est pas rassise, au lieu de ça, elle m'a tendue la main. Je n'ai pas compris tout de suite mais presque automatiquement, je me suis levé aussi et j'ai pris sa main puis elle s'est plantée devant le médecin :

« Nous voulons voir les résultats rien que nous deux si ça ne vous dérange pas ».

Mais elle n'a même pas attendu sa réponse et nous sommes sortis du cabinet puis nous sommes rentrés dans le silence le plus total. En général, les silences entre nous étaient apaisants, reposants cependant j'ai senti comme une tension mais pour rien au monde je ne voulais l'interrompre. Une fois devant la maison, Tris est descendue puis m'a tendue une nouvelle fois la main. Je me suis empressé de la saisir et nous sommes rentrés, avons retiré nos manteaux puis elle m'a entrainée vers notre jardin d'hiver. Nous nous sommes assis sur la méridienne puis je l'ai entouré de mes bras pendant qu'elle a pris l'enveloppe dans ses mains. Elle a fini par l'ouvrir, a déplié la feuille puis nous l'avons lu ensemble.


Tris

Nous étions heureux…

Tout allait pour le mieux avec Tobias, nous avions notre petit traintrain, notre rythme de couple heureux. Lui, travaillait à la maison, gérant sa boite de sécurité informatique, tandis que je m'épanouissais dans mon job d'assistante sociale. J'adorais pouvoir aider des familles dans le besoin, arriver à leur trouver des solutions pour avancer dans la vie même si cela était éreintant mais un beau jour, alors que je m'apprêtais à prendre mon rendez-vous suivant, tout est devenu noir et je me suis sentie m'évanouir. Bien sûr, lorsque je me suis réveillée, j'ai vu Tobias entrer dans la chambre d'hôpital, le teint pâle comme la mort et j'ai l'impression que si je ne lui avais pas dit de respirer, il serait tombé par terre ! La situation aurait presque pu m'amuser si le médecin ne m'avait pas annoncé que j'étais malade. J'écoutais alors attentivement les indications mais je voyais du coin de l'œil que Tobias était sous le choc cependant j'ai vite compris qu'il serait inutile de le brusquer à ce sujet. J'avais envie de partir, de rentrer chez moi, ce que nous nous sommes empressés de faire dès que le médecin m'a remis les brochures et le nom d'un spécialiste. Une fois dans la voiture, j'étais comme pétrifiée, je ne savais pas quoi dire et Tobias ne renchérissait pas, ce que j'appréciais d'autant plus.

Les jours suivants, nous étions dans notre bulle, ni Tobias, ni moi n'avons reparlé de mon cancer mais je devais avoir la tête sur les épaules et je savais que je devais faire la chimio si je voulais m'en sortir. J'ai enfin trouvé le courage d'en parler à Tobias et comme je le pensais, il m'a confirmé qu'il serait là à chaque étape. Lorsque j'ai vu les yeux de Tobias et toute la peine qui le parcourait, je me devais de trouver une petite lueur d'espoir dans ce qui m'arrivait. J'ai alors eu l'idée de créer un jardin d'hiver dans notre véranda. Tobias a semblé intéressé et s'est investi à fond tout au long de la journée. Je savais que nous devrions nous y reprendre à plusieurs fois pour obtenir le lieu parfait car mes séances de chimio jalonneraient notre quotidien mais je savais aussi que mes forces s'amenuiseraient avec le temps. Ainsi, dès que nous en avons eu la possibilité et surtout que j'en avais la force, nous avons continué notre petit projet.

Je dois avouer que la chimio n'était pas une partie de plaisir bien qu'au début, je n'en ai pas ressenti tout de suite les effets et puis, avec le temps, mes forces se diminuaient, je ne gardais pas grand-chose des repas que Tobias prenait pourtant soin à me préparer. Si ce traitement m'a affecté, je savais aussi que mon homme luttait de toutes ses forces pour ne pas craquer. Je me suis rappelée l'avoir réveillé un nombre de fois incalculable, le souffle court et les yeux pleins de larmes alors qu'il cauchemardait. Auparavant, c'était son père qui hantait ses rêves mais dorénavant, c'était la peur de me perdre et je ne pouvais malheureusement pas faire grand-chose pour le persuader du contraire. Lorsqu'il finissait enfin par se réveiller, il avait pour habitude de me prendre dans ses bras puissants et il ne me lâchait que lorsqu'il se levait au petit matin.

Tobias n'a jamais vraiment été démonstratif, même s'il m'aimait du plus profond de son âme mais depuis l'annonce de mon cancer, il lui arrivait très souvent de s'arrêter dans ce qu'il faisait juste pour venir vers moi, m'embrasser tendrement et me prendre dans ses bras. Même si les larmes ne tombaient pas de ses yeux, je savais qu'il était bouleversé. Un jour, je l'ai même entendu parler avec Zeke et bien que je sache que ce n'était pas bien, j'ai écouté leur conversation. Il a fini par avouer à son meilleur ami qu'il avait peur d'être abandonné par moi tout comme il l'a été par sa mère lorsqu'il était enfant et qu'elle l'avait laissé seul, livré à son bourreau de père, bien qu'il sache que pour rien au monde je ne voulais partir loin de lui. Zeke avait bien essayé de le rassurer mais ce que j'ai entendu ensuite, m'a bouleversé : j'ai entendu mon homme pleurer à chaudes larmes dans les bras de son meilleur ami.

Un autre moment m'est venu en tête quant aux sentiments de Tobias au sujet de ma maladie : peu de temps après avoir eu une séance de chimio, nous sommes revenus et je me suis couchée immédiatement, trop fatiguée pour faire autre chose. Mon homme devait croire que je dormais et je dois avouer que je faisais semblant de l'être, bien trop épuisée pour affronter son regard plein d'amour mais aussi de peine, alors lorsqu'il a commencé à parler doucement, j'ai feint de dormir :

« Mon amour, comment je vais faire si tu n'es plus là ? Je sais que je ne devrais pas penser à ça mais c'est plus fort que moi… Je n'ai jamais eu quelqu'un dans ma vie comme toi, tu es mon âme sœur et je sais que je ne pourrais plus jamais ressentir ça ! Tu dois te battre mon amour, je ne peux pas te perdre ! » J'ai ensuite senti sa main sur ma joue puis il est parti alors que je ne pouvais pas empêcher mes larmes de couler.

Suite à ce moment, j'ai décidé d'appeler Christina pour que nous puissions parler de choses importantes. J'ai attendu que Tobias aille faire des courses pour qu'il n'entende pas le sujet que nous allions aborder :

« Salut ma belle » a- t-elle commencé en entrant et en me prenant dans ses bras.

« Je suis tout sauf belle ! » lui ai-je dis en repositionnant mon foulard sur ma tête, de peur qu'on voie que je n'avais plus de cheveux, bien que Christina n'était pas du tout gênée par cela.

« Ne dis pas n'importe quoi ! Comment te sens-tu ? »

« Je suis à la moitié de mon traitement, ça commence à devenir difficile à vivre, même si Tobias est là à chaque instant. Heureusement qu'il est là »

« Oui, c'est un roc »

« En effet mais je sais que c'est difficile à vivre pour lui aussi… C'est pourquoi j'ai besoin de te parler de quelque chose de sérieux »

« Hey, qu'est-ce qu'il se passe ? »

« Si jamais je devais… enfin si je n'étais plus là, j'ai besoin que vous soyez tous là pour Tobias. »

« Wow, pourquoi tu penses à ça ? Tu vas t'en sortir ! » a- t-elle ajouté en se mettant à côté de moi et en me prenant dans ses bras.

« Je suis sérieuse Chris. Je connais Tobias, il risque de sombrer et je ne veux pas de ça pour lui » ai-je dis en me séparant d'elle et en la regardant dans les yeux. « Vous serez tous là pour lui ? Vous ne le laisserez pas vivre ça seul ? Tu l'aideras à vivre à nouveau ? »

« Hey, ne pense pas à ça, ce n'est pas bon pour toi »

« Promets-moi Chris, promets-le moi ! »

« Mais bien sûr qu'on sera là pour lui ! Mais je ne veux pas que tu aies des pensées comme ça, tu es une battante ! »

« C'est ce que dis toujours Tobias » je lui ai répondu alors que les larmes tombaient soudain sans s'arrêter.

Cette conversation avec ma meilleure amie a été très difficile pour nous mais nécessaire. J'avais besoin d'être rassurée que Tobias ne serait pas seul, au cas où je ne m'en sortirais pas. Nous sommes restées un moment dans les bras l'une de l'autre où j'ai pu aussi entendre mon amie pleurer, certainement bouleversée par ce que je venais de lui demander. Une fois calmée, je lui ai demandé de noter des instructions, au cas où je ne survivais pas. Je m'en voulais de devoir imposer cela à Christina mais je n'avais pas le choix, j'avais une totale confiance en elle et aussi parce que je ne pouvais pas faire cela avec Tobias, il avait déjà bien assez de choses à gérer, je ne voulais pas lui infliger ça en plus.

Ce qui était le plus dur, ce n'était pas la maladie en elle-même mais la fatigue et les effets secondaires du traitement. Heureusement que j'avais Tobias pour m'aider tous les jours, sinon je pense que je n'aurais pas pu tenir le coup. Souvent, lorsque je revenais d'une chimio, j'étais tellement fatiguée qu'à peine rentrés, j'allais immédiatement me coucher et je ne pouvais pas m'empêcher de culpabiliser au sujet de Tobias. Je savais qu'il gérait tout à la maison et en plus, je le laissais souvent seul, étant trop faible pour m'occuper de quoi que ce soit. Je me suis rappelée qu'après avoir été revenu de l'avant dernier traitement, je me suis écroulée de fatigue puis plus tard, il m'a semble avoir entendu la voix de Zeke mais j'étais vraiment trop épuisée. Quelque temps plus tard, Tobias est venu me réveiller mais il avait aussi une surprise pour moi. Voyant ma faiblesse, je n'ai pas eu besoin de lui demander de m'aider puisqu'il m'a pris dans ses bras et m'a amené dans notre jardin d'hiver qu'il avait pris le temps de terminer, pour moi. J'étais tellement heureux de voir que nous avions réussi à mettre à bien notre petit projet, même si je ne l'avais plus beaucoup aidé sur la fin. Nous étions tellement bien, dans les bras l'un de l'autre, à profiter de l'instant présent, comme si rien de mal ne pouvait nous arriver. Ce sont ces instants que j'ai chéri le plus.

Puis le traitement est arrivé à son terme et quelques jours plus tard, j'ai fait une batterie de tests pour voir si j'avais réussi à battre cette fiche maladie. Nous nous sommes retrouvés dans le bureau de l'oncologue qui est venu nous rejoindre avec son enveloppe qui devait nous informer des résultats. J'ai bien vu que le médecin attendait avec impatience tout autant que nous de savoir si j'étais sortie d'affaire mais je l'ai interrompu avant qu'il n'ouvre l'enveloppe. En effet, je voulais n'être qu'avec Tobias pour découvrir si j'aurais encore un avenir avec lui ou non. Alors je me suis levée, j'ai saisi l'enveloppe et je nous ai excusés auprès du spécialiste puis avec Tobias, nous sommes rentrés. Nous nous sommes installés dans notre jardin d'hiver, sur la méridienne où je me suis posé le dos contre le torse de Tobias puis j'ai ouvert enfin l'enveloppe et nous avons lu ensemble les résultats…

Nous allons enfin pouvoir être heureux à nouveau !