Bonjour chers lecteurs ! Voici le chapitre pour le mois de Juin. J'aimerais préciser que mes premiers chapitres servent, dans leur majorité, à mettre bien en place les personnages, les relations entre eux et les quelques intrigues qui vont animer la fanfiction. Du coup, je comprendrais si certains d'entre vous se mettent à penser que les chapitres ne comportent pas beaucoup d'action, mais je vous assure que c'est nécessaire pour le bon déroulement de l'histoire.

Sur ce, je vous souhaite une agréable lecture ! :)


« Vous rendez-vous compte que cela aurait pu très mal finir ? »

Dès son entrée dans le bureau du directeur, Madame Pomfresh n'avait cessé de la réprimander. Ophélia, muette face aux engueulades, se contentait de fixer ses pieds sales. Le directeur assistait à la scène, le regard pétillant. Il y avait de quoi rire, tant que ça restait en dehors du champ de vision de l'infirmière.

« Je vous préviens, c'est la dernière fois que j'accepte de vous soigner dans ces conditions. La prochaine fois vous vous débrouillerez ! » scanda Pompom en appliquant un soin sur la blessure d'Ophélia.

« Ne vous en faîtes pas, Pompom, je pense qu'après ça, Miss Giaccoli évitera de s'amuser dans les escaliers. »

« Je ne suis pas d'humeur à la plaisanterie, Albus ! » dit-elle en fronçant les sourcils, rendant son visage plus sévère. « J'ai écouté votre demande de ne pas la suivre et voilà où on en est ! -Mon travail est de soigner, pas de raccommoder. »

Ce fut d'une humeur massacrante qu'elle termina les soins et s'en alla du bureau, les laissant tous les deux.

Assis face à face, l'ambiance du bureau directorial changea.

Les tableaux des anciens directeurs se faisaient discrets durant l'entretien. Sous l'exigence de Dumbledore, ils devaient se contenter d'observer, et cela sans émettre le moindre son ou mouvement.

Ophélia, qui ne faisait pas du tout attention au regard des peintures braqué sur elle, relisait attentivement l'étrange lettre qu'elle détenait entre ses mains. Elle reconnaissait les tournures de phrases et la façon unique de former les a dont elle s'était si souvent moquée. Si cette lettre s'avérait être fausse, la personne qui l'avait falsifiée était vraiment douée.

Pourtant, un souvenir propre à elle remettait en doute le fait qu'elle soit fabriquée.

La veille de son anniversaire, sa mère avait attendu que la nuit tombe pour se rendre à son bureau. Rapidement, elle s'était mise à écrire une lettre. Irina n'avait pas perçu la présence de sa fille qui l'observait en silence, cachée dans un coin de couloir.

Ophélia reconnaissait que son comportement, cette nuit-là, fut celui d'une enfant. Mais en la voyant autant concentrée, elle n'avait pas pu s'empêcher de l'épier. Elle pensait naïvement, dans l'instant présent, que ça devait être une surprise.

Aucune lettre ne l'attendait le lendemain avec son cadeau.

« C'était pour vous qu'elle écrivait. »

Sa remarque était plus pour elle-même que pour Albus. Elle retint ses mains de froisser la lettre.

« Comment ? » demanda-t-elle, la voix pleine d'aigreur.

Le regard pénétrant du vieux sorcier s'attarda sur la feuille de papier, il avait remarqué les tremblements de ses mains. Albus l'observa, notant point par point les fissures qui se créaient dans la carapace de la jeune femme. Il ressentait sa fureur sans même qu'elle n'émette un geste.

« Je l'ignore. »

La chaise d'Ophélia crissa violemment sur le sol. Les traits de son visage étaient tirés, les sourcils froncés.

« Comment avez-vous pu recevoir cette lettre avant même que ça n'arrive ? »

« Vous vous posez des questions sur la manière sans prendre en compte le contenu. Il est vrai qu'en mettant la source de côté, vous risquez de ne jamais comprendre le mystère derrière cette lettre. »

La remarque la fit voir rouge. Dans un accès de colère, elle déchira la lettre. Dumbledore n'eût aucune réaction en la voyant détruire les précieux mots d'Irina.

« Je comprends que vous soyez habitée par la colère et que vous ayez énormément de réserve envers toutes ces révélations… »

Ophélia le coupa.

« Il n'y a aucune révélation. » fit-elle d'un ton acide. « Vous ne parlez que de choses impossibles, vous êtes fou. »

Elle avait beau avoir eu les preuves sous les yeux, Ophélia s'entêtait à voir la vérité qui lui pendait au nez.

Albus se permit de faire une pause dans leur discussion en leur servant une tasse de thé à chacun sans utiliser une once de magie. Il plaça une tasse fumante en face d'elle et attendit qu'elle daigne se rasseoir. Il s'accouda sur le bureau et posa son menton sur le dos de ses mains jointes.

« Vous cherchez des mensonges là où réside seulement des vérités. »

« Ce que vous me demandez de croire…C'est du grand n'importe quoi. »

« Visiblement pas assez pour vous empêcher de nous retrouver autour de ce thé. »

Elle grinça des dents sous son regard malicieux.

En effet, malgré sa tentative de fuite, elle l'avait suivi jusque dans son bureau de son plein grès. Alors qu'elle n'était à pas grand-chose de réussir, elle avait tourné le dos au pont à cause de cette lettre. Durant tout le chemin, elle remit en question son choix, étant loin d'être certaine d'avoir pris la bonne décision.

Maintenant qu'elle était là, elle regrettait de ne pas avoir pris ses jambes à son cou.

« Je n'aurais jamais dû vous suivre. » murmura-t-elle.

« Et pourtant vous l'avez fait, Miss Giaccoli. C'est qu'il doit bien y avoir une raison. » dit-il tout en touillant son thé. « Raison que vous semblez ne pas comprendre vous-même. »

« Arrêtez avec vos belles phrases. J'ai compris que vous étiez un intellectuel, pas besoin de le montrer à chaque fois que vous ouvrez la bouche. »

Dumbledore sourit d'autant plus face à son aplomb.

« Il n'y a pas à dire, vous êtes bien la digne fille d'Irina… »

Sur cette affirmation, tous deux se murèrent dans le silence. Ophélia fixait les restes de la lettre qu'elle avait elle-même déchirée. Son esprit vagabonda sur les récents évènements qu'elle venait de vivre. Elle se revit dans la forêt, le souffle court et son cœur manquant de sortir de sa poitrine. Elle put entendre le bruit de ses pieds dérapant sur les brindilles, les rires de son poursuivant.

Elle serra les poings pour refouler au loin ces images. D'une voix mal assurée, elle reprit le cours de leur discussion.

« Savez-vous pourquoi elle veut que je sois protégée ? »

« Comme vous avez pu le lire, Irina n'a pas pris la peine de m'expliquer les raisons de ses craintes. Cela faisait des années que je n'avais pas reçues de nouvelles de sa part. »

Le manque de réponse déplût à la jeune femme.

« Oh, évidemment, ça aurait été beaucoup trop simple que vous puissiez me répondre. Depuis que je suis ici, vous n'avez pas été capable de répondre à mes questions, pas à une seule. Le contraire deviendrait étonnant. »

« Vous ne m'avez pas l'air d'être prête à les écouter, et surtout à les accepter. » fit-il, lui lançant un regard au-dessus de sa tasse. « Il faudrait peut-être que nous nous en occupions, vous ne pensez pas ? »

Il abandonna son thé et se leva de sa chaise, faisant craquer ses deux genoux au passage. N'y prêtant guère attention, il se lança dans les marches menant vers une autre partie du bureau bien plus élevée.

« Vous me semblez être une personne très fermée au changement. » lança Albus sur le ton de l'amusement. « Voir des choses qui disparaissent sous vos yeux, des peintures et escaliers animés ne suffisent pas à vous convaincre de son existence. »

« Je ne suis pas- »

« Faudrait-il quelque chose de plus impressionnant pour que vous puissiez y croire ? »

Quelque chose changea dans le comportement de la jeune femme. Elle n'aimait pas sa position, le soudain pic d'énergie du directeur ne lui présageait rien de bon. Dumbledore était désormais penché contre une rambarde, elle l'aperçut en train de tendre le bras dans le vide.

Il ne va pas s'envoyer en l'air quand même ? pensa subitement la jeune femme en fronçant les sourcils.

L'idée de le voir tomber par-dessus la rambarde lui retourna immédiatement l'estomac. Craignant qu'il fasse une énorme erreur, Ophélia se précipita à ses côtés.

« N'allez pas faire n'importe quoi ! Revenez par ici, que nous finissions notre thé. » dit-elle tout en posant une main sur son autre bras.

Albus avait légèrement tourné son visage vers elle, ses yeux empreints d'une lueur joueuse.

« Si j'étais vous, j'éviterais de penser que je ne suis qu'un vieux fou qui prolifère des rêves, Miss. » quelque chose s'approchait rapidement de son bras tendu. « Car les rêves existent pour être réalisé. »

L'air se réchauffa subitement autour d'eux. Une lumière aveuglante apparue devant Dumbledore. Un oiseau qui s'embrasait se percha sur le bras du directeur, ses flammes se calmèrent, mais les couleurs du feu restèrent présentes via le plumage rouge et or de l'animal. Ophélia le lâcha pour reculer, complètement apeurée par cette entrée.

Dumbledore resta tout d'abord dans le silence, lui laissant le temps de contempler comme il se devait l'être magique. Il se recula de la rambarde et le lui présenta.

« Voici Fumseck, mon phénix. »

La calme présentation de l'oiseau contrastait avec l'ébahissement d'Ophélia. Elle gardait ses distances, ne quittant pas des yeux l'imposant animal.

« Allons, approchez. Je vous assure qu'il est très affectueux. »

Comme pour valider ses dires, Fumseck claqua joyeusement du bec. Dumbledore grata le haut de sa tête tout en le menant jusqu'à son perchoir. Il avait beau lui faire le plus beau regard du monde, Ophélia resta le dos contre le mur, le corps figé.

« Je lui avais demandé de faire un tour avant notre entrevue, je ne voulais pas que sa présence la perturbe. Votre mère lui apportait toujours des gâteaux qu'il adorait tout particulièrement. »

Elle ne donnait pas d'importance à ses paroles. Elle ne pouvait se permettre de baisser sa vigilance face à un tel rapace.

Fumseck, curieux de la présence de cette inconnue, avait penché sa tête dans sa direction. Il était impatient de recevoir une caresse de cette femme qui lui rappelait une tendre amie. La main d'Ophélia la démangea. Durant un bref instant, elle hésita à s'approcher, désireuse de sentir son majestueux plumage sous ses doigts.

Dumbledore assistait à la rencontre d'un œil attentif, guettant la réaction qu'il attendait.

« Que pensez-vous de lui ? »

« Les phénix n'existent pas. »

« De quelle race il peut être dans ce cas ? Avez-vous déjà vu un oiseau comme lui ? »

Le regard d'Ophélia se durcit, elle préféra ne pas rentrer dans son jeu.

« Avons-nous terminé ? »

« Visiblement non. »

Il pouvait reconnaître qu'elle n'était pas facile à convaincre comparée à de nombreux moldus. En général, une telle découverte apportait l'émerveillement, alors qu'avec elle, il n'y trouvait que de la froideur et de la méfiance.

« Avant que vous sortiez de ce bureau, il faut que vous ayez accepté l'existence de la magie. Si la présence d'un phénix n'est pas assez, nous allons devoir user des grands moyens. Pratiquons, voulez-vous ? » proposa Albus en sortant sa propre baguette.

En remarquant la baguette, Ophélia se tendit, prête à s'enfuir.

« Une baguette n'est pas synonyme d'attaque ou de blessure, Miss Giaccoli. » rassura le sorcier en pointant sa baguette dans la direction opposée à la jeune femme. « La magie recèle d'innombrables facettes… Elles sont loin d'être toutes au service du mal. »

D'un léger coup de poignet, les livres et parchemins du bureau se mirent à léviter en parfaite harmonie dans la pièce. Ophélia dut se tenir contre le mur pour ne pas défaillir, son teint perdant des couleurs. Qu'était-il en train de se dérouler sous ses yeux ?

Amusé, Albus continua ses petits tours en passant des charmes à la transfiguration. Les chaises se changèrent en d'immenses statues représentant des êtres de l'eau encore méconnus pour Ophélia. Un léger jet d'eau finit par s'échapper du bout de sa baguette pour former des formes aquatiques qui restèrent en lévitation dans la salle.

« Je dois être en train de rêver… » murmura Ophélia en dévisageant une sphère d'eau qui voletait près d'elle.

« Je vous assure que vous êtes bien réveillée. »

Il cessa les sorts en une fraction de seconde. Les merveilles qu'il avait créées si facilement n'avaient pas laissé la moindre trace de leur présence dans le bureau, tel que le liquide de l'infirmerie.

Le directeur fit apparaître la chaise derrière Ophélia qui se laissa tomber dessus, ses jambes venaient de l'abandonner. Elle sentait ses tempes vibrer, se durcir, sous l'affut du mal de crâne naissant. Ces dernières nouvelles devenaient trop importantes, elle parvenait à peine à lier ses souvenirs et toutes les paroles de Dumbledore.

Sa réaction était tout à fait normale. Albus aurait été fort étonné de la voir accepter l'existence de la magie si facilement après avoir entrevue son caractère. Il venait, en quelques secondes, d'ébranler tout ce qu'elle pensait connaître et ses croyances.

« Tout ce qui est écrit dans cette lettre…C'est vrai ? » demanda-t-elle d'une voix plus rauque, le visage baissé.

Dumbledore, ressentant une forte empathie pour elle, posa un genou à terre et plaça une main réconfortante sur son épaule.

« Oui, tout est vrai. Mais vous n'êtes pas seule, Miss Giaccoli. » il croisa son regard emplit d'incertitude. « Vous n'êtes pas seule. »

/-/-/-/

Le directeur marchait tranquillement dans les couloirs de l'école, un air détendu sur le visage. Aujourd'hui, il comptait passer du temps avec elle, prendre toutes les précautions nécessaires pour la mettre à l'aise et, par la même occasion, débuter une relation de confiance.

Pour la première fois depuis des mois, il ressentait de la joie, une joie presque enfantine. Son être était exalté, impatient à l'idée de discuter avec Ophélia. Sa présence au sein du château avait éveillé en lui un véritable soulagement à ses propres maux.

Elle était, à ses yeux, son dernier espoir d'en apprendre sur celle qu'il avait laissé partir, celle dont le simple souvenir imbibait son cœur de regret.

Il prit son temps pour se rendre jusqu'à la chambre d'Ophélia. Enfin, devant la porte, il frappa quelques coups, annonçant qu'il venait lui proposer de déjeuner en sa compagnie. Il attendit sagement qu'elle vienne lui ouvrir.

D'énormes cernes s'étendaient sous le regard de la jeune femme.

Elle n'avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Elle était restée assise sur le bord du lit, surveillant la porte de la chambre qu'il lui avait attribuée la veille. La crainte qu'une personne rentre dans sa chambre durant la nuit l'empêcha de s'endormir.

Ce fut sans un mot qu'elle le suivit jusqu'à la Grande-Salle. Par pure précaution, il avait exigé qu'ils ne soient que tous les deux pour cette fois-ci. Ils s'attablèrent à la table des professeurs qui était déjà envahie par un petit-déjeuner copieux aux odeurs alléchantes.

Dans l'idée de briser le lourd silence qui résidait entre eux, Dumbledore se lança maladroitement la discussion.

« Vous êtes plutôt thé ou café ? »

Ophélia ignora la question, se contentant de fixer le plafond magique avec intérêt. Depuis qu'elle s'était assise, elle n'avait pas donné l'air de s'intéresser aux mets placés en évidence.

« J'espère que les affaires que vous portez ne vous dérangent pas trop. Nous pourrons prochainement aller vous acheter votre propre garde-robe. » relança Dumbledore sans se formaliser sur son indifférence.

« Ça ne sera pas nécessaire. »

Sa voix s'était légèrement enraillée dans la soirée. Après leur départ du bureau du directeur elle l'avait tant bien que mal suivi jusqu'à la chambre. Il l'avait enfin laissé seule après de nombreuses heures de discussions. Le premier réflexe d'Ophélia fut d'aller se nettoyer tout en prenant sur elle pour que ses pleurs se faire trop entendre. Ses nerfs avaient fini par lâcher et les larmes étaient venues naturellement dévaler ses joues.

Maintenant qu'elle ne possédait plus de larmes en réserve, elle avait gagné la voix cassée et une mine encore plus affreuse que la veille.

« Vous n'allez pas porter éternellement une robe de mon école. À moins qu'elle ne vous plaise, bien sûr. » fit-il en se servant une tasse de thé.

Cela arracha un regard assassin à la jeune femme.

« Ce n'est pas par envie que je porte cette robe informe. Depuis mon passage dans votre infirmerie, je n'ai pas retrouvé mes vêtements. Je ne vais pas non plus me promener nue. »

« Vous avez bien raison, malgré les dernières chaleurs de l'été vous pourriez vite attraper froid. »

Sa blague bancale ne fut pas une réussite. Ophélia n'avait pas esquissé le moindre semblant de sourire, encore moins d'un rire.

« Je vous recommande les œufs brouillés, les elfes de maisons les réussissent à la perfection. »

Dumbledore remarqua qu'Ophélia tiqua sur « elfes de maisons », il pensa qu'elle allait poser une question là-dessus, mais elle se contenta de faire comme si de rien n'était.

« Je n'ai pas faim. »

Le directeur posa son menton sur le dos de ses mains, revêtant un air sérieux.

« Vous ne devez pas vous priver de manger. »

Ophélia se décida à se tourner vers lui.

« Vous allez me forcer à avaler vos œufs brouillés, monsieur le directeur ? » dit-elle, le défiant du regard.

« Je ne vous forcerai jamais à faire quoi que ce soit, Miss Giaccoli. Cependant il serait regrettable que vous soyez obligée de retourner à l'infirmerie car votre santé se dégrade par une mauvaise nutrition. Vous ne pensez pas ? »

En citant l'infirmerie, elle baissa les épaules, presque vaincue. Elle voulait en aucun cas retourner là-bas et supporter une nouvelle fois la surveillance de Madame Pomfresh. Elle attrapa un fruit dans la corbeille la plus proche et se mit à manger tout en maudissant le vieil homme.

Satisfait, Dumbledore se mit à lui demander des choses assez triviales tout au long du petit-déjeuner. Quelle était sa couleur préférée ? Avait-elle des passions ? Quelles études avait-elle entrepris ? Possédait-elle des rêves ? Préférait-elle le salé ou le sucré ?

Toutes ces questions, à l'allure de goûter entre amis, remplissaient les yeux du directeur de milliers de petites étincelles. Il se contentait des brèves réponses qu'elle lui accorda.

« Aimez-vous les animaux ? Fumseck serait ravie que vous lui rendiez une visite. »

Il la vit reposer brusquement son verre, le visage crispé.

« Bon, vous avez fini ? » fit-elle en tapotant le bois de la table de ses doigts. « Pouvons-nous parler sérieusement maintenant ? »

« Oh, évidemment ! Veuillez m'excuser, je me suis laissé emporter. » ricana le directeur en terminant son thé. « Eh bien, je pense que vous devez avoir votre lot de questions à poser vous aussi. Allez-y, je vous écoute. »

Elle se redressa quelque peu contre le dossier de la chaise et cessa ses tapotements.

« Admettons que je commence à croire dans l'existence de la magie…Qu'avez-vous prévu pour moi ? »

« Prévu ? Vous demandez ça comme si j'avais établi un plan. »

« N'est-ce pas déjà le cas ? »

Dumbledore sourit. Elle venait de toucher dans le mille. Son sourire fut suffisant pour qu'elle continue dans ce raisonnement.

« J'aimerais avoir une vague idée de ce qui m'attend, alors pourriez-vous cesser de jouer l'innocent ? »

« Je regrette de vous faire autant attendre Miss » s'amusa-t-il en se resservant des œufs brouillés. « N'allez pas imaginer que je souhaite vous tenir à l'écart. C'est juste que je suis plutôt porté sur les sujets plus légers pour accompagner mon petit-déjeuner. »

Un hibou choisit ce moment pour faire son apparition. Entre ses serres acérées se trouvait un journal bien enroulé, il le lâcha au niveau du directeur et repartit aussi vite qu'il n'était arrivé.

« Ah ! Je me demandais quand est-ce qu'il comptait venir pointer le bout de son bec. » fit-il ravi d'avoir récupéré son journal quotidien de la Gazette du Sorcier.

Ophélia vit immédiatement les illustrations mouvantes du journal sorcier. Intriguée par le phénomène, elle se pencha pour mieux regarder ledit journal. Le directeur profita de cet intérêt en rapprochant sa chaise de la sienne.

« La Gazette du Sorcier est le journal le plus réputé dans la communauté anglaise. J'en lisais moi-même des passages à ma mère étant enfant. »

Aucunement attendrie par l'anecdote, Ophélia lut rapidement les gros titres présentés. Les sorciers comptaient élire un nouveau « Ministre de la Magie » dans une paire de jours. Une personne qui devait être importante pour eux à première vue.

Elle s'apprêtait à lui demander plus d'explications dessus quand son regard se perdit sur la date du jour. Dumbledore perçut le froncement de sourcils de la jeune femme.

« Un problème ? »

« Encore un tour de passe-passe, je présume. » dit-elle en pointant négligemment le coin du journal contenant la date. « Ce genre de blague ne me fait pas rire. »

Il parut étonné par cette accusation, ne percutant pas tout de suite ce à quoi elle faisait référence. Une idée germa dans l'esprit du directeur, une idée folle comme aimait tant son ancienne disciple...Irina avait réussi quelque chose dont il n'avait pas soupçonné l'ampleur. Pouvait-il vraiment y croire ? Dumbledore plia précautionneusement le journal pour le mettre de côté, cachant le trouble qui l'habitait.

« La vie serait moins agréable sans un brin d'humour. » feignit-il.

« Gardez vos petits tours pour vos élèves. Reprenez là où vous vous êtes arrêté. »

« Oui, oui, bien sûr. » il sortit de sa robe quelques documents qu'il étala sur la table. « Avez-vous déjà rêvé de devenir quelqu'un d'autre ? »

La question perturba Ophélia qui lui répondit par la négation.

« Car avec ceci, je peux vous permettre de vivre ici en toute légalité. » dit-il en présentant les documents de la main.

Sous le regard interrogatif de la jeune femme, le directeur dévoila toutes les planifications qu'il avait entrepris durant son séjour à l'infirmerie. Il s'était démené auprès d'un de ses contacts pour lui fournir des papiers d'identité et une histoire plausible et facile à retenir.

« Qu'est-ce donc ? »

« Un passeport et le résumé expliquant votre enfance en Angleterre et vos études aux Etats-Unis. »

Intriguée, elle attrapa l'un des parchemins et se mit à lire.

Ophélia Low, fille de d'Héléna et Patrick Low, a vécu son enfance dans un petit village d'Angleterre (à choisir avec l'intéressée, de préférence dans la campagne moldue.). Avant ses onze ans ses parents ont été muté aux Etats-Unis, contrainte de suivre ses parents, elle s'est retrouvée à faire ses études à l'école de magie américaine : Ilvermony…

« Attendez…Pourquoi devrais-je avoir besoin de ça ? Je ne suis pas une criminelle, à ce que je sache. »

« Loin de moi l'idée d'en douter. Cependant, pour votre propre bien, j'ai pensé que ce passé serait plus aisé à utiliser pour vous fondre dans la masse. »

« En quoi mon passé est-il dérangeant ? » rétorqua-t-elle le sourcil relevé.

« En tout. »

Dumbledore prit de longues minutes à expliquer les grandes lignes du monde magique à Ophélia. Tout en ne perdant pas de vue leur sujet principal, le sorcier exposa les problèmes qu'elle rencontrerait si elle se présentait en tant que la fille d'Irina et les risques qu'elle emprunterait de s'exposer ainsi.

« Nous ne savons pas la raison qui a poussé ces hommes à vous attaquer, c'est pour cela qu'il serait préférable de vous présenter sous une autre identité. »

« C'est bien beau tout ça. » fit-elle en montrant d'un geste dédaigneux le parchemin. « Mais vous souhaitez que je me fasse passer pour une sorcière. Vous savez aussi bien que moi que ça ne va jamais être crédible. »

« Vous vous sous-estimez. »

« Me sous-estimer ? Nan, mais vous voulez rire. Ce n'est pas un manque de confiance en moi, je sais juste être réaliste. Vous me demandez de faire croire à d'autres sorciers que je sais manier la magie. Réfléchissez sérieusement deux secondes à ce que vous exigez. »

« Il ne faut pas partir de manière si défaitiste Miss Giaccoli…Vous- »

« Je ne suis pas une sorcière ! » hurla Ophélia en perdant complètement ses moyens. « Vous ne cessez pas de me parler de votre monde comme si j'avais moi-même poussé les portes de votre école. Je n'ai jamais voulu me retrouver ici ou être votre protégée. Tout ce que je souhaite c'est retrouver ma mère. »

Le regard du directeur se remplit d'autant plus de tendresse. Il posa gentiment sa main sur l'épaule de la jeune femme et lui répondit.

« Vous n'avez jamais souhaité que tout cela arrive. Je le sais bien. Personne ne veut être séparé de ses proches, encore moins de cette manière…Si votre mère vous a envoyé ici c'est qu'elle n'avait pas d'autres choix… »

« Qu'en savez-vous ?! Vous n'étiez pas présent ce jour-là. » objecta-t-elle.

« Je sais reconnaître quand ma propre disciple se retrouve au pied du mur. » rajouta Albus en emprisonnant sa main dans la sienne. « Irina n'aurait jamais pris un tel risque s'il n'était pas nécessaire pour vous sauver. »

Ophélia ne sut que dire face à la force qu'il mettait dans ses dires. Toute cette histoire la dépassait de loin, et ça depuis le jour où elle s'était réveillée à l'infirmerie. Les choix de sa mère la déroutaient. Irina lui avait dissimulé tant de choses. Tout lui explosait en plein visage.

Défaite, elle rebaissa la tête.

« À quoi bon faire tout ça ? » souffla Ophélia.

Elle sentit la poigne du directeur se renforcer sur sa main qu'elle n'avait toujours pas dégagée.

« Vous donner une chance de vivre. Vivre parmi nous, comme l'a souhaité Irina »

Ophélia se mordit la lèvre inférieure pour empêcher un sanglot de s'échapper.

« Cette vie, vous ne l'avez pas désirée. Votre cœur est resté là d'où vous venez. Mais avec le temps, je vous souhaite de vous faire votre propre place. »

Troublée par ces mots, elle récupéra sa main et évita soigneusement à ne plus recroiser son regard. Dumbledore lui glissa les papiers, l'incitant à les prendre.

« Quand vous aurez terminé de tout mémoriser, brûlez le parchemin. »

Après quelques minutes de silence, elle se décida à les accepter. Dans ses mains se tenait sa nouvelle histoire, une tout autre Ophélia qu'elle devait apprendre à connaître et incarner.

« Vous pourrez bien entendu modifier quelques détails, tant qu'ils restent minimes. »

« Rajouter "Miss Low n'a jamais fait de sort de sa vie " vous parait-il convenable ? »

Albus sourit, presque attendri.

« Vous n'en avez jamais lancé, mais je peux vous assurer que vous en êtes capable. » fit-il en se resservant un thé. « Votre magie a été bridée toute votre vie par votre mère. C'est la raison pour laquelle vous n'avez jamais fait de magie accidentelle comme n'importe quel enfant sorcier. »

« C'est vraiment possible de faire ça ou vous cherchez plutôt à me le faire croire ? » dit Ophélia suspicieuse. « Comment vous pourriez le savoir si elle les a vraiment "bridés" ? »

« Chaque sort lancé laisse une trace. Avec de la pratique, les sorciers peuvent en déceler la présence et reconnaître quel sort a pu être lancé. Durant votre examen approfondi à l'infirmerie, Pompom a décelé le point d'ancrage d'un maléfice. La signature magique qui est dessus est celle de votre mère. » expliqua-t-il

Une amertume se créa au fond de la gorge d'Ophélia à mesure qu'il exposait les faits. Irina avait sciemment caché sa nature de sorcière durant tout ce temps. La raison derrière ce choix était encore un point qui échappait à leur compréhension.

En acceptant l'idée qu'elle possédait des pouvoirs, elle se sentirait obligée de s'associer à eux de manière définitive. Son crâne commença doucement à l'élancer face à toutes ces informations affluent de son esprit et du poids d'un futur rempli d'incertitude.

« Alors…Qu'est-ce que ça va me faire ? » demanda-t-elle. « Vais-je changer ? »

« Vos pouvoirs vont s'éveiller lentement. Dans votre cas, le processus est plus long après toutes ces années. En vous exerçant et en la sollicitant, votre magie va pouvoir se développer correctement. De manière physique, vous n'allez rien subir, je vous rassure. Vous ressentirez seulement une forte énergie à certains moments. »

« En m'exerçant ? »

« Oui, le professeur McGonagall et le professeur Rogue vous donneront des cours particuliers pour vous guider et combler plus rapidement votre retard. »

Elle se retint de grimacer à l'énonciation du professeur Rogue. Du peu qu'elle avait pu voir de cet homme, elle n'allait pas apprécier les cours de celui-ci.

« Ils s'efforceront de vous transmettre les clés nécessaires pour que vous soyez capable de vous sentir à l'aise avec la magie. Comme vous l'avez brillamment fait remarquer, il serait étrange de voir une sorcière incapable de produire le moindre sort ou encore d'en être terrorisée. »

Ophélia détestait déjà d'avance cette mise en place de cours particuliers. S'imaginer en train de tenir une baguette accentuait son mal de crâne naissant. Tout allait trop vite à son goût, bien trop vite.

Subitement, elle réalisa qu'une chose manquait cruellement dans cette longue conversation, une chose à laquelle elle avait pensé toute la nuit.

« Monsieur, nous sommes d'accord sur le fait que vous voulez que je vous fasse confiance ? »

La question étonna le directeur qui se fit un plaisir d'y répondre.

« Evidemment. C'est ce que je souhaite. »

« À mon arrivée, les professeurs m'ont dit que j'avais été retrouvée dans la forêt, une information que vous avez vous-même confirmée. J'aimerais me rendre à cet endroit. Si vous désirez sincèrement que je vous accorde ma confiance, me laisser y aller m'aidera à vous la donner. »

« En êtes-vous si sûre ? » questionna Dumbledore, amusé par son comportement.

« Réalisez ma demande et vous verrez. »

Le directeur parut réfléchir à la question, l'observant avec une légère appréhension.

« Si aucun de vous n'a menti, vous n'avez rien à craindre. » ajouta-t-elle.

« En effet, vous avez raison…Nous nous y rendrons demain, vous et moi. »

Cette affirmation dénoua légèrement les épaules d'Ophélia.

Les portes de la Grande Salle s'ouvrirent sur McGonagall et son incontournable chignon serré. Elle s'approcha de la table des professeurs et s'arrêta en face d'eux avec un parfait contrôle professoral : le dos droit, les épaules bien en arrière et le visage relevé.

« Professeure, je suis heureux de vous voir. J'espère que vous avez passé une douce nuit. » la salua-t-il.

« Bonjour Albus, Miss Low. »

Ophélia eut un moment d'absence en comprenant qu'elle venait de s'adresser à elle. Les autres professeurs étaient déjà au courant du plan, elle était la dernière à être au courant. C'était la première fois qu'on l'appelait par ce nom. Le nom d'une parfaite inconnue à ses yeux. Malgré son trouble, elle finit par lui rendre ses salutations.

« Minerva est venue spécialement pour vous faire une visite du château. »

« Merci, professeure. » remercia la jeune femme en se levant.

« Je vous en prie, suivez-moi. »

Elle emboita le pas de la sorcière, mais avant de quitter la Grande Salle, Ophélia se retourna dans la direction du directeur.

« J'espère que vous respecterez cette promesse, monsieur le directeur. »

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En marchant aux côtés de cette femme dont elle connaissait seulement le nom, Ophélia ressentait à quel point le métier de professeur lui allait bien. Avec patience, elle effectua la visite demandée par le directeur. Durant cette visite, elle lui raconta l'histoire de l'école et rajouta quelques anecdotes sur certains endroits du château. Bien qu'elle lui montrât de l'entrain à raconter tout ça, Ophélia n'était pas sûre de pouvoir tout retenir.

Pendant qu'elles descendaient une paire d'escaliers, une question lui vint à l'esprit.

« Connaissez-vous ma mère ? »

Le monde magique restait un total mystère à ses yeux. Une vague idée fantasque. La seule chose qui l'y rattachait n'était t'autre qu'Irina. Son unique lien.

« Je n'aurais pas la prétention de dire que je la connais aussi intimement que le directeur, mais j'ai eu la chance de la rencontrer. »

Deux personnes. Deux personnes la connaissaient, lui avaient parlé. Ils savaient à quoi pouvait bien ressembler sa mère en tant que sorcière. La curiosité s'étira dans son cœur, elle désirait en apprendre plus, le moindre détail l'intéressait tant que ça concernait sa mère. Une nouvelle question mourut dans sa gorge. Ophélia ne se sentait toujours pas assez en confiance pour se laisser aller. À sa grande surprise, Minerva reprit la parole.

« Votre mère est une personnalité reconnue par ses recherches sur l'essence magique propre aux sorciers. À l'époque, je lisais attentivement ses publications. Elle était une jeune sorcière de talent qu'on pourrait presque qualifier de génie. » raconta-t-elle un brin de nostalgie dans la voix.

Ses paroles arrachèrent un sourire à la jeune femme. Apprendre qu'Irina était déjà une grande chercheuse dans sa jeunesse ne l'étonna pas. Sa mère ne pouvait s'empêcher de vouloir trouver des réponses là où personne n'avait pu en déceler. C'était une passion dévorante. Elle en avait même fait son métier.

Minerva se stoppa un instant pour bien l'observer. Elle se pencha vers Ophélia comme pour lui confier un secret.

« Maintenant que j'ai pris le temps de vous regarder, je peux assurer que vous êtes son portrait craché au même âge. »

Ophélia s'en doutait déjà. Les gens avaient l'habitude de leur faire remarquer leur ressemblance quand elles étaient ensemble. Il n'y avait aucun doute à avoir sur leur lien de parenté. Même en le sachant déjà, l'entendre une nouvelle fois lui procura un mélange de bonheur et de tristesse. Son envie d'en discuter venait de s'envoler. Elle porta donc son attention sur les tableaux mouvants et questionna la professeure dessus.

La visite ne comporta plus de questions personnelles. Ophélia rencontrait des difficultés à se repérer dans l'immensité du château. Elle peinait à croire qu'une école pouvait être si grande et encore moins que les élèves ne se perdaient pas.

En pleine marche, une odeur particulière attira l'attention d'Ophélia. Une odeur qu'elle connaissait bien, celui du terreau. Ses sourcils s'haussèrent, elle se retourna vers ce qui semblait être l'entrée d'un pavillon secondaire.

« Est-ce qu'il y a un jardin ou un potager non loin ? »

« Nos serres sont de ce côté. » confirma Minerva en la dirigeant.

Pour la première fois de la visite, un réel intérêt pour l'école s'anima en Ophélia. Elle suivit sa guide jusqu'à la porte de la première serre. En rentrant la senteur des plantes frappa ses narines. Ophélia n'avait jamais rien vu de tel. Les grandes plaques de verre des dômes laissaient la lumière du soleil illuminer le lieu. D'innombrables pots de tailles différentes s'entassaient en plusieurs piles sur un côté, des sachets de terre posés non loin d'eux. Sur un des pans de mur se tenait une multitude d'outils pour le jardinage.

Le paradis du jardinage venait d'apparaitre devant elle.

L'air qu'elle respirait lui parut plus pur. Elle en vola quelques goulées, la sensation de cet air rappelait celle des hautes forêts. La chaleur de l'été frappait contre les serres, leurs murs l'absorbant pour la reverser sur les plantations. Ophélia s'avança sans hésitation, souhaitant découvrir quelles plantes alimentaient cette incroyable serre.

« Vous aimez les plantes ? » questionna curieusement Minerva qui se tenait toujours vers l'entrée.

« Je suis douée avec elles. » confia-t-elle sans même se retourner.

À cet instant, Ophélia voulut se lancer entièrement dans une étude des différents spécimens. Sa passion ardente pour les plantes se lisait à travers ses yeux pétillants d'excitation. Avant même d'attendre le premier pot, une main sur son épaule la stoppa.

« Le professeur Chourave n'apprécie guère qu'on se promène dans ses serres sans qu'elle soit présente. Je suis persuadée qu'elle sera ravie de vous présenter toutes les variétés dont dispose notre école. »

En outre, elles n'avaient pas assez de temps à perdre dans l'observation de futiles plantes. C'est ce qu'en concluait Ophélia en se détournant de son bonheur. Elle s'en voulut de s'être laissée transporter par les serres durant cette courte pause. Ce n'était pas le moment de vouloir rester aux côtés des plantes.

Elles finirent la visite du château sur le bord du lac noir dont la surface luisait de la fin de journée. Au loin, Ophélia y aperçut des sortes de hautes tribunes et demanda à quoi ça leur servait.

« Elles servent à accueillir les élèves et les professeurs durant les matchs de Quidditch. Un sport sorcier très apprécié dans notre communauté. »

« Un sport dîtes-vous ? »

« Deux équipes de sept joueurs sur des balais ont pour objectif de marquer le plus de points en marquant des buts. C'est un sport assez physique et parfois sournois. À Poudlard chaque maison possède son équipe pour pouvoir gagner la coupe de l'année. »

« Des balais, vraiment ? » lança Ophélia, sa voix trahissant son envie de rire. « Vous êtes vraiment le cliché des sorciers. »

Sa propre remarque lui rappela qu'enfant elle adorait se déguiser en sorcière. Irina lui avait confectionné un costume d'une robe noire ample et d'un chapeau pointu pour Halloween. Ophélia avait tant apprécié son costume qu'elle avait décidé de le porter de nombreux week-ends. Elle enfourchait le balais et sautillait à travers les pièces de leur maison, s'imaginant en train de voler.

Ce doux souvenir ne lui laissa qu'un goût amer au cœur. Sa bonne humeur s'envola en même temps que ses anciens rires enfantins. Elle se détourna du lac pour se retourner vers le château.

« Nous en avons fini ? J'aimerais me reposer. »

Minerva la raccompagna jusqu'à sa chambre. Ophélia la remercia pour la visite, déjà prête à lui fausser compagnie. La sorcière l'arrêta juste avant qu'elle ne referme la porte derrière-elle.

« Je ne sais pas si le directeur vous a prévenu, mais nous souhaiterions que vous mangiez avec nous ce soir. Saurez-vous vous rendre jusqu'à la Grande-Salle ? »

L'invitation n'en avait que des airs. Il voulait la présenter à ses professeurs, elle n'avait pas vraiment le choix.

« Oui, je saurai me débrouiller. » assura Ophélia.

C'était un mensonge. Il était sorti naturellement, sans même qu'elle y pense. Minerva ne fit aucun commentaire et s'en alla en la saluant.

Enfin seule, Ophélia se laissa retomber sur le lit. Ses yeux piquaient atrocement, le manque de sommeil se jouait d'elle. Elle attrapa l'oreiller et le serra contre elle, fermant les paupières. La fatigue était là, mais le sommeil lui fut interdit.

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Allongée sur le lit, elle n'avait pas fait attention aux deux dernières heures qui s'étaient écoulées. Ses doigts, dont la peau avait blanchi à force de serrer le coussin contre elle, étaient engourdis. C'était bientôt le moment de se lever et de rejoindre les sorciers. Partager son repas avec eux, devant supporter leur regard sur sa personne.

Elle relâcha sa prise sur le coussin et secoua ses mains douloureuses. Ophélia n'avait pas dormi, pas même une seule minute.

En apercevant son reflet dans le miroir, elle fit une grimace. Habituellement, elle aurait au moins essayé de rattraper un minimum la catastrophe qu'était devenue son visage. Aujourd'hui elle préféra l'ignorer. Après tout, elle n'avait aucune raison de vouloir bien paraître devant eux. Leur avis sur sa personne l'importait peu.

Elle partit en quête de la Grande-Salle d'un pas tranquille. Durant sa marche, elle essaya de refaire le chemin qu'elle avait emprunté aux côtés de McGonagall. Ses efforts, bien que présents, ne portèrent pas leurs fruits. Au contraire, elle finit par se perdre dans les longs couloirs du château. Au lieu de s'en inquiéter, Ophélia continua sur sa lancée, au final, rater ce repas ne la dérangeait pas.

Sa main vagabondait sur la pierre froide qui composait les murs. Depuis que la panique n'envahissait pas son cœur et qu'elle pouvait profiter d'une balade solitaire, elle prenait bien plus de temps pour s'attarder sur la beauté du lieu. Des tentures et tapis aux mille nuances décoraient les différents couloirs éclairés par la flamme des torches murales. À certains croisements, elle avait la chance de découvrir de somptueuses sculptures représentant la plupart du temps des êtres magiques.

Les nombreux tableaux qu'elle croisa sur sa route la suivaient du regard, ne cachant pas leur surprise en la voyant passer devant eux. Ophélia entendait le bruit de leurs murmures. D'innombrables chuchotis aussi légers qu'une brise, des paroles à peine soufflées de leurs lèvres peintes.

Elle ne saurait pas dire combien d'escaliers, ni de couloirs, elle venait d'emprunter, mais sa balade lui plaisait plus qu'elle ne l'aurait cru. Elle remarqua des armures postées contre un mur, donnant l'air de monter la garde. Ophélia s'approcha d'elles, curieuse de l'emblème forgé sur plastron. À son approche, les deux armures s'animèrent et la saluèrent d'un salut militaire. N'étant pas du tout préparée à les voir bouger, elle hurla un grand coup. Au lieu de l'attaquer comme elle avait pu l'imaginer, les armures se remplacèrent dans leur pause d'origine, sa présence ne comptait déjà plus pour elles.

Encore secouée par cette soudaine frayeur, elle reprit sa route sans se retourner. Quand elle fut assez éloignée et rassurée elle lâcha un rire mitigé pour soulager ses nerfs.

« Notre invitée se serait-elle perdue ? » s'enquit une voix grave dans son dos.

Le corps d'Ophélia se glaça. Le ton, la voix, rien ne lui était inconnu. Sans même se retourner, elle savait déjà qui se trouvait derrière elle à l'autre bout du couloir.

« Qu'est-ce qui vous fait croire ça ? » répliqua-t-elle en se retournant

Elle n'appréciait pas le fait d'être découverte en pleine promenade improvisée au lieu de se rendre au repas. Elle porta son attention sur la tenue du professeur, encore la même robe noire qui détonnait avec la pâleur de son visage. Tous les deux portaient les stigmates de la nuit blanche sous leurs yeux. C'était leur unique ressemblance.

« La Grande Salle se trouve de l'autre côté. » son regard la transperça. « À moins que votre but soit de fouiner. »

Ophélia se mordit la langue pour ne pas laisser passer une insulte. Elle feignit la nonchalance pour masquer sa contrariété.

« J'avais simplement besoin de me dégourdir les jambes avant le repas. Je ne pensais pas que ça puisse être interdit pour les invités.» souligna-t-elle d'un air de défi.

« Seulement quand ils sont conviés à notre table. » trancha Rogue en s'avançant vers elle.

« Vous m'en voyez désolée. »

Ses paroles transpiraient le mensonge et elle ne fit aucun effort pour le cacher. Elle fut persuadée d'entendre les dents du sorcier grincer.

« Suivez-moi. » ordonna-t-il en prenant la bonne direction.

La longue cape accrochée à ses épaules se mit à danser dans son dos à la suite de l'empressement de ses pas. Une brève image d'un Rogue habillé en superhéros passa dans l'esprit d'Ophélia. Cette vision absurde faillit lui arracher un gloussement. Il était bien trop simple de se moquer de l'accoutrement des sorciers.

Elle hésita à le suivre, mais finit par lui emboîter le pas. Rien ne pouvait l'empêcher de reprendre l'excursion après le dîner. Après tout, elle n'était pas une prisonnière.

Que tu croies, lui souffla ironiquement ses propres pensées.

Elle en passa outre, mettant de côté ces mots qui faisaient battre bien trop vite son cœur.

Son estomac choisit ce moment pour se réveiller en poussant un gargouillement. Une de ses mains se plaqua contre son ventre pour le faire taire et pria pour que Rogue ne l'avait pas entendu. Elle eut sa réponse par le regard dédaigneux qu'il posa sur elle. Ophélia se redressa, le dos droit, cachant vainement l'inconfort de la situation. Être trahi par son propre corps, c'était un comble. Bien qu'elle l'imaginât déjà se moquer d'elle, il se contenta de suivre la route sans lui adresser la parole.

Elle reconnut au loin les portes de la Grande Salle déjà ouvertes. Avant même qu'ils n'arrivent à l'entrée, Ophélia entendit les sons d'une conversation houleuse. Rogue passa le premier, se dirigeant vers sa place habituelle à la table des professeurs. De son côté, Ophélia mit plus de temps à rentrer. Un nouveau poids comprimait sa poitrine. La crainte. Étaient-ils vraiment ses alliés ?

Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir.

À son tour, elle passa les portes et marcha jusqu'à ses hôtes. Sa présence fit taire les voix. Elle reconnut des visages au milieu des nombreux autres inconnus. Le groupe la dévisageait avec curiosité et intérêt. Ce n'était pas tous les jours que le directeur leur imposait une invitée de ce type.

Toutes ces personnes attablées possédaient des pouvoirs pouvant la réduire en cendres. Elle sentit de la bile remonter au fond de sa gorge, son corps suppliait de faire demi-tour. Ophélia ressentit de nouveau la pointe d'une baguette contre sa gorge, prête à lui faire subir bien des souffrances. Cette courte illusion lui coupa le souffle, comme une piqûre de rappel de ce qui l'attendait si elle allait à leur rencontre.

Dumbledore se leva pour la convier à s'asseoir sur la dernière chaise vide, coupant court à ses doutes. Elle prit place tout en contrôlant ses genoux désireux de trembler. L'odeur de la nourriture vint titiller ses narines et démêler sa paranoïa. Les plats attendaient avec impatience d'être dégustés : de la tourte au potiron, en passant par du porc rôti accompagné de ses patates et légumes croquants, sans oublier le bar cuit au four à la délicate note citronnée. L'eau lui vint immédiatement à la bouche. Si elle ne possédait pas un minimum de manière, elle se serait jetée sur ce festin.

« Mes chers collègues, pour ceux qui n'ont pas encore eu la chance de la rencontrer, je vous présente Miss Ophélia Low qui restera avec nous cette année. » la présenta Dumbledore.

Une partie de la table la salua avec entrain tandis que d'autres gardèrent le silence. Rogue, évidemment, ne prit pas la peine de prendre part à la conversation qui s'ensuivit. Il trouvait ce repas comme étant une perte de temps et d'un ennui mortel. Cela ne l'avait pas étonné de la croiser en train de vagabonder dans les couloirs, ça correspondait bien à l'image qu'il avait d'elle : une emmerdeuse.

Les autres professeurs se jetèrent presque sur elle avec diverses questions, toutes plus insignifiantes les unes que les autres. Cette mise en scène préparée par le directeur le dégoûtait. Tout ce spectacle pour présenter sa nouvelle bête curieuse, la fausse sorcière, s'alimentait par l'intérêt que ses collègues mettaient dans la jeune femme. C'en était écœurant pour Severus. Il préféra se murer dans le silence et se concentrer sur son repas.

Ophélia ne s'attendait pas à une telle bienveillance. C'en fut même trop pour elle. Dumbledore lui adressa un sourire pour l'encourager à se détendre. Les mets et la discussion joyeuse soulagèrent ses craintes qu'elle mettait de côté pour le moment.

« Abomination. »

Le mot soufflé mit un terme à la bonne humeur du repas. L'attention portée sur Ophélia se retourna subitement sur la professeur de divination. L'étrange sorcière, qui depuis le début du repas s'était tenue tranquille, s'agitait sur sa chaise, tremblotante. Ses mains n'arrivaient plus à tenir ses couverts qui tintèrent sur son assiette.

Rogue, décelant enfin une porte de sortie, demanda d'une voix douce.

« Pouvez-vous répéter ? »

À la question du professeur, Trelawney perdit le contrôle d'elle-même. L'argenterie se mit à voler, la nourriture se répandit sur le sol de la grande-salle et les boissons renversées abreuvèrent le bois de la table.

La démence qu'elle s'était efforcée de contenir venait d'exploser au grand jour. De grosses gouttes de transpiration coulaient de son front jusqu'à son menton. Elle fronçait ses sourcils au maximum et ses yeux luisaient fiévreusement d'une émotion qu'Ophélia ne connaissait que trop bien : La terreur.

Debout devant eux, elle pointa Ophélia d'un doigt accusateur.

« ABOMINATION ! Le malheur va s'abattre sur nous par sa faute. Vous pensez qu'elle n'est qu'une frêle jeune femme, mais vous ne savez pas ce qu'elle est. Moi, je le sais. Je sais QUI elle est ! Que les étoiles m'aident à abattre ce fléau ! » hurla Trelawney en brandissant sa baguette.

Cette position menaçante, ce regard de folie posé sur elle…Son sang se glaça face à la menace, exactement la même que ce jour-là. Elle se leva maladroitement de sa chaise, ses jambes reculèrent de manière saccadée. La vue de la baguette pointée sur elle défigura ses traits. La peur l'habitat, la dévorant.

Ophélia s'attendait déjà à recevoir un sort. Ses genoux s'affaissèrent sous le poids de son effroi. Tétanisée, elle ne pouvait pas s'enfuir. En entendant l'incantation, elle ferma les yeux, ne voulant pas voir sa vie prendre fin.

Rien n'arriva. Aucune douleur ne survint. Quelqu'un se tenait devant-elle en guise de protection. Les longs cheveux blancs attachés en catogan et la robe colorée lui suffirent pour identifier son protecteur.

« Sibylle, j'aimerais que nous ayons une discussion dans mon bureau. Immédiatement. » exigea le directeur fermement.

Sibylle Trelawney pâlit devant son directeur, son visage perdant le ton rougeoyant de la colère. Elle chercha autour d'elle un quelconque soutien chez ses collègues. Ils évitèrent habilement de croiser son regard. La honte gagnait les professeurs, ils étaient déçus de son comportement.

Désorientée, elle quitta la Grande-Salle, accompagnée par Dumbledore tenant la baguette de la sorcière dans sa main. Un silence pesant tomba sur la salle. Ophélia, toujours au sol, se permit de respirer. Deux personnes se précipitèrent vers elle, les bras tendus pour la relever. Hagrid et Pomfresh se stoppèrent dans leur geste, Ophélia venait de reculer vivement contre le mur, la peur ne l'avait toujours pas quitté.

« Ne me touchez pas ! » leur ordonna-t-elle.

Sa terreur se transformait en rage. Elle sentait son sang pulser férocement contre ses tempes. La menace ne pouvait être partie, elle sera à jamais là, cachée dans l'ombre de ceux qui l'entourent.

Elle s'aida du mur pour se remettre sur ses pieds, gardant péniblement le reste de dignité qui lui restait. Personne n'osa se proposer pour la raccompagner.

Ophélia aurait pu tuer d'un simple coup d'œil. Le peu de confiance qu'elle avait pu accorder aux sorciers venait de s'effriter. Les sorciers étaient dangereux. Ils le sont. Les sorciers lui avaient volé tout ce qu'elle aimait. Voleurs, voleurs, voleurs !

Sans même se retourner, elle s'en alla à son tour, s'enfuyant, le cœur grondant de haine. Elle ne comptait pas leur laisser une nouvelle occasion d'utiliser leurs pouvoirs contre elle. L'expédition du château s'était retranchée au plus loin de son esprit. La seule chose qui importait à cet instant était de s'éloigner de ces démons.

« Pitoyable. » lâcha Rogue dans un rictus.

« Surveillez votre langue, Severus. » prévint Minerva d'une voix sèche.

« Vous avez tous vu comme moi. Elle est terrorisée face à la magie. Soyez honnête, elle ne deviendra jamais une sorcière mais seulement un poids pour nous tous. » répliqua-t-il en sortant par la sortie des professeurs.

McGonagall ne prit pas la peine de le retenir pour lui dire à quel point il pouvait être imbuvable comme la pisse de troll. Elle souffla un bon coup sa frustration pour détendre ses nerfs. Elle savait que Sibylle était contre le fait de garder Ophélia au château depuis sa fameuse vision, mais jamais elle n'aurait pu deviner qu'elle serait capable de l'attaquer.

« Ne devrions-nous pas nous assurer qu'elle est bien retournée jusqu'à sa chambre ? » demanda timidement Flitwick.

« Elle avait l'air si apeurée. » rajouta Pomona.

« Laissons-lui du temps. » suggéra la directrice des rouge et or. « Il serait préférable qu'elle ne croise aucun de nous pour l'instant. »

Minerva repensa au visage d'Ophélia quand Trelawney avait levé sa baguette. Avant même d'avoir essayé, elle avait déjà abandonné à se défendre, comme prisonnière de l'inévitable.