A l'attention d'Althyrios:
Tu te plains que mon histoire ne se déroule pas dans le monde de Harry Potter. Laisse-moi t'assurer que c'est bien le cas, c'est seulement que j'utilise des éléments très différents du canon pour éviter de plagier trop. Si tu n'es pas convaincu, je te donne encore deux mots: slow burn.
Tu te plains également que je ne donne jamais de signe de vie à mes lecteurs. Si tu jettes un coup d'œil dans les commentaires, tu constateras qu'à deux exceptions, personne ne laisse de commentaire, ou alors c'est seulement pour dire que "j'adore ton histoire, continue". Dans ces circonstances-là, j'emploie des PM, qui ne sont pas garantis d'arriver à destination vu que cette fonction de mon profil n'arrête pas de buguer.
Et maintenant que nous en avons fini avec les plaintes, je vous souhaite de trouver ce nouveau chapitre à votre goût.
28 juin 2025
Dès que le monde eût cessé de tournoyer follement, Cassandra se laissa tomber à terre, secouée de haut-le-corps si violents qu'elle paraissait au bord de la crise d'épilepsie.
« Je suis tellement navrée » s'excusa profusément Oikawa en lui passant des mouchoirs en papier, « les Portoloins ont fréquemment ce genre d'effets, c'est pourquoi nous préférons recourir à des méthodes alternatives si possible... »
« On vous comprend » grimaça Tadashi, les mains crispées sur son propre ventre, comme s'il espérait maintenir en place son estomac et ne pas lui permettre de s'enfuir en remontant le long de sa gorge.
Pour sa part, Hiro ne manifestait aucun signe d'inconfort – ce qui était d'une injustice parfaitement criante – et s'occupait actuellement à béer devant le panorama s'offrant à la vue des visiteurs.
« … Trop cool » souffla-t-il.
Des tréfonds de son malaise physique, Tadashi pouvait reconnaître que le spectacle était bel et bien plus que cool. La chargée des admissions devait compter là-dessus quand elle leur avait suggéré de visiter les lieux scolaires pour se faire une meilleure idée de l'avenir potentiel de Hiro, et elle arborait un petit sourire satisfait devant leurs expressions étourdies.
Ils se trouvaient actuellement sur l'île de Minami Iwo Jima, toute entière consacrée à l'établissement scolaire magique japonais. Leur point d'atterrissage se situait tout juste à la lisière du parc, et leur offrait une vue imprenable sur le bâtiment de Mahoutokoro.
L'immense pagode se tintait de reflets dorés sous le soleil radieux, mais ce n'était pas cela le plus imposant. Non, c'était le murmure, la tiédeur, la clarté qui effleurait à cet instant même la psyché de Tadashi, doucement, si doucement, à peine visible mais caressante comme un duvet d'oiseau.
Enfant de la magie, soufflait la présence, enfant du temple et du renard, fils de deux mondes. Bienvenue à toi. Bienvenue à toi. Bienvenue à toi.
« Bienvenue » annonça la femme des neiges, « à Mahoutokoro. »
Le potentiel futur professeur principal de Hiro se présenta avec près d'un quart d'heure de retard, les lunettes de travers et ses cheveux châtains réclamant désespérément un peigne.
« Vous êtes les Hamada ? Je suis sincèrement navré » s'excusa-t-il alors qu'il ajustait ses binocles, « j'ai eu des démêlés avec la situation d'un autre élève et ça m'a pris plus de temps que prévu... »
« Encore les vampires roumains ? » demanda Oikawa d'un ton vaguement excédé, auquel son collègue répondit par une grimace.
« Excusez-moi » intervint Cass qui ouvrait des yeux ronds, « vous avez dit des vampires ? »
« Le clan Basarab de Poenari, plus précisément » indiqua le professeur binoclard. « Des gens affreusement traditionalistes, ils ont très mal pris la fugue en Amérique de leur héritière, et depuis qu'elle a inscrit son fils chez nous, ils ne cessent de nous harceler, pour que nous cessions de laver le cerveau à leur futur voïvode. Enfin, qu'y voulez-vous ? »
« Je vais avoir cours avec un vampire ? » lâcha Hiro, qui semblait plus impressionné qu'intimidé par la chose.
« Oh, tu auras cours avec toutes sortes de gens. Au fait, je ne me suis pas présenté, n'est-ce pas ? Je suis Nura Rikuo » dit l'homme aux lunettes. « Et tout comme toi et ton frère, je suis en partie yôkai. »
Tadashi lui adressa un regard pénétrant.
« Vraiment ? »
« C'est beaucoup moins rare que vous le pensez » affirma le professeur. « Un mariage avec un yôkai apporte très souvent des côtés positifs pour la famille humaine – une fille de ma classe descendait d'un serpent blanc, qui a rendu sa famille extrêmement riche, par exemple... »
« Et parfois, c'est une obligation » soupira Oikawa. « Il n'existe pas et n'a jamais existé de yuki-onna mâle, si bien qu'il nous faut épouser des humains. Forcément, quand nos fils partent dans le monde ordinaire, ça aide au brassage. »
« Cependant, la mixité peut avoir des résultats surprenants » nuança Nura. « Long-san, même si vous refusez d'inscrire votre neveu chez nous, il nous faut insister pour que Hiro-kun et Tadashi-kun passent un examen médical approfondi. »
Les tripes de Cass se glacèrent aussitôt.
« Est-ce vraiment nécessaire ? Je peux vous apporter leurs carnets de santé... »
« Mais certainement, si le pédiatre a été formé à identifier la morphologie et les risques de santé que présente une progéniture partiellement inhumaine » glissa la femme des neiges d'un ton neutre, et Cass se ratatina légèrement.
« Quel genre de risque ? » interrogea Tadashi, un rien pâlot.
« Oh, ça dépend du yôkai » avoua Nura. « Votre mère était bien un renard ? En ce cas, il faut surtout chercher des troubles alimentaires, une tendance à l'hyperactivité et dans le pire des cas, ambiguïté sexuelle. »
« C'est quoi, l'ambigu-té du sexe ? » voulut savoir Hiro, le front plissé.
« C'est quand on a du mal à savoir si tu es un garçon ou une fille » expliqua posément Oikawa.
« Ah. Mais je suis un garçon, moi » affirma le petit non sans une pointe de virulence.
« Je sais » fit la yuki-onna. « Ceci dit, il y a une forte chance pour qu'en grandissant, tu sois assez petit, pas très musclé et que tu ne puisses pas avoir de barbe. Dis-moi, est-ce que ton frère se rase ? »
« Non » confessa presque honteusement l'aîné des garçons.
« Dans ce cas, je ne nourrirais pas grand espoir à ta place. Enfin, vois le bon côté des choses, tu n'auras pas à te ruiner en mousse ni en rasoir » commenta Nura avec un sourire en coin.
« Très bien, je vois le genre » se rendit Cass, occupée à se masser le front d'une main, l'autre tripotant la fermeture de son sac à main dans lequel reposait une boîte de Tics-Tacs citron et cerise. « On peut prendre un rendez-vous ? »
Le professeur à lunettes eut un sourire encourageant.
« Ne vous inquiétez pas, j'ai prévu l'infirmerie dans la visite de l'école. Notre infirmière se tient à votre disposition. »
Mahoutokoro, décida Hiro, c'était exactement comme les cookies quand ceux-ci étaient quasi prêts à sortir du four. Parce que vous aviez déjà le bedon qui gargouille, vous étiez prêt à manger, mais le bip n'avait pas encore retenti…
Et l'école, c'était ça, exactement ça, une sensation qui flottait tout autour de lui, qui le touchait presque, mais même en tendant le bras, le bout de ses doigts ne l'atteignait pas. C'était à tourner zinzin, parce qu'il voulait toucher !
Ça le distrayait presque de ce que racontait monsieur Lunettes – pardon, Nura-sensei, parce que c'était Important d'utiliser les Termes Corrects. La magie, c'était comme la mécanique, on ne pouvait pas faire n'importe quoi avec. Il y avait des règles.
Hiro pouvait suivre les règles, du moment qu'on les lui expliquait, et aussi tant qu'elles ne l'ennuyaient pas. Mais il ne pensait pas que ce serait le cas ici, parce que c'était une école de magie. Comment la magie aurait-elle pu être ennuyeuse ?
D'accord, il y avait l'aspect école. Mais ce serait pas juste des trucs nuls comme l'histoire ou la littérature, il y aurait de la chimie et apprendre à fabriquer des bonhommes en papier vivants et comment se changer complètement la figure –
Hiro était si excité qu'il avait un peu peur de mouiller son slip. Alors à la place, il tournait et retournait la grosse perle de son bracelet.
En fait, c'était pas vraiment son bracelet, puisqu'il venait de Maman. D'ailleurs, il sentait comme elle, aussi, une odeur madeleine toute en vanille et fleur d'oranger, moelleuse et dorée.
Il pouvait pas se rappeler comment c'était quand Maman lui faisait des câlins, mais son parfum, c'était presque aussi bon.
