Bonjour !

On se retrouve en ce mercredi ensoleillé (en tout cas, chez moi) pour le sixième chapitre de cette histoire. J'en profite pour vous glisser un énorme remerciement pour toutes vos reviews et mises en suivi, ça fait fondre d'amour mon petit cœur de Poufsouffle.

Alors, dans ce chapitre, au menu : une conversation au petit-déjeuner, des petites révélations, des retrouvailles et une soirée qui aurait pu mieux se terminer...

Bonne lecture !


Réponses aux reviews anonymes :

Guest : Merci beaucoup, je suis ravie que tu aies aimé !
Guest : Eh oui, tout le monde a des blessures plus ou moins enfouies et chacun trouve sa manière de les panser. Drago ne rivalise pas face à Viktor, voyons... ahah Merci pour ta review !


Drago jeta un énième coup d'œil à sa montre et soupira.

Aleksandar avait déjà huit minutes de retard. S'il n'arrivait pas dans les deux prochaines minutes, Drago serait obligé d'aller dans le dortoir des Soldats pour le sortir du lit.

S'il y avait bien quelque chose qu'il détestait, c'était le manque de ponctualité. Les élèves de Durmstrang étaient tenus à une exactitude irréprochable au risque de se soumettre à des sanctions. Ce n'était pas la partie préférée de son travail, mais Drago était intransigeant quant à la discipline.

Lorsqu'il était lui-même élève ici, même si cela n'avait été qu'une année, il n'avait eu aucun manquement au règlement. Toujours à l'heure, des devoirs faits, aucun manque de respect. Dès le début, il s'était plié à la rigueur imposée par sa nouvelle école et il mettait un point d'honneur à transmettre ces mêmes valeurs maintenant qu'il y travaillait.

Yaromir Ardankine, le professeur de Magie offensive et défensive, soupira à son tour.

- Neuf minutes de retard, constata-t-il. Je suis à deux doigts de demander à la Coupe de Feu de nous choisir un nouveau champion.

- Karzoff est notre seul espoir de gagner, tu le sais aussi bien que moi.

Yaromir haussa les épaules.

- Je n'aime pas les gens en retard. Surtout quand la demande de rendez-vous vient de lui !

- Je sais. Il…

Drago fut interrompu par des pas précipités dans le couloir et vit Aleksandar courir tout en enfilant son pull d'entraînement. Il glissa sur les pavés une fois à leur hauteur et se retint de justesse au mur pour ne pas tomber.

- Pardon, professeurs !

- Quelle est votre excuse, Karzoff ? grinça Drago. Le réveil n'a pas sonné ? Vous avez glissé sous la douche ? Vous ne trouviez plus vos chaussettes ?

- J'ai oublié de changer l'heure de mon réveil, professeur.

- Vous avez de la chance que ce soit votre premier manquement au règlement, Karzoff, le prévint Yaromir en le pointant du doigt, sinon nous ne vous aurions pas loupé. J'espère que vous êtes en forme, je ne tolérerai pas la moindre perte d'énergie, c'est clair ?

- Très clair, professeur.

- Bien. Allons-y.

La seule règle qui leur était imposée était de ne pas divulguer le concept de la première tâche à leur champion. Cela impliquait donc de ne pas les aiguiller sur leurs entraînements, mais il ne leur était pas interdit de les aider s'ils en faisaient la demande.

Alors, lorsque Karzoff était venu trouver ses professeurs, deux jours plus tôt, pour leur demander de l'aide sur ses techniques de combat, Drago n'avait pas refusé. Yaromir s'était proposé de l'aider et Drago avait tenu à être présent.

Ils marchèrent dans le silence et le froid du matin en direction de la grande estrade en extérieur. Celle-ci servait de piste d'entraînement pour les cours de Magie offensive et défensive qui se déroulaient parfois dehors.

- Que vouliez-vous travailler précisément, Karzoff ? demanda Yaromir en montant sur l'estrade.

- Les esquives en combat, répondit-il. Je manque de réactivité et ça me joue souvent des tours.

- D'accord. Laissez-moi juste une minute.

Le professeur sortit sa baguette et lança quelques sorts pour préparer l'espace de combat, notamment des sortilèges de coussinage sur l'estrade et autour, pour éviter les dégâts lors d'éventuelles chutes.

Drago resta en retrait dans un coin de l'estrade pour observer ce qui allait se passer.

- Conditions de duel, indiqua Yaromir. Je vais analyser votre manière de combattre pour voir quelles sont vos faiblesses.

Il ôta sa cape et, après un regard entendu avec son élève, ils se mirent en position, baguettes tendues.

Drago commença le décompte et à trois, Karzoff attaqua le premier avec un Stupefix certes maîtrisé, mais peu efficace. Yaromir le contra avec un Protego avant de relancer avec un puissant sortilège de lévitation qui surprit son élève. Ce dernier, la tête en bas et les pieds en l'air, se débattit comme un beau diable sans parvenir à se défaire du sort. Il atterrit lamentablement sur les fesses lorsque Yaromir défit le lien.

- Qu'est-ce qui n'allait pas, à votre avis, Karzoff ?

Ce dernier se releva péniblement, massant le bas de ses reins en grimaçant.

- Mon Stupefix était mauvais ? supposa-t-il.

- Non, il était plutôt bien lancé, mais ce n'était pas suffisant. Vous êtes un Soldat de niveau sept, Karzoff, nous attendons mieux de votre part qu'un simple Stupefix !

- Permets-moi de te couper, Yaromir, intervint Drago, mais un Stupefix peut être redoutable, à condition qu'il ne soit pas utilisé seul. Lancez-en plusieurs d'affilée, combinez-le à un autre sort, mais ne l'isolez pas. Regardez.

Drago retroussa les manches de sa chemise au niveau de ses coudes et monta sur l'estrade. Il invoqua un mannequin en bois qu'il anima pour donner l'illusion d'un vrai combat. Alors que le mannequin s'avançait vers lui, Drago enchaîna plusieurs sorts : un Impedimenta et l'adversaire de bois ralentit sa course, un Stupefix et il était assommé, un deuxième et il tomba à la renverse, puis un Incarcerem et les cordes qui jaillirent de la baguette de Drago le maintinrent prisonnier.

- OK ! lança Aleksandar, admiratif. Mais plusieurs sortilèges de stupéfixion d'affilée peuvent être dangereux, non ?

- Sur les humains, oui.

D'un sourire narquois, Drago lui fit comprendre que la nuance était importante et Aleksandar sembla avoir compris.

Drago descendit de l'estrade pour le laisser avec son professeur et décida de quitter les lieux une vingtaine de minutes plus tard. Leur champion était entre de bonnes mains, il pouvait rentrer l'esprit serein.

Les lourdes portes du château se refermèrent derrière lui et Drago consulta sa montre. Sept heures, soit l'heure idéale pour aller prendre son petit-déjeuner dans le calme de la salle de réception. Le week-end, la plage horaire pour le petit-déjeuner était étendue et les élèves en profitaient pour venir manger un peu plus tard.

Lorsqu'il entra dans la salle, Drago salua les quelques élèves et professeurs matinaux qui étaient déjà présents. Granger était dans le lot, à la place qu'elle avait décrété comme étant la sienne depuis son arrivée. Elle buvait son thé, les yeux rivés sur un gros livre qui flottait à hauteur de son visage.

Prise dans sa lecture, comme toujours, elle ne l'entendit pas arriver. Drago se posta alors juste devant elle, les mains jointes dans le dos, et toussota pour attirer son attention. Granger sursauta et perdit sa concentration. Son livre retomba dans son assiette, heureusement vide, et Drago sourit avec l'air de celui qui était très fier de sa blague.

- Bonjour, Granger. Tu es tombée du lit ?

- Je pourrais te demander la même chose, lui répondit-elle.

- Je suis un lève-tôt. J'avais rendez-vous avec Aleksandar et Yaromir à six heures pour un entraînement.

- Un entraînement ? releva-t-elle en fronçant ses sourcils.

- Tu as bien compris. Je peux m'asseoir ?

Il pointa du doigt la chaise habituellement occupée par Weasley et Granger accepta d'un hochement de tête vague. Drago s'installa avant qu'elle ne change d'avis et versa de l'eau chaude dans une tasse où se trouvait déjà un sachet de thé.

Il sentait Granger ruminer en silence. Sa main était serrée autour de sa cuillère et Drago savait très bien que cela la démangeait de lui poser des questions. L'avait-il fait exprès ? Peut-être. Faire tourner cette femme en bourrique était trop facile.

- Je peux savoir pourquoi vous entraîniez votre champion à six heures du matin ?

Satisfait, Drago sourit.

- Parce qu'après, le parc du château est bondé d'élèves qui profitent de leur week-end et ce n'est pas pratique.

- Je ne te demande pas pourquoi vous y étiez à cette heure-ci, mais pourquoi vous l'entraîniez ? Les champions ne doivent pas connaître la teneur de leur tâche avant le jour J !

- Aleksandar est venu trouver chacun de ses professeurs afin de leur demander un perfectionnement. Il veut avoir toutes les cartes en main pour être prêt dans n'importe quelle situation. C'est un combat ? Il s'est entraîné avec Yaromir. Cela demande des connaissances sur les créatures magiques ? Il a étudié avec Aleksei. Les potions ? Il a passé des heures avec Dimitri et Divna.

Granger claqua sa langue contre son palais, agacée.

- Granger, me penses-tu assez stupide pour enfreindre le règlement ? Il est clair que je veux gagner, donc je ne vais pas m'auto-saboter. Peux-tu me donner l'ayran, s'il te plait ?

Les yeux de sa voisine se promenèrent partout sur la table sans se fixer quelque part. Drago pointa du doigt une carafe en verre remplie d'un liquide blanc semblable à du lait et Granger le lui passa.

- Tu peux très bien entraîner Izia si elle en fait la demande, ajouta-t-il après s'être servi.

- Izia est débrouillarde, répliqua Granger. Elle est suffisamment maligne et douée pour ne pas avoir besoin d'assistance ou de travaux supplémentaires.

Drago accueillit la répartie avec le sourire. C'était mérité.

- J'ai été étonné de voir l'écusson de Poufsouffle sur sa robe, d'ailleurs. Je ne la connais pas, c'est vrai, mais le jour de la sélection, elle m'a donné l'impression d'une Serpentard.

- Ce que tu peux être cliché !

- Ce système de répartition est cliché, que tu le veuilles ou non.

- J'admets que tu as raison.

- Waouh, sabrons le champagne pour l'occasion, se moqua Drago.

Granger eut un petit rire dont il fut fier.

- Blague à part, reprit-il, ça fait quelques semaines que vous êtes là maintenant, tout se passe bien ?

Granger l'observa de côté, suspicieuse.

Sa méfiance était légitime. Jusqu'à maintenant, ils n'avaient pas eu de réelle conversation. Cela avait failli être le cas, l'autre soir, lorsqu'elle l'avait aidé à nourrir les chevaux de Beauxbâtons, mais ils avaient été interrompus par des élèves de Poudlard qui avaient pensé que le couvre-feu ici était comme celui de leur école : facilement contournable.

Drago essayait comme il le pouvait de lui prouver qu'il avait changé. Agir de manière civilisée avec elle était un bon début. Il n'avait plus de rancune envers elle, même s'il se doutait que c'était loin d'être le cas de Granger, donc il n'avait aucune raison de la mépriser. La rendre chèvre et la taquiner, oui, en revanche.

De plus, même s'il ignorait pourquoi, Pansy semblait vouloir mettre un point d'honneur en ce moment à prouver que les Gryffondor pouvaient être intéressants.

- Plutôt bien, oui, finit par répondre Granger en ramassant son livre tombé un peu plus tôt et en nettoyant le bazar que cela avait mis autour de son assiette. On a tous mis quelques jours pour trouver nos marques, mais maintenant ça va, même si mes élèves semblent avoir un peu de mal avec votre… comment dire ça sans te vexer… rigidité.

- Ça leur fera du bien d'être loin des frivolités de Poudlard.

- Des frivolités, répéta Granger avec un ton moqueur.

- Exactement. Avec cette rigidité, comme tu dis, aucun risque de se retrouver avec un professeur qui a menti sur l'entièreté de son curriculum vitæ ou un autre qui lit l'avenir dans le marc de café.

Granger dodelina de la tête.

- Ça se discute.

- Et je serais ravi que nous le fassions dans le calme de mon bureau ou de mes appartements.

Granger tourna la tête si brusquement vers lui qu'il aurait pu jurer avoir entendu ses os craquer. Ce ne fut qu'à l'écarquillement de ses yeux qu'il comprit que sa proposition pouvait être tendancieuse. Ce qui n'était pas le but, mais qui l'amusa beaucoup.

- Ne vois pas là autre chose qu'une invitation à discuter des différences de nos deux écoles autour d'un thé, se justifia Drago.

- Tu peux comprendre ma surprise, non ?

- Je peux, oui, mais tu m'as demandé de te prouver que j'avais changé et je m'y emploie. Je peux t'expliquer pourquoi l'éducation est ce qu'elle est à Durmstrang, ce que j'aime ici, ce que j'ai déjà amélioré et ce que j'ai comme projets pour l'avenir. Je suis sûr que, toi aussi, tu as des idées pour faire évoluer Poudlard. Quoi que tu en dises, je pense te connaître assez pour savoir que tout ne te convient pas là-bas.

Un silence de quelques secondes s'installa entre eux durant lequel Drago but une gorgée d'ayran. Cette pause sembla suffisante à Granger qui retrouva contenance et hocha la tête avec un sourire que Drago devina sincère.

- Alors c'est d'accord pour le thé.

- Bien.

Elle se concentra sur son petit-déjeuner et Drago fit de même.

.

- Je ne suis pas certain d'avoir tout compris. Répète.

Assis sur le canapé de Pansy, son verre de Negroni dans la main gauche, Drago regarda sa meilleure amie s'installer à côté de lui. Elle soupira lourdement, comme si cela lui coûtait de se répéter, mais obtempéra.

- J'ai bu un verre avec Weasley. Je ne vois pas ce qu'il y a de difficile à comprendre !

- Euh… Tout ?

- Tu exagères, râla-t-elle.

- Qui a invité l'autre ? Est-ce qu'il est aussi lourdingue qu'il le laisse paraître ?

- Il n'est pas lourdingue, le corrigea Pansy. Je peux comprendre que son humour ne touche pas tout le monde, mais moi je le trouve drôle. J'ai passé une très bonne soirée avec lui.

- Ce qui ne répond pas à la première question.

À sa manière d'éviter son regard, Drago comprit tout de suite. Elle n'avait pas besoin d'en dire plus. Si c'était lui qui l'avait invitée, elle le lui aurait dit.

- C'est toi, affirma-t-il sans douter. C'est toi qui l'as invité à sortir. Par Salazar, je comprends mieux pourquoi tu t'acharnes à me dire qu'il faut être tolérants et ouverts d'esprit ! Tu as craqué sur George Weasley !

- Tout de suite les grands mots. Non, je n'ai pas craqué sur lui, comme tu dis, c'est juste qu'il est… surprenant. Je n'avais pas d'attentes à propos de cette sortie, mais j'ai passé un très bon moment. Il est vraiment drôle et je pense qu'on a plus de points communs qu'il n'y paraît.

- Je t'avoue que j'ai du mal à vous imaginer ensemble.

- Eh bien ne le fais pas. Je ne sais pas si on va se revoir, mais je l'ai trouvé étonnant. Et c'est un vrai charmeur.

Drago haussa un sourcil. George Weasley, charmeur ? Ce n'était pas le premier qualificatif qui lui venait à l'esprit lorsqu'il pensait à lui, mais Pansy semblait sûre d'elle.

- Tu t'es laissée draguer ? demanda-t-il.

- Pourquoi pas ? J'ai trente-quatre ans, je suis célibataire et je ne dis jamais non à une bonne partie de jambes en l'air.

- Tu ne sais pas si elle sera bonne. Peut-être que Weasley est un amant naze.

- Rien ne sera jamais pire que la fois où j'ai couché avec ton professeur de perfectionnement au vol, là. Comment il s'appelle, déjà ? Sven ? Nolen ?

- Nayden, corrigea Drago en ricanant.

- Nayden, voilà. Monsieur a joui en missionnaire et il s'est endormi dans la seconde. J'étais tellement frustrée que j'ai dû me satisfaire moi-même alors qu'il me ronflait dans l'oreille.

Drago s'en souvenait très bien. Lorsqu'ils s'étaient vus le lendemain, Pansy lui avait jeté des racines d'asphodèles au visage avec une telle férocité qu'il pouvait encore en sentir les griffures sur ses joues. Ce jour-là, il lui avait promis de ne plus jamais lui présenter un homme.

- Enfin bref, reprit-elle, je pense que je vais entrer dans son jeu. J'ai été prise de court, l'autre soir, mais maintenant que j'ai compris, je vais m'amuser.

- Tu as bien raison. À la tienne.

Drago tendit son verre vers elle et Pansy le fit tinter contre le sien.

Drago aimait tellement Pansy qu'il voulait simplement son bonheur. Et si celui-ci passait par un cinq à sept avec George Weasley dans l'arrière-boutique, qui était-il pour s'y opposer ?


Contrairement à ses collègues de voyage, George se remit rapidement du Portoloin qu'il venait de prendre. Alors qu'ils étaient tous en train de chasser leur nausée, lui se rendit sur l'aire de transplanage afin de se rendre directement à Loutry Ste Chaspoule.

C'était la première fois qu'il revenait en Angleterre depuis son départ. Le manque de ses enfants se faisait beaucoup trop ressentir et il avait besoin de passer du temps avec eux. Fred et Roxanne étaient intelligents, mais même s'ils comprenaient les raisons de l'absence de leur père, eux aussi avaient besoin de le retrouver.

Lorsqu'il poussa le portillon de bois qui marquait son entrée dans le jardin du Terrier, George soupira d'aise. Cette sensation d'être à la maison était tellement agréable.

Il avait si hâte de retrouver ses petits monstres qu'il courut jusqu'à la porte d'entrée qu'il ouvrit sans signaler sa présence.

- Papaaaaa !

George eut à peine le temps de s'accroupir que son fils se jetait déjà dans ses bras avec force. Il le serra aussitôt contre son cœur et s'enivra de son odeur sucrée qu'il aimait tant.

- Tu m'as manqué, mon petit cœur d'amour.

- Toi aussi, p'pa ! Tu restes longtemps, hein ?

- Je suis là tout le week-end, lui répondit-il sans défaire leur étreinte.

- OK, accepta Fred d'une petite voix d'où perçait une pointe de déception.

- Où est ta sœur ?

- Elle dort encore. Moi je me suis réveillé tôt parce que j'avais hâte de te voir.

- Qu'est-ce que je t'aime, toi !

George s'éloigna à peine, juste assez pour prendre le visage de son fils entre ses mains et de l'embrasser sur le front.

- Bonjour, mon grand, entendit-il dans son dos.

George se tourna et fit face à sa mère qui sortait de la cuisine. Il se redressa, Fred accroché à sa jambe, et l'embrassa sur la joue.

- Bonjour, maman. Comment tu vas ? Ils ne vous ont pas encore rendus chèvre ?

- Ils ne sont là que depuis hier soir, donc ça va, on s'en sort, pouffa-t-elle. Même s'ils nous prennent beaucoup d'énergie, tu sais que c'est toujours un bonheur de les avoir au Terrier. Et c'est aussi un bonheur de t'avoir avec nous !

Pouvoir compter sur sa famille était un luxe dont George était très fier. Si la perte de Fred les avait dévastés, elle avait aussi eu le mérite de les rapprocher encore plus. Il ne se passait plus une semaine sans qu'ils aient des nouvelles les uns des autres. Même Charlie, qui vivait toujours en Roumanie, faisait des efforts considérables pour entretenir ce lien.

Fred repartit jouer alors que George grimpait les escaliers de bois pour se rendre dans la chambre occupée par sa fille. Il ouvrit la porte avec précaution, fit attention à ne pas la réveiller avec le grincement de celle-ci, et une bouffée d'amour l'envahit en la voyant enroulée dans sa couette.

Ses boucles brunes s'étalaient sur l'oreiller, ses joues étaient toutes rouges et même la bave séchée au coin de sa bouche n'entachait pas cet adorable spectacle.

Il aurait pu rester là des heures à la regarder dormir.

Malgré tout, il s'assit délicatement au bord du lit et laissa glisser une phalange sur la joue rebondie de Roxanne. Il fallut quelques dizaines de caresses pour qu'elle papillonne des yeux et croise son regard.

- Papou ? l'appela-t-elle d'une voix endormie.

- Bonjour, princesse. Je peux m'allonger à côté de toi ?

Roxanne hocha la tête avant de se décaler vers le mur. George ôta ses chaussures et s'installa à ses côtés. Câline, sa fille ne perdit pas une seconde avant de se blottir au creux de ses bras. Comme il l'avait fait avec Fred, George huma son odeur réconfortante avant de caresser lentement ses cheveux, comme elle adorait qu'il le fasse.

C'est en ouvrant les yeux avec un petit mouvement de sursaut que George comprit qu'il s'était assoupi. Roxanne, elle, semblait éveillée depuis plus longtemps puisqu'elle le regardait, silencieuse et souriante.

- Tu dormais bien, papou. Même que tu ronflais comme papy, rigola-t-elle.

- C'est vrai ?

- Oui ! Tu avais la bouche ouverte comme ça !

Roxanne se redressa et ouvrit sa bouche pour illustrer ses propos. Elle simula un ronflement qui ressemblait plutôt à un bruit de moteur et George ne put que rire.

- Tu es prête à descendre prendre ton petit-déjeuner ? lui demanda-t-il. Je crois que Fred t'a attendue.

- OK ! Mais tu me portes sur ton dos, alors, imposa-t-elle comme condition.

- Vos désirs sont des ordres, princesse Roxanne.

George remit ses chaussures et laissa sa fille grimper sur son dos. Elle accrocha ses jambes à sa taille, ses bras à son cou, et ils purent rejoindre le reste de la famille au rez-de-chaussée pour manger.

- Salut, Roxie, lança Fred, tout sourire, et sa sœur lui dit bonjour de la main. Papa, j'peux te raconter un truc ? Hier, pendant le temps calme, j'ai lu un livre qui s'appelle Mathilde et le fantôme, et dedans, elle dit "Saperlocripette" quand elle est énervée.

Fred pouffa, visiblement très amusé par ce nouveau mot.

- Saperlocripette ! s'écria-t-il en sautillant jusqu'au salon. Papy ! Saperlocripette !

- Saperlicropette ! répéta Arthur, son regard malicieux et attendrissant au-dessus de la Gazette du Sorcier du jour.

- Nooon, papy, c'est Saperlocripette, le corrigea Fred.

- Toutes mes excuses, très cher.

- Bah oui, faut le dire correctement, sinon c'est moins drôle.

George déposa Roxanne sur une chaise et lui servit un bol de Pixie Puffs ainsi qu'un verre de jus de citrouille. Il en remplit un deuxième pour lui et s'installa à table.

Sa tête reposant dans sa main, il observait la scène d'un œil amusé. Roxanne, le doigt collé contre le paquet de céréales, essayait de résoudre le labyrinthe, sans prêter attention à son frère qui scandait désormais "Saperlipoluche" à qui voulait bien l'entendre. Visiblement, ce nouveau mot venu tout droit de Mathilde et de son fantôme le faisait encore plus rire que le premier.

Son cœur se serra dans sa poitrine lorsqu'il pensa que ce petit moment de bonheur ne durerait que deux jours. Cette expérience à Durmstrang était très enrichissante, d'un point de vue personnel et professionnel, mais il ne s'était pas attendu à souffrir autant du manque de ses enfants.

La séparation avec eux était déjà compliquée en temps normal, lorsqu'il les laissait une semaine à leur mère, alors là… Il devait prendre sur lui. Heureusement que le temps passait vite lorsqu'il était en Bulgarie. Il était suffisamment occupé pour ne pas avoir trop le temps de ruminer.

Il comptait bien profiter au maximum de ces deux jours pour recharger ses batteries et faire le plein de souvenirs heureux pour les garder en tête jusqu'à sa prochaine visite en Angleterre. En attendant, George dut sortir de ses pensées pour aider Roxanne qui venait de renverser son bol de lait sur son pyjama préféré.

.

George termina sa pinte avec une grimace. La bière bulgare était tout simplement immonde, mais le Fruit Défendu ne servait que celle-ci. Il avait bien essayé de négocier quelque chose d'autre auprès d'Ashanti, mais la barmaid lui avait répondu que s'il voulait de la bière, il devait forcément consommer local.

George avait trouvé ça absurde dans la mesure où, tout le reste, n'était pas local, mais il avait abdiqué.

Il venait tout juste de rentrer de son week-end au Terrier et il avait le vague à l'âme. Roxanne avait pleuré toutes les larmes de son corps au moment de son départ. Accrochée à son cou comme un Botruc à sa branche, elle ne l'avait lâché qu'au bout d'une demi-heure, épuisée par ses pleurs. Fred, lui, avait fait semblant d'être fort, pour sa sœur. Cependant, George avait bien vu dans son regard brillant qu'il se retenait de pleurer lui aussi.

Il avait donc quitté le Terrier avec la nausée et le cœur comprimé dans sa poitrine.

- Et alors, joli cœur, qu'est-ce que c'est que cette tête ? lui demanda Ashanti qui revenait derrière le comptoir après avoir servi des clients. Le week-end a été si mauvais ?

George passa outre le surnom. Il savait qu'Ashanti aimait donner des sobriquets du genre à tout le monde, sans arrières pensées.

- Non, justement, il a été génial, répondit George, la tristesse se sentant dans sa voix. J'aurais voulu qu'il ne se termine jamais.

- C'est pas de la bière qu'il te faut à toi.

Ashanti attrapa un verre à shot dans lequel elle versa une bonne dose de cognac de Preslav.

- Tiens. Cul sec !

George ne se fit pas prier. En une seconde, le contenu du verre avait été avalé. Il grimaça lorsque le liquide passa dans sa gorge et laissa le temps à la légère brûlure de s'estomper.

- C'est dégueulasse, ton truc, dit-il en pouffant

- Ouaip, mais au moins, tu rigoles un peu.

Il vit Ashanti prendre un deuxième verre après avoir jeté un œil par-dessus son épaule, vers l'entrée du bar. La petite clochette sonna et les deux shooters étaient déjà remplis du liquide doré.

- Voilà quelqu'un qui pourra peut-être te redonner le sourire, joli cœur.

George n'eut pas le temps de se retourner qu'on prenait place à ses côtés.

- T'as vu ta tronche, Weasley ?

- Bonsoir, Parkinson, je vais bien, merci de demander. Et toi ?

Elle lui offrit un clin d'œil avant de boire une gorgée de cognac sans sourciller.

George était toujours épaté par l'aura que cette femme dégageait. Dès qu'elle entrait dans une pièce, elle en prenait possession et son parfum semblait envoûter tout le monde. Lui le premier, d'ailleurs.

Depuis sa séparation avec Angelina, il n'avait rencontré qu'une femme. C'était une collègue de Bill et leur histoire n'avait pas dépassé le deuxième rendez-vous. Il n'était pas prêt et elle l'avait senti.

Pansy, sans le savoir, était en train de tout remuer sur son passage. George se surprenait à apprécier sa présence, ses taquineries et sa manière d'être avec lui. Il aimait la provoquer et elle semblait réceptive. Pour le moment, il n'avait rien tenté de plus que quelques allusions plus ou moins habiles, mais il comptait bien passer la seconde.

- Tu comptes me dire pourquoi tu tires une tête de Détraqueur ou nous ne sommes toujours pas assez proches ? s'enquit-elle après une nouvelle gorgée de cognac.

George soupira et frotta ses yeux du talon de ses mains. Il n'avait pas vraiment envie de parler de ça. Il n'avait pas envie de la pitié de sa voisine. Il se sentait déjà assez mal, ce n'était pas nécessaire de remuer le couteau dans la plaie.

- Si tu me disais plutôt ce que tu fais ici, à minuit et demi, un dimanche soir ? lui demanda-t-il à son tour.

Pansy le regarda quelques secondes dans les yeux et George usa de toute sa force mentale pour lui faire comprendre qu'elle ne devait pas insister.

- Ashanti sort ses meilleurs spiritueux passé minuit et j'ai eu une dure journée.

- Tu veux en parler ? proposa-t-il.

Pansy balaya l'air d'un geste négligent de la main.

- Un fournisseur qui a fait n'importe quoi et un couple qui a annulé toute leur commande pour leur mariage, de la décoration de table au bouquet de la mariée. Alors, bon, c'est parce que le gars est allé voir ailleurs, donc ils annulent le mariage, mais quand même ! Je me retrouve dans la merde, moi.

- Au moins, ils économiseront un divorce. Crois-moi, ça peut coûter cher.

Le regard interloqué de Pansy se posa sur lui et George eut un tout petit sourire.

- Marié pendant dix ans et divorcé depuis six mois, lui livra-t-il comme explication.

- Désolée, s'excusa-t-elle, je ne voulais pas raviver des mauvais souvenirs.

- Ne t'inquiètes pas, ça va. On a fait ça à l'amiable et on s'entend encore bien. C'est juste qu'il n'y avait plus d'amour et on a préféré se séparer avant de se déchirer.

Et ils avaient fait le bon choix. Il n'y avait aucune animosité entre eux et George ne pourrait jamais haïr Angelina. Elle avait été un tel soutien pour lui durant sa période de deuil que cela serait ingrat de sa part. Elle lui avait offert deux enfants formidables et, pour ça, ils seraient liés à vie.

- C'est une bonne chose.

Pansy n'insista pas et George lui sut gré. Elle termina son verre de cognac avec la même impassibilité, comme si l'alcool était aussi doux que de l'eau dans sa gorge. Il tenta de faire pareil, mais force était de constater qu'il tolérait moins facilement les alcools forts.

- Bon, mes p'tits british préférés, c'est pas que je vous aime pas, bien au contraire, mais je dois fermer, leur lança Ashanti depuis l'autre bout du bar où elle nettoyait les dernières tables.

George regarda autour de lui et constata qu'ils étaient les deux derniers clients. Quand étaient partis tous les autres ?

- On te laisse fermer tranquille, Ash. Merci !

- Pas d'quoi la dame aux fleurs, bonne nuit !

- Au revoir, Ashanti, la salua George avant de descendre de son tabouret et d'enfiler son manteau.

- T'as envie d'aller te coucher, Weasley, ou tu me suis ?

Il arqua un sourcil.

- Tu comptes m'emmener dans une ruelle sombre et me découper en morceaux ? demanda-t-il en sortant du bar.

Dans la pénombre, il la vit lever les yeux au ciel et encaisser un léger frisson.

- J'allais te proposer de venir boire un verre chez moi, j'habite juste là-bas, indiqua-t-elle du doigt. Mais si tu préfères faire des trucs bizarres dans des ruelles sombres, ça ne tient qu'à toi.

Le sous-entendu atteignit George de plein fouet et le sourire en coin de Pansy n'arrangea pas les choses.

- Il commence à faire froid, je préfère te suivre au chaud.

- Tiens donc…

Elle commença à marcher vers son appartement, son petit sourire toujours accroché à ses lèvres, et George resta un peu derrière elle. Il ne savait pas dans quoi il se lançait, mais il n'avait pas du tout envie de retrouver la froideur des couloirs de Durmstrang.

Ils furent rapidement arrivés chez Pansy et George n'eut pas le temps de s'attarder sur la décoration ou d'enlever son manteau qu'il se retrouva adossé contre la porte.

Comme elle était bien plus petite que lui, Pansy avait le nez levé pour pouvoir le regarder et George remarqua pour la première fois qu'un léger halo doré entourait ses pupilles.

- On est d'accord qu'il se passe un truc entre nous, Weasley ?

Pris de court, il ne parvint pas à répondre. Il se fustigea silencieusement de ne pas réussir à s'exprimer. C'était bien la première fois que quelqu'un le rendait muet… Sa mère en aurait été ravie. Alors, pour toute réponse, il hocha la tête.

- Donc là, si j'ai envie de t'embrasser, je peux le faire.

Malgré toute l'assurance dans sa voix, cette affirmation sonnait comme une demande de validation. George avait chaud. Pas étonnant, il n'avait même pas eu le temps d'enlever son manteau ni son écharpe. Cependant, il n'était pas certain que c'était uniquement à cause de ça. Peut-être que le pouce de Pansy qui caressait sa lèvre inférieure n'y était pas étranger non plus.

Mû par une force soudaine, il reprit le dessus et embrassa délicatement le pouce de Pansy pour donner son accord. Il se pencha sur elle, doucement, jusqu'à sentir son souffle chaud et alcoolisé se mélanger au sien. Il frôla sa bouche de la sienne sans pour autant l'embrasser. Il se délecta du soupir plus franc qui passa les lèvres de Pansy. Il esquissa un sourire contre sa bouche et elle fit de même avant de se mordre la lèvre.

Alors qu'il allait mettre plus de cœur à l'ouvrage, leur bulle éclata. La loutre argentée d'Hermione venait d'apparaître et sautillait partout dans l'entrée de l'appartement.

George la maudit. Il serrait si fort ses poings qu'il sentait ses ongles s'enfoncer dans ses paumes.

- Je vais la tuer, marmonna Pansy sans pour autant reculer.

George s'étrangla avec son propre rire quand, une demi-seconde plus tard, la voix bien trop sérieuse de son amie s'échappa de la loutre.

Izia était à l'infirmerie de Durmstrang.


Hum... voilààà ahah.

Alors d'abord, on peut revenir sur le fait que Drago a proposé à Hermione d'aller chez lui ? Pour discuter, certes, mais quand même ! On les connaît, c'est pas rien chez eux, ça. Ça équivaut presque à une demande en mariage chez les gens normaux mdr

Et quant aux deux autres... Je vous prie de m'excuser si vous ressentez une pointe de frustration à la fin de votre lecture (a). Hé ! Faudrait quand même pas que ça avance trop vite. Sinon, les retrouvailles avec Fred et Roxanne étaient choupi, hein ?

J'ai hâte de lire vos reviews.

Du love pour vous, à mercredi !