Une vraie maman

St Paul, le 31 Octobre 1999

Cela faisait sept mois depuis que Buck avait rencontré Marcy et ils s'entendaient déjà si bien tous les deux. Buck l'adorait littéralement et il passait beaucoup de temps autour d'elle. Bobby ne pouvait pas être plus heureux.

Il était conscient de la chance qu'il avait et il se permettait enfin d'espérer.

Ils avaient fêté les sept ans de Buck, trois semaines plus tôt. Buck avait rayonné toute la journée. Marcy lui avait offert le t-shirt officiel des Vikings, marqué du nom du quaterback de l'équipe, Randall Cunningham, l'idole de Buck.

Bobby pour sa part avait déniché des billets pour l'emmener voir un match de la saison et Buck attendait le 8 novembre avec impatience. Marcy avait promis d'essayer de contacter l'un de ses amis d'enfance, qui faisait partit de l'équipe, pour que Buck puisse les rencontrer.

Le match se jouait à Minneapolis, à domicile pour les Vikings, et ça serait la première fois de Buck en dehors de St Paul. Il était très excité par le voyage et ne faisait que d'en parler. Buck avait retrouvé petit à petit son espièglerie d'enfant, quand il cachait son pot pour qu'il ne le retrouve pas.

Il allait mieux.

– Il manque du noir, là ! lâcha Buck en montrant son visage.

Bobby s'exécuta sous le regard amusé de Marcy.

Ils avaient prévu d'accompagner Buck faire la tournée des maisons pour récolter des friandises. C'était la première année que Buck voulait le faire et Bobby avait proposé d'y aller tous les trois, ensemble, comme une famille.

Il entendit le téléphone et donna la palette de maquillage à Marcy pour aller répondre.

– Bobby Nash, j'écoute.

« C'est Ray, lâcha son ami. »

– Hey Ray, quelles nouvelles ?

« Je voulais te parler de quelque chose d'important. Par rapport à Buck. »

Bobby sentit son sourire s'effacer. Il adorait parler avec son ami Ray, il était comme un grand frère mais son ton grave et le fait qu'il mentionne son fils, ne lui plaisait pas du tout.

– Je t'écoute, lâcha-t-il sérieusement.

« Buck m'a dit quelque chose d'étrange et… Bobby que lui as-tu dit à propos de Marcy ? »

– Comment ça ?

« Et bien Buck pense que s'il est gentil, Marcy l'aimera assez pour devenir sa maman. Je ne sais pas, il a peut-être mal interprété tes paroles. »

Bobby soupira.

Il pensait que Buck était passé à autre chose, tout du moins il l'espérait. Est-ce qu'il pensait toujours à sa mère ? Bobby se tourna vers Buck qui parlait avec Marcy. La jeune femme l'aidait à enfiler son costume.

Ça serait tellement plus simple.

« Bobby ? »

– Je suis toujours là.

« Qu'est-ce qui se passe ? »

– C'est… Buck. Il m'a demandé si Marcy était sa mère.

« Quand ? »

– Quand je lui ai parlé d'elle.

« Et… tu lui as dit ? »

– Non, admit-il en sachant pertinemment de quoi lui parlait son ami.

« Bobby, soupira-t-il. »

– Je sais mais je ne pense pas qu'il soit prêt à savoir ce que ses parents biologiques ont essayé de lui faire.

« Mais il faudra bien lui dire tôt au tard et il se pose des questions en ce moment, c'est peut-être le meilleur moment pour le faire. »

– Il est encore si jeune

« Il est intelligent, Bobby, argumenta Ray. Il est temps de lui dire. »

– Je sais. Tu as raison.

« Tu veux que je vienne ? »

– Je ne suis pas sûr de réussir à le faire tout seul, admit-il.

« J'arrive. »

Bobby raccrocha et observa Buck rire des chatouilles que lui faisait Marcy.

Il ignorait comment Buck allait réagir au fait de savoir qu'il avait été adopté et il allait devoir l'entourer d'amour pour qu'il ne se sente pas rejeté ou mal aimé.

Ray arriva en moins de dix minutes et Buck se jeta dans ses bras, alors que Marcy semblait soudain inquiète. Bobby tenta de la rassurer en silence mais étant lui-même angoissé par ce qui allait suivre, il savait que ça ne servait à rien.

– Viens mon pote, lâcha-t-il. Il faut qu'on discute de quelque chose.

– Est-ce que j'ai fait une bêtise ? demanda-t-il en fronçant les sourcils de cette façon particulière qui lui était propre.

– Non, le rassura Ray. Tu es le petit gars le plus gentil de cette planète.

– Je suis plus que d'accord avec oncle Ray, lui sourit Bobby en attrapant sa petite main dans la sienne. Et nous t'aimons très fort. Ça ne changera jamais. Ok ?

– D'accord, souffla-t-il rassuré mais toujours intrigué.

– Buck, mon grand, je sais que tu te poses des questions sur ta maman et c'est bien, tu sais, le rassura-t-il. Tu as le droit de poser des questions, de vouloir savoir d'où tu viens.

Buck fronça les sourcils et Bobby eut le temps de voir sa lèvre trembler avant qu'il ne baisse les yeux et ne se mette à pleurer.

Encore une fois, Bobby s'y prenait mal.

Marcy tamponna ses joues tendrement et Ray lui jeta un regard inquiet.

– Hey mon pote, souffla-t-il en venant à son secours. Qu'est-ce qui se passe à propos de ta maman ?

– C'est juste que…, hoqueta-t-il. Zack, il dit que ma maman est partie… parce que j'étais… un méchant petit garçon… et que jamais une maman… ne voudra de moi.

Bobby se figea.

Il ignorait qui était le Zack en question mais il était vraiment en colère contre ce morveux. Buck ne méritait pas cette méchanceté gratuite.

Qui pouvait être assez cruel pour jouer comme ça sur les insécurités d'un petit garçon ? Il se sentait démuni et il se demandait comment il allait pouvoir annoncer à son fils, qu'il avait été adopté sans le perturber davantage.

– Qui est Zack ? demanda doucement Marcy alors que lui-même en semblait incapable.

– Il est dans ma classe… depuis que je suis à l'école. Il me déteste et… il se moque de moi…, tout le temps.

– Il se moque de toi depuis tout ce temps ? demanda Bobby incrédule et un peu trop fort, le faisant se recroqueviller sur lui-même.

Marcy l'entoura de ses bras et le berça lentement comme seule une mère pouvait savoir le faire. Et Bobby voulait ça pour son fils, il voulait tout le meilleur pour son petit garçon. Il jeta un œil à Ray tout aussi choqué qu'il l'était.

– Tu sais, souffla Marcy. Parfois certains petits garçons sont tellement jaloux qu'ils deviennent méchants pour faire souffrir l'enfant qui semble plus heureux qu'eux.

– Mais il a une maman, objecta Buck.

– Mais toi tu es gentil, curieux, très intelligent et tu es aimé Buck par tellement de monde, ton papa, ton oncle et tout le monde à la caserne est fou de toi. Je crois que même ton institutrice t'adore…

Bobby ne put retenir son sourire en se disant que oui l'institutrice de son fils n'avait d'yeux que pour lui. Buck l'avait charmé en un clin d'œil comme il le faisait avec tout ceux qui l'entouraient.

– Toi aussi tu m'aimes ? demanda Buck en levant les yeux vers Marcy.

– Je t'aime très fort Buck, et ça sera toujours le cas.

– Moi aussi je t'aime, lâcha-t-il rassuré en s'accrochant à elle de toutes ses forces.

– Et si ce Zack t'embête encore, il aura à faire à moi, gronda-t-elle.

Dieu, Bobby aimait cette femme.