Titre : Le fil rouge du Destin
Auteur : Lysanea
Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient
Pairing et personnages : Saga x Aioros, Aiolia
Rating : T
Note : bonjour et merci d'être là pour ce 2e chapitre. Merci pour vos retours sur le premier, et vos ajouts dans différentes listes.
Merci à Athéna et Mini-chan d'avoir pris le temps de me confier vos impressions. Je suis ravie que vous ayez apprécié le début, j'espère que la suite vous plaira.
Bonne lecture à tous !
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Le fil rouge du Destin
Chapitre Deux
Le Destin conduit celui qui consent et tire celui qui résiste
(Cléanthe)
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Cinq mois plus tard
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Aioros n'était pas revenu au Sanctuaire.
Il avait assisté aux réunions générales en visioconférence, depuis l'ordinateur du Grand pope... quand la technologie toute récente ne leur faisait pas défaut.
Car, comme l'avait deviné Saga, il n'avait pas rompu le lien avec les autres et accomplissait toujours son devoir, en œuvrant pour sa Déesse et pour le Domaine sacré, hors les murs.
A l'exception d'Aiolia, de Shion et de Dokho, et bien évidemment, d'Athéna, personne ne savait vraiment où il était.
De toute façon, il n'était pas toujours au même endroit.
Le Chevalier du Sagittaire portait la parole et défendait les intérêts du Sanctuaire auprès de nombreux groupes ou personnes influentes à travers le monde.
Saga avait donc pris son mal en patience.
Il s'était rapidement rendu compte combien la présence d'Aioros avait toujours empli l'espace, depuis leur résurrection. Même s'il l'avait évité au maximum, il était toujours conscient qu'il était là, quelque part, il sentait se présence et son cosmos à chaque instant, comme une douce caresse.
Il pouvait le croiser, le regarder de loin…
Assister à ses entraînements, l'écouter parler quand il intervenait dans leurs réunions, ou au détour d'un échange avec d'autres Chevaliers… même en feignant l'indifférence.
Le vide que le Sagittaire avait laissé derrière lui était parfois insoutenable.
Cela replongeait Saga dans les pires moments de sa possession, lorsqu'il arrivait à émerger et pouvait constater l'étendue des dégâts, impuissant.
Et que la terrible et cruelle absence d'Aioros le renvoyait à son pire péché et à son plus profond désespoir.
Aioros lui manquait atrocement.
C'était presque plus violent que tout ce qu'il avait expérimenté, jusque-là.
C'en était même devenu physique : la nuit, son corps entier se tordait et se tendait à la recherche du sien, il suffoquait, privé de son oxygène et son cœur s'affolait dans sa poitrine, sans qu'il parvînt à en contrôler le rythme.
Ce n'était qu'au prix de grands efforts qu'il arrivait à se calmer.
Les séances de méditation que partageaient avec lui Mu et Shaka, en journée ou le soir, après le dîner, l'y aidaient beaucoup.
Avec les visites impromptues d'Aphrodite, c'était le seul soutien que le Gémeau s'était autorisé à accepter, lorsque Mu, plus perspicace et sensible que jamais, était venu le lui proposer.
Car fidèle à lui-même, Saga assumait ses décisions, ses actes et leurs conséquences, et ne montrait rien de ses tourments au quotidien.
Même à son frère, qui avait limité ses séjours aux Enfers pour mieux le soutenir.
Kanon avait cependant dû accepter qu'être simplement là suffisait à son aîné.
Car sa décision et sa présence discrètes avaient beau avoir fortement été appréciées par Saga, elles l'avaient aussi fait culpabiliser, comme à son habitude.
Alors, le cadet n'avait pas cherché à en faire plus.
Et Saga prenait sur lui.
Seulement, plus les jours passaient et plus son envie de revoir le Sagittaire se transformait en besoin Il commença donc à envisager sérieusement d'aller le retrouver.
Ce fut dans cet optique que l'aîné des Gémeaux se décida à monter au Treizième temple, un début d'après-midi qui clôturait le décompte du cinquième mois d'absence, afin de demander directement à Shion où se trouvait actuellement le Sagittaire.
Mais Saga fut à peine sorti de son Temple qu'il le sentit.
Le cosmos d'Aioros.
Chaud, puissant, lumineux, solaire…
il le frappa et engloutit littéralement les ténèbres dans lesquelles Saga se débattait, depuis son départ.
Le Gémeau se força au calme et regagna sa Maison pour attendre patiemment que le Sagittaire, qui avait commencé son ascension, l'atteignit.
Cela ne lui prit guère longtemps, car il n'échangea que quelques mots rapides avec Mu, et se vit accorder le passage de la Maison vide du Taureau par Aldebaran, depuis les arènes d'entraînement où il s'occupait des apprentis.
Ce fut avec appréhension qu'Aioros s'engagea dans le Troisième Temple.
Bien évidemment, il avait senti la présence de Saga, qui l'avait autorisé à passer.
Et alors qu'il s'était préparé à un accord froid et distant, il reçut un accueil plutôt chaleureux.
Le Neuvième gardien fut encore plus étonné de voir le Maître des lieux venir directement à sa rencontre.
Il n'en montra rien et prit sur lui.
- Bonjour, Aioros. Bon retour parmi nous.
- Bonjour, Saga. Merci.
Aioros s'avança pour poursuivre sa route, prêt à dépasser le Gémeau et s'en éloigner au plus vite.
Il n'avait pas envisagé de confrontation avec lui aussi tôt, il n'était définitivement pas prêt.
- Est-ce qu'on peut parler ? l'arrêta ce dernier, lorsqu'il arriva à sa hauteur.
- Je suis attendu au Palais, répondit Aioros sans le regarder.
C'était vraiment très difficile.
Toutes les images de leur nuit d'amour se bousculaient dans sa tête c'était le pire moment pour cela.
Mais revoir Saga après tous ces longs mois, sentir son odeur, être enveloppé par son aura naturelle si puissante et prenante…
C'était une véritable torture.
- Plus tard, alors ? insista Saga. S'il-te-plaît…
Il sentait le trouble d'Aioros, qui faisait écho au sien.
Il percevait toute la tension qui parcourait le corps du Sagittaire, les enveloppait et chargeait l'air autour d'eux d'électricité.
Saga pouvait comprendre qu'il n'avait pas envie de s'attarder, ni envie de le voir, ni même de lui parler.
Mais c'était trop important.
Il ne pouvait pas se résoudre à simplement le laisser passer.
- Je ne sais pas, soupira Aioros après un silence tendu. Peut-être.
Saga l'observa un court instant, espérant avoir droit à un regard, mais le Sagittaire gardait les yeux obstinément fixés droit devant lui, les poings serrés autour des bretelles de son sac à dos.
- Je suis désolé, je ne te laisse même pas arriver tranquillement. Sache juste que j'aimerais qu'on parle, alors si tu es d'accord, dès que ce sera possible… ma porte est ouverte.
- C'est noté.
Toujours sans le regarder, Aioros reprit sa marche et quitta le Temple, la gorge et l'estomac noués.
Saga ne pouvait pas dire s'il avait été logiquement distant ou simplement neutre.
L'un comme l'autre était inhabituel, chez le Sagittaire.
Donc assez douloureux pour le Gémeau
Même s'il reconnaissait que c'était amplement mérité.
Jamais il n'avait voulu le blesser ni le détruire.
Il espérait que ses actes n'avaient pas altéré la personnalité et le caractère si chaleureux et avenant d'Aioros.
Et si cela avait effectivement été le cas, il espérait pouvoir réparer ses fautes, d'une façon ou d'une autre.
Le reste de l'après-midi passa avec une lenteur atroce.
Et Saga ne savait même pas si Aioros allait revenir le voir dans la journée, dans la soirée, le lendemain, dans une semaine…
Jamais ?
Il s'efforça donc de contenir son impatience et son inquiétude, afin d'éviter d'en faire vibrer son cosmos et d'alerter tout le Sanctuaire.
Et surtout pas le principal intéressé.
Même Kanon préféra se replier chez son Juge plus tôt que prévu.
Ce qui ne dérangea pas le moins du monde ce dernier, qui, au contraire, s'en réjouit.
Radamanthe avait pris l'habitude d'avoir son Gémeau dans les parages, son absence en devenait presque pesante… et leurs retrouvailles, féroces.
Alors que l'aîné des Gémeaux finissait de préparer son dîner, sans grand entrain, mais tout en espérant quand même qu'il pourrait être partagé, il perçut le cosmos tant désiré approcher de son Temple.
D'une poussée du sien, il invita Aioros à entrer et le rejoindre dans ses appartements privés, à l'entrée desquels il l'accueillit.
- Merci d'être venu. Je t'en prie, entre.
Aioros s'exécuta, toujours aussi tendu que plus tôt dans la journée.
- J'ai hésité à passer ce soir. La situation ressemble beaucoup trop à la dernière fois qu'on s'est vu. Tu es venu chez moi pour me parler et c'était l'heure du dîner. Du coup, je t'ai invité sans grand espoir et pourtant, tu es resté.
- C'est ce que je comptais faire, avoua Saga en le conduisant dans son salon. Mais si tu préfères, je peux juste t'offrir un verre.
- Aiolia m'attend, je lui ai promis de passer la soirée avec lui. Il a préparé une marmite entière de fasolada, ajouta-t-il après une courte hésitation.
Ce refus n'enchanta pas Saga, mais il ne put réprimer un léger sourire face à l'explication donnée.
- Tu lui as beaucoup manqué.
Aioros ne douta pas un instant que Saga parlait aussi pour lui-même.
Son regard était intense, il ne fuyait pas le sien.
En était-il seulement conscient ?
- J'espère bien, sourit le Sagittaire.
Le Gémeau hocha simplement la tête.
Ce n'était pas qu'il ne voulait pas exprimer clairement les choses, mais plutôt qu'il voulait y aller doucement.
S'il commençait à avouer à Aioros qu'il lui avait manqué. il n'avait aucune idée de la manière dont il allait réagir face à cet aveu.
Peut-être l'aurait-il bien pris, il y a cinq mois, mais aujourd'hui… il n'était plus sûr de rien.
Même si le Sagittaire ne semblait pas lui en vouloir et se disait prêt à l'écouter, il restait un peu tendu et distant, comme s'il se méfiait.
C'était parfaitement compréhensible, vu comme leur dernière rencontre s'était terminée.
Chat échaudé craint l'eau froide, n'est-ce pas ?
- Tu n'as même pas le temps de boire quelque chose ? Milo m'a ramené un excellent vin doux de Samos, où il a passé quelques jours avec Camus. Ou si tu préfères, je peux faire du thé.
- Ça ira, merci, Saga, refusa-t-il poliment. Dis-moi simplement de quoi tu voulais me parler.
D'un élégant geste de la main, le Gémeau proposa au Sagittaire de s'asseoir.
Celui-ci accepta et s'installa sur le canapé.
Le Maître des lieux prit place à ses côtés, légèrement tourné vers lui pour qu'ils soient presque face à face.
Aioros ne s'y attendait pas.
Il pensait que Saga se mettrait dans le fauteuil face à lui.
S'il avait su, il aurait lui-même investi le siège individuel.
Il aurait préféré le voir mettre un peu plus de distance entre eux.
Ce n'était pas simple pour lui de faire comme si la situation ne l'atteignait pas.
Il détourna le regard.
- Tu as gardé ce vieux canapé… remarqua-t-il soudain en posant les yeux dessus.
Le Troisième gardien fut surpris par cette observation.
- Personne ne s'est assis dessus pendant treize ans. Tout est resté figé, ici. J'étais censé être mort, moi aussi.
- Tu as quand même refait la déco et changé plusieurs choses.
- Oui. Mais j'ai toujours aimé ce canapé.
- Je n'ai pas oublié.
Spontanément, ils échangèrent un sourire complice…
Mais celui d'Aioros se crispa rapidement, et il détourna le regard, une nouvelle fois.
Saga serra les poings, puis se força à se détendre.
Ils n'étaient pas là pour évoquer leurs souvenirs, ni parler de décoration intérieure, de toute façon.
- Tu es pressé, alors je vais aller droit au but. Je te dois des excuses pour mon attitude, cette nuit-là, se lança-t-il. Je suis sincèrement désolé. J'ai vraiment été odieux, avec toi.
- Content que tu le reconnaisses.
- Sur le fond, c'était compréhensible et justifié, mais la forme n'y était pas. Je n'ai pas usé de la bonne méthode. Et je t'ai fait cruellement souffrir. Comme si tu n'en avais pas déjà eu assez…
- J'accepte tes excuses, lui assura Aioros en le regardant dans les yeux. Je ne suis pas en train de te dire que je ne t'en veux plus. Mais j'ai compris ta démarche et tes motivations, aussi tordues soient-elles, et j'ai eu le temps de digérer tout ça. Avec difficulté, mais efficacement. Être loin m'a beaucoup aidé.
Lorsqu'ils étaient adolescents, Aioros lui pardonnait tout avec un sourire.
Saga n'avait jamais grand-chose à se faire pardonner, certes, ce n'était jamais bien méchant.
Le Sagittaire était comme ça avec tout le monde, d'ailleurs.
Il arrivait à réprimander les gamins avec fermeté et douceur, aussi paradoxal que cela put être.
C'était admirable et fascinant.
- C'est pour ça que tu es parti ? Ou alors, tu voulais me punir ?
Aioros soupira.
- Tu ramènes encore une fois tout à toi.
- Je ne me cacherai pas derrière cette excuse, mais je crois sincèrement que le Lémure a eu une mauvaise influence sur mon caractère. Je n'étais pas comme ça, avant.
- Il t'arrivait de l'être, nuança le Sagittaire, mais c'était rare. Et seuls tes proches pouvaient le constater, tu restais un saint parfait et sans défauts pour le reste du monde. Ce n'est pourtant pas une excuse, cette possession a réellement dû accentuer certains de tes pires travers. Heureusement qu'ils n'étaient ni nombreux, ni de trop mauvaise nature. Il y a pire défaut que l'égocentrisme, je pense.
- Certes. J'aimerais cependant m'en défaire.
- Tu as la force de caractère pour cela. Et tu te soucies beaucoup des autres. Il te manque juste un peu de temps pour y arriver. Sois patient.
Saga hocha la tête, touché.
Et soulagé, aussi.
Aioros n'avait pas changé, en vérité, il était toujours aussi attentionné et prévenant, avec lui, le réconfortant et le rassurant de ses mots.
Son cœur se mit à battre plus fort, alors que leurs regards s'accrochaient avec plus d'intensité, et que des fils de leurs cosmos se frôlaient, prêts à s'entremêler.
Mais le Sagittaire rompit le contact visuel en détournant les yeux, encore une fois, et son cosmos se rétracta presque entièrement.
- Ce n'est donc pas pour te punir que je suis parti, reprit-il doucement. J'étais juste profondément blessé et je ne voulais pas imposer cela à tout le monde. Et surtout pas à Aiolia. J'ai donc pris mes distances, avec l'accord de Shion et d'Athéna.
- Tu es parti loin ?
- En Italie, principalement.
Saga écarquilla les yeux à cette réponse.
- Tu veux dire…
- Oui, confirma le Sagittaire en le regardant à nouveau.
- Je vois.
Une angoisse sourde avait traversé le Gémeau en apprenant cette nouvelle, et ce qu'elle pouvait signifier et avoir comme conséquences.
Il réussit à l'étouffer, mais pas suffisamment ou pas assez rapidement, car Aioros le remarqua.
- Ne fais pas cette tête, c'était juste une visite de courtoisie, dirons-nous. Enfin, plusieurs, car j'ai fait pas mal d'allers-retours. Mais je n'ai pas pensé un seul instant que je pourrais retourner y vivre.
- Ça ne t'a pas donné envie, après y avoir passé plusieurs mois ?
- Je n'étais pas seulement là-bas, même si j'y retournais fréquemment, expliqua-t-il. C'était simplement plus pratique. Et ça me faisait du bien d'avoir certains repères. Malgré tout, j'avais souvent envie de rentrer ici. C'est le seul lieu que je considère comme chez moi.
Cette fois, le Gémeau ne cacha pas son soulagement.
- Tant mieux.
- Est-ce que…
- Oui ? l'encouragea Saga en le voyant hésiter.
- Je me suis souvent demandé si tu me cherchais et si tu allais me retrouver… Était-ce le cas ?
- Oui, répondit-il sans hésiter. Enfin, oui et non. J'ai respecté ta décision, mais je ne tenais plus, depuis quelques jours. Je m'apprêtais à aller voir Shion, quand tu es arrivé, tout à l'heure. Je voulais lui demander où tu étais et obtenir l'autorisation de m'absenter.
Cette réponse réconforta Aioros.
Il avait presque hésité à poser la question, par crainte d'être déçu ou blessé.
- Et s'il ne t'avait rien dit ?
- Je l'aurais convaincu, ou je serai simplement parti à ta recherche.
- Tu aurais désobéi au Grand pope ?
- Et j'en aurais assumé les conséquences, affirma-t-il avec détermination.
Aioros l'observa un court instant et pu lire combien il était sérieux.
- Tu as attendu longtemps avant de te décider, fit-il remarquer.
Il n'y avait pas de reproche, dans la voix du Sagittaire, juste de la curiosité.
- Aiolia m'a prié de te laisser en paix.
- Prié ? releva Aioros avec un petit sourire sceptique.
- Ordonné serait plus juste, en effet… reconnut Saga, souriant lui aussi. Mais peu importe, j'étais entièrement d'accord avec lui : tu avais besoin de t'éloigner de moi. Je devais respecter ça, ainsi que ta décision, comme je te l'ai dit.
- Ça t'arrangeait aussi, non ? C'était ce que tu voulais, après tout.
- Pour ton bien.
- Évidemment, grimaça Aioros.
Ce qui arracha un soupir à Saga.
- J'ai cru que tu serais mieux loin de moi. Même si je ne pensais pas que tu t'en irais pour mettre une réelle distance physique entre nous.
- Après ce qui s'est passé, c'est sûr que c'était la meilleure chose à faire, reconnut le Sagittaire. Mais je n'ai pas changé d'avis, Saga, malgré la douleur infligée. Je reste persuadé que je serai plus heureux avec toi que sans toi. Je le sais, je le sens. C'est ancré en moi, depuis toujours.
- J'ai échoué à te convaincre et t'aie causé plus de souffrance, encore. Ce n'était pas censé se passer comme ça, tu sais. Avec le temps, tu devais aller mieux et passer à autre chose. Accepter qu'on ne pouvait pas être ensemble.
Aioros laissa échapper un petit ricanement nerveux.
- C'est toi qui a un problème d'acceptation, Saga. Après tout ce temps, ne crois-tu pas que nous avons assez souffert ? Toi, surtout, puisque c'est ce dont tu as tant besoin… Souffrir pour expier tes fautes et mériter le pardon. Et mon amour.
- Je ne suis pas certain de pouvoir atteindre un jour cet objectif.
Le Neuvième gardien posa sa main sur le genou du Troisième, qui se crispa légèrement.
- Est-ce que mon absence a été douloureuse ?
- Plus que je ne pourrais jamais le décrire, répondit-il sincèrement.
- Est-ce que tu m'as imaginé avec un autre ? Parce que quand je réfléchis à ce qui pourrait me blesser encore plus que ton rejet, c'est ce qui me vient à l'esprit. Toi, dans les bras d'un autre.
- Bien sûr que je l'ai envisagé, grimaça le Gémeau en serrant les poings.
- Ça t'a fait mal de penser que je pouvais me perdre dans une autre étreinte que la tienne, accueillir un autre corps que le tien en moi ? Me tordre de plaisir et gémir sous les caresses et les baisers d'un…
- Arrête ça ! le coupa Saga en se levant brusquement, le regard flamboyant. A quoi tu joues, Aioros ?
- Je te donne ce que tu veux : de la souffrance pure. S'il faut en passer par-là pour que tu te sentes finalement digne d'être aimé, je te déroulerais tous les scénarios nécessaires et je ne lésinerais pas sur les détails. Même si tu n'as pas besoin de ça, car tu as déjà beaucoup souffert, assura-t-il en se levant à son tour. Franchement, Saga, toute cette histoire devient absurde. Est-ce que ce n'est pas assez ?
- Penses-tu que ça l'est ? demanda le Gémeau, radoucit, en lui faisant complètement face.
- Tu connais déjà ma réponse. Mais ce n'est pas elle qui t'intéresse, tu l'as clairement démontré, il y a cinq mois.
- Aujourd'hui, c'est différent. J'ai beaucoup réfléchi…
Aioros essaya de réfréner la déferlante d'espoir qui menaça de submerger son cœur.
Il se força à rester immobile, alors que tout son être le poussait vers cet homme qu'il aimait tellement.
Et qui était si proche de lui, à cet instant, qu'il pouvait voir toutes les nuances de bleu qui dansaient dans ses yeux, et sentir son souffle sur son visage.
Tout comme leurs cosmos qui, une nouvelle fois, se tendaient l'un vers l'autre de manière irrépressible.
Le Sagittaire inspira profondément, puis marcha jusqu'à la fenêtre, contre laquelle il s'appuya.
Il ne pouvait pas rester si près de Saga et continuer à avoir une discussion sensée et rationnelle.
Sa proximité le rendait confus, il était à deux doigts de perdre le contrôle.
L'idée de simplement le plaquer contre le canapé ou le mur pour l'embrasser et mettre fin à cette discussion était de plus en plus tentante.
Les battements frénétiques de son cœur et les vibrations de son cosmos étaient déjà difficiles à calmer, il ne s'en sortirait pas, s'il devait aussi gérer son corps et ses pulsions.
Saga lui avait beaucoup trop manqué, il était désespérément amoureux de lui, avide du moindre contact, surtout depuis qu'il y avait gouté et il n'arrivait pas à chasser cet espoir que ses mots et son attitude ravivaient en lui.
- Tu as dû vivre avec le poids de cet acte que le Lémure t'avait forcé a commettre et ses conséquences. Et tant d'autres. Tu as souffert treize longues années, prisonnier, en le regardant détruire des vies et à en prendre. Et tu as encore passé un an et demi à te culpabiliser et te torturer pour des faits dont tu étais plus victime que coupable. Pour terminer, tu as passé cinq mois douloureux à gérer mon absence et le manque, ainsi que ton imagination qui me représentait avec un autre. Et te connaissant, tu as dû bien insister sur les détails, pour bien te faire mal. Je me trompe ?
- Non.
Il le connaissait encore tellement bien, c'était affolant.
- Alors bien sûr que c'est suffisant.
Le Sagittaire revint vers le canapé, tandis que Saga n'avait toujours pas bougé.
- Et si on prend en compte le fait qu'après toutes ces années, tu as encore des sentiments pour moi, ce que je n'osais espérer à mon retour… C'est plus que largement suffisant, Saga. Vraiment.
Aioros fit un dernier pas et la distance entre eux explosa de nouveau.
- Maintenant, est-ce que toi, aujourd'hui, après ces cinq mois de réflexion douloureuse, tu te sens enfin capable d'accepter mon pardon et mes sentiments ? Est-ce que tu veux bien de moi, mon aimé ? Est-ce que tu es d'accord pour m'accompagner dans cette nouvelle vie ? C'est la dernière fois que je te pose ces questions. Si tu tiens vraiment à me rendre heureux, si tu veux que je profite de cette nouvelle chance, il n'y a qu'une réponse possible.
- Tu ne me laisses pas le choix, si je comprends bien, souffla le Gémeau.
Il était fébrile.
Depuis combien de temps ne s'était-il pas senti si vulnérable ?
Aioros était le seul capable de le mettre dans un tel état et ce, depuis toujours.
- Tu as celui de me rendre heureux, comme tu prétends le vouloir depuis le début, murmura Aioros. Je te donne seulement la bonne méthode pour y parvenir. La tienne n'a pas fonctionné, je te le rappelle. Mais bien que tu aies reconnu cet échec, tu gardes malgré tout le choix de continuer de nous rendre malheureux, tous les deux, en préférant ta culpabilité à nos sentiments. En te choisissant toi, plutôt que nous.
Le regard de jade était posé sur lui de manière si intense et honnête que Saga sentit tout son être réagir.
Des frissons le parcoururent, alors que son ventre se tordait.
- Je ne veux plus faire cela. Je ne peux plus... soupira-t-il.
- Que veux-tu, alors ?
- Toi, répondit-il immédiatement. Mais…
Aioros posa son doigt au travers des lèvres de Saga.
Son cosmos s'enroula complètement autour du sien, cette fois-ci, en une délicieuse caresse.
- Il y a un mot en trop.
- Ton assurance est vraiment déstabilisante, grommela le Gémeau.
- Je joue mon va-tout, expliqua le Sagittaire en retirant son doigt. Alors c'est juste une impression. Je suis terrifié à l'idée que tu puisses faire une croix définitive sur nous. J'ai l'impression que cette fois, c'est vraiment notre dernière chance. Et je ne sais pas ce que je ferai, dans le cas où tu nous tournerais le dos. Je ne veux pas d'une vie que je ne partagerai pas avec toi. Je ne peux pas vivre sans ton amour. Le pourrais-tu, toi ?
Le cosmos brûlant de Saga répondit enfin à celui d'Aioros et ils s'équilibrèrent, vibrant à l'unisson dans une harmonie parfaite.
Ils le ressentirent dans chaque fibre de leurs corps.
Mais ils n'abolirent pas encore la distance physique qui les séparait toujours.
La bulle qui venait de se créer autour d'eux leur suffisait, pour le moment.
- Tu n'as pas entendu ce que je t'ai dit ? murmura Saga.
- Non, répondit Aioros en souriant, quelque peu provocateur et taquin.
Mais Saga pouvait bien lui accorder ça, après l'avoir si souvent et si maladroitement éconduit et blessé.
- Non, je ne peux pas vivre sans ton amour. Même prisonnier du Lémure qui usait de mon corps à sa guise, je n'ai jamais aimé que toi.
- Encore aujourd'hui ? insista le Sagittaire.
- Je te l'ai dit, il y a quelques mois.
- J'men souviens plus, mentit-il effrontément. C'est que j'ai vécu un certain traumatisme, cette nuit-là…
Cela aussi, Saga pouvait bien le lui accorder.
Alors il entra dans son jeu.
- Je t'aime à en crever, foutu Sagittaire !
- Encore des mots en trop… soupira ledit Sagittaire en levant les yeux au plafond.
Saga sourit, mais reprit bien vite son sérieux, alors que le regard du Neuvième gardien plongeait à nouveau sans retenue dans le sien.
- Je t'aime depuis toujours, Aioros, et je ne pense pas trop m'avancer en disant également que sera le cas, à jamais. Ce ne peut être que toi.
- Alors pourquoi avoir eu autant de mal à comprendre et accepter que je ressente la même chose, mon aimé ? demanda-t-il en caressant sa joue du revers de ses doigts. Pour moi non plus, ce ne peut être un autre. Jamais et à jamais.
Saga savoura la douce caresse en fermant les yeux un court instant, avant de les rouvrir pour verrouiller son regard à celui de son unique amour qu'il retrouvait enfin.
- Avec notre vécu, je voulais seulement te donner une chance…
- J'ai compris. Mais j'en veux seulement une avec toi. Oui, nous avons un passé, tous les deux. Nos bagages sont lourds. Mais j'ai confiance en nous. Parce que nous ne sommes pas brisés, nous sommes juste blessés. Nous pouvons guérir, ça a déjà commencé. Parce que nous deux, Saga, c'était écrit dans les étoiles et ça l'est aussi, aujourd'hui, dans les cicatrices de nos cœurs. Mais cela ne doit pas nous empêcher de nous aimer, bien au contraire, cela doit nous nourrir.
Saga retira la main d'Aioros pour pouvoir entremêler leurs doigts, après en avoir embrasse tendrement la paume.
- Je l'ai enfin accepté. Je te demande pardon, 'ros.
Le cœur du Sagittaire rata un battement, avant de repartir en trombe.
Cela faisait cinq longs mois qu'il n'avait pas entendu ce surnom affectueux.
Cette nuit-là, Saga l'avait murmuré, soufflé, crié contre sa peau, contre ses lèvres et au creux de son oreille.
Là, il venait de le prononcer avec une incroyable tendresse...
- Tu as toute notre vie ensemble pour te faire pardonner, répondit le Sagittaire avec une émotion qu'il ne parvenait plus à contenir.
- Et si je commençais par ce soir et cette nuit ?
L'espièglerie dans les yeux de Saga ne parvenait pas à dissimuler totalement l'inquiétude.
Comme s'il craignait un refus.
Aioros lui prit son autre main et leurs doigts se nouèrent immédiatement, cette fois encore, avec un naturel né de l'évidence.
- Tu penses que je peux refuser une telle proposition ?
- Oui. Tu as dit que tu m'en voulais encore. Et tu as des raisons de ne pas avoir confiance en moi, vu comme s'est passé notre première nuit.
- C'est vrai. Mais je n'ai pas changé, tu sais, j'accorde toujours aussi facilement ma confiance, même quand on m'a déçu. C'est mon choix.
- Tu n'es pas gentil parce que tu es naïf, mais parce que tu décides de l'être.
- En effet. En ce qui te concerne… Tu penses sûrement que tu mériterais que je te repousse quelques temps. Mais je ne suis pas adepte de la loi du Talion. Et te punir serait me priver de ce que je désire depuis près d'un an et demi. C'est juste au-dessus de mes forces.
- Est-ce que c'est un oui, alors ?
Aioros ne dit rien durant un temps qui sembla interminable à Saga.
Il ramena leurs mains jointes sur son torse, les rapprochant encore l'un de l'autre.
- Ça dépend : tu me promets que tu seras là, à mon réveil et que tu ne partiras pas sans une bonne raison ?
- Je te promets même mieux : c'est moi qui te réveilleras, et de la plus délicieuse façon qui soit.
Aioros sourit et hocha la tête, incapable de prononcer son accord de vive voix tant l'émotion l'avait soudain saisi en entend ces mots.
Leurs mains se serrèrent plus fort, paume contre paume.
Puis, Saga combla le faible écart toujours entre eux pour sceller sa promesse d'un doux baiser.
Qui contrastait fortement avec la violence de leur désir.
- Dans ce cas, je reviendrai, assura Aioros après ce tendre échange, en s'attardant contre les lèvres aimées.
Saga recula légèrement le visage, les sourcils froncés… avant de comprendre.
- Aiolia, se souvînt-il.
- Oui, confirma Aioros. Je voudrais vraiment que vous réussissiez à vous entendre, qu'il puisse vraiment te pardonner, un jour. Et si…
- Si tu le plantes ce soir à cause de moi, ça ne risque pas de jouer en ma faveur, devina-t-il.
- Surtout s'il reste avec une marmite de fasolada sur les bras !
Saga éclata de rire, autant pour l'image que par soulagement.
Aioros le dévora du regard.
Il n'avait pas vu Saga si heureux depuis les jours enfuis de leur adolescence.
Même cinq mois plus tôt, durant leurs premières soirée et nuit ensemble, il n'avait pas été si détendu et serein, il s'en rendait compte, à présent.
- Il m'avait manqué, ce visage radieux, murmura-t-il, ému.
- Ne me regarde pas comme ça, si tu veux vraiment que je te laisse partir, grogna Saga en posant son front contre le sien.
- Et toi, n'utilises pas une voix si basse et rauque en me disant ce genre de choses, protesta-t-il contre ses lèvres, qu'il mordilla. Merde, Saga, j'ai tellement envie de toi…
Le Gémeau craqua et happa sa bouche tentatrice pour l'entraîner dans un baiser passionné et brûlant.
Ils en avaient tant rêvé, de ces retrouvailles...
Ce fut donc avec une grande difficulté qu'ils se détachèrent l'un de l'autre.
- Pour le bien du Sanctuaire et de mes relations futures avec ton frère, vu que ça compte tellement pour toi, je te laisse partir. Mais je t'attendrai. Peu importe l'heure, rejoins-moi. Je veux me réveiller avec toi dans mon lit, demain matin et tenir ma promesse.
- D'accord, d'accord, rit doucement le Sagittaire.
Il ne savait pas si sa réaction était due à l'empressement de Saga, qui assumait enfin librement son amour et son désir pour lui, ou bien aux papillons qui virevoltaient gaiement dans son ventre et le chatouillaient délicieusement.
Saga soupira et recula de quelques pas.
Une véritable tempête grondait dans son regard chargé d'un désir violent.
- Vas-y… Je suis à deux doigts d'envoyer valser toutes mes bonnes résolutions, là…
Aioros hocha la tête, les yeux brillants autant d'amusement que de désir contenu, lui aussi, puis se détourna pour partir.
- Essaie de ne pas arriver avec ce genre d'expression sur le visage, lui conseilla encore Saga. Je ne suis pas certain que tu seras bien accueilli.
Le rire du Sagittaire retentit de nouveau à cette remarque, mais il ne se retourna pas et ne s'arrêta pas non plus.
S'il le faisait, il n'était pas sûr de pouvoir repartir.
Saga s'abreuva de ce son cristallin qu'il n'avait pas entendu résonner depuis si longtemps.
Qu'il ne s'était pas autorisé à provoquer pendant si longtemps…
- A tout à l'heure !
- Bonne soirée à vous deux !
*Merci, mon aimé*.
Saga sursauta presque en entendant la voix d'Aioros dans sa tête.
Des sensations oubliées s'éveillèrent à ce contact doux et chaud.
Mais Aioros dû rompre leur lien mental rapidement.
Saga ne s'en offusqua pas cela valait mieux pour tout le monde.
Lorsque le Sagittaire arriva chez le Lion, il le trouva en train de ranger la cuisine.
- Qu'est-ce que tu fais, 'Lia ? Tu as déjà dîné ?
- Non. Mais je ne pensais pas que tu allais venir, grommela-t-il sans s'interrompre. Alors je débarrasse.
Aioros avisa l'heure sur la pendule.
- Je suis un peu en retard, désolé.
- Je sais très bien où tu étais. Et j'ai senti les variations de ton cosmos. C'était pas difficile de comprendre ce qui se passait. J'ai dû fermer notre lien, il est trop intense, parfois, ça aide vraiment pas !
L'aîné se frotta la nuque avec un sourire contrit.
- Ah oui, excuse-moi, y a eu des moments où c'était un peu… compliqué de tout gérer…
- J'imagine... grimaça Aiolia. Mais pourquoi t'es là ? demanda-t-il soudain en lui faisant face. T'aurais pu me prévenir par télépathie que tu venais pas, ça t'aurait économisé un aller-retour. Je maîtrise totalement, maintenant et sans migraine !
- Mais je n'avais pas l'intention d'annuler !
- Attends, me dis pas que ça s'est mal fini, encore une fois ? Je te jure que je vais vraiment lui rentrer dedans, même si j'y laisse quelques os ! lui promit-il dans une envolée de cosmos flamboyant.
- Calme-toi, le rassura Aioros en lui tapotant sur la tête avec tendresse. Tout va très bien. Je serai bien resté avec lui, mais je t'ai promis qu'on dînerait ensemble, non ?
- Tu l'as planté… pour moi ? s'étonna Aiolia, touché.
- Non, pour ta délicieuse fasolada ! répondit son grand frère en marchant jusqu'à la gazinière.
- Très drôle…
Aioros souleva le couvercle de la casserole encore fumante et inspira profondément la délicieuse odeur de la soupe de fèves et de légumes.
- J'en ai rêvé plusieurs fois, ces derniers mois… Et je vois que tu as mis plus de légumes que de fèves, comme je la préfère ! Je vais vraiment me régaler… Merci, 'Lia ! Ce retour à la maison est vraiment parfait !
- Grand frère, tu sais, t'es pas obligé… murmura Aiolia en se rapprochant de lui. J'ai l'habitude que Saga me prive de toi, depuis le temps, mais… cette fois, c'est pour une bonne cause. Je suis sûr que tu meurs d'envie d'être avec lui. Bien plus que de manger une soupe que je peux te faire n'importe quand. Elle sera encore bonne demain midi.
Le Sagittaire fit face à son adorable petit frère en souriant.
- Bien sûr que j'ai envie d'être avec Saga et oui, il m'a bien plus manqué que ta soupe, aussi divine soit-elle. Mais d'une, il mérite bien que je le fasse attendre, je n'allais tout de même pas lui sauter dans les bras tout de suite… enfin si, je l'ai un peu fait, mais je l'ai aussi laissé avec une certaine frustration…
- Si tu pouvais m'épargner les détails… grogna le plus jeune encore une fois.
- Ce qui est surtout important, c'est le deuxième point où je voulais en venir, c'est que je n'ai pas à choisir entre vous deux. Je t'ai promis que je passerai la soirée avec toi, et j'en suis très heureux. Toi aussi, tu m'as manqué ! J'irai finir la nuit avec Saga, comme je le lui ai aussi promis.
Aiolia ne put retenir une franche grimace, cette fois-ci.
- Ravi de l'apprendre…
Aioros rit de bon cœur face à l'expression de son petit frère.
- Au moins, tu es rassuré ! Je ne fais aucun sacrifice, je profite et passe du temps avec les deux personnes qui comptent le plus, pour moi. Et je ferai toujours ainsi, je partagerai mon temps entre vous deux. Et peut-être un jour, je l'espère, avec vous deux en même temps.
- Doucement, avec l'optimisme, tu vas bientôt roter des paillettes.
- Il faut bien que j'en ai pour trois ! répliqua l'aîné avec un grand sourire.
Le Lion observa son aîné, son air enjoué, le vert lumineux de ses yeux qui pétillaient, la douceur et la tendresse de son regard...
Il semblait vraiment heureux, apaisé.
Enfin, c'était pas trop tôt !
D'aussi loin que remontaient ses souvenirs d'enfant, il n'y avait jamais vraiment eu que Saga pour faire naître des expressions aussi extrêmes sur le visage de son frère : de la joie et du bonheur les plus absolus à la tristesse et au désespoir les plus profonds.
- Alors ça y est, vous êtes vraiment ensemble, cette fois ? Tu es sûr que c'est ok pour lui, y aura plus de crise existentielle ?
- Oui, confirma Aioros avec une certaine émotion. Ses mots, son attitude, l'union parfaite de nos cosmos… Tout reflète son acceptation. Il n'y a plus aucune trace des hésitations que je percevais encore, il y a cinq mois, après qu'on ait…
- C'est bon ! le coupa Aiolia en levant le bras comme pour se protéger. J'ai compris…
Le Sagittaire sourit, nullement vexé.
Il était même plutôt amusé, au contraire.
Et bêtement heureux, tel l'homme amoureux qu'il était.
Qu'on lui permettait enfin d'être réellement, pour la première fois.
- Et tu es vraiment certain que… reprit Aiolia.
- Oui, ´Lia. Je te ferai toujours la même réponse, quel que soit le nombre de fois où tu me poseras cette question et peu importe le temps qui se sera écoulé et les circonstances : ce ne peut être que Saga. Ça a toujours été lui.
Le cadet poussa un profond soupir.
- Je suppose que les félicitations sont de rigueur…
- Avec un tout petit peu plus d'enthousiasme, si possible…
- … et que je vais devoir faire des efforts, avec lui, poursuivit Aiolia sans tenir compte de son interruption.
- J'avoue que cela m'arrangerait vraiment. Je ne te demande pas de l'aimer. Et je sais que lui pardonner peut être encore difficile et douloureux. Mais je suis persuadé que tu as ce pouvoir, je l'ai constaté avec Shura, Aphrodite et Angelo. Vous arrivez à vous entendre, aujourd'hui. J'espère la même chose, avec Saga, comme je te l'ai dit.
- Moi, ce que je veux, c'est que tu sois heureux. Je finirai par accepter que ce soit grâce à Saga, si tu l'es vraiment. Je suis pas stupide, je sais que c'est quelqu'un de bien. Je l'admirais, quand j'étais gosse, comme tout le monde et à raison. Et je vois bien tous les efforts qu'il fait, le soin qu'il prend de chacun d'entre nous, tous rangs et toutes générations confondues, depuis notre résurrection. C'est juste qu'il y a eu ces treize ans de cauchemar et de séparation avec toi…
- Dont il n'est pas responsable. Ce fut aussi un long cauchemar pour lui, prisonnier et impuissant. Et il continue à porter le poids de ce passé.
- Je sais tout ça ! s'énerva-t-il légèrement. Désolé, Grand frère… Faut juste que je l'accepte…
Aioros posa sa main sur son épaule et la serra tendrement.
- Au moins, tu en as la volonté. Ce qui n'était pas forcément le cas, avant.
- Il continuait de te faire souffrir, rappela le Lion en croisant les bras sur son torse. Il ne méritait aucun effort de ma part.
- C'est fini, tout ça.
- J'espère bien.
- L'avenir nous le confirmera. En attendant… je meurs de faim ! conclut-il en retirant sa main.
- T'es surtout pressé de le rejoindre !
Le Sagittaire rit et ébouriffa les cheveux de son cadet.
- Ne me fais pas répéter les choses, 'Lia ! Je suis content d'être là, et je vais prendre tout mon temps pour savourer ce délicieux repas avec toi. Et célébrer nos retrouvailles correctement.
- Ok, dans ce cas… À table !
Ils refirent ensemble la table qu'Aiolia avait quasiment débarrassé, puis s'installèrent.
Et même s'il pensait souvent à Saga, Aioros n'en passa pas moins une excellente soirée avec son frère, sans jamais lui donner l'impression d'être ailleurs ou de s'impatienter.
Ce fut à plus d'une heure du matin passé qu'Aioros retrouva enfin Saga.
Il avait pris le temps d'aider Aiolia à ranger, malgré les protestations de son cadet, et avait même emprunté sa salle de bain pour une douche rapide.
Ainsi, il put se glisser directement dans le lit du Gémeau à moitié endormi, qui accueillit contre lui son corps aussi nu que le sien avec un soupir de contentement.
- Je t'ai réveillé, désolé.
- Aucun problème, bien au contraire.
- Et si je te dis que je n'ai pas l'intention de te laisser te rendormir ? murmura le Sagittaire en mordillant la peau tendre de son cou, à hauteur de sa bouche gourmande.
Saga frissonna sous le contraste des lèvres fraîches qui avaient laissé passer un souffle brûlant.
- Je n'en ai pas vraiment envie…
- Qu'est-ce que tu veux, alors ?
- Laisse-moi te montrer…
Il le renversa sous lui avant de l'embrasser longuement.
La nuit était déjà bien avancée.
Mais pour les deux amants enfin réunis, elle ne faisait que commencer...
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A suivre
Notes
Fasoláda veut dire « fève » en grec. C'est un plat très populaire de la cuisine grecque et de la cuisine chypriote. On décrit même cette soupe comme « le plat national grec » tant son origine se perd dans la nuit des temps. Originaire de la Grèce antique, il s'agit en fait d'une soupe de haricots blancs ou de fèves à l'huile d'olive et aux légumes, qui sont dans la majorité des cas la tomate, le céleri et la carotte. Les oignons, le persil et les feuilles de laurier viennent relever cette soupe et lui donner son goût unique ! Une recette dite simple et équilibrée.
Merci d'avoir lu ce second volet, j'espère qu'il vous a donné envie de poursuivre l'aventure.
Bonne continuation et… à bientôt ?
Lysanea.
