Titre : Le fil rouge du Destin
Auteur : Lysanea
Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient sauf les personnels des restaurants.
Pairing et personnages pour ce chapitre : Saga x Aioros.
Rating : T
Note : Bonjour ! Je vous remercie d'avoir été au rendez-vous pour reprendre l'aventure avec moi. Un merci particulier à mes deux fidèles revieweuses, Athéna et Mini-chan. J'avais très peur de vous avoir perdu en cours de route. Je suis contente que vous ayez apprécié le chapitre précédent et j'espère qu'il en sera de même pour celui-ci.
Merci également aux lecteurs de l'ombre qui m'ajoutent dans leurs favoris, ca donne toujours une indication sur la réception de mon histoire, même si c'est frustrant de ne pas pouvoir échanger !
Bref, bonne lecture et merci de votre soutien !
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Le fil rouge du Destin
Chapitre six
Le passé appartient au passé, il ne doit pas jeter son ombre douloureuse sur le présent
(Harry Bernard)
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Salzbourg, Autriche
Vieille ville,
Restaurant « Blaues Juwel ».
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- Tu sais que j'ai parlé à Shion, juste avant qu'on ne quitte l'hôtel.
- Oui, c'est vrai que tu ne m'as encore rien dit à ce sujet, répondit Saga. Je suppose que tout va bien, sinon tu n'aurais pas gardé le silence.
- Tout va très bien. Kanon et Radamanthe ont été sacrément efficaces. Comme tout ce qui manquait a déjà été livré, les travaux et les entrainements avancent bien.
- J'espère vraiment qu'ils n'ont pas fait de vagues, s'inquiéta l'aîné des Gémeaux.
- Je suis sûr que non, le rassura Aioros pour la énième fois, depuis plusieurs jours. Kanon tient vraiment à faire honneur à notre Déesse, et il veut tout autant que tu sois fier de lui.
- Je le suis déjà. Et je lui fais confiance. C'est juste qu'il a parfois un peu de mal à contenir son esprit rebelle et provocateur. Surtout quand il est face à un comportement injuste ou déplacé. Il peut être très tatillon avec le respect des règles.
- Et tu t'étonnes encore qu'il soit si bien avec Radamanthe ? fit judicieusement remarquer le Sagittaire entre deux gorgées de vin.
- Ce n'est pas de l'étonnement, mais plutôt une forme de dépit. J'aurais préféré que son autre soit… quelqu'un d'autre qu'un Juge des Enfers. Je n'ai rien contre sa personne, c'est sa fonction qui me pose problème.
- Mais Kanon aime l'homme, pas sa fonction, objecta Aioros.
- Sauf qu'ils sont indissociables.
- Alors c'est encore plus beau, car cela veut dire que Kanon l'aime dans tout ce qu'il est et pour tout ce qu'il est.
Saga reposa ses couverts et prit une gorgée de vin, avant de poursuivre.
- Je suis heureux qu'il connaisse un amour si absolu, mais je ne peux être totalement serein. Ils vont forcément rencontrer des problèmes.
- Et ils les géreront, car c'est leur histoire. Nous n'interviendrons que s'ils nous le demandent. Le reste les regarde, ça leur appartient.
Le Gémeau soupira discrètement.
- Tu as raison, finit-il par reconnaitre en reprenant son repas.
Le Sagittaire l'observa un instant par-dessus le verre qu'il portait à ses lèvres.
Il le reposa ensuite et reprit la discussion pour en venir là où il le souhaitait.
- J'ai demandé à Shion et obtenu son autorisation de faire un détour par l'Italie, avant de rentrer. Tu serais d'accord ?
Saga se crispa.
- Pour quoi faire ? demanda-t-il sans le regarder, le nez plongé dans son assiette.
- On a pas vraiment eu l'occasion de trop en parler, tous les deux, mais tu sais déjà que j'ai vécu dans une très belle région, pendant dix ans. Il y a des personnes que j'aimerais que tu rencontres, comme mon amie Letizia, ainsi que la famille De Angelis qui m'a recueilli, que j'ai rapidement évoqué. Et il y a des endroits magnifiques que j'aimerais beaucoup te faire découvrir.
- Je vois.
Saga ne le regardait toujours pas, mais avait cessé son repas, une nouvelle fois.
Il tenait encore fermement ses couverts.
Un peu trop fermement, d'ailleurs, les jointures de ses doigts en avaient blanchi.
Aioros ne comprenait pas vraiment la réaction de son compagnon.
Il savait que le fait d'évoquer l'Italie pouvait le rendre nerveux, mais là, il ne voyait pas de raison de le rester après coup, ni de fuir son regard.
Il tendit la main par-dessus la table afin de prendre la sienne et le força à lâcher son couteau pour mieux la saisir.
- Je pensais que c'était une bonne idée, mais je crois que quelque chose m'échappe. Qu'est-ce qui ne va pas, mon aimé ?
Les yeux du Gémeau remontèrent enfin pour s'ancrer à ceux de son Sagittaire.
- Ce n'est rien de grave, excuse-moi de ne pas être aussi enthousiaste que tu le voudrais.
- J'aimerais seulement comprendre.
Saga entremêla ses doigts à ceux d'Aioros en soupirant.
- Je n'ai pas spécialement envie d'aller dans des endroits où tu as été avec d'autres amants ou maîtresses. Je sais que c'est puéril, mais cette simple pensée me dérange. Je n'arriverai pas à profiter du lieu et du moment partagé en sachant que tu as déjà vécu la même chose avec quelqu'un d'autre que moi.
Très touché autant que surpris par cette explication, le Sagittaire porta la main de son Gémeau à ses lèvres pour y déposer un tendre baiser.
- Tu n'as rien à craindre, dans ce cas, lui assura-t-il avec son incroyable sourire. Ces lieux où j'ai prévu de t'emmener, je les ai découvert ou parcouru seul. Et je m'étais promis d'y retourner avec la bonne personne, quand je la retrouverai, enfin. Les gens avec qui j'ai eu une relation ne m'ont jamais donné l'impression d'être celle-ci. Je ne me l'expliquais pas, à l'époque, mais c'était une évidence, malgré tout. Je sais aujourd'hui que c'est simplement que c'est toi, et personne d'autre, parce que ça l'a toujours été et ça l'est toujours resté, même en t'ayant oublié. Tu vois, même amnésique et privé de notre passé, je t'ai gardé la première et unique place dans mon cœur et dans ma vie. Comme toi, malgré ma mort.
Saga hocha la tête en silence, ému lui aussi en entendant la réponse de son amant, et pressa sa main plus fort.
- Alors dans ce cas, c'est d'accord, accepta-t-il. Et je serai même ravi d'en apprendre un peu plus sur ce que tu as vécu et qui tu étais. Enfin, tu peux garder certaines choses pour toi, évidemment. Comme tes relations amoureuses, par exemple.
Aioros embrassa de nouveau le dos de la main de Saga, avant de la relâcher pour qu'ils puissent reprendre leur repas.
- Il n'y aurait pas grand-chose à dire, de toute façon. A part mon amie et confidente Letizia, dont je t'ai déjà parlé, et avec qui j'ai vécu une belle histoire, il y a plusieurs années, je ne me suis attaché à personne. Je n'ai jamais vraiment été amoureux. Il manquait toujours quelque chose à mes relations. Je ne peux être bien et épanoui qu'avec toi.
- C'est difficile pour moi de l'imaginer, mais j'aurais quand même préféré que tu sois heureux. Je t'ai empêché de t'épanouir, d'une certaine façon.
- Te connaître et tomber amoureux de toi, grandir et vivre à tes côtés… oui, tu m'as marqué à vie, répondit-il sur un ton mi-sérieux, mi-amusé. Mais rassure-toi, je n'étais pas malheureux. J'étais bien, très bien, même, mais quelque chose en moi me disait que je pouvais être encore mieux. Cela ne m'a pas empêché de vivre et de profiter. Quelque part, je me disais que c'était temporaire. Je ne doutais pas un instant que je finirai par retrouver ou rencontrer la bonne personne. C'était juste une question de temps. Au final, je ne t'ai pas rencontré, je t'ai retrouvé.
- Tu avais perdu la mémoire, mais pas une once de ton optimisme légendaire, fit remarquer le Gémeau avec un sourire tendre. C'est long, dix ans.
- Je ne sais pas si c'était de l'optimisme, réfléchit le Sagittaire. Pour moi, c'était simplement évident. Ce n'était pas possible de se sentir à ce point lié à une autre personne, sans perspective d'être réunis un jour.
- Tu n'as pas essayé d'en savoir plus sur ton passé ? Tu n'as pas pensé que c'était peut-être quelqu'un que tu avais connu ?
- Je pense qu'Athéna, les Juges, les autres Dieux, tous ceux qui sont intervenus dans le processus qui m'a ramené à la vie, il y a onze ans et demi, maintenant, ont fait en sorte d'étouffer cette curiosité et ce malaise que j'aurais dû ressentir, face à ce trou dans ma mémoire et dans ma vie.
- Tu veux dire que tu n'en as pas souffert et que tu ne t'es pas posé de questions ? Jamais ?
Saga était très étonné.
Aioros secoua la tête de gauche à droite, faisant légèrement onduler ses boucles sombres.
- Cela ne me dérangeait pas de ne pas savoir d'où je venais. Les questions venaient des autres. Au fil des années, ça n'avait progressivement plus d'importance. Les interrogations resurgissaient lorsque je tombais brusquement dans le coma, pour me réveiller tout aussi brusquement ensuite, sans que les médecins ne parviennent à l'expliquer. Mais c'est arrivé très peu de fois. Cela s'est accentué l'année où tout a basculé, d'abord avec le Tournoi intergalactique, puis les batailles qui s'en sont suivies.
- C'est quand même incroyable que tu aies réussi à faire cela, à réinvestir ton armure, je veux dire. Tu es bien le plus loyal et le plus proche protecteur d'Athéna. Tu as défié toutes les lois de la condition humaine pour continuer à remplir ton rôle et ton devoir envers Elle.
- Je suis certain qu'on aurait tous pu le faire, nuança le Neuvième gardien avec modestie et humilité.
- Aujourd'hui, oui, car nous avons tous rencontré notre Déesse qui nous a baigné de son incroyable cosmos, et un lien profond s'est établi avec Elle. Mais tu es l'un des rares à avoir cru en Elle de manière si absolue, alors qu'Elle n'était qu'un bébé. Tu as risqué et perdu la vie pour Elle, sans une once d'hésitation.
- Si les rôles avaient été inversés, tu aurais agi de la même façon, Saga.
- J'aimerais le croire, soupira le Gémeau en repoussant son assiette vide.
- J'en suis convaincu. Et j'ai assez de foi pour deux, n'oublie pas.
- Je sais. Merci, 'Ros.
Le regard de Saga se voila, alors qu'il se perdait dans la contemplation des voutes de pierres du restaurant installé dans une ancienne cave, et qui formaient des petites niches de tranquillité.
Mais s'il avait su apprécier cette architecture et ce décor rustiques et majestueux à la fois, à leur arrivée, cette fois-ci, il regardait la salle sans vraiment la voir.
Aioros détestait la tristesse et la douleur qu'il percevait chez Saga.
Il aurait voulu pouvoir les noyer à jamais dans les profondeurs de l'oubli.
- Mon amour, l'appela-t-il doucement pour le ramener au présent et à lui.
Et cette douceur arracha effectivement Saga à ses tourments.
Il ancra ses yeux à ceux d'Aioros et dès lors, les sombres nuages qui s'y amoncelaient disparurent, avalés par la lumière et la chaleur de l'amour qu'il lisait dans les siens.
Le bleu retrouva enfin son éclat.
- Excuse-moi, mon aimé, répondit-Il en prenant la main qu'il avait tendu vers lui. Passons, et revenons-en plutôt à ce que tu me disais… Je suis soulagé que tu n'aies pas ressenti un poids ou un quelconque malaise du fait de ton amnésie. C'est assez souvent décrit par les personnes qui en souffrent.
- Je vivais au jour le jour, avec une confiance aveugle en l'avenir, expliqua Aioros, soulagé d'avoir pu arracher son compagnon à ses sombres tourments. Le passé ne m'intéressait pas, il n'avait rien à m'apporter. Parfois, il m'arrivait de me demander quelle enfance j'avais pu avoir, pour qu'elle m'ait laissé autant de cicatrices. Et puis, je me disais que cela n'avait pas dû être drôle tous les jours. Alors, à quoi bon chercher à m'en rappeler ? C'est ironique et paradoxal, au final, puisque mes jeunes années ont été les meilleures, puisque j'ai grandi au Sanctuaire avec toi.
Saga lui rendit son sourire, avant de redevenir grave.
- C'est vrai qu'il y avait de quoi s'interroger, avec toutes les traces laissées par ton entraînement et les combats. Sans compter la dernière…
Aioros posa spontanément sa main libre sur son torse, là où se dessinait la fine et longue cicatrice blanche laissée par la déjà assez puissante Excalibur de Shura.
Saga apprenait encore à la regarder sans trop de culpabilité.
Il l'embrassait avec révérence à chaque occasion, passait longuement ses doigts dessus, jusqu'à ce qu'Aioros, ne résistant plus face à ses affolantes caresses, ne l'entraîna vers d'autres délices.
- Oui, acquiesça le Sagittaire en reposant sa main sur la table. Les personnes qui les voyaient pensaient tout de suite que j'avais un passé trouble, soit d'enfant maltraité, soit de jeune délinquant. Mais en apprenant à me connaître, la confiance s'est instaurée tout aussi rapidement. On me décrivait comme le gentil garçon qui avait fait de mauvaises rencontres. dès son plus jeune âge. On s'est aussi vite rendu compte que j'étais fort, plus que la plupart des adultes autour de moi. Mais de la même façon, on y a très vite vu un atout, plutôt qu'une raison de me craindre. J'ai été très bien accueilli et intégré, très tôt.
- C'est ton caractère qui fait ça, commenta Saga. Tu es solaire, mon amour. Tu inspires la confiance et la sécurité, tu es la gentillesse et la bienveillance incarnées.
Aioros eut un petit rire gêné parfaitement adorable.
- Que de compliments, dis donc ! Tu vas me faire rougir.
- Je suis totalement et résolument objectif. Et sincère.
- Et amoureux, rappela le Sagittaire, ravi.
Le simple fait de prononcer ces mots le mettait en joie.
- Irrémédiablement et à jamais, confirma son Gémeau en pressant sa main toujours dans la sienne. Mais pas aveugle pour autant.
- On dit que l'amour est aveugle, pourtant.
- Moi, je ne le suis pas. Je te vois et tu n'es que Lumière.
- Saga, arrête, sérieusement ! protesta Aioros avec un petit sourire timide. Je ne mérite pas autant d'éloges.
- Tu mérites bien plus encore.
Cette fois-ci, ce fut la main d'Aioros qui serra un peu plus fort celle de Saga.
- Je t'ai toi, je ne veux rien d'autre.
- Je peux vous proposer un dessert ? demanda soudain la serveuse en surgissant à leurs côtés.
Les deux amoureux ne l'avaient pas vu ni senti arriver.
Leurs mains se détachèrent, et Aioros ne put retenir un rire, que finit par partager Saga.
La jeune femme, étonnée par leur réaction, les observa avec un petit sourire, et patienta gentiment pour avoir sa réponse.
- Alors, tu prends un dessert ou tu as tout ce qu'il te faut ? le taquina le Gémeau avec un léger sourire en coin.
- J'ai tout ce dont j'ai besoin et toujours rêvé, c'est un fait. Mais je ne serai pas contre un petit extra.
- Vous ne le regretterez pas, assura la serveuse en leur tendait les cartes. Je vous laisse réfléchir.
Elle débarrassa leur table de tout ce dont ils n'avaient plus l'utilité, avant de se retirer.
- Un extra ? reprit Saga. Tu comptes me faire des infidélités ?
- Bien sûr que non, quelle horrible pensée ! Je prends juste des forces pour la nuit qui nous attend.
- C'est une nuit particulière ? demanda innocemment le Gémeau.
Aioros se pencha vers lui et le regarda avec une intensité qui lui noua le ventre d'émotion, comme toujours.
Saga en frissonna délicieusement, sans chercher à s'en cacher.
- Je ne compte pas te laisser dormir, en fait. C'est peut-être notre dernière nuit vraiment seuls, loin du Sanctuaire, puisqu'en Italie, nous serons probablement hébergés par des amis. Alors je veux en profiter pleinement.
- J'aime beaucoup l'idée, répondit Saga en reprenant brièvement sa main pour embrasser l'intérieur de son poignet.
Ce fut au tour du Sagittaire de frissonner de la tête aux pieds.
C'était une zone extrêmement sensible, chez lui.
Chaque- fois que Saga y promenait ses lèvres, sa langue ou ses doigts, qu'il sentait leur caresse ou son souffle dessus, ça le mettait dans tous ses états.
Son compagnon le savait très bien.
- Tu ferais bien de prendre des forces, toi aussi. Je ne vais te laisser absolument aucun répit.
Saga étouffa son rire contre la paume d'Aioros, avant de relâcher sa main et de prendre la carte des desserts abandonnée près de lui.
- A tes ordres, amour.
La serveuse se présenta à nouveau à leur table après quelques minutes seulement.
- Avez-vous choisi ou voulez-vous des précisions, peut-être ? Il n'y a pas beaucoup de détails sur nos cartes, on est en train de les refaire.
- C'est gentil, la remercia Aioros. Vous pouvez nous conseiller, peut-être ?
- Tous nos desserts sont excellents, ils sont faits maison, selon des recettes souvent transmises de famille en famille. Mais je dirai que la spécialité de la région, le Salzburger Nokerl, serait parfait pour vous, si je peux me permettre.
- Pour quelle raison ? voulut savoir Saga.
Le regard noisette pétillant et bienveillant alla de l'un à l'autre.
- C'est un soufflé composé de trois quenelles et saupoudré de sucre glace, qui est connu pour être « sucré comme l'amour et tendre comme un baiser » !
Les deux hommes échangèrent un regard et un sourire complices.
Cette jeune femme était vraiment charmante, et ce, depuis leur arrivée.
Cela changeait de l'accueil qu'ils avaient eu dans le premier restaurant où ils s'étaient arrêtés, assez confiants, peut-être un peu naïfs.
Le passé de l'Autriche et la présence de figures importantes homosexuelles, depuis très longtemps, lui donnait une image d'ouverture et de tolérance à l'égard de cette communauté.
Au moins dans les grandes villes comme Salzbourg.
Alors même s'ils n'étaient pas à Vienne, Saga et Aioros n'avaient pas imaginé rencontrer une quelconque difficulté, surtout qu'ils ne s'affichaient pas en public, par habitude, sauf dans des endroits très touristiques ou des parcs.
Mais même alors, ils observaient une certaine retenue, par respect et pudeur.
Et pourtant…
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Flash back
Un peu plus tôt dans la soirée,
Restaurant Die Einladung
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- C'est ici, indiqua Saga à Aioros en faisant halte devant la devanture d'un restaurant. « L'invitation ». Un des meilleurs endroits pour un dîner romantique, d'après le Directeur de l'orphelinat. T'en penses quoi ?
- Ça se tente, répondit le Sagittaire. Ça a l'air classe, mais pas excessif, et de toute façon, nous sommes très bien habillés. Je t'ai dit que tu étais sublime, d'ailleurs ?
- Oui et je te ferai la même réponse qu'à chaque fois : pas autant que toi.
Après un sourire, ils entrèrent dans le restaurant.
Un homme se tenait là, derrière une sorte de pupitre.
- Bonsoir, Monsieur, le saluèrent-ils tour à tour.
- Bonsoir, Messieurs, répondit poliment le réceptionniste en souriant.
- Nous souhaiterions une table pour deux personnes, s'il-vous-plait.
Le sourire de l'homme s'effaça.
- Uniquement deux personnes ?
Saga regarda derrière eux, mais ils étaient seuls.
- Oui, nous sommes deux, mon ami et moi-même.
- Je vois.
Les deux hommes échangèrent un coup d'œil.
- Cela pose-t-il un problème ? demanda Aioros.
- C'est-à-dire que la clientèle de notre établissement se compose essentiellement de couples et parfois, de personnes seules.
- Cela ne nous pose aucun souci, assura Aioros avec un doux sourire.
Il avait très vite compris le problème, pour y avoir déjà été confronté par le passé.
Mais ce devait être nouveau pour Saga, qui avait conscience du phénomène sans l'avoir jamais réellement vécu.
Le Sagittaire observa l'homme se dépatouiller avec ses justifications.
- Certes, mais votre présence pourrait perturber nos clients, qui ne comprendraient pas et s'interrogeraient.
- Vous refusez l'entrée de votre restaurant à deux hommes sur ce prétexte fallacieux ? demanda Saga, les poings serrés.
Deux amis ne peuvent pas dîner ensemble ? ajouta Aioros le plus calmement du monde.
A l'inverse de Saga, qu'il sentait déjà bouillir à ses côtés.
Il ne s'énervait pas si vite, habituellement, mais quand un sujet lui tenait particulièrement à cœur, il pouvait démarrer au quart de tour…
- Cela ne s'est jamais vu dans notre établissement, répondit le réceptionniste.
- Il faut une première à tout ! répliqua Aioros avec un grand sourire provocateur.
- Certes… Mais voyez-vous, l'ambiance est très romantique. En tant qu'amis, vous en seriez assurément vous-même gênés...
- Ne vous en faites pas pour nous, nous sommes suffisamment intimes pour ne pas en être affectés.
L'homme se crispa davantage à cette réponse et ne put retenir une grimace, brisant le masque.
- Je me dois de penser à l'ensemble de notre clientèle, Messieurs. Je vous prie de faire montre d'un minimum de compréhension et de sagesse.
Se sentant au bord de la rupture, Saga opta justement pour la solution la plus sage : le repli.
- N'insiste pas, Aioros, allons nous-en. Je n'ai guère l'intention de dépenser le moindre sou dans ce genre d'endroit.
Le Gémeau voulut se détourner, mais le Sagittaire avait encore envie d'accentuer le malaise de l'homme aussi méprisant que méprisable, face à eux.
Lui aussi avait beau être gentil, conciliant et bienveillant, il y avait certains comportements qui pouvaient le faire bondir.
- Il n'a aucun motif légitime de nous refuser l'entrée.
- Ce n'est pas que je vous refuse l'accès, Messieurs. Il se trouve simplement que je viens de consulter notre registre, et je suis au regret de vous annoncer que nous sommes complets, ce soir, déclara-t-il avec un aplomb qui frisait l'effronterie.
Le Gémeau haussa un sourcil en jetant un œil par-dessus l'épaule du réceptionniste.
Une lourde tenture de velours bleue roi les séparait de la salle, mais elle était suffisamment ouverte pour en voir une large partie.
- Il y a plusieurs tables libres, fit-il remarquer.
- Elles sont réservées.
- Évidemment, répondit Aioros. Tu as raison, Saga, nous serons mieux ailleurs.
Lui aussi avait fini par perdre son sourire devant tant d'intolérance et de mépris, et il regretta presque d'avoir voulu continuer ce petit jeu.
Mais Saga ne pouvait pas en rester là, ce dernier échange avait constitué le point de rupture… il était furieux.
Bien sûr qu'il était pour la discrétion, il ne cautionnait pas la provocation.
Donc, Aioros et lui ne s'affichaient jamais.
Or là, ils n'avaient rien fait, ils n'avaient eu aucun geste déplacé.
Se retrouver face à des gens si intolérants, qui se permettaient de les juger et de les discriminer à cause de leurs choix intimes, cela le mettait hors de lui.
Il se redressa de toute sa hauteur, le rendant encore plus impressionnant, et toisa l'homme face à lui d'un regard puissant et implacable.
Ce dernier commença rapidement à se sentir très mal à l'aise, sous le feu de ces yeux d'orage.
Il déglutit et recula même d'un pas, le poing crispé sur la poitrine, soudain oppressé et livide, en s'accrochant au pupitre de sa main libre.
Le monde semblait tanguer autour de lui et il sentait la nausée monter au bord de ses lèvres, alors que sa poitrine se soulevait sous ses efforts désespérés pour retrouver son souffle.
Aioros posa sa main sur l'épaule de son compagnon, enroula tendrement son cosmos autour du sien pour l'apaiser.
Et l'air se mit soudain de nouveau à circuler dans les poumons de l'employé au bord de la syncope.
- Écoutez… Je viens de… me souvenir… une annulation…
- Partons, Aioros, le coupa sèchement Saga en se détournant.
Cette fois-ci, Aioros le suivit sans un mot, ni même un regard pour le réceptionniste, qui n'avait aucune idée de ce qui venait de se passer, mais qui ne l'oublierait pas de sitôt !
Il ne se doutait pas avoir échappé à bien pire, car Saga avait été à deux doigts d'inscrire des images bien terrifiantes dans son esprit.
Mais il ne valait pas plus une dépense d'argent reçu du Sanctuaire, qu'une dépense d'énergie et de pouvoir, don sacré reçu d'Athéna. Les Chevaliers ne devaient pas les utiliser sur les autres pour leur profit personnel, même sur ceux qui le méritaient vraiment.
A ce moment-là, le Gémeau le regrettait amèrement.
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Fin du flash back
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Heureusement qu'ils avaient fini par tomber sur ce restaurant très sympathique de la vieille ville.
L'hôtesse d'accueil les avait conduit au sous-sol, une ancienne cave voûtée tout en pierre, dont le décor accentuait l'atmosphère à la fois chaleureuse et solennelle. Elle les avait installé à une table idéalement placée, où ils bénéficiaient d'une intimité bienvenue. Sans être totalement isolée, elle leur offrait la possibilité de dîner sans avoir à se soucier des regards des autres clients, dont ils étaient souvent séparés par les imposants piliers de pierre.
Et les deux amoureux avaient bien vu, au fur et à mesure de la soirée, que chacun s'occupait de ce qui se passait à sa propre table.
La serveuse qui s'occupait d'eux était tout aussi charmante.
- C'est un dessert que l'on sert plutôt l'après-midi pour accompagner un café, car il est un peu consistant pour une fin se repas, était-elle en train d'expliquer. Mais si vous le partagez, ça passera très bien. On fait le meilleur de toute la ville !
- Qu'en penses-tu ? demanda Saga.
- Je pense que cette demoiselle nous l'a très bien vendu ! répondit Aioros.
- Je suis d'accord.
- Dans ce cas, nous vous suivons.
- Très bien ! se réjouit-elle en reprenant les cartes des desserts. Je vais voir avec le chef s'il est d'accord, mais il ne devrait pas y avoir de problème.
- C'est vrai que je ne crois pas l'avoir vu sur la carte, remarqua Aioros. Vous avez dit qu'il était plutôt servi l'après-midi.
- Oui, mais nous le proposons parfois à certains clients. Un dessert qui évoque si bien l'amour, cela se mérite !
Les deux amants se sourirent et se comprirent d'un simple regard : cette jeune femme était vraiment adorable.
- Merci, Mademoiselle.
- Vous êtes vraiment gentille, ajouta Aioros.
- Je vous en prie. Je devrais pas le dire, mais vous êtes très mignons, chuchota-t-elle. Chacun individuellement, et ensemble. Je reviens vers vous si le chef me demande de vous faire choisir un autre dessert, termina-t-elle en reprenant sa voix normale.
- Très bien.
- Voulez-vous un digestif ou un café, en attendant ?
- Il nous reste du vin. ´Ros ?
- Ça ira pour moi aussi, répondit Aioros. Merci à vous.
- Avec plaisir !
Elle s'éloigna sans plus attendre.
Saga remplit leurs verres et but une gorgée du sien.
- Si je comprends bien, on part pour l'Italie dès demain, alors ?
- Oui, confirma Aioros en prenant son propre verre.
- Combien de temps supplémentaire nous a-t-on accordé ?
- Shion m'a appris qu'Athéna revenait dans cinq jours, il préférerait que tout le monde soit là pour l'accueillir.
- Cela va sans dire. On a donc trois ou quatre jours.
- Oui, on pourra trouver un vol pour Athènes la veille de son arrivée, dans la matinée. Donc vendredi. Sauf si tu veux rentrer plus tôt.
- Tout dépendra de ce qui se passera en Italie, le taquina Saga.
- Que de bonnes choses, je te le promets, assura Aioros. Et si jamais ce n'est pas le cas, malgré ma promesse, on rentrera immédiatement au Sanctuaire.
Saga entremêla leurs jambes sous la table, couverte d'une longue nappe bien utile.
- J'ai confiance en toi.
Aioros leva son verre pour boire une gorgée de son vin…
Avant de la reposer d'un coup, heureusement sans en verser une goutte.
- Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta le Gémeau en reposant son propre verre.
- Je viens de me souvenir que la dernière fois que j'ai voyagé entre l'Italie et l'Autriche, ça m'avait pris pas mal de temps. La journée de demain va être consacrée en grande partie au trajet…
- Il y a beaucoup de route ?
- Il n'y a pas de vol direct, il faut remonter jusqu'en Allemagne pour redescendre ensuite vers l'Italie. Ça peut prendre jusqu'à 8h, plus le temps des formalités.
- Et le train ?
- C'est plus direct, mais pareil, il faut compter une dizaine d'heures. Il faudrait donc partir tôt pour arriver dans la soirée à Gênes. Mais avec la nuit que je prévoyais, on ne devrait pas en être capable… Enfin si, bien sûr, mais je voulais qu'on soit pas trop à regarder l'heure et qu'on reste un peu dans une ambiance détendue et sereine, jusqu'à rendre la chambre, à 11h.
- Je vois.
- Bon, c'est pas grave, je préfère perdre une journée dans les transports que de renoncer à notre nuit et notre réveil tranquille, trancha Aioros. On partira quand on sera prêt et on avisera.
Saga fit tournoyer doucement le vin dans son verre et admira les reflets de la lumière dans le liquide pourpre.
- Il y a une autre solution bien plus rapide, tu sais, avança-t-il.
Il ne fallut pas longtemps à Aioros pour comprendre à quoi Saga faisait allusion.
- Nous sommes censés ne pas avoir recours à ce genre de choses, mon aimé.
- Ce n'est pas interdit, répliqua Saga en reposant son verre. Ce n'est pas comme si j'utilisais cette technique tous les jours. Ça fait des mois que ça n'est pas arrivé, en tous cas pas pour me déplacer.
- Je sais que tu es raisonnable, excuse-moi, mon amour. C'est juste que j'ai un peu de mal à user de ces raccourcis quand c'est pour mon plaisir personnel.
- Alors dis-toi que c'est pour le mien ! répondit Saga avec un doux sourire. Je ne veux pas renoncer à cette nuit qui promet tant, ni l'écourter, ni courir après les avions et les trains.
Aioros tendit ses mains par-dessus la table et prit celles de Saga entre les siennes.
- Tu as raison, moi non plus. Faisons comme ça.
- Parfait.
- Cela fait longtemps que je n'ai pas « emprunté » l'Another Dimension avec toi. La dernière fois, quelques semaines avant ma disparition, tu te souviens de ce qui s'est passé ?
- Comment aurais-je pu l'oublier ? C'était la première fois que je te prenais la main, sans aucune raison.
- Oui, parce que me dire que c'était pour ne pas me perdre, c'était un peu gros comme prétexte, se moqua tendrement le Sagittaire.
- Mais tu as fait comme si tu y croyais et tu as serré ma main plus fort. J'étais heureux et fou amoureux, mon cœur battait tellement fort...
- C'était pareil pour moi aussi.
- J'aurais voulu que le temps s'arrête. Mais j'avais du mal à maintenir la stabilité de la distorsion, tellement j'étais ému et submergé de bonheur. Notre connexion était parfaite et on pouvait s'accorder ce répit et un peu de liberté, dans cet espace hors du temps et de toute perception de cosmos. C'était merveilleux.
- Absolument magique.
Ils soupirèrent discrètement en même temps, à l'évocation de ce souvenir si précieux.
- Alors, quel est le programme ? reprit ensuite Saga pour les ramener au présent. On va à Gênes, si j'ai bien suivi ?
Le Sagittaire libéra son Gémeau et se laissa aller en arrière contre sa chaise.
- Oui, mais seulement pour prendre le train. Le trajet est magnifique de là-bas jusqu'à notre destination finale, il faut que tu voies ça.
- Tout ce que tu veux, mon aimé.
- Tu ne connais pas l'Italie, par contre, tu vas quand même pouvoir nous y conduire ?
- Aucun problème, puisque je te connais très bien, toi. Ce que tu visualiseras dans ton esprit se réfléchira dans le mien. Tu seras notre pilote.
- J'aime assez l'idée. D'ailleurs, sache que je compte aussi l'être cette nuit.
- C'est ce que j'avais cru comprendre. Ce sera avec grand plaisir, amour, comme à chaque fois.
Aioros lui envoya un baiser discret du bout des lèvres.
La serveuse revint alors et déposa une assiette au milieu de la table, puis une cuillère de chaque côté ainsi qu'une petite coupelle.
- Et voilà votre Salzburger Noderln maison et sa compotée d'abricots du jardin ! annonça-t-elle fièrement.
- Merci. C'était rapide, en fait, fit remarquer Saga.
- Je ne savais pas si le chef pouvait le faire tout de suite. Mais c'est très simple à préparer et ça cuit vite. Et il faut le manger aussi vite, avant que les trois petites collines ne s'affaissent.
- « Les petites collines » ? releva Aioros.
- Oui. Ces trois petits dômes représentent les collines de Salzbourg. Vous n'avez pas pu les manquer…
- Non, rassurez-vous.
- J'ai eu peur ! rit-elle en serrant son plateau de service contre elle. Cette spécialité est notre fierté, tout comme nos collines. Bonne dégustation à vous !
- Merci, Mademoiselle.
La serveuse hocha la tête et tourna les talons.
Saga prit une des deux cuillères et la tendit à Aioros.
- Je t'aurais bien fait manger, mais il ne faut peut-être pas aller aussi loin en public.
- On se tripote les mains et les pieds depuis le début du repas, tu crois vraiment qu'on a pas déjà franchi les limites ? se moqua-t-il avec tendresse.
Avant de lui présenter sa cuillère bien garnie.
Saga sourit, puis ouvrit docilement la bouche et engloutit la bouchée sans plus tarder.
Et son regard intensément rivé au sien.
Il fit de même avec Aioros.
Et soudain, ils se mirent à rire, tous les deux, sans vraiment de raison.
Ils étaient simplement bien.
- Faire ça à presque 30 ans, quand même… murmura Aioros. De vrais ados !
- Ou de jeunes mariés en lune de miel.
- Oui, c'est bien aussi, ça ! approuva-t-il. Mais c'est tellement grisant, ce qu'on vit depuis quelques jours… C'est parfois comme si j'avais de nouveau 14 ans. On en a déjà parlé, d'ailleurs.
- Et ce n'est pas si étonnant que cela, en vérité. On nous a arraché le droit d'être amoureux et insouciants à l'âge où on découvre normalement tout ça. Alors cela ne me dérange pas de rattraper ce temps-là, puisque c'est avec toi. On ne peut pas vraiment le faire au Sanctuaire. Ici, on est complètement anonymes.
- Et ça fait du bien.
Saga acquiesça, alors qu'ils continuaient la dégustation de leur délicieux dessert.
- Kanon a raison, je dois le reconnaître, c'est bon d'être hors de portée de cosmos, aussi bienveillants soient-ils.
- C'est vrai. Ce retour à la vie, c'est comme si on reprenait là où tout s'est arrêté, il y a bientôt quinze ans. Saga, mon aimé, ajouta-t-il après un court silence et une grande inspiration, je veux vivre tout ce qu'on a pas pu vivre ensemble. Et plus, encore. Et ce, à chaque occasion qui nous sera donnée, au Sanctuaire et au-dehors.
- On a toute notre vie pour cela. Personne ne nous volera cette seconde chance.
Aioros hocha la tête, ému par la détermination de son amant, qu'il partageait.
Ils continuèrent à savourer leur dessert en silence et de manière plus conventionnelle, jusqu'à la dernière cuillère que Saga fit manger à Aioros.
- Merci, mon aimé.
- Merci à toi, amour. Tu veux un café ou autre chose ?
- Non, je ne veux que toi, à présent, refusa le Sagittaire dans un murmure. J'ai gardé le meilleur pour la fin. Mais tu peux commander autre chose, si…
- Non, ça ira, l'interrompit-il sans brusquerie. Moi aussi, je ne veux et n'ai besoin que de toi pour bien terminer cette soirée déjà absolument parfaite.
Le nuisible du premier restaurant était oublié depuis longtemps.
- On rentre, alors ?
Saga approuva, avant de faire signe à la serveuse.
Ils réglèrent l'addition et laissèrent un généreux pourboire à la jeune femme, qui avait été si adorable avec eux.
Les deux amoureux regagnèrent ensuite leur hôtel, heureusement à proximité.
Ils ne rêvaient que d'une chose : se retrouver seuls pour conclure en beauté cette merveilleuse soirée.
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A suivre.
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Merci d'avoir été au bout de ce nouveau chapitre.
Pour le prochain, j'hésite encore entre publier le séjour d'Aioros et Saga en Italie, qui comprends trois parties, ou faire une pause avec un petit retour en arrière et au Sanctuaire pour un focus sur Angelo et Shura.
Verdict dans une semaine !
Bonne continuation à toutes !
Lysanea
