Titre : Le Fil rouge du Destin
Auteur : Lysanea
Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient sauf Simon.
Pairing et personnages pour ce chapitre : Angelo, Milo, Kanon, Camus, Simon, Aldébaran, Rhadamanthe.

Rating : T

Note : Bonjour à tous ! Désolée pour l'attente. Merci de continuer le voyage avec moi, merci pour les divers ajouts dans les favoris et/ou liste de suivis.
petit chapitre de fin d'année pour dire que l'histoire continue !

Belle fin d'année, bonne nouvelle année et Bonne lecture à tous.

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Le Fil rouge du Destin.

Chapitre Vingt : Dans le monde entier, il n'y a pas de cœur pour moi comme le tien. Dans le monde entier, il n'y a pas d'amour pour toi comme le mien.
(Maya Angelou)

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Domaine Sacré
15 Septembre 1989

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En arrivant au garage à motos, qui comptait deux box extérieurs, Milo trouva celui où Angelo garait la sienne ouvert, et son propriétaire penché dessus.
Il se releva d'ailleurs à son approche.

- T'es pas avec Kanon ? demanda le Cancer après s'être salués.

- Il ne devrait pas tarder, je pense. Il a rejoint son Dragon aux Enfers pour déjeuner ce midi et il y est resté.

- Faudrait pas essayer de l'appeler ? proposa Angelo. Y a un risque qu'il se pointe pas, y a aucune notion de temps là-dessous. Ta connexion télépathique et la mienne passent sans problème.

Milo jeta un œil à sa montre.

- Accordons-lui un peu de temps, encore.

- C'est toi qui voies, et qui devra t'expliquer avec Saga et Aioros en cas de retard.

- Je laisserai Kanon se dépêtrer, plutôt ! Je préfère ça, plutôt que de me mettre encore plus à dos son Dragon à pointes, là…

- T'as bien raison ! grimaça Angelo.

Milo lui sourit en retour, puis il fit le tour de la moto avec un regard appréciateur.

- C'est vraiment une belle bête, tu l'entretiens très bien.

- Ouais, et vous avez intérêt à y faire gaffe, si vous voulez pas refaire un tour aux Enfers, rappela Angelo en passant sa main sur le métal rutilant.

- Tu peux compter sur nous, on sait combien elle est précieuse pour toi ! Je suis encore étonné que tu aies accepté de nous la prêter, d'ailleurs. Kanon a une info compromettante sur toi, c'est ça ?

Angelo secoua la tête avec un petit sourire en coin.

- Pas besoin. Et j'ai jamais dit que je la prêterai pas, vous avez décidé tout seul et personne ne me l'a demandé, depuis que je l'ai. Mais je suis ok pour ça. C'est juste une question de confiance.

- Excuse-moi, mais venant de toi et sachant comme tu y tiens, ça reste surprenant. Mais c'est chouette, tant mieux, j'me plains pas ! J'hésiterai plus à te la demander.

- On verra dans quel état vous me la ramènerez, avant de parler d'une prochaine fois.

- Mais si tu nous la confies, C'est que t'as confiance, comme tu l'as dit. Et tu as raison, on fera très attention, promis.

- Je vous laisse pas vraiment le choix, en fait.

- Allons bon, tu fais le dur, mais on sait ce qu'il en est, se moqua Milo. Qui aurait pu croire que notre Crabe aux pinces d'or se serait autant attendri ? T'es un vrai petit surimi, maintenant !

Angelo appuya fortement sur la tête de Milo qui se plia en deux sous la pression.

- On t'a jamais appris à respecter tes aînés, Milou ? Parle-moi encore comme ça et je te fais avaler ton dard !

Milo se dégagea en éclatant de rire, pas impressionné pour une drachme.

- Mais je te respecte ! Encore plus qu'avant, même.

- C'est pas faux.

- Puis je ris, mais en vrai, je t'envies, tu sais. Enfin, plutôt Shura.

- C'est la meilleure, celle-là ! rit amèrement Angelo.

- Non, mais je ne plaisante pas... Aiolia m'a raconté votre dîner avec les amis d'Aioros, notamment comment t'étais attentionné avec Shura...

- Mais de quoi il se mêle, le chaton ? grogna le Quatrième gardien. Depuis quand il fait sa commère, d'ailleurs ?

- Je ne pense pas qu'il en ait parlé à quelqu'un d'autre, tu sais bien qu'on se dit quasiment tout, avec ´Lia, le défendit le Scorpion. Ça l'a un peu surpris, c'est pour ça qu'il l'a évoqué. Et puis aussi, par rapport à moi, je pense. Tu vois, j'aimerais bien que tu serves d'exemple à Camus. Ça ne me dérangerait pas qu'il passe du sorbet au granité de temps en temps, en public…

Angelo leva un sourcil, perdu.

- Mais de quoi tu causes, bordel ?

- Je voudrais qu'il soit un peu moins froid, réexpliqua Milo. Il peut être tellement câlin à la maison, après l'amour ou le matin au réveil… Un vrai petit ours polaire ! Dis pas que je te l'ai dit, hein ? se reprit-il en attrapant le bras d'Angelo.

- Pour ce que j'en ai à foutre…

Sans se vexer, Milo relâcha son bras et poursuivit son propos.

- Mais tu vois, dès qu'on est en dehors de chez nous, c'est un mur de glace, une vraie forteresse, même...

Appuyé contre sa moto, Angelo sortit et alluma une cigarette, tira dessus et exhala un long nuage de fumée, avant de répondre à son cadet dépité.

- Tu dis ça parce que tu le vois pas te regarder. Crois-moi, la flamme dans ses yeux, elle vaut tous les gestes plus explicites qu'il pourrait avoir. A part de te rouler une pelle au milieu de l'arène, on est d'accord… Mais je suppose que ça te suffit pas, puisque tu le vois pas et tu le sens pas.

Les yeux du Scorpion se plissèrent sous la réflexion.

- C'est vrai que souvent, je sens un truc, ça me fait comme un frisson sur la nuque. Je pense tout de suite que c'est son regard qui me fait ça. Parfois, c'est le cas et on a un long échange qui me met dans tous mes états… Mais à d'autres moments, quand je me retourne, que je le vois, lui, il fait totalement autre chose qui n'a rien à voir avec moi… Il ne regarde même pas dans ma direction !

- Évidemment, répondit Angelo en haussant les épaules. On est pareil, on veut pas se faire griller. Pas pour les mêmes raisons, lui et moi. Ou peut-être que si, après tout. J'sais pas. Doit y avoir une histoire de fierté mal placée chez lui aussi.

- Montrer ses sentiments est comme un aveu de faiblesse, pour Camus. Il s'est construit comme ça, ça a forgé son caractère. Je ne peux pas lui en demander trop non plus, c'est aussi pour ce côté froid et distant que je l'aime, ça lui donne tellement de charisme et de prestance ! Et puis, en privé, sa carapace de glace fond totalement, alors je ne suis pas frustré, j'ai tout l'amour et toute l'attention dont je pouvais rêver. On ne dirait pas, mais il est très tendre…

- Un ours polaire, j'avais compris la première fois… grimaça le Cancer. Alors de quoi tu te plains ?

- De rien, t'as raison. C'est juste que j'ai parfois l'impression qu'il est resté coincé à l'époque d'avant, quand on devait jouer les meilleurs amis pour que personne ne devine ce qui nous liait vraiment. C'est dommage… Je pensais que ça, au moins, ca changerait.

Le Quatrième gardien observa son frère d'armes un instant.

- On aimerait bien pouvoir faire ce qu'on veut en société sans être jugé, voire même, risquer d'être arrêté, mais on peut pas, finit-il par lui dire. Ici, entre nous, c'est différent, on a cette liberté. Plus ou moins. Toi, si j'ai bien compris, tu voudrais que ton Iceberg soit plus démonstratif devant nous.

- Oui, au moins de temps en temps… ou qu'il ne soit pas si gêné quand je le fais, comme si ça le dérangeait… quand il me laisse seulement faire.

- Pourquoi ? Y a rien à prouver, ni même juste à montrer de plus que ce qu'on voit déjà ! Et ce qu'on sait de ce qui se passe derrière les portes de vos appartements suffit aussi. Largement.

Intrigué par son ton, Milo haussa un sourcil.

- Comment ça ?

Angelo haussa un sourcil.

- La Onzième Maison, c'est la Sibérie en hiver, on se les pèle chaque fois qu'on la traverse. Ça m'étonnerait même pas de me prendre un stalactite sur le coin de la gueule, un de ces quatre matins !

- T'exagère ! s'amusa le Scorpion.

- A peine. Mais en dehors de ça, y a des moments bien particuliers où on a l'impression de traverser le désert, comme dans ton Temple, quand tu t'y trouves. On se doute bien que vous êtes ensemble chez Camus et que c'est pas des perles que t'es en train d'enfiler !

Milo se frotta l'arrière du crâne avec un rire nerveux, une fois n'est pas coutume à court de répliques.

- Tout ça pour dire que je comprends, je suis dans la même position que Camus, je suis pas du genre à montrer ce que je ressens devant les autres, poursuivit Angelo. Mais je suis aussi dans la tienne, parce que Shura est pareil. Alors, c'est plus facile pour moi d'avoir des petits mots et des petits gestes devant vous, quand j'arrive à trouver un prétexte… sinon je me retiens. Et t'sais quoi ? Ca m'énerve. Surtout que je sais que ça ferait plaisir à Shura, parce que moi aussi, ça m'arrive d'en vouloir de sa part. Puis, faut voir sa tête quand il est tout gêné et perdu, quand il essaie vainement de me cacher que ça le touche…

- Oui, je connais ça !

Un court silence de réflexion, et Angelo écrasa sa cigarette, avant de reprendre.

- T'sais, Milo, j'me dis qu'on a la chance d'avoir cette nouvelle vie, alors on devrait pas la perdre à faire attention à des détails. On devrait juste faire ce qu'on a envie. Par exemple, ne pas retenir ses gestes, parce qu'on a la chance de pouvoir toucher l'autre, une chance qu'on avait perdu. Dire tout ce qu'on a à dire, pas attendre que l'autre devine ou comprenne, ou parle en premier. Surtout si ces gestes et ces mots rendent heureux l'autre. Après tout, je sais pas pour vous, mais moi, cette nouvelle vie, je veux juste la passer à rendre Shura heureux… Pourquoi tu tires cette tête ?

- C'est plus que rare de t'entendre parler comme ça ! s'étonna Milo qui souriait largement. Tu t'es pas juste attendri, t'as… grandi ? Mûri ? Ma foi, je ne te savais pas aussi… sage ?

Milo se prépara à se prendre un coup, mais celui-ci n'arriva jamais.

- Je l'étais carrément pas, mais être avec Shura, ça m'a fait réfléchir et grandir, ouais, je suppose que t'as raison. Encore aujourd'hui. Et mon âme a été baigné par le cosmos d'Athéna, c'est pas rien. Elle m'a ramené à la raison, et Elle m'a rendu la mienne. Je réfléchis plus pareil, depuis.

Milo se remémora ce que Kanon leur avait dit sur Angelo, que lui avait confié Rhadamanthe lui-même.

Athéna a procédé de la même façon avec la folie et le mal d'Angelo qu'Elle l'avait fait avec le mal et la haine qui me rongeaient. Elle a entouré nos âmes de Son cosmos et les a purifié du mal qui les habitait, l'en extrayant pour l'amener à se dissoudre dans le néant entre les mondes.

- C'est sûr, finit-il par répondre.

- C'est une bonne chose, quelque part, ça me permet aussi de jouer mon rôle d'aîné. Même si vous en avez plus besoin !

- La preuve que si ! répliqua Milo. C'est surprenant, c'est même un peu flippant, en vérité, mais après coup, c'est plutôt chouette d'avoir un Crabe philosophe à dispo !

- Tu veux vraiment bouffer ton dard ? le menaça le Crabe en question en bloquant sa nuque de son bras puissant pour ramener sa tête contre son torse.

Milo se débattit en riant, et Kanon arriva sur ces entrefaites.

- Vous êtes déjà là, désolé ! Besoin d'aide, Milo ?

- Ça ira, le remercia-t-il alors qu'Angelo le libérait. On vient d'arriver, t'en fais pas. Ta Wyvern a eu du mal à te lâcher ?

- C'est moi qui n'aie pas fait attention à l'heure et il s'est bien gardé de me la rappeler… grimaça-t-il. Enfin bref. On y va ?

- Oui ! assura le Scorpion. On doit encore faire quelques courses avant de rejoindre les autres à la Villa.

- Je m'en doutais, alors j'ai prévu large pour l'heure, on a le temps si on part tout de suite.

- Parfait !

Kanon tourna son regard vers le Cancer.

- Angelo, t'es sûr que tu ne veux pas venir ? Tu peux nous rejoindre là-bas en 2 minutes en prétextant avoir pris le bus.

Le Cancer secoua la tête.

- Non, c'est bon, ça fera trop de monde, ce sera pas agréable. On a déjà passé deux soirées et un déjeuner avec eux, et on a prévu de repasser avec Shura dès demain, pour leur dire au revoir correctement. On restera sûrement jusqu'au lendemain, puisque c'est dimanche, on aura pas à rentrer trop tôt.

- Comme tu veux, dans ce cas.

- Passez juste le bonjour à tout le monde pour nous.

- Ce sera fait, promit Milo.

- Et toi, Camus ? demanda ensuite Kanon en se tournant vers le côté opposé au leur. Tu veux venir, finalement ?

Le Verseau s'approcha alors.

- Mais tu sors d'où ? s'étonna Milo. C'est bien la première fois que je ne sens pas ton cosmos ou ta présence !

- Je les ai profondément dissimulés, je ne voulais pas vous interrompre. Je me doutais cependant que l'arrivée de Kanon m'exposerait.

- C'est clair qu'il a un sacré radar ! s'amusa Milo en donnant un coup de coude dans les côtes de son ainé. Même le meilleur espion du Sanctuaire que tu es ne peut le tromper.

- J'ai naïvement pensé qu'il ne révélerait pas ma présence.

La température chute brusquement de plusieurs degrés.

C'était toujours un peu tendu entre Camus et Kanon.
Le Verseau avait vraiment beaucoup de mal avec le cadet des Gémeaux.

Le lien qui l'unissait à Milo et ce qui s'était passé après la bataille contre Poseidon (1) n'y était pas étranger, évidemment, et leur amitié toujours plus profonde n'arrangeait rien.

Camus n'avait jamais ressenti cela face à Aiolia, pourtant lui aussi extrêmement proche de Milo.
Mais Kanon faisait naître en lui un sentiment diffus de menace et d'infériorité qu'il avait du mal à supporter.

- Je te prie de m'excuser, j'ai cru que tu avais peut-être changé d'avis, mais que tu ne savais pas trop comment l'annoncer, répondit Kanon avec sincérité.

- Ce n'est pas le cas.

- Camus…

- Quoi ? répondit-il sèchement en se tournant vers Milo.

Le Scorpion retint un soupir.

Il savait que cela ne servirait à rien de reprendre son Verseau, il allait au contraire encore plus se braquer et lui en vouloir, peut-être même lui reprocher de prendre le parti de Kanon.

Pas ouvertement et certainement pas devant témoin, mais il allait le lui faire regretter en privé.

Il opta donc pour une autre stratégie, et ignorant son regard noir, il sourit avec tendresse.

- Tu t'occupais de l'entraînement avec Aldebaran, cet après-midi, si tu es venu jusque-là, c'est pour me dire au revoir pour la soirée ? demanda-t-il en se rapprochant de Camus.

Celui-ci détourna le regard et se faisant, il croisa celui d'Angelo.

Il se souvint alors de ses paroles, car oui, il avait entendu une bonne partie de sa conversation avec Milo.
Il ne voulait pas jouer les espions, mais par habitude, il avait toujours un premier mouvement pour se dissimuler. Il allait se reprendre, mais en sentant le cosmos perturbé de Milo et en entendant qu'ils étaient en grande conversation, il était resté dans l'ombre et avait étouffé encore davantage sa présence.

Milo pouvait sentir qu'il était quelque part près d'eux, sans le découvrir aussi près, à moins de se focaliser sur lui. Mais le sachant avec les apprentis et lui-même concentré sur son échange avec Angelo, il ne faisait pas trop attention au reste.

Camus reporta alors son attention sur Milo et son regard s'adoucît, alors qu'une ébauche de sourire s'esquissait enfin sur ses lèvres.

De toute façon, c'était assez évident.
Il n'avait rien à faire près du garage à motos, il n'y avait qu'une seule raison possible à sa présence.

- Oui, avoua-t-il alors, surprenant Milo qui voulait juste changer de sujet.

Et les deux autres aussi, d'ailleurs.

Excuse bidon et crédible ou non, Camus n'aurait pas hésité à se cacher derrière pour ne pas révéler ses véritables intentions, bien qu'évidentes.

Angelo se reprit vite et sourit de toutes ses dents.
Il avait aussi senti Camus à proximité.

Lui dont les pouvoirs le rendaient très sensible à la présence d'âmes autour de lui et même à des kilomètres, l'avait repéré assez facilement, aussi bon espion fut-il.

Il était ravi que ses paroles aient été entendues et ses conseils, appliqués si vite.

En même temps, il s'agissait de Camus.
A bien des égards, il ressemblait à Shura.

Notamment sur le pragmatisme et la réactivité à tout épreuve dont ils faisaient montre dans toutes les situations possibles.

- C'est vrai ? s'enthousiasma Milo. Je suis trop content, merci, mon Camus !

Il le serra dans ses bras très rapidement et se recula, tout sourire.

Le Onzième Gardien soupira, puis attrapa et serra le poignet de son compagnon du Huitième un court instant.
Mais c'était déjà bien suffisant pour ce dernier, tant ce geste était inédit de la part de son amant.

- Passe une bonne soirée, Milo. A demain. Je t'attendrai, ajouta-t-il avant de se détourner pour partir.

- Merci, mon Camus ! Je rentrerai vite, promis ! Et je te raconterai tout, alors à demain ! répondit Milo tout sourire, en le regardant s'éloigner.

Jusqu'à ce que Kanon ne le secoua gentiment.

- Remonte ta mâchoire et raccroche les wagons, l'amoureux transis, l'heure tourne ! Faut y aller.

- Oui ! Désolé, Camus m'a surpris… il t'a entendu, Angelo, n'est-ce pas ? demanda-t-il tout en enfilant le casque que lui avait tendu son aîné.

- Sûrement, et tant mieux, non ?

- Carrément ! Je suis tellement content… Angelo, merci encore.

- C'est ça… Bon, filez, maintenant, et amusez-vous bien ! Et faites gaffe à ma bécane, surtout ! leur rappela-t-il en tendant les clés à Kanon, qui enfilait aussi son casque.

- Promis ! répondit celui-ci en les saisissant.

Angelo regarda son aîné et son cadet enfourcher sa moto, puis s'en aller sur un dernier signe de main du Scorpion.
Il regagna ensuite son Temple où Shura ne devait plus tarder à le rejoindre.

Shura, son meilleur ami, frère d'armes, amant, compagnon de route et âme-sœur.
Celui qui avait fait de lui l'homme qu'il était, à présent, capable de converser avec ses camarades, de conseiller ses cadets, de prêter ses affaires, de plaisanter…

Bien sûr qu'il devait beaucoup à Athéna, mais s'il avait tant changé, c'était surtout grâce à lui, et ce n'était pas pour lui déplaire, tout compte fait.

Car leurs camarades n'étaient pas les seuls à bénéficier de ces changements.

Un petit garçon de huit ans profitait aussi de ceux-ci, mais aussi et surtout, était mis à l'abri de la sombre influence qu'il avait exercée, autrefois, en tant que Deathmask du Cancer, sur un autre enfant qui n'avait pas eu la même chance que lui.

Il n'avait alors ressenti aucune culpabilité concernant le sort de son discipline Mei, qu'il avait envoyé chercher l'armure de la Chevelure de Bérénice au cœur de l'Etna, et qu'il avait entraîné si durement et cruellement en ce même lieu.

Sa mort si jeune ne l'avait pas plus affecté, à l'époque.
Mais à présent qu'il ressentait tout le poids de ses agissements passés et de ses crimes, repenser à cette période lui nouait la gorge et lui tordait l'estomac.

C'était l'une des raisons pour lesquelles Angelo n'avait pas voulu de la charge de Simon.

Il craignait de voir resurgir ses sombres démons et de ne pas être à la hauteur.
Il ne voulait pas briser une nouvelle fois le Destin d'un enfant qui aurait eu toute la vie devant lui, s'il ne l'avait pas rencontré.

Encore une fois, Shura avait su apaiser ses craintes et lui redonner confiance en lui, en l'homme qu'il pouvait être et devenait, à ses côtés. Et Simon lui-même, en s'adaptant à lui, en lui accordant progressivement sa confiance, et depuis quelques temps, son affection, par ses regards où l'admiration avait peu à peu remplacé la crainte, lui donnait jour après jour foi en la personne qu'il était, dorénavant.

Un cri résonna alors comme en écho à ses pensées, alors qu'il commençait l'ascension du Grand escalier.

- Maître Angelo !

Le susnommé s'arrêta et se retourna pour voir justement Simon qui courait le rejoindre.
Angelo le laissa monter à sa rencontre, les poings sur les hanches.

- Qu'est-ce que tu fiches ici, gamin ? l'accueillit-il comma à son habitude.

Simon s'y était fait, depuis, il ne redoutait plus cette mine renfrognée dont il apprenait cependant encore à déchiffrer toutes les nuances et ce qu'elles impliquaient pout lui et leurs échanges.

- On vient de finir l'entraînement avec Aldébaran et Camus. Je vous ai vu, alors ils m'ont autorisé à venir vous saluer.

- Au lieu de ranger avec les autres ?

- J'avais tout installé avec Yoris et Sigma, c'est pour ça, se défendit-il.

- Ok. Et tu as bien travaillé, aujourd'hui ? s'enquit-il en croisant les bras sur son torse.

- Camus m'a félicité, donc je pense que oui. J'ai réussi à faire une fissure dans son bloc de glace. Mais je me suis quand même blessé, avoua-t-il en montrant sa main écorchée.

Ce n'était pas grave, ni la blessure, ni le fait de s'être blessé.
Simon n'était là que depuis trois mois, et il avait fait d'énormes progrès, déjà.

Physiquement, il s'était étoffé. L'entraînement quotidien qu'il lui avait imposé, dès la deuxième semaine, portait ses fruits, le rendant plus endurant et plus fort. Il avait aussi rapidement compris le principe de la cosmo-énergie, et montrait de bonnes aptitudes pour la maîtriser.

Marine avait beaucoup aidé Angelo pour ces leçons-là. Il pouvait toujours compter sur elle.
Et sur Shura, bien évidemment.

Le Cancer se concentrait donc plus particulièrement sur tous les aspects qui faisaient de Simon son successeur.
Et ce n'était pas simple du tout.

Simon avait un lien réel et indéniable avec les âmes. Il était cependant en outre très loin de savoir les différencier, les apaiser et les guider. Il se laissait encore trop largement dominé par elles.

Mais Angelo ne s'inquiétait pas, cela prenait du temps.
Lui n'en avait pas mis longtemps, mais il avait été forcé avec une violence inouïe par son Maître.

C'était hors de question qu'il reproduisit ce genre de pratiques.

Simon avait un très grand potentiel.
Il ne faisait aucun doute qu'il serait le prochain Cancer.

L'armure d'Or ne l'avait pas encore appelé, mais elle était clairement en attente et le surveillait.
Cela viendrait en temps et en heure, rien ne pressait.

Aucune guerre ne se profilait à l'horizon et quant bien même, il était encore là pour garder la Quatrième Maison du zodiaque.

- Vous êtes déçu, Maître Angelo ? demanda Simon face au silence de son mentor.

- Si Camus t'a félicité, je n'ai aucune raison de l'être. On retravaillera ta concentration de cosmos demain.

- Ce n'était pas prévu ! s'exclama l'apprenti, surpris.

- T'as mieux à faire, peut-être ?

- Non, non, Maître, je suis très content ! assura-t-il avec effectivement beaucoup d'enthousiasme et un incroyable sourire qui faisait toujours tressauter le sourcil droit d'Angelo. Merci beaucoup, Maître !

- On verra demain quand tu me supplieras de faire une pause si tu me remercieras encore ! le calma-t-il. Allez, dépêche-toi de rentrer et de te laver. Et soigne cette main, surtout !

- Oui, Maître Angelo ! À quelle heure je devrais être aux arènes, demain ?

- Viens chez moi à 7h pour le petit-déjeuner, on parlera de la théorie en mangeant, ça nous fera gagner du temps. Tu me raconteras ce qui se passe dans ta tête pendant que tu frappes et ce qui perturbes ta concentration, ajouta-t-il en ébouriffant vigoureusement les cheveux de son disciple.

Simon grimaça, mais n'osa pas se dégager.
Et au fond, il était très content de recevoir ce qu'il considérait et savait être un geste affectueux.

- D'accord, Maître Angelo. Est-ce que Shura sera là, aussi ?

- Hey, c'est pas un repas de famille, gamin ! lui rappela-t-il en lui donnant une pichenette sur le front. On commencera à travailler dès que t'auras posé tes fesses sur la chaise, compris ?

Simon se fritta le front en grimaçant.

- Oui, Maître…

- Alors si t'as saisi, file, maintenant. Et sois à l'heure, demain !

- Oui ! Bonne soirée, Maître Angelo. Et merci !

- C'est ça, à toi aussi, gamin. Et soigne ta main ! rappela-t-il alors que Simon s'éloignait déjà.

- Une vraie mère poule, se moqua gentiment Aldébaran qui montait les marches à sa rencontre aux côtés de Camus.

Angelo grimaça sans rien répliquer, et reprit aussi la montée des marches, ses camarades à sa hauteur désormais.

- Je pensais pas que t'étais retourné aux arènes, après ton petit passage au garage, fit-il remarquer à Camus.

- J'avais encore des choses à faire. Concernant Simon, enchaîna-t-il pour clore le sujet, tu fais du bon travail, avec lui.

Cela lui valut un coup d'œil surpris du Cancer.

- Ça fait plaisir, surtout venant de toi.

- C'est un constat. Cet enfant est doué et tu fais ressortir le meilleur de lui. J'en suis le premier étonné, mais c'est une réalité.

- Il a raison, confirma Aldébaran.

- Ok, tant mieux, alors. Mais je suis pas le seul, Shura et Marine m'aident beaucoup, depuis le début. Kiki aussi.

- Mais il fait beaucoup référence à toi, révéla le Taureau. Chaque fois qu'il réussit quelque chose ou alors pour s'encourager, il dit que c'est pour « Maitre Angelo ». Il t'admire grandement.

- Ouais, jusqu'à ce qu'il apprenne qui j'étais, autrefois.

- Tu n'es peut-être pas obligé de tout lui dire.

- Si, Al'. Ça fait partie de mon histoire, donc de celle des Chevaliers du Cancer. C'est aussi son héritage, l'Armure lui transmettra aussi cette partie-là, il lui parlera de mon taré de Maître aussi. Simon doit savoir avant de la recevoir et de la porter, et je veux surtout pas qu'il l'apprenne par d'autres.

- Bien sûr, je comprends. Je suis désolé de t'avoir fait une telle suggestion. Saches, en tous les cas, que si t'as besoin d'un coup de main le jour où tu décideras de lui parler, je serai là, alors n'hésites pas !

- Merci.

- Tu pourras également compter sur moi.

- Tu es surprenant, Camus aujourd'hui.

Le Verseau ne répondit rien.

- Vous voulez boire un verre à la maison ? proposa alors le Deuxième gardien comme ils arrivaient chez lui.

- Pourquoi pas ? accepta Angelo. Shura ne va pas tarder, je peux rester un peu en l'attendant.

- Avec plaisir, répondit à son tour Camus.

- Parfait ! s'enthousiasma Aldebaran en les conduisant à ses appartements.

- Vraiment surprenant... murmura Angelo avec un petit sourire moqueur en regardant Camus.

- On t'avait entendu la première fois.

Angelo éclata de rire à cette réplique.

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Pendant ce temps-là,
En route vers la Villa…

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*Je suis désolé pour l'attitude glaciale de Camus, s'excusa Milo alors qu'ils quittaient le Domaine sacré. J'ai tout fait pour le rassurer et le raisonner, mais pour le coup, il n'est pas rationnel du tout. Il comprend et me fait confiance, mais il n'y arrive vraiment pas avec toi.

C'est bien que tu abordes le sujet, j'en ai parlé avec Rhadamanthe tout à l'heure et il m'a expliqué les possibles raisons de son comportement, au-delà du fait qu'on ait couché une fois ensemble à mon retour du Royaume sous-marin.

Et quelles sont-elles ?

Accroche-toi bien à moi…*

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Flash back

Les Enfers, Caina
Un peu plus tôt dans l'après-midi
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- Je suis soulagé que Camus ne vienne pas avec Milo, ce soir. Il a beaucoup de mal à être en ma présence. Même avec du monde autour et le souci de ne pas contrarier Saga et Aioros, je suis sûr qu'il y aurait eu un malaise.

- C'est fort possible, acquiesça Rhadamanthe sans cesser de caresser distraitement l'épaule nue de Kanon.

- Je ne sais pas pourquoi il est comme ça, avec moi, il fait montre d'une telle défiance à mon égard ! Si toi et moi n'étions pas ensemble et si liés depuis les Temps immémoriaux, je pourrais comprendre, mais ce n'est pas le cas... Comme tout le monde, il perçoit la profondeur de notre lien d'âmes. Comment pourrais-je menacer d'une quelconque façon sa relation avec Milo ? Car de son côté aussi, il l'aime de manière absolue et inconditionnelle. Cela n'a aucun sens, surtout venant de Camus !

- Tu dis cela car tu es dans l'ignorance, tout comme tes camarades. Laisse-moi t'éclairer au sujet du Scorpion et toi. Ou plutôt, de votre lien d'âmes.

- Un lien d'âmes ?

- A mon grand regret, oui.

- Milo et moi ?

- Tu ne t'es pas douté qu'il pouvait en exister un très fort entre vous, alors que vous êtes si proches et que vous l'êtes devenus si rapidement ? Il a été attiré vers toi dès son plus jeune âge, il est le seul à t'avoir découvert, à l'époque. De même, de retour du Royaume sous-marin, tu n'as eu de cesse de le chercher et de le vouloir.

L'amertume était bien perceptible dans le ton de Rhadamanthe, mais de reproche nulle trace.
Kanon, étendu contre lui, pressa un peu plus son corps contre le sien, comme pour l'apaiser et lui rappeler qu'il lui appartenait.

Enfin, qu'ils s'appartenaient.

- Cela m'a traversé l'esprit, oui, maintenant qu'on en parle… Enfin non, pas quelque chose d'aussi puissant.

- Tu y as songé car tu as eu le sentiment de le reconnaître ou de l'avoir déjà connu, n'est-ce pas ? Notamment lors de votre petite… affaire.

- Exactement, oui. Je me suis dit que nos âmes avaient dû se croiser par le passé, mais quand cela aurait-il bien pu se produire, alors que la mienne est demeurée prisonnière de Minos si longtemps ? A moins que c'était… avant ?

- En effet, Kanon. Vos corps sont nouveaux, mais vos âmes se connaissent, tout comme les nôtres. L'âme du Scorpion actuel est l'une des plus ancienne de la Chevalerie d'Athéna. Elle est surtout celle d'une femme qui fut ton épouse, autrefois.

- Attends... quoi ? Excuse-moi ? demanda Kanon, incrédule, en se redressant pour regarder son compagnon dans les yeux. Mon épouse ?

- Oui. Lorsque tu es parvenu sur ta terre d'exil après avoir fui la Crête et Minos, tu as rencontré une femme que tu as épousé et aimé, d'une certaine manière. De la même façon que je l'ai fait, de mon côté. Bien qu'elles aient été nos seconds choix, que ce furent des mariages de raison, ces personnes ont suffisamment compté pour nous pour qu'un lien d'âmes se crée. Il est sans commune mesure avec celui qui nous lie, bien évidemment. Mais il existe. Je parviens à le gérer, mais cela doit être plus difficile pour Camus, car son âme s'agite et son cœur se trouble et face à cela, la raison ne peut pas grand chose sans la connaissance qui apporte la compréhension.

- Et bien… j'en aviserai Milo et il lui expliquera, décida Kanon en se réinstallant contre Rhadamanthe. Peut-être que cela lui permettra de s'apaiser. Ou peut-être que cela accentuera encore sa crainte et sa défiance, c'est un risque.

- Camus du Verseau est un homme réfléchi et pragmatique. Je pense que cela l'aidera plutôt à aller de l'avant et accepter la situation. T'accepter toi est un autre débat. Ce n'est pas impossible, cela prendra seulement un peu de temps, j'imagine.

- J'imagine bien, moi aussi… Quelle incroyable histoire… Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé ?

- Je n'avais aucune raison de le faire jusqu') présent, et j'espérais que ce serait toujours le cas. Il y a certaines choses que je considère devoir rester dans le passé. Mais te voyant aussi préoccupé par la situation avec Camus du Verseau, j'ai bien dû me résoudre à t'éclairer.

- Merci… je crois ?

- Tu peux effectivement m'en vouloir de t'avoir dissimuler un fait passé qui a une incidence sur ta vier présente, mais tu peux tout aussi bien comprendre pourquoi je l'ai fait.

- Oui, mais tes craintes ne sont pas justifiées. Si lier mon présent à un passé avec Milo éclaire notre lien actuel, il ne le renforce pas pour autant.

- Ton âme et la mienne ne sont qu'une, elles proviennent de la même étoile. Alors non, je n'ai jamais prétendu ni pensé que mes craintes étaient justifiées, ni même rationnelles, je n'ai aucune raison à cela. Elles sont, point.

- Et je ne peux te le reprocher, j'ai bien saisi.

- Non, puisqu'elles découlent de mon amour pour toi.

- Mouais… grommela Kanon. Tu t'en sors bien. Et sinon… Quel était son nom ? reprit-il après un silence. Tu peux m'en dire plus sur cette femme que j'ai épouse ?

- Après ton exil volontaire de Crète, tu t'es installé en Asie Mineure, quelque part dans l'actuelle Turquie, commença Rhadamanthe en caressant doucement les cheveux de Kanon. Si tu consultes des livres d'Histoire, tu trouveras plusieurs versions de la vie de Miletos. Le grand poète Ovide a présenté la plus proche de la réalité dans ses Métamorphoses. Peu après ton arrivée, tu as rencontré la nymphe Cyané, la fille du dieu fleuve Méandre, que tu as épousé. Elle t'a donné des jumeaux.

- C'est une plaisanterie !

- Absolument pas. Tu as eu une fille, Byblis, et un garçon, Caunus, qui ont malheureusement connu un destin tragique, puisqu'ils sont tombés amoureux l'un de l'autre.

- Une manifestation de la malédiction des Gémeaux, déjà, à cette époque ?

- Il doit y avoir de cela. Il est heureux que Saga et toi l'ayez enfin brisé.

- Est-ce vraiment le cas ?

- Oui, je te le garantis, assura le Juge en serrant Kanon plus fort contre lui, les lèvres contre sa tempe. C'en est fini de cela.

- Tant mieux, alors.

.

Fin du flash back.

.

- Tu n'es pas sérieux, Kanon ! s'exclama Milo dans son casque. *C'est une blague ?* reprit-il en pensées.

Ils s'entendaient mieux ainsi.

*Je ne plaisante pas, tu pourras interroger Rhadamanthe si tu veux.

Non, c'est bon, on va éviter ce sujet, je pense ! C'est quand même dingue… enfin ça peut expliquer pourquoi je me sens tellement en sécurité avec toi, alors que je n'ai pas besoin d'être protégé ni rassuré.

Certainement.

Et que je te trouve aussi attirant.

Ça, c'est juste parce que je suis un très bel homme.

Peut-être, répondit sérieusement Milo, mais je ne suis pas attiré par Saga, alors que vous êtes physiquement les mêmes, à très peu de choses près.

Je sais bien.

Je n'avais jamais pensé comme ça, avant, mais si Camus n'avait pas existé, je…

Finis pas ta phrase, Milo, le coupa fermement Kanon. On en est tous deux conscients, c'est suffisant.

T'as raison, c'est un peu perturbant.*

Kanon ne répondit rien, tandis qu'il se garait devant l'épicerie. Il ôta son casque et se tourna vers Milo, qui venait de descendre souplement de la moto.

- Tu veux que je t'accompagne pour faire tes courses ou je t'attends là ?

- Tu peux m'attendre, j'irai plus vite seul. Si on y va tous les deux, on va encore traîner dans les rayons…

- Je crois aussi. Il ne nous reste pas beaucoup de temps, si on veut arriver pour l'apéro, comme promis.

- Je sais. J'me dépêche ! T'as besoin de quelque chose en particulier, toi ?

- Non, c'est bon, merci.

- Si tu te souviens d'un truc… dit encore Milo en tapotant sa tempe de son index tout en s'éloignant à reculons.

Kanon hocha la tête et le regarda disparaître dans l'épicerie, pensif.

Sa rencontre avec Rhadamanthe avait fait disparaître toutes les images de Milo qui peuplaient parfois ses nuits et ses rêves, car oui, il avait été très tôt attiré par lui.

Lorsqu'il était remonté du Royaume sous-marin après la bataille avec les Bronzes et Athéna, il s'était plusieurs fois introduit au Sanctuaire sans jamais se faire repérer.

La première fois par curiosité, et pour voir si Athéna était en sécurité. Il apprenait alors doucement à gérer ce sentiment de devoir et de loyauté envers la Déesse qui l'avait sauvé de toutes les façons possibles.

Puis, il était revenu essentiellement pour Milo.

Kanon avait été attiré par lui, irrémédiablement. Il avait eu envie de le consoler, de le sortir de son deuil, de remplacer ses cris de rage et de détresse qu'il livrait à l'océan par des cris et des gémissements de plaisir. Il le souillait toutes ses nuits en pensées impures, en même temps qu'il salissait les draps dans lesquels il s'abandonnait à ses rêves érotiques et à sa solitude.

Mais lorsque Milo l'avait finalement découvert un jour et qu'ils avaient fini par coucher ensemble, la détresse et le regret de son cadet l'avaient grandement secoué. Kanon avait donc consenti à sa demande et n'avait plus approché le Sanctuaire et ce, jusqu'à ce qu'il détectât la menace qui planait à la veille de la nouvelle Guerre Sainte.

Alors en effet, s'ils n'avaient pas, aujourd'hui, chacun auprès d'eux leurs âmes-sœurs premières et véritables moitiés, ils auraient sûrement fini par…

Oui, mais non.
Inutile de penser à ce genre de choses.

Rhadamanthe existait, rien n'avait plus d'importance et de réalité que ce simple fait pour Kanon.

Il le sentait au fond de cette âme qui avait traversé le temps, même séparé de lui, il n'y avait jamais vraiment eu que lui.

Se lier temporairement à une autre âme, oui, ils l'avaient fait tous les deux.
Mais l'éternité n'appartenait qu'à eux, ce couple qu'ils n'avaient jamais cessé d'être même séparés par la vie, le temps, l'espace, Minos et les détours du Destin.

Milo le sortit de ses pensées en établissant un lien télépathique.
Apparemment, lui aussi avait continué de réfléchir de son côté.

*Tu crois que c'est pour ça qu'on a couché ensemble, cette fois-là, après la bataille contre Poseidon ?

Oui. Dans un monde où je n'avais pas encore retrouvé Rhadamanthe et où Camus n'était plus, nos âmes se sont attirées et ont permis à nos corps d'exprimer leur désir. Ce qui n'a plus été le cas, dès lors que nos âmes sœurs sont reparues dans ce monde et dans nos vies.

Je vois. Je sais que je suis attiré par toi, mais il y a comme un verrou aujourd'hui, c'est vrai, l'idée du moindre contact trop intime avec toi m'est inconcevable. Pourtant, je ne culpabilise pas de ce qui s'est passé. Enfin si, parce que je considère que tu étais encore un ennemi à ce moment-là et tu avais fait beaucoup de mal. Mais non par rapport à Camus. Même si je me reproche d'avoir été faible en suivant des pulsions purement animales, dans un cas comme dans l'autre.

Tu comprends aujourd'hui que cette culpabilité n'a pas lieu d'être. Ce n'est pas à cause de bas instincts primaires que tu es venu à moi et m'a cédé, c'est ton âme pluri millénaire qui voulait simplement retrouver un peu de chaleur et de sécurité qu'elle avait connu, autrefois, en se liant à la mienne. Surtout dans ce moment de grande souffrance et de deuil où elle avait été déchirée par la disparition de sa moitié originelle.

Cela me rassure, d'une certaine façon, mais malgré cela, je continue de croire que l'instinct animal et primaire de sexe était aussi très puissant à ce moment là. Nos âmes voulaient peut-être se retrouver mais clairement, nos corps aussi. J'arrivais plus à penser à rien d'autre, à cet instant.

N'oublie pas que le corps est aussi une arme, un outil pour une âme prête à tout pour parvenir à son but. Rhadamanthe m'a dit une chose très juste "Quand deux âmes s'appellent, l'Univers et les Dieux entendent leurs murmures et conspirent tout entier à les réunir."

Certes.

Alors tu peux respirer, Milo, tu n'es pas qu'un homme incapable de contrôler son envie de sexe, tu es bien plus que cela.

D'un côté, j'ai envie de te demander de redire ça devant Camus, qui trouve que je pense un peu trop à ça, parfois, et d'un autre…*

- Ce serait une très mauvaise idée, la pire du siècle, répondit Kanon à voix haute, alors que Milo le rejoignait avec les courses.

Il ouvrit le coffre de la moto pour ranger les deux sacs.

- Assurément, confirma Milo en les y déposant.

Les deux amis partagèrent un grand rire.

Puis, riant toujours, ils remontèrent sur la moto et filèrent en direction de la Villa où ils commençaient à être attendus par leurs aînés.

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Merci d'avoir lu ce petit chapitre, en espérant qu'il vous a fait passer un bon moment.

A dès que possible pour la suite et encore tous mes voeux pour 2023.

Lysanea