Titre : Le Fil rouge du Destin

Auteur : Lysanea
Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient sauf Letizia et sa famille
Pairing et personnages pour ce chapitre : Aioros x Saga, Rhadamanthe x Kanon, Letizia x Sergio, Ernesto, Chiara, Marine x Aiolia
Rating : T

Note : Bonjour. Merci pour votre présence et votre fidélité !

Coucou Mini-Chan, bon retour dans l'aventure ! Je te suis reconnaissante de prendre du temps pour mon histoire, mais aussi, pour ton travail dans l'humanitaire, un sujet qui me touche particulièrement. Je parraine un enfant de Myanmar (Birmanie) depuis 4 ans, et sans l'aide formidable des personnels, dont les bénévoles, dans ce genre de pays en guerre civile constante, si pauvre et si instable, on ne pourrait pas aider les populations, surtout les enfants, ni avoir de nouvelles de la situation. Je ne sais pas ce que tu fais exactement mais MERCI du fond du cœur pour ton engagement.

Fealina07, coucou ! Et Merci ! Encore une fois, je suis très touchée par tes mots. Pour te répondre, j'utilise arbitrairement Aioros comme orthographe mais normalement, c'est Aiolos, dans le manga (inspiré du Dieu des Vents Eole, tout comme Aiolia). Concernant Letizia, je pense qu'elle est intuitive, oui, mais surtout très curieuse ! Je lui ai un peu donné mon profil de voyageuse et de touriste : quand je vais dans un pays, je me documente beaucoup sur l'Histoire et l'archéologie (j'ai fait 4 ans d'archéo, ca laisse des traces 😊). Elle n'a pas vraiment deviné le rituel, elle a juste fait des recoupements avec ce qu'elle a appris des Temples et des cultes des Dieux dans la Grèce antique : des démonstrations de jeux, ici le tir à l'arc lié à Artémis dont ils étaient justement dans les ruines de son Temple… Les chants en grec ancien, la musique… Et connaissant Aioros et son inquiétude pour elle, ca a fait tilt, on pourrait dire ! Mais les détails, elle les ignore, comme elle le dit elle-même.
Ce chapitre est en partie centré sur Shaka, mais il y a aussi une partie sur ton couple préféré (et le mien aussi). J'espère qu'il te plaira !

Bonne lecture à tous !

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Le Fil rouge du Destin

Chapitre 25 : Je ne veux pas un avenir, je veux un présent.
(Robert Waser)

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Mardi 19 septembre 1989
Villa Nea Avgi (Aube Nouvelle)
Dans les jardins
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- Au final, le séjour a été court

- Oui, mais toujours moins que le vôtre au printemps ! répondit Letizia en pointant son index sur le torse d'Aioros.

Elle ne ratait pas une occasion d'en faire la remarque à Aioros, qui accepta la réprimande avec un sourire contrit, comme à chaque fois.

- C'est passé très vite ! ajouta Ernesto. Et chaque jour a été très riche.

- Est-ce qu'il y a un moment, une visite qui vous a marqué plus qu'un autre ? voulut savoir Saga à son tour.

- Sincèrement, je pourrais tout citer ! répondit Letizia, les yeux brillants. Déjà, le premier soir avec tout le monde, l'ambiance, le cadre, le repas, c'était génial !

- Moi aussi, je me souviendrai longtemps de ce repas, assura Sergio.

- Et je vais en entendre parler aussi longtemps ! s'amusa Letizia en lui prenant le bras affectueusement. Mais ce sera avec grand plaisir. Même si, évidemment, je penserai aussi souvent à la soirée « moussaka » avec Milo et Kanon.

- Et pour ce qui est des visites ?

- La journée qu'on a passé entièrement à l'extérieur était magique ! répondit-elle à Aioros après une courte réflexion. D'abord, la matinée à Corinthe, avec la traversée de son canal époustouflant, Seigneur, quelle expérience !

- Ah ça oui, c'était quelque chose, confirma Ernesto. Un ouvrage prodigieux ! Dire que c'est notre Néron qui en a eu l'idée et a donné le premier coup de pelle, il y a plus de 1900 ans ! (1) Même s'il a été abandonné très vite, à sa mort. Il aurait été soufflé par ce qui a été finalement réalisé des siècles et des siècles plus tard.

- Oui, c'est sûr ! Mais le Canal ne fait pas s tout, la ville ancienne elle-même vaut le détour, avec l'Acrocorinthe, les vestiges du Temple d'Apollon, et surtout, tout le pèlerinage sur les pas de Saint Paul…

- Tu étais tout émue, se souvint Sergio, un bras passé autour de sa taille à présent.

- Mais toi aussi ! Par contre, Netto, tu as préféré Mycènes, qu'on a découvert juste après Corinthe.

- J'accorde un peu moins d'importance à la religion que vous, alors oui, j'ai plus été touché par le spectaculaire et émouvant témoignage de la grande civilisation que fut la Grèce antique, déjà avant la période classique et hellénistique si glorieuse. Sans compter le mystère de l'écriture linéaire A non déchiffrée, à ce jour… Fascinant !

- Oui, c'est vrai… reconnut Letizia. J'ai bien aimé aussi, elle est tellement bien conservée ! Il n'y avait pas grand monde, on était parfois seuls dans les ruines, c'était assez prenant. Vous aviez d'ailleurs prévu que ces deux visites seraient chargées, c'est pour ça que vous nous avez emmené déjeuner au magnifique Lac de Vouliagmeni pour nous détendre, avec la plongée dans ses profondeurs, la baignade dans les eaux thermales à 22 degrés…

- Et les poissons, compléta Sergio.

- Oh ! Oui, les petits poissons qui chatouillaient les pieds et ont rendu ma peau toute lisse… J'ai adoré !

- Je savais bien que ça allait te plaire, sourit Aioros, amusé par son air de petite fille.

- Le paysage aussi m'a plu, je n'avais pas la tête juste sur et sous l'eau ! Ces grottes magnifiques et les falaises tout autour, c'était impressionnant… Et puis enfin, alors qu'on en avait déjà eu plein le cœur et les yeux, tu nous as conduit au Cap Sounion, pour une visite aussi exceptionnelle, qui a conclu cette belle journée. Le site est majestueux, c'était extraordinaire, là aussi !

- Heureusement qu'il n'y avait pas beaucoup de touristes, encore une fois, fit remarquer Ernesto. On a pu bien en profiter.

- Oui, à cette période, on en perd déjà la moitié, révéla Aioros. Ils reviennent en hiver pour le climat plus doux, mais fin septembre est un bon moment pour visiter plus sereinement les sites à forte affluence. Et le Cap est très réputé pour ses couchers de soleil.

- Il y a de quoi ! Sergio et moi avons vécu un moment magique, merci de nous avoir laissé vivre ce moment unique en amoureux, de notre côté.

- C'est normal, c'était le meilleur moyen de le découvrir et de l'apprécier pleinement.

- Mais même au-delà de ce temps qui était vraiment la cerise sur le gâteau, le site archéologique est magique, il y avait une atmosphère bien particulière. Me risquerai-je à dire sacrée ? On osait à peine respirer, encore moins parler…

- C'était saisissant, approuva Ernesto. Ça m'a rappelé Paestum (2).

- C'est vrai, mais cela m'a semblé plus appuyé, au Cap Sounion, alors qu'il est bien moins conservé. Il y avait quelque chose de très mystique dans l'air, poursuivit Letizia. J'avais lu que ce fait était rapporté par beaucoup de touristes. Certains allant même jusqu'à dire que c'était comme si le lieu était habité par Poseidon lui-même ou du moins, son esprit.

Ça avait été effectivement le cas pendant longtemps, jusqu'à ce que Kanon le libérât. Même une vieille âme endormie pouvait être ressentie, étant celle d'un Dieu.

Mais en réalité, ce que les gens ressentaient avec plus ou moins d'intensité, c'était le Domaine sacré d'Athéna, qui s'étendait de l'autre côté du Cap, invisible aux mortels et séparé d'eux par un immense ravin. Les hordes de touristes le contournaient sans le voir, mais certains ressentaient effectivement quelque chose.

Et depuis deux ans et le retour d'Athéna sur ses terres sacrées, qu'Elle baignait de son cosmos quotidiennement, la présence était faite plus forte.

Pas étonnant que Letizia y ait été aussi sensible.

Aioros passa son bras autour de la taille de Saga, l'air de rien.

L'aîné des Gémeaux avait conservé un visage neutre, mais même s'il s'était réconcilié avec son passé, il n'aimait pas mentionner le Cap Sounion. Aioros lui avait épargné la petite excursion « coucher de soleil au Cap », fort heureusement, il était rentré à la Villa directement depuis le lac Vouliagmeni.

Mais il lui était difficile de ne pas grimacer quand on évoquait ce lieu maudit, de son point de vue.

Kanon lui avait proposé d'y retourner ensemble, pour tirer un trait définitif sur le passé.
Mais Saga ne pouvait pas l'envisager pour le moment.

Le cadet des Gémeaux était bien plus fort et sage que son aîné, à ce sujet.

- Tu places donc la Riviera athénienne au même niveau que la Riviera italienne ? demanda Aioros, un peu taquin.

- Pour la magie du Cap Sounion, oui. Mais même sans cela, elle n'aurait pas été trop loin derrière.

- Tu n'es absolument pas objective ! protesta-t-il en riant.

- Je suis Italienne, rappela-t-elle. L'objectivité n'existe plus quand tu mets sur la table une de nos fiertés nationales avec le reste du monde.

- Je sais bien, s'amusa Aioros. L'important est que vous ayez apprécié votre séjour ici.

- Et c'est le cas, à 1000%, assura-t-elle en le serrant dans ses bras un court instant. Moi qui n'aime pas être loin de mon village trop longtemps, je serai pourtant bien restée une semaine de plus !

- Vous revenez quand vous voulez, répondit le Sagittaire, vous savez que vous êtes tous les bienvenus. Même si Saga et moi serons pris par nos nouvelles obligations, vous avez conquis le cœur de nos camarades, qui seront ravis de vous accueillir, de vous escorter, de jouer les guides. Nous sommes assez nombreux pour pouvoir nous relayer.

- Merci beaucoup, cela nous touche et on en a déjà discuté entre nous, on a vraiment envie de revenir. Il y a encore tant de choses à faire et de lieux à visiter ! Et de gens à rencontrer, aussi, comme Camus, dont Milo nous a tant parlé, et Aphrodite, le meilleur ami de Shura et Angelo. Ils ont aiguisé ma curiosité !

- Nous serons là pour tout cela, peu importe le temps qui passe, promit le Sagittaire.

- Ce qui veut dire que toi aussi, Sergio, tu as aimé ton séjour ? demanda Saga. Tu as pu visiter de nombreuses régions et de nombreux pays à travers le monde, et parmi les plus beaux...

- Tu es d'ailleurs même venu en Grèce, non ? ajouta Aioros. Tu l'as rapidement évoqué à votre arrivée, mais nous n'en avons pas reparlé.

- Je n'ai passé que 4 jours en Grèce, pour un concours culinaire dont j'appartenais au jury final, sur l'île de Thassos, répondit le Chef. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour visiter, malgré les quelques heures de libre. Alors, c'est vrai que j'ai eu la chance de voyager et même de vivre dans des endroits magnifiques, mais ce n'est pas comparable. Les lieux sont différents, quand on les découvre avec des personnes chères à notre cœur ? précisa-t-il en prenant la main de Letizia et en posant la deuxième sur l'épaule d'Ernesto. C'était donc de loin l'un des meilleurs séjours que j'ai fait et je vous en remercie. J'avoue avoir eu quelques appréhensions à l'idée que ma Letizia passe plusieurs jours avec de si beaux hommes, mais elle m'a rassuré très tôt.

- Tu seras toujours le plus beau à ses yeux, appuya Aioros.

- C'est ce que je lui ai dit, révéla Letizia. Après tout, quand on tombe amoureux de la Lune, on cesse de regarder les étoiles.

- C'est aussi beau que juste, approuva Saga en échangeant un doux regard avec son Sagittaire.

- Ce n'est pas de moi, mais je le pense sincèrement.

- On peut tous en témoigner.

- Moi non, mais je peux par contre assurer que cette semaine avec vous était exceptionnelle et extraordinaire, intervint Ernesto. Je vous suis très reconnaissant de m'avoir permis de participer, Letizia et Sergio, et bien sûr, vous aussi, nos chers hôtes.

- Tu fais partie de la famille, répondit Letizia.

- Exactement, confirma Aioros en posant sa main sur son épaule. Et puis, tu nous as aussi accueilli, c'est plus que normal qu'on le fasse en retour, mais c'est surtout avec plaisir. Et il en sera toujours ainsi.

- Et réciproquement.

Ils échangèrent tous regards et sourires entendus et complices.

- La voiture est prête, leur apprit Aiolia en les rejoignant.

- Très bien, alors… allons-y ! décréta Aioros. Prête, Izïa ?

Letizia fit un dernier tour sur elle-même, apprécia la vue sur la mer, puis fit face à Aioros et hocha la tête.

Sergio lui reprit la main et le petit groupe quitta la Villa.

De l'autre côté du portail d'entrée, Letizia, Sergio et Ernesto eurent la surprise de découvrir un véritable comité non pas d'accueil, mais de départ !

Tous les Chevaliers qui avaient participé à leur séjour s'étaient réunis pour un dernier au revoir.
Cela avait été spontanée, Aioros n'avait rien demandé, ses camarades s'étaient seulement mis d'accord entre eux, avant de l'en informer... et de débarquer.

- Oh ! mais comment voulez-vous que j'ai la moindre envie de partir, maintenant ! se désola Letizia, émue, en les embrassant tour à tour.

Ils étaient tous là, vraiment, aux côtés d'Aioros, de Saga, d'Aiolia et de Marine : Angelo et Shura, bien évidemment, Shaina, Chiara, Milo, Kanon et même Rhadamanthe, qui s'était de toute façon libéré pour la journée à l'occasion de l'anniversaire de Shaka, alors tant qu'à faire…

Et puis, il lui avait bien fallu reconnaître que cela avait été agréable de discuter avec d'autres personnes « ordinaires », lui qui n'avait longtemps échangé qu'avec ses frères, d'autres Spectres ou Pandore, lorsqu'elle avait été rappelée.

Il appréciait aussi certains Chevaliers avec qu'il avait pu parler, notamment lors des anniversaires auxquels il avait accepté d'assister, ayant toujours été invité à tous, depuis sa mise en couple avec Kanon, mais… il n'était pas toujours à l'aise au Sanctuaire, entouré de ses anciens ennemis « naturels ».

Ayant partagé un très bon moment avec les Italiens, sur l'Acropole autant qu'au restaurant crétois, et ce, malgré la présence d'Aiolia avec qui, même si ça allait mieux, il avait quand même encore un peu de mal… il avait tenu à les saluer avec Kanon.

Les au revoir prirent un peu de temps, ce qui aurait pu les mettre en retard, si Aioros et Saga n'avaient pas anticipé dès qu'ils avaient su ce que leurs amis avaient en tête.

Le trio de visiteurs partit donc à temps, Aioros conduisant, Letizia à ses côtés et les trois autres à l'arrière du break bien chargé !
Car en plus de tout ce qu'ils avaient déjà acheté eux-mêmes et reçu, les Chevaliers n'étaient pas venus faire leurs adieux les mains vides…
Même Athéna s'y était mise, voulant ainsi remercier ceux qui avaient contribué à rendre Aioros heureux, loin des siens.

Une fois que la voiture eut disparu au coin de la rue, ces derniers commencèrent à préparer la Villa pour le déjeuner d'anniversaire de Shaka.

Ils avaient rassemblé tout ce dont ils avaient besoin au Sanctuaire, et Mu avait tout téléporté en un seul voyage : la nourriture, les boissons, le matériel manquant, et les personnes qui étaient encore sur le Domaine Sacré et qui souhaitaient participer à cette avant-fête d'anniversaire.

Car le vrai banquet était prévu pour le soir au Treizième, ou alors dans les jardins de la Maison de la Vierge, qui avait bien fleuri et était déjà magnifique, cela n'avait pas encore été décidé, mais peu importait. Avec Shion, Mu et Kiki, ils étaient bien capables d'aménager et de déménager des espaces en un battement de cil.

Le jardin de la Villa fut rapidement envahi par la majeure partie des Bronzes, à savoir Seiya, Shiryu, Hyoga, Ikki, Shun, June et Jabu, car ils voulaient profiter de la piscine. Étaient également présentes les trois Chevaliers d'Argent et les sept Ors déjà sur place, rejoints par Shaka, Mu et Kiki, Aldebaran et Daphné, Aphrodite et Camus.

Et toujours Rhadamanthe, jamais bien loin de Kanon, même s'il pouvait discuter avec certains….
Tout en évitant comme la peste d'autres.

Shion et Dokho étaient restés auprès de la Déesse Athéna, et les Bronzes qui n'avaient pas souhaité ou osé, pour certains, car très intimidés par les Ors encore, rejoindre l'avant-fête, surveillaient le Sanctuaire et les apprentis.

Pour rendre hommage au héros du jour qui fêtait ses 22 ans, tout le monde avait prévu de revêtir un habit traditionnel indien pour le banquet.
Mais certains avaient décidé de le porter dès la Villa, notamment ceux ne comptant pas se baigner.

Rhadamanthe, par exemple, qui ne pouvait pas assister au Banquet du soir, avait opté pour un dhoti violet, qui rappelait un peu l'himation grec : le même genre de tissu à enrouler et draper autour de son corps, en plus léger que le manteau de laine des anciens.

Kanon l'avait suivi, optant pour le bleu clair, afin qu'ils soient assortis.
Et de fait, ils l'étaient !

Saga, Aioros, Aiolia et Milo avaient choisi cette solution, également.

Tous les grecs d'origine, en somme !
Hasard ou acte manqué ?

Mais le soir venu, tous les hommes arboreraient un dhoti kurta, bien plus élégant avec sa chemise à col haut en tissu précieux, soie, satin ou lin, et les femmes, de très beaux saris aux couleurs chatoyantes.

Même Angelo, que l'on aurait pu croire difficile à convaincre ou encore Camus, avaient accepté de se prêter au jeu.
Le seul qui faillit ne pas en être revêtu fut Aldebaran, plus à cause de sa taille que par manque d'entrain, bien au contraire.

Mais c'était sans compter la dextérité des tisserands de Jamir, qui lui en avaient confectionné un sur mesure dans un délai record.

Celui qui le portait le mieux restait sans conteste Shaka, bien que concurrencé par Mu et Aphrodite, à qui même un sac poubelle irait comme une robe de soirée, aux temps où il avait dû se travestir en femme, et un très beau costume, sinon.

Ce n'était pas la première fois que le Douzième gardien portait un habit traditionnel indien.

Cela avait commencé un après-midi où il avait rejoint Mu chez Shaka pour prendre le thé, et les ayant trouvé habillés ainsi, il avait demandé à emprunter une tenue, lui aussi, pour être dans l'ambiance.

Mu lui en avait finalement donné une des siennes, mais aussi fait faire une à Jamir qui lui avait ensuite apporté.
Ravi et touché par ce présent, Aphrodite prenait plaisir à s'en revêtir, de temps à autres.

La douceur et la fraîcheur du tissu le séduisait particulièrement, en plus d'être confortable.
Et autant dire que cela lui allait vraiment bien.

Le déjeuner sous forme de banquet se déroula donc dans une ambiance chaleureuse et détendue, entre jeux dans la piscine, repos sur les transats ou les banquettes, discussions plus ou moins animées, déambulations entre les tables et les arbres, allers-retours de la cuisine ouverte sur l'extérieur au jardin pour débarrasser et recharger le buffet…

Avisant Camus, Kanon et Rhadamanthe conversant et buvant tranquillement près d'une table haute garnie, Shaka se détacha du groupe qu'il formait avec Shun et Aphrodite pour les rejoindre.

Il croisa le Verseau qui les quittait justement : ils se sourirent, puis Shaka atteignit enfin ses aînés.

- Pardonnez-moi de vous déranger, Kanon, je souhaite m'entretenir un instant avec Rhadamanthe, s'il l'accepte.

Les deux hommes échangèrent un rapide regard, puis le Juge hocha la tête face à Shaka.

- Je vous laisse…

- Tu peux rester, Kanon, l'arrêta son frère d'armes, cela ne me dérange aucunement.

Le Gémeaux se replaça aux côtés de son compagnon, intrigué.

Rhadamanthe n'était pas ignoré des autres Chevaliers, surtout par égard pour lui.

Ceux qui avaient le moins de griefs à son encontre échangeaient avec lui, plaisamment pour certains comme Dokho, Aioros, Shaka et Aldebaran, et dans une certaine mesure, Saga, Camus et Shura.

Ils arrivaient à voir au-delà du Spectre le grand Héros civilisateur qu'il avait été, l'homme de culture et de grande sagesse et faiseur de lois.

D'autres, ne voyant que l'ennemi d'autrefois qui les avait humiliés, après les salutations respectueuses d'usage, l'évitaient franchement, à l'instar d'Aphrodite et d'Angelo.

Mu et Aiolia tentaient d'être cordiaux, Milo était même amical, mais le problème venait cette fois de Rhadamanthe, qui, malgré ses efforts évidents, ne pouvait cacher un mépris résiduel persistant et sa difficulté à supporter d'être en leur présence.

Alors, le cadet des Gémeaux se demandait ce que le Sixième gardien avait à dire à son compagnon, chez qui il percevait d'ailleurs la même interrogation, d'autant plus qu'il avait l'air très sérieux.

- Il y a un peu plus d'un an, lors d'une soirée d'anniversaire à laquelle tu nous as fait l'honneur de ta présence, de même qu'aujourd'hui et je te remercie encore pour cela…

- Je t'en prie, c'est moi qui te remercie pour l'invitation.

- Ce soir-là, reprit Shaka après un hochement de tête, tu as de nouveau insisté sur le fait que nous étions des anomalies, dans ce monde et cette réalité, où nos existences ne s'inscrivaient plus car normalement révolues.

- En effet.

- Tu as pareillement alerté sur les conséquences, si nous nous mêlions des affaires humaines, ou si nous nous liions aux autres êtres humains. Tu n'as pas développé, mais tu devais faire référence au fait de modifier leurs destins en nous y inscrivant, alors que nous n'existons plus réellement.

- Exactement. Votre présence dans leurs vies peut empêcher d'autres événements de se produire. Le temps que ces mortels passent avec vous est volé à d'autres personnes, d'autres rencontres, d'autres occasions, d'autres événements.

- Le Destin n'est-il pas plus fort ? demanda Kanon. Ne s'arrange-t-il pas toujours pour se réaliser envers et contre tout ?

- Pas dans ce genre de situation inédite ou l'obstacle, le caillou dans la botte du Destin est né d'une intervention divine, lui répondit le Juge trois fois millénaire. Les Dieux seuls sont au-delà du Destin. Il n'y a qu'un seul cas connu où celui-ci supplante la volonté divine, depuis toujours, c'est celui du Fléau et tueur de Dieu.

- Le Chevalier Pégase, murmura Kanon.

Leurs trois regards s'étaient naturellement tournés vers son incarnation actuelle, Seiya… qui venait de sauter dans la piscine en portant Kiki sur ses épaules, éclaboussant joyeusement tout le monde.

Le contraste entre la dangerosité du Chevalier et l'insouciance de l'adolescent et actuel porteur était saisissant…

- Oui, confirma le Spectre en retenant tant bien que mal une grimace. Il est le seul, depuis les Temps mythologiques, à pouvoir braver les Dieux sans que Ceux-ci ne puissent défaire ce Destin qui est le sien. Celui de Les blesser ou de Les « tuer », particulièrement le Seigneur Hadès, avant de périr. Pour tout le reste, le Destin s'incline face à la volonté et à l'action des Dieux. Et parfois, il peut être modifié, bien que très légèrement, par la détermination ardente d'un mortel ou de plusieurs, par la puissance de leurs sentiments ou de leur révolte contre Lui. Les exemples sont rares au regard de l'Histoire, mais ils existent. C'est pourquoi, mes frères et moi-même avons tant insisté, lorsque nous vous avons ramené, et que je me suis permis de faire un rappel, il y a un an.

- C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles Athéna a fait construire le kafenio (3), expliqua Kanon. Ayant à présent sur le Domaine un lieu de détente et d'échanges, nous n'avons pas à aller à Rodario ou à Athènes pour prendre un verre, discuter, jouer au tavli ou autres passe-temps. En restant sur place, on évite des interactions trop nombreuses et prolongées avec le reste du monde auquel nous n'appartenons plus vraiment. Enfin, on les réduit, puisqu'on a aussi besoin de sortir et d'avoir une vraie coupure de temps à autres, en dehors des échanges nécessaires au fonctionnement du Domaine.

- Je vois, murmura Shaka, pensif. Dans ce cas, Aldébaran commet une erreur dont il n'est pas conscient, en s'engageant dans cette relation avec Daphné. Nous devons l'en informer au plus tôt, malgré la souffrance que cela engendrera.

- Cela n'est pas nécessaire, Shaka, le rassura Kanon. Quand les choses ont commencé à devenir sérieuses avec Daphné, Aldébaran est venu me trouver car il voulait parler à Rhadamanthe. Il avait les mêmes interrogations que toi et tenait à s'assurer que sa relation était possible.

- Cela ne m'étonne pas de lui, en vérité, mais comme il est engagé sérieusement avec elle, aujourd'hui, je pensais qu'il n'avait pas osé aller au bout de sa démarche. Je suis un piètre ami d'avoir douté de lui.

- Mais non, c'est compréhensible, le tranquillisa Kanon en posant sa main sur son épaule un court instant.

Shaka hocha la tête en remerciement, avant de reprendre.

- Il y a donc une possibilité pour nous, malgré tout, de nous lier à d'autres personnes qui n'ont pas connu la mort et la résurrection ?

- Je n'ai pas le pouvoir de voir l'avenir, répondit le Second Juge. J'ai donc demandé à Cronos, (4) de le faire pour moi. Ce qu'il a vu du Destin de cette femme était une longue route solitaire et somme toute, banale. L'incursion d'Aldébaran ne pouvait avoir d'impact trop significatif, à part lui apporter un bonheur qu'elle n'aurait pas connu, sans cela, qui n'était pas prévu. Il en va de même pour l'enfant que cette femme a eu d'une précédente union. La figure paternelle que représente Aldébaran n'aura qu'un effet bénéfique sur sa Destinée. Ceci étant dit, il reste une part d'inconnu et de conséquences imprévisibles.

- Je comprends.

- Si tu t'interroges pour Marine, ajouta Kanon, elle a fait le choix de renoncer à tout autre Destin, y compris celui où elle devenait mère, quitte à être malheureuse tout le temps de vie qui lui restera, après la mort d'Aiolia. La seule chose qui lui importe, c'est de vivre la vie dont elle a toujours rêvé, à ses côtés. Malgré ses protestations, Aiolia n'a pu que s'incliner.

- Ils s'étaient déjà déclarés l'un à l'autre, il n'y avait plus vraiment d'alternative, fit remarquer Shaka.

- En un sens, oui, tu as raison.

Un court silence de réflexion, puis Shaka hocha la tête.

- Bien. Je vous remercie de tous ces éclaircissements et vous laisse à présent profiter de cette très belle avant-fête que vous m'avez gentiment organisé, conclut-il, avant de se détourner pour partir.

- Attends, Shaka, l'arrêta Rhadamanthe. Tu es ami avec Ikki du Phœnix, n'est-ce pas ?

Le Sixième gardien leur fit de nouveau face.

Rien ne transparaissait sur son visage, nulle interrogation, nulle surprise quant à la question posée.
Alors que Kanon, lui, ne cachait pas la sienne.

Qu'avait donc son compagnon en tête ?

- En effet, j'ai cet honneur, répondit Shaka.

Rhadamanthe apprécia cette nouvelle démonstration d'humilité de ce puissant Chevalier.

- Alors, il te sera sûrement utile de savoir que le Destin de ce jeune homme dessine également une longue route de solitude et d'errance.

Une légère inquiétude traversa le visage pourtant jusqu'à présent neutre de Shaka, très furtive, mais qui ne leur échappa pas.

- Ikki est très entouré, pourtant, les Bronzes forment une famille très unie, fit-il remarquer. Il est proche de certains d'entre nous, également. Je ne me permettrai pas de mettre en doutes tes propos, Rhadamanthe, mais…

- Tu as raison, mais cela n'apaisera jamais la solitude de son cœur. Le Phœnix est un Chevalier aussi rare et solitaire que l'oiseau mythique qui le protège. Il y en a eu très peu, dans l'Histoire de la Chevalerie d'Athéna.

- J'en suis conscient, concéda la Vierge. Mais où veux-tu en venir, Rhadamanthe ?

- Comme tu es son ami, je me permets de te conseiller de l'encourager, s'il rencontrait quelqu'un, ou s'il se liait plus intimement à une personne qu'il connaît déjà, quel que soit son rang. Ou sa nature. C'est une âme vertueuse et libre qui mérite de vivre pleinement cet aspect de la vie sur Terre et de la condition humaine.

Le Juge trois fois millénaire et l'homme le plus proche des Dieux échangèrent un long regard.

Tous les sens qu'avaient les propos de Rhadamanthe étaient parfaitement entendus et saisis par Shaka. Il parlait pour Ikki et d'Ikki, mais aussi pour lui et de lui, Shaka, ainsi que d'eux…

Et ce faisant, il lui avait redonné un espoir que leur échange avait, dans un premier temps, éteint.
Alors, le Chevalier sourit au Spectre en hochant la tête.

- Je te remercie pour ce précieux conseil et tes mots, Rhadamanthe.

- Je t'en prie.

- À plus tard.

Shaka s'éloigna ensuite, sous le regard des deux hommes.

- C'est un beau cadeau d'anniversaire, sourit Kanon en s'appuyant légèrement sur lui en un remerciement discret.

- S'il fait ce qu'il faut, il en aura bientôt un qui éclipsera tous les autres.

- C'est vrai, sourit encore le cadet des Gémeaux. Je ne pensais pas que tu l'aiderais.

- Bien qu'il ait osé lever la main sur le Seigneur Hadès, je respecte et admire énormément le Chevalier de la Vierge. Et tu le sais.

- Oui, mais je ne pensais pas que c'était au point de t'impliquer personnellement dans ses affaires, expliqua Kanon en lui faisant complètement face.

Rhadamanthe récupéra leurs verres qu'ils avaient abandonné sur une des tables installées ci-et-là dans le jardin, et tendit le sien à Kanon.

- Ne me l'as-tu pas toi-même demandé ?

- Moi ? s'étonna le Troisième gardien en le prenant. Merci. Et quand aurais-je fait cela ?

- Lorsque tu m'as parlé du Phœnix qui t'avait fait une rare confidence sur les sentiments qu'il se sentait éprouver pour une personne inaccessible, selon lui. Tu m'as dit qu'il s'agissait certainement de Shaka et que tu aurais aimé que ce soit possible.

- Et tu as fait le lien aussi rapidement ?

- Évidemment. J'ai pu constater moi-même, durant cette après-midi, de nombreuses interactions entre eux, sans équivoque. Et je peux même remonter un peu plus loin dans le temps. Je n'ai fait qu'apporter ma pierre pour que la route qui les mène l'un à l'autre soit la plus droite et solide possible, pour eux. Ainsi, tu seras rassuré pour ton ami du Phœnix, conclut-il en nouant sa main libre à la sienne.

Kanon la serra, envahit par une vague d'émotion difficilement contrôlable.

- Tu es…

- Oui ? demanda le Juge, qui avait perçu son émoi sans en comprendre vraiment l'origine.

- Rien. Je t'aime.

Rhadamanthe leva un sourcil, étonné.

- Quoi ? s'irrita Kanon.

- Je ne dirai rien, au risque que cela ne se reproduise plus, à l'avenir. Or, j'apprécie tes déclarations spontanées. C'est comme si, soudain, tu ne pouvais plus contenir ton amour pour moi et que tu n'avais d'autre choix que de l'exprimer à haute voix.

- Comme si ? Ne fais pas l'innocent, tu sais très bien que c'est exactement de cela dont il s'agit, grimaça Kanon.

Le Juge sourit, se débarrassa de son verre pour pouvoir poser sa main sur le creux des reins de son Chevalier et se pencha sur son oreille pour y souffler les trois mots magiques.

- Je t'aime.

Gagné par une violente vague d'émotion qui le fit presque rougir, Kanon le repoussa et lui donna un coup de poing sur l'épaule.

Rhadamanthe rit à cette réaction à laquelle il s'attendait.
Ce ne furent que quelques notes graves, mais étonnement claires, qui firent se retourner les visages surpris des gens près d'eux dans leur direction.

Mais le Spectre n'en avait cure, il n'avait d'yeux que pour son Gémeau.
Et inversement, d'ailleurs.

- Pour en revenir à notre sujet, reprit Kanon après ce long échange de regards, j'ai une autre question pour toi.

- Elle concerne ton frère et Aioros, n'est-ce pas ? devina le Juge en reprenant la main de Kanon.

- Mais comment…

- Allons bon, tu t'étonnes encore que je te connaisse si bien ?

- Tu as trois millénaires d'avance sur moi, tu triches.

Un nouveau rire de Rhadamanthe, bref, mais toujours aussi surprenant.
Il avait plus de retenue, habituellement, mais son compagnon était tout simplement adorable et irrésistible.

Cependant, il reprit son sérieux, car le sujet abordé par Kanon était important, il y avait un véritable questionnement.

- Tu voulais me parler de ton frère et de leur prochaine adoption, je suppose.

- Oui. Pourquoi n'es-tu pas intervenu quand Saga et Aioros ont parlé de leur projet d'adoption du petit Elrik ? Tu sais déjà que ce ne sera pas possible, c'est ça ?

- Non, si ça avait été le cas, je t'en aurais parlé pour qu'on décide de leur dire ou non.

- C'est ce que je pense aussi. Ce qui signifie donc que c'est possible et que ça ne pose pas de problème ? Je voudrais vraiment que ce soit le cas, car les démarches sont engagées, mais j'avoue que j'ai du mal à comprendre… Est-ce que la vie de cet enfant trace, elle aussi, une longue route solitaire ?

- Je n'ai pas le pouvoir de voir ni de prédire l'avenir, comme je l'ai dit à Shaka, tantôt. Cependant, Cronos…

Kanon leva son bras libre.

- Attends une minute, Rhad', désolé de t'interrompre, mais… c'est quand même incroyable que tu puisses ainsi interagir avec Lui ! Il n'est pas réputé pour être le plus engageant et le plus sociable des Dieux !

- Nous avons longtemps régi l'Ile des Bienheureux ensemble, aussi est-Il plus proche de moi que de n'importe lequel des enfants de Zeus. Je peux lui poser des questions sur les âmes des mortels, celles qui se présentent au Tribunal et celles dont la vie continue de s'écrire sur les Registres gardés par Minos. Il connaît le Destin de chaque âme présente en ce monde, Il a le pouvoir de le contrôler également par ses manœuvres sur le Temps. Mais c'est un Être capricieux qui n'en fait qu'à sa tête et qui dit ce qu'Il veut, qui manipule aussi, souvent. Ce n'est cependant pas le cas avec moi, cela ne l'a jamais été durant tous ces millénaires.

- Je vois. Et que lui as-tu demandé, concernant mon frère ?

- Je voulais qu'il me dise quel Destin attendait cet enfant, si rien ne venait perturber sa réalisation. Il m'a répondu très brièvement : une solitude infinie. Alors, j'ai supposé que l'ingérence de Saga et d'Aioros ne pourrait que lui être bénéfique. Ce que m'a confirmé Cronos, à demi-mots.

- Alors, parfois, ce peut-être pour le bien, si nous intervenons...

- C'est une exception, je suppose.

- Si l'on considère en plus la situation d'Aldébaran avec Daphné, ainsi que celle de Shaka et Ikki, nous en sommes déjà à trois, Rhad', fit judicieusement remarquer Kanon.

- C'est vrai, reconnut son Juge. Cependant, je crois fortement que votre Déesse n'est pas étrangère à cela. Je ne suis pas le seul à pouvoir interagir avec Cronos. Athéna est une des plus puissantes Déesses qui soient. Ce sont Aioros et Saga qui ont été envoyé en Autriche, après tout. Rencontrer d'autres Chevaliers n'aurait probablement pas eu la même issue.

- Mais c'était une idée spontanée de Shion et de Dokho ! protesta le Gémeau. Ce n'était pas prévu, au départ...

- Je suis persuadé qu'Elle envisageait d'y envoyer au moins Aioros. Ses retrouvailles avec ton frère ont rendu les choses plus faciles. Ce n'est qu'une supposition, mais étant donné qu'il était déjà écrit que quelqu'un devait aller chercher le futur Cancer, ce qui est une conséquence directe à la survie d'Athéna à la Guerre sainte et à la mort du Troisième gardien, Elle n'a pas dû avoir de mal à arranger certaines choses. De même, Elle a systématiquement envoyé la jeune Daphné auprès d'Aldébaran, alors qu'elles sont cinq à travailler pour le Domaine, préparant ainsi le terrain où pourrait naître et s'épanouir un très bel amour, salvateur pour l'un et l'autre. Enfin, en ce qui concerne Shaka de la Vierge et Ikki du Phœnix, Elle n'a sûrement fait que leur donner des occasions de se retrouver et de développer cet amour qui avait posé ses graines, lors de la bataille du Sanctuaire. Ce fait était déjà établi et inscrit dans leurs Registres. La mort de Shaka avait conduit Ikki à renoncer à toute forme d'attachement amoureux, c'était la deuxième personne qu'il perdait ainsi et il ne voulait plus souffrir. Athéna a changé cela, également.

- Je comprends. Quelle grande Déesse ! soupira Kanon, plein d'amour, d'admiration et de reconnaissance pour Athéna.

- Tout ceci pour dire qu'il vaut mieux ne pas se prêter au jeu du « peut-être que notre interaction améliorerait la vie de cette personne », reprit Rhadamanthe pour le ramener à lui. Et je ne peux garantir d'avoir toujours la réponse auprès de Cronos. Comme je viens de te l'expliquer, à l'image de beaucoup de Dieux, Il est capricieux et égoïste. Vous devez rester prudents, Kanon, nul ne sait ce qu'il peut advenir des relations que vous construisez en dehors de votre cercle de ressuscités. Il y a beaucoup d'inconnues et de possibilités. C'est aussi pourquoi nous vous demandons de ne pas en rajouter en vous impliquant. Mais ce ne sont que des mises en garde de notre part.

- Bien sûr, j'entends bien, et je peux t'assurer que nous avons tous bien compris vos recommandations. Je te remercie, amour.

- Pour quelle raison ?

Kanon l'attira discrètement à l'ombre d'un arbre tout proche - un magnifique jacaranda flamboyant bleu qui donnait des nuances inédites aux yeux du Gémeau - et l'enlaça, puis posa son front contre le sien.

- Parce que tu es toujours si attentif à tout ce qui pourrait me perturber ou au contraire, me rendre heureux. Rien ne t'échappe, jamais, tu penses à tout, jusqu'au moindre détail. Et en plus, tu le fais dans ton coin, sans te vanter, sans même m'en parler, parfois, même si je finis souvent par le découvrir, fort heureusement.

- Je ne vois pas l'utilité de fanfaronner. J'agis naturellement, Kanon. Mais je suis aussi égoïste et intéressé, tu sais.

- Et de quelle façon, à quel moment ? demanda-t-il en reculant légèrement le visage pour mieux le regarder dans les yeux. Parce que je ne vois vraiment pas, moi.

Rhadamanthe détacha sa main de la hanche de Kanon où elle avait pris place pour dégager son front de la mèche d'or qui le balayait.

- Je te l'ai déjà expliqué : je veux que tu sois uniquement concentré sur nous, sur moi. Alors, tout ce qui peut te perturber, si j'ai le pouvoir de m'en occuper avant que cela ne devienne le cas ou même, après, je le fais sans hésitation.

Kanon sourit, touché, et attrapa sa main avant qu'elle ne retrouvât sa place sur sa hanche pour embrasser sa paume avec tendresse, sans le quitter des yeux.

- Je t'aime.

- C'est la deuxième fois en très peu de temps, dois-je craindre qu'il ne neige aux Enfers ?

- C'est déjà le cas et à deux pas de chez toi, rappela le Gémeau, tout aussi taquin.

- Tu m'as très bien compris.

- J'ai bien peur que non, le provoqua-t-il encore.

- Je t'aime aussi, assura alors Rhadamanthe, avant de l'embrasser rapidement.

- C'était donc pareil pour Letizia, reprit le Gémeau après leur échange court, mais toujours si intense dès lors qu'ils se touchaient un peu plus intimement. Peut-être que son Destin était de ne pas avoir d'enfant, mais en nous côtoyant, il a pu être modifié…

- Je n'ai pas la réponse à cette question. A partir du moment où les Dieux eux-mêmes interviennent, les Moires peuvent être amenées à retisser les fils du Destin. Votre jeune amie aura un enfant, c'est le motif qui apparaît aujourd'hui, mais qui, effectivement, n'était peut-être pas celui d'hier.

- Je comprends.

Rhadamanthe observa son compagnon et repassa ses doigts sur son front légèrement plissé, cette fois-ci.

- Tu te fais réellement du souci pour chacun de tes pairs. En très peu de temps, tu t'es véritablement attaché à eux.

- Cela te contrarie ?

- Bien sûr que non. Cela fait partie de toi, Kanon. Ton âme corrompue t'avait doté d'un égoïsme et d'un égocentrisme qui ne l'ont pourtant jamais caractérisé. Mais ton âme purifiée et révélée telle qu'elle a toujours été est altruiste et bienveillante. Même si une part de moi souhaiterait que tu ne te soucies que de moi et oublie les autres, tout ce qui n'est pas nous, j'aime aussi profondément cette facette de ta personnalité. Celle qui fait le bien autour d'elle, qui œuvre pour l'ordre, la justice et l'équilibre des mondes.

- Tu es ma priorité, Rhad', tu le sais, non ? rappela Kanon en l'enlaçant un peu plus. Il n'y a que Saga qui pourrait remettre en question cela, selon les situations. A part lui, il n'y a que toi.

- Et Athéna.

- Évidemment. Mais je parlais des humains.

- Je ne le suis qu'à moitié.

Kanon leva les yeux au ciel.

- Arrête de jouer sur les mots.

Rhadamanthe l'attira contre lui afin que plus aucune distance ne les sépara et le serra fort, amenant sa tête à se poser sur son épaule pour que sa bouche soit au niveau de son oreille.

- Rhad' ? s'étonna le Gémeau, surpris par son mouvement et sa soudaine gravité.

- Tu dois profiter d'eux, car mon temps n'est pas encore advenu, murmura le Juge tout contre son oreille. Un jour viendra où il n'y aura plus que nous. Ce sera difficile pour toi, au début, mais je serai là et je te soutiendrai. Alors, viendra un autre temps, celui où la douleur et le manque de tes proches ne sera plus qu'une vieille cicatrice qui se réveillera parfois, mais brièvement. Et un matin, ce ne seront plus que des souvenirs apaisés et heureux que nulle tristesse ne viendra troubler. Alors, je serai le seul et unique pour toi, ta seule préoccupation quotidienne, et à jamais.

- Et tu penses que ça prendra longtemps ? murmura Kanon, étrangement pris par l'émotion.

Le Juge se recula pour regarder son Chevalier dans les yeux.

- Cela prendra le temps qu'il faudra. On est pas pressé, on a toute l'Eternité, ne l'oublie pas, anapnoi.

- Tu as déjà tant attendu, amour

- Ne te méprends pas, je ne suis pas frustré ou que sais-je de la situation actuelle. Je suis très heureux, car tu es enfin à mes côtés. Tu existes, en ce monde, Kanon, je sens ta présence à chaque instant, je perçois constamment les vibrations de ton âme, les battements de ton cœur répondent enfin aux miens. Mais il est vrai que, t'ayant attendu si longtemps, je ne peux parfois m'abstenir de ne te vouloir que pour moi seul. Cela ne m'empêche pas de me réjouir de ton bonheur né des moments que tu partages dans ta vie humaine avec les autres qui en font partie. Je le répète, il faut que tu profites d'eux et de tout ce que cette vie a à t'offrir.

- Merci.

Il prit le visage de son Juge en coupe entre ses mains et l'embrassa tendrement.

Puis rapidement un peu plus passionnément, tandis que Rhadamanthe, dans un élan fougueux et avide, l'avait presque écrasé contre le tronc de l'arbre qui les abritait.

Tant et si bien qu'ils en oublièrent vite où ils se trouvaient.
Ce fut une petite pichenette mentale de Saga qui ramena Kanon à la réalité.

Il s'écarta de Rhadamanthe et ils échangèrent un regard amusé, comme des gamins pris en faute, mais ne se sentant pas coupables pour une drachme.

*Désolé, Saga.

Moi aussi, pour mon intervention, mais j'ai pas eu le choix. L'après-midi touche à sa fin, profites-en. Si tu ne peux toujours pas assister au banquet, Rhadamanthe, tu n'as qu'à le raccompagner, Kanon. Tâche juste d'arriver à l'heure, ce soir, avant les vœux d'Athéna à Shaka.

On sait se tenir, on est pas des ados, tu sais…

Mais vous n'avez pas à le faire. D'autant plus que je sens très bien qu'il y a quelque chose de plus profond que le simple appel de la chair. Vous avez besoin de ce moment, prenez-le. Rien ne vous oblige à rester, vous avez accordé beaucoup de temps à Shaka, tous les deux, surtout Rhadamanthe. Quant à toi, on te verra au dîner.

D'accord, on va rentrer, alors et prendre un peu de temps pour nous.

Voilà.

Merci, Saga. A tout à l'heure.

Merci à vous d'être raisonnables, et à toi, Rhadamanthe, d'être venu.

Je t'en prie, merci pour l'invitation. Et le reste.

C'est normal. A plus tard.*

Kanon remonta plus solidement ses barrières.
Heureusement, seul Saga avait perçu sa légère perte de contrôle.

- Tu as donc un peu de temps pour montrer ta profonde reconnaissance au demi-Dieu que je suis pour le soin que je porte à ta personne ? demanda le Juge en reprenant Kanon dans ses bras, tout contre son oreille.

- Ça dépend, qu'est-ce que tu veux de moi ?

- Tout… j'ai envie de toi, Kanon… souffla le Juge en mordillant la chair tendre du lobe à portée.

Les deux anneaux d'argent qui y étaient fixés tintèrent légèrement.

- Je suis à toi, amour, assura le Gémeau dans un soupir, contre ses lèvres, cette fois-ci. Mais on ne peut pas partir comme ça…

- Je sais, je vais aller saluer Shaka, dans un premier temps. Et ensuite…

- Ensuite… ?

- Tu sais bien qu'à l'image de nos âmes, nos corps ont des conversations que les mots ne sauraient décrire…

Kanon sourit à cette réponse et recula légèrement pour le regarder dans les yeux.
Il passa sa main sur son front pour dégager les mèches qui y bataillaient.

- Hâtons-nous, dans ce cas, qu'on en fasse à nouveau une parfaite démonstration.

Rhadamanthe acquiesça, puis ils regagnèrent la fête dont ils s'étaient peu à peu écartés, afin de trouver et de saluer rapidement Shaka.

Et rentrer, pour pouvoir enfin, après une telle discussion, se retrouver en toute intimité, sans plus avoir besoin de tout contrôler.

.
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Un peu plus tôt
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Après avoir quitté Kanon et Rhadamanthe, Shaka gagna le bâtiment principal, perdu dans ses pensées issues de sa discussion avec eux.
Tant et si bien qu'il ne remarqua pas Ikki et son regard posé sur lui, tandis qu'il traversait le jardin.

Ce dernier ne se contenta pas d le suivre des yeux le voyant entrer dans la cuisine ouverte sur l'extérieur, il lui emboîta le pas.

Il avait attendu cette occasion une bonne partie de l'après-midi.
Celle d'être seul avec lui, sans témoin.

- Shaka, l'interpella-t-il en le rejoignant. Est-ce qu'on peut se parler rapidement, j'en ai pas pour longtemps.

Le Sixième gardien reposa le verre d'eau qu'il venait de boire et hocha la tête.

- Viens, allons à côté, nous ne serons pas dérangés, lui proposa-t-il avec un doux sourire.

Ikki suivit docilement son aîné, ravi, car la cuisine était tout de même assez exposée et les allers et venues, fréquents, motivés par la nécessité de ravitaillement.

Son regard accrocha la longue natte blonde qui se balançait dans son dos et qui balayait ses reins de manière quasi hypnotique.

Si bien que lorsque le Sixième gardien s'arrêta et se retourna pour lui faire face, Ikki sursauta légèrement en relevant les yeux vers les siens, un peu gêné par la situation.

- Tout va bien ? demanda Shaka d'un ton neutre, malgré l'amusement que lui avait causé la scène.

- Oui, grimaça Ikki en se frottant nerveusement l'arrière du crâne un court instant. Je voulais seulement te donner ton cadeau maintenant. Je préfère ne pas le faire devant les autres.

- Tu n'étais pas obligé de m'offrir quoi que ce soit, tu sais, répondit Shaka, touché. Que tu sois là est déjà largement suffisant, pour moi.

- J'y tenais. J'y tiens.

- D'accord.

Ikki était vraiment nerveux, mais résolu, face à un Shaka serein, mais intrigué.

Il s'avança et lui tendit un petit paquet sorti de sa poche, que son aîné prit en le remerciant avec son doux sourire habituel.

Le cœur du Phœnix battait à une vitesse qu'il n'avait encore jamais connu.

- Merci beaucoup, cela me touche vraiment.

- Tu ne l'as pas ouvert, encore...

- L'attention me touche déjà en elle-même, précisa la Vierge.

Ikki ne répondit rien, alors que Shaka déballait délicatement le paquet.

- C'est Shun qui l'a emballé. Moi, je sais pas faire ça. Je pensais te le donner comme ça, mais il a dit qu'il fallait mettre les formes… Que sinon, c'était comme si ça n'avait pas d'importance… alors que c'est important, très important… Bref, peu importe… s'interrompit-il, irrité par son propre babillage nerveux et inutile.

Shaka cessa un instant de s'occuper de son cadeau et prit le poignet de son cadet, tout en cherchant son regard, qu'il verrouilla au sien.

- Ikki… tout va bien.

Le bleu des yeux de Shaka était comme un ciel sans nuages, comme une mer d'huile, d'un calme et d'une profondeur hors du temps.

Ikki avait souvent songé que cela avait été une chance que Shaka ait eu les yeux fermés, car s'il avait croisé ce regard si pur à leur première rencontre, lors de la Bataille du Sanctuaire, il n'aurait jamais réussi à combattre…

La sérénité qu'ils dégageaient présentement l'apaisa instantanément.

L'aîné put donc terminer de se débarrasser du papier cadeau, pour dégager une boîte, et à l'intérieur de celle-ci…

- Je vois et comprends beaucoup de choses dans cette dimension comme dans d'autres, mais je t'avoue que ton cadeau est une énigme, pour moi. C'est un très bel objet, il n'est pas juste fonctionnel, mais je devine aisément qu'il y a un sens à tout cela. N'est-ce pas ?

Ikki hocha la tête.

Puis il prit une grande inspiration et plongea sans retenue ses yeux dans ceux de Shaka, résolu.

Sous l'intensité de ce regard déterminé et sans qu'il en soit conscient, les doigts du Sixième gardien se refermèrent un peu plus sur l'objet, le rythme de son cœur se calant presque sur les battements rapides de celui d'Ikki, qu'il percevait avec acuité.

- Tu accordes une grande attention et une grande importance au respect des règles et des lois qui régissent le monde et les sociétés humaines.

- Oui, en effet. Ce sont elles qui garantissent l'ordre et l'harmonie sous le régime desquelles tout être humain doit vivre.

- Dans certains pays et aux yeux de certaines sociétés, je suis devenu adulte et majeur cet été, à mes 18 ans. C'est le cas ici, en Grèce. Pour d'autres, ce ne sera que dans deux ou trois ans, à 20 ou 21 ans, comme au Japon qui m'a vu naître. J'ai décidé de trancher, 19 ans me semble une bonne moyenne. Je te demande donc de garder ce cadenas un an. Car l'année prochaine, à ton anniversaire, je les aurais atteint depuis plusieurs semaines. Je pourrais alors t'offrir la clé qui l'ouvre, mon cadeau prendra ainsi tout son sens, sous une forme plus adulte, intime et personnelle. J'espère que tu l'accepteras.

Les mots du Phoenix résonnèrent un court instant, quelques secondes qu'il sentit passer comme un jour sans pain.

- L'attente ou le cadeau ? finit par demander Shaka, en apparence sérieux mais pourtant bel et bien taquin.

Intimidé et heureux comme à chaque fois que son aîné laissait entrevoir cette facette de lui, qu'il montrait rarement, pleine de facétie et de tendre moquerie, Ikki esquissa un sourire, mais n'apporta aucune réponse.

En effet, il n'y en avait qu'une possible et elle était assez évidente.
Shaka la connaissait, il l'avait deviné aussi vite qu'il avait correctement traduit les propos d'Ikki.

Redevenu grave et sérieux, il s'avança vers lui comme pour quitter la pièce, mais il s'arrêta à sa hauteur, sans le dépasser.
Il garda la tête droite, regardant devant lui, et murmura doucement à l'oreille toute proche de son cadet, qui n'avait pas bougé à son approche, un peu fébrile.

- « Ne vous attardez pas sur le passé, ne rêvez pas de l'avenir, concentrez l'esprit sur le moment présent, qui seul vous appartient. »

Ikki connaissait parfaitement cette citation de Bouddha, Shun le lui avait déjà dit et répété maintes et maintes fois.

Elle rappelait que l'instant et le moment présent étaient les plus importants qui soient.
Apprendre du passé et planifier l'avenir étaient pratiques et nécessaires, mais l'un était révolu et l'autre pouvait ne jamais advenir.

C'était donc bien dans le présent qu'il fallait vivre pleinement et agir.
Le message était on ne pouvait plus clair.

Alors, quand Shaka reprit sa marche vers la sortie, Ikki se tourna vers lui et lui saisit le poignet, avant qu'il ne s'éloignât trop, doucement mais fermement.

Le Sixième gardien s'immobilisa, mais ne lui fit pas face, il attendit simplement.
Ikki combla le faible écart qui les séparait et se plaça dans son dos.

Sa main glissa le long de son poignet en une électrisante caresse jusqu'à ses doigts, qu'il entremêla aux siens.

Tout en lui retournant la pression de sa main autour de la sienne, Shaka pivota légèrement son visage vers lui, jusqu'à sentir le souffle brûlant du Phœnix sur sa joue. Celui-ci se pencha légèrement et son front se posa un court instant sur la tempe de son aîné, alors que leurs deux mains enlacées se pressaient plus fort et tendrement l'une et l'autre encore.

Le moment dura, suspendu dans le temps, puis Ikki recula doucement.
Leurs mains se détachèrent lentement, elles aussi, puis Shaka reprit sa route pour quitter la pièce, sans un regard ni un mot de plus.

Ils n'en avaient pas besoin.

Le reste de leur échange se poursuivrait plus tard, dans le cocon protégé, intime et secret du Sixième Temple.

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A suivre

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Notes :

1. Canal de Corinthe : voie d'eau artificielle reliant deux golfes, en Grèce, et faisant du Péloponnèse une île, car il la traverse de part en part. Le premier coup de pelle pour sa construction fut attribué à Néron en 67 de notre ère, mais ce n'est qu'au 19e siècle que le projet a été repris et finalisé, avec une inauguration en juillet 1893. Long de 6,3 km, 25 m de largeur pour 63 m de haut, sa traversée est un moment exceptionnel.

2. Paestum : anciennement Posedonia, est aujourd'hui un important parc archéologique, doté d'un vaste musée exposant les nombreuses découvertes réalisées sur le site lors des fouilles menées depuis la fin du 18e siècle. Le parc archéologique est un des plus vastes d'Italie du sud, permettant d'admirer divers vestiges monumentaux datant des diverses phases d'occupation du site : trois temples grecs doriques (époques archaïque et classique), divers édifices communautaires (ecclesiasterion, amphithéâtre, forum), ainsi que des éléments d'habitats formant une trame urbaine orthogonale datant pour l'essentiel de l'époque hellénistique et romaine. Le site est inscrit depuis 1998 sur la liste du Patrimoine mondial de l'humanité établie par l'Unesco. Il fait partie du Parc national du Cilento et du Val de Diano. Le second des trois temples grecs est dit Temple de Neptune/ de Poseidon et est le plus récent (450 av J C) Ayant été abandonné au début de l'ère chrétienne à cause du paludisme, il est resté en très bon état de conservation.

3. Le kafenío est en général le lieu social central d'un village ou d'un quartier d'une ville. C'est là que l'on se rencontre après le travail pour discuter, jouer aux cartes ou au tavli (une variante du backgammon), ou simplement pour se détendre en jouant avec un komboloï en observant les passants. Les boissons courantes que l'on y sert sont le café grec (Cafés Ellinikós), en été le café frappé, de la bière, de la retsina ou de l'ouzo avec des mezedes (petites entrées). Durant la journée ce sont en général uniquement les hommes âgés du village qui s'y retrouvent. L'aménagement d'un kafenío est souvent sobre et le mobilier se résume aux chaises grecques typiques en bois et à de petites tables en bois ou métalliques, le tout sur fond de murs blanchis à la chaux.

4. Cronos : Epoux de Rhéa et Père de Zeus et des principaux Dieux de l'Olympe, il ne faut pas le confondre avec Chronos, la personnification du Temps. Mais il en a quand même les attributs, selon les versions et les mythes, et peut donc le manipuler et s'y déplacer. Dans l'un d'eux également, il est dit qu'il gagna le Tartare pour y régir les Iles des Bienheureux avec Rhadamanthe, et non qu'il y fut exilé. C'est bien lui qui est intervenu dans la Résurrection des Chevaliers.

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Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous a plu.
Je n'ai pas prévu de développer plus la relation Shaka/Ikki.
Les prochains chapitres s'intéresseront à un autre couple, pour amorcer la fin de ma fic, qui aura déjà été bien plus longue que prévue initialement.
J'espère vous retrouver à la prochaine escale !

Bonne continuation à vous et merci pour votre soutien.
Lysanea

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