Titre : Le Fil rouge du Destin
Auteur : Lysanea
Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient
Pairing et personnages pour ce chapitre : Mu x Aphrodite, Angelo x Shura, Shaka, Saga x Aioros
Rating : T
Note : Bonjour à vous ! Merci d'être là et désolée pour le délai ! Je ne m'attarde pas, le chapitre est très long ! Je n'en suis pas entièrement satisfaite, mais j'ai été au bout de ce que je pouvais, donc je vous le livre ainsi, en espérant que vous passerez un bon moment malgré tout !
Merci ViMiKi pour ta review, normalement je t'ai répondu directement.
Merci Mini-Chan également. Oui, tu peux m'appeler Lysa. J'ai beaucoup ri à la lecture de ta review, surtout le début. Quel vocabulaire, j'adore ! Le "résidu de caca" est à la fois très violent et très poli, c'est incroyable comme insulte, je valide ! Il fallait au moins ça pour Minos ! Je te rejoint sur le fait que Rhadamanthe n'entre peut-être pas dans les critères de beauté "standard" et je déteste ce concept, déjà, mais il a un charme et un charisme fou !Et l'amour rend beau, aussi, tu as raison. Aphrodite était terrifié dans Hadès face à Rhadamanthe et son renvoi dans la mort, mais cette partie-là d'Hadès m'a toujours dérangé. Deathmask et lui avaient beaucoup de défauts dans l'arc du Sanctuaire, mais ils n'étaient pas lâches. Ca peut se discuter pour Angelo, qui était bien terrifié quand Shiriyu l'a envoyé dans le Puits, mais en aucun cas pour Aphrodite. Donc dans ma fic, je préfère que demeure une certaine animosité entre eux, mais pas de crainte. Et comme Aphrodite n'a plus rien à craindre de Rhadamanthe et qu'il a un fort caractère, forcément, ca fait des étincelles ! Contente que ca t'aie plu ! Contente aussi que tu aies adhéré à la relation Mu x Aphrodite. Et oui c'est vrai qu'il y avait une mode venue d'Amérique, il y a quelques années, du tout "low". C'était évidemment fortement inspiré du tantrisme et de la méditation en pleine conscience. Contente, enfin, que tout se passe bien au Brésil. Courage à toi dans la débrouille ! J'espère que la suite te plaira !
Bonne lecture à tous, voici la suite directe !
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Le fil rouge du Destin
Chapitre Vingt-neuf : Soit reconnaissant envers les gens qui te rendent heureux. Ils sont les jardiniers qui font fleurir ton âme.
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Environs d'Athènes
Villa Nea Avgi
(Aube Nouvelle)
Jardin, côté piscine face à la mer.
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- Alors en fait, vous avez baisé combien de fois, ce jour-là ?
- Vraiment, Angie, c'est là la première question qui te vient à l'esprit, après mon récit ? soupira Aphrodite, alors que Shura levait les yeux au ciel.
Angelo haussa les épaules avec un petit sourire.
- Y en a bien une autre, mais…
- T'as pas intérêt à la poser, l'avertit Shura.
- J'y répondrai pas, de toute façon, assura le Douzième gardien avec un regard noir pour le Quatrième. Et puis, tu sais déjà ce que je vais dire.
- Tchhh…
- Tu l'as cherché, asséna Shura.
Aphrodite approuva et appuya d'un hochement de la tête.
Ils avaient tous deux parfaitement deviné à quoi Angelo pensait, c'était écrit sur son visage : qui était le meilleur des deux au lit, entre Mu et lui ?
- Ouais, on s'en fout, c'était pas le même contexte, déjà, et puis, apparemment, ça avait l'air d'avoir été sacrément bon et c'est tout ce qui compte, finit-il par dire en sortant son paquet de cigarettes.
Il aurait pu insister, mais par égard et respect pour Shura, il préférait ne pas s'attarder sur ce sujet qui évoquait un passé assez compliqué pour leur relation. Il n'y avait aucun sujet tabou entre eux, mais ce n'était pas pour autant plaisant d'en évoquer certains.
Il aborda donc un autre point, qui, lui aussi, le turlupinait.
- Je suis quand même surpris, d'une certaine façon, Beauté. Tu disais que tu pourrais jamais aimer un autre que Saga, ça te paraissait aussi possible que de tomber enceint et…
- Mais quoi ? l'interrompit-il en un éclat de voix surpris. C'est quoi cette comparaison, Angie ?
- C'est pour dire à quel point c'était impossible pour toi... Moi, et d'autres, on savait que ça l'était, qu'il fallait juste que tu rencontres la bonne personne et que t'aies un déclic…
- Et à partir du moment où tu as su pour ton poison, tout un champ des possibles s'est ouvert devant toi, ajouta Shura.
- Mais perso, poursuivit Angelo, j'imaginais pas que ça arriverait si vite. Que tu tombes amoureux, je dis pas, ce genre de trucs, tu contrôles pas… Mais que tu le reconnaisses, l'acceptes et te déclares si vite et facilement, franchement, Beauté, bravo ! Je suis fier de toi ! le félicita-t-il en tapotant sa cuisse.
Puis, il prit sa tête et l'appuya fermement contre la sienne un court instant, visiblement effectivement très fier.
- Il n'y a peut-être pas de quoi, tu sais, Angie… le modéra Aphrodite. J'ai jamais dit que ça avait été facile ! Je viens de raconter un peu plus tôt la conversation que j'avais eu avec toi, mon Shu, et tu as dû manœuvrer habillement et patiemment pour me faire reconnaître les choses.
- C'est sûr que tes barrages et tes blocages m'ont donné du fil à retordre, confirma celui-ci. Ce n'est vraiment pas évident de te montrer et te démontrer certains faits, pourtant évidents, et de te pousser aux conclusions les plus logiques.
- Tu n'es pas le seul à t'y être essayé. Que ma situation avec Mu ait été connu, soupçonné ou une simple hypothèse formulée innocemment au cours d'une soirée animée, au final, tout le monde a tenté de me raisonner et de m'apaiser, de me faire accepter la possibilité d'un lien avec lui plus profond que notre simple amitié ou amitié améliorée.
- Plus profond, ça dépend dans quel sens… Parce que vous l'avez aussi bien profondément améliorée, votre amitié, hein… ricana Angelo.
Shura passa son bras derrière Aphrodite pour atteindre et réussir à tacler l'arrière du crâne de son compagnon et plus fortement qu'à l'accoutumée, lui faisant perdre son sourire grivois.
Et sa cigarette, qu'il tenait alors entre ses lèvres.
- Ma ahi ! protesta-t-il en le fusillant du regard par-dessus la tête de leur cadet.
- C'était mérité, ça aussi.
- Laisse, mon Shu, c'est pas comme si je ne m'y attendais pas…
- Alors comme ça, je ne suis pas le seul à t'avoir travaillé de cette façon ? demanda le Capricorne après un regard d'avertissement à Angelo, qui se frottait toujours la tête d'une main en grommelant, rallumant sa cigarette de l'autre.
- Non, même si je crois que tu as été le plus… frontal. Droit au but, comme toujours, lui sourit Aphrodite en tapotant son genou affectueusement. Un peu comme Saga, qui a deviné ce que se passait assez vite, évidemment…
- Comme si on pouvait lui cacher quoi que ce soit, à celui-là ! ricana le Quatrième gardien.
- Effectivement non, reconnut Aphrodite. Mais on s'en doutait, avec Mu, qu'il comprendrait rapidement. Je crois juste qu'il a attendu un moment, avant de me parler, faute de temps ou d'occasion de le faire discrètement. C'était quand même assez tôt, je n'avais pas encore de sentiments pour Mu, à ce moment-là. Enfin, pas de cette nature. Mais Saga… c'était comme s'il avait ouvert une fenêtre sur un futur possible.
- Et j'imagine que tu ne voulais pas regarder au travers, devina Shura.
Aphrodite soupira en posant sa tête sur son épaule.
- Non, mon Shu, je n'étais définitivement pas prêt à le faire…
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Flash back
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Le Sanctuaire
Maison des Poissons
Juillet 1989
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- Tu as l'air d'aller vraiment bien, en ce moment, et depuis quelques semaines, même, je m'en réjouis.
Comme Aphrodite était présent chez lui au moment où Saga traversait la Maison des Poissons, il était sorti à sa rencontre pour le saluer, comme toujours, et même l'escorter jusqu'à l'autre entrée, quel que fut le sens de son passage.
Ils marchaient donc d'un pas tranquille vers l'entrée côté Treizième, cette fois-ci, l'aîné profitant de ces moments devenus assez rares, même s'il veillait à toujours en avoir avec chacun, pour prendre des nouvelles plus précises.
- Je vais toujours bien, Saga, pourquoi tu me dis cela ? répondit Aphrodite en lui lançant un regard curieux.
- Tu es différent et à mon sens, il n'y a qu'une seule raison qui peut l'expliquer.
Effectivement, Saga n'avait pas de temps à perdre.
Le cadet soutint le regard de son aîné un moment, mais il ne tint pas longtemps.
Il n'y arrivait jamais, c'était trop difficile, son cœur se mettait à battre si vite et semblait vouloir lui faire vomir tout son amour pour lui et la douleur que cela lui infligeait encore aujourd'hui, même si parfois plus apaisée.
Alors, il lui restait les mots et le ton de sa voix, son ironie mordante, aussi, pour lui faire face dignement et ne pas complément s'écraser devant lui.
Lui montrer qu'il était fort, plus que sa douleur, suffisamment pour supporter la situation.
Qu'il n'était pas une petite chose fragile enamouré que sa simple vue ou présence rendait fébrile et incapable de raisonner.
Qu'il cessât de s'inquiéter pour lui et lui porter ce regard soucieux et coupable.
- Tu as deviné que je m'envoyais en l'air, bravo ! répondit-il en se servant justement de ce ton légèrement sarcastique. Sois rassuré, je ne mets en danger personne, maintenant que mon poison n'est plus actif hors de moi, et le Domaine n'a pas à craindre une indiscrétion de ma part non plus.
- Je n'ai aucune inquiétude là-dessus, Aphrodite, cela ne m'a même pas traversé l'esprit.
- Alors pourquoi tu m'en parles ? Tu es jaloux ? le taquina-t-il en lui prenant le bras. Si tu as eu une soudaine prise de conscience et a changé d'avis à mon sujet, sache que je n'ai aucune attache ! Mes appartements sont juste à droite, quelle coïncidence qu'on y arrive juste à ce moment de notre conversation !
Saga ne répondit pas à sa provocation, se contentant d'un long regard un brin désapprobateur, mais qui ne le jugeait pas pour autant.
Pas plus qu'il ne le repoussa ni se dégagea.
Ce fut Aphrodite qui plia sous le poids de ces yeux sans âge auxquels il n'avait jamais su résister.
Il le libéra et s'écarta en soupirant.
- Oh ! Ca va, si on ne peut plus plaisanter !
- Tu peux rire de tout, je n'ai pas de problème avec cela, Aphrodite. Mais quand il y a de la douleur sous tes propos, il m'est impossible d'en apprécier l'humour.
- Rabat-joie.
Saga posa sa main sur son épaule et le força à s'arrêter pour lui faire face.
- Aphrodite, je voulais simplement te faire savoir que je suis heureux pour toi. Pour vous deux, en vérité.
Le Douzième gardien laissa échapper un petit ricanement, alors qu'il détournait le regard.
- Tu te réjouis peut-être un peu vite, Saga ! Tu crois t'être débarrassé de moi et de mes sentiments qui te dérangent ?
- Ils ne me dérangent pas, assura-t-il calmement en pressant son épaule avec tendresse. Cela me peine, simplement, qu'ils te causent tant de douleur et depuis tant d'années.
- C'est comme ça, on y peut rien... Prends-toi-en a la Déesse dont je porte le nom ! Quand j'y pense, Angelo et moi n'aurions pas pu être plus mal nommés ! soupira-t-il. Enfin, ce nom m'a été donné en lien à ma constellation, il est donc adéquat, c'est juste moi qui ne suis pas le meilleur représentant de l'Amour.
- Aucun des Chevaliers des Poissons ne l'était, Aphrodite, car vous avez tous toujours été condamnés à la solitude, de par la nature de vos pouvoirs.
- La malédiction des Poissons, comme celle des Gémeaux qui a toujours séparé et opposé les deux frères... On avait ça en commun, au moins.
- Et nous sommes tous deux débarrassés des malédictions rattachées à nos Maisons.
- Certes.
- Tu parlais d'Angelo, également. C'est vrai que ce nom est d'une cruelle ironie, lorsque l'on pense à sa première vie.
Le cadet eut un petit ricanement amer.
- C'était clairement plus un démon qu'un ange. Ou alors, un Ange de la Mort, Parca, comme l'appelait Shura très souvent.
- Mais la Sœur qui lui a donné ce nom l'avait chargé d'un espoir pour son avenir. De la même façon que le lotus naît, croit et s'épanouit dans la boue, elle espérait qu'Angelo s'en sortirait, serait une bonne personne même en grandissant dans le pire environnement possible pour un enfant : la rue d'un petit village miséreux en limite des territoires de la Mafia.
- Cela aurait été possible, s'il n'avait pas eu ce résidu de déchet qu'était son Maître pour tuteur… Il a écrasé le lotus et l'a enterré bien profond dans la boue.
- En effet, ce fût une réelle tragédie. Shion s'en veut encore énormément de n'avoir rien vu, du moins, pas suffisamment tôt. Mais aujourd'hui, cette seconde chance permet à Angelo de s'épanouir comme il aurait dû pouvoir le faire, si son Destin avait été tout autre. Et si, aujourd'hui, on ne peut pas dire que c'est un ange, il n'en reste pas moins une bonne personne pour autant.
- Il y a quelqu'un pourtant qui le voit bien comme un angel… Et tant mieux !
- Oui, acquiesça Saga, alors qu'il retirait sa main de son épaule out elle s'était attardée. Cela vaut pour toi aussi, tu sais, Aphrodite. Ta situation nouvelle prouve, si besoin est, que les choses peuvent aussi changer de ton côté, pour le meilleur. Je l'avais espéré dès le début, je l'avais souhaité de toute mon âme et je suis vraiment ravi que cela se soit réalisé, et aussi tôt.
- C'est vrai que tu l'avais évoqué, ce jour-là… se souvint le cadet, alors qu'ils reprenaient leur progression lente vers la sortie du Temple.
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Flashback
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Le Sanctuaire
Maison des Poissons
Novembre 1987
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- Je suis sincèrement désolé de t'avoir tant fait souffrir, Aphrodite, désolé que tu aies eu à grandir ainsi et subir tout cela.
- Je me suis toujours battu pour ce qui me paraissait juste, Saga. La justice ne pouvait être détenue et appliquée que par le plus puissant. Je n'éprouve aucun regret de t'avoir suivi, possédé ou non. Je t'aurais suivi jusqu'aux Enfers et au-delà, s'il existait autre chose, assura-t-il d'une voix vibrante et passionnée, presque malgré lui.
En effet, Aphrodite essayait de contenir son émotion et ses sentiments, mais avoir Saga face à lui était une douce torture qui le rendait fébrile.
Il était là, devant lui et ils se parlaient en tête-à-tête pour la première fois depuis leur improbable et miraculeux retour à la vie.
Saga, dont il était retombé fou amoureux à la seconde où il l'avait revu, déjà lorsqu'ils avaient été rappelés par Hadès et rassemblés par Shion.
Puis une nouvelle fois, un mois plus tôt, ramenés à cette nouvelle vie.
Et chaque jour qui passait, depuis.
Bien que brisé, il avait tout de même retrouvé l'homme qu'il avait connu, enfant et aimé immédiatement, malgré son jeune âge.
Celui dont il avait chéri le souvenir en grandissant, tout en le souillant par sa relation perverse avec l'Autre…
- Je dois aussi te remercier pour cela, répondit Saga. Pour ta fidélité, ta loyauté et ton… affection.
Le Douzième gardien ne put retenir un rire un peu sec.
- As-tu donc si peur de l'amour que tu n'oses prononcer ce mot ? Certes, il est bien différent de celui que tu partages depuis toujours avec Aioros... Mais il n'en reste pas moins réel, même si tu préférerais que ce ne soit pas le cas.
- Je ne voulais pas te manquer de respect, je te prie de m'excuser, Aphrodite. C'était très maladroit de ma part.
- C'est moi qui te dois des excuses, Saga, soupira-t-il. J'ai profité de la situation pour avoir ce que la vie, les Dieux et le Destin ne m'auraient jamais accordé : ton corps et tes attentions. Je ne suis pas assez bon pour le regretter, même aujourd'hui. Mais je t'aime et te respecte suffisamment pour te faire mes excuses.
Saga sourit avec indulgence.
Il n'était pas dupe, il savait pertinemment qu'Aphrodite cherchait à rester dans son rôle de méchant garçon, celui qu'il avait toujours connu. Revenir à la vie de cette façon et dans leur situation était encore déstabilisant, ils s'accrochaient tous à un ou plusieurs repères de leur passé, même les plus mauvais.
En même temps, Aphrodite n'en avait pas vraiment de bons…
Mais même si ses remords n'étaient pas évidents, Saga le connaissait assez pour lire entre les lignes.
- Je suis désolé de ne pouvoir répondre à tes sentiments, aujourd'hui pas plus que je n'ai pu, à l'époque.
Le beau et fier Chevalier des Poissons serra les poings.
C'était difficile de voir Saga dans cet état de douleur, de tristesse, de culpabilité qui lui rongeaient l'âme et le cœur et suintaient par chaque pore de sa peau.
Il était la Détresse incarnée, et Aphrodite avait autant envie de le gifler pour le réveiller de son cauchemar, que de l'étreindre et l'embrasser pour le réconforter.
- Tu n'en as pas assez de t'excuser ? demanda-t-il entre ses lèvres pincées. Tu es au bout de ton chemin de croix, Saga, tu as déjà présenté mille et une excuses à chacun de nous en traversant tous les Temples, un par un, jusqu'à moi. Il te reste encore certainement le plus difficile, au Treizième, face à Shion et Athéna qui t'attendent. En ce qui me concerne, je n'ai pas besoin d'en entendre davantage. De toute façon, je t'avais pardonné, avant même que tu ne commences à parler. Enfin, il y a peut-être une chose que j'ai à te reprocher, tout de même, nuança-t-il en levant un index entre eux.
- La liste de mes griefs est bien plus longue, mais soit, j'accepte d'écouter le seul que tu consens à me confier.
Aphrodite prit une profonde inspiration et darda sur son aîné un regard douloureux et hautement réprobateur.
- Ton suicide. C'était laid, stupide et lâche de ta part, Saga des Gémeaux, tellement indigne du grand Chevalier que tu es !
- Je ne le sais que trop bien. Mais je n'avais pas le choix, Aphrodite.
- Que tu dis ! répliqua-t-il. Si j'avais survécu à mon combat contre Shun, j'aurais passé le reste de ma misérable vie à t'en vouloir pour cela. Mais je ne veux pas gâcher cette nouvelle chance en me montrant rancunier envers toi. Je préfère essayer de te séduire.
- Aphrodite… commença Saga.
Mais son cadet leva la main entre eux en un geste élégant, mais impérieux, qui le fit taire.
- Je plaisante ! le rassura-t-il en rejetant ses longues boucles blondes en arrière. Détends-toi, Saga, tout va bien.
- Tu ne vas pas si bien que cela, je perçois aisément combien être seulement en ma présence t'est difficile.
Un éclair de panique traversa furtivement le regard du cadet.
Même s'il s'était repris très vite, cela n'avait pas échappé à l'aîné.
- Ne m'évite pas pour autant, Saga, j'en ai besoin ! exigeât-il. J'ai besoin de te voir et de te parler, même si tu es entièrement tourné vers Aioros, tout en le fuyant, et aussi douloureux soit-il pour moi… Je ne peux pas rester loin de toi, s'il te plaît… Ne m'inflige pas ça…
Saga hésita, puis posa sa main sur l'épaule d'Aphrodite.
- D'accord. Je… souhaite que quelqu'un puisse atteindre ton cœur, un jour. Tu le mérites, Aphrodite, je le sais, je l'ai vu très tôt et tu l'aurais démontré, si la situation avait été tout autre. Tu es quelqu'un de bien, et tu as toute cette nouvelle vie pour le découvrir et le montrer.
- C'est ennuyeux, comme projet… minauda-t-il pour cacher l'émotion que ses mots avaient suscité. Mais ne t'inquiète pas pour moi, Saga, vraiment. Je ne sais pas si je peux être une bonne personne, mais je suis un grand garçon, aujourd'hui. Ça ira pour moi.
- Je sais, assura-t-il en ôtant sa main. Tu es devenu un grand et fier Chevalier.
- Et surtout très beau. Ne l'oublie pas.
- Ce serait être aveugle que de le nier.
Le Poissons soupira presque théâtralement.
- C'est cruel de me dire une telle chose, alors que tu me repousses ! Heureusement que j'ai de beaux souvenirs pour me consoler. Même s'ils sont tristes et douloureux, pour toi, j'en suis conscient.
- Je n'en ai pas vraiment avec toi, Aphrodite, répondit-il sur un ton d'excuse.
- C'est vrai que tu t'effaçais totalement, dans ces moments-là. Ce rappel aussi est cruel, Saga. Si tu n'as plus rien d'autre à me dire, restons-en là, s'il-te-plaît. Je ne suis pas adepte de la torture, malgré les rumeurs qui ont longtemps circulé et la manière dont le Lémure s'est parfois occupé de moi...
- Je…
- Ah non, plus d'excuses ! le coupa-t-il en redressant le menton. T'entendre me demander pardon est aussi une forme de torture, en soi. Il suffit, Saga, allons !
- Dans ce cas, je ne vais pas m'attarder davantage, concéda le Gémeau. Merci, Aphrodite, vraiment.
Le Douzième gardien détourna le regard un court instant, le cœur battant à mille à l'heure.
- Je t'en prie, finit-il par répondre en verrouillant son regard au sien. Merci à toi de m'avoir protégé comme tu l'as pu.
Le Troisième gardien grimaça, le regard soudain plus douloureux.
- J'aurais voulu faire tellement plus et pour chacun de vous...
- C'était suffisant pour moi, je t'assure. Je voulais ton cœur, mais c'était trop demander. Je suis chanceux d'avoir eu ton corps, même si tu ne… l'occupais pas, dans ces moments-là. Cela m'aidait quand même à renforcer l'illusion d'un amour partagé... Pardonne-moi, je ne devrais pas revenir là-dessus, s'excusa-t-il en secouant la tête. On en avait terminé, je crois.
- Oui et je suis attendu, confirma Saga. À plus tard, Aphrodite.
- Mon Temple et mon lit te seront toujours ouverts.
Saga préféra ne pas relever.
Sur un dernier sourire triste, le seul qu'il affichait depuis leur retour, il quitta le magnifique jardin et son propriétaire, dont il sentit le regard dans son dos un long moment encore après en être sorti.
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Fin du flash back
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Les lèvres d'Aphrodite n'étirèrent en un sourire teinté d'amertume, alors qu'il revenait au présent.
- Il n'est pas question d'amour, avec lui, ne te méprends pas, Saga. Nous sommes, au mieux, des amis qui nous rendons service. Enfin, malgré notre amitié dont je ne doute pas un seul instant, je me demande parfois s'il n'a pas simplement pitié de moi.
- Ce n'est pas son genre, malgré les apparences, répliqua Saga. Il t'a pardonné tes actions passées et a accepté de se rapprocher de toi. Il n'a pas eu la même démarche avec Angelo, c'est le seul d'entre nous, avec Camus, à être aussi froid et distant avec lui.
Aphrodite se pinça les lèvres et fit face à Saga, alors qu'ils étaient à présent sortis de son Temple et s'étaient arrêtés sur le parvis, au pied du Grand escalier bordé de ses rosiers magnifiques.
Et inoffensifs.
- Angelo tuait des enfants et des bébés, parfois encore dans le ventre de leurs mères, rappela Aphrodite. Ça ne passera jamais avec lui, pour qui leurs vies sont plus importantes que n'importe quelle autre.
- Cela ne passe avec personne, assura Saga, pas même avec toi, son meilleur ami, ni Shura, son compagnon. Mais nous avons réussi à aller au-delà de ce fait, à considérer Deathmask extérieur à Angelo, le premier mort et enterré. Chacun à sa façon et à son rythme. Pas lui. Pas comme il l'a fait avec toi et pour toi, en tous les cas, car tu avais aussi du sang sur les mains et des actes à te reprocher.
- Et alors quoi ? s'agaça légèrement le Poissons en croisant les bras sur son torse. Qu'est-ce que tu essaies de me dire, Saga ? Parle sans détour, livre-moi ta pensée brute ! Ce n'est pas ton genre de tourner autour du pot, tu me parlais franchement, jusque-là !
- Tu as raison, je m'excuse pour cela. Il s'intéresse vraiment à toi, voilà ce que je crois. Ce n'est peut-être pas seulement une belle amitié avec bénéfices, Aphrodite.
Le Douzième gardien s'avança jusqu'au pied du Grand escalier et s'approchant d'un de ses rosiers au rouge incandescent, il caressa délicatement quelques pétales soyeux.
Saga observa, avec curiosité et admiration mêlées, la communion du Chevalier avec ses roses, la manière dont celles-ci semblaient se tendre vers leur maître et celle dont celui-ci les couvait du regard.
La beauté d'Aphrodite était toujours saisissante, qu'on se fût habitué ou non, mais lorsqu'il se trouvait près de ses fleurs et notamment de ses roses, elle n'en était que plus éclatante, encore.
Y être sensible ou non n'y changeait rien, chacun ne pouvait que la reconnaître et s'incliner devant la perfection et l'harmonie de ses traits, la grâce et la sensualité de ses mouvements.
Saga se souvint d'un jour où Aioros et lui, alors adolescents, s'occupaient de l'entraînement de Shura, Angelo et Aphrodite. Shion était venu les rejoindre et se plaçant aux côtés de Saga qui supervisait sans intervenir, il avait murmuré, les yeux posés sur le futur Poissons qui attendait son tour pour faire l'exercice demandé : « le vent lui-même semble être tombé amoureux de cet enfant ». Car en effet, une légère brise tournoyait avec douceur autour d'Aphrodite, soulevant délicatement les mèches échappées de ses cheveux, comme si une main invisible les caressaient.
- J'ai assez donné avec les faux-espoirs et l'amour à sens unique, Saga, finit par répondre le Douzième gardien en se redressant. Je n'attends rien de plus de cette relation qui n'en est même pas réellement une. Elle n'est qu'une extension d'une amitié déjà précieuse et inespérée, pour laquelle je dois me montrer digne, chaque jour.
- Si tu es heureux comme cela, c'est parfait, mon ami. Mais permets-moi d'avoir cette attente et cet espoir-là pour toi, malgré tout, car tu mérites plus et mieux que cela. Ainsi, la déception ne sera que mienne, s'ils s'avéraient infondés.
- Si tu as du temps à perdre à cela… fais comme tu veux, accepta le Douzième gardien en revenant vers le Troisième.
- Le temps que je vous consacre n'est jamais perdu, Aphrodite.
Le cadet observa son aîné avec une petite moue.
- Tu ne t'es pas débarrassé de toute ta culpabilité, Saga. Tu agis encore comme si tu avais quelque chose à réparer. Tu avais pourtant intégré le fait de n'être responsable de rien : pas plus de la domination du Lémure et de son règne despotique, que de la mort d'Aioros et de Shion, ni de mes sentiments pour toi et de ton impossibilité d'y répondre favorablement.
- Je l'ai accepté, crois-moi, même s'il y aura toujours une trace, dans mon âme. Mais j'agis ainsi par souci de vous, ainsi que je l'ai toujours fait. C'est mon rôle, en tant qu'ainé. Je ne répare rien, je rattrape le temps perdu, je corrige une déviation du Destin, comme le dit si justement Dokho.
- Et tu te prépares à leur succéder, admirablement. Oui, c'est vrai, en vérité, je te reconnais bien là. Mais j'ai vraiment l'impression que tu te soucies un peu plus de moi, à cause justement de cet amour que tu ne partages pas. Comme une excuse...
- Plutôt un soutien et un réconfort. Je te donne tout ce que je peux, je t'aime de toutes les façons qui me sont possibles et permises.
Aphrodite tiqua aux mots employés par Saga, mais ne releva pas.
- D'accord, prends soin de moi comme tu le peux et veux, je ne vais pas m'en plaindre. Seulement, en ce qui concerne ma situation actuelle, je te demande juste de faire ça… de loin. Ton intervention pourrait tout gâcher et m'enlever le peu que j'ai pu arracher à la vie et au Destin. Même si nous avions évoqué le fait que tu devinerais certainement les choses sans que nous ayons à dire quoi que ce soit, personne n'est censé être au courant… à part nos deux complices, Shaka et Aldebaran. Et notre Trinité sacrée, bien sûr. C'est d'ailleurs ce secret qui rend tout ceci si intéressant et… intense.
- C'est entendu, Aphrodite, concéda le Troisième gardien. Mais promets-moi que si tu as besoin de parler ou de quoi que ce soit…
- Je saurais trouver une oreille attentive et de l'aide, ne t'en fais pas pour moi. Si Angelo et Shura sont trop occupés à jouer à saute-cabri, je pourrais toujours compter sur Shaka. Comme je viens de le préciser, il est dans la confidence.
- Angelo et Shura ne sont pas au courant, c'est étonnant. Tu parles d'Athéna, Shion et Dokho comme d'une sainte Trinité, mais vous en avez toujours formé une belle, tous les trois, presque tout aussi sacrée !
Aphrodite sourit à cette remarque très juste.
- Oui, je sais, mais je ne leur ai rien dit à sa demande, que j'ai parfaitement comprise. Cela nécessite quelques efforts, je n'ai pas l'habitude d'avoir des secrets avec eux, mais… le jeu en vaut la chandelle, sourit-il avec un air espiègle. Le fait qu'on ne soit plus autant les uns sur les autres qu'avant, depuis leur mise en couple, aide à ne pas me faire griller ! Et pour ce qui est de l'envie ou du besoin de parler… heureusement, j'ai Shaka pour se faire !
- C'est vrai qu'il est devenu un ami très proche, également. De cela aussi, je me réjouis grandement.
- Tu pensais que personne ne parviendrait jamais à m'apprécier en dehors de Shura et d'Angelo ? demanda-t-il, blessé. Tu as vraiment une piètre opinion de moi…
- Ce n'est absolument pas le cas ! le contredit-il immédiatement en posant sa main sur son épaule affectueusement. Et tu le sais, tu t'es souvenu de notre première conversation à notre retour à la vie. Je t'ai très tôt confié ma certitude que tu te ferais ta place, ici.
- Oui, c'est vrai, ma réflexion était injuste. Désolé.
- Ce que je voulais dire, c'est que même si tu es plus ouvert qu'avant, ce n'est qu'à un certain degré. Tu restes tout de même très doué pour mettre les autres à distance et décourager toute tentative de rapprochement trop intime avec toi, alors même que la crainte due à ton poison n'existe plus. Ta muraille d'épines et de ronces est plus solide et dissuasive que n'importe quel rempart de pierre, plus même que le marbre plurimillénaire du Parthénon.
- Faut croire qu'elle n'est pas si impénétrable que cela, en fait... Sans jeu de mots douteux, bien sûr !
- Me donner ce genre de détails n'est absolument pas nécessaire, Aphrodite, grimaça Saga.
Le Douzième gardien rit devant la mine déconfite du Troisième.
- Non, mais vraiment, Saga, je sais que c'est totalement mon genre de dire ce genre de choses scabreuses, mais là, c'était pas fait exprès du tout ! Surtout qu'on parlait de Shaka, et il n'y a vraiment rien de cette nature, avec lui...
- D'accord, d'accord. Mais justement, parlons-en… Tu n'as jamais eu envie d'aller plus loin, avec lui ?
- Dis donc, tu es bien curieux, Saga des Gémeaux… Pardon, futur « Grand Pope », s'amusa-t-il en faisant une élégante courbette.
- Je n'en reste pas moins Saga des Gémeaux. Et je te prie de me pardonner ma question, c'est vrai, cela ne me regarde en aucun cas.
Aphrodite lui donna un léger coup de poing sur l'épaule.
- Je te taquine ! Tu peux absolument tout me demander, je ne pourrais jamais te refuser quoi que ce soit, je te l'ai toujours dit.
- Et je t'ai toujours certifié que je n'abuserai jamais de ce pouvoir que tu me confères, à tort.
- Soit, mais je vais quand même te répondre, au sujet de Shaka. Tu sais, c'est marrant, j'y repense, mais Aioros m'avait aussi suggéré de me rapprocher de lui de cette façon plus intime, soulignant le fait qu'il te ressemblait un peu… Blond aux yeux bleu très puissant et charismatique… Alors oui, certes, on ne peut que lui reconnaître une certaine prestance, mais… il ne sera jamais a ton niveau. Personne n'en impose autant que toi, Saga.
- Tu n'es pas objectif.
Et en effet, Aphrodite avait toujours ce ton mêlant admiration et tristesse, lorsqu'il tenait ce genre de propos, et l'amour dans le regard qu'il portait sur Saga était aussi bien visible, même s'il essayait de contenir au maximum la somme de tous les sentiments qu'il lui inspirait encore aujourd'hui.
Il détourna donc les yeux et alla d'adosser à l'une des deux premières colonnes qui encadraient le Grand escalier, et qui marquaient les différents paliers jusqu'au Treizième temple.
- Non, mais je ne suis pas le seul à le penser, donc c'est quand même vérifié et validé ! répliqua-t-il avec un grand sourire que la prise de distance lui avait permis de retrouver. Mais pour répondre enfin à ta question, non, je n'ai jamais vu Shaka de cette façon. Je ne dis pas que je n'y ai pas pensé. Le fait est que quand je croyais mon poison encore actif, j'avais noté qu'il le supportait parfaitement... Et pour cause. Et je commençais à être un peu en manque, tu vois, alors, quand on s'est encore rapproché, je me suis dit que ça pourrait être une solution, à plus ou moins long terme. Surtout en ayant appris ses petites escapades hors les murs.
- Il a refusé ?
- Tu penses qu'il l'a fait ?
- Je ne sais pas, Aphrodite, je me pose vraiment la question, car les deux réponses sont possibles. Quoi que, tu y as déjà répondu, en fait, en me disant que tu ne l'avais jamais vu de cette façon.
- En effet, confirma le Poissons, c'est pourquoi je ne le lui ai pas demandé, au final et je n'ai rien tenté non plus. Je n'arrivais pas à m'imaginer avec lui dans un contexte plus intime. C'est étrange, non ? J'ai couché avec Angelo pendant des années, alors qu'on était qu'amis... Mais Shaka a un côté tellement… pur. Tu me diras, lui également. Et pourtant, il a bien voulu de moi.
Saga laissa échapper un petit rire.
- Ils ne sont pas si innocents que cela, en ce qui concerne le sexe, tu as dû finir par le comprendre, puisque tu viens d'évoquer les escapades de Shaka, partagées occasionnellement par Mu.
Aphrodite partagea son rire.
- Oui, ils cachent tous les deux très bien leur jeu, les coquins ! C'est pourquoi nous aurions facilement pu avoir ce genre de relation entre amis, avec Shaka aussi, chacun y trouvant son compte. Lui apprenant et découvrant encore cet aspect-là des relations humaines, avec quelqu'un de proche et moi, en satisfaisant un besoin physique et relationnel.
- Mais… ?
Élégant haussement d'épaules d'Aphrodite, ce qui fit glisser quelques boucles blondes de ses épaules à son torse.
- Je ne sais pas ! Quand ça veut pas, ça veut pas ! Tu en sais quelque chose…
- Aphrodite…
- Désolé, ce n'était pas méchant, vraiment ! assura-t-il en secouant les mains. C'est juste que tu es à même de comprendre.
- Certes.
Le Douzième gardien soupira.
- Je crois qu'il y avait deux obstacles à ce genre de rapprochement : premièrement, le fait que Shaka, même s'il parvient à dissocier le corps et le cœur, a tout de même des sentiments pour Ikki, de plus en plus fort au fil des jours. J'ai l'impression que ça le conduit progressivement à une certaine… retenue ?
- En effet, cela fait bien cinq ou six mois qu'il est plutôt sage.
- Tu es au courant de tout, même de ce genre de choses ! s'esclaffa Aphrodite avec un petit gloussement.
- Shaka tient simplement à m'informer de ses escapades. Il ne veut pas déranger Shion avec cela, mais il trouve plus respectueux de le tenir au courant et il le fait par mon intermédiaire, ou celui d'Aioros.
- L'un ne va plus sans l'autre, désormais, maintenant plus que jamais, sourit Aphrodite.
Un sourire que Saga lui rendit, malgré la tristesse qu'il y percevait toujours.
- Quel était le second obstacle ? demanda-t-il ensuite. Tu en as mentionné deux…
- Et bien, il tient dans le fait que j'admire et je respecte beaucoup trop Shaka.
Cette réponse surprit Saga.
- Et ce n'est pas le cas de... ce n'est pas son cas ?
- Si, je ne me l'explique pas vraiment. Même si on est amis, Shaka et moi, il a un côté très au-dessus des autres, sans que ce ne soit volontaire ou prétentieux. Il est l'homme le plus proche des Dieux, ce n'est pas juste une légende. Si on reste sur la philosophie bouddhiste, c'est bien un Bouddha, un être éveillé.
- Je comprends parfaitement ce que tu décris. Et en ce qui me concerne ? demanda encore Saga en se rapprochant de son cadet.
- C'est-à-dire ? Est-ce que je te vois comme une sorte de divinité ?
- Non, je pensais plutôt au fait que tu m'admires et me respectes énormément, pourtant, cela ne t'as jamais empêché de vouloir… plus.
- Oui, mais mon amour était le plus puissant parmi tous les sentiments que tu m'inspirais… Pourquoi tu souris comme ça, subitement ? s'inquiéta-t-il en haussant un sourcil.
- Tu parles au passé.
Aphrodite sembla confus, un bref instant.
- C'est parce que c'était le cas avant ! finit-il par se ressaisir. C'est évident que mon amour pour toi est différent, aujourd'hui, il est plus… équilibré ! Je te respecte, je t'admire autant que je t'aime, et j'ai beaucoup moins les hormones en feu…
Le sourire de Saga s'accentua.
- Quoi, encore ? Rhaaaa ! tu m'énerves ! s'agaça-t-il en lui donnant un nouveau coup de poing sur l'épaule, faisant rire son aîné. Arrête de tout analyser et interpréter ! Je ne suis pas amoureux de lui !
- Tu ne l'es plus de moi non plus, répliqua Saga, avec un doux sourire, cette fois.
Aphrodite le défia du regard.
- T'aimerais bien, n'est-ce pas ? Ça t'arrangerait tellement ! Et bien ce n'est pas demain la veille que ça arrivera, va falloir que tu fasses avec !
Saga le regarda sans rien répondre, un sourire plus grave aux lèvres, à présent.
Et sous ce regard qui comprenait tout en voyant si bien en lui, en lisant si bien son âme depuis toujours, le Douzième gardien capitula.
Il baissa les yeux et tourna la tête pour échapper au magnétisme de Saga.
Mais il revient très vite replonger ses yeux dans les siens.
- Tu pourrais me protéger, Saga ?
L'aîné retrouva l'enfant un peu perdu qu'il avait connu, à son arrivée au Sanctuaire et son cœur se serra de nostalgie. Il posa sa main sur sa joue avec tendresse.
- De quoi veux-tu donc que je te protège, Aphrodite ?
- De moi-même… souffla-t-il en se frottant à la paume si douce de son aîné. Je ne peux pas tomber amoureux d'un autre, mais je peux m'attacher quand même… et tout perdre. Je ne veux pas revivre ça… Si tu me vois prendre ce chemin, je t'en supplie, frappe-moi, envoie-moi dans une autre dimension, n'importe quoi ! supplia Aphrodite en s'accrochant à son poignet de ses deux mains, sans l'ôter de sa joue pour autant.
Ce fut Saga qui la dégagea doucement, et Aphrodite savoura cette lenteur qui transformait le geste en caresse.
- C'est en effet n'importe quoi, rit doucement le Gémeau, mais avec tendresse et sans moquerie. C'est le mieux que je puisse te souhaiter, mon ami.
- Tu ne comprends pas… Ce ne sera jamais possible, tout ça est éphémère ! Il finira par se lasser ou trouver quelqu'un de mieux, cela ne sera pas bien difficile...
- Pourquoi le penses-tu avec tant de conviction, Aphrodite ? Je suis certain qu'il peut t'aimer sincèrement et durablement.
- Évidemment, il n'y a que toi qui n'as pas su saisir ta chance ! répliqua-t-il du tac-au-tac en croisant férocement ses bras sur son torse, le défiant du regard.
Aphrodite était comme ça, il ne pouvait pas s'en empêcher.
Dès qu'il se sentait vulnérable, dès que quelqu'un parvenait à titiller ses barrières les plus proches de son cœur, il attaquait.
Mais Saga ne lui en tint pas rigueur.
Il le laissa simplement se calmer et reprendre leur conversation à son rythme.
Ce qu'il fit, après une longue minute de silence et de défi.
- Non, il ne peut pas m'aimer, je ne le mérite pas, soupira-t-il en laissant ses bras retomber le long de son corps. Il est juste beaucoup trop bon et pur pour moi. Il finira par le réaliser.
Sa tristesse était palpable et touchante.
Saga posa ses mains sur ses épaules et verrouilla son regard au sien, déterminé.
Le cœur amoureux du Douzième gardien se mit à battre plus fort, mais il était prisonnier et ne pouvait détourner les yeux.
- Aphrodite, j'ai eu les mêmes pensées, et justifiées ou non, ce ne sont que des blocages nés de la peur. Tu ne dois pas te laisser guider ni contraindre par eux.
- Peu importe, Saga. Je suis bien comme ça, la situation actuelle me convient. Cela me correspond. Cela nous correspond, à tous les deux.
Saga le libéra de sa magnétique présence et de ses mains, également, en relâchant ses épaules.
- Je l'ai bien compris. Je me permets juste de te conseiller de ne pas fermer la porte à d'autres possibilités, comme par exemple, une éventuelle évolution de vos sentiments et de votre relation, car elle est tout à fait envisageable.
- Saga, je sais que tu ne veux pas l'entendre, mais je t'aime, je suis profondément et irrémédiablement amoureux de toi et, par définition, cet amour est immuable. Il fait partie de moi, tu fais partie de moi. Je ne pourrais jamais aimer quelqu'un d'autre que toi. Et de la même façon, je ne pourrais jamais susciter un autre sentiment que le désir ou de l'amitié. Je me sens déjà chanceux et reconnaissant qu'il m'accorde ce privilège, ainsi que de partager son intimité. Je suis gourmand, mais je sais reconnaître quand il est dangereux de trop en demander au risque de tout perdre.
Saga grimaça.
Il se retrouvait dans la situation dans laquelle il avait été, quelques mois plus tôt, mais de l'autre côté de la forteresse de convictions, à l'extérieur. Il était devenu celui qui essayait de mettre le retranché face à ses contradictions et face aux évidences.
Cela lui permit de comprendre un peu ce qu'avaient pu vivre Aioros, Kanon, et tous ses camarades qui avaient essayé de lui faire entendre raison au sujet de son droit à l'amour.
- A défaut de laisser la porte ouverte, puisque cela te semble inconcevable pour le moment, ne ferme pas totalement la fenêtre, lui conseilla-t-il. Sait-on jamais…
Aphrodite soupira, mais son envie de sourire était évidente.
Il la cacha sous un léger toussotement dans sa main refermée en poing.
- Écoute, ce n'est pas que je n'apprécie pas ta compagnie et notre discussion, mais l'heure tourne. J'ai quelque chose de prévu et tu as sûrement toi aussi beaucoup de choses à faire, non ?
- D'accord, je te laisse, dans ce cas. N'oublie pas que je serai toujours là pour toi, Aphrodite, tu le sais.
- Bien sûr que je le sais. Pourquoi crois-tu que ce soit impossible pour moi de me détacher de toi ? Tu es tellement parfait…
- Je suis loin de l'être.
- Tu l'es pour moi, répliqua-t-il fermement. Encore aujourd'hui. Personne, à mes yeux, ne t'arrivera jamais à la cheville, Saga. Cependant…
- Oui ? l'encouragea-t-il avec douceur.
Aphrodite se mordilla légèrement la lèvre, le regard un peu fuyant, puis il revint l'ancrer à celui de son aîné et grand amour.
- J'ai parfois l'espoir qu'il existe quelqu'un qui, malgré cela, saura tellement me combler que cela deviendra sans importance, même dans notre couple.
- Je suis certain qu'il existe et tu l'as peut-être même déjà rencontré.
- L'optimisme d'Aioros déteint violemment sur toi, ça empire chaque jour un peu plus ! grimaça le Douzième gardien avec une moue boudeuse.
- Ce qui implique que j'en ai assez pour deux.
Aphrodite leva les yeux au ciel en soupirant, cette fois-ci.
Mais un sourire se dessina bien vite sur ses lèvres.
- Merci, Saga. Pour absolument tout. Et arrête de t'inquiéter pour moi… enfin, essaie.
Le Gémeau hocha la tête.
- Tu es entre de bonnes mains, désormais. A plus tard.
- A plus tard, oui.
Aphrodite sourit encore, puis se détourna pour regagner son Temple, se forçant à ne pas se retourner vers Saga.
Celui-ci regarda un temps son cadet, puis, avisant l'heure, il remonta au Palais au pas de course.
Il entra dans le bureau au moment où Mu ouvrait la porte pour en sortir.
- Vous avez déjà fini ? s'étonna-t-il
- Oui, ce n'était pas long, finalement, répondit le Bélier.
- Comme il n'y avait pas grand chose, nous ne t'avons pas attendu, tu avais l'air occupé, ajouta Aioros depuis le bureau. Ça te dérange, amour ? s'inquiéta-t-il.
- Aucunement ! Je m'excuse, j'ai effectivement pris plus de temps que prévu.
- Ce n'est pas grave, assura Mu. Je laisse Aioros te faire un compte-rendu, sauf si tu veux que je le refasse.
- Non, tu peux y aller, je te remercie, Mu. C'est aussi l'avantage d'être deux, on peut assurer plus de tâches en même temps et faire le point ensuite.
- Très bien, dans ce cas, je me retire.
- Mu, attends ! le retint Saga, avant de s'approcher de lui. Prends soin de lui, s'il te plaît. Et de toi, évidemment. Vous êtes les opposés et les plus proches du zodiaque, vous êtes également le reflet parfait et le reflet inverse de l'autre. D'apparence forte, et il l'est, il est aussi fragile et sensible à l'intérieur. Tout comme tu sembles doux et sensible, et tu l'es, mais tu es en réalité bien plus fort et caractériel qu'il n'y parait.
Saga avait visiblement complètement oublié qu'il avait assuré Aphrodite de rester à l'écart…
A moins que non.
Saga des Gémeaux avait-il seulement un jour laissé la place au hasard ?
- Quel est le but de ce portrait croisé ? demanda sobrement le Bélier.
- Je veux simplement te rappeler à quel point il est aisé de vous blesser. Je ne crois pas que tu cherches à faire du mal à Aphrodite, mais cela risque d'arriver, si tu lui permets de s'attacher à toi sans pouvoir lui retourner ses sentiments, un jour. Il clame à qui veut l'entendre qu'il n'aimera jamais un autre que moi, mais c'est parce qu'il n'est pas conscient des ouvertures qu'il laisse et que, de fait, cette possibilité existe. Il n'en est pas conscient, mais en réalité, il n'attend que cela, d'aimer et de l'être en retour. Mais il a si peur que ce ne soit jamais le cas, qu'il préfère faire comme si ce n'était pas le cas et que cela lui importait peu. Nous qui voyons au-delà des apparences, nous savons ce qu'il en est.
- Je comprends ton inquiétude, Saga, mais tu n'as pas à t'en faire. C'est moi qui ai fait le premier pas dans sa direction et qui l'aie entraîné sur cette voie. Je n'ai pas pris cette décision à la légère. Je suis prêt à en assumer les conséquences, les bonnes comme les malheureuses, s'il devait y en avoir. Mais je ferai en sorte que celles-ci n'arrivent pas, ou alors, qu'elles soient négligeables.
- Bien. J'ai entièrement confiance en toi. Si tu as besoin de quoi que ce soit...
- Je sais, je connais le chemin. Merci, Saga.
Il s'inclina respectueusement devant chacun d'eux et sortit.
- Tu m'expliques ce qui se passe ? demanda Aioros, qui avait suivi l'échange avec intérêt et discrétion.
- Pourquoi devrais-je passer du temps à t'expliquer quelque chose que tu as déjà compris, alors que je pourrais en profiter pour t'embrasser ? répondit Saga en s'installant d'autorité sur ses genoux.
- J'aimerais bien avoir plus de détails, ceci dit… ça peut attendre, assura Aioros, terminant sa phrase contre les lèvres du Gémeau.
Fin du flash-back
.
- Tu sais, 'Di, si Saga s'est toujours montré si concerné et attentif aux liens que tu pouvais tisser avec les autres, t'y encourageant résolument, ce n'était pas pour se débarrasser de toi ou parce que ton amour pour lui le gênait. Ça a toujours été parce qu'il voulait que tu sois le plus heureux possible.
- Il le sait très bien, grommela Angelo. Tu n'as pas besoin de systématiquement le défendre.
- Tout comme tu n'as pas à te sentir menacé ou jaloux parce que je le fais, répliqua Shura.
- C'est pas ça… Mais ça m'énerve et ça m'énervera toujours que t'aies ce besoin de la défendre ou de l'encenser à chaque putain de fois que l'occasion se présente ! Surtout que c'est franchement pas nécessaire !
- Ça finira peut-être par lui passer, Angie ! intervint Aphrodite avec un petit sourire taquin. Après tout, si moi, j'ai réussi à ne plus l'aimer, Shura verra peut-être son adoration quelque peu excessive redescendre à un niveau normal, un jour prochain.
- Mon admiration n'a rien d'excessive.
- Tchhh…
- C'est vrai, il a peut-être raison, Angie, il s'agit sûrement seulement d'un combo explosif entre loyauté absolue et adoration.
- Je ne vois pas pourquoi la conversation a glissé vers ce sujet, fit remarquer Shura.
- T'as raison, j'ai pas s envie de m'énerver encore plus ! grimaça Angelo. Revenons à nos moutons ! Enfin, à ton mouton, Beauté. Qui d'autre savait avant nous, alors ?
Il y avait un peu de reproche dans la voix d'Angelo, mais la curiosité dominait malgré tout.
Aphrodite décida donc de ne pas relever.
- Et bien, il y a eu Shaka, qui a, en quelque sorte, préparé le terrain...
- Comment ça ?
- Il a entrepris une forme de désherbage pour permettre à une petite graine d'amour de se planter, de grandir et de s'épanouir en moi.
- Si t'avais eu un utérus, j'me serais sérieusement demandé si tu me faisais une métaphore sexuelle ou végétale !
- Idiot ! s'amusa Aphrodite en le poussant du coude. Mais non, l'androgynie ne fait pas l'utérus. Peut-être dans une autre vie, si elle m'est octroyée, je serai maman...
- Euh…
Aphrodite posa deux doigts sur la bouche du Quatrième gardien pour le faire taire.
- Je faisais bien une analogie avec la nature, reprit-il ensuite.
- Et de quelle façon a-t-il déblayé le terrain, notre Little Bouddha ? demanda Angelo après avoir repoussé les doigts de son cadet.
- Eh bien, justement, exactement à la manière d'un Bouddha, si tu veux tout savoir !
- Hein ?
- C'est arrivé au tout début de mon changement de relation avec Mu…
.
Flash-back
Début juillet 1989
Maison de la Vierge
.
En entrant dans le jardin, Aphrodite se fit le plus silencieux possible : Shaka était en pleine méditation sous les cédratiers Main de Bouddha, il ne voulait surtout pas le perturber. (1)
Même s'il était en réalité totalement imperturbable, dans ces moments-là.
Cependant, Shaka ouvrit très vite les yeux.
- Namaste, Aphrodite.
- Namaste, Shaka, répondit-il en lui rendant son salut.
Le Sixième gardien l'invita d'un geste à le rejoindre sur la natte face à lui, visiblement préparée pour l'accueillir.
- Assis-toi, mon ami, je t'en prie.
- Merci ! Je ne voulais pas te déranger, est-ce que j'ai mal compris quelque chose ? Je pensais que tu m'avais demandé de venir à cette heure-ci ?
- En effet, tu ne t'es pas trompé.
- Alors tant mieux ! se réjouit-il en s'installant en tailleur. Je peux faire quelque chose pour toi, ou tu voulais juste un peu de compagnie ?
- La tienne est toujours appréciable, cependant, j'ai aussi quelque chose à te donner.
La surprise et la joie s'inscrivirent sur le visage d'Aphrodite.
- Oh ? Un cadeau ?
- Oui, confirma Shaka en lui tendant une pierre rose qu'il venait de sortir d'une petite bourse en cuir marron.
Une sphère irrégulière, mais dont les arrêtes avaient été polies, qui ressemblait à un silex de la taille et à l'aspect d'une balle de golfe.
Aphrodite prit la pierre des deux mains, de la même manière que Shaka la lui tendait.
Depuis qu'il fréquentait plus souvent Mu et Shaka, il avait adopté certaines de leurs attitudes, et recevoir un présent des deux mains en faisait partie.
- Merci, Shaka ! C'est vraiment très joli ! J'adore la couleur, elle est toute douce… Elle ressemble un peu à mes roses de Chine… tu sais, celles que tu appelles les fleurs d'hibiscus.
- Oui, je vois.
- Qu'est-ce que c'est comme minéral ?
- C'est du quartz rose.
Le Douzième gardien hocha la tête.
- Je pensais bien l''avoir reconnu. Les anciens Grecs l'utilisaient beaucoup pour louer la Déesse Aphrodite. Mais pourquoi me l'offres-tu ? Et est-ce que je dois l'avoir sur moi ou simplement chez moi, comme celles que tu portes ou qui décorent tes appartements ? Attends, tu ne me fais pas une déclaration, rassure-moi ? le taquina-t-il enfin. Ça risque d'être compliqué, là !
Shaka sourit, amusé par l'enthousiasme de son aîné.
- Si c'en est une, elle n'est que d'intention amicale, répondit-il. Je vais te montrer comment l'utiliser. Tu pourras le refaire ensuite, à ta guise. Et lui réserver une place dans ta chambre ou la garder sur toi.
- D'accord. Merci, Shaka ! Je suis prêt pour la démonstration !
- Avant, je voudrais te parler de cette pierre, que tu sois conscient de son pouvoir et de ce qu'elle peut t'apporter.
- Je t'écoute, Roshi ! (2)
Shaka prit le temps de leur servir un verre de thé glacé qu'il avait préparé à leur intention, avant de se lancer, une fois que son ami l'eut remercié.
- Le quartz rose, son pouvoir d'amour, de réconciliation et de guérison, est effectivement lié à la Déesse Aphrodite. Et plus particulièrement, à un épisode impliquant son amant, Adonis, dont il se disait qu'elle était éperdument amoureuse.
- Oui, leur histoire est aussi belle que tragique.
- Tu connais donc le sort fatidique qui s'abattît sur Adonis.
- Très bien, oui ! répondit le Douzième gardien. Il a été blessé par le Dieu Arès, l'amant officiel de la Déesse, certainement jaloux de cet amour profond et sincère qui les unissait. Car même si Elle avait plusieurs amants, Adonis était le seul qu'elle aimait. Transformé en sanglier, Arès a porté un coup mortel au jeune homme. Malheureusement, Aphrodite est arrivée trop tard, et Elle n'a pu que tenir dans ses bras le corps sans vie de son amour. Une de ses larmes serait alors tombée sur une goutte de sang d'Adonis sur le sol, ce qui aurait donné naissance à la fleur d'adonis annuelle ou adonis goutte-de-sang. D'ailleurs, je te les montrerai la prochaine fois que tu viendras à la maison, ou je t'en apporterai, si tu veux, la floraison vient de se terminer. Le rouge est vraiment aussi profond et intense que le sang, elle porte bien son nom !
- Aussi rouge que tes roses ?
Aphrodite n'eut pas à réfléchir à la question.
- Non, je dirai que la teinte est moins lumineuse pour l'adonis. Ce qui est normal, mes roses sont exceptionnelles, une part de mon cosmos les nourrit ou les a nourrit durant leur croissance. J'y pense, il est aussi souvent dit que la rose serait née de la même façon lors de cet épisode tragique, précisément du mélange du sang d'Adonis et des larmes qu'Aphrodite a versé pour lui, à ce moment-là. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles le Chevalier des Poissons se bat avec des roses. Et ce qui a poussé Shion à me donner ce prénom atypique, à mon arrivée au Sanctuaire, après avoir lu le message des constellations sur le Mont Étoilé.
- Je vois.
- Par contre, moi, je ne vois toujours pas le lien avec le quartz que tu m'as gentiment offert, Shaka... fit remarquer Aphrodite avec curiosité.
Le Sixième gardien sourit, toujours aussi mystérieux.
- J'y viens, tu vas tout comprendre. Une version de ce mythe, un peu moins connue, sûrement, raconte que lorsque Adonis a été attaqué par Arès transformé en sanglier, Aphrodite est effectivement venue en courant à son secours. En chemin, elle s'est retrouvée prise dans un buisson de bruyère et de ronces et a été légèrement blessée, elle aussi. C'est ainsi qu'Elle est arrivée trop tard, dans un premier temps et dans le second, que le quartz arbore depuis cette jolie teinte en déclinaison de rose. En effet, tous deux blessés, c'est un mélange de leur sang qui a commencé à s'infiltrer dans la pierre de quartz à leurs pieds, lui donnant ainsi sa couleur emblématique, douce et profonde.
- Je ne connaissais pas du tout cette version de l'histoire ! s'exclama l'aîné. C'est vrai que pour chaque récit, il y a toujours plusieurs versions, des anecdotes diverses et variées sur les Dieux et Déesses, qui servent aussi à expliquer le monde tel qu'il est ou tel que le voyaient les anciens. Certains étant plus connus que d'autres, comme tu l'as souligné.
- Le fait que le quartz rose ait cette couleur et toutes ses vertus liées au cœur et aux relations le renvoie pourtant très logiquement à la Déesse Aphrodite.
- C'est-à-dire ?
- Cette pierre a un effet très puissant de guérison émotionnelle.
- Guérison émotionnelle ? répéta Aphrodite en levant un sourcil.
- Le quartz aide à guérir les problèmes relationnels, reformula Shaka.
- Donc, tu penses que j'ai des problèmes à ce niveau-là ? conclut inévitablement Aphrodite.
- Tu es parfaitement capable de tisser des liens avec les autres, puisque c'est déjà le cas, répondit Shaka, les yeux rivés aux siens. Mais ce n'est que le premier niveau. Dans ton état actuel, personne n'est encore capable d'atteindre profondément ton cœur. Cette pierre, maintenant en ta possession, te rappellera notamment que tu dois t'aimer entièrement, avant de pouvoir accepter, en pleine conscience, l'amour que les autres te donnent et te donneront, à l'avenir. Qu'une autre personne pourrait vouloir te donner et partager avec toi, en particulier.
- Si tu parles d'amour, dans le sens d'une relation romantique sérieuse, je te remercie sincèrement, mais je n'en veux pas, Shaka, répondit Aphrodite avec douceur. J'aime Saga, je ne peux pas tomber amoureux de quelqu'un d'autre. Et si quelqu'un arrive à m'aimer sincèrement un jour, ce qui relèverait déjà du miracle, il souffrira, car je ne pourrais jamais lui rendre cet amour. Jamais. Ayant eu à en souffrir des années durant, je ne le souhaite à personne, pas même mon pire ennemi. Enfin, cela se discute en ce qui concerne Minos…
La conviction qu'affichait Aphrodite était assez effrayante, en soi. Elle se dressait tel un mur infranchissable, ancrée si profondément en lui qu'elle semblait faire corps avec son être, avec son âme.
- Tu n'en es pas certain, Aphrodite. Tes énergies sont bloquées, cristallisées autour cet amour impossible. Les libérer pourrait te permettre de voir les choses différemment.
- Mais elles ne me dérangent pas telles qu'elles sont, aujourd'hui, Shaka. J'ai accepté la situation, mon amour impossible, la douleur qui me taraude encore, parfois, quand je le vois ou les vois ensemble, la tristesse, même le deuil d'une relation amoureuse authentique et passionnée dont j'ai de si nombreux exemples autour de moi. Ce n'est pas pour moi, même dans cette nouvelle vie. Tant pis ! Il y a tout le reste, et cela me suffit. Je n'avais encore jamais eu autant d'amis ! Tout va bien pour moi.
- Vraiment, Aphrodite ?
Le regard d'un bleu intense plongea si profondément dans celui d'Aphrodite qu'il eut l'impression que Shaka lisait son âme. Il n'avait pas tendu son cosmos vers lui, il n'en avail pas besoin pour trouver ce qu'il voulait.
Le Sixième gardien, Chevalier éclairé de la Vierge, avait toujours eu, de tous temps, la capacité de voir et de percevoir bien au-delà de la simple rapacité physique et fonctionnelle. Aucune dimension n'échappait jamais à ses sens aiguisés. Même dans le cas des Chevaliers aveugles, comme ce fut le cas d'Asmita, un siècle plus tôt.
- Bien, admettons que je sois prêt à lever quelques verrous, finit par capituler Aphrodite. Comment je fais ça ?
Shaka posa sa main sur le quartz qui reposait toujours dans les paumes de son aîné.
- Cette magnifique pierre rose possède une puissante énergie d'amour qui favorise l'équilibre énergétique de tous les chakras, mais elle résonne particulièrement avec le chakra du coeur. Ce centre énergétique nous aide à nous sentir connecté avec les autres et avec le reste du monde. C'est le centre de l'amour de soi et d'autrui, de la compassion et de la gratitude.
- D'accord, acquiesça le Douzième gardien, écoutant religieusement son cadet, dès lors qu'il avait accepté de se prêter au jeu.
- Le chakra du cœur peut retenir les expériences et les souvenirs traumatiques, ce qui rend plus difficile de passer à autre chose et de guérir correctement. C'est là que sont concentrés tes blocages, expliqua-t-il en se penchant pour poser sa main sur le sternum d'Aphrodite. Mais à l'aide de ce cristal, tu devrais pouvoir retrouver l'équilibre que tu as perdu.
- Que je n'ai jamais eu, plutôt…
- Pour ce qui nous occupe aujourd'hui, nous pouvons dire que cela revient au même, assura Shaka en reprenant sa position initiale en lotus avec le dos bien droit. L'objectif est d'éliminer toutes les énergies négatives qui subsistent encore et y sont concentrées. Est-ce que tu es d'accord pour essayer, Aphrodite ?
L'aîné fit aller son regard de la pierre dans le creux de ses mains aux yeux incroyablement doux de Shaka, en cet instant.
- Si j'y arrive, qu'est-ce que je vais ressentir ? demanda-t-il d'une petite voix inquiète. Un grand vide, un trou dans la poitrine ? Un impact équivalent à la tempête nébulaire de Shun ?
- Je n'irai pas jusque-là, sourit le cadet. Plutôt un soulagement, une certaine paix. Peut-être ne ressentiras-tu rien, avant un moment, c'est une possibilité. Beaucoup de choses se passent sur un plan autre que le nôtre. Même avec des répercussions à notre niveau, selon celui de ta conscience, tu peux les éprouver sans faire de lien immédiat.
Aphrodite réfléchit un moment, ses yeux continuant leurs allers-retours de ceux de son cadet à la pierre dans ses mains.
Puis, il verrouilla son regard à celui du Sixième gardien, si proche d'un grand Maître zen, à cet instant.
- Excuse-moi, Shaka, j'ai peut-être mal compris, mais j'ai l'impression qu'à travers tout ça, tu veux me… guérir de mon amour pour Saga ?
- Je n'ai pas ce pouvoir, et le quartz rose non plus. Seul un nouvel amour le pourrait, Aphrodite. Mais pour que celui-ci ait une chance d'atteindre ton cœur, nous devons libérer le passage au maximum de nos possibilités. Ôter quelques obstacles que forment par exemple ta certitude que tu ne pourrais aimer quelqu'un d'autre, ou celle que personne ne pourrait t'aimer, également, ainsi que ta peur de tomber amoureux et d'en souffrir, liée à cette certitude pourtant erronée. Car tu es digne d'être aimé, Aphrodite, et de toutes les manières offertes aux humains. Quand tu l'auras accepté, tu sauras reconnaître l'amour d'un autre et l'accepter, également, lorsqu'il se présentera.
Le Douzième gardien soupira doucement, les yeux toujours verrouillés à ceux de son ami.
Puis, il les baissa vers le quartz et se mordit les lèvres.
- J'ai tellement confiance en toi et en tes capacités que tout cela en devient un peu… effrayant.
- L'envie n'est-elle pas plus forte que la peur, mon ami ?
- Mais elle est moins réaliste, Shaka.
Le Sixième gardien secoua la tête.
- Tu es encore trop bloqué pour que la vérité t'atteigne. Laisse-moi t'aider, Aphrodite, lui proposa-t-il en posant ses mains sur les siennes, enveloppant ainsi le quartz entre elles. Je te prie simplement de me donner une chance de le faire, un seul essai. A ta demande, au moindre signe d'inconfort, nous arrêterons tout.
C'était rare de voir Shaka si impliqué, et cela toucha Aphrodite.
Il ne savait pas encore, à ce moment-là, qu'il œuvrait autant pour lui que pour Mu, dont il avait senti l'intérêt pour leur aîné croître progressivement au fil du temps passé ensemble. Il ne le lui semblait pas être amoureux, encore, il n'en était pas sûr, mais il voulait tout de même l'aider, s'il s'avérait que c'était le cas ou que cela arrivait.
Aphrodite avait son amour pour Saga chevillé au corps, chevillé au cœur, cela semblait presque impossible de se frayer un chemin jusqu'à lui, dans l'état émotionnel et énergétique dans lequel il était, actuellement.
Aussi, Shaka voulait préparer le terrain, d'une certaine façon.
Il en avait parlé avec Athéna, Shion, Dokho et même Saga, sans évoquer nommément Mu.
Ils s'étaient tous accordés sur le fait que ce ne pourrait qu'être bénéfique de libérer Aphrodite de ses chaînes et de son passé.
Et ils s'en étaient remis à lui, tout en lui assurant leur soutien, évidemment.
Mu était également impliqué : leur but était le même, que les motivations et les moyens d'y arriver soient différents n'y changeait rien.
- D'accord, Shaka, accepta finalement l'aîné. J'ai confiance en toi, je te l'ai dit. Merci pour ton implication, je suis vraiment touché.
- Tu es mon ami, lui dit-il en souriant.
- Oui. Merci pour cela, aussi. Ce doit être intéressant et divertissant, pour toi, de m'étudier… Je suis un être si complexe !
- Tout comme le sont les sentiments humains et je dirai même, la vie humaine, en général. Mais s'il est vrai que j'en apprends beaucoup, à ton contact, dans ce domaine, ma motivation première reste d'honorer notre amitié et d'en être digne, en t'apportant notamment mon soutien et en construisant des souvenirs avec toi. Comme tu le fais avec moi.
- J'essaie, en tous les cas !
- Tu y arrives très bien, je t'assure. Toi aussi, Shaka, nous en avons encore la preuve, à l'instant-même. Bon, reprit-il après un court silence entendu, que dois-je faire ?
- Allonge-toi confortablement sur la natte, mets-toi complètement à l'aise. Enfin, pas au point de t'endormir ni somnoler. Tu dois rester pleinement conscient des modifications et des libérations qui vont s'effectuer en toi, si tu parviens à les percevoir. Ce ne sera peut-être pas le cas tout de suite. Je te conseille de répéter ce rituel quotidiennement, pendant un temps. Rassure-toi, je te guiderai pour la fréquence, selon ce que je percevrai de tes énergies, au jour le jour et déjà, à l'issue de cette première séance.
- Très bien.
Shaka lui laissa le temps de s'installer à sa convenance, puis il reprit d'une voix qui, progressivement, changea de ton : Aphrodite eut bientôt l'impression de l'entendre résonner directement dans sa tête, puis dans chaque cellule qui le constituait.
- Ferme les yeux, à présent, pose le quartz sur ton cœur et détends-toi. Visualise la couleur rose du cristal qui grandit et s'étend à partir de ton chakra du coeur vers le reste de ton corps… Ressens la vibration du cristal se déplacer dans toutes les parties de ton corps, tel un courant chaud d'amour, jusqu'à ce qu'il entoure complètement tout ton être, à l'image de ton cosmos. Vers le bas : ton ventre, ton bas-ventre, tes membres inférieurs… Vers le haut : ton cou, ta tête, tes membres supérieurs... Concentre-toi là-dessus, et respire avec ton diaphragme, comme je te l'ai appris. Doucement…
Le Douzième gardien se concentra sur la voix quasi hypnotique de son cadet et suivit les consignes.
Assez rapidement, il se laissa glisser dans une sorte de plénitude cotonneuse.
Shaka ne le guidait pas seulement par la voix, mais aussi avec son cosmos, accompagnant la circulation du sien. Car le cosmos étant l'énergie primordiale, un fragment du Big Bang originel, il était à même de réguler toutes les autres énergies qui circulaient en chacun des êtres vivants.
Aphrodite fut invité à ressentir pleinement toutes ces énergies qui vibraient en lui, et qu'il percevait si clairement et intensément qu'il en avait presque le vertige, alors même qu'il était couché sur le sol. Elles tourbillonnaient et grondaient en lui, le rendant hypersensible à tout ce qui l'entourait, tout ce qui vivait autour d'eux, tout ce qui méritait d'être aimé et respecté en ce monde : la nature, le soleil qui les réchauffait et apportait la vie, les végétaux qui leur donnait l'oxygène, les êtres vivants, quelle que fut leur espèce, Shaka, qui partageait tant et si généreusement…
Lui-même...
L'émotion le submergea soudain, alors que cette vérité éclatait comme une bulle de lumière dans sa poitrine, lui coupant presque le souffle.
Shaka saisit aussitôt ses mains pour les faire lâcher la pierre sur laquelle elles s'étaient violemment crispées, et il l'ôta de sa poitrine en douceur pour la glisser dans sa petite bourse de cuir.
Aphrodite prit une grande respiration en ouvrant les yeux, son cœur battant la chamade, à présent.
Et pourtant, paradoxalement, il se sentait calme.
- Relève-toi doucement, mon ami.
Le Douzième gardien s'exécuta, son corps engourdi tremblant légèrement.
Shaka remplit son verre de thé froid, qu'Aphrodite accepta avec gratitude.
Il en but une longue gorgée, avant de le reposer.
- C'était… intense, finit-il par murmurer, lorsqu'il parvint à parler.
- Ton cosmos est puissant, c'était à prévoir, même si je ne m'attendais pas à un tel résultat dès la première séance, révéla son cadet. Mais il y avait une possibilité qu'il ne réagisse pas de cette façon et que tout se passe sur un plan autre, que tu n'aurais pas perçu. Tu n'aurais ainsi pas vécu cette expérience de cette façon. Cela se serait traduit par une grande fatigue qui serait passée en une nuit. Comment te sens-tu, présentement ?
- Vivant, répondit spontanément Aphrodite. Et fatigué, aussi, comme si j'avais fait 155 fois le tour de l'arène en courant. Cela me gagne peu à peu.
- Tout ceci est parfaitement normal, n'aie aucune inquiétude.
L'aîné reprit une gorgée de thé encore glacé - merci Camus et sa glace qui ne fondait jamais - ce qui lui fit le plus grand bien.
- Ce sera comme ça à chaque fois, si je recommence ?
- Je pense que ce sera de moins en moins impactant, au fur et à mesure de la reprogrammation de tes énergies.
- Tu veux dire que je vais m'y habituer ?
- Au niveau physique, certainement, acquiesça Shaka. Mais je ne peux te garantir que cela sera moins intense. Tes nœuds sont solides, Aphrodite. Aujourd'hui, nous avons simplement préparé le terrain. Nous travaillerons tous les deux à les défaire, si tu es d'accord. Si tu ne le souhaites pas, je t'invite simplement à réitérer ce rituel aussi souvent que possible. Cela t'aidera, même si ce ne sera pas suffisant pour te libérer complètement. Mais au moins, cela t'apaisera un peu.
- Tu ne vas pas chercher à me convaincre de le faire ? demanda-t-il, le nez dans son verre.
Le Sixième gardien fit un signe négatif de la tête.
- Cela serait contreproductif. Le travail sur soi repose essentiellement sur la volonté, le désir profond de se connaître et de faire évoluer les choses. Il est nourri par une énergie hautement positive. L'entreprendre contre son gré, pour faire plaisir à quelqu'un, pour une raison autre que la nécessité d'évolution, mènera tout droit à l'échec.
- Je vois… Et j'ai compris le message, Shaka, ajouta-t-il avec un petit sourire entendu.
Qui lui fit rendu à l'identique.
- Tu as le temps d'y réfléchir, Aphrodite, rien ne presse. Tu sais où me trouver, si tu te sens prêt à avancer sur cette voie de la libération et de la guérison.
Le Douzième gardien fit tourner son verre et regarda le liquide ambrée dessiner des volutes à la surface, plongé dans ses pensées.
Le Sixième lui accorda ce temps de réflexion et de tranquillité, l'observant en silence.
Non avec ses yeux, qu'il avait d'ailleurs refermé, mais avec son cosmos et sa conscience, l'effleurant discrètement sans jamais s'imposer, l'analysant sans être intrusif.
- Les lourds battants de bois du jardin s'ouvrirent alors sur Mu, qui ne tarda pas à les rejoindre de sa démarche élégante et tranquille.
Il avait discrètement attendu le feu vert de Shaka.
- Je ne vous dérange pas ? demanda-t-il en regardant plus particulièrement Aphrodite.
L'aîné avait aussi senti sa présence et s'attendait à le voir entrer d'un moment à l'autre.
Il lui avait souri dès que leurs regards s'étaient croisés, alors qu'il les rejoignait.
Tout ceci, sous l'oeil discret mais non moins attentif de Shaka.
- Tu es le bienvenu, assura ce dernier. Aphrodite ?
- Oui, enfin, ce n'est pas à moi de dire quoi que ce soit, on est chez toi ! répondit l'interpellé avec un petit rire.
- Mais tu as le droit de donner ton avis, rappela le maître des lieux.
- Si tu souhaites rester seul avec lui, nous nous verrons plus tard, ajouta Mu avec compréhension.
- Mais qu'est-ce que tu racontes, assis-toi, au lieu de dire des âneries ! le gourmanda-t-il en lui prenant la main pour le tirer vers le bas.
Mu referma ses doigts sur les siens et s'installa en tailleur à ses côtés, face à Shaka.
- Je vais te chercher un verre, annonça celui-ci en se levant.
- Ne te dérange pas, mon ami, l'arrêta Mu, avant d'enrouler sa main libre autour de celle d'Aphrodite, qui tenait son verre.
Il le porta à ses lèvres et sourit à son aîné.
- Si tu es d'accord, on peut partager.
- Oui, bien sûr ! répondit le Douzième gardien.
Son cœur s'était mis à battre si fort dans sa poitrine qu'il avait l'impression qu'il allait en surgir à tout instant.
Était-ce dû à leur nouvelle relation ou à sa séance avec Shaka, qui le rendait soudain si sensible ?
Il n'avait pas la réponse, mais il allait lui falloir se calmer très vite.
Ses yeux se fixèrent sur les lèvres de Mu, alors qu'il buvait sans le quitter des yeux, le conduisant à relever les siens.
Il ne savait plus ce qui était le plus attirant, sa bouche ou son regard, la sensualité de la première ou l'intensité du second.
Cela ne dura que quelques secondes, mais Aphrodite eut l'impression de l'avoir ressenti comme des dizaines de minutes, plus encore, et dans chaque cellule de son corps.
- Merci, lui dit ensuite le Bélier en se reculant et en libérant sa main.
Et son être tout entier de son aura à nulle autre pareille.
Aphrodite posa son front sur son épaule un court instant.
- Vous voulez ma mort, tous les deux, aujourd'hui, soupira-t-il ensuite en se redressant. Mon cœur bat comme si j'avais passé des heures à traverser les Douze maisons dans les deux sens, les Treize, même, sans pause, et je suis épuisé sans n'avoir pourtant rien fait de physique... Ça ne te dérange pas si je m'allonge un peu, Shaka ?
- Je t'en prie. Tu restes autant que tu le souhaites, Aphrodite.
- Merci !
Il allait se laisser aller en arrière, mais Mu le bloqua d'un bras passé dans son dos.
- Tu vas abîmer tes beaux cheveux, Aphrodite. Mets-toi plutôt dans l'autre sens et pose ta tête sur mes cuisses. Ce sera plus confortable pour toi.
Le Douzième gardien ne se fit pas prier et après avoir rassemblé ses belles boucles sur son épaule gauche, il s'installa comme le Premier le lui avait proposé.
- Je suis trop bien, je risque de m'endormir.
- Ne lutte pas, lui dit Shaka. Ton corps et tout ton être ont été éprouvés, il te faut du repos.
- Je te réveillerai un peu plus tard, lui promit Mu, sa main caressant ses cheveux avec tendresse.
- Dans ce cas… merci.
Et en effet, Morphée ne tarda pas à venir le cueillir et l'emporter dans son Royaume.
Shaka en profita pour accrocher la petite bourse contenant le quartz rose à sa ceinture.
Les deux amis, parmi les plus sages et avisés de la Chevalerie, discutèrent ensuite par télépathie pour ne pas réveiller le bel endormi…
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Fin du flash-back
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- C'est sûr que nous, avec nos pauvres conseils basiques, on aurait pas fait le poids ! grommela Angelo à la fin du récit d'Aphrodite.
- Arrête avec ça, Angie, cela n'a rien à voir. Je n'ai pas choisi à qui j'allais en parler.
- Non, juste à qui tu n'allais rien dire.
- Tu comptes me le reprocher jusqu'à la fin de notre vie ? Tu n'es vraiment pas à même de comprendre les enjeux qui m'ont conduit à cette décision ?
- Il le sait très bien, 'Di, il a juste besoin de digérer le fait d'être passé en second, répondit pour lui Shura.
- Apparemment plus que ça…
Aphrodite entoura Angelo de ses bras.
- Je suis vraiment désolé, tu le sais, ça aussi, non ? Shu et toi êtes toujours les personnes les plus importantes dans ma vie, même si vous n'êtes plus les seuls, désormais. Mais nous trois, on forme aussi une trinité sacrée, comme l'a dit Saga. Même si je dois parfois me tourner vers d'autres, vous savez tous les deux que vous restez dans mon cœur exactement à la même place, à jamais.
- Je demande quand même une compensation.
- D'accord… soupira le Douzième gardien en enlevant ses bras du cou du Quatrième pour les croiser sur son torse. Je t'écoute. Qu'est-ce que tu veux ?
- T'as intérêt à être plus qu'heureux, Beauté. C'est tout ce qu'on te demande.
Les lèvres d'Aphrodite formèrent un O parfait, alors que ses bras retombaient sur ses cuisses.
Il se tourna vers Shura, qui avait les yeux fermés et son petit sourire en coin habituel, puis revint vers Angelo.
Il se leva ensuite pour leur faire face, et les entoura de ses bras tous les deux, les larmes aux yeux.
- Vous me rendez fou depuis des années, mais je vous aime plus que tout, murmura-t-il la gorge serrée, la tête nichée contre leurs larges épaules.
Les deux hommes l'entourèrent chacun d'un bras, l'un frottant l'arrière de son crâne, l'autre tapotant son dos, avec la maladresse de ceux qui ne sont pas habitués aux gestes tendres.
- Tout va bien ? demanda soudain une voix à côté d'eux.
Aphrodite se releva et se tourna vers Saga, aux côtés d'Aioros, qui les observaient tous les deux avec curiosité, mais pas de grande inquiétude.
- Oui, assura-t-il avec un grand sourire. C'est juste, vous savez, un de ces moments où les grands frères un peu bourrus rappellent à leur cadet, de manière bien surprenante et imprévue, combien ils l'aiment.
- Dans ce cas, oui, tout va bien, sourit Aioros. Cela fait plaisir, cela faisait bien longtemps qu'on ne vous avait pas vu comme ça, tous les trois…
Ils ne le savaient pas encore, mais ils allaient avoir le droit à une scène similaire, plusieurs heures plus tard, au Treizième temple.
Mu les rejoignit alors qu'ils abordaient un autre sujet.
- Nous allons regagner le Sanctuaire, tout est prêt pour la suite des festivités. Le banquet a été installé au Palais.
- Oh ? s'étonna Aphrodite. Je pensais que Shaka aurait voulu montrer son beau jardin ! Il a déjà changé depuis le début de l'été, il se prépare à l'automne, c'est très beau.
- Il serait préférable qu'il le présente en journée. La soirée risque de se prolonger tard dans la nuit, il est possible qu'il ait besoin de tranquillité.
Aphrodite ayant rapidement compris l'allusion à Ikki, les deux hommes échangèrent un regard entendu.
Même si rien n'était encore prévu ni certain, il fallait laisser la possibilité à Shaka de proposer à Ikki de rester à ses côtés pour la nuit.
En tout bien, tout honneur.
Ou pas.
- Oui, c'est vrai, Mu, tu as raison. Au Palais, on ne dérangera personne, même si on s'attarde. Les appartements Athéna et du Pope sont très éloignés de la salle de réception.
Mu hocha la tête.
- Je rassemble tout le monde au centre du jardin pour la téléportation. Je resterai ici pour nettoyer et ranger.
- Je vais rester avec toi, dans ce cas, décida Aphrodite en se plaçant à ses côtés.
Leurs mains s'effleurèrent immédiatement, comme aimantées.
- Ce n'est pas nécessaire, je n'en aurais pas pour longtemps avec mes pouvoirs.
Angelo se racla la gorge fort peu discrètement, attirant les regards vers lui.
- Je peux rester aussi, proposa-t-il. Je téléporte pas, mais avec ma télékinésie, je peux déplacer pas mal de choses en très peu de temps. Ça ira plus vite à deux. Si tu peux me supporter…
- Il y a assez d'espace pour qu'on ne se marche pas dessus, répondit simplement Mu.
- On va rester aussi, leur dit Saga. Vous n'avez pas à tout faire seuls. Si on s'y met tous…
- Franchement, ce n'est pas nécessaire, lui assura Mu.
Quelques exclamations de surprise s'élevèrent soudain à travers le jardin, alors que divers éléments du côté du banquet se mettaient à disparaître ou léviter.
- Angelo ! Kiki !
- Hey ! protestèrent les deux accusés d'une même voix, chacun d'un côté du jardin.
Aphrodite gloussa en posant sa main au creux des reins de Mu.
- Tu n'es jamais inquiété tant personne ne peut imaginer te reprocher quoi que ce soit, ignorant en grande partie ton côté taquin et joueur !
Mu lui sourit avec tendresse, avant de reporter son attention sur Saga.
- Je vais vous téléporter, comme prévu, et on va terminer ici avec Angelo. On vous rejoint dans quelques minutes.
- D'accord, accepta finalement Saga après un échange de regard avec Aioros. On reviendra demain faire le ménage avec les volontaires, alors débarrassez simplement. Mu, tu pourras envoyer la vaisselle aux cuisines du Treizième, je préviens Enias, il chargera tout dans les lave-vaisselles avec Kafka. Une fois les tables débarrassées, rassemble les nappes en tissus dans un grand sac poubelle et envoie-les de la même façon à la buanderie.
- Bien, Saga.
Aioros se tourna vers son cadet du Quatrième temple.
- Angelo, de ton côté, une fois que tout aura été débarrassé, rassemble les meubles de jardin à côté de l'abri, on fera le tri demain entre ce qui reste ici et ce qui repart au Domaine.
- Si, capo !
Shura et Aphrodite se regardèrent et hochèrent la tête, complices.
- On va rester aussi, annonça le Capricorne.
- Y a toujours des petites choses à faire à droite, à gauche, ajouta Aphrodite sans leur laisser le temps de protester. On vous rejoint ensuite, Saga, Aioros.
- Parfait, faisons ainsi.
Quelques minutes plus tard, tout le monde était parti et les quatre volontaires s'attelaient à débarrasser et ranger le maximum, dans un ballet d'objets tournoyant et s'assemblant dans les airs.
Mu rejoignit la cuisine, mais alors qu'Aphrodite allait lui emboîter le pas, Angelo le retint.
- Minute, Beauté !
- Oui ?
- Petite question pour toi…
- Sérieusement, Angie ? soupira-t-il en lui faisant face. Je t'en ai assez dit, non ?
- Non, il y a plein de choses que tu n'as pas encore raconté. Mais on a le temps. Dis-moi juste, c'est quoi ce surnom qu'il te donne, ton petit mouton ?
- Un surnom ? Oh, Alfye !
- C'est ça. Ça veut dire quoi ? Hey, pourquoi tu souris comme ça, c'est un truc cochon ?
- Mais ça ne va pas ! protesta le Douzième gardien en le frappant du poing sur l'épaule. Je te rappelle que Shion parle la même langue et qu'il m'appelle comme ça aussi devant lui !
- Pas faux… Alors ?
- Ça sonne un peu comme Aphrodite. Ce serait pas ton nom en atlante ? demanda Shura en les rejoignant.
- C'est ce que je croyais, mais… c'était plus que cela. Mu m'a donné ce nom il y a déjà plus d'un mois, mais je n'ai appris son sens qu'il a quelques jours.
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Flash-back
Quelques jours plus tôt
Jardin du Douzième temple
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Aphrodite abandonna Kiki et rejoignit la petite assemblée composée de Shion, Dokho et Mu, qui prenaient le thé.
- Cet enfant est inépuisable et beaucoup trop retors ! assura-t-il en s'installant avec un petit rire.
Mu lui servit une tasse de thé en souriant.
- Détends-toi, Alfye, je prends le relais.
- Merci, je ne dis pas non à une petite pause…
Le Bélier actuel se leva et rejoignit son élève, qui cria de joie à son approche, sous les regards attendris des plus âgés.
- Dis-moi, Aphrodite, Mu t'a-t-il expliqué le sens du surnom qu'il te donne ?
Le Douzième gardien s'arracha à la contemplation du Maître et de son élève pour se tourner vers Shion.
- Oui, Votre Éminence...
- Je t'ai déjà dit que lorsque nous étions ainsi en famille, tu pouvais m'appeler Shion.
- Excusez-moi, c'est l'habitude. Ce sera plus simple, sûrement, quand vous serez officiellement à la retraite.
- Je l'espère.
- Pour répondre à votre question, Mu m'a dit que c'était comme ça que l'on prononçait Aphrodite à Jamir.
- C'est ce qu'il t'a dit ? s'étonna Dokho en échangeant un regard rapide avec Shion.
- Oui !
- Mot pour mot ? insista Shion.
- Non, répondit le Poissons après une courte réflexion. Si je me souviens bien, il a dit « c'est comme ça que je prononce Aphrodite dans ma langue ». Mais c'est pareil… non ?
- Non, confirma Shion avec un petit sourire. Mais en disant cela, il a habilement évité de te mentir. Sa langue est celle de Jamir, en effet, mais il en a aussi une qui lui est propre. Qui est propre à chacun de nous, en vérité. Celle que nous élaborons dans nos relations, par les surnoms que nous donnons aux autres, par le choix de nos mots.
- Ainsi, reprit Dokho, pour Mu, ton nom, Aphrodite, se traduit par « mon tout » Alfiye. C'est ce que tu es, à ses yeux. C'est ce mot qu'il a choisi d'assimiler à ton nom, parmi tous les possibles.
- Ce mot est l'un des plus riches de la langue ancienne des atlantes, tu sais, poursuivit Shion. Il est employé pour désigner le tout absolu, l'infini de l'univers et la puissance du cosmos. Si j'ai choisi de la graver sur l'anneau que j'ai offert à Dokho afin de me lier à lui, c'est bien car c'est exactement ce qu'il représente pour moi et ce que notre amour est. Mu et moi avons la même conception des choses.
Dire qu'Aphrodite était sous le choc serait un bel exemple d'euphémisme.
- Ce n'était pas à nous de te parler des sentiments de Mu à ton égard, mais il était important que nous te permettions de mesurer à quel point ils sont profonds et sincères, précisa Shion avec douceur. Et comme il s'est déjà déclaré à toi, ce n'est pas une trahison que de les évoquer avec toi.
- Nous avons, en effet, déjà parlé de ce que nous ressentions l'un pour l'autre, très récemment. Mais cela fait des semaines qu'il m'appelle ainsi… Je n'imaginais pas que je représentais tant à ses yeux, depuis tout ce temps… Je vous remercie d'avoir pris le temps de m'expliquer tout ceci.
- C'est normal, Aphrodite. N'hésite pas à me poser des questions, si tu souhaites savoir comment gérer un atlante... s'amusa Dokho.
- Plaît-il ? intervint Shion en haussant un sourcil.
Dokho rit en lui prenant la main, puis regarda Aphrodite, redevenant sérieux.
- Mu ressemble beaucoup à Shion, il partage les mêmes valeurs et la même conception de la vie. Lorsqu'ils aiment, c'est de manière absolue, sans fard et parfois aussi, sans filtre. Ce n'est pas toujours de tout repos. Mais c'est le plus beau cadeau que la vie m'ait offert, assura-t-il en embrassant les doigts repliés de Shion dont il tenait toujours la main. Et je n'ai aucun doute sur le fait que ce soit aussi ton cas. Si tu ne le penses pas encore, cela arrivera tantôt.
- C'est déjà le cas, et ce, depuis le début de notre amitié, assura Aphrodite avec un doux sourire. Je ferai tout pour le rendre heureux, vous pouvez me croire. Et vous pourrez partir pour votre tour du monde l'esprit tranquille, le moment venu.
- Je n'ai absolument aucun doute à ce sujet, Aphrodite. Ma confiance donnée est aussi absolue que mon amour donné, conclut Shion, son regard verrouillé à celui de Dokho.
Le Douzième gardien leur sourit, ému et touché par leur amour qui irradiait d'eux et qu'ils s'autorisaient à dévoiler un peu plus, dans ces moments privilégiés.
Il reporta ensuite son attention sur Mu qui jouait toujours avec Kiki au bord du bassin.
Une scène qui l'émouvait tout autant.
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Fin du flash-back.
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- Pourquoi tu grognes ? demanda Shura à Angelo, après que leur cadet eut terminé son récit.
- C'est quand même classe, cette histoire de tout absolu… On a l'air malin, nous, avec nos moitiés d'orange…
- C'est aussi une très belle image, assura Aphrodite. Vous êtes aussi chacun le tout de l'autre, à n'en point douter, mais vous en formez un autre en étant réunis.
- Dit comme ça, ok, ça me va, sourit Angelo en attrapant Shura pour l'enlacer.
Et sans aucune gêne, puisqu'il n'y avait qu'Aphrodite et que c'était Aphrodite, il l'embrassa.
Le cadet soupira pour la forme et se tourna vers la porte vitrée donnant sur la cuisine, où Mu apparut alors.
- J'ai fini à l'intérieur.
- Désolé, Angelo m'a retenu.
- Hey ! protesta Angelo qui venait de libérer Shura.
- Aucun problème, Alfiye.
Aphrodite sourit et peut-être influencé par la scène qu'il venait de voir, il ne put résister et se pencha vers Mu pour déposer un baiser sur sa joue, le faisant sourire avec tendresse.
Shura et Angelo échangèrent un regard complice, ravis de voir leur ami aussi heureux, enfin.
- On a fini ici aussi, on peut donc retourner au Domaine, annonça Aphrodite.
- Bien, allons-y, dans ce cas.
Aphrodite attendit, mais rien ne se passa.
Enfin, si, il se retrouvait seul avec Mu, qui n'avait renvoyé qu'Angelo et Shura.
- Que se passe-t-il, tu as oublié quelque chose ?
Mu enlaça tendrement Aphrodite en guise de réponse.
- Je voulais juste être un peu seul avec toi, Alfye. Surtout après avoir senti tes lèvres sur ma peau, alors que j'ai envie d'y goûter depuis des heures.
- Pas que je sois contre, bien au contraire, lui dit Aphrodite en lui rendant son étreinte, mais notre absence va se remarquer...
- Elle ne durera que le temps d'un baiser, le rassura le Bélier tout contre ses lèvres déjà tendues vers lui.
Et effectivement, leur absence passa quasiment inaperçue.
Enfin, ceux qui la remarquèrent choisirent plutôt de garder le silence…
Sur le moment en tous cas.
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A suivre
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Notes :
1 Cédratier main de Bouddha : arbre donnant un agrume très original et insolite qui présente la forme d'une main qui fait penser à celle de Bouddha. Les fruits ne se ressemblent pas, certains ont comme les doigts repliés (comme s'ils formaient un sutra), le nombre diffère, certains sont tous droits. C'est assez fascinant !
2 Roshi : nom donné au maitre bouddhiste, en Inde. Dans Saint Seiya, Dokho est souvent appelé comme ça, Libra no Roshi, littéralement Maître de la Balance, traduit par Vieux Maître en français, sûrement parce que Roshi est utilisé pour les maîtres zen, dotés d'une grande sagesse et chargés de l'enseignement de Bouddha, et que « Vieux » a cette connotation ici (avec la vieillesse vient la sagesse !) Normalement, en Inde, on parle plutôt de « Guru », mais cela a pris une telle connotation négative en occident qu'on ne fait plus trop référence en ces termes. Mais à l'origine, il désignait un enseignant reconnu pour ses grandes connaissances dans de nombreux domaines.
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Merci d'avoir lu ce long chapitre, j'espère ne pas vous avoir perdu en route !
On retrouvera un peu plus de monde lors du prochain chapitre. Rien de mieux qu'une soirée et quelques jeux pour délier les langues et permettre quelques confidences !
J'espère que vous serez au rendez-vous.
Prenez soin de vous, à dans un ou deux week-end !
Lysanea
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