Titre : Le Fil rouge du Destin
Auteur : Lysanea
Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient sauf ceux inventés XD
Pairing et personnages pour ce chapitre : Saga x Aioros, tout le monde est là mais n'intervient pas forcément.
Rating : T
Note :
Bonjour à vous ! Je suis désolée, des problèmes techniques ont repoussé la publication d'un jour !
Merci aux fidèles lectrices et commentatrices, grand soutien pour moi ! Merci aux ajouts divers, variés et… silencieux.
Felinea07 : Bonjour et très bonne année à toi ! Je suis désolée d'apprendre tout ce qui t'est arrivé, j'espère que tu ne souffres pas trop et ne trouves pas le temps trop long ! Je suis à même de comprendre ce que tu traverses, je me suis cassée la cheville droite fin septembre, puis double fracture au niveau de l'avant-pied mais à gauche, cette fois, fin décembre, auquel s'est ajoutée une tendinopathie des tendons d'Achille, il y a dix jours. Je ne peux plus poser le pied gauche par terre et le droit n'est pas consolidé. Mais bon, on s'accroche comme on peut ! Je te souhaite bien du courage et te soutiendrai le plus possible en publiant régulièrement, je vais essayer du moins. Si me lire peut te divertir un peu, c'est le moins que je puisse faire ! Merci à toi pour ta fidélité et ton soutien. Bon rétablissement, prends soin de toi surtout !
Mini-Chan : Nyakomusha à toi aussi ! Je suis désolée d'apprendre que tu as été si malade et que la belle fin d'année que tu espérais ait été quelque peu gâchée. J'espère que tu n'as pas trop souffert et que tu vas mieux, et que tu vas avoir un bon temps de repos en France. Il fait très froid en ce moment, enfin, je ne sais pas de quel côté tu seras, mais j'imagine que le froid est nécessaire pour ta convalescence. J'imagine aussi que le retour va être difficile. Courage à toi ! Merci beaucoup d'avoir pris le temps de m'écrire avec toujours autant d'enthousiasme, malgré ton état de fatigue qui doit être bien grand ! Pour l'histoire avec les enfants, je n'ai pas vécu exactement cela, mais il y a 17 ou 18 ans, alors que j'allais chercher ma nièce de 9 ans à l'école primaire, elle m'a raconté, sur le chemin du retour, que quand elle avait été prendre le goûter chez un camarade de classe, deux jours plus tôt, avec d'autres filles, il avait profité d'être seul avec elle pour lui montrer un magazine où « les adultes faisaient des choses dégoûtantes ». Autant te dire que ça m'a marqué. Mais on a géré, en famille ! J'espère que ce chapitre te plaira aussi. Bon rétablissement et pends bien soin de toi !
Bonne lecture à tous !
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Le Fil rouge du Destin.
Chapitre Quarante : Car il y a des rencontres qui sauvent. Elles vous saisissent au corps, elles vous soulèvent du sol auquel vous êtes englué, elles vous font passer de la nuit à la lumière.
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Treizième temple,
Appartements privés des Grands popes,
Jeudi 30 novembre 1989.
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Saga appuya un peu plus son corps nu contre celui d'Aioros, qu'il tenait dos contre son torse, ses courbes épousant parfaitement les siennes, et glissa ses lèvres jusqu'à son oreille qu'il embrassa tendrement.
- Bonjour et surtout : joyeux anniversaire, mon amour, y souffla-t-il avec la même tendresse. Bienvenue parmi les trentenaires.
Aioros, complètement réveillé depuis qu'il avait senti la pression plus accentuée du corps de Saga dans son dos, savoura le long frisson qui le parcourut entièrement.
Il sourit, recouvrit de sa main celle qui était posée sur son ventre et se tendit en arrière en réponse, pour appuyer et non pour repousser, car il savait que Saga ne reculerait pas à son mouvement.
- Bonjour et merci, mon aimé. Je peux d'ores et déjà dire que c'est le plus bel anniversaire de toute ma vie, puisque c'est le premier où je me réveille dans tes bras.
- Tu n'as pourtant encore rien vu de cette journée.
- Mais ce réveil est déjà parfait.
- Il ne fait que commencer, lui aussi, assura Saga.
Ses mains parcouraient le corps de son Sagittaire avec une lenteur folle où le désir contenu était perceptible, mais sans frustration.
De la même façon, ses lèvres se promenaient sur les épaules, le cou, la nuque, revenaient butiner son oreille ou souffler en son creux.
N'y tenant plus, Aioros se retourna pour se retrouver dans les bras de Saga, qui l'accueillit sans plus tarder d'un doux baiser.
Celui-ci s'intensifia rapidement, se chargeant de désir et de passion, tandis qu'ils roulaient dans les draps emmêlés de leur lit king-size.
Mais alors qu'Aioros était prêt à se laisser emporter par la vague qui déjà le submergeait d'émotion, Saga rompit leur échange, puis embrassa doucement le coin de ses lèvres, déposa quelques autres baisers papillon le long de sa mâchoire jusqu'à son oreille.
- Et si on allait aux thermes ?
- Maintenant ? s'étonna Aioros entre deux gémissements.
Car les mains de Saga n'avaient cessé leurs caresses appuyées et ciblées.
- Je reformule, pardonne-moi d'avoir cédé à l'empressement… Et si nous poursuivions tout ceci aux thermes, amour ?
Cette fois, Aioros sourit, avant de se mordre la lèvre.
Deux choix s'offraient à lui, aussi intéressants et alléchants l'un que l'autre.
Rester au lit serait plus confortable, invitant à la douceur, à la langueur, autorisant la lenteur et le renouvellement des étreintes tant qu'ils en avaient l'énergie.
Et ils n'en manquaient pas.
Le bain, lui, impliquait plus de rapidité pour ne pas se laisser rattraper par l'inconfort des positions.
Il y avait ainsi un côté plus brut et animal, plus intense et passionné à prendre ou être pris contre le bord d'un bassin, assis dessus ou debout contre, que ce fussent par la nature des caresses échangées que cela permettait ou bien l'acte complet en lui-même. Cela n'excluait pas la tendresse, mais elle était plus sauvage, elle aussi, d'une certaine façon.
En y songeant, Aioros se rendit compte que c'était ce dont il avait envie, à cet instant.
Saga avait très vite éveillé et aiguillé son désir dans ce sens.
Ses gestes n'avaient pas le rythme lent qu'il prenait quand ils se couchaient le soir, par exemple ou au milieu de la nuit, quand il réclamait un câlin. Ils avaient l'urgence et la retenue qui caractérisaient cette envie un peu plus viscérale, celle qui pouvait les gagner en pleine journée, en pleine séance de travail, celle qui cinglait violemment les reins et déconnectait totalement le cerveau de tout autre pensée cohérente.
Et que seuls l'âge, l'expérience, la maturité, la sagesse, la raison, arrivaient à calmer et faire patienter lorsque c'était nécessaire.
Une étincelle qui n'avait besoin que d'un mot, un regard, un effleurement échangé pour devenir un véritable brasier, si on se l'autorisait.
En relevant le visage de Saga qui mordillait sa clavicule amoureusement, pour pouvoir le regarder dans les yeux, Aioros l'y reconnut de suite, ce feu nourri qui couvait sous les cendres.
Celles d'un désir qui avait été apaisé cette nuit, mais qui, comme à chaque fois, ne s'éteignait jamais complètement.
Prenant la main de son Gémeau qui le surplombait, sans le quitter du regard, il embrassa sa paume offerte, puis le creux de son poignet, ce qui fit crépiter intensément les braises dans les yeux d'azur pourtant assombris.
- Allons-y, accepta-t-il d'une voix chaude et basse qui augmenta encore la température autour d'eux.
Saga inspira fortement pour ne pas lui sauter dessus, se leva en lui prenant la main et ce fut enlacés, sans difficultés malgré les baisers qu'ils échangeaient déjà, fébriles, qu'ils gagnèrent les thermes privés qui jouxtaient la chambre du Grand pope.
Des Grands popes.
La journée d'anniversaire d'Aioros commençait effectivement de la meilleure façon possible.
Et comme annoncé par Saga, le Sagittaire n'était pas au bout de ses – nombreuses - surprises.
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Le soir venu,
Réception pour l'anniversaire d'Aioros
Treizième temple, Salon doré.
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- Merci à tous, vous m'avez encore beaucoup trop gâté, cette année ! La fête n'est commencée que depuis peu, pourtant ! s'émut Aioros.
Il y avait effectivement trois grande tables contre le mur, couvertes de magnifiques nappes à liserés brodés d'or et d'argent, aux motifs tous liés à Aioros, de son signe astral à son symbole figuratif, en passant par divers arcs, flèches, archers, centaures divers et variés.
La première présentait un abondant buffet dînatoire aux saveurs internationales, chacun ayant contribué à le constituer en puisant souvent au cœur de ses origines, ce qui avait parfois réveillé ou exacerbé le patriotisme et la fierté nationale de certains, et provoqué quelques combats de coqs. Les méditerranéens, grecs, italiens, l'espagnol et le français se disputaient farouchement - oui, même Camus, il en allait de son honneur - la suprématie de leur cuisine - gastronomie - tout en reconnaissant les qualités de ses voisins. Les asiatiques tentaient une nouvelle fois de convaincre, car les saveurs inconnues pouvaient parfois être déroutantes, pour les non-habitués. Tout ceci avait lieu dans un esprit bon enfant, évidemment, Saga y veillait.
La seconde table, elle, offrait toute une gamme de boissons à rendre jaloux une taverne crétoise, afin d'accompagner tous ces mets... ou les faire passer, parfois ! Cela aussi réveillait les rivalités, notamment pour les vins. Mais Camus gagna haut la main, car rien au monde ne pouvait rivaliser avec le champagne. Et comme c'était Athéna, enfin, Mademoiselle Kido, qui l'avait fourni, ils avaient eu le droit à ce qui se faisait de mieux.
Et enfin, la troisième rassemblait les cadeaux qu'Aioros avait déjà reçus, effectivement en nombre.
Ils avaient tous été extrêmement gâtés à chacun de leurs anniversaires, cette année, ce qui n'avait pas été le cas, la première après leur résurrection.
C'était une preuve que leurs liens s'affirmaient, se renforçaient, se confirmaient, et ils apparaissaient vraiment unis comme jamais, en cette année qui touchait à sa fin.
Mais de toutes les façons, s'il y en avait bien un que personne ne s'étonnait de voir autant célébré et couvert de présents et d'hommages, c'était bien Aioros.
Même si cela le gênait énormément, le Sagittaire restait, pour tous et jusqu'à Rodario, le héros du Sanctuaire.
Ce qui l'aidait à accepter cela, malgré tout, c'était que Saga était considéré de la même façon, admiré, respecté et aimé à l'identique, on ne les opposait jamais, alors que la lecture de l'Histoire du Sanctuaire aurait pu se faire en ce sens, et elle l'avait d'ailleurs été, avant que la vérité n'éclatât.
Car si Aioros avait sauvé la vie d'Athéna enfant, pour beaucoup, Saga avait sauvé le Domaine, le Sanctuaire et le village de Rodario en les protégeant chaque fois que cela lui avait été possible.
Parce qu'il n'avait jamais abandonné complétement son corps et le contrôle au Lémure, parce qu'il avait résisté malgré la douleur et la folie qui le guettait, parce qu'il leur avait tant de fois évité le pire et qu'ils étaient tous conscients de cela, même si les jours avaient été globalement très sombres, Saga était, lui aussi, un héros.
Et leurs deux héros étaient devenus, de manière tout à fait naturelle et logiques, les Grands popes du Domaine sacré d'Athéna et ses porte-paroles.
Les villageois avaient ainsi, eux aussi, apportés des présents au Sanctuaire pour Aioros, tout au long de la journée, des panières de fruits et de légumes, des gâteaux, des mets divers et variés, des fleurs, des tissus, des vêtements, et chaque artisan un produit de son art, du plus modeste au plus précieux…
Et il était déjà certain que ce serait aussi le cas pour le prochain anniversaire de Saga.
Il n'était pas possible d'inviter tout Rodario au Sanctuaire, même si tout le monde aurait pu tenir dans l'arène, car le mois de novembre n'était pas indiqué pour cela.
En revanche, Athéna organisait toute une journée de festivités sur place, au village, deux jours plus tard, afin de célébrer autant l'anniversaire d'Aioros que celui de Seiya, également très apprécié à Rodario.
Ce qui n'avait pas empêché les villageois de défiler en ce jour J pour rendre hommage à l'un de leurs précieux Grands popes, ajoutant leurs présents à ceux du Domaine.
Sans compter les cadeaux envoyés de l'étranger, car sans surprise, Aioros avait marqué les gens au-delà des frontières.
La table était vraiment chargée, et le si humble Chevalier en était aussi ému que gêné.
- Et ce n'est pas fini, assura d'ailleurs Aiolia. On a encore des surprises pour toi, Grand frère ! Regarde par ici !
Aioros suivit la direction indiquée et le groupe face à lui se fendit.
Et sous ses yeux ébahis, il vit apparaître Letizia aux côtés de son père adoptif, Santino !
Il lança un regard plus qu'étonné vers Athéna, puis Saga, qui souriaient tous les deux.
*Mais… comment ?
Leurs yeux ont été bandés dans le jet, avant la descente vers le Domaine et une fois qu'ils étaient prêts, je les ai rejoints pour les faire transiter par l'Another dimension jusqu'à l'entrée du Salon, où je leur ai enlevé. Ils n'ont rien vu. Et quand bien même ils apercevraient l'ensemble du Domaine depuis la fenêtre, ou la terrasse, cela ne posera pas de problème. Ils n'ont aucun repère sur le lieu où ils se trouvent et nous leur faisons confiance. C'est aussi ta famille, mon aimé, ils devaient être présents.
- Il était primordial que ces personnes qui ont pris soin de toi soient ici pour te célébrer avec nous, ajouta Athéna à haute voix. Et je voulais absolument les rencontrer, eux qui comptent tellement pour toi et pour qui tu comptes tellement, mais qui t'ont tout de même permis de nous retrouver sans culpabilité ni blâme.
- Merci à vous, Mademoiselle Kido, lui dit Aioros, ému comme jamais en inclinant légèrement la tête, la main sur le cœur.
C'était très étrange de l'appeler ainsi, mais il n'avait pas le choix devant des « étrangers » du Sanctuaire.
*Je ne sais comment vous témoigner ma gratitude, Votre Altesse, Princesse Athéna*, lui adressa-t-il en pensées. *Je n'ai pas les mots.
Je ne veux rien d'autre que ton bonheur, mon cher Aioros. N'oublie pas que Je te dois la vie. Cette dette ne pourra jamais être remboursée en totalité.
Elle a été soldée il y a déjà bien longtemps, Votre Altesse, si tant est qu'elle ait existé un jour. Je n'ai fait que mon devoir envers vous.
Tu as été bien au-delà. Nous ne serons jamais d'accord à ce sujet. Allons, ne fais pas attendre ta famille plus avant.
Oui, Votre Altesse.*
Aioros sourit à sa Déesse, à son Gémeau aussi, au passage, puis, il rejoignit enfin sa famiglia, qui, malgré la forte envie de sauter sur lui pour Letizia, avait senti qu'ils devaient attendre et prendre leur mal en patience.
Surtout qu'Athéna leur faisait une très forte impression.
Il y avait, selon eux, tant de noblesse et de beauté qui se dégageaient d'Elle, que c'en était intimidant.
Et autre chose qu'aucun ne saisissait.
Ils avaient seulement la certitude d'être face à une personne extrêmement importante.
Ils n'auraient bien évidemment jamais pu songer se trouver devant la réincarnation d'une Déesse antique.
Mais quand Aioros vint vers eux avec un immense sourire, ils oublièrent tout le reste et ils se tombèrent dans les bras en riant, et l'Italie s'invita alors en plein cœur du Sanctuaire avec ses notes chantantes et mélodieuses, ses gestes grandiloquents et ses éclats de rire et de voix mêlés.
Le Sagittaire se reprit après quelques minutes et présenta Letizia et Santino à Athéna de manière plus formelle, ainsi qu'au reste de l'assemblée, pour pouvoir ensuite relancer la fête et que l'attention se dispersât.
- Mais que faites-vous ici ? demanda-t-il ensuite aux Italiens, après les avoir conduits à la table des boissons pour leur servir un verre et trinquer. Je vous ai eu au téléphone l'un après l'autre, cette après-midi ! De vrais comédiens !
- Tu pensais qu'on allait laisser passer l'occasion de fêter tes 30 ans ? répondit Letizia avec un petit rire. Allons donc ! Il a juste fallu qu'on arrive à convaincre les autres de ne pas venir sans mettre le feu au village. Tout le monde voulait être du voyage !
- A trois semaines des fêtes de fin d'année, vous êtes fous ! Vous devez tous être si occupés ! J'avais bien l'intention de venir vous voir pour le fêter avec vous, nous en avions parlé, pourtant !
- Mais tu es débordé, mon fils. Je sais ce que c'est d'avoir de grandes responsabilités et de devoir gérer un grand domaine.
- Mais je ne suis pas seul, papà ! Et d'ailleurs, tu dois l'être aussi, mais tu es venu quand même…
- Moi non plus, je ne suis pas seul. Flavia et les enfants gardent le fort ! Tout le monde t'embrasse, d'ailleurs. Cesare et Olivia ont lourdement insisté pour venir, mais je leur ai dit que ce serait pour une autre fois. Et puis, il ne s'agit que d'un aller-retour.
- C'est-à-dire ? Combien de temps vous pouvez rester ?
- Nous repartons dès demain, mon fils, à mon grand regret.
Aioros ne put cacher sa déception.
- Oh ! Déjà ! Un tel voyage pour si peu de temps, quel dommage ! Il y a plus de 4h de vol depuis Gênes, pour les trajets les plus courts. Et quelle dépense ! Je suppose que cela a déjà été fait, mais tout sera pris en charge, évidemment.
- Angelo et Marine sont venus nous chercher à Gênes en jet privé, lui confirma Letizia. J'avais l'impression d'être une star ! On était prêt à faire le voyage normalement, mais Saga a insisté. Et comme le vol classique est assez long, tu as raison, et qu'on en a trouvé aucun pour demain à moins de 6h, on a fini par accepter pour pouvoir passer plus de temps avec toi.
- Tant mieux ! Je ne vous aurais pas laisser le choix, de toute façon, il est hors de question que je vous pose le moindre problème.
- Arrête de t'inquiéter pour nous ! Tu n'es pas heureux de nous voir ?
- Bien sûr que si, papà ! assura Aioros en étreignant le bras de son padre. Pour tout te dire, je suis partagé entre l'envie de vous garder plus longtemps, et la tristesse de ne pouvoir le faire, le souci que ce voyage va vous coûter, aussi. Le temps est précieux, dans vos activités, en fin d'année plus que jamais !
- Tu l'es davantage ! répliqua Letizia.
- Et tu en perds à te plaindre ! Nous sommes là, de toute façon, profitons-en, fiston !
- Évidemment que je vais en profiter ! Je suis tellement heureux de vous voir, vous me manquez beaucoup !
De nouvelles embrassades suivirent.
- Angelo et Marine sont donc venus vous chercher… Je me demandais la raison de leur absence, tout en me doutant qu'il se préparait quelque chose... Mais je n'aurais jamais osé espérer cela ! Vous êtes arrivés il y a longtemps ?
- Je pense qu'on a atterri aux alentours de 19h, par-là.
Aioros jeta un regard à la grande pendule murale.
- Cela fait plus d'heure, pourquoi n'êtes-vous pas venus plus tôt ? Il y a eu un problème ?
- Non, je ne voulais tout simplement pas arriver comme ça après 2h de vol. Il fallait que je me prépare un peu, je savais que j'allais rencontrer des personnes importantes pour toi. J'en avais parlé à Marine, donc quand on a atterri et qu'on a pu enlever nos bandeaux de nos yeux, on s'est isolé à l'arrière. Le jet est parfaitement équipé, il y a tout ce qui faut pour transformer la tenancière que je suis en princesse ! Cela se voit que la propriétaire est une femme, et une femme distinguée, qui plus est !
- C'est vrai que tu es très belle, ce soir, approuva Aioros en faisant tourner Letizia sur elle-même en la tenant par la main, sans lui faire renverser son verre. Cela te va très bien, ce beau drapé à la mode antique. Cette robe ressemble presque à un peplos. (1)
- J'ai demandé à Marine s'il y avait une tenue qui ressemblait un peu à celles des Déesses antiques, mais pas trop non plus, c'est pas une fête costumée ! Cela aurait pu être perçu comme un manque de respect de ma part. Elle m'a proposé cette robe qui m'a tout de suite fait penser aux statues qu'on avait vu sur l'Acropole… les caryatides, c'est ça ?
- Oui, c'étaient celles de l'Erechthéion, je me souviens qu'elles t'avaient beaucoup plu. (2)
- C'est ça ! Et comme il fait quand même un peu frais pour se balader en robe à bretelles, même si le tissu est bien chaud, elle m'a prêté ce châle, qui a un nom particulier, mais je suis désolée, c'est vraiment difficile, le grec…
Aioros eut un petit rire.
- C'est un epiblema. Mais c'est le nom qu'on lui donnait dans l'Antiquité. Le mot châle est tout aussi approprié et plus souvent utilisé, de nos jours. Tout comme le bandeau qui ceint ton front, qu'on appelait autrefois taenia.
- Oui, cela m'a fait penser à toi, tu en portais souvent un très fin autour du front, quand tu vivais au village.
- Oui, c'était pratique, j'avais souvent les cheveux qui tombaient sur mes yeux. Merci pour cet hommage, Izia. Encore une fois, tout te va parfaitement, tu es sublime.
- Merci beaucoup ! Il était temps que tu me le dises !
- Désolé, c'est la surprise et aussi la joie qui me trouble !
- Pas ma beauté, justement ? minauda-t-elle.
- Si, aussi, bien évidemment.
- Comment aurait-il pu en être autrement, intervint Santino. Si j'avais 20 ans de moins, Sergio aurait eu du souci à se faire.
- Santino !
- Papà !
… s'indignèrent-ils faussement, car ils riaient tout de même.
- Il y avait une autre tenue aussi qui était très belle, reprit ensuite Letizia, mais avec une ceinture large portée sous la poitrine, comme celle de Marine, mais cela ne m'aurait pas allé. Je n'ai pas son corps, ni son âge. En plus, j'ai pris du poids, dernièrement, je pense même que cela date de notre séjour, ici…
Aioros se rappela ce qu'avait dit Rhadamanthe au sujet de la possible réussite du rituel de fécondité et il se sentit soudain très ému en regardant son amie.
Ils échangèrent alors un regard lourd de sens, où absolument tout fut dit, les questions et les réponses, les suppositions et les confirmations, mais sans un mot.
Jamais Letizia n'aurait parlé avec tant de légèreté d'une prise de poids, si ce n'était pour une autre raison qu'une vie qui grandissait en elle.
Jamais elle n'aurait prétexté devoir trinquer au jus de fruits avec lui, pour son anniversaire, par crainte d'une interaction de l'alcool avec un médicament, si cela n'avait été pour cacher une raison bien plus profonde, la préservation dune santé et d'une vie autres que les siennes.
Car bien évidemment, elle était au courant, cela faisait plus de deux mois.
Elle voulait le dire à son ami de cœur et d'âme, ses yeux le hurlaient, mais elle ne pouvait pas.
Par superstition, les trois mois n'étaient pas passés pour éloigner définitivement la malédiction.
Mais aussi par expérience, Sergio et elle avaient déjà connu tant d'échecs…
Aioros la prit une nouvelle fois dans ses bras et la serra fort.
- C'est aussi un très beau cadeau que tu me fais, murmura-t-il en déposant un tendre baiser sur sa tempe, l'un des plus beaux que j'ai reçu, aujourd'hui.
Et ce fut tout ce qu'il s'autorisa comme allusion, avant de se tourner vers son padre, qui avait observé l'échange en silence et avec respect.
- Et toi, papà, tu ne t'es pas ennuyé, en l'attendant ? Tu es aussi très élégant, mais ce sont tes propres vêtements, et de la marque Barena, d'ailleurs, celle que tu préfères mettre pour les grandes occasions.
- Tu as l'œil, comme toujours. Et non, je ne me suis pas ennuyé, rassure-toi, car tu as un ami fort intéressant, mon fils, même pour un…
- Attention à ce que tu vas dire, papà ! l'interrompit Aioros avec un petit sourire.
Santino fronça les sourcils, puis il ôta une poussière imaginaire sur sa belle écharpe, dont les pans reposaient élégamment sur ses épaules et tombaient sur son torse.
- Il est pas banal, ce garçon, cet Angelo. Les Siciliens sont toujours à dire qu'ils sont Siciliens et pas Italiens, qu'ils sont autonomes, différents… Alors oui, les origines et l'histoire sont différentes. Mais ton ami, là, malgré sa tête de futur parrain de la Cosa nostra, il aime profondément l'Italie autant que sa Sicile natale. C'est beau. J'apprécie.
- J'entends ça. Tu as donc passé un bon moment avec lui, cela me rassure. Ce qui t'a permis de te faire belle l'esprit tranquille, ma Izïa.
- Oui, acquiesça Letizia. Marine m'a aidé à me préparer, on a laissé les deux hommes entre eux. Tu parlais de la Casa nostra, Santino, mais on y était presque, avec vous deux, fallait voir ça ! Il ne manquait plus que les cigares et le whisky… Oh, mais il y avait du whisky !
- Un tout petit verre, pour accompagner la parole, se défendit Santino en lissant sa moustache. Et puis, certes, j'aurais pas dit non à un cigare, voir même, une simpme cigarette, mais on ne fume pas devant les enfants.
Aioros fronça les sourcils.
Il ne pouvait pas faire référence à Letizia, il était impossible qu'elle lui ait parlé...
Aurait-il simplement deviné ?
A moins que...
- Si tu fais référence à Marine, elle a 18 ans, tu sais, 19 dans peu de temps, papà, et elle vient de se marier avec Aiolia ! Et elle fréquente beaucoup Angelo, qui ne s'embarrasse pas de ce genre de choses, avec elle ! Et puis, si j'ai bien compris, elle était à l'arrière avec Letizia.
- Je ne parle pas de ta charmante belle-sœur, à qui j'aurais d'ailleurs donné quelques années de plus, j'ai été bien étonné, à notre première rencontre, de la savoir si jeune...
- Mais de quel enfant parles-tu, alors ?
Pouvait-il s'agir d'un des Bronzes ?
Mais aucun n'avait manqué à l'appel, au lancement de la soirée...
- On voulait regrouper les surprises, intervint alors Aiolia, en surgissant à côté de son grand frère. Et pendant que Mesdames se faisaient belles et Messieurs retraçaient les grandes heures de gloire de l'Italie, quelqu'un dormait bien sagement, comme un ange, sur la banquette.
A ce stade-là, Aioros pouvait comprendre de quoi et surtout de qui il s'agissait.
Mais une part de lui avait si peur de la désillusion qu'elle l'en protégeait farouchement.
Le silence s'était fait autour de lui sans qu'il ne le remarquât vraiment.
- Mais... qui… ?
- Aioros…
Le Sagittaire se figea.
Cette voix, derrière lui, celle d'un enfant, mais déjà pleine de maturité…
Il chercha immédiatement Saga du regard, mais il le sentait derrière lui, lui aussi.
Aiolia, Marine, qui l'avait suivi, Santino et Letizia, face à lui, lui souriaient, un encouragement au fond des yeux.
Alors, il inspira profondément et se retourna lentement.
Son Gémeau était effectivement là, tenant la main d'Elrik.
Les yeux d'Aioros se remplirent immédiatement de larmes, de manière irrépressible.
- Elrik… murmura-t-il, la gorge serrée par l'émotion.
- Papa… ? répondit l'enfant, une pointe d'interrogation dans la voix.
La même que dans ses yeux, toujours aussi troublants par l'incroyable opacité de leurs iris, rendant son regard paradoxalement vide et pourtant si intense et expressif.
Aioros sourit en posant un genou à terre et lui ouvrit les bras, deux mots lui venant naturellement aux lèvres, la seule réponse possible.
- Mon fils…
L'enfant courut s'y blottir.
Aioros le serra fort, puis leva les yeux vers Saga, à qui il tendit la main.
Elrik se tourna aussi vers lui, juste son visage, sans quitter l'étreinte de son papa.
- Père…
Saga les rejoignit en quelques pas dans un silence d'intense émotion.
Personne ne put rester indifférent à cette scène.
Même les plus détachés et/ou les moins démonstratifs furent cueillis.
A l'image de Kanon, qui, sans quitter son frère et la famille qu'il avait construit et enfin réuni, chercha la main de Rhadamanthe à ses côtés pour la serrer fort.
Ce dernier lui rendit sa pression à l'identique.
Mais extérieurement, il était impossible de savoir si l'émotion avait aussi gagné le cœur du demi-dieu et Juge des Enfers trois fois millénaires, ou si c'était simplement pour soutenir son compagnon.
Enfin, Kanon savait, lui, évidemment.
Soudain, quelques applaudissements résonnèrent, rapidement suivis de plusieurs autres, et enfin, un tonnerre à rendre Zeus jaloux.
Quand la liesse se calma enfin, un cri d'enfant résonna depuis l'entrée du Salon, surprenant tout le monde.
- Elrik !
Tous les regards se tournèrent vers Simon qui n'aurait pas dû être là, mais qui l'était pourtant.
Il se tenait figé, à quelques pas de son ami et de ses deux pères, un air indécis sur le visage.
Ses traits étaient un peu crispés, comme s'il voulait sourire mais ne s'y autorisait pas encore.
Les deux orphelins unis comme les deux doigts de la main ne s'étaient pas revus depuis plus de cinq mois.
Simon avait beaucoup changé et il avait peur, tellement peur du rejet de son ami de toujours, son compagnon d'infortune, son frère…
Son cosmos hurlait sa détresse, chacun avait envie de l'aider, mais ils ne devaient pas intervenir.
Aioros et Saga s'écartèrent et se relevèrent pour laisser Elrik aller à la rencontre de son meilleur ami.
Ce qu'il fit… en courant !
- Oh Simon, ce que t'as grandi ! lui dit-il en arrivant devant lui. Et tu brilles !
- Hein ?
- Ta couleur, elle brille fort ! C'est beau ! Et toi aussi, t'es trop beau ! Et t'es fort, tes bras, ils sont plus comme des brindilles !
- Oh… euh… merci ! répondit Simon, apparemment un peu perdu.
- Je t'ai ramené plein de choses de l'orphelinat ! poursuivit Elrik sans faire grand cas de sa confusion. Il y a des dessins, et des mots des autres, même de Willy ! Moi, j'ai fabriqué des choses, aussi, tu verras, Frida m'a aidé ! Je sais pas quand je pourrais te les donner… Et je dois encore te raconter beaucoup de choses, aussi, j'ai tout écrit pour pas oublier ! Mais déjà…
Et devant le regard ahuri des adultes, Elrik donna une bonne tape sur la tête de Simon.
- Aïe… protesta Simon en se frottant la tête. Mais pourquoi… ?
- T'avais dit que tu m'oublierais pas et que tu appellerais souvent, t'avais promis ! Pourquoi t'as arrêté d'un coup pendant longtemps ?
- Tu me manquais trop...
- Alors tu m'as abandonné !
- Mais non ! Mais c'était trop dur ! Alors j'ai cru qu'en te parlant pas, ça irait mieux, un jour !
- Tu voulais m'oublier ! l'accusa-t-il avec tristesse. C'est trop méchant !
- Non ! Si ! Je sais pas ! Et je savais pas que t'allais venir ! se défendit-il. Je t'ai rappelé, après ! Maitre Angelo m'a expliqué que c'était trop bête de faire ça et que ça marcherait pas, et même Kiki l'a dit ! On peut pas oublier quand on aime quelqu'un ! Mais ça fait longtemps !
- Mais moi j'oublie pas ! Ni toi, ni tes bêtises !
- Pardon ! s(excusa-t-il en lui prenant les mains qu'il fit se balancer. Mais on s'en fout maintenant hein, 'Rik ? Tu m'as pardonné, sinon t'aurais pas répondu et on s'est beaucoup parlé, depuis !
- Oui, mais tu méritais que je te donne un coup quand même. J'étais trop triste… J'ai cru que tu m'aimais plus du tout.
- Jamais de la vie, ça peut pas arriver ! Et tu peux m'en donner plein, des coups, si tu veux, parce que t'as cru ça à cause de moi. Je m'en fous que tu me frappes, parce que t'es là, maintenant !
- J'ai pas envie de te frapper, c'est bon…
- Je trouve que c'est mieux que tu me tapes pas, moi aussi ! On a plein de choses à faire de mieux ! Tu restes longtemps, dis ? Pour toujours ?
- Simon, l'appela alors Saga avant qu'il ne pût répondre.
A l'entente de son prénom et de la voix douce, mais pleine d'autorité, de Saga, l'enfant sembla soudain réaliser où il se trouvait et où il aurait dû normalement être, à cette heure-ci.
Il avait désobéi et complètement ignoré les adultes, sa Déesse, ses Popes…
Il courut vers Saga, Aioros et Athéna, qui venait de rejoindre les deux hommes… mais ne les atteignit pas.
Anticipant la scène qui allait se dérouler sous leurs yeux habitués, certes, mais surtout, sous le regard des Italiens en visite qui n'allaient sûrement rien comprendre et beaucoup - trop - s'interroger sur son sens, Angelo attrapa Simon dans sa course et le percha d'autorité sur ses épaules, en une fraction de seconde.
L'enfant, qui, effectivement, se précipitait vers la Déesse Athéna et ses représentants pour mettre un genou à terre devant eux et s'excuser d'avoir désobéi en débarquant ainsi, cligna des yeux, confus durant 10 bonnes secondes.
Il ne comprenait pas comment il avait pu passer de sa vision du monde et de la salle à 1,35 mètres du sol à une autre située à 1,20 sous le grand lustre le plus proche d'eux, dépassant soudain les adultes.
Il baissa les yeux sur le sommet du crâne aux mèches rebelles du Cancer qui l'avait conduit là.
- Maître Angelo ?
- *Ne dis rien*, ordonna-t-il par télépathie. C'est moi qui l'ait fait entrer, poursuivit-il à haute voix en se rapprochant de ses supérieurs. Je sais pas comment il a su qu'il était là, mais il est venu jusqu'au Palais. Je l'ai surpris quand je suis sorti fumer dehors.
- Il n'y a aucun problème, Angelo, tu as bien fait, le rassura Athéna avec un doux sourire. La chambre d'Elrik est prête, nous pouvons laisser Simon y passer la soirée et même, pourquoi pas, la nuit, avec lui. Ils ont tant de choses à se dire, certainement... Cela te convient-il, Aioros ?
Elle évitait de s'adresser directement à Simon, car il allait forcément lui donner du « Votre Altesse » ou « Princesse Athéna », ce qu'il ne fallait surtout pas faire devant des étrangers au Domaine, encore une fois.
Vouloir faire une surprise à Aioros en réunissant toutes les personnes chères à son cœur était une chose, mais personne ne devait relâcher sa vigilance pour autant, le risque pour le Sanctuaire était bien réel.
Saga ne voulait pas devoir avoir recours à une illusion permanente ou une manipulation de l'esprit avec eux, ce serait terrible.
Letizia et Santino observaient déjà Athéna avec curiosité et fascination, se demandant qui était vraiment cette femme à la tête de l'organisation très mystérieuse pour laquelle travaillait leur cher Aioros, qui dégageait tant de noblesse et de bienveillance.
Santino, qui était très croyant, et Letizia, très sensible aux dimensions du monde et de l'univers, avaient tous deux immédiatement senti qu'ils étaient en présence de ce genre de personne qu'on qualifiait de « sainte », dans le sens religieux du terme.
- Oui, nous aurons le temps de nous voir, était en train de répondre Aioros en allant s'accroupir devant Elrik, resté en arrière. Je te laisse avec Simon pour ce soir, et on prendra le petit-déjeuner tous ensemble demain matin, tu veux bien ?
- D'accord, je veux bien, oui.
- Nous aurons aussi toute la journée de demain pour en profiter ensemble, dans les environs, précisa Saga, avec ton père et Letizia. Mais ce soir et cette nuit, les enfants, vous allez pouvoir vous amuser et parler, que tous les deux. Elrik, on va vous emmener dans ta chambre, Aioros et moi, leur dit-il encore.
Elrik hocha la tête vers Saga, avant de refaire face à Aioros, toujours accroupi devant lui.
- Avant de partir, est-ce que je peux… ?
Comprenant immédiatement sa requête, Aioros sourit et lui ouvrit les bras.
- Tu n'as pas besoin de demander pour cela, mon grand. Et moi aussi, j'en ai besoin.
Après une longue minute ou deux d'étreinte silencieuse, l'enfant se dégagea et alla aussi réclamer un câlin à Saga, légèrement surpris, mais qui accéda à sa demande avec bonheur.
Alors qu'il se tournait vers Simon, qu'Angelo avait reposé à terre et qui s'approchait d'eux, Elrik remarqua soudain Kanon et cela le figea sur place.
Il fit aller son regard agrandi d'étonnement d'un Gémeau à l'autre, puis il regarda Simon.
- C'est comme des photocopies !
Une vague de rires parcourut l'assemblée à cette exclamation.
Elrik était aussi touchant, spontané et adorable que surprenant.
- T'as vu, je t'avais dit ! s'enthousiasme Simon. C'est encore plus que Gretchen et Soïzic !
Kanon s'approcha et s'accroupît devant Elrik en lui tendant la main.
- Je m'appelle Kanon. Je suis content de te rencontrer enfin, j'ai beaucoup entendu parler de toi, Elrik.
L'enfant serra la main tendue avec un sourire timide, soudain plus calme en présence de l'aura chaude, mais assez impressionnante pour un enfant, du cadet des Gémeaux.
- Simon m'a déjà dit que Saga avait un jumeau qui lui ressemblait trop et qui s'appelait Kanon.
- Et bien me voilà !
- Hm...Dis, tu la mets tout le temps, ta bague ? demanda-t-il soudain.
- Pas quand je me lave ou que je fais du sport, mais sinon, oui, répondit le Gémeau, un peu étonné par la question. Est ce qu'elle t'a fait mal quand je t'ai serré la main ? Je suis désolé…
- Non, non, c'était pour que j'ai des points de repère pour pas me tromper entre toi et Saga... Enfin, je pense que ça ira, vos couleurs se ressemblent beaucoup, mais y a des différences.
- C'est vrai ? demanda Simon en s'approchant encore. C'est comment, alors ?
- Tu te souviens, je t'avais dit qu'il y avait un peu de la couleur d'Aioros dans celle de Saga, comme il y avait de la couleur de Saga dans celle d'Aioros et que ça tournait, comme la neige toute fine quand elle tombe...
- Oui ! Tu l'avais même dessiné ! Tu l'as gardé ?
- Bien sûr, quand c'est juste les couleurs, on voit pas que je dessine que des trucs moches !
- Ils sont pas moches, tes dessins !
- Si, et c'est pire, depuis que t'es parti !
- Bon... Et ces couleurs, alors, c'est pas pareil, t'as dit ?
- Non, y a d'autres couleurs dans celle de Kanon.
- D'autres couleurs ? intervint Rhadamanthe en s'avançant à son tour.
Il n'avait pas parlé très fort, ni de manière agressive, au contraire, il avait agi avec douceur, même.
Pourtant, Elrik ouvrit grand les yeux en le voyant de plus près au-dessus d'eux.
- C'est vous ! s'écria-t-il. Vous êtes plein de couleurs, et elles sont aussi dans Kanon ! Et celle de Kanon, elle brille fort à l'intérieur de vous ! C'est trop beau, Simon ! s'enthousiasma-t-il en regardant son ami. Je te le dessinerai, tu verras, je m'appliquerai !
- Génial, je t'aiderai !
Elrik reporta son attention sur Kanon.
- C'est ton amoureux, dis ? C'est obligé !
Il était étonnant de noter que l'enfant avait spontanément tutoyé Kanon, mais pas Rhadamanthe.
Elrik n'avait peut-être pas de cosmos, mais il percevait tout de même bien des choses...
Le cadet des Gémeaux, toujours accroupi face à son neveu, désormais, sourit en jetant rapidement un œil à son Juge, qui avait posé une main sur son épaule.
- Oui, il s'appelle Rhadamanthe.
Un « Tonton Rhadamanthe » un peu moqueur se fit entendre, mais impossible de savoir de qui il provenait et bien évidemment, il n'y eut aucune dénonciation parmi les plus à proximité qui savaient.
Certains grimacèrent en anticipant la réaction du Juge, tout se passait si bien, jusque-là…
Saga s'était même crispé et balayait l'assistance d'un regard sévère.
Pourtant, à la surprise générale, Rhadamanthe ignora totalement ce murmure qui avait parcouru l'assemblée et resta concentré sur Kanon et Elrik.
Il se mit lui aussi à la hauteur de l'enfant en s'accroupissant et lui tendit la main avec un sourire que peu lui avaient déjà vu.
- Enchanté, Elrik.
- Enchanté, Monsieur, répondit-il, à nouveau intimidé en la serrant.
- Tu peux m'appeler Rhadamanthe, si tu le souhaites.
- Pas… tout de suite… si possible...
Quelques gloussements parcoururent le groupe.
Ils n'étaient pas moqueurs, loin de là, mais plutôt étonnés d'une telle réponse, aussi cela ne vexa-t-il pas le Juge.
- Bien sûr, quand tu te sentiras prêt.
- Merci.
- Très bien, les gamins, vous avez assez traînés pour ce soir, intervint Angelo, ayant avisé les mines un peu perplexes des Italiens débarqués dans ce monde inconnu. Chacun sa soirée. Les Grands popes vont vous ramener, on vous fera le reste des présentations plus tard.
- Oui, Maître Angelo, accepta immédiatement Simon.
Elrik se tourna vers le Cancer à qui il dédia un long regard, en silence.
- T'as quelque chose à me dire ? lui demanda-t-il sans brusquerie, les poings sur les hanches.
Le petit garçon fit un tour sur lui-même en balayant l'assistance du regard, s'arrêta un moment sur Shura, sourit, puis revint fixer ses yeux sur Simon, qui hocha la tête avec un sourire, lui aussi, avant d'enfin revenir sur Angelo.
- Non, c'est bon.
Le Quatrième gardien n'était pas sûr de comprendre ce qui venait de se passer, mais il était évident que cela n'avait aucune espèce d'importance pour ce soir.
- Alors, en route ! Simon, on compte sur toi, t'entres pas trop dans les détails, dit-il d'un ton très bas en posant sa main sur l'épaule de son élève. Va pas nous l'effrayer, d'accord ?
- Il va pas avoir peur ! le défendit Simon en prenant la main d'Elrik. Même quand il comprend pas, il a pas peur et il devient pas méchant comme les autres. Et il dit pas que c'est pas vrai ! Il m'a toujours cru pour les lumières, même s'il les voyait pas ! Il a jamais dit que j'étais fou ! Il s'est jamais moqué !
- Doucement, P'tit crabe, pas besoin de sortir les pinces. Rappelle-toi seulement quand t'es arrivé ici, les premiers jours, comment c'était, et laisse-nous lui parler de certaines choses, tu veux ?
Simon sembla réfléchir un court instant.
- Oh… oui, c'est vrai. Bien, Maître Angelo, je ferai attention. Désolé…
- Aucun problème. Et si t'as un doute sur si tu peux dire un truc ou pas… bah tu dis rien, d'accord ?
- D'accord.
- Allons-y, leur dit alors Saga, mettant fin à l'échange avant qu'il ne reparte. Et merci, Angelo, ajouta-t-il avec un regard appuyé et entendu envers lui.
- A ton service, Grand pope.
Aioros prit encore un instant pour aller voir son père et Letizia, s'excuser et leur dire qu'il revenait vite pour parler avec eux et profiter de leur présence, et leur faire découvrir l'excellent buffet dînatoire très diversifié.
Ils le rassurèrent tous les deux, ils étaient en bonne compagnie : Angelo, décidément très efficace et réactif, ce soir-là - Shura l'avait à l'œil - ainsi que Marine et Aiolia, étaient déjà à leurs côtés.
Et Athéna se dirigeait également vers eux, adressant un sourire rassurant à son Chevalier et Pope au passage.
Saga et Aioros conduisirent donc les deux enfants à la chambre préparée pour Elrik.
Ils les regardèrent s'installer et commencer à parler, ne faisant pas grand cas de tout ce qui les entourait, pour le moment, même si Elrik avait semblé pressé de donner à Simon tout ce qu'il lui avait apporté, ni même de leur présence à tous les deux.
Après s'être assurés qu'ils avaient tout pour la nuit, et qu'ils avaient repéré quelle était la porte de leurs appartements, un peu plus haut dans le couloir, au cas où ils auraient besoin d quoi que ce soit dans la nuit, ils les laissèrent à leurs retrouvailles.
Une fois la porte refermée et alors qu'ils s'étaient à peine éloignés de quelques pas, Aioros prit et serra longuement Saga dans ses bras.
- Je ne pensais pas qu'il pourrait déjà utiliser sa chambre, lui dit-il ensuite, alors qu'ils prenaient le chemin vers le Salon doré pour rejoindre la réception d'un pas lent. C'est une bonne chose, il pourra nous dire ce qu'il souhaite modifier et nous ferons les changements, avant qu'il ne puisse revenir définitivement. Cela va être difficile de le voir repartir… Mais n'y pensons pas, profitons simplement de sa présence. Combien de temps lui a-t-on accordé ?
- Notre Déesse te répondra.
- Oh… Tu ne sais pas ? s'étonna Aioros.
- Elle était encore en négociation, tout à l'heure, éluda Saga.
- D'accord, très bien. Avant que nous ne regagnions les festivités, j'en profite pour te demander, où avez-vous prévu de loger Letizia et Santino ?
- Des chambres leur ont été préparées, ici, dans l'aile réservée aux invités. Nous définirons avec eux une heure pour le petit-déjeuner, demain matin, et quelqu'un ira les chercher pour les conduire dans notre salle à manger. Si cela te va. C'est plus intime que la grande salle.
- Oui, c'est parfait. Et pour la suite ? Je peux savoir ?
- Tout n'est pas encore décidé, chacun aura son mot à dire, ses souhaits à exprimer. Mais dans les grandes lignes, nous avons prévu de leur bander les yeux au moment de partir d'ici, comme à leur arrivée et nous transiterons tous par l'Another dimension vers Rodario ou ailleurs, à voir. Il faudra discuter avec eux pour savoir ce qu'ils ont envie de faire. Ton père m'a déjà gentiment fait remarquer qu'il n'était pas là pour faire du tourisme…
Aioros laissa échapper un petit rire gêné.
- Désolé, mon aimé.
- Ce n'était pas méchant. Et je le comprends, tu sais. Aussi, j'ai pensé qu'on pourrait passer une partie de la journée en mer et s'arrêter sur quelques îles proches, histoire d'allier les deux. Mais il fait un peu frais pour rester toute la journée dehors, donc il faudra réfléchir.
- Et il risque de pleuvoir aussi, c'est ce qui était annoncé.
- On oublie définitivement la balade en bateau, alors, soupira-t-il.
Le Sagittaire observa sa mine déconfite, mais concentrée, puis il lui prit le bras.
- Tu sais, au fond, mon père veut simplement être avec moi, s'assurer que je vais toujours bien, comme je le lui affirme à chaque fois au téléphone. Après le petit-déjeuner, nous pourrons simplement aller nous promener à Athènes, nous parlerons en même temps. Nous déjeunerons dans une taverne typique, bien de chez nous, par exemple à l'Agléouras, chez Isadora. Je sais qu'il va adorer l'ambiance et Letizia va apprécier de découvrir certains plats que nous n'avons pas eu le temps de lui faire goûter.
- Je voulais que tu n'aies à t'occuper de rien du tout, mais tu as déjà le meilleur programme possible, se désola Saga. Je m'en excuse, je n'ai pas été très efficace, sur ce plan-là.
Aioros l'amena gentiment à lui faire face et le prit complètement dans ses bras.
- Cela ne m'a pris qu'une minute ou deux, et c'est normal, car c'est mon père, rappela-t-il en dégageant tendrement le front plissé de Saga d'une mèche d'or qui s'y attardait. Tu l'as amené, ainsi que Letizia, et Elrik, jusqu'à moi, c'est déjà tellement précieux, pour moi, mon aimé. Merci encore.
Saga ne répondit rien, car ses lèvres étaient doucement enveloppées par leurs jumelles.
Après ce doux baiser, Aioros poursuivit la discussion, et les deux hommes, leur progression très lente vers le Salon doré.
- Ce qui pose question, c'est Elrik. Cela fera peut-être trop, pour lui, une journée entière à marcher avec des adultes. Mais s'il ne reste pas longtemps, je dois aussi pouvoir passer du temps avec lui et en profiter.
- Lorsque nous saurons combien de temps il reste, nous pourrons nous organiser un peu mieux, je suppose. Ce qui est certain, c'est qu'il ne repartira pas demain, donc si tu décides de rester avec Letizia et ton père jusqu'à leur départ, prévu peu après 16h, tu pourras passer le reste du temps avec Elrik, ensuite. Il sera avec moi, en attendant. Nous pourrons même lui préparer un goûter à la maison et inviter Simon. Il doit participer à l'atelier cuisine pour que les apprentis puissent faire des gâteaux ou des plats préférés de Seiya, pour son anniversaire, il devrait être libre à temps pour nous rejoindre, aux alentours de 16h30.
- Tu vois, tu organises très bien les choses, toi aussi, lui répondit Aioros en lui pinçant le nez avec douceur.
Saga fit mine d'attraper les doigts de son Sagittaire pour les mordre, alors qu'il libérait son nez, mais au final, il les embrassa.
- J'ai veillé à tout ce que se passe bien dans les moindres détails, mais il y a toujours des petits imprévus qui nous échappent.
- Je ne doute pas une seconde que tu aies fait au-delà même du maximum.
- Tu mérites le meilleur.
- Je l'ai déjà, puisque tu es à mes côtés. Cette soirée le prouve encore. Tu es parfait, mon aimé.
- Ne dis pas de telles bêtises, voyons, protesta Saga en secouant la tête.
- Je le pense sincèrement.
- Tu n'es pas objectif.
- Et comme à chaque fois que tu me dis cela, je te réponds que sûrement pas, car je suis très amoureux. Mais je reste tout de même lucide.
- Oui…
Il ne semblait cependant pas totalement convaincu.
Aioros posa sa main sur sa joue, sa paume épousant parfaitement l'arrondi de son visage, qu'il caressa du pouce.
- Tu sais, mon aimé, si tu es face à une personne dont les qualités comptent plus que les défauts, c'est que cette personne est forcément exceptionnelle. Tu ne crois pas ?
L'aîné des Gémeaux sourit à cette logique infaillible de son Sagittaire à l'esprit éclairé.
- Si, mon amour.
- Je profite que nous soyons encore un peu seuls pour te remercier une nouvelle fois, poursuivit Aioros après un court silence et en lui prenant la main pour se remettre en route. Je suis conscient de chaque effort que tu as fait pour m'offrir le plus merveilleux des anniversaires et que tu prépares tout cela depuis sdes emaines, malgré tout le travail que nous avons déjà, depuis la fin de l'été.
- Tu mérites bien plus encore, je te l'ai dit. D'ailleurs, la journée est loin d'être finie, nous sommes toujours le 30 novembre, amour.
- Que me réserves-tu, encore ? Je suis déjà plus que comblé !
Saga sourit de manière énigmatique, cette fois, lui vola un rapide et chaste baiser, mais appuyé, avant de pousser les grandes portes du Salon doré qu'ils avaient fini par atteindre.
Aioros se dirigea directement vers Athéna, d'ailleurs toujours en discussion avec le groupe entourant sa famille italienne, et il s'inclina face à Elle, le poing sur le cœur, encore une fois.
- Je ne sais comment vous remercier, Mademoiselle Kido, les mots me font cruellement défaut.
Elle lui fit redresser la tête en posant ses doigts sous son menton avec douceur.
Marine lui tendit alors un dossier, qu'Elle mît entre les mains d'Aioros et qu'il ouvrit, intrigué.
A l'intérieur, tous les papiers d'Elrik, ainsi que ceux de son adoption.
Et le livret de famille, délivré à l'adoption d'un premier enfant par une personne seule.
Son bonheur aurait été complet, si le nom de Saga y figurait aussi.
Mais il fut extrêmement ému de voir indiqué le nom d'Elrik dans la catégorie « Premier enfant ».
- Il n'est pas juste venu pour mon anniversaire, alors ? murmura-t-il, la gorge nouée par l'émotion.
- Non, il est venu pour partager votre vie, enfin, assura Athéna.
- Il reste avec nous, ajouta Saga en lui prenant la main qu'il serra fort, gagné par son émotion.
- Je vous remercie tous les deux d'avoir été si compréhensifs et patients, leur dit encore Athéna avec un doux sourire. Je n'ose imaginer combien ces mois d'attente ont été difficiles...
- Nous sommes bien mieux lotis que bon nombre de parents en attente d'adoption, rappela Aioros. Merci pour tout ce que vous avez fait, Mademoiselle Kido, encore une fois, les mots me manquent.
- Je vous en prie. Je suis si heureuse d'accueillir Elrik dans notre grande famille !
Tout le monde vint ensuite les féliciter, et ce fut avec surprise et une immense joie qu'ils virent s'avancer Shion et Dokho.
- Mais quand êtes-vous arrivés ? demanda Saga après une longue accolade, spontanée et naturelle, même avec Shion.
- Quasiment en même temps qu'Elrik, mais nous nous sommes faits très discrets pour ne pas attirer l'attention et gâcher ce merveilleux moment, expliqua d'ailleurs celui-ci.
- Vous m'avez tous les deux souhaité mon anniversaire, ce matin, à aucun moment vous ne m'avez parlé de votre venue !
- Cela n'aurait pas été une surprise, répondit Dokho. Nous avions décidé de ne pas revenir à chaque anniversaire pour arriver à couper le cordon, mais tu fêtes tes 30 ans, Aioros, nous ne pouvions pas ne pas être là.
- Merci à vous, cela me fait tellement plaisir de vous voir ! Venez, je vais vous présenter ma famille italienne !
- Avec plaisir, nous avons tant entendu parler d'eux ! accepta vivement Shion.
Aioros n'eut pas vraiment à les conduire loin, son père adoptif et Letizia étaient encore tout proche.
Autour d'eux, la soirée put reprendre son cours et de nouveaux groupes se formèrent de-ci, de-là.
Quelques deux ou trois heures passèrent ainsi, puis la Déesse Athéna prit congés et annonça se retirer dans ses appartements, au niveau de l'aile opposée, escortée par Seiya.
Mais avant de les rejoindre, ils firent d'abord un détour par la chambre d'Elrik pour voir si les enfants s'étaient endormis.
Les trouvant en pyjama, mais encore éveillés, Seiya les mit au lit, et s'installa auprès d'eux pour leur lire une histoire, tandis qu'Athéna prenait place, pour sa part, au pied du lit pour les observer.
Mais pas que.
Son chant doux et mélodieux s'éleva, résonna à travers tout le Domaine, sa voix cristalline et si pure pénétrant aisément les cœurs et l'âme de chacun, apportant douceur, chaleur, et un sentiment de paix et de bien-être à nul autre comparable.
Il conduisit promptement les enfants au Royaume des Songes où Morphée prit le relais : à la cinquième page de l'album lu par Seiya sans que le chant ne le dérangeât, au contraire, il l'accompagnait harmonieusement, ils s'étaient profondément endormis.
Seiya et Athéna, enfin plutôt, Mademoiselle Saori, avaient mis en place ce petit rituel avec les enfants dans de nombreux orphelinats qu'ils visitaient, souvent au moment de la sieste. Bien évidemment, hors de son Domaine, Elle ne chantait pas de la même façon, sa voix n'avait pas la même portée.
Et ce soir-là, étonnement, si Santino n'entendit absolument rien, tout en sentant une forme de paix et de plénitude le gagner, Letizia, au contraire, s'interrogea sur ce chant lointain qu'elle percevait. Mais elle accepta en toute confiance la réponse qui lui fût apporter : Athéna chantait et priait non loin d'eux, avant d'aller se coucher.
De son côté, après avoir bordé les enfants, Seiya raccompagna Athéna jusqu'à ses appartements, le bras délicat de sa Déesse tendrement enroulée autour du sien, avant de rejoindre les festivités qui se poursuivaient.
Aioros et Saga en avaient profiter pour s'isoler sur la terrasse, tout en gardant un œil sur ce qui se passait dans la salle.
- Je sais bien que tu es très demandé et que nous ne pouvons trop nous attarder, mais je suis heureux d'avoir ce petit moment seul avec toi, mon amour, se confia le Gémeau, alors que son Sagittaire l'avait enlacé amoureusement. Je dois te partager avec absolument tout le monde, depuis ce matin et je le conçois autant que je l'accepte. Mais j'avoue que l'idée et l'envie m'ont traversé plusieurs fois l'esprit de t'enlever et de disparaître avec toi quelques heures...
Le Neuvième gardien sourit à cet aveu et frotta son nez à celui de son amour, puis l'embrassa.
- Malgré tout l'amour et le bonheur reçu jusqu'à présent, je le reconnais un peu avec honte, mais j'ai aussi eu cette même pensée de tout laisser derrière et de m'enfermer quelque part avec toi. Mais cela ne se peut. Nous pouvons cependant nous accorder quelques longues minutes, encore. Et n'oublie pas que toutes les heures de la nuit seront tiennes, mon aimé.
- Elles seront nôtres, amour.
- Oui... Je t'aime tant, souffla Aioros, le cœur véritablement gonflé d'un amour absolu et infini pour Saga.
- Moi aussi. Et bien plus encore, répondit celui-ci, gagné par la vague d'émotion qui le submergeait, avant de prendre ses lèvres en un long et tendre baiser.
Les minutes suivantes s'égrenèrent, et personne ne vint les déranger.
Leurs cosmos unis, pleins d'amour, pulsaient et se répandaient par vagues, tout à fait maîtrisés, les baignant tous dans une atmosphère douce et chaude, se mêlant bientôt au chant et au cosmos d'Athéna, alors à ce moment-là avec les enfants et Seiya.
Ils tenaient à partager cela avec eux, telle la grande famille qu'ils formaient.
Ce fut reçu naturellement, sans interruption, sans interrogation, sans perturbation.
Puis, ils refermèrent les vannes et retournèrent dans leur bulle, car certaines choses n'appartenaient qu'à eux, évidemment.
Une dizaine de minutes passa, lorsqu'ils regagnèrent enfin l'intérieur.
Shion, qui discutait avec Shaka, Aphrodite et Mu, les laissa alors à leur discussion pour rejoindre ses deux successeurs, qui venaient de marquer un arrêt devant le buffet toujours bien garni.
C'était bien connu, on ne pouvait pas vivre que d'amour, d'eau fraîche et de communion de cosmos !
Tout avait été préparé en amont de la soirée par les employés, mais aussi par certains Chevaliers qui avaient participé avec leurs propres plats, souvent des spécialités de leurs pays d'origine pour plus de diversité et d'originalité. Tout avait été stocké dans une pièce toute proche, que Camus avait maintenu à une température idéale, et ils faisaient chacun des allers-retours pour éviter aux tables et au buffet principal de se vider complètement, en boissons comme en nourriture.
Saga remplissait justement deux verres d'eau mentholée pour Aioros et lui, lorsque Shion les rejoignit.
- Maître Shion, je vous sers quelque chose à boire ?
- De l'eau, comme vous, ce sera parfait. Merci, Saga. Nous allons bientôt repartir, Dokho et moi, mais avant, j'ai quelque chose à te dire, Aioros. Il faut que je rétablisse une vérité à ton sujet, j'aurais dû le faire avant même de quitter le Domaine.
Les deux Popes échangèrent un regard quelque peu intrigué, avant de reporter leur attention sur leur prédécesseur.
- Je vous écoute, Maître Shion.
L'ancien Pope et Bélier les conduisît un peu à l'écart, à l'entrée de la terrasse qu'ils venaient de quitter, pour s'assurer une certaine tranquillité.
Aioros jeta un œil à Santino et Letizia, sur lesquels il avait gardé un œil attentif tout au long de la soirée, lorsqu'il n'était pas avec eux, et se réjouit de voir son amie avec Kanon, Rhadamanthe et Milo, et tout près d'eux, son père adoptif en grande discussion avec Camus et Shiryu.
Il put donc accorder toute son attention à Shion, qui le regardait avec intensité.
- Aioros n'est pas le prénom que ta mère t'avait donné, à ta naissance.
Le Sagittaire haussa un sourcil, surpris.
Il ne s'était pas attendu à ce sujet-là.
- Comment ? Mais enfin, d'aussi loin que je me souvienne, elle m'a toujours appelé ainsi !
- En effet, disons qu'elle s'y est très tôt résignée, avant que ta mémoire ne puisse enregistrer autre chose.
La confusion se lisait dans le regard du Neuvième gardien.
- Je suis désolé, mais je ne comprends pas, Maître Shion…
Ce dernier prit le temps de boire une gorgée d'eau avant de répondre.
- Ta mère, Alcyone, t'avait initialement appelé Aiolos, en hommage au Dieu des vents Eole, dont c'est le nom antique. De la même façon qu'elle a ensuite donné le nom d'Aiolia à son second fils.
- D'où vient cette altération ? Mon père n'était pas d'accord ? Non, cela m'étonnerait, ma mère ne se serait pas laissé influencer, d'autant plus qu'il n'a jamais vraiment été là pour nous...
- En effet, ton père n'y était pour rien.
- Alors qui ?
Shion sourit avec une grande tendresse et se tourna vers l'aînée des Gémeaux et autre Pope du Sanctuaire, qui suivait l'échange avec curiosité, en silence.
- C'est toi qui en es la cause, Saga.
- Moi ?
- Oui ! Tu avais 18 mois quand Aiolos est né et tu parlais très bien, ta maîtrise du langage était surprenante, même. Pourtant, pour une raison qui nous échappait, tu l'appelais sans cesse Aioros. Alcyone y a vu un signe et a fini par céder. Comme nous n'avions pas encore déclaré ta naissance, le délai de 10 jours pour se faire touchait seulement à sa fin, elle a pu acter ce changement et Aiolos est devenu Aioros.
Le Sagittaire, très surpris de cette révélation, se tourna vers son Gémeau et lui sourit, attendri au possible.
C'était comme si cette histoire rajoutait, ou plutôt, dévoilait, une nouvelle fibre parmi toutes celles qui constituaient déjà le Fil de leur Destin.
Ému, il ne put résister et, passant son bras libre autour de la taille de Saga, il déposa un rapide baiser appuyé sur sa tempe, avant de refaire face à Shion.
- Vous avez dit que ma mère avait vu un signe… c'est-à-dire ?
- Tu te souviens sûrement qu'elle était passionnée par les sciences, la physique, et les mathématiques.
- Oui, bien sûr ! A posteriori, j'ai souvent pensé qu'elle aurait fait de grandes études et aurait pu travailler dans de grands laboratoires de recherche, si…
- Si le Destin ne l'avait pas conduit au Sanctuaire. afin qu'elle donne naissance au futur Sagittaire et au futur Lion, compléta Shion.
Aioros hocha la tête.
- En effet, reprit l'ancien Bélier, elle était incroyablement douée dans ces domaines. Et ce qui était aussi très surprenant pour un esprit si scientifique et cartésien que le sien, c'est qu'elle croyait beaucoup aux signes, au Destin et aux Dieux antiques. Enfin, je dis surprenant, mais en fait, non. Elle avait toutes les preuves sous les yeux, bien qu'Athéna n'était pas encore réincarnée de son vivant. Il a suffi que je la téléporte pour la convaincre, même si elle a longtemps cherché une explication scientifique et physique à la manifestation de nos pouvoirs et de nos cosmos. Elle était aussi très intriguée par les Armures et le processus de régénération par le sang d'un Chevalier d'or. Tout cela pour dire que lorsque Saga s'est évertué à remplacer le « lo » par le « ro », Alcyone a relié ce son à la lettre grecque Rho, qui sert souvent à symboliser la résistivité.
- La résistivité ? releva le Sagittaire. Ce mot existe vraiment ?
- Je ne le connais pas non plus, répondit Saga, alors qu'Aioros l'interrogeait du regard rapidement.
- Oui, en physique, on parle de la résistivité d'un matériau, c'est-à-dire, sa capacité à s'opposer à la circulation du courant électrique, expliqua l'ancien Bélier et Grand pope. Cela peut sembler tiré par les cheveux, mais le fait qu'elle t'ait donné naissance dans la Maison du Sagittaire et que son gardien manipule cette énergie faisait sens, pour elle. Tu étais destiné à être le futur Sagittaire, à faire de l'électricité à laquelle tu pouvais résister ton arme la plus puissante. Et tu gardais tout de même, dans les premières lettres de ton nom, ton lien avec Eole, auquel elle se pensait elle-même liée, à travers son propre nom.
- Elle m'en parlait souvent, se souvint Aioros avec nostalgie. Alcyone est parfois présentée comme l'une des six filles du Dieu des Vents, selon les récits antiques. Elle me disait aussi, quand j'étais plus jeune, que mon père était sûrement la réincarnation d'Eole, alors, je ne devais pas trop lui en vouloir d'être un véritable courant d'air.
- Je me souviens d'avoir déjà entendu cela, murmura Saga, songeur.
- Cela ne me parait pas impossible, vous étiez toujours fourrés ensemble, tous les deux, s'en amusa Shion. En tous cas, pour ta mère, il n'y avait aucun hasard dans ce monde. Elle avait même prédit que vous seriez inséparables, tous les deux et que vous étiez liés par les chiffres.
- Quelle est cette histoire, encore ?
- Nés un 30, six mois séparant vos anniversaires, 18 mois vos naissances, la Neuvième maison et le neuvième signe du zodiaque sont les sixièmes après les Troisièmes, que des multiples de trois… Elle était assez…
- Obsédée ? se permit d'intervenir Aioros.
- Oui, sourit Shion. Mais surtout passionnée, et passionnante. Je l'aimais vraiment beaucoup, tu sais.
- Moi aussi, répondit le Sagittaire, rattrapé par l'émotion du souvenir.
Il revoyait le visage chaleureux et bienveillant de sa mère, son doux sourire, ses incroyables yeux verts pétillants d'intelligence, dont il avait apparemment hérité, à en croire Shion.
Saga prit la main d'Aioros, posée sur sa taille, et la serra fort sans l'en détacher, l'amenant à porter son regard vers lui, et ils partagèrent un sourire.
Lui aussi, il avait beaucoup aimé Alcyone, elle l'avait presque élevé comme son fils, puisque, comme Shion l'avait rappelé, ils étaient toujours fourrés ensemble.
- Tu m'as donné mon nom, alors.
- Je suis désolé, s'excusa le Gémeau. Ta mère…
- A fait son choix et a eu raison, l'interrompit-il avec douceur. Vous m'avez tous deux donné mon nom, en définitive. Ensemble. Vous, deux des personnes que j'aime le plus au monde. Quel cadeau merveilleux !
Saga posa un court instant son front contre l'épaule d'Aioros, soulagé, avant de se redresser.
Le Sagittaire se tourna ensuite vers Shion, qui avait observé leur échange avec discrétion, mais tendresse.
- Et finalement, vous, Maitre Shion, vous en pensez quoi, de tous ces liens que ma mère a fait ?
- Cela s'entend, mais pour ma part, je voyais seulement, dans l'entêtement de Saga à te renommer comme bon lui semblait, la marque d'une âme-sœur qui avait retrouvé sa moitié, et qui avait décidé d'apposer sa marque pour ne jamais la perdre.
Le couple échangea un regard et un sourire complice.
- Personnellement, je préfère cette explication, assura Saga.
- Moi aussi, approuva Aioros. Mais elle m'interpelle tout de même... Vous avez pensé cela dès le début ? Ou cette réflexion vous est venue plus tardivement ?
Shion comprit immédiatement l'interrogation d'Aioros.
- Je l'ai pensé dès que j'ai constaté l'acharnement de Saga à te renommer. Car oui, Aioros, je l'avais vu, sur le Mont Etoilé : vous étiez des âmes-soeurs.
- Comment cela s'est-il traduit, concrètement ? demanda le Gémeau. Qu'avez-vous vu ?
- Une comète à queue rouge traversait le ciel, traçant une ligne reliant vos deux constellations, en passant en plein centre du soleil. Comme un fil rouge que même cette boule de feu ne pouvait rompre, celui du Destin, conclut-il en levant son petit doigt gauche avec un sourire.
Une nouvelle fois, les deux amants ne purent qu'échanger un regard et un sourire tendres et amoureux en pressant fort leurs mains liées.
Aioros reporta ensuite son attention sur Shion, avant de se perdre totalement dans l'azur des yeux de son Gémeau dans lequel il aimait tant plonger.
- Je vous remercie de m'avoir confié cette histoire sur mon nom, et les autres aussi.
- J'aurais dû le faire plus tôt, je m'en excuse. Je n'ai pas de raison véritable à te donner à mon silence, je n'y pensais simplement pas. Je n'ai pas de meilleure explication.
- Cela a été fait, c'est le principal, je ne vous en veux aucunement. Vous aviez bien d'autres choses à penser, cette histoire est très ancienne. Mieux vaut tard que jamais, comme le dit le proverbe.
- En effet. Bien, l'heure tourne, il est temps pour moi de rejoindre Dokho pour que nous puissions rentrer.
- Déjà ? Vous êtes sûrs de ne pas vouloir rester plus longtemps ? Nous refaisons une petite fête pour l'anniversaire de Seiya, demain soir, vous le savez déjà… Et Kiki serait si heureux de vous voir !
- Moi aussi, évidemment, mais nous devons malgré tout nous en aller. Plus nous tardons, et plus il nous est difficile de repartir, aussi merveilleuse que soit notre vie actuelle d'aventuriers. Demeurer plus longtemps casserait le « processus d'émancipation », comme le décrit d'un ton fort moqueur votre Vieux Maître.
- Alors, nous n'insisterons pas, décida Saga, après avoir consulté Aioros du regard.
- Ce fut un réel plaisir de vous revoir, merci à tous les deux d'être venus, lui dit ce dernier.
- Nous ne pouvions pas rater cela. Non seulement ton passage à la trentaine, mais aussi et surtout, vous voir tous les deux enfin accueillir Elrik, même si nous avons failli arriver en retard. Nous devions en être.
- D'autant plus que vous avez également beaucoup œuvré à rendre cela possible. Merci pour cela.
- Nous vous en serons toujours infiniment reconnaissants.
- Cessez donc avec cette gratitude, elle n'a pas lieu d'être. Et la scène à laquelle nous avons assisté valait bien tous nos efforts, si nous pouvons appeler cela ainsi.
- Cela ne vous donne pas des envies, Maitre Shion ? Si je peux me permettre cette question…
Shion le retraité était clairement plus détendu que le Grand pope, mais il y avait peut-être encore des limites à ne pas dépasser.
- Tu le peux, Saga, le rassura-t-il avec un doux sourire. Mais non, aussi beau qu'ait été le tableau que vous avez formé, nul désir n'a éclos en mon cœur ni en mon âme en ce sens. J'ai assez élevé, éduque et guide d'enfants, je crois bien, pour deux ou trois vies !
- C'est compréhensible.
Le regard de Shion se porta un peu plus loin dans la salle, vers Dokho qui avait rejoint le groupe de Kanon, Rhadamanthe, Milo et Letizia, et se remplit de tendresse.
- Je n'ai aucun doute sur le fait que Dokho serait un excellent père. Mais après avoir été si longtemps séparés et privés l'un de l'autre, nous n'aspirons plus qu'à profiter l'un de l'autre. Il est mon univers et je n'ai envie et besoin de rien d'autre. Mon côté capricieux refait surface, je ne le veux que pour moi seul, avoua Shion avec un petit rire, plus détendu et léger qu'ils ne l'avaient jamais vu. Fort heureusement, Dokho partage ma pensée.
- Nous sommes heureux pour vous, vraiment.
- Je vous en remercie. Nous vous le devons aussi, car sans l'assurance de laisser le Domaine et le Sanctuaire en de si bonnes mains, et notre Déesse bien représentée, nous n'aurions pas pu prendre sereinement cette décision.
- Nous sommes heureux de pouvoir vous offrir cette assurance, car vous méritez ce bonheur. Quant à ce soir, même si nous voudrions certes vous garder avec nous, nous comprenons. Nous nous reverrons d'ici un mois pour le Nouvel an, n'est-ce pas ?
- Bien évidemment, peu importe l'endroit où nous serons alors. Nous terminons seulement notre tour des îles de la Méditerranée, nous gagnerons sous peu l'Égypte.
- Nous vous y souhaitons un très beau séjour, vous serez sûrement aussi émerveillés que nous l'avons été. Et nous vous attendrons avec impatience pour que vous nous en parliez !
Les trois hommes se firent une accolade chaleureuse.
- Je vais dire au revoir aux autres et récupérer mon Capitaine.
- Oh, ce n'est pas vous le Maître à bord ? s'étonna Aioros.
- Non ! J'ai assez été le dirigeant pour toute une vie, il est temps de me laisser guider au quotidien ! C'est vraiment agréable, même si cela reste parfois difficile de lâcher prise, quand on a quasiment tout contrôlé pendant des centaines d'années !
- C'est sûr, mais vous avez bien raison de laisser les rennes, parfois.
- Je le faisais déjà avant, dans l'intimité, et c'était fort appréciable. Je découvre à présent que cela peut l'être aussi dans la vie de tous les jours.
Saga et Aioros avaient failli s'étouffer, le premier en prenant une gorgée d'eau, l'autre en pleine déglutition.
Shion s'en amusa, leur tapota chacun une épaule, avant de les quitter.
- On va vraiment rester sur ça, en guise d'au revoir ? demanda Saga en s'essuyant la bouche avec une serviette en papier.
- Il est déjà loin, nous n'avons pas trop le choix ! C'est fou ce que Dokho a déteint sur lui !
- A dire vrai, je pense qu'il a toujours été un peu comme cela, dans le fond, sans jamais pouvoir s'autoriser à l'exprimer ouvertement, de par ses fonctions.
- Tu as raison, ce n'est pas la première fois qu'il fait des allusions douteuses ou prononce des phrases hautement interprétables, l'air de rien. Mais il n'avait jamais été aussi… explicite, je crois bien.
- Je n'en ai pas non plus le souvenir. Tant mieux, finit par se réjouir Saga.
Ils se regardèrent, puis se mirent à rire.
- Allons rejoindre les autres, l'invita ensuite Aioros, après ce moment de complicité et de détente.
- Avant cela, je voudrais en profiter pour te parler de quelque chose, rapidement.
- Bien sûr, je t'écoute, mon aimé.
- Le premier anniversaire que nous avons fêté, après notre retour, c'était le tien, il y a deux ans, jour pour jour.
- Oui. Et ce n'était clairement pas la même ambiance…
- Non, en effet, mais Athéna tenait à ce que nous organisions cette soirée pour toi, et Elle avait parfaitement raison. Nous étions encore tous un peu confus, pas encore unis, mais une chose nous rassemblait, cependant : la volonté de te souhaiter un bon retour parmi nous, de t'assurer que tu avais ta place, te communiquer la joie unanime de te savoir en vie et à nos côtés.
- Tu ne semblais pas partager cette joie... grimaça Aioros.
- Bien sûr que si, amour ! Je ne savais simplement pas quoi faire de tous ces sentiments qui m'envahissaient. J'avais simplement une certitude, je devais absolument te tenir éloigné de moi. Notre échange, quand j'ai traversé les Temples un par un pour présenter à chacun mes excuses, ne m'avait pas laissé de doutes sur tes sentiments et tes espoirs à mon égard.
- Et tu ne voulais surtout pas y répondre.
Il n'y avait nul reproche, dans le ton du Sagittaire, tout ceci était de l'histoire ancienne.
- Non. Et ce soir-là, pendant la fête pour ton anniversaire, nous nous sommes retrouvés sur la terrasse, juste là, derrière cette porte vitrée ouverte. et tu m'as demandé quelque chose. Je voudrais que tu me reposes la même question, maintenant. Tu vois de quoi je parle, je suppose ?
- Évidemment, mon aimé, répondit Aioros, alors que Saga lui avait pris les deux mains pour les serrer fort.
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Flashback
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Le Sanctuaire,
Palais du Grand pope, Salon doré.
Lundi 30 Novembre 1987
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Aioros retrouva Saga sur la terrasse.
Le voyant approcher, le Gémeau se dirigea immédiatement vers la sortie.
- S'il te plaît, tu pourrais m'écouter, au moins ce soir…
Saga se figea à moins d'un mètre d'Aioros.
- Tu te souviens, avant, on fêtait mon anniversaire avec Aiolia, et une fois qu'il était endormi, on était plus que tous les deux. On allait s'allonger sur le toit de mon Temple pour regarder les étoiles avec mon Walkman pour écouter de la musique. Et comme on ne pouvait brancher qu'un casque, c'était le prétexte idéal pour coller nos têtes et nos oreilles. Je savourais ces moments où nous étions si proches, ma main posée derrière toi, la tienne derrière moi, cette envie si forte et partagée d'enrouler nos bras autour de nos corps, de pivoter nos têtes pour joindre nos lèvres, alors que nos souffles se mêlaient, parfois... Nous le savions déjà, alors, nous étions les meilleurs amis du monde, Saga, et nous étions aussi des âmes-sœurs. Rien n'a changé, aujourd'hui, alors, accepterais-tu de monter avec moi sur mon toit, après la soirée ? Aiolia avait gardé mon Walkman et…
- Tout a changé, le coupa Saga sans le regarder dans les yeux car il savait que cela le trahirait.
Il avait écouté Aioros le torturer par chacun de ces mots, rappels d'une époque enfuie qu'il chérissait tant.
- Nos corps sont devenus plus adultes, mais nos cœurs et nos âmes sont les mêmes.
- Bien sûr que non ! répliqua-t-il cette fois en verrouillant son regard au sien. Je n'ai nul droit de me tenir ici, face à toi ! C'est une injure à ta personne de même simplement respirer le même air que toi !
Aioros tendit sa main vers son ami et amour.
- Saga, voyons…
Le bruit sec de l'impact des doigts du Sagittaire claqués sèchement par ceux du Gémeau résonnèrent durement dans le silence.
- Ne me touche pas ! Ne… me touche plus jamais...
- Je…
- Vis ta vie, profite de cette chance, oublie-moi, Aioros, je te l'ai déjà dit ! le coupa-t-il encore en reculant.
- Je ne pourrais jamais faire cela !
- Il le faut.
- Pas alors que je t'ai enfin retrouvé, qu'on a enfin une chance de vivre notre histoire telle que nous la rêvions !
- J'ai tout détruit en te tuant.
- Tu n'as rien fait.
- J'ai laissé faire !
- Tu n'as rien pu faire, c'est différent ! insista Aioros, le cœur broyé. Saga, ne…
- Il suffit ! Ce passé est révolu et nos rêves avec lui ! Nous deux… cela ne se réalisera jamais, Aioros. Je ne pourrais plus jamais prétendre me tenir à tes côtés de cette façon, pourquoi ne peux-tu le comprendre ? T'aimer est déjà un péché !
Aioros s'avança, mais Saga recula d'autant.
- Ne nous fais pas cela, je t'en prie... Pas après tout ce que nous avons traversé pour enfin nous retrouver... Je t'ai tant attendu et espéré…
- Je suis désolé. Reste loin de moi, Aioros, et tu pourras trouver ainsi le bonheur que tu mérites tant et la meilleure façon de profiter de cette seconde chance qui te revient plus qu'à n'importe lequel d'entre nous.
- Pas sans toi ! Cela n'aurait aucun sens !
- Au contraire, c'est à cette seule condition que tu y accéderas. Tu finiras par le réaliser. En attendant, reste loin de moi.
Sur ces derniers mots durs, Saga fit volte-face et disparut rapidement entre les colonnades de la terrasse couverte, mais ouverte sur l'extérieur de tous les côtés.
Aioros resta un moment les poings et les mâchoires serrées, le cœur broyé dans un étau, le souffle court.
Il arrivait à peine à respirer.
Il ne réagit qu'en sentant l'incroyable cosmos de sa Déesse, qui le rejoignit depuis le Salon.
Le Chevalier mit un genou à terre immédiatement, mais Elle prit son coude et le releva.
- Marchons un moment, je te prie, Aioros.
- Il accepta bien évidemment et Elle tendit la main, alors il lui offrit son bras, très ému et honoré, pour qu'Elle pût l'y poser.
Ils se promenèrent ainsi une dizaine de minutes sur l'immense terrasse dominant le Domaine.
Avec Son amour profond et Sa grande bienveillance, Sa douceur et Sa chaleur, et bien évidemment, Sa sagesse millénaire et l'expérience de dizaines et de dizaines de vies, Elle conseilla, rassura, réconforta Son Chevalier, protecteur et sauveur dans cette ère.
Et Elle lui donna la force et le courage de supporter ce terrible dépit amoureux, l'espoir d'y croire encore.
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Fin du flashback.
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- Avant tout chose, je m'excuse pour la peine que je t'aie causé, ce soir-là. Je sais que ce n'était que le début de tout ce que…
Aioros posa deux doigts sur les lèvres de Saga.
- Nous avions convenu de ne plus en parler, en tous cas, pas pour de nouvelles excuses ou ressasser le passé.
- C'est vrai, pardonne-moi.
- Si tu es revenu là-dessus, c'est parce que tu voulais que je te repose la question, c'est bien cela ?
- Oui, s'il-te-plaît, acquiesça le Gémeau avec un sourire entre assurance et timidité.
Aioros marqua une pause, ses yeux se perdant dans l'azur de ceux de Saga, à jamais son horizon.
- Saga, accepterais-tu de monter sur le toit de mon Temple, avec moi, pour écouter de la musique, comme avant, quand la soirée sera finie ?
- Avec plaisir, ´Ros, répondit-il en entremêlant leurs mains qu'il serra fort.
Aioros eut un magnifique sourire qui éblouit presque Saga, un court instant, et fit battre son cœur un peu plus vite.
- J'irai chercher mon Walkman, je ne l'ai pas ramené ici quand nous nous sommes installés.
- Il nous attend sur le toit, avec une couverture, une bouteille d'ouzo, de l'eau maintenue bien froide par Camus pour le préparer dans les règles, des olives et des figues séchées.
- C'est vrai qu'on grignotait, aussi, mais on avait pas souvent de l'ouzo…
- Nous n'aurons sûrement plus très faim ni soif, avec tout ce que nous avons mangé, depuis le début de la soirée, mais je voulais que tout soit à l'identique. Comme avant.
- Comme avant.
Ce n'était que deux mots, mais la charge symbolique et émotionnelle qu'ils portaient était immense, intense.
Aioros porta la main de Saga à ses lèvres et appuya un long baiser dans sa paume.
- Merci, mon aimé. C'est parfait.
- Je te l'ai dit, c'est loin d'être fini.
- Nous devrions rejoindre les autres, car je suis à deux doigts de quitter cette fête pourtant si géniale pour gagner ce toit, avec toi, et oublier tout ce qui n'est pas nous.
- Encore un peu de patience, amour. N'oublie pas que moi, tu m'as pour toute notre vie. Il y a d'autres personnes dont tu dois pouvoir profiter à chaque instant.
Letizia et Santino, bien évidemment.
Aioros hocha donc la tête, raisonnable, et ils retournèrent se mêler aux divers groupes et principalement à ceux où se trouvait sa famille italienne venue exprès pour lui.
Qu'Athèna et Saga avaient fait venir, malgré tous les risques que cela comportait.
Il n'y avait aucun doute à avoir, Aioros était vraiment aimé.
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Bien plus tard, au cœur de la nuit.
Treizième temple,
Appartements des Grands popes.
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Après une douche rapide, Saga et Aioros se glissèrent sous les draps, et s'allongèrent dans leur lit, enlacés et face à face au centre de celui-ci, jambes entremêlées.
- Tu sais, tout ce que j'ai reçu aussi, comme amour et comme cadeaux, m'a vraiment comblé, murmura le Sagittaire au cœur de la nuit, les yeux rivés à ceux de son Gémeau. Mais même les plus incroyables et inattendus, comme l'inauguration de l'écurie avec les magnifiques chevaux, ou la présence de mon père et de Letizia, la venue d'Elrik et son adoption officielle, notre moment incroyable sur le toit, ne changent rien à ce que j'ai dit, ce matin : ma journée d'anniversaire était déjà parfaite du simple fait de m'être réveillé dans tes bras. Et m'endormir cette nuit de la même façon participe à ce sentiment. C'est toi et toi seul qui m'apporte ce sentiment de complétude et de bonheur absolu. Avoir adopté Elrik n'a de sens que parce que c'est toi. C'est avec toi que je veux être père, sinon, cela n'a aucun sens, pour moi. Tout vient de toi. Alors merci, mon amour, mon âme, ma vie. Merci de m'aimer et de l'avoir accepté, merci de nous avoir donné notre chance en luttant parfois si fort et douloureusement contre toi-même.
- Ce que je peux t'aimer, ne put que répondre Saga, ému au possible, en prenant sa main pour embrasser l'intérieur de son poignet. Je ne suis toujours pas certain de te mériter, mais je jure de t'aimer toujours plus fort et d'œuvrer à chaque seconde à te rendre toujours plus heureux.
- Tu y arrives déjà parfaitement bien. Je t'aime, lui dit-il encore avant de lui donner un doux baiser sur les lèvres. Puisque notre Déesse a bercé de son chant les enfants afin qu'ils dorment d'un profond sommeil imperturbable, tu me laisserais te donner un aperçu d'à quel point je t'aime, justement, mon adoré ?
- Je pense qu'Athéna a agi sciemment en ce sens, car malgré la subtilité de sa démarche, le regard qu'Elle nous a porté était, lui, assez explicite. Comprenant cela, j'avais déjà décidé d'une chose : je suis ton ultime cadeau, cette nuit, 'Ros. Si la fatigue n'a pas raison de toi, sache que tu peux faire absolument tout ce que tu veux de moi, et me demander tout ce que tu désires que je fasse, tu seras exaucé. Je suis à toi, je t'appartiens, depuis toujours et à jamais.
- Tout est vraiment parfait, murmura le Sagittaire avant de faire basculer son Gémeau sur le dos.
La journée avait commencé avec tendresse, mais c'était rapidement chargée de passion, donnant à leur danse charnelle le rythme et la sensualité d'un tango.
Elle se terminait avec la même tendresse observée au réveil, mais qui développa ensuite tout un nuancier d'intensité qui fit danser leurs corps unis sur le rythme d'une autre danse de l'amour, une rumba lascive et voluptueuse.
Mais qui connut, au fil des heures, la variété d'un kizomba, danse alternant les mouvements rapides et lents de hanches, toujours aussi colles-serrés comme s'ils ne pouvaient s'éloigner trop longtemps l'un de l'autre.
Ils ne s'accordèrent au final que quelques heures de repos, alors que la journée qui suivait s'annonçait elle aussi bien chargée.
Mais cela leur suffisait, car ce repos était pris dans les bras de l'autre, nourri et ressourcé chacun par son amour et sa lumière.
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A suivre
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Notes :
1 Peplos : C'est une pièce de tissu rectangulaire, à gros plis (comme en portent les Korai de l'Érechthéion) pliée en deux et cousue afin de former une sorte de tube cylindrique dont le haut forme un rabat sur la poitrine (parfois aussi sur les épaules). Les deux moitiés du tissu sont attachées par une agrafe sur chaque épaule. Le péplos est maintenu à la taille par une ceinture. Il est en tissu lourd (laine). Il s'enfile par les pieds en glissant sous les aisselles et est toujours plus long que la taille de celle qui le porte. Il se porte parfois avec une petite cape dans la même étoffe. Ce vêtement est un endyma, on dirait aujourd'hui une robe, ou bien un épibléma, un manteau, mais ce dernier est décrit comme une large étoffe recouvrant une grande partie du corps et de la tête. Chaque année, lors de la fête des Panathénées, on offrait à Athéna un péplos brodé.
2 Erechthéion : ancien temple grec d'ordre ionique situé sur l'Acropole d'Athènes, au nord du Parthénon. C'est le dernier monument érigé sur le site, avant la fin du Ve siècle et il est renommé pour son architecture à la fois élégante et inhabituelle. Il remplace le temple archaïque d'Athéna Polias qui se trouvait entre le Parthénon et l'emplacement actuel et qui fut détruit par les Perses en 480 av. J.-C. lors des guerres médiques. Il est situé à l'emplacement de l'Acropole primitive et regroupait certaines des reliques les plus anciennes et les plus sacrées des Athéniens, car c'est à cet endroit qu'eut lieu la dispute entre Athéna et Poséidon. On y trouvait aussi le Palladion, une statue d'Athéna, consacrée par Cécrops, Roi mythique de l'Attique, et dont on croyait qu'elle était tombée du ciel, les tombes de Cécrops et d'Érechthée, une chapelle dédiée à Pandrose, une des trois filles de Cécrops, toutes les trois prêtresses de l'Érechthéion, un puits d'eau salée, don mythique de Poséidon, et l'olivier sacré, don mythique d'Athéna fait à la population lors de sa dispute avec Poséidon. Une cariatide, ou caryatide (du grec ancien Καρυάτιδες, littéralement « femmes de Caryes », du nom d'une ville de Laconie), est une statue de femme souvent vêtue d'une longue tunique, soutenant un entablement sur sa tête, remplaçant ainsi une colonne, un pilier ou un pilastre. Les Caryatides apparaissent essentiellement sur les édifices d'ordre ionique. Le nom fait référence à celles qui figurent sur le baldaquin de l'Érechthéion, sur l'acropole d'Athènes. L'atlante est une variante masculine de la cariatide. Le nom de « cariatides » pour l'Erechthéion leur a été attribué secondairement, on les appelait auparavant simplement « jeunes filles », en grec Korè. Plusieurs interprétations ont été proposées. Il pourrait s'agir des jeunes filles de Laconie qui dansaient chaque année en l'honneur d'Artémis Karyatis, ou les choéphores de Cécrops, le baldaquin formant la partie visible de son tombeau.
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Merci d'avoir lu ce long chapitre, j'espère que vous l'avez apprécié et qu'il vous a diverti, amusé, touché, plu, peu importe pourquoi ! Même si je suis toujours ravie de le savoir :)
La suite n'arrivera peut-être pas ce dimanche, je ne m'avance pas trop car il reste du travail dessus, bien qu'une partie soit déjà écrite et finalisée. Il sera centré sur la journée du lendemain de cet incroyable anniversaire.
Bonne continuation, bon rétablissement aux malades, prenez soin de vous et de vos proches, et à bientôt, si vous en êtes d'accord !
Lysanea
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