Titre : Le Fil rouge du Destin
Auteur
: Lysanea
Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient sauf Santino, Letizia, Elrik et Simon
Pairing et personnages pour ce chapitre : Saga x Aioros, Simon, Elrik, (Aiolia x Marine, Rhadamanthe x Kanon, Angelo x Shura, Letizia, Santino)

Rating : T

Note :
Bonjour à vous, merci pour votre présence sur ce nouveau chapitre.

Merci Fealina07 ! J'espère que tu vas de mieux en mieux et que tu arrives à t'occuper, te distraire. Je suis contente d'avoir pu y contribuer avec mon précédent chapitre, j'espère que celui-ci te plaira également. Pour te répondre, je n'ai pas d'infos particulière sur la mère d'Aioros/Aiolos, je ne pense pas qu'il y en ai. Mais comme il avait déjà 7 ans à la naissance d'Aiolia, il l'a forcément connu, donc j'ai voulu lui donner une petite histoire Et expliquer, par la même occasion, le pourquoi du choix d'Aioros dans ma fic, même si c'est purement arbitraire, comme je l'avais déjà expliqué je préfère juste ce son à celui d'Aiolos. Bon courage à toi et continue de bien guérir !

Mini-Chan : Merci à toi ! Et bon retour en France encore une fois. Je connais les Baux de Provence, c'est dingue que tu sois là-bas, le monde est petit ! J'ai fais un chantier de fouilles archéo dans le coin, on travaillait sur le Castellas, un château fort médiéval en ruines, qui surplombait la vallée, et on voyait l'Etang de Berre et les Baux de Provence depuis le promontoire rocheux où il était situé. C'était il y a 21 ans, en pleine canicule de l'été 2003, et ça cramait de partout dans la région, c'était bien triste ! Je suppose que tout à repris son éclat et sa beauté, enfin, avec la sécheresse et le changement climatique, ce n'est pas vraiment sûr ! J'espère que tu vas bien te remettre, prends bien soin de toi. Quant au chapitre, merci pour tes mots ! Je suis contente qu'il t'aie plu, malgré l'absence de tes chouchoux, bien que, en effet, Angelo ait été assez efficace et remarquable ! Ils reviendront, Shura et lui, dans un prochain chapitre.

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Bonne lecture à tous !


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Le Fil rouge du Destin.

Chapitre Quarante-et-un : La véritable famille ne se détermine pas par le lien du sang, mais plutôt par le choix du cœur.
(Luccia Oungoya)

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Le lendemain matin
Treizième temple,
Appartements des Grands popes.
Vendredi 1er décembre 1989

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Le petit déjeuner rassembla, vers 9h, autour de Letizia et Santino, Aioros, Saga, Simon, Elrik, Aiolia, Marine, Kanon et exceptionnellement Rhadamanthe, qui ne trouvait pas cela correct d'éviter un repas de famille.

Quelle image cela donnerait-il de Kanon et de leur couple ?

Évidemment que le travail lui donnait une parfaite raison, mais sachant qu'il pouvait aisément s'organiser pour une matinée, sa conscience l'aurait trop travaillé.

Donc, il était là, malgré la présence d'Angelo, aussi invité, à la demande de Simon.
Tout comme Shura, parce qu'Elrik devait absolument goûter son chocolat et ses churros.

Ce matin-là et pas un autre.

Saga et Aioros n'avaient pas de raison de refuser, mais ils veillèrent tout de même à installer Angelo à un bout de leur table à la rallonge dépliée et Rhadamanthe à l'opposé, mais sans visuel l'un sur l'autre.

Mieux valait prévenir que guérir.

Letizia demanda elle aussi à goûter le fameux chocolaté con churros de Shura.
Le café ou le thé ne lui étaient pas interdit, elle devait seulement diminuer les doses journalières.

Mais après tant de fausses couches, elle était extrêmement prudente, et c'était compréhensible.
Tout ce qui était déconseillé devenait, pour elle, interdit.

Aucun commentaire ne fut fait sur sa demande, elle semblait avoir cédé à l'enthousiaste argumentaire de Simon.

Elle s'amusa même avec les enfants en trempant un churro dans le bol d'Elrik, avant de le croquer, provoquant l'indignation de Simon.
Il ne le manifesta que par l'expression outrée de son visage et sa bouche qui formait un O parfait.

Angelo en profita pour lui glisser un autre churro dans la bouche, à son tour, faisant redoubler les rires et l'amusement.

L'ambiance était vraiment excellente.

Les churros de Shura emportèrent un vif succès général, tout le monde y goûta, ceux qui les connaissaient déjà et les aimaient autant que ceux qui les découvraient et y retournaient volontiers.

Angelo lui avait vivement conseillé de prévoir large, les Italiens avaient le bec sucré au petit-déjeuner.

Santino ne cacha d'ailleurs pas son étonnement en découvrant sur la table des restes du buffet salé de la veille, que les Grecs dégustèrent avec plaisir.

Mais ce qui plût beaucoup à l'Italien, ce furent les différents pains proposés, tout juste cuits, dont un à la farine de sésame, le sikaleos, qu'il savoura avec la délicieuse confiture maison ou du miel de thym, tout aussi exquis.

Saga lui prépara une tartine à la mode grecque, avec un peu de fromage et un filet d'huile d'olive.

Même si les Italiens mangeaient de la ricotta dès le matin, notamment dans leur fameux cornetto ou cannoli sicilien, sorte de croissant ou de pâte frite fourrés notamment avec ce fromage frais, le padre se montra quelque peu sceptique, mais il se devait de relever le défi, même si ce n'en était absolument pas un de la part de Saga.

Il avait juste à cœur de lui faire découvrir la cuisine du pays d'origine de son fils.

Santino apprécia l'expérience, et finit sa tartine avec le sourire, analysant en professionnel tous les arômes et les subtilités apportée par l'huile d'olive dégustée de cette façon.

Mais il ne l'a réitéra pas pour autant, car il y avait beaucoup trop de mets différents à découvrir, alors qu'il pensait en avoir fait un large tour, la veille, avec le buffet gargantuesque.
Il préféra plutôt goûter le pain en forme d'anneau aux graines de sésame, le koulouri, celui de Saga étant de loin le meilleur de tout le Domaine.

Et il le valida.

Angelo taquina alors l'aîné des Gémeaux sur le fait qu'il avait été adoubé par beau-papa…

Mais Aioros lui répondit que cela avait déjà été le cas, dès leur première rencontre, ce qui lui valut les félicitations du Cancer, qui était à même d'en comprendre l'importance et le caractère exceptionnel.

Cela n'étonna cependant personne, il s'agissait de Saga, après tout.

Le petit-déjeuner se poursuivit ainsi, voyage culinaire et comparatif entre l'Italie, la Grèce et l'Espagne, avec même quelques détours vers l'Autriche, quand les enfants furent interrogés sur leurs habitudes alimentaires et dérivèrent les viennoiseries et les chocolats à la crème fouettée du dimanche.

Et ce fut un très agréable moment pour tout le monde, sans exception, au terme duquel, d'ailleurs, Elrik appela Rhadamanthe par son prénom et le tutoya de manière tout à fait naturelle, à la satisfaction des principaux concernés.

Ils se saluèrent en se souhaitant une bonne journée et chacun vaqua ensuite à ses occupations.

Simon fut exceptionnellement dispensé de la classe du matin et put aller à Athènes avec Elrik, Saga, Aioros, Letizia et Santino.

Mais avant de quitter le Sanctuaire et le Palais des Grands popes, tout le monde ou presque vint dire au revoir aux Italiens, au cas où ils ne les reverraient pas avant leur départ dans l'après-midi. Ils l'avaient fait spontanément, naturellement, sans se concerter ou que quiconque ne leur fit la demande.

Saga prévint seulement par télépathie qu'ils allaient quitter le Domaine et tous ceux qui n'étaient pas encore venus s'empressèrent de les retrouver, avant qu'il ne fût trop tard.

Une fois assurés que tous les au revoir avaient été fait, le groupe put rejoindre d'abord Rodario, en bandant les yeux de Santino, Letizia et Elrik, puis Athènes.

Il faisait un peu gris, mais il ne pleuvait pas encore, cela devait arriver plus tard dans la journée, selon les prévisions météorologiques. La promenade fut donc agréable, même pour Simon et Elrik.

Si, lorsqu'ils s'étaient retrouvés la veille, ils avaient parlé spontanément en anglais, ce matin-là, les deux enfants passaient de l'anglais à l'autrichien avec une rapidité qui laissaient parfois les adultes perplexes.

Saga avait dit à Simon que s'il souhaitait faire une allusion quelconque au Sanctuaire, à Athéna, aux Chevaliers, aux pouvoirs de chacun, il devait utiliser l'allemand ou l'autrichien avec Elrik. Et que s'il avait peur de ne pas se souvenir de devoir le faire, il valait mieux qu'il lui parlât uniquement dans cette langue.

Même s'ils apprenaient tous aux enfants à ne pas parler une langue devant des personnes qui ne la comprenaient pas, car c'était impoli et irrespectueux, il y avait parfois des exceptions et des nécessités, et leur situation du jour en faisait partie.

Au final, impossible de savoir quel choix Simon avait fait !

Mais de toute façon, les adultes étaient aussi concentrés sur leurs propres conversations et ce qu'ils découvraient ou faisaient découvrir.

Pour titiller un peu la fierté nationale de son padre, Aioros les emmena flâner dans les ruelles de Piaka jusqu'à déboucher "comme par hasard" sur l'agora romaine.

Et effectivement, les yeux de Santino brillèrent de fierté en découvrant cet incroyable vestige archéologique de plus de 110 mètres, témoin du passage et de la domination romaine loin au-delà de ses frontières, et sur une civilisation aussi grande que fut la Grèce antique. Il ne restait pas grand chose, au final, mais les fondations permettaient aisément d'imaginer la grandeur du site. à son apogée

Pour ménager la fierté grecque, tout de même, et éviter les petites piques de comparaison, il évita de les mener à l'agora grecque, justement.
Les Romains en avaient édifié une autre car la grecque était en effet devenue trop petite pour la grande activité commerciale qui faisait alors bouillonner Athènes.

Mais en vérité, ce n'était pas nécessaire, car il suffisait de lever les yeux sur l'Acropole pour que justice fut faite : la Grèce n'avait pas à rougir de son Histoire, quelle qu'en fut le dénouement. Et ce, même si la présence de l'occupation italienne était partout visible, des vestiges de la Rome antique aux châteaux et autres palais vénitiens des périodes suivantes.

C'était plutôt aux Italiens de ne pas oublier les nombreux sacs de villes et de sites prestigieux qu'avaient commis leurs ancêtres de par le monde, au cours de leurs conquêtes et expansion territoriale.

Ce sujet ne fut bien évidemment pas abordé.
Ils avaient tous à cœur de passer une bonne journée.

Et Santino apprécia grandement la visite et ne fut pas avare de compliments et d'éloges.
Ce fut même lui qui demanda s'il était possible de monter sur l'Acropole, son regard y était sans cesse attiré, comme aimanté, chaque fois que la colline sacrée et le Parthénon surgissaient au débouché d'une ruelle, au détour d'une autre, se découpant dans le paysage qu'ils dominaient.

Il était vrai que de venir à Athènes sans y être aller était un peu dommage, même si l'admirer des différents points de vue qu'offrait Athènes et ses environs était déjà exceptionnel.

C'était comme d'aller en Égypte sans voir les pyramides de Guizeh et le Sphinx…

Comme il était déjà près de 13h, et que cette visite demandait au moins deux heures pour vraiment l'apprécier, il fut décidé qu'ils iraient l'après-midi, mais uniquement une partie du groupe.

En effet, Saga devait ramener Simon au Sanctuaire, car il avait une activité de prévu avec les autres apprentis, qui faisait partie de la préparation de l'anniversaire de Seiya, le soir-même.

Le petit garçon était un peu déchiré entre sa volonté de rester avec Elrik qu'il venait à peine de retrouver, et celle de participer plus activement et personnellement à l'anniversaire de l'un de ses aînés préférés. Mais il fut raisonnable et rentra sans faire d'histoires.

Lorsque Saga le déposa dans les cuisines du Treizième, où ses camarades venaient à peine d'arriver et commençaient à enfiler les tabliers, Simon le salua et fila les rejoindre avec un bel enthousiasme.

Le Pope prit le temps de dire un mot à chacun, personnel et enfants présents, avant de regagner son bureau, où il convoqua Shura et Camus.

Lui aussi, avec l'aide de ses deux fidèles compagnons, avait une mission à remplir.
Non pour Seiya, pour qui Aioros et lui avaient déjà tout préparé en amont avec Athéna, et délégué les derniers détails à d'autres, notamment Mu, Aphrodite, Shaka et Shun, mais pour Aioros et sa famille d'adoption.

Son anniversaire était terminé, mais la parenthèse italienne devait être refermée correctement, et Saga avait encore de petites choses à régler pour se faire...

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Un peu plus tard, en fin d'après-midi,
Treizième temple, appartements des Grands popes.

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Simon s'immobilisa devant la lourde porte et frappa aussi fort qu'il put.
Il se demanda malgré tout, en le faisant, si quelqu'un pouvait vraiment l'entendre, tellement ils étaient vastes.

Cela dépendait sûrement d'où la ou les personnes présentes se trouvaient.

Mais Saga et Aioros n'avaient pas besoin d'entendre, ils sentaient qui arrivaient, comme tous les Chevaliers avec ceux qui traversaient leurs Maisons.
Même les employés qui n'avaient pas de cosmos, qui parfois venaient leur rendre visite pour une raison ou une autre.

Normalement, il y avait un autre passage à l'arrière et en souterrain qui avait été réouvert et réaménagé dès les premiers mois de l'installation de la Déesse Athéna, après la Bataille du Sanctuaire.

Ainsi, ils pouvaient aller et venir sans déranger les Chevaliers.

Certains d'entre eux étaient tout de même capables de sentir les présences sans cosmos, peut-être parce qu'ils étaient plus sensibles aux âmes.

- Entre Simon, l'invita Saga.

Le petit garçon n'était pas sûr, avait-il entendu la voix dans sa tête ou bien avec ses oreilles ?
Il commençait à peine à travailler la télépathie avec son Maître. Alors parfois, les voix étaient très claires dans son esprit, mais d'autres, il avait un doute.

Il ouvrit la porte et vit rapidement Saga venir dans sa direction.

- Grand pope, lui dit-il en s'inclinant respectueusement.

- Nous sommes entre nous, Simon, tu peux m'appeler Saga, rappela-t-il en l'embrassant.

Ce qu'il ne faisait aussi qu'en privé.

- D'accord, Saga.

- Viens, suis-moi, j'étais en train de préparer le goûter.

- Elrik n'est pas là ? demanda l'enfant en lui emboîtant le pas jusqu'au salon. Ils ne sont pas encore revenus ?

Saga s'installa et lui fit signe de prendre place à côté de lui, devant la table basse où se trouvaient une corbeille de fruits, une planche à découper, un sac pour les épluchures et un saladier de fruits déjà préparés.

- Le jet qui ramène Letizia et Santino chez eux en Italie a décollé il y a une dizaine de minutes, mais ils doivent aller faire quelques courses encore, avant de rentrer. Ils ne vont sûrement pas tarder. Tu veux manger ou boire quelque chose, en attendant leur retour ?

- Non, merci, je vais attendre qu'ils reviennent. Je peux t'aider ? proposa-t-il gentiment.

- Oui, tu peux éplucher ces quelques clémentines et ces bananes. Bien que tu sois capable de briser des rochers, je préfère ne pas te confier de couteau, pour le moment.

- D'accord. C'est quoi, le goûter que tu prépares ? Une salade de fruits ?

- Je sais que tu les aimes beaucoup, mais il commence à faire un peu froid pour vraiment les apprécier. C'est plutôt la saison des fondues au chocolat, non ?

Les yeux de Simon s'illuminèrent.

- Trop bien ! Avec des guimauves, aussi ?

- On va commencer avec les fruits, on finira peut-être avec quelques guimauves.

- 'ai très bien travaillé hier, à l'entraînement, tu sais, Saga !

Le Gémeau eut un petit rire.

- Est-ce que tu essaies de m'amadouer ?

- Non, non, c'était juste pour parler de ma progression, répondit Simon avec un air innocent qui ne trompa pas le Pope.

Surtout vu le sourire qu'il affichait.

- Je prends note.

- La fondue avec de la guimauve, c'est trop bon ! poursuivît Simon, non pour insister, juste un peu rêveur. On en faisait pour Noël, à l'orphelinat.

- C'est pour cela qu'on a voulu faire ce goûter, avec Elrik et toi. Nous ne sommes pas encore en période de Noël, mais presque.

- Oui, c'est bientôt l'Avent ! Dimanche prochain !

- Nous avons appris que c'était une période très importante, en Autriche, vous faites beaucoup de choses, à cette occasion.

Simon hocha la tête vigoureusement.

- A l'orphelinat, ils ont commencé à préparer les couronnes pour pouvoir allumer la première bougie dimanche, c'est Elrik qui me l'a dit.

- Vous en allumez une tous les dimanches jusqu'au Réveillon de Noël, c'est bien cela ?

Nouveau hochement de tête.

- La première, c'est le pardon de Dieu à Adam et Ève. La deuxième, c'est la foi d'Abraham qui a cru en la Terre promise. La troisième, c'est la Joie de David qui a fait alliance avec Dieu, et la quatrième, c'est tout ce que les prophètes ont dit pour annoncer un monde de justice et de paix en approche. On les allume pour marquer les étapes jusqu'au salut et l'arrivée du messie. C'est ce qu'on nous a appris, à l'orphelinat, et on le répétait chaque année pendant l'Avent, en allumant les bougies. Mais je sais, depuis que je suis arrivé ici, que tout ce qui est dans la Bible, tout ce qu'on m'a raconté, c'est pas tout à fait ça. Maitre Angelo, Marine, Shura, et Aldébaran m'ont bien expliqué, même si c'était vraiment pas facile, au début, je comprenais pas trop… Et ça me faisait un peu peur…

Saga en avait entendu parler, oui…

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Flash back
Le Sanctuaire, arènes d'entraînement
Première leçon de Simon avec Angelo
Juin 1989
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- Environ 60% des atomes de nos corps sont des atomes d'hydrogène. Ces atomes viennent du Big Bang originel. Mais comme l'hydrogène est léger, ces atomes ne contribuent qu'à 10% de notre masse. Ce qui veut dire que 90% de la masse de notre corps vient donc d'étoiles. (2)

Angelo allait poursuivre, mais il se rendit compte du regard vide du petit garçon posé sur lui.

- Y a quelque chose que t'as pas capté ?

- C'est quoi le Bigbang ? Et les atomes ? Et l'hydro… le truc que vous avez dit après ?

- Oh bord… de route, se rattrapa - t-il, conscient de l'attention que lui portait Simon qui attendait ses réponses. Le Big-bang, c'est l'immense explosion qui a créé l'univers...

- Mais c'est pas comme ça que Dieu, il a fait le monde ! Il a pas tout fait exploser ! C'était en six jours et il s'est reposé au septième... C'est ce qui est écrit dans la Bible !

- Tu crois que tu pourrais oublier la Bible et tout ce qu'on t'a appris là-dessus ?

- Pourquoi je ferai ça ?

- Parce que c'est faux.

- Quoi ? s'alarma le petit garçon, paniqué. Mais non, c'est écrit ! C'est dans la Bible ! C'est les saints et les apôtres qui ont tout rapporté !

- Mais la Bible, elle parle pas d'Athéna, pourtant, tu l'as vu, Elle existe, non ?

- Oui, mais… Dieu aussi, non ? Jésus, c'est bien son fils et il a bien été sur la Croix pour nous, parce que les Hommes sont des pêcheurs, non ?

Angelo se pinça l'arrête du nez en soupirant.

- Je vais pas y arriver… *Shurizo* appela-t-il en pensées.

La réponse ne se fit pas attendre.

*Oui ?

T'es dispo ? J'ai besoin d'aide avec Simon.

À quel sujet ?

Ils en ont fait un bon petit chrétien, je lui ai dit que tout était faux et il est au bord de la crise de panique. Je peux pas gérer ça, je connais rien à cette religion, moi. T'as baigné dedans, tu sauras mieux lui expliquer les choses !

Je peux pas venir maintenant, je suis occupé, 'Ge. Passe à autre chose avec lui et je lui parlerai plus tard.

D'accord… merci.

De rien.*

Shura coupa rapidement le lien.
Il devait être très occupé, en effet.

Angelo se souvint alors qu'il devait travailler sur son armure avec Mu.
Il avait donc effectivement besoin de toute sa concentration.

Le Cancer sourit, car malgré tout, il lui avait répondu.
Cela le rendait bêtement satisfait.

- Monsieur Angelo ?

- Ouais, gamin... Et c'est Maître Angelo, pas Monsieur.

- Pardon, Maître Angelo.

- Écoute, oublie tout ça pour le moment, on en parlera plus tard, ok ?

- Mais vous avez dit que Dieu n'existait pas !

- J'ai pas vraiment dit ça… Juste que c'est pas tout à fait ce qu'on t'a raconté… Je peux pas t'expliquer, y a Shura qui viendra le faire mieux que moi. Tu te souviens de lui ?

- Oui… C'est le Chevalier du Capricorne qui sourit pas.

Angelo ricana.

- C'est ça. ˋfin, il sourit, ça dépend, tu verras au fur et à mesure. Et il a un très beau sourire, en plus. Bref, t'inquiète pas pas pour tout le reste, ok ?

- Oui, MonMaître Angelo.

- De toute façon, la parlotte, c'est pas mon truc. Tu faisais du sport, à l'orphelinat ?

- Un peu, oui.

- Sport de combat ?

- Non, des sports collectifs.

- Ouais, logique… Bien, pour commencer, je vais t'apprendre à te battre.

- Mais pourquoi ? s'étonna l'enfant. On a pas le droit de se battre, normalement !

- C'est peut-être pas bien, mais si on t'attaque, savoir te défendre peut te sauver la vie. Et ça, c'est bien, non ?

- Oui…. Mais…

- Mais quoi ?

- Vous devez m'apprendre à contrôler les petites lumières, non ? Ça me servira pas de savoir me battre, je vais pas les frapper !

Angelo se frotta vigoureusement l'arrière du crâne en grimaçant.

- Quel merdier !

- Tout va bien ?

Il se tourna vivement vers la voix qui venait de l'interpeler et qu'il avait reconnu comme étant celle de Marine.

- Ma parole, tu tombes à pic, l'Aigle !

- Arrête de m'appeler comme ça, Angelo, je te l'ai dit cent fois ! soupira-t-elle.

- Ouais, je sais, le prends pas pour toi, je te l'ai répété cent fois aussi… Dis-moi plutôt, t'es libre, là ?

- Ça dépend pour qui et pour quoi faire…

- T'es un bon Maître, tout le monde le sait… tu peux me filer un coup de main avec le gamin ?

- Il s'appelle Simon.

- Me casse pas les…

Le haussement de sourcils de la jeune femme étouffa le reste de la tirade d'Angelo, qui se reprit.

- Ce n'était pas ainsi qu'il allait obtenir son aide.

- C'est ton disciple, c'est à toi de gérer. Ce n'est pas comme si t'en avais jamais eu…

Angelo se crispa.

- Justement. Je veux pas refaire les mêmes erreurs. Ça n'a rien à voir, en plus. Mei était le disciple de Deathmask… murmura-t-il pour être entendu d'elle seule.

- Ok, je comprends l'idée. Tu veux faire les choses bien, cette fois-ci.

- C'est ça. Je te demande pas d'le faire à ma place, juste, aide-moi à démarrer. J'essaie, mais je me prends un mur de questions auxquelles j'arrive pas à répondre. Ou mes réponses amènent d'autres questions… Je suis pas du genre hyper patient, tu me connais…

- Va falloir apprendre, Angelo. C'est aussi ça, avoir un disciple. Faut accepter d'apprendre autant de lui que lui de toi.

- J'm'en fous, de ce que ça me fait ou pas ! Je veux juste lui apprendre à gérer cette merde qui lui tombe dessus.

- D'accord, j'ai compris, calme-toi… répondit Marine. Lui as-tu parlé du cosmos ?

- J'ai essayé en commençant par lui parler d'atomes et d'étoiles, mais c'est parti sur la création du monde, et Dieu, tout ça… Il a été élevé par des bonnes sœurs en Autriche, j'aurais dû m'y attendre…

- Tu étais aussi dans un orphelinat géré par l'Eglise, il me semble, lui rappela la jeune femme.

J- 'me suis barré suffisamment tôt pour pas me faire bourrer le crâne avec leurs conneries… Me regarde pas comme ça, on parle en grec, il pige rien à ce qu'on dit ! ´fin bref, Shura doit lui causer, ce soir, le côté religion, il saura gérer.

- Je vois. Alors on va commencer par lui expliquer ce que sont les atomes et ce qu'est le cosmos. Simon, viens par ici, s'il te plaît, appela-t-elle l'enfant qui s'était un peu reculé. Assis-toi sur les marches.

- Oui, Madame.

- Tu peux m'appeler Marine, souviens-toi.

- D'accord, Marine.

- Bien. Angelo et moi, on va t'expliquer quelques petites choses, tu veux bien ?

- Oui.

- Le corps d'Angelo, le mien, le tien, tous les humains sont faits d'atomes...

- C'est quoi, un atome ?

Angelo leva les yeux au ciel, tandis que Marine s'asseyait à côté de l'enfant sur le gradin en souriant.
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Fin du flashback

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- Et puis, Shura m'a raconté une autre version de l'histoire des bougies, et je la trouve encore plus belle ! était en train de poursuivre Simon, ramenant Saga à leur échange présent. Tu veux que je te la dise ? Je m'en souviens bien, c'était l'histoire du soir de mardi, quand j'ai dormi chez eux !

- Bien sûr, je t'écoute.

Ce fut à Simon de replonger dans ses souvenirs encore frais.

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Flash back
Mardi 28 Novembre
Maison du Cancer

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Shura était allongé dans le lit de Simon, et ils regardaient tous les deux le plafond couvert d'étoiles grâce à la veilleuse qui projetait la Voie lactée sur une large surface.

- Tu veux qu'on fasse une couronne de l'Avent, d'ici dimanche ?

- Mais vous n'en faites pas, ici, les autres me l'ont dit.

- Non. Mais notre Déesse et nos Grands popes tiennent à ce que les enfants n'oublient jamais leurs origines, d'où ils viennent. Cela passe ainsi par le maintien de traditions et de coutumes, c'est pour cela que je t'ai fait cette proposition.

- Mais ce serait bizarre de faire quelque chose en rapport avec Jésus, ici, au Sanctuaire d'Athéna, non ? Les bougies, elles sont allumées pour annoncer l'arrivée du Messie.

- En vérité, Simon, il existe une légende qui remonte à bien avant ce que raconte la Bible.

- Dans les Temps mythologiques où vivait la Déesse Athéna et tous les autres ?

- Quelque part par-là. Certaines légendes sont impossibles à situer dans le temps, c'est ce qui en fait leur mystère et leur beauté. On les retrouve ainsi racontées différemment dans de nombreux pays à travers le monde et les âges. Quand j'étais enfant, on me racontait la même version que toi, les différentes étapes pour attendre la venue du Messie. Mais Aphrodite, qui est né en Suède, m'a transmis cette légende plus ancienne encore, quand nous étions enfants, car il allumait toujours des bougies à cette période de l'année. Veux-tu que je te la raconte ? Ce sera notre histoire du coucher.

- Oui, Shura, s'il-te-plaît ! s'enthousiasma Simon.

Le Capricorne remonta la couverture sur l'enfant et se plaça de façon à pouvoir se lever du lit sans le déranger, s'il venait à s'endormir pendant son récit.

- - Bien, alors ferme les yeux et ouvre bien les oreilles pour entendre l'histoire. Elle approche, déjà, elle est ici, parmi nous, et va parler avec ma voix.

Angelo arriva juste au moment où il commençait son récit, et il s'appuya au chambranle de la porte en silence pour les observer discrètement et avec une grande tendresse.

- Peu après jadis, bien avant maintenant, quand hier était demain et aujourd'hui, encore à naître, au cœur d'un hiver froid et sombre, en un lieu qui pouvait être ici et dans l'ailleurs, quatre bougies brûlaient et se consumaient lentement dans leur bougeoir, certaines à la flamme vacillante. Le silence qui régnait dans cette nuit glaciale était telle que leurs murmurées étaient audibles et que leur conversation pouvait être suivie.

La première bougie soupira soudain et dit : "Mon nom est Paix, je brille d'une lumière claire, mais ce monde est plein de guerres et de conflits, les humains ne veulent plus de moi. Ils ne me souhaitent plus dans leur vie et dans leur relation avec autrui. Ils ne parviennent pas à me garder allumée. Ils n'en ont plus envie". La flamme se réduisit encore et finit par s'éteindre.

À ses côtés, guère plus vaillante, la deuxième bougie dit : "Je suis la Foi, mais je suis devenue inutile. Les humains ne souhaitent plus connaître les Dieux. Ma flamme n'a plus de sens". Alors, elle s'éteignit à son tour.

Triste et avec une douce voix, la troisième bougie murmura : "Mon nom est Amour, je n'ai plus la force de brûler. Les humains m'ignorent, ils ne voient qu'eux-mêmes et pas ceux qu'ils devraient aimer. Ils ne comprennent plus mon importance. Ils oublient d'aimer, jusqu'à ceux qui leur sont le plus cher." Et ainsi, la troisième bougie s'éteignit également.

Un enfant, qui avait bravé le froid et la nuit hivernale pour finalement trouver refuge dans cet endroit hors du Temps, avait entendu leur échange.
Il s'avança vers elles, les larmes aux yeux et leur demanda :

"Qu'est-ce que vous faites ? Vous devez rester allumées !" Disant cela, les larmes coulèrent sur son doux et pur visage innocent. "Votre rôle est de brûler et non pas de vous éteindre".

Alors, résonna la voix de la quatrième bougie qui, elle brûlait toujours, repoussant les Ténèbres et l'obscurité : "Ne t'inquiète pas, aussi longtemps que je brûlerai, aussi longtemps que je resterai allumée, je peux rallumer les autres bougies. Mon nom est Espoir, ou l'on m'appelle aussi parfois Espérance."

Ainsi, avec des yeux larmoyants, certes, mais où l'Espoir avait aussi trouvé refuge pour gagner son cœur et son âme, l'enfant prit la quatrième bougie à la flamme vive et ralluma la Paix, la Foi et l'Amour en ce monde.

Voici ce qui fût ici, cela sera ou ne sera plus, conclut Shura pour refermer son récit.

Il aimait bien utiliser des formules d'introduction et de conclusion au début et à la fin des histoires, contes ou légendes qu'il racontait à Simon, et parfois aux autres enfants du Domaine, au besoin.

- C'est beau, murmura Simon, déjà à moitié endormi, les yeux plein de sommeil mais aussi, d'étincelles. Alors, je veux bien qu'on prépare une couronne avec ces bougies, si on a le temps, Shura. C'est important.

- On le trouvera, Simon, ne t'inquiète pas. On demandera à Aphrodite aussi, il sera ravi, j'en suis certain. Dors, maintenant, il est tard, on s'en occupera demain.

- D'accord. Bonne nuit, Shura, et merci pour l'histoire, et le reste. Bonne nuit, Maître Angelo.

Évidemment qu'il avait senti la présence de son Maître.

- Bonne nuit, P'tit crabe, répondit celui-ci en éteignant la veilleuse à distance.

- Bonne nuit, Simon, lui souhaita enfin Shura en quittant le lit.

Fin du flash back.

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- C'est une belle légende, Simon, c'est vrai, reconnut Saga, qui la connaissait déjà. Et tu sais ce qui est encore plus beau ?

- Non…

- Les Chevaliers d'Athéna sont les Chevaliers de l'Espoir. Cette flamme, tu la portes en toi, et ce sera ton rôle, un jour, de la garder allumée, brûlante, brillante, pour pouvoir toujours rallumer celle de l'Amour, de la Foi et de la Paix, si elles venaient à s'éteindre, en ce monde. Pour Athéna.

Simon hocha la tête, à la fois ému et captivé par les mots de Saga,
Il dégageait tant de force et de tranquillité, à ses yeux d'enfant, il était vraiment exceptionnel.

Et depuis la veille, il se disait qu'Elrik avait vraiment beaucoup de chance d'avoir été adopté par Aioros et lui.

- Tu as donc fabriqué ta couronne ?

- Non, pas encore. Il y avait beaucoup à faire pour préparer l'anniversaire d'Aioros. Shura a dit qu'on le ferait demain. C'est l'anniversaire de Seiya, aujourd'hui, et comme il est tellement gentil avec nous, on voulait vraiment lui préparer quelque chose pour ce soir, avec les autres apprentis. Aioros et toi, et la Déesse Athéna, vous avez dit oui, alors on a pu le faire ! Dommage que tu n'aies pas pu rester, quand tu m'as accompagné !

- J'aurais vraiment aimé, Simon, mais j'avais encore un travail important à faire. Et quand je l'ai terminé, il ne restait pas beaucoup de temps, alors je suis rentré directement ici pour commencer à préparer le goûter et t'attendre. Vous avez pu faire de bonnes choses avec Olga, Aphrodite et Chiara, tu es content ?

- Oui ! Shun est aussi venu, et comme ça, on a réussi les recettes de gâteaux japonais dont je ne me souviens plus le nom, que Seiya adore ! Et aussi des sandwichs au riz ! C'est trop bizarre, Saga ! Ils font des sandwichs avec du riz à la place du pain !

- Il y a beaucoup de gâteau japonais, donc je ne pourrais pas deviner desquels tu parles, mais pour les sandwichs, ce sont sûrement des onigiris.

- Oui ! Même le nom est rigolo ! s'amusa l'enfant avec un petit rire.

- Il va te rester de la place pour la fondue dans ce petit ventre ? le taquina-t-il en le chatouillant.

Simon rit encore plus en se débattant un instant, jusqu'à ce que Saga s'arrêtât.

- On a pas grignoté ! assura-t-il en reprenant son souffle. Pas beaucoup… Et j'ai pas goûté les oni... les onigiris, j'ai dit que j'attendrais ce soir. Les autres sont restés pour le goûter avec les restes, mais comme tu m'avais dit de venir ici, et que je voulais trop voir Elrik, je suis venu dès qu'on a fini !

- D'accord, Simon, c'est bien, tu as été raisonnable. Mais tu peux croquer quelques fruits, si tu veux, cela ne va pas te couper l'appétit. Aioros et Elrik ne vont plus tarder, ils sont sur le retour.

- Merci, Saga. Mais ça ira. Je peux attendre encore un peu.

- Bien. Tu sais, reprit-t-il après une courte pause, je pense à quelque chose, pour la couronne… Pourquoi ne pas organiser un atelier, demain, avec tous ceux qui le souhaitent, pour les fabriquer ? Tu raconteras cette belle légende, en même temps, à tes camarades. A moins que tu n'aies envie de faire cela qu'avec Shura, Angelo et Aphrodite ?

- Non, non, ce serait trop bien de le faire avec tout le monde ! s'enthousiasma-t-il. En plus, Elrik pourra montrer comment faire, lui aussi ! Si tu es d'accord…

- Nous allons le présenter ce soir, mais il y aura beaucoup de monde et d'agitation. Entre vous, demain, ce sera mieux et plus facile de discuter, c'est une très bonne idée. C'est parfait, nous organiserons tout cela demain. On ira chercher le matériel le matin, et on fera l'atelier l'après-midi !

- Tu pourras participer, toi aussi, Saga ? osa demander l'enfant en le regardant avec espoir.

- Je ne pourrais peut-être pas rester toute l'après-midi, Simon, mais au moins une partie, oui, bien sûr, et le plus longtemps possible.

- Génial ! Merci beaucoup !

- De rien, cela me fera très plaisir aussi. Je suis content de te voir heureux, tu sais. Et je suis conscient que Noël est important, en Autriche.

- C'est pas pareil, ici ? demanda-t-il. Enfin, je pense pas au Sanctuaire, mais peut-être à Rodario ou à Athènes et d'autres villes ?

- La Grèce est un pays très croyant, de tradition orthodoxe. Tu connais la différence entre les différentes branches du christianisme, je crois bien.

- Oui, on nous l'a expliqué, cette année. C'était un peu dur à comprendre, mais avec les livres et les dessins, j'ai réussi. Ils croient et prient le même Dieu, mais pas de la même façon, et y a des différences aussi dans les textes, et les noms des choses.

- Les Grecs célèbrent donc aussi Noël, mais différemment, tu as raison. Il y a un peu un mélange entre les anciennes traditions et la religion officielle. Par exemple, le sapin est arrivé récemment et a remplacé une vieille coutume, qu'on retrouve quand même dans de nombreuses villes et villages, celle des bateaux.

- Des bateaux ?

Le Gémeau sourit devant l'air perplexe du petit garçon.

- Oui. C'est comme un emblème national, Simon, nous sommes une terre de marins. C'est pourquoi, à la place du sapin, il y a parfois des bateaux à voiles sur les places centrales. Surtout dans les îles ou dans les villes et villages portuaires, côtiers, en bord de mer. Là où c'est encore une tradition, comme à Rodario, les enfants construisent des bateaux en papier et en bois, qu'ils décorent de ficelles de couleurs. Certains de tes camarades y ont participé, les années précédentes.

- Ils m'ont pas dit ! Et c'est si important, les bateaux ?

- C'est une tradition ancienne à travers laquelle nos ancêtres remerciaient Dieu ou les Dieux, selon les croyances, pour le retour des marins et des navigateurs en vie et en bonne santé, alors qu'ils avaient bravé les dangers pour rapporter de la nourriture à leurs familles.

- Oh, d'accord ! C'est sûr que c'est important, alors ! Ça doit être chouette aussi de fabriquer des bateaux ! Et est-ce qu'il y a des chorales aussi, dans les rues ? Nous, on devait aller chanter devant les maisons des chants de Noël, et parfois on nous donnait un petit cadeau.

- Oui, les enfants font pareil ici, ils vont de maison en maison en chantant ce qu'on appelle les Kalandes, avec des petits instruments de musique pour les accompagner. Et justement, les petits bateaux qu'ils ont fabriqué avant leur servent de lanternes, car ils font souvent cela le soir. Et les habitants qui leur ont ouvert leur porte peuvent glisser dedans des petits cadeaux, des chocolats, des bonbons, ou des petits pains de Noël traditionnels, cela se fait ici aussi.

- Mais c'est trop bien ! s'enthousiasma Simon.

- Nous pouvons envisager de vous faire participer aux célébrations de Rodario, cette année encore. Mais nous n'irons peut-être pas plus loin. Nous n'avons jamais trop suivi les traditions liées à la mer, car de fait, elles sont aussi liées au Dieu Poséidon, et nous ne pouvons nous permettre de manquer ainsi de respect à notre Déesse.

- Oui, bien sûr…

- Mais Aphrodite et Shura avaient emmené les apprentis et les enfants du Domaine dans différentes villes, l'année dernière, pour voir les décorations et choisir des cadeaux. Nous le referons cette année, c'est prévu, mais nous organiserons mieux les choses. Rien de tout cela ne sera religieux, ce sera simplement une occasion de nous amuser ensemble, de sortir du Domaine.

- Mais moi, j'ai déjà eu mon cadeau, puisque maintenant, Elrik est venu vivre ici, avec nous. Enfin, avec vous, plutôt…

Saga jeta un œil au petit garçon qui épluchait une clémentine avec application, le regard baissé, à présent.

- Simon, est-ce que tu es triste qu'Aioros et moi ne t'ayons pas adopté comme Elrik ?

L'enfant se mordit la lèvre sans relever la tête.

- Je ne sais pas… je crois que oui, un peu, j'y ai un peu pensé, aujourd'hui. Je ne suis pas jaloux. Je sais aussi que c'était le seul moyen pour qu'Elrik vienne ici, parce qu'il a pas de cosmos ni de pouvoirs. Et je suis trop content qu'il soit là ! assura-t-il en levant des yeux débordant de sincérité vers Saga. Alors, je ne devrais pas être triste… mais je le suis un peu, quand j'y pense… je suis désolé…

Saga reposa son couteau et sa pomme, s'essuya rapidement les mains et entoura Simon de son bras et le serra contre lui, le surprenant.
Cela ne l'empêcha pas de savourer cette étreinte, il en avait connu si peu, dans sa vie.

- Il y a une bonne raison à notre décision et je vais te l'expliquer, reprit le Pope en le libérant, mais sans trop s'éloigner. Aioros et moi avons vraiment songé à t'adopter, afin de vous élever comme des frères, Simon et toi, dans notre foyer. Mais nous aimerions laisser une chance à Angelo et Shura de le faire.

Simon s'écarta complètement et releva la tête.

- Ils veulent m'adopter ?

Saga se rendit compte, face à ce regard débordant d'espoir, qu'il venait peut-être de faire une grosse erreur en ayant pas suffisamment anticipé l'attente et l'espoir que cela pouvaient faire naître chez Simon.

Alors qu'il n'avait même jamais abordé le sujet avec les concernés...

- Je ne te mentirai pas, Simon, nous n'en avons pas encore parlé, et je ne pense pas que ce soit dans l'esprit d'Angelo, pour le moment. Cela a déjà été difficile pour lui de se voir en Maître, car il pensait qu'il ne serait pas bon dans ce rôle. Alors dans celui de père… Cela n'a rien à voir avec toi, vraiment, c'est simplement lui, ce qu'il pense de lui. Tu comprends ?

- Je comprends, oui.

- Mais j'espère qu'un jour, ils auront cette envie, tous les deux. Je veux leur laisser cette opportunité, au cas où.

- D'accord, je comprends ça aussi, Saga, ne t'inquiète pas pour moi, lui assura Simon avec un sourire sincère.

Le Gémeau lui ébouriffa les cheveux tendrement.

- Tu serais heureux, s'ils t'adoptaient ? reprit-il après une courte pause.

- Oui ! répondit Simon en retournant à son épluchage de fruits. Je serai très chanceux, surtout. Shura est très gentil, avec moi, il me prépare toujours son chocolat chaud trop bon pour le goûter ou le petit-déjeuner, quand je le prends avec eux, et des churros, aussi, comme ce matin

- C'est vrai qu'ils sont délicieux.

- Oh oui, c'est tellement bon, il est trop fort pour la cuisine ! Meilleure que Hilde, à l'orphelinat, alors que j'ai toujours cru que c'était la meilleure au monde ! Et quand je dors chez Maitre Angelo, on lit des histoires le soir, ensemble, comme toi, Aioros ou Kanon, quand vous venez le faire au dortoir, parfois. Et puis, il m'apprend beaucoup de choses, il m'aide à me concentrer, aussi. Au début, j'avais un peu peur, je pensais qu'il était trop sévère ! Mais il est juste très sérieux.

Saga sourit.

- Oui, on peut dire ça de lui.

- Mais il est surtout très gentil ! répéta Simon. On joue à des jeux pour que j'apprenne à être plus concentré. Il est plus patient que Maitre Angelo. Et plus calme, aussi. Et il me fait rire quand il taquine mon Maître.

- Tu aimes vraiment beaucoup, Shura.

- Oui ! confirma Simon en hochant la tête plusieurs fois. Et Maitre Angelo aussi ! Mais c'est mon Maître, c'est pas pareil. Il est tellement fort… et classe, aussi ! Je voudrais être comme lui, quand je serai grand, que je sois Chevalier ou pas. Je sais qu'il a fait du mal, avant, mais c'est plus comme ça, maintenant. Les âmes l'aiment aussi beaucoup, aujourd'hui, elles ont confiance en lui dès qu'elles l'approchent. Il les rassure et les accompagne, je voudrais pouvoir faire pareil, un jour.

- Tu y arriveras, Simon, tu es là pour cela, le rassura le Gémeau. Tu y arrives déjà un peu plus chaque jour et tu progresses vraiment vite.

- Oui, j'espère que j'y arriverai encore mieux. Je veux que Maitre Angelo soit fier de moi. Et… toi aussi, ajouta-t-il timidement.

- Il l'est déjà, tu sais, Simon. Et moi aussi, évidemment.

L'enfant releva les yeux qu'il avait baissé par gêne.

- C'est vrai ?

- Oui. Et il y a de quoi. Au-delà de ton potentiel, tu es un garçon très impliqué.

- Ça veut dire quoi ?

Saga récupéra les clémentines que Simon avait épluché, et lui confia les bananes.

- Cela signifie que tu fais beaucoup d'efforts et que tu t'intéresses à ce qu'on te demande de faire. Tu y accordes de l'importance, à chaque fois. C'est une très bonne attitude. C'est ce qui t'a permis de t'adapter et de t'intégrer si vite, ici.

- D'accord… J'aime bien le Sanctuaire, tu sais, Saga. Je me sens moins seul, ici, tu avais raison, quand tu m'as dit ça, quand vous êtes venus à l'orphelinat avec Aioros. Je peux jouer avec tout le monde, même si on se dispute un peu. Quand ils ont su que j'avais été aux Enfers, ils ont pas eu peur de moi, ils étaient juste impressionnés. C'était cool. Et maintenant que Elrik est là, c'est vraiment trop bien ! C'est encore mieux qu'une famille en Autriche, je crois.

- C'est aussi une grande famille, mais un peu différente. Tu verras, au fil du temps, tu viendras à considérer tes camarades comme des frères et sœurs. Et les Chevaliers plus proches de vous en âge, aussi, comme des grands frères et des grandes sœurs.

- Tu parles de Seiya et des autres ?

- Oui.

- Je les aime beaucoup, eux aussi !

Saga sourit.

En vérité, Simon aimait tout le monde.
Cet enfant avait vraiment une âme très pure et un grand cœur, il lui faisait un peu penser à Shun, mais avec un caractère un peu plus affirmé, malgré tout.

- C'est aussi leur cas, ils t'adorent, ils parlent souvent de toi.

- Ils sont trop gentils avec moi, et avec nous tous. Seiya, Shun et Jabu viennent souvent jouer avec nous ou nous aider à l'entraînement. Et Ichi, au début, j'avais peur de lui, mais en fait, il est trop drôle ! Il fait des imitations et je rigole tellement que j'ai mal au ventre et à la bouche, après. Sasha est même tombée par terre, l'autre jour, à force de rigoler !

- C'est vrai qu'il peut se montrer très amusant. Simon, reprit Saga après une courte pause, je voudrais qu'on discute d'un autre sujet, un peu plus sérieux, avant que Elrik et Aioros ne reviennent. Comme on est que tous les deux, c'est le bon moment. Tu veux bien ?

- D'accord, Saga.

- Je voudrais qu'on parle un peu de ton Maitre.

- Maître Angelo ? Il a un problème ? s'inquiéta immédiatement le disciple.

- Non, aucun. Nous ne l'avons pas fait avant, et je m'excuse d'avoir cette discussion avec toi si tard, alors que cela date de plusieurs semaines, déjà. Tu as appris l'existence de Deathmask, ce qu'Angelo avait été et avait fait, par le passé, n'est-ce pas ? Tu l'as évoqué, il y a un instant, tu as dit que tu savais qu'il avait fait du mal, avant

Simon s'était rembruni à la mention de Deathmask.

- Oui, Grand pope.

- Je te parle autant en tant que Pope, que Saga, mais nous sommes toujours entre nous, alors tu peux continuer de m'appeler Saga.

- D'accord, Saga.

- C'est mieux, sourit l'aîné des Gémeaux. Les choses se passent très bien avec lui, aujourd'hui, mais je voudrais m'assurer que tu vas bien, Simon. Tu sais que tu ne dois pas garder les choses pour toi. As-tu des questions, veux-tu des précisions sans avoir jamais osé demander ? Marine et Shura t'ont déjà dit que tu pouvais parler de tout avec eux et poser toutes les questions sur ton Maitre. Mais si tu en as d'autres, je suis là pour y répondre, aujourd'hui, tu ne dois pas hésiter. Même plus tard. Mais voici une occasion idéale de le faire.

L'enfant se tritura les mains nerveusement, le visage baissé vers le sol.

- J'aime vraiment beaucoup mon Maître. C'est pas facile de penser à ce qu'il a fait, d'y croire. Mais je l'ai senti avec les âmes, quand on était sur la petite montagne, dans le village détruit. Elles étaient… terrifiées. Comme quand on fait un cauchemar et qu'on sait qu'on fait un cauchemar mais qu'on arrive pas à se réveiller.

- Je vois très bien.

- Mais Grand pope… pardon, Saga, mon Maitre, c'est plus du tout la même personne ! le défendit-il en levant ses grands yeux bleus vers Saga.

- C'est le même homme, Simon, mais avec deux trajectoires de vie différentes. Dans la première, il a été Deathmask du Cancer, c'est la voie qu'il a choisie, en un sens. La vie l'a mené à ce terrible choix, alors, on peut se demander s'il y en avait un autre. Mais grâce à notre Déesse, nous avons connu ce miracle de revenir à la vie avec une seconde chance. Seulement, ce n'est pas Deathmask qui est revenu, Simon, tu as raison, c'est Angelo. Et la vie qu'il mène aujourd'hui, avec Shura comme amoureux, toi comme élève, en tant que Chevalier du Cancer exemplaire qui guide et ne traumatise plus les âmes… c'est la vie et le Destin qu'il aurait dû avoir dès le début, si les choses aveitn pu être tracées différemment. Parce qu'au fond de lui, avant que le mal ne s'y installe profondément, c'était quelqu'un de bien. Son âme est bonne, il n'y a aucun doute à ce sujet.

- Comme toi ?

Saga le fixa en haussant un sourcil, surpris.

- Que veux-tu dire par-là ?

L'apprenti Cancer se mordit la lèvre, hésitant visiblement à continuer.
Saga abandonna à nouveau le découpage de fruits qu'il avait reprit et se tourna un peu plus vers l'enfant.

- Simon, tu dois absolument m'expliquer tes propos, ils n'ont rien d'anodin.

- Le méchant Pope, c'était toi, mais avec le mal à l'intérieur, non ? finit-il par répondre. Sauf que toi, c'était vraiment une mauvaise chose qui avait pris ta place, une sorte de mauvais Dieu qui s'est mis dans ton corps et l'a utilisé… c'est pas ça ?

Saga était estomaqué.

- Mais par Athéna et tous les Dieux de l'Olympe et du Panthéon, comment tu sais tout cela ? Qui t'en a parlé ?

- Tu ne vas pas te fâcher ?

- Je ne pense pas, sauf si tu as fait quelque chose qui aurait pu te mettre en danger, ou l'un de tes camarades. C'est le cas ?

- Non… je ne crois pas, en tous cas, répondit honnêtement Simon.

Saga posa sa main sur celles de Simon pour qu'il abandonna la banane qu'il tenait, et le tourna légèrement vers lui.

- Je t'écoute, explique-moi.

- J'ai juste… lu un des livres interdits... avoua-t-il tout penaud, la tête basse.

- Tu veux dire que tu es entré dans le bureau des Popes, puis dans la Salle des Archives, sans permission et que tu as lu l'un de ces livres non autorisés à ton âge ? reformula le Gémeau, de plus en plus surpris.

- Non, je suis passé par la Bibliothèque commune, se défendit-il en le regardant enfin dans les yeux. J'entrerai jamais dans votre bureau sans votre permission, je te le jure, Grand pope ! Euh, Saga !

- C'est déjà cela… Comment as-tu pu accéder aux Archives par la Bibliothèque commune ?

- Le passage dans le mur du fond, je le connais aussi. C'est Aioros et toi qui l'avez construit ? Y a vos prénoms sur l'une des parois, à l'intérieur…

Saga retint tant bien que mal un soupir et une grimace.
Comment disputer Simon, alors qu'il avait lui-même balisé la route de sa propre bêtise.

- Non, il était seulement un peu obstrué et nous l'avons dégagé. J'ai envoyé les débris dans une autre dimension avec mon pouvoir. Nous ne savions pas où il menait, jusqu'à ce que nous poussions le pan de bois recouvert de la tapisserie, et que nous atterrissions aux Archives.

- C'était pareil pour moi.

- Tu étais seul ?

- Oui…

Saga fronça les sourcils.

- C'était très dangereux, Simon, gronda-t-il de sa voix de tonnerre, comme l'appelaient les apprentis. Il aurait pu tout t'arriver, dans ce passage ! Quand nous y sommes entrés, Aioros et moi, nous savions déjà utiliser notre cosmos, et communiquer par télépathie. Le risque était minime. Tu imagines, si tu avais été coincé, si tu t'étais grièvement blessé sans aucun moyen d'appeler à l'aide ?

- Je suis désolé…

- Tu seras puni pour cela, Simon, pour ton imprudence et la mise en danger de ta propre personne. Je vais réfléchir avec Aioros à une juste sanction et en référer à notre Déesse.

- D'accord, Grand pope.

Cette fois-ci, Saga ne le reprit pas.

- Tu as donc lu un des livres interdits ? poursuivit-il d'une voix plus douce, mais toujours ferme. Comment les as-tu trouvés, parmi tous les autres ?

- Je les avais déjà vu. Quand les plus grands font la classe de leur côté, parfois, vous utilisez ces livres. Ils sont trop beaux, ça se voit qu'ils sont très importants ! Alors une fois, j'avais demandé ce que c'était pendant que Mu rangeait la salle, et il m'avait dit que c'était les Chroniques de la Chevalerie d'Athéna. Il y a des chapitres dedans qu'on ne doit pas connaître selon notre âge, on doit apprendre petit à petit, c'est pour ça que ce sont des livres interdits et qu'ils sont gardés aux Archives.

- Et qu'est-ce que tu n'as pas compris dans cette explication pourtant claire de Mu ?

Simon se mordit la lèvre.

- J'ai tout compris…

- Mais tu as été les chercher et les lire quand même.

- C'était trop bien écrit !

Saga regarda longuement Simon, qui finit par se ratatiner sur le canapé.

- Simon, je ne comprends pas, tu es un garçon tellement obéissant, d'ordinaire… Tu es le plus sage de tous les apprentis. Quand tu fais une bêtise, c'est que tu as été piégé ou influencé par tes camarades. Je comprends la curiosité qui t'a poussé à explorer ce passage, j'ai eu la même, 20 ans avant toi. Mais une fois aux Archives, tu aurais dû faire demi-tour, c'est ce à quoi on se serait attendu de ta part. Tu n'aurais même pas eu l'idée de regarder les livres. Pourtant, tu as cherché les livres interdis en particulier et tu en as lu un. Cela ne te ressemble absolument pas.

- Je sais… C'est juste que…

- Je t'écoute. Je dois comprendre tes motivations, c'est important.

Simon recommença à se triturer nerveusement les mains.

- Je voulais savoir… pour Maitre Angelo. Je voulais voir ce qu'on racontait sur lui, dans les livres d'Histoire. Je voulais savoir maintenant, pas quand j'aurais dix ans. Deux ans, c'est long… Et je me disais aussi…

- Oui ? l'encouragea Saga.

- Je me disais que maintenant que je sais lire et écrire le grec, même si j'ai parfois encore un peu de mal, je pourrais peut-être écrire, moi aussi, sur Maitre Angelo… Et que si les livres d'Histoire disaient que du mal de lui, moi, je pourrais rajouter tout ce qu'il fait de bien, maintenant… Quel bon Maître c'est pour moi… C'est vraiment mal de vouloir faire ça ?

Saga sourit avec bienveillance, évidemment touché, encore une fois, par la bonté de ce jeune garçon qui le regardait avec ses grands yeux si bleus et purs.

- C'est une très belle intention, et une noble attention, Simon. Mais tu aurais pu simplement nous demander, nous expliquer tout cela.

- Je l'aurais fait… mais je suis tombé sur ce passage et je suis arrivé aux Archives, alors…

- Je vois. Et sinon, comment es-tu tombé sur ce passage, justement ?

- J'ai trébuché sur la latte en bois décalé du plancher de la bibliothèque et je me suis écrasé sur le mur avec les sculptures. J'ai senti un petit clic en appuyant sur le bouclier de la Déesse Athéna, j'ai cru que j'avais cassé quelque chose, alors j'ai regardé et tâtonné un peu, et en appuyant plus fort…

Saga ne retint pas son soupir, cette fois-ci.
Il avait vraiment balisé la route, cela s'était passé exactement de la même façon, pour lui.

Sauf qu'à cette époque, ils se chamaillaient, Aioros et lui, gentiment, quand c'était arrivé, et c'était en se faisant pousser contre le bas-relief qu'il avait enclenché le passage, son coude enfonçant le bouclier d'Athéna.

Les deux enfants adoraient se rendre à la bibliothèque tard le soir, quand il n'y avait personne, pour s'allonger par terre et lire ensemble ou chacun son livre, ou l'un lisant et l'autre non. Parfois, ils ne lisaient pas, ils discutaient, écoutaient de la musique et cela pouvait amener des petites disputes où ils se poursuivaient entre les rayonnages.

Saga sourit avec nostalgie à cette vague de souvenirs qui l'avait envahi.

- Grand pope ? Saga ?

- Excuse-moi, Simon. Je m'étais perdu dans le passé. Pour en revenir au livre que tu as lu... As-tu lu beaucoup de chapitres que tu n'aurais pas dû ?

Simon rentra à nouveau la tête dans les épaules.

- J'ai lui tout sur notre époque, depuis la naissance d'Athéna jusqu'à la Guerre contre le Dieu Hadès et la résurrection. Je suis désolé…

Saga allait croiser ses bras sur son torse, mais Mu lui avait dit, une fois, que selon les codes de la communication non verbale, ce geste pouvait être perçu comme une volonté de fermer toute discussion, ou une opposition.

Même si il avait un enfant face à lui, il ne voulait pas donner cette impression, alors il reprit son couteau et sa dernière pomme à découper pour s'occuper les mains.
Et avancer aussi, accessoirement, dans la préparation du goûter.

- Cela fait quand même beaucoup d'informations, Simon. Et tu n'en as parlé à personne ? C'est arrivé quand, d'ailleurs, je ne t'ai même pas demandé ?

- Il y a deux jours, alors j'ai pas vraiment eu le temps. J'en ai juste parlé à Elrik, hier soir. Il m'a dit de venir tout te raconter, mais je savais pas comment faire, quand le faire…

- Est-ce que tu lui as parlé de ce que tu as lu ?

- Non ! J'ai bien compris ce que vous m'avez toujours dit, notre Histoire doit rester entre nous. Même si j'aime Elrik très fort, je lui dirai jamais rien, ou pas sans vous demander si je peux, d'abord. Je te le jure, Saga !

- Je te crois, rassure-toi, lui dit-il en tapotant affectueusement son genou. C'est très important et tu l'as compris. Mais ici, en l'occurrence, c'est un peu tôt pour expliquer à Elrik que son père a tué son papa quand il avait 14 ans, parce qu'il était possédé par une entité maléfique, tu ne penses pas ?

Contre toute attente, Simon gloussa.

- Il ne va rien comprendre, si je lui dis ça !

- Alors ne le rendons pas plus confus qu'il doit déjà l'être, depuis son arrivée ici.

- Oui, d'accord, acquiesça Simon en reprenant son sérieux.

- Est-ce que tout va bien pour lui ? Vous n'avez pas eu beaucoup de temps seuls, depuis hier soir, mais il y'a peut-être déjà parlé de ce qu'il ressentait ?

- Il est content d'être ici. Il m'a dit qu'il n'avait pas tout compris à tout ce qu'on lui a dit, ce matin, ni à tout ce qu'il a vu… Mais moi, je m'inquiète pas, il apprend très vite ! Il m'a dit aussi que ce serait pas grave s'il restait bête, du moment qu'il est avec Aioros, toi et moi.

- Il n'est pas bête du tout, loin de là. Il ignore seulement encore beaucoup de choses, mais cela va venir, il vient seulement d'arriver. Et les autres apprentis, les enfants du Domaine, Kiki et toi, vous leur avez parlé de son arrivée, pendant l'atelier cuisine ?

- Ils ont posé beaucoup de questions comme avec moi, au début. Ils veulent tous le voir en vrai, parce qu'ils ont juste vu la photo que j'ai sur ma table, à côté de mon lit, où on est tous les deux. Surtout à cause de ses yeux, ils veulent voir s'ils sont vraiment comme sur la photo. Y a jamais personne qui comprend pourquoi il a des yeux comme ça, c'est un peu énervant, parfois ! soupira Simon.

- C'est que, exception faite d'Ichi, peut-être, bien que ce soit différent, personne n'a jamais vu cela, Simon, alors c'est intriguant, même pour les adultes. Ceux qui ont les yeux comme ça sont souvent aveugles, mais Elrik voit très bien. Il voit même des choses qu'un humain mortel sans cosmos ne devrait pas pouvoir voir.

- Et alors ? Personne n'a la même bouche ou le même nez ! C'est pareil ! Quand Monsieur Li est arrivé à l'orphelinat, l'an dernier, on avait jamais vu de monsieur avec des yeux autant étirés, on avait l'impression qu'il les avait pas ouvert ! Bon, c'est pas vraiment pareil, parce qu'on nous a expliqué après qu'il venait d'un pays où c'était comme ça, donc y a plein de Monsieur Li, alors que Elrik, y a personne comme lui partout dans le monde, j'en suis sûr ! Il a pas les yeux comme tout le monde, c'est tout, mais c'est pas la peine de le dire et de le redire !

- C'est une façon de voir les choses, sourit Saga, amusé par la volubilité de Simon. L'important, c'est que personne ne l'embête à cause de cette particularité. Mais il ne devrait pas y avoir de problème, n'est-ce pas ? Personne n'a dit quoi que ce soit de méchant ?

- Non, non. Ils étaient même un peu déçus que je vienne pas avec lui à l'atelier cuisine. Et puis, je parle tout le temps de lui, depuis que je suis là, donc ils sont contents de le voir en vrai, et peut-être que c'est pas juste pour voir ses yeux, c'est vrai...

- Alors tant mieux. Nous veillerons sur lui, tous ensemble. Nous pouvons compter sur toi ?

- Bien sûr ! C'était toujours Elrik qui me protégeait, à l'orphelinat, mais maintenant, je vais aussi pouvoir le faire. Et pour toute la vie ! Je deviendrai encore plus fort pour lui, et les autres qui ont besoin.

- C'est très bien, Simon. Tu dois garder cette amitié et ce lien très précieusement dans ton cœur et le protéger. C'est un véritable trésor.

- Oui ! Même si on sera pas des amis qui deviendront amoureux comme Aioros et toi, ou Maitre Angelo et Shura, on pourra être comme Kanon et Milo, où Shaka et Mu, des amis qui s'aiment très fort, mais pas des amoureux !

- Exactement. Ce sont aussi de beaux liens très précieux. Et c'est exactement ce que tu as avec Elrik, peu importe la belle plante qui naîtra et se développera au fil des ans. Nous ferons en sorte, nous aussi, de protéger ce lien, comme nous vous protègerons, tous les deux, et chacun des enfants du Domaine. Quand je dis « nous », je parle des adultes, et bien sûr, de notre Déesse.

- Oui ! Elle est comme notre maman à tous ! Même si elle est jeune… Enfin, non…

Ses sourcils s'étaient froncés sous la réflexion, lui donnant un air trop sérieux pour son âge, mais en même temps, malgré tout paradoxalement, assez drôle.

- Mademoiselle Kido n'a que 16 ans, en effet, mais la Déesse Athéna n'a pas d'âge, sourit Saga. Ici, Elle est pleinement Déesse, donc il nous est impossible de lui en donner un. Elle a l'apparence d'une jeune femme, alors que ce n'est qu'une adolescente, mais Elle a l'aura, l'autorité, la puissance et la sagesse d'un être dont on ne compte plus le temps d'existence, ni le nombre de vies. Et tu as raison, Simon, Elle est la mère des êtres humains qu'Elle aime et qu'Elle protège depuis toutes ces ères qu'elle a traversé.

Le futur Chevalier regardait son Pope avec des yeux plein d'admiration, buvant littéralement ses paroles.

- On a vraiment trop de la chance qu'Elle soit restée et qu'Elle soit avec nous.

- C'est bien vrai, acquiesça le Gémeau.

- Mais du coup, les fêtes qu'il y a eu, cet été, c'était aussi pour notre Déesse, pour son anniversaire. Y en a eu une en juillet et une autre en septembre.

- Oui. Le 1er septembre, nous avons fêté la réincarnation de notre Déesse en la personne de Saori Kido, il y a 16 ans. Mais selon la tradition, Athéna est sortie de la tête de Zeus un 28 juillet. Dans les temps anciens, la Cité d'Athènes organisait les Panathénées à cette période pour la célébrer et lui rendre hommage. Ces fêtes duraient deux jours. C'est ce que nous avons reproduit cet été, de manière plus modeste. Et nous avons exceptionnellement permis le passage vers le Domaine aux habitants de Rodario. (3)

- Je ne savais pas, avant, mais maintenant que je sais qu'il y a un grand trou qui nous sépare du village, comment ils ont fait ? Par où ils sont passés ? Ils ont été téléportés ?

Saga eut un petit rire.

- Non, il aurait fallu que Shion, Kiki ou Mu restent sur place, et se relaient, mais ils avaient d'autres tâches à accomplir. Et nous ne voulions pas non plus donner l'impression de filtrer l'entrée, la circulation devait se faire librement. Il y a toujours eu une grande confiance entre les habitants de Rodario et ceux du Domaine.

- Mais comment vous avez fait, alors ?

- Angelo les faisait passer par-dessus le précipice, à distance, par groupes.

Simon ouvrit de grands yeux.

- C'est vrai ?

Saga rit et lui ébouriffa les cheveux.

- Bien sûr que non, je te taquine ! J'ai ouvert un passage avec mon pouvoir. Tu sais que le Domaine est sur une dimension légèrement différente de celle du reste du monde. J'ai relié les deux avec l'Another dimension. De cette façon, en entrant dans le portail, que nous avons matérialisé par deux grandes colonnes, car les mortels ne le voient pas, ils ont pu traverser et sortir sur le Domaine.

- Tu as gardé le passage ouvert tout le temps ? s'exclama Simon. Pendant deux jours ?

- Nous nous sommes relayés, avec Kanon.

- Mais vous avez fait plein d'autres choses ! Tu as gagné à la lutte contre Milo ! Et au lancer de javelot, on a pas réussi à retrouver le javelot tellement tu l'as lancé loin ! Et Kanon a gagné le lancer de disque ! Comment vous avez fait tout ça ?

- Nous maîtrisons notre cosmos depuis très longtemps, Simon, ainsi que nos pouvoirs. Maintenir un passage entre deux dimensions, surveiller qui le traverse pour les protéger ou dans le cas des Panathénées, protéger le Domaine d'une intrusion, c'est quelque chose qui ne me demande pas d'efforts particuliers, je le fais presque naturellement, expliqua-t-il en toute modestie. Ce qui me permet de me concentrer sur autre chose, comme un sport ou une compétition. C'est pareil pour Kanon.

- Vous êtes vraiment trop fort !

- Tu le deviendras, toi aussi, en continuant comme tu le fais à bien t'entraîner et t'impliquer.

- Oui, promis !

Le silence se fit ensuite, confortable.

- Dis, Saga ? reprit Simon après un petit moment.

- Oui ?

- Tu m'en veux beaucoup, pour le livre interdit ?

- Est-ce que j'ai l'air de t'en vouloir même juste un peu ? répondit-il avec un petit sourire en coin.

- Non…

- Alors, tu as ta réponse. Je ne t'en veux pas, parce que j'ai compris ce qui t'as poussé à agir comme tu l'as fait. Mais tu seras quand même puni, car tu as pris des risques et oui, pour cela, je t'en veux. Je tiens beaucoup à toi, Simon, je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit... Qu'est-ce que… Simon ? Que se passe-t-il ?

Les yeux de l'enfant s'étaient littéralement remplis de larmes et elles coulaient à présent sur son visage.

Saga l'entoura de son bras et amena sa tête contre son torse, l'enveloppant de son cosmos si chaud et bienveillant pour l'apaiser.
Quand Simon fut à peu près calme, il se leva, alla chercher un verre d'eau et un mouchoir, qu'il revint lui donner.

Simon se servit des deux.

- Merci… et pardon…

- Tu n'as pas à t'excuser, voyons. Dis-moi juste ce qui s'est passé pour avoir ce gros chagrin, d'un coup.

- C'était pas un gros chagrin… renifla Simon. C'est juste que jamais personne m'avait dit ça…

- Ne t'avait dit quoi ?

- « Je tiens beaucoup à toi ».

Saga ouvrit de grands yeux sous la surprise.

- Mais enfin, Simon, c'est évident, non ?

- Bah… non…

- Mais est-ce qu'on s'occuperait autant de toi, si ce n'était pas le cas ?

- Mais vous êtes obligés… non ? On vous donne pas d'argent pour vous occuper de nous, comme à l'orphelinat ?

Le cœur du Gémeau se serra d'émotion.
Quelle tristesse !

- Non, Simon. Et l'argent qui est donné aux orphelinats pour s'occuper de vous, c'est pour vous acheter de la nourriture, des vêtements, du matériel de classe et de quoi faire des activités, ce n'est en aucun pas pour obliger les gens à faire attention à vous et vous aimer... Tu comprends la différence ?

Simon réfléchit.

- Y a eu un été où l'orphelinat était en travaux, et on a dû aller dans d'autres orphelinats pour quelques semaines. C'était pas des Sœurs, juste des gens comme ça. Ils n'étaient pas très gentils, c'est vrai. On mangeait bien, c'était bon, et on avait des jouets, mais… ils n'étaient vraiment pas gentils. Les orphelins de là-bas trouvaient que j'avais trop de la chance, quand je parlais de mon orphelinat à moi. C'est ça que tu veux dire, Saga ?

- Oui. Si c'est juste un travail pour avoir de l'argent, il n'y a pas besoin de s'intéresser à l'enfant, ni de passer du temps avec lui, de lui demander souvent comment il va. Du moment qu'il mange bien, qu'il dort dans un bon lit et a des jouets, le reste importe peu. Dans ton orphelinat et ici, on fait attention à toi, on se soucie de toi, au quotidien, tu es quelqu'un d'important, pour nous tous. Tu le vois, n'est-ce pas ?

- Oui, bien sûr… Alors ça veut dire que les Sœurs à l'orphelinat m'aimaient bien, aussi ?

- Évidemment, Simon, et le Directeur aussi. Ils prennent très souvent de tes nouvelles, tu le sais déjà, on te le dit toujours.

- Alors… toi aussi, Saga… C'est ce que tu m'as dit, tout à l'heure…

- Oui, Simon, je t'aime beaucoup. Et je ne suis sûrement pas le seul, tu es un garçon adorable, et très attachant.

L'enfant leva les yeux vers Saga.

- Maitre Angelo aussi ?

- Il ne te le dira peut-être pas directement, mais bien évidemment. Je vais même te dire un secret, il n'a jamais été avec personne comme il est avec toi, parce qu'il t'aime vraiment beaucoup.

- J'ai vraiment beaucoup de chance, alors, sourit-il.

- Et il était temps, tu ne crois pas, tu n'as pas eu une vie très facile, jusque-là ?

Simon hocha la tête.

- J'aimais bien l'orphelinat, surtout avec Elrik, mais c'était un peu dur, parfois. Surtout les derniers temps, quand j'ai commencé à devenir bizarre pour les autres. Ici… je me sens vraiment bien. Merci d'être venu me chercher.

- C'est l'une des meilleures décisions que nous ayons prises, cette année, assura Saga.

Il le prit encore un moment contre lui, sans un mot de plus.
Cela ne dura pas très longtemps, où peut-être que si.

En tous les cas, Aioros et Elrik les trouvèrent dans cette position, à leur retour.

Alors que les enfants s'en allaient se laver les mains à la salle de bain, Aioros se rapprocha de Saga et le salua d'u baiser rapide sur les lèvres.
Saga le retint, alors qu'il se reculait déjà.

- Tu crois que je vais me contenter de cela, alors qu'on ne s'est pas vu depuis plusieurs heures ?

Aioros sourit, puis enlaça plus résolument son Gémeau et lui donna le baiser long et profond qu'il réclamait.
Ils se détachèrent ensuite, puis gagnèrent la cuisine où Saga rangea les courses, tandis qu'Aioros se lavait les mains.

- Est-ce que Simon va bien ? Je t'ai senti très ému à divers moments, sans compter la scène très touchante à laquelle j'ai assisté, en arrivant.

- Oui, ne t'inquiète pas, le rassura Saga. Nous avons beaucoup discuté et sur de nombreux sujets, je te raconterai tout quand nous irons nous coucher, après la soirée. Il y a beaucoup à dire et tu risques d'être surpris.

- D'accord, je patienterai.

- Et de ton côté, tout s'est bien passé ? Tu n'es pas trop triste ?

Aioros s'essuya les mains et revint enlacer Saga par derrière, alors qu'il déballait le chocolat dans un petit saladier pour préparer la fondue.

- Je le suis un peu, forcément, mais je reste malgré tout profondément heureux et comblé. C'était un bonheur de les avoir tous les deux, même brièvement. Cela m'a rappelé la première fois où Santino m'a fait visiter le village et l'oliveraie. On était que tous les deux, j'étais arrivé une semaine avant, seulement. À la fin de la balade, on a été à l'oratoire de San Catarina, tu te souviens de ce lieu, je suppose ?

- Bien sûr. Il y avait à l'arrière une terrasse panoramique avec une vue magnifique sur la mer et une partie du village.

- C'est cela. Mon père a prié pour moi et m'a dit qu'il s'occuperait de moi. Ensuite, on est monté à San Bernardo pour surplomber Corniglia et les autres villages, et il a répété qu'il s'occuperait de moi. Tu vois toutes ces terres, tu vois ce village ? Si tu veux rester, ce sera chez toi. Ma maison est la tienne. Aujourd'hui, demain, et tout le temps que nous accorderont le Seigneur et notre sainte Mère de Dieu. Si tu l'acceptes, nous t'appellerons Apollo. Apollo De Angelis, cela sonne parfaitement bien pour un nouveau départ.

- C'était une adoption très rapide, commenta Saga avec un petit sourire, gagné par l'émotion de son Sagittaire.

- Des deux côtés. C'était impossible à expliquer, mais je savais que c'était là que je devais être. C'est par la suite que s'est développé un autre sentiment, ou plutôt deux : la certitude qu'il me manquait une part de moi et celle que j'allais la retrouver. Te retrouver, toi, ma moitié, mon âme-sœur, mon autre.

- Comme je te l'ai déjà dit, lorsque nous étions à Corniglia, je suis heureux que cela ne t'aie pas empêché de vivre tout ce que tu avais à vivre de si beau, avec eux.

- J'ai vécu ce que j'avais à vivre avec eux, en effet. Les lieux sont aussi des liens, et ils sont notre mémoire, je les garde en moi, le village et chacun d'eux. Maintenant, le reste de ma vie, c'est avec toi et ici que je veux et vais la vivre. Toi, Elrik et moi, notre famille.

Saga tourna le visage vers lui et embrassa sa joue à portée.

- Parlant de notre fils, je me demande ce qu'ils font, Simon et lui. Cela ne prend pas si longtemps de se laver les mains…

- Je vais voir ce qui se passe.

Aioros ne les trouva pas dans la salle de bain, mais dans la chambre d'Elrik.

- Non, approche pas, Aioros, on a pas fini ! lui demanda Simon en fanât n'arrête de son petit ceps devant son ami, assit à son bureau. S'il te plaît…

- Est-ce que je peux au moins savoir ce que vous faites ?

- C'est une surprise ! C'est presque prêt ! Tu veux bien attendre, on arrive bientôt !

- D'accord, mais il faut se dépêcher, qu'on puisse profiter du goûter. La fête de Seiya commence à 18h30. Simon, tu dois encore rentrer te changer et nous aussi, on va devoir se préparer.

- Oui, je sais. On fait vite, promis !

- On vous attend dans le salon.

Aioros laissa les enfants en toute confiance et retrouva Saga dans le salon où il avait installé tout le nécessaire pour la fameuse fondue au chocolat.
Il ne restait plus qu'à allumer les bougies chauffe-plat.

- Tu ne préfères pas utiliser l'appareil électrique ? demanda Aioros en les sortant justement de leur boîte.

- Nous sommes le premier décembre, amour, c'est le mois où la lumière est la plus importante dans les foyers, car elle est rare, à l'extérieur. Et la plus belle, la plus naturelle est celle des bougies. C'est plus chaleureux et convivial, aussi. Tu ne penses pas ?

- Si, tu as tout à fait raison.

- Que font les garçons, alors ?

- Ils préparent une surprise, apparemment. Ils m'ont mis à la porte, s'en amusa-t-il. Mais ils ne vont plus tarder, Simon me l'a promis.

- Oui, l'heure tourne. Je me demande si c'était une bonne idée, finalement, ce goûter, juste avant le banquet de ce soir…

- C'était une excellente idée, le rassura Aioros en commençant à allumer les bougies. Ce petit moment entre nous est parfait et bienvenu.

Saga posa un instant sa tête sur son épaule.

- Merci, amour.

- Merci à toi, mon aimé, merci pour tous ces moments si parfaits, répondit le Sagittaire en déposant un baiser entre ses mèches d'or.

- On peut venir ? demanda Simon depuis le couloir. Il faut toujours demander avant d'entrer quelque part, 'Rik, expliqua-t-il à son meilleur ami.

- Bien sûr, on vous attend, lui dit Saga en se redressant.

Les deux enfants entrèrent, Elrik avec ses mains derrière le dos.

- Allez, donne-leur ! l'encouragea Simon avec un grand sourire.

C'était incroyable comme son sourire avait gagné en lumière et en chaleur, depuis qu'il avait retrouvé Elrik.

Ce dernier s'approcha et leur tendit une feuille : un dessin d'enfant, où l'on reconnaissait facilement le crayonné maladroit d'Elrik et les tentatives de limiter le carnage de Simon.

C'était adorable au possible.

Elrik avait représenté tant bien que mal Aioros, Saga, Letizia, Santino, Simon et lui-même.

- Je voulais mettre Aiolia et Marine, et aussi Kanon et Rhadamanthe, mais il n'y avait pas de place. Et Simon voulait que je rajoute Angelo et Shura à côté de lui, mais la feuille était vraiment trop petite ! Alors j'ai mis que nous ce matin dans la ville.

- C'est qu'on est une grande famille, sourit Aioros. Merci beaucoup, Elrik, c'est un très beau dessin.

- Oui, merci, mon grand, ajouta Saga. On va le mettre sur le frigo. C'est ce que font les parents, je crois, avec les dessins de leur enfant ?

Aioros hocha la tête.

- J'en ferai un autre avec le reste de la famille, promis !

Ils allèrent ensemble placarder le dessin avec un aimant, puis retournèrent dans le salon pour enfin commencer cette fameuse fondue au chocolat.

Le goûter fut essentiellement animé par les enfants qui racontèrent à tour de rôle ce qu'ils avaient fait de leur après-midi, Simon dans les cuisines et Elrik en visite de l'Acropole, puis les au revoir à l'aérodrome.

- Notre Déesse était présente, Elle m'a surpris, révéla Aioros. Elle avait un cadeau spécial pour Letizia.

- Elle lui a permis de garder la robe qu'elle portait, hier soir ? crût deviner Saga.

- Oui, en effet, mais pas seulement. Elle lui a offert un bijou, mais il s'agit en fait plutôt d'une amulette protectrice. C'est une broche avec une chouette sur un croissant de Lune, faite en pierre de Lune, justement, qui est apparemment la pierre de la maternité, et en or blanc. Elle est magnifique. Je l'ai prise en photo, tu la verras quand je les développerai.

- J'ai hâte. En vérité, Elle m'en a parlé, mais tout était déjà emballé, donc je n'ai pas eu l'occasion de l'admirer. Letizia a dû être touchée.

- Elle a pleuré, confirma Aioros. Enfin, elle pleurait déjà, cela a fait redoubler ses sanglots. Mais elle était ravie, bien sûr.

- C'est le principal.

- Et Santino est reparti avec les bonnes bouteilles de vin et d'huile d'olive qu'on a sélectionné ensemble, je suis content que tu les aies toutes trouvé. Je suis désolé de t'avoir laissé tout préparer tout seul, cet après-midi.

Pourquoi tu t'excuses, c'est aussi ma famille, c'est normal, répliqua le Gémeau. Je n'étais pas seul, Shura et Camus m'ont donné un coup de main, et Angelo nous a rejoint. Sans parler du personnel de cuisine. On a ainsi pu préparer plusieurs paquets, comme on l'avait évoqué ce matin, avant de retrouver tout le monde pour le petit-déjeuner.

- C'est vrai, vous avez pu le faire ?

- Évidemment. Un pour Sergio et Letizia, en séparant bien ce qu'elle peut consommer sans danger, un pour Ernesto, et un pour ta famille, avec leurs produits préférés, pour ceux qui connaissent déjà, ou un petit échantillon découverte pour les autres, énuméra-t-il. On y a inclus des éléments du buffet d'hier encore frais dont on a pu remarquer qu'ils avaient été fort appréciés. Mu a tout téléporté directement dans le jet.

- C'est vraiment adorable, merci, mon aimé, lui dit Aioros en l'embrassant rapidement sur le dos de la main. Ils étaient déjà gênés, alors qu'ils n'avaient sûrement pas connaissance de tout ce qui les attendait dans l'avion, je vais sûrement me faire disputer au prochain appel ! Mais on ne pouvait pas les laisser repartir les mains vides, je me serai senti trop mal.

- C'était impensable, confirma Saga. Comme on l'a tous les deux pensé ce matin, ils devaient repartir au moins aussi chargés qu'ils ne sont venus.

- Merci d'avoir rendu cela possible.

Cela a vraiment été un plaisir de le faire. La seule difficulté qui s'est présentée, et que la rigueur et la discipline de Shura ont permis de surmonter, a été de nous restreindre et d'être raisonnable. Le frigo du jet n'est pas un tonneau des Danaïdes que l'on peut remplir sans fin, hélas !

- Hélas ! approuva le Sagittaire. Je ne le comprends que trop, je voulais leur faire goûter à tout, hier soir ! Surtout à mon père, en fait. Letizia ne pouvait pas tellement en profiter, j'espère qu'elle n'a pas été trop frustrée.

- Je ne pense vraiment pas. C'était assez diversifié pour qu'elle trouve son compte, malgré tout. Surtout que, grâce à et pour Shaka, Shun et Mu, on avait une belle partie végétarienne dans le buffet. Même plus que végétarienne, puisqu'il n'y avait absolument aucun produit issu d'un quelconque animal dans les préparations.

- C'est vrai. Letizia est d'ailleurs aussi repartie avec un carnet entier de recettes qu'ils lui ont confectionné ce matin, justement, parce qu'elle a montré un vif intérêt pour cette cuisine. Et ils ont fait ça bien, avec une couverture en je ne sais quelle matière, les pages reliés et cousues en cahiers, avec l'écriture très soignée de Mu et des croquis d'Angelo. On t'aurait même fait participer et dessiner, Simon, si tu avais été disponible.

Le futur Cancer leva les yeux vers Aioros et avala son quartier de clémentine au chocolat avant de répondre.

- J'adore dessiner avec Maitre Angelo ! Il m'apprend plein de techniques. C'est grâce à lui que je dépasse moins quand je colorie, ´Rik ! Il est trop fort, il dessine trop bien !

- Je sais, quand on était dans l'avion, il dessinait et parlait en même temps !

- Il dessinait quoi ?

- Des chevaux. Je lui ai dit que j'aimais beaucoup les chevaux, alors il m'a fait des beaux dessins. Y en a même un où je suis dessus ! Alors que j'ai jamais été sur un cheval ! Je te les montrerai plus tard, j'ai pas pensé, hier !

- Oui, je veux trop les voir ! Je t'avais dit qu'il était trop gentil et trop fort, mon Maître !

- Il fait quand même un peu peur… grimaça Elrik.

- Oui, je sais... Et tu l'as pas entendu crier, encore !

- Il te crie beaucoup dessus ? s'inquiéta le petit blond.

- Non, je fais pas beaucoup de bêtises, donc ça va. Il rouspète et grogne, mais…

- Il ne mord pas, intervint Saga.

- Non ! répondit Simon très sérieusement. Mais quand on est en classe ou à l'entraînement, là, il peut crier très fort ! La première fois, je suis tombé par terre tellement ça a grondé à l'intérieur de moi !

- Tu dis ça pour de faux ?

- Non, je te jure, 'Rik ! Les fesses par terre et les deux pieds en l'air ! Tout le monde a commencé à rire, mais ça a pas duré longtemps, parce que Maitre Angelo a tapé du pied sur le sol, et c'était comme un autre tremblement de terre ! En plus, il m'a relevé avec son pouvoir qui soulève les choses et les gens !

- Ouaaaah… Il peut vraiment faire ça, alors ?

- Bah oui, je t'ai jamais menti ! Tu verras, au début, c'est bizarre, mais ça peut aussi être drôle.

- Pas s'il crie !

- Il a une grosse voix et parle souvent fort, c'est vrai que c'est assez impressionnant, leur dit Aioros.

- Mais quand il est avec Shura, il est tout calme, nuança Simon. Enfin, plus calme, mais pas vraiment par rapport à d'autres. Tu verras, ça aussi !

- J'ai un peu vu, ce matin. La couleur d'Angelo, avec celle de Shura mélangée, ça fait comme un tourbillon qui va trop trop vite, mais quand il est avec Shura, je peux regarder sans être étourdi.

- Faudra que tu me le dessines, t'as promis !

- Oui, je le ferai. Je les ferai tous ! assura Elrik. C'est trop beau, Simon, j'avais jamais vu ça, avant ! Les gens ici s'aiment vraiment très fort, ils sont tous mélangés !

- Et moi, tu m'as jamais dit, ma couleur !

- Si, je t'ai dit !

- Non ! Pas la couleur !

- Mais tu brilles trop, je peux pas la voir vraiment. Il y a plein de gens qui ont du doré, mais je vois les autres couleurs aussi. Toi, c'est trop ! C'est encore plus brillant maintenant, c'est tout doré, comme le soleil. Je t'ai toujours dit que t'étais mon soleil, Simon, mais c'est encore plus vrai maintenant !

- Bon, d'accord… se désola un peu Simon, même si on voyait bien qu'il était content de ce que lui disait son ami de toujours. Oh, dites, Saga, Aioros, on peut vous demander quelque chose ? enchaîna-t-il, sa légère déception vite oubliée.

Bien sûr, Simon, répondit Saga.

Les deux adultes avaient observé leur échange avec curiosité et tendresse mêlées, attentifs à leurs propos, car ils pouvaient être de précieux indices sur leur état d'esprit, leurs attentes, leurs ressentis.

Et preneur de la moindre information concernant la capacité si mystérieuse d'Elrik et sa captation des couleurs, celles du coeur, de l'âme, ils n'en savaient trop rien...

- Est-ce que je pourrais dormir encore ici avec Elrik, cette nuit ? Il a jamais dormi tout seul, en fait…

- Nous y avions déjà pensé, le rassura Aioros. C'est d'ailleurs pour cela que nous avons prévu un très grand lit où vous pouvez dormir confortablement à deux. Tu peux donc rester avec lui cette nuit, et même encore deux ou trois autres de plus. Ensuite, nous irons par étapes pour que tu puisses t'habituer progressivement et en douceur, Elrik. Cela te va ?

- Oui. Merci beaucoup.

- Merci ! ajouta Simon. C'est trop bien ! se réjouit-il en gobant un morceau de banane chocolaté avec enthousiasme.

Les deux Popes échangèrent un regard entendu, avant de reporter leur attention sur les enfants qui dévoraient leur goûter avec plaisir et appétit.

- Nous savons que vous vous êtes beaucoup manqués, tous les deux, et que vous avez besoin de vous retrouver. Nous vous accorderons ce temps, bien évidemment. Mais il nous faut poser des limites. Tu seras toujours le bienvenu ici, Simon, pour déjeuner, dîner avec nous, passer la soirée ou dormir avec Elrik.

- Cependant, poursuivit Saga, pour ne pas mettre en danger les liens que tu as créé avec tes camarades, et qui sont très importants, comme tu le sais, tu devras trouver un équilibre entre le temps que tu passeras avec eux, y compris en dehors de la classe et des entraînements, et le temps que tu passeras avec Elrik.

- À terme, vous pourrez concilier les deux, je pense sincèrement qu'Elrik sera accepté et intégré à votre groupe sans difficultés, d'autant que nous avons décidé qu'il irait en classe avec vous. Nous allons déjà le présenter officiellement ce soir à tout le monde, c'est une bonne occasion de faire connaissance et de voir comment les choses se passeront. Et s'il s'en présente malgré tout, des difficultés, nous réfléchirons ensemble au moyen de les surmonter. Mais pour les premiers temps, tu dois veiller à ne pas t'isoler et t'enfermer dans une bulle avec Elrik.

- Tu pourrais ainsi aussi causer de la jalousie, en étant trop souvent et ouvertement chez nous, expliqua Saga. Il n'est pas nécessaire de créer des tensions entre vous, il faut maintenir votre cohésion. Tu comprends ?

- Oui, bien sûr, Grand pope. Je ferai attention, promis !

Quand Saga et Aioros lui parlaient ainsi, que cela touchait à son devoir et son comportement en tant qu'apprenti, il redevenait spontanément plus formel dans sa manière de s'adresser à eux.

Saga choisit de ne pas le reprendre.

- Et nous aussi, nous serons vigilants, assura Aioros. Avec Saga, nous allons faire en sorte de nous occuper de vous tous plus régulièrement, dès le début d'année prochaine, en organisant des ateliers ou des temps de jeux avec tous les enfants du Domaine. Mais ne dis rien aux autres pour le moment, d'accord, Simon, nous avons besoin d'un peu de temps pour nous organiser, encore...

- Promis aussi, Grand pope !

- Merci, Simon, lui dirent-ils d'une même voix.

Saga se leva ensuite et alla chercher un paquet de guimauves, dont il versa un bon tiers dans un des saladiers vides, sous les yeux brillants des enfants.

- On termine la fondue avec ça, puis, vous irez vous préparer pour la soirée.

- D'accord ! Merci Saga !

- Merci, lui dit aussi Aioros en piquant un petit carré coloré pour le plonger dans le chocolat fondu, avant de lui tendre.

Saga le fit rapidement disparaître dans sa bouche.

- Tu veux que je te fasse manger, Simon ? demanda alors Elrik après les avoir regardés faire avec curiosité.

- Non, c'est des trucs d'amoureux ! répondit le futur Cancer. Dis, t'es pas amoureux de moi, hein, 'Rik ? s'alarma-t-il soudain, sous les yeux attentifs des adultes.

Élrik pouffa entre ses deux mains.

- Bah non, t'es bête ! T'es mon meilleur ami pour la vie, pas mon amoureux !

Simon soupira de soulagement.

- J'ai eu peur…

- T'es trop bête, Simon ! s'amusa encore le blond en reprenant son petit pic en bambou pour continuer sa dégustation.

- C'est toi qui as dit que tu voulais me faire manger comme les amoureux ! se vexa presque le brun.

- Je t'ai juste demandé, je savais pas que c'était des trucs d'amoureux ! se défendît Elrik. J'ai jamais vu personne faire ça, moi !

- Vous savez, intervint Aioros, ce n'est pas que pour les amoureux, on peut aussi le faire avec des personnes qu'on aime très fort.

Et Saga et lui tendirent en même temps une guimauve piquée dans le chocolat à chacun d'entre eux.

Les deux enfants se regardèrent, puis firent disparaitre la confiserie dans leurs bouches en même temps, avant de se prendre la main, se regardant à nouveau, leurs yeux reflétant la même joie et émotion.

- On a vraiment trop de la chance, hein, ´Rik ?

- Oui, Simon, on est les plus chanceux de la Terre ! répondit-il avec un sourire plein de dents au chocolat.

- De l'univers, même !

- Non, du monde !

- C'est plus grand que l'univers, le monde ?

- Je sais pas...

Ils tournèrent alors leurs regards interrogatifs vers les deux adultes, dont les yeux débordaient de tendresse pour ces deux adorables enfants.

- C'est quoi le plus grand de tout ?

- C'est ça, répondit Saga.

- Ça, quoi ?

- Le plus grand de tout, leur dit Aioros. Et c'est nous qui sommes plus chanceux que tout ce qui existe.

Simon et Elrik échangèrent un regard, un peu perplexes.

- T'as compris, toi ?

- Non… Et toi ?

- Rien du tout…

Aioros et Saga se mirent à rire en leur ébouriffant les cheveux ou en leur pinçant le nez, les amenant à rire, eux aussi.

Ils terminèrent leur goûter dans cette ambiance très festive, déjà, puis Simon s'en alla pour rejoindre les dortoirs et se préparer pour la soirée.
Les enfants étaient autorisés à y participer jusqu'à 20h, ensuite, ils seront tous envoyés au lit.

- Je pars devant m'assurer que tout se passe bien, tu me rejoins avec Elrik dès que vous êtes prêts ? proposa Aioros à Saga, alors qu'Elrik terminait de se brosser les dents et qu'eux-mêmes rangeaient la cuisine.

- D'accord, accepta le Gémeau, avant de lui voler un rapide baiser.

Mais ce ne fut pas suffisant pour le Sagittaire, qui l'attira derrière la porte pour en réclamer un plus intense, plus profond, bien que court.

- On va devoir s'habituer à des baisers furtifs entre deux portes ou derrière elles, murmura Aioros en s'attardant encore un peu contre ses lèvres. Mais ça peut être assez excitant.

- Je trouve aussi... soupira Saga? Alors file, avant que ça ne le devienne un peu trop !

Aioros s'éloigna sur un clin d'œil et un petit rire.

Il gagna la salle de bain où il passa la tête au moment où Elrik s'essuyait la bouche avec une serviette.
Enfin, il la fixait plutôt, et Aioros devina rapidement pourquoi.

C'était sa serviette, avec son nom brodé dessus.

- Je pars en premier, l'avertit-il, vous me rejoindrez après avec ton père.

- D'accord, papa !

Elrik ne s'autorisait pas encore à les appeler comme cela en présence de Simon, Aioros et Saga l'avaient vite remarqué.
Comprenant et respectant la sensibilité de l'enfant, ils avaient décidé d'être attentifs, eux aussi, à ce genre de chose, lorsqu'ils étaient tous ensemble.

Aioros lui embrassa le front, et par jeu, celui de Saga qui les avait rejoints, au passage, avant de quitter leurs appartements.

Saga passa son bras autour des épaules d'Elrik et l'entraîna vers sa chambre pour l'aider à se préparer.

- Alors, mon fils, tu as une idée de comment tu veux t'habiller, ce soir ?

- Aucune, père. Je n'ai pas de beaux vêtements, j'ai juste un habit du dimanche pour aller à la messe et aussi, ce que j'ai mis hier soir pour la fête. C'est Marine et Letizia qui m'ont habillé dans l'avion, et Angelo a donné son avis.

- Ne t'inquiète pas, Mu, Aphrodite et Kiki ont été t'acheter plein d'habits, tu auras juste à choisir ce que tu préfères. Ils ont beaucoup de goût, je suis sûr que ça va te plaire.

- Merci beaucoup, c'est trop gentil.

Elrik semblait un peu gêné et perdu face à toutes ces attentions.

- Mais de rien, c'est normal. On fera le tri plus tard avec ce que tu as ramené, tu nous diras ce que tu ne veux pas garder de tes anciennes affaires et des nouvelles, et si tu es d'accord, on les donnera aux autres enfants.

- Oui, bien sûr ! Il faut toujours partagé !

- Parfait, merci, mon grand. Alors, poursuivit-il en ouvrant l'armoire, voyons voir ce qu'on a là pour ce soir…

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À suivre...

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Notes :

1. Grand quadrilatère de 111 mètres de long par 98 mètres de large, l'agora romaine (19 - 11 av. J.-C., quartier de Piaka, nord de l'Acropole) a servi à abriter les activités commerciales de la cité lorsque l'agora antique s'est révélée trop petite pour le commerce. On pénètre dans l'agora romaine par l'imposante porte d'Athéna Archegetis, grande structure composée de quatre colonnes qui ressemble à la façade d'un temple et se trouve sur le bord ouest du site archéologique. Cette porte est d'ailleurs bien conservée. Comme l'Agora antique, tout le site était, à l'époque romaine, couvert de maisons et de commerces. Il faut aujourd'hui un peu (pour ne pas dire beaucoup) d'imagination pour se le figurer.

2. Source : (©(Robert Hurt/IPAC/Caltech)

3. Les Panathénées : Les Panathénées (grec ancien : Παναθήναια / Panatếnaia) étaient des festivités religieuses et sociales de la cité d'Athènes. La fête annuelle des Panathénées avait lieu du 23 au 30 du mois d'hécatombéon — premier mois de l'année attique (chaque cité avait son calendrier), équivalent à la deuxième moitié de notre mois de juillet. Selon la tradition, elle est fondée par le roi mythique Érichthonios en l'honneur d'Athéna Polias, Thésée lui donnant son nom de « Panathénée » lors du synœcisme. Tous les quatre ans se tenaient également les Grandes Panathénées, qui comprenaient des concours panathénaïques et qui étaient de trois ou quatre jours plus longs (par exemple des concours de danse, de musique et de récitation d'Homère). Ces concours étaient les plus prestigieux pour les citoyens d'Athènes mais ils n'étaient pas aussi importants que les concours olympiques ou les autres concours panhelléniques. Les Panathénées rassemblent tous les habitants de la cité y compris les femmes et les métèques. Les esclaves ne sont pas admis dans ces célébrations. On distinguait les concours réservés aux Athéniens et les concours ouverts à tous les Grecs. Ces derniers étaient à peu près les mêmes que ceux des concours olympiques, avec de la boxe, de la lutte, du pancrace (pankration), du pentathlon et de la course de chars, l'épreuve la plus prestigieuse. Les concours réservés aux Athéniens étaient quelque peu différents. Ils incluaient une course à la torche jusqu'au Parthénon (l'ancêtre du relais de torche qui a lieu avant les jeux olympiques modernes), des batailles d'infanterie et de cavalerie, un lancer de javelot à cheval, une course d'écuyers-voltigeurs (en grec ancien : ἀποϐάτης / apobátês) ; c'est l'athlète d'une course de char dans laquelle le conducteur devait sauter du chariot, courir à côté puis sauter dedans, la pyrrhique, une danse armée inventée par Athéna, des exercices militaires en musique et un concours de beauté parmi les athlètes, appelé l'euandrion. Dans les dernières années il y avait également une course de trières. Les vainqueurs sportifs étaient récompensés par une couronne d'olivier venant des oliviers sacrés d'Athéna, ainsi que des amphores d'huile d'olive, de même provenance. Ces vases, appelés « panathénaïques », ont été retrouvés en grand nombre en Grèce, en Sicile et en Italie. Ils comportent d'un côté une représentation d'Athéna, de l'autre une illustration de l'épreuve dans laquelle s'était illustré le vainqueur. Les vainqueurs dans le domaine artistique remportaient, eux, une couronne d'or. La tribu dont la trière avait remporté la course gagnait une somme d'or, dont une partie était consacrée à un sacrifice à Poséidon. Les épreuves et concours étaient supervisés par des magistrats spéciaux tirés au sort tous les quatre ans, les athlothètes (ἀθλοθέται). Dans le cas du Parthénon, la frise des Panathénées a été sculptée en marbre puis peinte. Elle était située entre les colonnes et le toit. La frise commençait par décrire les jeunes filles puis les divinités, les jeunes filles apportant le peplos, les sacrificateurs, les porteurs d'offrandes, les magistrats, les chars, les cavaliers et enfin les préparatifs de la procession. La taille de la sculpture était peu saillante ce qui a permis au sculpteur de mieux rendre le mouvement. Les Panathénées sont parfois représentées dans la littérature grecque comme dans le Parménide de Platon où le récit se déroule à cette occasion.


Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous a plus

Je suis encore en réflexion pour le chapitre suivant, je dois organiser les scènes écrites pour bien amorcer la fin qui se dessine de plus en plus nettement.
J'espère pouvoir le poster dimanche prochain, mais ce sera peut-être plutôt dans deux semaines !

Bonne continuation à tous, prenez soin de vous et de vos proches, et si possible, de la planète !

Lysanea