Titre : Le Fil rouge du Destin
Auteur : Lysanea

Disclaimer : aucun personnage ne m'appartient pour ce chapitre
Pairing et personnages pour ce chapitre : Rhadamanthe x Kanon
Rating : T+

Note : Bonjour fidèles lecteurs et lectrices, merci d'être au rendez-vous !

Felina07 : Coucou ! Je suis vraiment désolée que tu te sentes si fatiguée, j'espère que tu tiens le coup ! Ce ne serait pas tes médicaments si tu en as ? Parce que les miens m'endorment que je préfère parfois ne pas les prendre pour rester active. Courage à toi ! Et merci d'avoir pris le temps, encore une fois, de m'écrire un petit mot malgré ton état. Cela me touche vraiment beaucoup. Ne sois pas désolée, alors que beaucoup de gens lisent et sont tout à fait à même de laisser un commentaire, mais ne le font pas ! Prends soin de toi, j'espère vraiment que tu vas vite te sentir mieux !

Mini-Chan : coucou ! je suis tellement désolée d'apprendre que tu as du mal à te remettre. Je me disais que le froid pouvait faire du bien pour ta convalescence, c'est vrai qu'il fait anormalement doux en ce moment, surtout dans le Sud. Tu as évoqué des virus parisiens, je crois bien, est-ce que tu es montée à Paris juste pour un court séjour où tu vas rester ? Je ne te ke souhaite pas, surtout avec les JO qui approchent ! Si tu peux fuir la capitale, fais-le ! Tu sais que tu ù'as fait rêver avec ton voyage en Finlande et en Laponie ! J » adorerai vivre cela, même si moi, j'ai été toujours plus attirée par la Norvège. Tu as lu ma fic « L'homme qui murmure à l'oreille des animaux » donc tu te souviens peut-être comme l'époque, déjà, je m'étais passionnée pour cette région pour pouvoir l'écrire. Je garde une tendresse particulière pour cette fic, j'ai posté assez régulièrement un chapitre par semaine pendant plus d'un an, alors je l'ai vraiment vécu ! Concernant le chapitre, merci, encore une fois ! Je suis contente qu'il t'aie plu et ému, c'était le but ! Et pour ta question au sujet de l'adoption de Simon (tu as écrit Elrik mais j'ai bien compris que c'était Simon évidemment), tu auras ta réponse dans le prochain chapitre ou le suivant, entièrement consacré à tes chouchoux ! Tu m'as aussi posé la question sur le Castellas om j'ai fouillé en 2003. Je t'avoue que nous ne l'avons jamais appelé autrement que « le Castellas » ce qui, en effet, donne peu d'indices, car un castellas est un château fort, majuscule ou pas, il y en a beaucoup en France, à différents stades de ruines ou de conservation. Mais nous, nous étions basés au village en contrebas, la Fare-les-Oliviers, qui nous prêtait un gymnase pour l'hébergement. Je sais qu'aujourd'hui, il y a des randonnées organisées par le Village qui partent de celui-ci jusqu'au Castellas, mais ce n'est pas facile de l'identifier sur son éperon rocheux ! A l'époque où je fouillais, notre équipe collaborait avec une autre d'apprentis restaurateurs du patrimoine archéologique, i ls remontaient les murs des ruines du logis seigneurial. Je ne sais pas où ce sont arrêtés ces deux chantiers. Je n'y suis jamais retournée. Enfin bref, si tu y vas, je serais ravie d'avoir ton opinion à ce sujet. Mais attend quand même d'être en forme, c'est un château fort, enfin, ça l'était, donc ça grimpe sévère ! Prends surtout bien soin de toi !

Bonne lecture à tous !

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Le Fil rouge du Destin

Chapitre Quarante-deux : Le rire est une poussière de joie qui fait éternuer le cœur.

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Caina, Royaume souterrain
Samedi 2 décembre 1989
(Dans la nuit du 1er au 2 décembre)
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La soirée d'anniversaire de Seiya se prolongea encore une fois très tard dans la nuit.
Les derniers vaillants fêtards levèrent le camp à plus de 2h du matin passé.

Kanon en faisait partie, et s'il s'était vraiment bien amusé, il était tout de même heureux de rejoindre enfin Rhadamanthe aux Enfers. Car bien évidemment, le Juge n'avait pas souhaité assister à la célébration de Pégase.

Il ne fallait pas trop lui en demander non plus, même si, pour Kanon, il aurait fait l'effort.
Et c'était justement pour cette raison que le cadet des Gémeaux ne l'avait pas sollicité.

Comme toujours et par respect pour le propriétaire des lieux, même si Rhadamanthe considérait que Caina était désormais leur foyer et que Kanon se sentait effectivement chez lui, chez eux, et parlait bien de Caina comme de leur maison, le portail s'ouvrit dans l'entrée, en même temps que Rhadamanthe était prévenu de son arrivée.

Une façon de sonner à la porte, en somme.

Le Juge lui disait souvent que ce n'était pas nécessaire, qu'il pouvait apparaître n'importe où dans sa maison, même directement dans ses bras, s'il le voulait. Il lui avait même demandé si, s'ils avaient eu une maison à la surface avec des clefs, Kanon aurait sonné à la porte avant d'utiliser ses clés.

Ce à quoi le Gémeau avait acquiescé.
Alors, Rhadamanthe n'avait pas insisté.

C'était un homme de principes et il aimait retrouver cela chez son compagnon.

Lorsque Kanon s'avança à l'intérieur de la maison, il trouva Rhadamanthe dans le salon, assis torse nu dans son fauteuil près de la fenêtre aux rideaux tirés.
Il buvait un whisky en lisant un livre, Désert, de Jean-Marie Gustave Le Clézio, un roman français que lui avait prêté Camus le soir de l'anniversaire d'Aioros.

Car oui, le Second Juge du Royaume souterrain connaissait toutes les langues du monde, vivantes ou mortes, comme ses frères.

Il avait beau avoir un secteur géographique prédéfini, il restait capable de faire comparaître une âme en provenance de n'importe où à la surface. Donc, de la comprendre.
Si le langage des morts était universel, la vie, elle, s'écrivait dans une langue de naissance ou d'adoption, selon les cas.

Le Spectre n'avait pas vraiment besoin de dormir fréquemment, il passait beaucoup de temps à lire. Il le disait également souvent à Kanon, le seul intérêt pour lui d'être dans son lit, c'était quand il s'y trouvait aussi.

Le Gémeau déposa ses affaires sur la table basse avant de le rejoindre pour entourer ses épaules de ses deux bras par derrière.

- Monsieur le Juge, le salua-t-il en l'embrassant dans le cou.

- Messire Chevalier, répondit Rhadamanthe en jouant le jeu des salutations formelles.

Ce qui fit sourire Kanon, alors qu'il posait son menton sur son épaule.
La position n'était pas très confortable, mais à cet instant, il ne voulait être nulle part ailleurs.

- J'ai tardé, excuse-moi.

- Il n'y a aucun problème, si tu t'es bien amusé et en as profité. Est-ce le cas ?

- Oui.

- Personne ne t'a retenu contre ton gré ?

- Non ! rit le Gémeau contre son cou, lui envoyant de délicieux frissons.

- Non pas que je crois cela réellement possible, mais par un chantage affectif, je sais que l'on peut toucher ton cœur. Tant mieux si cela n'a pas été le cas.

- Oui, c'est vrai, mais pas cette fois. C'est seulement que Saga a eu des semaines assez chargées, et notamment ces derniers jours, alors j'ai insisté pour qu'Aioros et lui aillent se coucher assez tôt. Si tant est que minuit puisse être considéré comme tôt… J'ai donc attendu que tout le monde soit bien rentré pour partir.

- Et c'est tout à ton honneur, car c'est ton rôle en tant qu'aîné. Mais même si tu étais simplement resté pour t'amuser, cela n'aurait posé aucun souci, rappela Rhadamanthe en déposant un baiser sur son bras à portée, car il l'entourait toujours tendrement.

- Merci, amour. Je sais que tu m'encourages toujours à profiter d'eux au maximum.

- Alors fais-le, sans penser au reste.

- Le reste, c'est toi, comment pourrais-je faire cela ? répliqua Kanon.

- Tu peux et tu dois penser à moi, mais non en culpabilisant parce que je suis seul, ici. Je m'occupe, je ne fais pas les cent pas en regardant l'heure. Et je suis heureux que tu passes du temps avec tes frères d'armes et tes cadets, c'est important, encore nuire une fois.

- D'accord, répondit Kanon en se redressant. J'ai ramené à manger, si tu veux grignoter quelque chose, pendant que je vais prendre une douche.

- Je te remercie, Kanon, ce sera plutôt pour demain.

- Comme tu préfères. Est-ce que tu as remis la barrière en place ?

- Dès l'instant où tu entres ici, elle s'active pour nous isoler.

- Génial, je vais pouvoir me laver les cheveux et enlever l'odeur de tabac, se réjouit le Gémeau en s'étirant. Une heure avec Angelo et j'ai l'impression d'avoir plongé ma tête dans un bain de cendres.

- Bien qu'enflammer ton cosmos pour les sécher soit une très bonne méthode qui a fait ses preuves pour ne pas dormir la tête mouillée et accessoirement, inonder le lit, et que ma barrière soit puissante, n'oublie pas d'agir avec modération, Kanon. Je n'ai pas envie de voir débarquer mes frères, ils n'attendent qu'un prétexte pour cela.

- Je ferai attention, promis, le rassura-t-il en lui faisant face. Je n'en ai pas plus envie que toi, tu t'en doutes.

- Parfait. Je vais aller ranger la nourriture et je t'attendrai ensuite au lit, lui indiqua le Juge en se levant.

- Je fais vite.

- Prends le temps dont tu as besoin.

Kanon glissa ses bras autour de la taille de Rhadamanthe, qui l'enlaça à son tour.

- C'est toi dont j'ai besoin, répliqua-t-il avant de l'embrasser longuement, savourant le goût du whisky qui n'était jamais aussi bon pour lui que de cette façon. Tu m'as manqué, ajouta-t-il contre ses lèvres, leurs souffles brûlants se mêlant encore.

- Alors file prendre cette fichue douche et rejoins-moi au plus tôt.

Le Gémeau sourit, lui vola encore un rapide et chaste baiser, avant de gagner la salle de bain.

L'idée de le rejoindre traversa l'esprit du Juge, mais il la balaya derechef.
Kanon avait eu une longue journée et une toute aussi longue soirée, il devait avoir besoin d'un certain confort : ils seraient bien mieux au lit.

Un quart d'heure plus tard, ils s'y retrouvèrent effectivement, Kanon avec les cheveux secs attachés en chignon lâche sur la nuque.

Rhadamanthe mit d'autorité son Gémeau sur le ventre, chevaucha ses cuisses et entreprit un long et profond massage pour le détendre, à l'aide d'une huile de massage aux propriétés étudiées pour délier autant les muscles que les sens.

- Je suppose que tu ne veux pas que je te raconte la soirée, murmura le Gémeau, après avoir profité un long moment en silence des mains puissantes, douces et expertes de son compagnon.

- Les événements notables, s'il y en a eu et que tu y tiens, je suis prêt à t'écouter. Mais d'abord, tourne-toi vers moi, je vais te masser devant.

- Merci, t'es un amour, répondit-il en s'exécutant. Je ne vois qu'un fait qui pourrait t'intéresser, réfléchit-il ensuite. Et j'aimerais aussi savoir ce que tu en penses.

Ils se retrouvaient face à face, nus, Kanon totalement offert, et pourtant, malgré le désir qui les parcourait l'un comme l'autre, ils parvenaient à garder le contrôle.

Les respirations lentes et profondes aidaient beaucoup.
Discuter, aussi.

- Lorsque la Princesse Athéna a donné son cadeau à Seiya, en mains propres, Elle a eu un geste qui a surpris tout le monde : Elle l'a embrassé.

Rhadamanthe se figea un instant, quelque peu surpris.
Kanon ne plaisantait pas, il était très sérieux, c'était donc bel et bien arrivé.

- Oh, vraiment ?

- C'était un baiser sur la joue, mais assez bas, ses lèvres presque sur la commissure des siennes. D'après ceux qui étaient les plus proches, elles se seraient même touchées.

- De vraies commères… ne put s'empêcher de soupirer le Juge.

- Non, mais Rhad', cela se comprend, quand même !

- Il est vrai que c'est très surprenant de la part d'Athéna. De mémoire, Elle ne s'est jamais autorisée un tel geste. Il lui est arrivé de baiser le front de certains héros qu'Elle récompensait, mais extrêmement rarement. En tant qu'Athéna Parthenos, sa virginité est sacrée, garante de certains de ses pouvoirs et de ses attributs guerriers. Elle est intouchable.

- Un baiser ne lui ferait pas perdre sa virginité, Rhad', se moqua tendrement Kanon.

- Non, mais Son corps, tout comme celui d'Artémis, d'ailleurs, reste sacré dans son entièreté.

- Sauf que ce n'est pas le sien, rappela le Gémeau, mais celui de Saori... Kido.

Il se mordit la lèvre pour étouffer un gémissement, alors que son Juge infernal attaquait le massage de ses cuisses, insistant sur l'intérieur et le haut et frôlant intentionnellement ses parties les plus intimes.

C'était par jeu, pour le taquiner et non pour l'exciter vraiment, ils étaient en pleine discussion et assez sérieuse, de surcroît, puisqu'ils parlaient d'Athéna.

Alors Kanon tenait bon, mais ils le savaient tous les deux, si Rhadamanthe se penchait un peu trop et que son souffle chaud l'effleurait , juste , toute sa résistance et ses barrières voleraient en mille éclats, comme autant de morceaux d'un verre se brisant violemment au sol.

- En effet, c'est un corps d'incarnation, admit le Juge. C'est peut-être la raison pour laquelle Elle s'est permis un tel geste. Pégase devait être ravi, je suppose Il n'a pas fait de syncope, au moins ?

- Bien sûr que non, soupira le Gémeau, il n'est pas si fragile, quoi que tu en penses !

- Même si je reconnais sa valeur en tant que Chevalier qui a su tenir tête au Seigneur Hadès, il reste un enfant.

- Il n'a pas tenu tête, il l'a défait, Rhad'. Pas seul, mais sans lui, tout aurait été perdu.

- Certes.

- Et Seiya est désormais un adolescent qui a beaucoup grandi et mûri, en deux ans. L'épée d'Hadès fichée en lui pendant des mois lui a laissé de sérieuses séquelles, tant physiques que psychologiques. Ceci, au terme de tous les combats vaillamment menés, a fait qu'à son réveil et durant tous ces mois de convalescence et de lutte pour se rétablir et stabiliser son cosmos, il est devenu plus mature, et a perdu une part de son innocence et de sa naïveté.

- Et c'est tant mieux, Kanon, crois-moi. Foncer dans le tas et ne pas réfléchir n'a jamais permis de remporter une guerre, tu le sais bien. Il a souvent eu soit de la chance, soit de bons alliés, guides et/ou aînés. Sans compter la protection de sa Déesse et son implication particulière.

- Je suis d'accord avec toi. Heureusement qu'il a tout de même gardé son caractère fédérateur, son enthousiasme et sa joie de vivre, malgré tout. Mais là, il a eu une réaction étrange, Rhad', vraiment. J'étais de côté, sur sa gauche, donc j'ai très bien vu et je ne suis pas le seul.

- Et qu'a-t-il donc fait ?

- Le moment de surprise passé, les yeux de Seiya se sont comme voilés, et il a mis soudainement un genou à terre en prenant la main de notre Déesse pour y déposer un baiser, mais sans la toucher vraiment de ses lèvres.

- Ah, il aurait fini par apprendre les bonnes manières…

- Rhad', je suis sérieux ! protesta Kanon en se redressant en position assise, alors que son Juge terminait son massage par ses pieds.

- Je l'entends. Continue, et pardonne-moi mon interruption, agápi mou, s'excusa-t-il en embrassant le creux de sa cheville droite, le faisant frissonner. (1)

Kanon n'eut d'autre choix que d'accepter, il était particulièrement sensible de cette zone.
Encore une fois, si Rhadamanthe décidait de se faire pardonner autrement et en attaquant notamment sournoisement ses zones érogènes, il ne répondrait plus de rien.

Or, il voulait son avis sur l'« incident » avec Seiya.

Il inspira donc profondément et poursuivit.

- Lorsqu'il s'est relevé, il avait l'air confus. Et pendant ces quelques secondes, nous avons tous senti le cosmos de Pégase gagner en intensité, mais sans s'enflammer pour autant.

- Et qu'en as-tu déduit ?

- Nous sommes plusieurs à avoir supposé que l'âme de Pégase s'était soudain réveillée. Tu le confirmes ?

Rhadamanthe en avait fini avec son massage, alors il s'essuya les mains avec un linge prévu à cet effet, tandis que Kanon se glissait sous les draps en lui laissant une ouverture pour pouvoir le rejoindre.

Ce qu'il ne tarda pas à faire.

- D'après ce que tu me décris, cela m'apparaît évident, répondit-il alors à son Chevalier qui avait sagement patienté pour connaître son avis. Comme tu le sais, Athéna ne rappelle jamais l'âme d'un Chevalier, après qu'il ait mené un combat pour Elle dans une ère.

Kanon hocha la tête.

- Elle leur offre le repos mérité.

- Exactement. Seul Pégase s'affranchit de sa volonté, par son amour et sa loyauté pour Elle, depuis les Temps mythologiques. C'est cette volonté qui lui a permis de revenir en tant qu'homme, premier Chevalier et Protecteur de sa Déesse, pour pouvoir demeurer à ses côtés dans un monde où les Dieux et leurs créatures s'effaçaient progressivement. Par la suite, son âme s'est déjà manifestée en combat, par le passé et même dans les Guerres de cette ère, lorsqu'il a été soumis à de fortes émotions. Notamment, lorsque Athéna s'est retrouvée dans un péril plus grand que ne pouvait le gérer son incarnation d'alors.

- J'en ai entendu parler. Nous discutions avec Shion, Mu et d'autres des Armures, la question se posait des ailes sur Sagittarius et de leur absence chez Pégase. Shion nous a révélé que si, elle en a bel et bien, qui n'apparaissent que lorsque son porteur pousse son cosmos à son paroxysme. Il réveille alors le Pégase mythique qui sommeille en lui.

- En effet. Mais il faut que l'Armure ait reçu le sang sacré d'Athéna pour évoluer ainsi en Armure divine.

Kanon fit courir ses doigts le long du bras de Rhadamanthe avec un petit sourire.

- Tu connais vraiment beaucoup de choses sur Pégase, amour.

- Il est le Fléau des Dieux, le Premier protecteur d'Athéna contre laquelle le Seigneur Hadès est en guerre frontale et répétée depuis le début de l'Age des Hommes, et le seul mortel dans l'Histoire à avoir pu l'atteindre et le blesser grièvement, à travers les ères. Évidemment que nous gardons un œil sur lui et ses diverses incarnations depuis toujours.

- Pourtant, vous n'êtes pas censés intervenir à la surface… rappela le Gémeau.

- La surveillance n'est pas de l'ingérence, Kanon, répliqua Rhadamanthe. Elle fait partie de la stratégie, en temps de guerre.

- Soit, reconnut-il en entrecroisant deux de leurs mains, ayant fini par atteindre la sienne à force de caresser son bras. Dans ce cas, j'aimerais te demander autre chose, à son sujet.

- Je t'écoute.

Pégase n'était pas son sujet de prédilection, mais si Kanon avait des questions, il se devait de lui répondre.

- Nous nous sommes souvent fait la réflexion, entre Chevaliers, que Sagittarius semblait être l'évolution de Pégase. Je parle-là stricto sensu de l'Histoire des Protecteurs d'Athéna et de leurs Armures, pas de la mythologie.

- Et pourtant, le lien est établi, Kanon. Si vous vous êtes fait cette réflexion, c'est que vous aviez déjà remarqué de nombreuses similitudes entre eux, entre leurs armures, entre leurs pouvoirs.

- Oui, acquiesça le Gémeau. Les Météores de Pégase, qui deviennent Comète avec plus de puissance, et qui, au final, ressemble pas mal à la Foudre atomique du Sagittaire.

- C'est exact. Tu vois donc où je veux en venir ?

Le Gémeau comprit effectivement très vite.

- Dans la mythologie, Pégase est le Porteur de Foudre de Zeus !

- Exactement. Lorsque l'incarnation de Pégase pousse son cosmos à son paroxysme, qu'il se transcende et s'accomplit entièrement, il devient pleinement Pégase, au point de réveiller son âme ou du moins, un fragment.

- Et il peut accomplir des miracles, comme atteindre le 8e sens et au-delà, même, entrer vivant aux Enfers et en sortir.

- N'y vois nul miracle, Kanon, ce n'est que le résultat du travail rigoureux de l'esprit et de la volonté sur la chair et le corps mortel.

- Tu viens de complimenter Seiya, tu en es conscient ? le taquina-t-il.

- Je ne lui ai jamais refusé la reconnaissance de sa valeur en tant que guerrier. En tous les cas, poursuivit-il, quand il réalise ce travail, il devient effectivement capable de certaines actions normalement hors de portée pour son niveau « de base ». Notamment, pour en revenir à notre sujet, revêtir l'Armure d'or du Sagittaire. Et sans son aide.

- "Sans son aide" ? répéta Kanon.

Le Juge acquiesça d'un léger mouvement de tête.

- Comme tu le sais, les protections des guerriers des Dieux ont une volonté propre, que ce soient les Armures, les Surplis ou les Écailles. Sagittarius, par la volonté d'Aioros et du fragment d'âme qu'elle a gardé à sa disparition, a toujours porté secours à Pégase en le revêtant. Mais il n'avait pas le potentiel et le cosmos nécessaires pour se battre avec. Sa volonté de protéger Athéna ont suffisamment convaincu Sagittarius pour l'aider à porter et supporter son poids et sa puissance. Tu es bien conscient que seuls les Ors peuvent porter leurs Armures, vous n'auriez pas à autant vous entraîner avant de les recevoir, auquel cas.

- Oui, en effet.

- Un autre fait a son intérêt, mais peut-être en avais-tu déjà connaissance : à l'origine, Sagittarius n'avait pas d'ailes. C'est une évolution récente qui s'est transmise en l'état.

- Non, je ne le savais pas. Quand tu dis « récente », cela se traduit en siècles ou en millénaires ? Parce que nous n'avons pas la même notion de ce mot, toi et moi, rappela-t-il avec un petit sourire taquin.

- Au regard de l'Histoire, c'est récent, répondit le Juge en le lui rendant. Cela date du Xe siècle, la seule fois où l'incarnation de Pégase a hérité de Sagittarius car il en était devenu apte et digne.

- Mais tu as dit qu'aucun Pégase n'avait jamais survécu à une Guerre sainte ! s'exclama Kanon en se redressant sur un coude. Attends, est-ce que tu joues sur les mots, sur le fait que Pégase ait péri mais est revenu en tant que Sagittaire ?

- Non, Kanon. Il est entré en guerre en Pégase et il est mort en Sagittaire. Son prédécesseur s'est dressé face au Seigneur Hadès à ses côtés et à ceux d'Athéna qu'ils protégeaient. Il est tombé le premier. L'Armure d'or a alors immédiatement reconnu Pégase comme son successeur et l'a revêtu. Au cours de l'échange qui s'en est suivi, le sang d'Athéna, blessée, aurait coulé sur Sagittarius. Et dans son ultime assaut contre le Seigneur Hadès, lorsque Pégase a brûlé tout son cosmos disponible, les ailes de l'Armure se sont déployées. Cela n'a pas été suffisant pour assurer la victoire à votre camp, mais Athéna et lui sont parvenus à blesser le corps d'incarnation de mon Seigneur, le forçant à le quitter. Après avoir recueilli le dernier souffle de Pégase, Athéna l'a poursuivi et la Guerre à la surface s'est terminée par un statu quo.

- C'est fou… Je ne savais rien encore de cette Guerre. Je ne suis pas remonté aussi loin dans les Archives et l'Histoire de la Chevalerie d'Athéna, je termine bientôt tout ce qui a eu lieu au XIIIe siècle. Enfin, quand j'aurais un peu de temps pour cela.

- Je t'ai révélé la fin de la Guerre sainte du Xe siècle, pardonne-moi, Kanon, s'excusa Rhadamanthe en ramenant leurs mains toujours liées à ses lèvres pour embrasser le dos de la sienne.

- J'ai bien compris qu'elles se finissaient toutes à peu près de la même façon, ne t'inquiète pas. Seuls ceux qui se tiennent aux côtés d'Athéna diffèrent.

- En effet.

- Sagittarius a donc des ailes depuis que Pégase en a hérité « traditionnellement », alors ?

- C'est la seule explication possible, à mon sens. La constellation du Sagittaire, l'archer centaure, hommage de Zeus au plus sage et éclairé de tous, Chiron, n'en a pas, tout comme, à l'origine, aucun centaure n'en possédait. On en trouve beaucoup dans l'art, mais ils ne reflètent aucune réalité. Et lorsque c'est le côté équin qui a des ailes, comment ne pas l'assimiler à Pégase ?

- Mais pourtant, il existe des centaures ailés dans d'autres civilisations très anciennes, fit remarquer le Gémeau. Notamment Pabilsag, en Mésopotamie, souvent mentionné dans les kuddurus datant parfois d'un millénaire avant notre ère et considéré par beaucoup comme l'ancêtre du Sagittaire.

- Pabilsag est une manifestation du Dieu de la guerre Ninurta, ordinairement représenté avec un arc, une flèche et accompagné d'un lion pour le montrer en fier chasseur. La figure de l'archer-centaure ailé ityphallique bicéphale est la forme prise lorsqu'Il a été envoyé par le Conseil des Dieux combattre l'Aigle léontocéphale. Les Mésopotamiens avaient cru lire ce mythe dans les étoiles en identifiant le Sagittaire et l'Aigle, et avaient nommé certaines d'entre elles d'après ce récit. Par exemple, ils situaient la pointe de la flèche de l'archer du Sagittaire dans la constellation du Scorpion, et appelaient Antares « La Brillante de la pointe de la Flèche de Pabilsag ». Mais il n'y a qu'une seule origine à la constellation du Sagittaire, Kanon, c'est l'hommage de Zeus à Chiron. Et il n'avait pas d'ailes.

- Je vois, répondit le Gémeau, qui, encore une fois, avait littéralement bu les paroles de son Juge.

Il ne s'en lasserait jamais, il en était certain, même dans les plus profondes entrailles de l'Eternité.

- Ceci étant dit, cela lui correspond bien, reprit Rhadamanthe. Le Sagittaire qui vise le ciel avec sa flèche représente aujourd'hui l'homme qui s'élève, par ses connaissances et sa sagesse, à la spiritualité, jusqu'au rang des Dieux. A l'image de Chiron qui s'est défait de son côté sauvage et bestial commun aux centaures par la connaissance et la sagesse acquises et transmises. Que ce soit aussi matérialisé par une paire d'ailes n'est pas incohérent.

- C'est vrai. Et franchement, ça lui va bien, à Aioros. Il est vraiment impressionnant, en Armure... poursuivit-il, le ton et le regard rêveurs, volontairement provocateur. Quand il tire sa flèche d'or, il est hypnotisant ! Mais quand il déploie ses ailes majestueuses, et s'il bande en plus son arc pour tirer une flèche et tous ses muscles avec…

- Non mais dis donc, je ne te dérange pas, là ? protesta Rhadamanthe en le renversant dans le lit pour le surplomber. Je t'en prie, continue, décris-moi ce que tu ressens quand tu vois ton beau-frère et ses muscles voler et tirer à l'arc ?

Kanon rit sous lui, alors qu'il le chatouillait et le mordait tout en même temps, se débattant tant bien que mal.
A force, ses efforts payèrent, car il parvint à l'enlacer et le coincer entre ses jambes pour le faire rouler, reprenant ainsi l'avantage.

- Tu veux savoir ? haleta-t-il contre ses lèvres, victorieux, alors qu'il maintenait ses bras au-dessus de sa tête.

Une partie de ses cheveux s'était libérée et formait à présent comme un rideau d'or autour de leurs visages si proches.

- Dis-le si tu l'oses, gronda le Juge, avant de passer sa langue sur sa pomme d'Adam saillante.

Ce qui provoqua inévitablement un aller-retour de celle-ci, alors que Kanon déglutissait pour calmer un sursaut d'excitation.

Il ne prononça pas un mot.

Il lui fit basculer la tête en arrière pour pouvoir le défier du regard, mais surtout, happer ses lèvres et les entraîner dans un long baiser.

Alors qu'il s'était laissé faire jusque-là, Rhadamanthe essaya cette fois de reprendre l'avantage, mais Kanon l'en empêcha, le maintenant fermement sous lui, le dévorant littéralement, et il finit par s'abandonner à son délicieux bourreau.

Lorsque Kanon le libéra enfin, après ce baiser passionné voleur d'âme et de souffle, il regarda son Juge haletant avec un petit sourire pour lui répondre enfin.

- Cela ne me fait rien.

- Vraiment rien ?

- Absolument rien, amour. Surtout comparé à ce que toi, tu me fais, tout ce que je ressens simplement en te voyant. Que ce soit revêtu de Wyverne avec tes immenses ailes sombres, ou habillé, quoi que tu portes, ou encore dans ton plus simple appareil, alangui et comblé après m'avoir dévoré, offert à ma passion ou prêt à me conquérir, même juste en sortant de la douche... À chaque fois, la même vibration, le même vertige, de la joie simple à l'excitation pure.

- Je préfère ce genre de discours, se satisfit Rhadamanthe en attirant son visage pour un nouveau baiser.

Il fut plus tendre et langoureux que le précédent, il y en eu même plusieurs en un seul, car ils se cherchaient, se trouvaient, recommençaient encore et encore.

Après avoir dû y mettre un terme, malgré eux, ils se regardèrent encore un moment en souriant, Rhadamanthe passant et repassant ses doigts dans ses mèches d'or avec tendresse, saisissant parfois l'une d'elles pour respirer leur parfum.

Puis, Kanon bascula sur le côté avec un soupir heureux, et ils reprirent leur position face à face, jambes mêlées sous les draps et mains baladeuses, presque comme douées d'une volonté propre, car elles caressaient distraitement, nonchalamment, simplement par besoin de contact.

- Tu t'y connais beaucoup sur tout ce qui a trait aux Armures, aussi, fit remarquer Kanon pour relancer la discussion. Je croyais que ce savoir était l'apanage des descendants du Peuple de Mu, créateurs des protections sacrées ?

- Les Guerres saintes se sont souvent terminées par une égalité des deux camps, avec de très nombreuses pertes de chaque côté et le retrait des Dieux, rappela le Juge. En tant que Premier général et Spectre le plus puissant de l'armée de mon Seigneur, il était de mon devoir d'analyser chacune d'elles, chaque combat, chaque ennemi, chaque pouvoir, chaque Armure. J'ai effectivement acquis certaines connaissances et eu accès à des savoirs réservés. N'oublie pas non plus que le Peuple de Mu est mortel, que le continent perdu était dans ma zone de Jugement, je ne peux te révéler avec plus de précisions où. Beaucoup d'entre eux se sont donc présentés à mon Tribunal. Et j'ai connu également des Atlantes, même s'ils étaient hors de ma juridiction.

- Mais bien sûr ! s'écria Kanon. Je comprends mieux. C'est vraiment dommage que tu ne veuilles pas te rapprocher de Mu, vous pourriez avoir des discussions si intéressantes, tous les deux !

- J'en ai eu avec Shion, comme tu le sais. Mais je doute que le Bélier actuel ait la maturité suffisante pour accepter que je ne puisse lui donner les réponses qu'il espère à certaines questions.

- Je suis certain que si ! répliqua le Gémeau. Il a une très grande sagesse et une toute aussi grande maturité. Tu le verrais, si tu lui accordais un peu de temps comme tu l'as fait avec Milo.

- Je le vois sur de nombreux points, Kanon, mais quand cela concerne son peuple ou sa famille, ses belles vertus se craquèlent. Et tu en es conscient, tu le sais mieux que personne, en vérité.

- De quoi tu parles ? demanda-t-il, un peu perdu.

- À ses yeux, Shion est intouchable, il est parfait. Mais dès que l'on aborde certains sujets, comme par exemple, la manière dont il t'a traité enfant et a géré ton existence, écornant cette image lisse, il détourne le regard et garde le silence. Comme un fils qui refuse de voir en face les péchés de son « héros » de père. Il n'y a plus de sagesse ou de maturité, à ce moment-là.

Kanon soupira.

- Je te l'accorde.

- Il en va de même pour son histoire et ses ancêtres, poursuivit Rhadamanthe. Shion lui-même me l'a dit, Kanon, le silence que je lui ai opposé à certaines de ses questions, ton cadet ne les aurait pas si facilement accepté, surtout si je les ai effectivement. Dans ce genre de situation, l'affect prend le pas sur la raison.

- Mu est très sensible, c'est vrai, reconnut le Gémeau. Et ce sujet l'est tout autant. Être l'un des derniers représentants de son peuple et ne pouvoir rien faire pour changer cela, laisser Kiki porter la responsabilité de l'extinction définitive le travaille et le touche énormément. Il lui reste un tout petit espoir qu'un enfant apparaisse, comme ce fut le cas pour lui, puis pour Kiki, mais il ne peut pas se reposer là-dessus. Ne pas réussir à rassembler des archives complètes pour faire perdurer la mémoire de ses ancêtres le frustre et l'attriste, également. Mu et l'Atlantide sont déjà perçus comme des mythes. Il a l'impression que son peuple va disparaître comme s'il n'avait jamais existé.

- Et de ce fait, je ne peux avoir de conversation raisonnée à ce sujet avec lui. Ce serait aussi douloureux pour lui que désagréable pour moi.

- Je le comprends tout à fait, à présent. C'est vraiment terrible, comme situation, je ne m'y étais jamais autant attardé, mais je m'en rends bien compte, à présent, se désola-t-il. Une vraie tragédie.

- Comme tout déclin, Kanon, fit remarquer le Juge trois fois millénaires. Que ce soit celui d'un peuple ou d'une civilisation, la chute d'un grand Empire ou d'une petite communauté à l'identité forte sur une île perdue. Tu en as un bel exemple aujourd'hui, avec l'URSS qui s'effondre et le communisme avec.

- Tu penses qu'elle va éclater ?

- Cela a déjà commencé et depuis l'an dernier, si tu regardes en détail ce qui se passe dans chaque Etat. De plus en plus de pays qui la composent où sont sous sa coupe en appellent à la souveraineté nationale, à l'indépendance et à l'autonomie. La Pologne, la Hongrie, l'Ukraine, la Tchécoslovaquie... Les émeutes sont nombreuses et fréquentes, le communisme est rejeté ou a été rejeté autant que le modèle soviétique par de nombreux Etats. Ou il le sera dans un futur proche. C'est aussi la volonté de son dirigeant.

- C'est vraiment tragique, dans certains cas, mais j'avoue qu'en ce qui concerne le modèle soviétique, je n'y vois que du positif.

- Il y en aura sûrement, mais avant cela, il y aura beaucoup de combats et de souffrances, comme après toute chute. Une guerre se termine qui opposait deux grandes puissances et deux modèles, mais reconstruire sur des ruines est toujours une entreprise compliquée et risquée, longue et pénible. Cette partie du monde ne connaîtra pas la paix avant un moment, tu sais.

- J'en suis conscient, assura Kanon.

- Je ne pensais pas que parler de ta soirée nous conduirait en URSS, fit remarquer Rhadamanthe.

- En un sens, on reste dans le thème de la tragédie. Car c'en est aussi une, bien que différente de la chute d'une civilisation ou d'un Empire, que le Destin de Pégase et de la Déesse Athéna. Un amour si fort mais impossible, à travers le temps et les âges, de réincarnation en réincarnation. Quelle tristesse et quelle souffrance ! se désola le Gémeau.

- Pégase aussi bien qu'Athéna n'ont jamais vécu longtemps, et ont toujours péri au terme des Guerres saintes. Ils n'ont pas vraiment eu le temps de souffrir, mon âme, le rassura-t-il en dégageant son front d'une mèche dorée qui s'y égarait.

- Contrairement à aujourd'hui.

- Comme tu l'as justement fait remarquer, Athéna n'est pas dans son véritable corps. Elle pourrait donc se permettre certaines choses. Pourtant, comme Elle l'habite malgré tout, Elle le considère sûrement comme tout aussi sacré. Je doute qu'Elle irait plus loin que ce baiser donné ce soir, cela a déjà dû lui demander une grande préparation, ironisa-t-il.

- Je sais que les Dieux sont imbus d'eux-mêmes et prétentieux, surtout les Olympiens, mais Athéna est différente, la défendît le Chevalier des Gémeaux en se redressant, tenant son rôle plus que jamais.

- Enfin, ouvre les yeux, Kanon ! protesta Rhadamanthe, se relevant lui aussi sur un coude. As-tu oublié qu'Elle a été l'une des trois protagonistes de la querelle de la Pomme d'or de la Discorde, à l'origine de la Guerre de Troie ? Qu'elle a transformé la jeune Arachné en araignée, car elle a eu le malheur de tisser une meilleure tapisserie qu'Elle ?

- Tu prends un raccourci, là ! protesta à son tour le Gémeau. Arachné s'est pendue…

- Humiliée par Athéna furieuse et jalouse de son talent.

- Mais Elle s'en est voulue et lui a offert une seconde vie.

- En araignée.

- Oui, pour qu'elle puisse tisser toute sa vie, puisqu'elle adorait cela !

- Kanon, tu es conscient que c'est ridicule ?

- Pas dans ton monde et celui des Dieux, un monde régit par Zeus, le maître des métamorphoses et où elles étaient courantes.

- Cela ne change rien, en vérité. Elle a une très haute opinion d'Elle-même. Et être l'enfant préféré de Zeus n'a fait que renforcer son sentiment de supériorité. Certes, je reconnais que ses vies humaines l'ont fait gagner en humilité. Mais Elle ne se comporte pas moins comme l'une de vous, Elle ne vous considérera jamais comme égaux.

- Mais enfin, c'est normal, c'est une Déesse !

- En effet. Alors, ne le perd pas de vue.

Kanon se rallongea sur le dos, les yeux rivés au plafond, en pleine réflexion.

Il n'était pas fâché, ni même irrité, il était juste dans ses pensées.

Rhadamanthe remonta sa jambe contre la sienne pour les entremêler à nouveau, car elles s'étaient détachées dans leurs précédents mouvements. Dans le même temps, il glissa sa main sur son torse, le caressant lentement, s'attardant à retracer les lignes du tatouage au niveau du cœur de Kanon dont ils étaient si fiers, tous les deux.

Le signe des Gémeaux était représenté par deux colonnes doriques, reposant et fermées par une base et un linteau, tout aussi sobres et légèrement recourbés.
L'ensemble était surplombé et entouré par une Wyverne et ses grandes ailes, ses deux pattes bien visibles rendant la confusion avec un dragon impossible.

La force du tatouage reposait sur l'impression qu'il dégageait : la créature était connue pour sa férocité, son apparence ne laissait aucun doute sur sa dangerosité.
Pourtant, elle entourait le symbole des Gémeaux avec une tendresse qui crevait les yeux : elle était féroce non par méchanceté, mais parce qu'elle aimait et protégeait ce qu'elle aimait.

Elle était imposante, mais son geste n'était pas oppressant, elle ne retenait pas prisonnière une proie, mais enveloppait avec possessivité, oui, mais surtout, amour.
Un amour profond qui irradiait de chaque trait, chaque point de couleur.

Même la notion de temps et d'éternité, facteurs importants dans l'histoire de Rhadamanthe et Kanon, était matérialisée par l'aspect ancien des colonnes doriques, le symbole de l'infini gravée sur l'une d'elles, la végétation qui courait sur leurs bases. Celle-ci renfermait elle aussi un symbole, puisqu'il s'agissait de myosotis et de roses rouges, fleurs de l'amour éternel et inconditionnel.

La seule petite ombre au tableau, et elle n'existait que pour Rhadamanthe, c'était qu'Angelo était l'artiste derrière ce chef-d'œuvre.

Évidemment, il ne l'avait pas tatoué lui-même.
Mais le stencil tattouage utilisé par le tatoueur, c'était lui qui l'avait réalisé après avoir longuement discuté et réfléchi avec Kanon. (2)

Le résultat était tellement parfait et en adéquation avec Kanon, Rhadamanthe, leur couple, leur histoire et leurs sentiments, que le Juge acceptait volontiers d'oublier ce détail.

Le Juge se pencha d'ailleurs pour embrasser tendrement la peau douce et marquée à jamais de ce beau symbole de leur union, sortant ainsi Kanon de ses pensées.

Il n'aimait pas le voir se perdre loin de lui, même s'il lui accordait bien évidemment des moments de solitude et de réflexion chaque fois qu'il le souhaitait, même s'ils étaient ensemble.

- Et puis-je savoir ce qu'Athéna a offert à Pégase ? demanda-t-il en reprenant sa position, allongé sur le côté et appuyé sur son coude.

Kanon se tourna vers lui, accentuant la pression de leurs corps l'un autour de l'autre, l'un contre l'autre.

- C'est une très jolie bague en platine au motif de fleur de lys.

Rhadamanthe haussa le sourcil et sa main, qui caressait nonchalamment le flanc exposé de Kanon, marqua un temps d'arrêt, avant de reprendre son mouvement.

- Je me doutais que cela avait un sens, mais je n'ai pas eu le temps de demander à qui que ce soit, poursuivit Kanon. Il semble que tu saches ce que cela signifie. Comme toujours, ajouta-t-il avec admiration.

- Comme souvent, le corrigea-t-il avec humilité, avant de répondre. Aux Temps anciens, les bagues en forme de lys, associées à la Déesse Aphrodite, étaient des cadeaux fréquemment échangés entre amoureux, qu'ils soient mariés, amants, cachés ou publiques. Ces bijoux étaient d'ailleurs bien plus que des déclarations d'affection, ils étaient des symboles de la puissance envoûtante de l'amour divin et pur. Nous en avions aussi échangé, tous les deux, mais elles nous ont été volés, certainement sur ordre de Minos.

- Tu es en train de me dire qu'Athéna a fait une déclaration à Seiya ? s'étonna le cadet des Gémeaux en se redressant sur un coude.

- Athéna à Pégase, ou bien Elle a laissé son incarnation la faire à celle de Pégase, je ne saurais le préciser. Personne n'a jamais osé prétendre savoir ce qu'Elle pouvait bien avoir par la tête, et ce, depuis les Temps mythologiques. La véritable question, Kanon, c'est de savoir s'il en est conscient. L'avait-il en sa possession, quand Athéna l'a embrassé ?

- Oui, il venait d'ouvrir l'écrin. Athéna le lui a mis au doigt, ce qui a constitué une première vague de surprise, puis Elle s'est penchée pour l'embrasser. S'en est suivi ce se je t'ai décrit plus tôt.

- Alors Pégase est tout à fait conscient de ce que ce cadeau représente, cela l'a éveillé. Quant à son incarnation présente… il faudra peut-être que quelqu'un l'en informe. Qu'il soit au moins au fait de la valeur et du message de ce qu'il a au doigt. Qu'il ne la fasse pas tomber dans l'évier…

- Rhad'… le rabroua Kanon en le poussant légèrement du poing. Je m'en occuperai dès demain. Enfin, tout à l'heure. Si personne ne l'a fait entre temps, j'imagine que mon frère et Aioros sont au courant, et sûrement Shaka et Mu, de par leurs nombreuses connaissances des symboles et sens cachés de toutes choses.

- Bien.

Le silence retomba ensuite, alors que Rhadamanthe jouait distraitement avec une mèche de cheveux doré de son Gémeau, à présent.
Kanon les avait rattachés, mais une bonne partie s'était de nouveau échappée, certaines encadrant son visage, d'autres cascadant sur ses épaules, son torse ou son dos.

Une rivière d'or et de soie dont Rhadamanthe aimait beaucoup trop le toucher et le parfum persistant pour résister à la tentation d'y glisser ses doigts ou d'en saisir quelques mèches pour les enrouler autour avec douceur, dès qu'une occasion se présentait.

Cette fois-ci, Kanon n'était pas perdu dans ses pensées, mais bien ancré dans l'instant présent avec Rhadamanthe, et appréciait ce qu'il lui faisait.
Rares étaient ceux qui pouvaient toucher ses cheveux, et aucun autre que son Juge de cette façon.

Allongés face à face, appuyés chacun sur un coude et sur les oreillers, jambes mêlées autant qu'ils pouvaient sous les draps, ils se regardaient dans les yeux, se souriant simplement, insensibles au temps qui s'écoulait et qui aurait bien pu s'être figé sans les impacter.

Seule l'arrivée massive d'âmes aux Enfers aurait pu, éventuellement, faire éclater leur bulle et obliger Rhadamanthe à en sortir.
Et encore, il en faudrait au moins un millier…

- Est-ce que tout s'est bien passé pour ton frère et Aioros, avec les invités surprise ? finit par demander le Juge. Tu t'inquiétais de ne pouvoir les aider, car tu avais une autre mission confiée par Athéna à l'extérieur du Domaine.

- Au Japon, oui, pour la fête de Seiya. Avec le décalage horaire, c'était un peu compliqué, et surtout, cela m'a pris beaucoup de temps. Quant à Saga et Aioros, oui, cela a été très bien, heureusement. Ils avaient toute l'aide nécessaire, je n'étais pas si inquiet, juste un peu embêté. Même si la mission confiée par Athéna était aussi importante, bien sûr.

- Je n'en doute pas.

- Une fois les Italiens repartis, ils ont même eu un peu de temps pour un goûter avec Elrik et Simon, chez eux, avant la fête.

- Tant mieux, dans ce cas.

- Oui ! Ce devait être un beau moment. Nous n'avons pas reparlé de ce qui s'est passé à l'anniversaire d'Aioros, mais je les ai vraiment trouvés mignons, tous les trois, quand Elrik est arrivé pour surprendre Aioros. Et au petit-déjeuner aussi, d'ailleurs, même si nous étions nombreux. Je suis tellement content pour mon frère, j'ai senti son bonheur, il me l'a partagé !

- Seulement content ?

- Extrêmement content ! corrigea Kanon avec un grand sourire.

- Aucun autre sentiment ne te traverse, à leur vue ?

- Comme quoi ?

- L'envie.

- L'envie ? répéta Kanon en haussant un sourcil.

- Oui.

- D'un enfant ?

- Oui.

- Quoi, tu veux me faire un bébé spectre ?

Ils se fixèrent deux ou trois secondes, leurs mains qui se caressaient distraitement se figeant dans leurs mouvements, puis pouffèrent et gloussèrent, avant de se mettre à rire plus franchement.

Cela dura longtemps, surtout qu'ils avaient partagé mentalement une image de ce que pouvait être un « bébé spectre », faisant repartir leur rire.

Car oui, Rhadamanthe savait et pouvait rire.
Et fort.

Mais exclusivement grâce à et avec Kanon.

Kanon le faisait rire, souvent.
Ou il riait parce que son Gémeau était avec lui et qu'il voyait les choses différemment, quand il était à ses côtés.

Il riait parce qu'il était heureux, et que rire était une chose que les gens qui connaissaient le bonheur faisaient très souvent.
La nature ne nous avertissait-elle pas par ce signe précis, la joie, le bonheur avec l'autre, que notre destination était enfin atteinte ?

Lorsque Kanon l'avait vu rire aux éclats la première fois, après quelques deux mois de relation, il avait été surpris.

Le rire de son Juge, ou plutôt, ce qu'il avait cru être son rire habituel, avait été discret et court, jusqu'à ce moment précis où avait résonné ce son nouveau, faisant éclater la vérité.

Il ne se souvenait plus vraiment de ce qu'il avait dit pour provoquer une telle réaction.
Tout ce que Kanon avait retenu de ce jour, c'était qu'il s'était senti littéralement retomber amoureux de Rhadamanthe.

De son sourire, de son rire, de ses fossettes qu'on ne soupçonnait pas dans ce visage parfois si dur, de l'or qui brillait d'un éclat à nul autre pareil dans ses yeux, de ce son grave et mélodieux venu du ventre qu'il découvrait pour la première fois, dont les notes avaient résonné dans son cœur et au plus profond de son âme, s'y gravant à jamais, comme tout le reste.

Oui, là, dans l'instant, en pleine conscience et de manière absolue, Rhadamanthe était redevenu l'amour de sa vie.

Et plus que le rire, le Juge avait de l'humour aussi, parfois grinçant voir cruel, souvent pince sans rire ou pète-sec, mais très apprécié de Kanon, qui en connaissait un rayon sur le sarcasme et l'ironie.

Après s'être quelque peu calmé, Rhadamanthe, qui avait basculé sur le dos pour rire plus librement, revint surplomber complètement Kanon et l'embrassa dans le cou, avant de relever le visage vers lui.

- Puisque j'ai le sang de Zeus dans mes veines, et qu'en pluie d'or, Il a su engendrer Persée et en nuage, Epaphos… je peux toujours essayer, même si je ne garantis pas le résultat.

Il eut beau avoir utilisé sa voix la plus chaude et séductrice pour la dernière partie de sa phrase, cela ne fonctionna pas totalement, car Kanon repartit sur un nouveau rire.

- L'heure n'est plus à l'amusement, Kanon des Gémeaux, gronda le Juge en appuyant plus fermement son corps contre le sien, l'enfonçant davantage dans le lit.

- Mais c'est toi, avec tes images ! se défendit-il. Tu veux me pleuvoir dessus, maintenant, m'arroser ?

Rhadamanthe haussa le sourcil de manière suggestive et Kanon se rendit compte du sens graveleux que pouvaient avoir ses paroles.

Et cela le fit à nouveau rire.

Mais cela se transforma bien vite en gémissement, car comme de bien entendu, Rhadamanthe ne s'était pas avoué vaincu et était reparti à l'assaut de ce corps qu'il avait décidé de faire sien.

Et il ne rencontra pas vraiment de résistance.

Des dizaines et des dizaines et encore d'autres dizaines de minutes plus tard, tous deux comblés et flottant sur leur petit nuage de contentement, Kanon reprit leur discussion.

Même si Rhadamanthe pouvait lui faire tout oublier dans ces moments-là jusqu'à son nom, il perdait rarement le fil de ce qui avait précédé, et savait le remonter lorsqu'il avait envie de creuser le sujet préalablement évoqué.

- Tu as eu deux fils, amour, et quatre héritiers en tout, puisque tu as pris deux fils d'Ariane sous ta protection, murmura-t-il, blotti contre son Juge qui l'avait amoureusement entouré de son bras. C'est ce que j'ai lu, je ne sais pas quelle est la part de vérité et ce que tu peux m'en dire.

- Ce n'est pas tout à fait exact, j'ai eu quatre héritiers principaux, mais il y en a eu d'autres.

- Beaucoup ?

- Plusieurs que l'Histoire a retenu. Mes fils héritèrent respectivement de mes territoires de Crète pour Gortys, et une terre d'Asie Mineure pour Erythros, mais ses frontières ne sont guère plus identifiables, aujourd'hui. J'ai fait de mon petit-neveu Thoas, fils de Dionysos et d'Ariane, mon lieutenant et en récompense de son attitude exemplaire, je lui ai donné l'île de Lemnos qu'il a sagement gouverné. De même pour son frère Oenophion, que j'ai couronné sur l'île de Chios. Cependant, il y a d'autres îles que j'ai donné à certains de mes meilleurs hommes, famille ou non, comme Andros à Andreus.

- J'imagine que c'est mentionné quelque part, tu ne me l'aurais pas dit, sinon.

- Il y a très peu de documents anciens ou d'études actuelles qui font mention de la répartition de mon patrimoine qui soient complets. Je n'ai été et ne suis encore qu'un mythe, dans la longue Histoire de la Grèce.

- Pas pour moi.

- Et c'est tout ce qui compte, à mes yeux, assura-t-il en appuyant un baiser sur sa tempe.

Kanon se décala légèrement pour pouvoir le regarder dans les yeux.

- Quand on s'est mis en couple, tous les deux, j'ai arrêté de fouiller l'Histoire à la recherche d'informations sur toi. J'avais un accès direct au sujet, c'est de loin la meilleure source. Je n'ai donc pas approfondi la question de ta descendance et de ton héritage.

- Je te l'ai dit dès les premiers temps de notre relation, je suis prêt à te donner toutes les réponses que tu pourrais trouver toi-même à la surface. N'hésite jamais à me poser des questions ou aborder certains sujets. S'il me déplaît de t'en parler ou que je juge que ce n'est pas le moment, je t'expliquerais mes raisons.

- Et je te remercie pour cela, amour. Tu as pu constater que je ne me censurai pas.

- Et c'est tant mieux. J'ai aimé l'idée que tu te renseignes sur moi, avant que nous ne nous retrouvions enfin, mais j'apprécie d'autant plus nos discussions sur le passé, ta curiosité à mon sujet ou sur l'époque de ma première vie. Notre première vie.

Kanon baissa le regard un court instant, avant de revenir l'ancrer solidement à celui de Rhadamanthe.

- Je sais que tu aimerais parler de notre passé à tous les deux, de ce qu'on a partagé, mais même si certaines choses me reviennent en mémoire, surtout quand je rêve, j'ai besoin d'encore un peu de temps pour cela.

- Et nous en avons à ne plus savoir qu'en faire, anapkoi, répondit le Juge avec un doux sourire.

Kanon alla cueillir ses lèvres d'un doux baiser, y déposant un remerciement par la même.

- Toutes ces îles dont tu as fait mention, reprit-il, nous n'en avons visité aucune, durant nos différents séjours dans les Cyclades. Cela a un rapport avec le fait qu'elles ont été laissées en héritage à des personnes importantes pour toi ?

- Non, j'avais juste envie de te faire découvrir d'autres endroits en priorité, auxquels j'étais peut-être plus attaché : la Crête, évidemment, Mykonos, Akrotiri à Santorin et Kéa. Et qui conservent de meilleures traces en ayant mieux résisté à l'assaut du temps et à la bêtise des Hommes. Je voulais qu'on aille à Délos, c'est très important, mais je préfère attendre que nous soyons disponibles durant une saison moins touristique. Elle est inhabitée, nous pourrons facilement être seuls en dehors des horaires de visite, mais elles sont étendues au printemps et en été.

- D'accord. Je me disais que peut-être, cela te peinerait de retourner sur ces terres-là et raviver les souvenirs.

- Me peiner ?

- Oui. Est-ce qu'ils t'ont manqué, tes fils ? Et encore aujourd'hui, peut-être, ce qui expliquerait que tu n'aies pas envie d'aller sur les terres que tu leur as légués ?

- Non, cela n'a rien à voir, Kanon, crois-moi. Il n'y a plus vraiment de traces, aujourd'hui, le temps a fait son œuvre malgré tout. Quant au manque, il disparaît avec les années qui ne se comptent plus avec deux, mais trois chiffres. Tu es le seul être dont il est resté vivace et présent, oppressant, même en passant d'un compteur en siècles à un autre en millénaires.

- Tant mieux, alors, quelque part, qu'il n'y ait eu « que » moi, se réjouit le Gémeau en serrant sa main tendrement. Cela aurait été cruel que tu souffres de leur absence durant tant de temps, en plus de la mienne qui t'a tant pesé.

- J'ai assisté à leur Jugement, présidé par Minos car Eaque ne nous avait pas encore rejoint. Voir qu'ils ont eu une vie heureuse et accomplie et un Jugement en leur faveur m'a beaucoup apaisé, à l'époque.

- J'y ai pensé l'autre jour, cela a dû être difficile pour toi de voir arriver au Royaume des Morts les proches que tu avais laissé en vie.

- Cela a dû l'être, répondit le Juge. Mais tout comme le manque, ces sentiments-là s'effacent avec le temps infini qui s'écoule. Quelques jours ou mois, peut-être, de douleur ou de tristesse, ne font pas le poids fasse à des siècles d'existence.

- Mais tu ne les as jamais oubliés.

- Non. Enfin, qui peut encore le dire ? Si j'ouvre un livre de mythologie ou d'Histoire, peut-être la lecture de certains noms me rappellerait l'existence d'un ou d'une que j'aurais oublié. Mais les personnes importantes sont toujours quelque part dans ma mémoire, un rien les faits resurgir.

- Ton impressionnante mémoire, souligna Kanon.

- Un outil indispensable pour exceller dans ma fonction. Et en y songeant aujourd'hui, seul un sentiment de soulagement demeure, diffus, mais clairement identifiable.

- Je m'en réjouis pour toi, Rhad'.

- Es-tu inquiet de ta propre situation, Kanon ?

- Comment cela ? demanda-t-il.

- Tu seras le premier des Chevaliers à mourir. En ce qui concerne les Ors, tout du moins.

- Oui, mais je n'assisterai pas à leur Jugement non plus… si ? Tu ne vas pas me nommer greffier ou que sais-je, quand même ?

Rhadamanthe sourit et déposa un baiser sur son front, à portée, entre ses mèches dorées.

- Je pourrais le demander au Seigneur Hadès qui valide ou non mes propositions de nomination. Cela me permettrait de t'avoir auprès de moi tout le temps. Mais non. Il est nécessaire que tu connaisses les Enfers et t'exerces à d'autres fonctions. Je t'appellerai parfois au Tribunal, mais non pour un poste permanent. Et surtout pas pour le Jugement de personnes qui t'étaient proches de ton vivant, sauf à ta demande. C'est exception faite des Ors, puisque vous avez déjà été jugés.

Kanon se redressa un peu plus à cette précision.

- Tu veux dire qu'il n'y aura pas de nouveau Jugement sur la base de cette nouvelle vie que nous vivons actuellement ?

- Non, Kanon. Je pensais que c'était clair pour vous.

- Je me disais qu'il y aurait sûrement une révision…

- Ce n'est pas prévu dans les accords entre les Dieux.

- Alors, les fautes ne seront pas rachetées ni pardonnées...

- Pas dans la mort, non. Elles ne l'ont été que par les vivants pour vous permettre de profiter de cette seconde chance miraculeuse.

- Certains resteront donc condamnés malgré tout. Je croyais que le repentir sincère était pris en compte et avait de l'importance...

Kanon semblait vraiment dépité par ce qu'il venait d'apprendre.

- Il l'est et il en a, confirma le Juge en prenant sa main entre les siennes. Mais votre vie actuelle n'est qu'illusion, Kanon. Elle ne peut pas peser dans la balance. Vos Registres sont clos et archivés, rien ne s'écrit plus dedans et ils sont les seuls éléments qui permettent le Jugement. Je suis désolé, mon aimé.

- Je vois, se désola le cadet des Gémeaux en se rallongeant.

Il veilla à pouvoir toujours regarder Rhadamanthe dans les yeux et ramena son bras autour de ses épaules.
Alors le Juge caressa tendrement l'arrondi de celle sur laquelle sa main reposait.

- Cette seconde vie existera dans l'Histoire de la Chevalerie d'Athéna, parce qu'elle est aujourd'hui écrite par des personnes vivantes, qui ne vous oublieront pas et ont à cœur de maintenir votre souvenir vivace. Tant que cette partie-là se transmettra, vos actions présentes ne seront pas oubliées. Mais un jour, elles disparaîtront, c'est sûrement inévitable.

- N'y aura-t-il vraiment aucun moyen de les faire perdurer ?

Rhadamanthe ne détourna pas le regard, mais sa lèvre supérieure eut un léger frémissement que Kanon identifia immédiatement.

- Si, il y en a un.

- Kanon…

- Dis-le-moi. S'il-te-plaît, amour, insista-t-il en se pressant un peu plus contre lui.

Le Juge soupira.

Il ne pouvait pas lui mentir, ni lui cacher la vérité.
Il détestait cela, en règle générale, mais lors envers Kanon, c'était intolérable de même simplement songer devoir le faire.

- Si toi, tu n'oublies pas, tu pourras éventuellement faire en sorte que dans le monde des vivants, leur trace demeure, répondit-il.

- Comment ?

- Il y aura différentes façons. Nous en reparlerons si cette situation se présente.

- Je croyais qu'aucune ingérence n'était tolérée dans le monde des vivants ? À part la stratégie en temps de guerre.

- Au-delà de cela, si cette règle était respectée à la lettre, les mortels ne feraient jamais de rêves, de cauchemars, certains ne développeraient pas de dons de prescience non plus.

- C'est vrai, réalisa le Gémeau. C'est donc ainsi que je pourrais éviter qu'on oublie le repentir de certains de mes frères d'armes ?

- Entre autres. Mais encore une fois, cela ne se présentera pas de sitôt, les Gardiens actuels des Archives du Domaine sacré font sûrement un excellent travail.

- Tu es conscient que tu viens de complimenter Mu, entre autres ? le taquina-t-il. Tu prends le petit-déjeuner avec Aiolia et Angelo, tu discutes plus longuement avec Milo pendant les soirées, serais-tu en train d'enterrer la hache de guerre définitivement, amour ?

- Je n'étais pas en guerre contre eux, Kanon, mais contre leur attitude. J'apprends cependant à mettre de l'eau dans mon vin et je leur reconnais quelques valeurs et quelque intérêt qui ne me semblaient pas évident, auparavant.

- Même Angelo ?

- Je te l'ai déjà dit, je suis plus sensible à une âme qui se repent sincèrement qu'à une âme immaculée. Mais en ce qui concerne le Cancer…

Il y avait encore un tel mépris sur le visage de Rhadamanthe à son évocation que Kanon ne put que tenter d'étouffer un rire naissant contre son torse.
Il se redressa ensuite et caressa tendrement la joue de son Juge.

- J'ai compris, il y a encore du chemin.

- Il est fort probable qu'il soit rappelé avant d'en avoir atteint le tiers.

- Rhad'…

- Pour en revenir à ta question, poursuivit le Juge pour changer de sujet, comme je te le disais, il n'y a pas à s'en inquiéter pour le moment. Nous en reparlerons dans quelques dizaines, voire centaines d'années, au besoin. Nous resterons vigilants, je te le promets.

- D'accord. Merci.

- Tu n'as pas à me remercier, répliqua le Juge avant de l'embrasser avec tendresse.

Il l'attira ensuite contre lui et Kanon se rencogna dans le creux formé par ses bras et son torse, un cocon de douceur et de force.
Un silence se fit une place entre eux, mais sans les séparer pour autant, car il était intime et confortable, partagé.

- Tu t'endors ? demanda Rhadamanthe après un temps indéterminé.

- Non, je suis seulement dans mes pensées.

- J'en suis le principal sujet, n'est-ce pas ?

Kanon se redressa pour changer de position et pouvoir regarder son compagnon.

- Évidemment.

- Tu veux m'en dire plus ?

Le Gémeau passa tendrement le bout de ses doigts sur le visage de son Juge, redessinant ses traits en même temps qu'il le faisait avec ses yeux, avant de les plonger dans les siens.

- Je me disais que cet homme qui me tiens si fort et tendrement dans ses bras était le même que cet autre grand homme sage à la barbe noire et drue, représenté sur la façade de la Tombe du Jugement à Lefkadia.

- Je n'y suis pas vraiment à mon avantage, grimaça Rhadamanthe en embrassant ses doigts à portée de ses lèvres, désormais.

- Il y a tant d'images de toi différentes, sur les céramiques notamment mais pas que. Tantôt héros viril, roi et faiseur de lois, tantôt vieux sage courbé, ou encore implacable mais juste Juge des Enfers, vénérable ancien et fils de Zeus récompensé par les Dieux pour sa vie exemplaire, sa grande sagesse, son intelligence et son équité…

Rhadamanthe sourit à cette réflexion de son Gémeau.

- Mon iconographie est variée, en effet. Il faut ajouter à cela les descriptions des mythographes et historiens antiques. Sans compter l'imagerie fantasmée des peintres s'étant passionnés pour la mythologie à travers les siècles.

- Elles sont toutes vraies ? Sauf les dernières, tu as bien précisé qu'elles étaient nées de fantasmes d'artistes. Mais les écrits et les représentations antiques ? Tu as été un vieux sage courbé ?

- Non, répondit-il très sérieusement. C'est l'image que les anciens peuples se faisaient d'un demi-dieu ayant vécu très longtemps, et d'un sage, car la sagesse ne s'acquiert qu'au prix de longues années d'existence et d'études, et le passage du temps, par les cheveux grisonnants et blanchissants.

- Logique. Pourtant, toi, tu as eu très tôt cette réputation de grande sagesse.

- Je vivais déjà depuis très longtemps, même si j'avais encore l'apparence d'un homme d'âge moyen. Le temps ne passait pas de la même façon.

- C'est vrai. Et quand tu es devenu Juge des Enfers, comment étais-tu, amour ?

- Physiquement ?

- Oui. Car il est écrit que les qualités qui faisaient ta réputation de ton vivant, notamment ton grand sens de la justice, ton impartialité, ton intégrité, l'impossibilité de t'influencer et de te corrompre, ton austérité et ton implacabilité concernant le respect stricte de la lettre de la loi, ont été également celles qui ont prévalu aux Enfers. Mais de ton physique, on te voit représenté très différemment selon les époques, donc au final, on n'en sait rien.

- Je suis arrivé aux Enfers avec la même apparence que lorsque je t'avais connu. Grand, brun, barbe noire et yeux bleus.

- Oh, tu avais les yeux bleus ! Clairs comme les miens ?

- Non, plutôt comme le lapis-lazuli.

- La pierre de sagesse pour les anciens Egyptiens.

- En effet.

- Cela te correspond tout à fait ! s'enthousiasma Kanon. Et tu étais grand, alors… Comme aujourd'hui ?

- Oui, dans les 1 mètre 90. C'était très grand pour l'époque, cela trahissait le sang des Dieux qui coulait dans mes veines.

- Tu devais être très beau, sourit le Gémeau.

- Évidemment.

Kanon eut un petit rire.

- Et modeste, j'imagine.

- Réaliste, avant tout.

- L'un n'empêche pas l'autre… Pourquoi ne l'as-tu pas conservé, ce corps d'origine si beau ?

Rhadamanthe prit la main de Kanon et la serra fort, entrecroisant leurs doigts.

- Il y a eu un moment où j'ai pris conscience que je n'étais plus cet homme. J'ai mis le temps, mais cela a fini par se faire. Aussi, lorsque le Seigneur Hadès m'a proposé de remonter à la surface dans un nouveau corps pour une mission, j'ai accepté. Et à mon retour aux Enfers, j'ai gardé mon corps d'emprunt. Je l'ai fait encore quelques fois, jusqu'à ce que j'incarne mon enveloppe actuelle. J'en étais suffisamment satisfait pour la garder. J'ai bien fait, puisque tu as succombé à mon charme.

- Ce n'est pas le physique qui m'a attiré chez toi, rappela Kanon. Même s'il me plaît beaucoup, en effet.

- Je sais. Le corps ne compte pas, nous nous serions retrouvés et aimés de toute façon. Nos âmes se seraient reconnues au-delà des apparences, quelle que soit la situation.

- J'en suis pleinement conscient, aujourd'hui. Aux Enfers, à notre première rencontre, je t'ai senti, avant même de te voir. Et rien que cela a fait s'emballer mon cœur comme jamais. Je le sais, aujourd'hui, que ce n'était pas l'excitation d'avoir senti le puissant cosmos d'un adversaire à ma taille. C'est mon âme qui vibrait à proximité de la tienne, sa moitié.

- Nous avons ressenti la même chose, assura le Juge. Sauf que moi, c'est arrivé dès ton entrée aux Royaume souterrain. Cela m'a frappé comme une évidence. Même si j'ai dû tout refouler et nier, par devoir. Mais je te l'ai dit plus d'une fois, je me suis senti renaître, à ce moment-là, j'ai repris conscience de ce qu'était un cœur qui bat. C'est comme si je les entendais pour la première fois depuis des millénaires, ces battements de cœur, comme un tambour libérateur. J'avais presque oublié cette pulsation dans la poitrine, au niveau des tempes et du cou. Et je ne t'avais même pas encore vu.

- Si tu n'avais pas été cet homme de lois et de règles, si sage, si droit, si loyal, la Guerre sainte aurait pu, au moment de notre premier face-à-face, prendre un tout autre tournant. J'ai déjà fait ce constat, et toi aussi.

- Nous le faisons chaque fois que nous évoquons ce moment. Il apparaît chaque fois plus évident.

- Il est heureux que nous ayons chacun tenu notre rôle, remarqua le Gémeau avec un petit sourire en coin.

- Même si nous ne savons pas comment la situation aurait évolué, si nous ne l'avions pas fait, je pense sincèrement que nous avons fait le bon choix. Celui de l'obéissance et de la rectitude.

- Évidemment, sourit le Gémeau, avant de reposer sa tête sur l'épaule de son Juge et le visage contre son cou.

Rhadamanthe se cala un peu mieux sur le dos et contre les coussins pour leur donner plus de confort à tous les deux, puis l'entoura tendrement de son bras.
Il glissa également le bas de son visage entre ses mèches dorées pour en humer le doux parfum.

Le silence retomba une nouvelle fois, alors que la nuit continuait d'avancer lentement vers sa rencontre avec le jour nouveau.

- Veux tu dormir, cette fois-ci, Kanon ? finit par murmurer Rhadamanthe. Il est très tard.

- Je sais, mais je n'ai pas sommeil.

- Que veux tu faire, alors ?

Kanon se redressa et le surplomba afin de pouvoir l'embrasser.

Ce fut un baiser long, langoureux, plein d'amour, mais qui se chargea assez vite de désir et de passion.

Alors que leurs corps réagissaient de plus en plus, et que les caresses de Rhadamanthe se faisaient plus appuyées, Kanon se détacha, changea de position pour se mettre presque en angle droit par rapport à son Juge.

Il posa ensuite sa tête sur son ventre découvert, le visage tourné vers lui.

Rhadamanthe avait baissé le sien et le regardait, l'interrogation se lisant sous le voile de désir qui avait commencé à recouvrir ses yeux.

- Parlons encore un peu, si tu es d'accord.

Ah, le Gémeau reprenait le contrôle, il en avait besoin.
Le Juge sourit à ce constat et balaya son début de frustration.

- Avec plaisir, accepta-t-il en posant sa main sur le ventre de son compagnon, assez bas, ce qui fit se contracter ses abdominaux. Tu sais comme j'aime nos discussions et nos échanges, quelle que soit leur nature, précisa-t-il en titillant légèrement son nombril d'un doigt taquin quelques secondes, avant de s'immobiliser sagement en le sentant frissonner.

Rhadamanthe disait vrai, cela lui rappelait un peu les temps jadis où Miletos et lui passaient leurs journées et leurs nuits à parler et à s'aimer.
Où, en tant qu'aîné et mentor, il l'initiait aux plaisirs de la chair autant qu'à ceux de la chasse, au respect du vivant en ne tuant que ce dont ils avaient besoin pour se nourrir, à la philosophie, la poésie, aux arts dont la musique, à la grammaire et tant d'autres sujets, encore…

Il ramena ensuite le drap sur eux pour mieux les couvrir.
Enfin, surtout sur Kanon, qui lui offrait sciemment la meilleure vue sur ce qu'il avait dérobé à ses caresses, son magnifique corps à la beauté et à la nudité insolentes.

Comme l'avait écrit Molière, plusieurs siècles plus tôt :

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées
. » (3)

- De quoi veux-tu que nous parlions, agápi mou ? demanda-t-il ensuite à son Gémeau qui ne cachait pas son petit sourire en coin face à son geste.

Même s'il y avait tant de pages qu'on ne pouvait les dénombrer, et que souvent il restait clos, Rhadamanthe était pour Kanon, et de plus en plus, un livre ouvert où il avait accès à toutes ses pensées.

Juste au-dessus du drap que le Juge avait remonté sous le nombril, la main de Kanon rejoignit la sienne et leurs doigts s'entrecroisèrent amoureusement.
Leurs regards ne s'étaient pas un seul instant détachés l'un de l'autre, depuis que le Gémeau les avait mis dans cette position.

- Au sujet de Zeus… il s'est vraiment transformé en pluie d'or ?

- C'est toujours plus crédible et glorieux que la fois où il s'est changé en fourmi et engendré Mirmidon, Lui seul sait comment !

Kanon se remit à rire à cette réponse.
Et si Rhadamanthe avait parlé avec sérieux, il fut inévitablement gagné par l'amusement de son Gémeau.

Et il se dit, furtivement, qu'en tant de siècles d'existence, il ne s'était jamais permis une seule fois de se moquer du Maître de l'Olympe qui lui avait donné la moitié de ses gênes.

Et cela lui faisait beaucoup de bien, en vérité !

Il remercia Kanon pour ce nouveau miracle en serrant sa main plus fort.
Et à travers le miroir au plafond, au-dessus de leur lit, cette fois, leurs regards s'accrochèrent pour ne plus se lâcher.

Leurs rires pétillaient dans leurs yeux autant qu'ils résonnaient entre les murs de cette chambre, qui n'avait jamais connu plus de joie que depuis que Kanon y était entré.

A l'image du Maître des lieux.

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A suivre...

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Notes

1. Agapi mou : mon amour en grec ancien

2. Stencil tattoo : Le stencil tatouage est un calqe utilisé pour dessiner un motif sur la peau afin de réaliser un tatouage. Il est composé d'un papier carbone et d'une feuille de soie. Le dessin se transfert sur la peau grâce à un gel et le tatoueur peut alors tatouer. Il se nettoie doucement après la réalisation du tatouage à l'encre et surtout sans savon !

3. Dans la pièce Le Tartuffe ou l'Imposteur de Molière (acte III, scène 2). Par extension, on dit aujourd'hui souvent « cachez …. que je ne saurais voir » en indiquant l'objet ou le sujet en question pour indiquer la gêne que sa vue provoque.

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Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère que vous l'avez apprécié et qu'il ne vous a pas ennuyé.
Pour le prochain, en toute transparence, je vous avoue que j'ai deux options, un chapitre où il est question de Shaka et Ikki mais du point de vue des autres. Je n'avais pas l'intention de revenir sur eux, mais j'ai eu une poussée d'inspiration. Mais j'hésite beaucoup à le publier, même pour un chapitre unique, car ma fic arrive sur la fin. Donc je pense que je vais plutôt poster le chapitre sur Shura et Angelo. Et après, pour amorcer la fin, nous commencerions les petits sauts dans le temps pour avancer plus concrètement et terminer, surtout... Je n'en dis pas plus.

Bonne continuation à tous, prenez soin de vous et de vos proches.

A bientôt

Lysanea