IV : Témoignage
Quand Marinette ouvrit les yeux, Plagg et Tikki dormaient encore, lovés l'un contre l'autre. Elle fut soulagée de constater que l'irascible kwami était bien rentré. Elle les laissa se reposer et descendit silencieusement dans sa chambre. De là, elle envoya un message à Adrien pour lui dire qu'il pouvait l'appeler quand il le voulait, puis elle se rendit dans la pièce commune de l'appartement.
Marinette découvrit sa mère dans la cuisine. Elle fut heureuse de la voir, ayant l'impression qu'elles avaient passé bien peu de temps ensemble, ces derniers jours.
— Tu vas bien, ma chérie ? s'inquiéta Sabine en lui versant du lait chaud pour son chocolat. Et Adrien ? Tu dois être soulagé qu'il soit revenu en France, même s'il doit être bouleversé par le décès de son père.
— Cela va être très dur pour lui. Mais je suis heureuse que nous puissions nous voir à nouveau.
— Pour toi aussi cela ne sera pas facile. Ce n'est pas évident de soutenir quelqu'un qui est en deuil.
— Il a besoin de tous ses amis.
— Bien sûr ! Mais tu as le droit de te protéger si c'est trop dur.
— Ça ira, assura Marinette, songeant que la dette qu'elle avait envers Adrien ne lui permettait pas de se défiler.
— J'ai entendu que Monsieur Agreste était mort en héros, continua sa mère.
Marinette retint une grimace à cette évocation. Même si elle avait l'intention d'exécuter les dernières volontés du père d'Adrien et de tenir la promesse qu'elle avait faite à Nathalie, faire passer Gabriel le sauveur de Paris lui restait en travers de la gorge. Il avait envoyé des cauchemars affreux à tant de monde ! Et ce programme horrible…
— Tu as retiré ta bague Alliance, j'espère ! s'inquiéta-t-elle soudain.
— Bien sûr ! assura sa mère en montrant sa main, vierge de tout bijou. D'après les reportages que j'ai vus ce matin, tout le monde a suivi le conseil de Ladybug et mis sa bague de côté en attendant d'en savoir plus. Les laboratoires Tsurugi se sont engagés à réparer tout le mal causé par ses produits. Sa présidente a promis que toute la lumière serait faite sur la manière dont le programme Alliance a été piraté et que des mesures seraient prises pour que cela n'arrive plus jamais.
Marinette dissimula un sourire féroce. Elle avait bien dû compliquer la vie de la mère de Kagami avec son exhortation à se débarrasser des bagues. Et elle avait bien l'intention de ne pas la laisser remettre ce fil à la patte au monde entier.
oOo
Marinette n'eut pas tellement de temps pour s'appesantir sur la question. À peine fut-elle sortie de la douche et habillée, qu'Alya débarqua et la rejoignit dans sa chambre.
— Raconte-moi tout ! supplia-t-elle. Dis-moi comment tu es arrivée à bout de Monarque.
Marinette fut tentée de tout lui dire, sans rien omettre. Puis, elle se souvint de la mise en garde de Félix. Elle n'était pas tout à fait décidée à dissimuler la vérité à Chat Noir, mais elle ne se souvenait que trop de l'incapacité d'Alya de mentir à Nino et aux déclarations tonitruantes de celui-ci quelques semaines plus tôt à la cantine. Ces deux-là étaient trop proches d'Adrien pour qu'elle laisse échapper devant eux un secret aussi brûlant. Elle savait cependant qu'elle ne pouvait pas tout garder pour elle.
— Tu vas être déçue, je n'ai pas été aussi extraordinaire que tu le penses. Je n'ai pas réussi à sauver le père d'Adrien et je n'ai toujours pas récupéré le Miraculous du papillon !
— Quoi ? Monarque est reparti avec ?
— Non, il est mort, je le sais. Je pense que quelqu'un d'autre était sur place et l'a volé pendant que je reprenais mes esprits.
— Tu n'as aucune idée de qui a pu faire ça ?
— Pas la moindre. Je n'ai aucune piste, je n'ai rien vu.
— Il a pris les autres Miraculous aussi ?
— Non, ceux-là, je les ai retrouvés. Trixx, tu peux te montrer.
Le kwami, qui s'était dissimulé avec ses camarades quand Alya était arrivée, s'empressa de sortir de sa cachette et vint faire la fête à son ancienne porteuse. Celle-ci se réjouit de revoir la petite créature et cela réchauffa le cœur de Marinette. Les autres kwamis en profitèrent pour sortir à leur tour et voler dans tous les sens. Heureusement que Sabine était descendue en boutique, car ils firent un bruit d'enfer. Marinette n'eut pas le cœur de leur demander d'arrêter, consciente qu'ils avaient souffert sous le joug de leur possesseur précédent. Enfin, ils se calmèrent et se posèrent un peu partout. Alya les parcourut du regard et demanda :
— Ils sont bien tous là ?
— Il manque le Paon, mais je sais qui l'a en sa possession. C'est un allié et je vais le lui laisser.
— Et moi, je peux reprendre Trixx ?
Marinette hésita, puis elle se souvint à quel point elle avait regretté de l'avoir repris à Alya, juste avant de se faire voler tous ceux qui étaient en sa possession. Le plus sûr n'était-il pas de confier tous les Miraculous à des porteurs différents ? Comme ils ne se connaissaient pas entre eux, c'était un bon moyen de limiter les pertes si l'un d'eux était capturé. L'expérience avait démontré que Marinette ne pouvait pas se prétendre qualifiée pour les protéger.
— Oui, tu vas pouvoir le garder, décida-t-elle. Mais avant, je dois reconstituer les Miraculous eux-mêmes. Monarque les a dénaturés, et je ne peux pas les laisser en état.
— Comment ça ?
Marinette se transforma et récupéra dans son yoyo ce que Gabriel Agreste avait laissé sur place, avant de reprendre sa forme habituelle. Elle laissa cependant de côté le double anneau qu'elle devait rendre à Adrien, ainsi que la bague Alliance de Gabriel. Alya s'empara du Miraculous du renard et l'examina attentivement.
— Encore des bagues, finit-elle par évaluer.
Marinette ne répondit pas. Elle craignait d'en dire trop.
— Est-ce vraiment une coïncidence ? s'interrogea tout haut Alya. Je me demande si le détournement du programme par Monarque est aussi récent que le prétend madame Tsurugi. Peut-être que Monarque en utilisait la technologie depuis des semaines. Quel dommage que le père d'Adrien ne soit plus là ! J'aimerais bien savoir ce qu'il avait découvert. Qu'en penses-tu, Marinette ?
— Je… je ne sais pas.
— Tu as vu monsieur Agreste hier ? Il ne t'a rien dit ?
— On… on n'a pas vraiment eu le temps de faire la conversation, tu vois. C'était… Enfin, bref, je n'en sais rien.
— En tout cas, je comprends que tu ne veuilles pas les garder sous cette forme. Je vais faire une allergie aux bagues pendant un petit moment, moi aussi. Tu as une idée de comment les transformer ?
— J'ai récupéré le manuel des Miraculous, révéla Marinette. J'espère trouver dedans la manière de m'y prendre. Tu me laisses Trixx, en attendant ?
— Oui, bien sûr.
— J'ai une question à te poser, continua Marinette. Est-ce que le nom de Mayura te dit quelque chose ?
— Absolument rien. Qu'est-ce que c'est ?
— Rien d'important.
— Dis, Marinette, est-ce que tu as écouté les nouvelles ce matin ? Il y a un procureur de la République qui dit que tu dois aller témoigner sur la disparition de monsieur Agreste.
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Je ne sais pas, mais cela semble important. La séquence passe toutes les heures sur les chaînes nationales.
— Il ne me manquait plus que cela ! soupira Marinette en s'affaissant sur sa chaise.
— Ça a été dur, Marinette ? Tu… tu l'as vraiment vu mourir ?
— Non, pas vraiment, mais… Tikki, il est mort, n'est-ce pas ?
— Oui, Marinette, confirma le kwami d'une voix douce.
— Je vais aller témoigner, alors. Autant m'en débarrasser le plus vite possible. Alya, tu sais où je dois me rendre ?
— Dans n'importe quel commissariat.
— Pas question que j'aille dans celui de mon arrondissement, il ne faut pas que je donne d'indice pour m'identifier.
— Va dans celui duquel dépend le manoir Agreste. C'est le plus logique, conseilla Alya.
— Bonne idée. Je vais me débarrasser de cette corvée. Tu m'attends ici ?
— Entendu. Je peux regarder le manuel pendant ce temps ?
— Oui, vas-y. À plus tard.
Marinette se transforma et sortit par son vasistas.
oOo
Quand Ladybug se présenta devant l'hôtel de police, le planton la salua avec respect et l'escorta à l'intérieur. Elle fut immédiatement conduite dans le bureau du commissaire, qui l'invita à s'asseoir. Il la remercia d'avoir mis fin aux agissements de Monarque et d'être venue aussi rapidement.
Ensuite, le commissaire expliqua qu'un décès était habituellement déclaré par un médecin légiste, après examen du défunt. En cas d'absence de corps, il fallait un témoignage rendant le décès certain ou une disparition dans des circonstances de nature à mettre la vie de l'intéressé en danger. Le décès était alors prononcé judiciairement par un tribunal. À défaut, seule une déclaration d'absence serait rendue, et le décès ne serait déclaré que dix ou vingt ans plus tard.
— Vous voulez dire que, sans mon témoignage, monsieur Agreste sera considéré comme vivant durant les vingt prochaines années ? s'étonna Ladybug.
— C'est cela, même si l'on peut réduire ce délai de moitié. Je tiens à vous préciser qu'un décès entraîne des conséquences juridiques qui peuvent être irréversibles. Les biens passent aux mains des héritiers, le conjoint peut se remarier… Votre témoignage est loin d'être anodin.
— Je comprends, dit l'héroïne.
Elle se félicita d'avoir eu l'assurance répétée de son kwami que le père d'Adrien n'était plus de ce monde. Dans le cas contraire, elle aurait davantage hésité à maintenir sa version.
— Bien, je vais vous poser des questions, qui seront transcrites par l'inspecteur ici présent, annonça le commissaire en désignant un policier en civil qui venait de les rejoindre avec un ordinateur portable. Vous pourrez ensuite relire son procès-verbal et le signer.
— D'accord.
À la demande du policier, Ladybug expliqua qu'elle s'était rendue au manoir Agreste quand les akumatisés avaient commencé à la poursuivre. Elle avait pensé que la sécurité de la demeure la protégerait. Elle confirma la présence de Gabriel Agreste. Elle l'avait déjà rencontré en personne quand il avait été akumatisé et elle pouvait l'identifier formellement. Elle servit ensuite la fable qu'elle avait imaginée durant le trajet pour se rendre au commissariat : quand elle avait repris le Miraculous du Papillon à son ennemi, celui-ci avait tenté une manœuvre désespérée. Celle-ci s'était retournée contre lui-même, et avait atteint le styliste qui tentait de le plaquer au sol. Leurs deux corps avaient disparu sous l'effet du sort lancé par Monarque. Même ses coccinelles magiques n'avaient pas pu les ramener.
— Vous n'avez pas pu mettre monsieur Agreste en sûreté ? souleva le commissaire. C'est ce que vous faites, d'habitude, quand un civil est en danger.
— Il est resté sur place de sa propre volonté. J'étais prise dans mon combat, je n'étais pas en mesure de lui imposer de partir ou de se cacher, improvisa l'héroïne.
— Ce qui m'étonne, fit savoir le commissaire, c'est que, jusqu'à présent, personne n'a jamais été mortellement touché par la magie de Papillon ou de Monarque. Pourquoi cette fois-là ?
— Monarque était en train de perdre. Il a tenté le tout pour le tout.
— Et vous aussi ?
— Comment ça ?
— Je suppose que vous vouliez en finir avec lui. Normalement, vous vous battez contre des akumatisés. Hier, c'était votre ennemi qui était en face de vous. Je suppose que vous ne reteniez pas vos coups.
— Effectivement. Monarque était protégé par sa transformation et avait de multiples pouvoirs. La bataille a été rude ! précisa-t-elle, se souvenant de la violence du combat.
— Avez-vous touché Gabriel Agreste en vous défendant ?
La question la cueillit à froid. L'héroïne n'avait pas pensé qu'on la mettrait en accusation.
— Au moment où il a disparu, j'étais totalement immobilisée, se décida-t-elle à expliquer. C'est la magie de Monarque qui était à l'œuvre, et elle seule.
— Je croyais que vous lui aviez pris son Miraculous.
— Effectivement, mais il lui en restait d'autres. Il a riposté en utilisant le pouvoir de plusieurs Miraculous. Il en a perdu le contrôle et c'est lui qui finalement en a fait les frais. Ainsi que monsieur Agreste, prit-elle soin d'ajouter.
— Donc, selon vous, c'est Monarque qui a tué Monsieur Agreste.
— C'est la magie des Miraculous qui a tué monsieur Agreste, précisa-t-elle, voulant éviter autant que possible de faire un faux témoignage.
— Était-ce intentionnel de la part de Monarque ? insista le commissaire. Voulait-il le tuer en lançant ce sort ?
Ladybug soupira :
— Je ne sais pas précisément ce qu'il avait en tête. Mais je ne pense pas que c'était sa volonté première. Il n'avait plus tellement d'options, à ce moment-là. Il a tenté ce qu'il a pu et… je me suis retrouvée seule sur le lieu du combat.
— Est-ce que Chat Noir pourrait confirmer votre témoignage ? demanda ensuite le policier.
— Il n'était pas là.
— Comment ça ?
— Il n'a pas pu venir.
— C'est étrange, non ?
— Cela arrive. C'était moi qui n'ai pas pu arriver à temps pour le combat précédent.
— Vous êtes certaine que monsieur Agreste n'est pas parti sans que vous le voyiez ? insista encore le commissaire. Vous étiez bien occupée avec Monarque.
La jeune fille soupira :
— Je l'ai vu disparaître. D'ailleurs, il serait où, maintenant ? Dans la maison ? Et personne ne l'aurait vu, ni les domestiques, ni son assistante, ni les akumatisés qui rôdaient partout en me cherchant ? Il n'a pas pu sortir sans être vu, il y avait un monde fou autour du manoir.
Le policier dut lui concéder ce point et changea de sujet.
— Que pouvez-vous nous dire sur les bagues Alliance ?
— Pas grand-chose.
— Vous nous avez pourtant conseillé de nous en débarrasser et vous avez précisé qu'elles étaient liées à la dernière attaque de Monarque.
— Je venais de le découvrir. La manière dont Monarque se servait de la sienne m'a fait comprendre qu'il en utilisait les fonctionnalités.
— En portiez-vous une ?
— Non.
— Pourquoi ?
— Parce que je ne peux pas garder sur moi un objet qui signale où je me trouve. Cela pourrait permettre de m'identifier. J'ai coupé la localisation de mon téléphone, et je sais qu'il n'émet pas quand je suis transformée, car il bascule sur mon yoyo. Je n'avais pas cette assurance avec le programme Alliance, j'ai donc préféré m'en passer.
— Vous vous en méfiez déjà, en conclut le commissaire.
— Disons que j'ai eu une crainte, liée aux capacités très avancées de cette technologie, mais rien de plus.
— Pourquoi vous trouviez-vous au Manoir Agreste ?
— Comme je vous l'ai déjà expliqué, j'étais poursuivie et je savais que sa maison était sécurisée. J'ai pensé que cela me donnerait un répit. Malheureusement, Monarque a trouvé un moyen, non seulement de me localiser, mais aussi de passer les sécurités.
— Monsieur Agreste vous a-t-il expliqué pourquoi il voulait combattre Monarque ?
— Non.
— Comment a-t-il justifié sa participation à votre combat ?
— Il n'a rien justifié du tout. Il était là et n'a pas voulu se mettre à l'abri. Il s'est trouvé au cœur de la magie des Miraculous quand elle s'est déchaînée, et je n'ai rien pu faire pour le sauver. J'ai essayé, pourtant, ne put-elle s'empêcher d'ajouter, la gorge nouée.
Le policier nota son trouble et attendit qu'elle ait repris contenance pour continuer son interrogatoire.
— Quand vous l'avez vu sur les lieux de votre combat, ne vous est-il pas venu à l'esprit qu'il pouvait être un complice de Monarque ? questionna-t-il ensuite.
Ladybug se donna quelques secondes pour répondre.
— J'ai la certitude qu'il s'est opposé aux objectifs de Monarque, finit-elle par énoncer, choisissant ses termes avec soin pour ne dire que la stricte vérité.
— Quels objectifs ? voulut savoir le commissaire.
— Qui sait ? répondit Ladybug en levant les mains pour montrer son ignorance.
— Confirmez-vous les dires de la dirigeante des laboratoires Tsurugi ?
— Je ne sais pas ce qu'elle a dit.
— Elle prétend que Monsieur Agreste tentait de reprendre le contrôle sur son programme.
— Elle a sans doute des raisons de l'affirmer.
— Pensez-vous que Tamoe Tsurugi était au courant de l'utilisation des bagues Alliance par Monarque ? insista le policier.
— Je vous ai déjà indiqué que j'ignorais totalement que ces bagues étaient utilisées par Monarque avant de le voir utiliser la sienne. Je n'en sais pas tellement plus aujourd'hui.
— Pensez-vous qu'elle peut avoir ignoré l'utilisation que Monarque faisait de ses bagues ? reformula le commissaire.
— Je ne pense pas grand-chose.
— N'avez-vous vraiment aucune hypothèse à partager avec nous ?
— Mon rôle, c'est d'empêcher un détenteur de Miraculous de s'en servir pour faire du mal ou l'utiliser à des fins personnelles. Je n'ai ni compétence ni raison d'aller au-delà.
Le commissaire comprit le message que lui transmettait son invitée.
— Avez-vous quelque chose à ajouter ? demanda-t-il enfin.
Ladybug secoua la tête, pressée d'en finir. Le policier qui avait saisi la déclaration sur son ordinateur fit les dernières corrections, puis envoya le texte à l'imprimante. Il le soumit à la relecture de la jeune fille. Celle-ci approuva et signa.
— Cela va suffire ? s'enquit-elle auprès du commissaire.
Ce dernier haussa les épaules.
— Cela ne dépend plus de nous, mais du tribunal, désormais.
— Quand est-ce que le jugement sera rendu ?
— Cela prend quelques semaines, généralement. Cependant, vu le contexte, ce sera sans doute mis en haut de la pile.
— Je comprends.
— Je vous remercie de vous être déplacée. Je suis désolé si je vous ai paru inquisiteur, mais c'est la procédure quand nous recueillons un témoignage. Nous devons nous assurer que rien n'a été laissé de côté.
— Je vois. Vous fermez des pistes, comme ils disent dans les séries policières. Cela dit, c'est souvent ce qu'on dit aux suspects, non ?
— On le dit aussi quand on veut réellement fermer une piste. C'est l'astuce.
— Hum ! émit-elle, consciente qu'elle n'avait pas dû en fermer beaucoup avec son témoignage.
L'inspecteur consulta ses messages sur son téléphone, et indiqua :
— Il y a plusieurs journalistes à l'accueil. La venue de Ladybug a dû se répandre.
— Puis-je-sortir par la fenêtre ? pria l'héroïne qui ne se sentait pas la force d'affronter les journalistes après ce long entretien avec la police.
— Bien sûr, s'empressa de répondre le commissaire en ouvrant sa croisée. Merci encore de vous être déplacée.
En se hissant à l'extérieur, Ladybug eut l'impression de s'échapper de prison.
oOo
Quand Ladybug atterrit sur son lit, Alya s'écria :
— Tu en as mis du temps !
— Ne m'en parle pas. C'était davantage un interrogatoire qu'un témoignage.
— Ne me dis pas qu'ils t'ont accusée d'avoir tué le père d'Adrien.
— Pas loin.
L'héroïne décida de ne pas parler de la suspicion des policiers à l'encontre des deux promoteurs du projet Alliance. Elle n'avait pas envie de lancer Alya sur cette piste.
— Enfin, ils voulaient surtout s'assurer de son décès, compléta-t-elle.
— Tu veux dire qu'ils ne t'ont pas crue ?
Ladybug haussa les épaules.
— Ils ont pris ma déclaration et vont l'envoyer à un juge. On verra bien. Moi, j'ai fait ce que j'ai pu.
La jeune fille se détransforma et consulta son téléphone. Un message d'Adrien l'y attendait :
Ma douce Marinette,
Il y a beaucoup de monde à la maison aujourd'hui. Tous ceux qui ont travaillé avec mon père sont là pour présenter leurs condoléances. Heureusement, Nathalie ne m'a pas obligé à descendre. Je peux rester dans ma chambre. Kagami est venue avec sa mère. Elle tient compagnie à Félix. J'aimerais beaucoup te voir, mais il ne vaut mieux pas que tu viennes. De mon côté, je ne peux pas sortir non plus.
Merci d'être venue hier et d'être restée le soir. Grâce à toi, j'ai pu dormir.
À très bientôt
— Adrien est coincé chez lui, indiqua Marinette à Alya d'un ton soucieux.
— Il joue en ligne avec Nino et Max, lui apprit son amie.
— Oh, tant mieux.
— Mais tu peux l'appeler. Je lui ai fait dire par Nino que tu étais en train d'aider tes parents pour expliquer pourquoi tu n'étais pas joignable.
— Merci, Alya !
— De rien. Le bon côté des choses, c'est qu'avec la disparition de Monarque, tu ne seras plus obligée d'aller combattre tous les quatre matins et de te trouver des excuses bidon pour tes absences.
— Tant que celui qui a volé le Miraculous reste tranquille, soupira Marinette. Mais tu as raison, en attendant, autant en profiter.
Elle lança un appel vidéo à l'intention d'Adrien. Ce dernier parut ravi de discuter avec elle. Alya se joignit à la conversation, avant de prendre congé et de les laisser entre eux.
Vers midi, Félix et Kagami arrivèrent dans la chambre, annonçant qu'un repas allait leur être monté, la salle à manger étant encore envahie par les visiteurs. Marinette les laissa pour rejoindre sa mère qui l'appelait pour déjeuner.
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Un grand merci à Amélie et Fénice pour leur relecture attentive.
Je me rends compte qu'on n'avance pas tellement dans ce chapitre, et que sans doute la scène du commissariat prend un peu trop de place. Mais c'est un moment important pour Marinette qui construit ici le récit officiel de son combat contre Monarque. Ma formation en droit avait également besoin de justifier comment la mort de Gabriel Agreste est devenue officielle alors que son corps n'a pas été retrouvé.
Qui sait quoi ?
Concernant l'identité du porteur du Paon, je n'ai pas de souvenir que Marinette ait révélé à Alya que c'était Félix, donc j'ai décidé qu'Alya ne sait pas qui est Argos. On pourrait penser qu'il s'est transformé publiquement durant le Bal des Diamants et donc que son identité est connue de tous, mais tout le monde pensait qu'il était Adrien à ce moment là. Or, dans les épisodes suivants, personne ne semble relier Adrien à Argos, donc d'une façon ou d'une autre, l'identité d'Argos a été gardée secrète. Je reviendrai dessus plus tard, pour expliquer comment cela s'est fait.
On se retrouve dans une semaine pour le chapitre 5 qui s'appellera : "Le prix à payer".
