Chapitre 9 :

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Finalement, Harry avait passé son dimanche à lire après le départ d'Isaac, pourtant, le sujet du porteur continuait à planer dans ses pensées alors qu'il peinait à admettre cette chose incroyable. C'était un choc, comme d'apprendre soudain que l'impossible était possible. Et cela l'avait étrangement amené à penser à ce qui était réellement impossible ou non, à sa définition de l'impossible et cela remettait en cause nombre des limites qu'il pouvait avoir jusque là.

Lundi, Adélème était revenu avec trois rendez-vous avec les avocats qu'ils avaient choisi. Le premier venait l'après-midi même, le second le lendemain et le troisième mercredi matin. Et arrivé à mercredi matin, Harry était quelques peu tendu. Les deux premiers avocats avaient refusé de le représenter, jugeant trop dangereux d'être l'avocat de Harry Potter. Il n'avait pu leur reprocher, comprenant. Leurs entretiens s'étaient fait sous sceau du secret et ils n'avaient de toute manière pas abordé grand chose, s'arrêtant à son identité. Le jeune lord commençait cependant à redouter de ne pas trouver d'avocat. Il comprenait leur réticence, surtout dans le contexte actuel mais cela l'angoissait. Il avait besoin d'un avocat en tant que lord et il redoutait de ne pas en trouver avant que la guerre ne soit terminée, en défaveur de Voldemort bien entendu. Il savait que rien ne pourrait être réellement fait tant que le Ministère était dans cet état mais se préparer pour le jour ou cela changerait était impératif. Parce que cela changerait dans le bon sens il en était certain, parce qu'il ne pensait plus la fin de la guerre impossible, comme avoir une vie après la guerre. Il voulait préparer l'avenir, son avenir et il craignait de ne pas pouvoir le faire au mieux.

Il était donc stressé alors qu'il était assis dans son salon d'apparat, face au duo d'avocat représentant leur propre cabinet. La troisième possibilités qu'il avait retenu et celle qu'il préférait. Léonès Empty et Odélia Phy. Un duo d'avocat qui possédait son propre cabinet et que Adélème décrivait comme extrêmement compétant, obstinés, intelligents, rusés, impitoyables. Leur cabinet leur offrait un large éventail de compétences. Ils semblaient parfaits et maintenant qu'il les avait en face de lui, il pouvait confirmer qu'ils avaient une présence imposante. Ils étaient tout deux soigneusement vêtus, se tenant droits et fiers, graves maintenant qu'ils venaient de découvrir son identité. Il était assis en face d'eux, digne et illisible, droit comme Adélème et Zélémie lui avaient appris. Il était soigneusement vêtu bien que sobrement et des sorts de dissimulations cachaient son état de santé véritable, le faisant paraître tout à fait bien. Adélème était assis à sa droite, Solange à sa gauche alors qu'il était censé avoir cours de droit ce matin là. Il venait de leur expliquer rapidement qui il était, le pourquoi du secret, son accession à ses titres et son besoin. Le duo l'avait attentivement écouté, ne laissant rien paraître et il y avait maintenant un moment de silence quelque peu tendu.

- Vous comprenez qu'être affilié à vous en ce moment est délicat, fit diplomatiquement la dame du duo.

- Dangereux, corrigea-t-il sans trouble ni hésitation. Le véritable mot est dangereux, posa-t-il. Délicat serait un euphémisme. J'en suis bien évidemment conscient étant donné ma position dans cette histoire. Il ne s'agit ici que de préparer l'avenir. Dans l'état actuel des choses dans ce pays, il ne servirait à rien de faire quoi que ce soit en ce moment. Aussi, vous n'aurez pas à apparaître avant que cette guerre ne soit terminée.

- Et si elle se termine en faveur de Vous-savez-qui ? demanda Léonès sombre.

- Cela voudra dire que je suis mort et personne ne saura jamais que vous avez été affilié à moi, dit-il platement. Je suis prêt à assurer un serment pour cela parce que je comprend la dangerosité de la chose.

- Que voulez vous dire par mort ? demanda Odélia aussi surprise que son collègue.

- Voldemort viendra tôt ou tard pour moi, remarqua-t-il. Me tuer l'obsède et lorsque cela se produira, soit il me battra et je suis mort, vous libres, soit c'est moi qui gagne et la guerre est finie en sa défaveur évidemment. Dans un cas comme dans l'autre le danger pour vous est moindre.

- Quelle sera l'issue selon vous ? questionna-t-elle l'air aussi curieuse de la réponse que son comparse.

- Je n'ai aucune intention de mourir autrement que de vieillesse maître Phy, répondit-il avec une assurance simple. La confrontation viendra tôt ou tard et vu la patience de Voldemort quand à mon sort, ce sera plutôt tôt que tard.

- Ne pensez vous pas que quelqu'un d'autre pourrait s'en charger avant ? demanda Léonès.

- Qui ? railla-t-il. Les aurors ? Le Ministère ? Dumbledore ? Il est vrai qu'ils ont été d'une efficacité redoutable depuis le début de la première guerre et s'il n'y avait pas eu ce soir d'Halloween, Voldemort serait déjà maître de ces îles. Je ne veux pas le combattre, ce n'est pas ma guerre mais il viendra que je le veuille ou non et personne ne l'arrêtera avant c'est certain. Personne n'a envie d'aller l'affronter. Quoi qu'il en soit, vous ne serez pas affilié à moi publiquement avant la fin de la guerre et si la fin n'est pas en ma faveur, personne ne saura jamais. Bien sûr même avec une fin en ma faveur, travailler pour moi ne sera pas aussi facile que pour un inconnu, j'en suis bien conscient et je suis prêt à mettre le prix d'une telle charge mais cela sera moins dangereux, bien moins.

Le duo échangea un long regard, comme une discussion silencieuse entre eux. Adélème lui avait expliqué que les deux avocats étaient des amis de très longue date et que c'était pour cela qu'ils avaient fondé leur cabinet ensemble. Ils devaient très bien se connaître. Ils retournèrent finalement leur attention sur lui, Adélème et Solange suivant la discussion sans intervenir.

- Nous ne sommes pas du genre à reculer devant la menace, annonça Léonès avec un léger sourire. Notre seul véritable questionnement était de savoir si vous étiez conscient du risque encouru. C'est une chose de prendre des risques mais si nous le faisons sans que vous en soyez conscient en est une autre.

- Je comprend, acquiesça-t-il.

- Nous acceptons, confirma Odélia.

- Je vous remercie.

- Hormis vos affaires, y-a-t-il d'autres choses sur lesquelles vous souhaiteriez que nous travaillons ?

- Oui, approuva-t-il.

Il commença alors à leur raconter comment il avait appris pour ses titres de lord, les surprenant profondément. Il parla des manquement de Dumbledore en tant que tuteur magique, des dons. Il avait dors et déjà commandé aux gobelins de stopper l'allocation aux Dursley mais il avait besoin de conseils au sujet des dons. S'il n'envisageait pas une seconde de faire quoi que ce soit pour sa vie chez les Dursley, contre les Dursley, n'ayant aucune envie que cette histoire de maltraitance sorte au grand jour, il songeait sérieusement à attaquer Dumbledore pour sa totale absence d'éducation alors qu'il était responsable de lui et de son apprentissage.

- Cela commence fort, remarqua Odélia. Je n'ai jamais aimé cet homme. Monter des dossiers solides ne devrait pas être compliqué dans ce cas. Le crime est plus que flagrant et indiscutable. Quand à ces dons frauduleux, nous devrions pouvoir les récupérer, avec intérêt bien entendu.

- Cela est une chose certaine sur le papier, confirma Léonès. La seule inconnue, la seule variable qui pourrait nous entraver est l'influence et le pouvoir dont disposera Dumbledore au moment où nous attaquerons ainsi que l'état du pays. Qu'il soit coupable pourrait être ignoré s'il a le poids nécessaire au moment crucial. Ce ne serait pas la première fois. Dumbledore est un héros de guerre, un sorcier savant respecté, le directeur de Poudlard, le président du Magenmagot et le manitou de la Confédération. Cela pourrait largement suffire à lui garantir la liberté et l'absence de condamnation. Il faut être rationnel sur ce point.

- Je m'en doutais, approuva-t-il. Nous verrons ce qu'il en est à ce moment mais je crois avoir bien assez de choses à dire sur lui pour le décrédibiliser ne serait-ce qu'un peu. Et contrairement à beaucoup, je n'aurais aucun scrupule à dire ce qu'il y a dire sur lui. Nous verrons comment les choses tournent et si cela devient nécessaire.

- Très bien. Il nous faudra prendre le temps d'en discuter à l'avance pour prévoir ce que nous pourrions faire.

- Nous ferons cela. Laissez moi simplement le temps de mettre mes affaires en ordre pour l'instant.

- Bien sûr. Pouvons nous nous intéresser au contrat ?

Harry approuva et ils se penchèrent sur le contrat qui ferait de lui leur client et qui les lierait à lui par leur serment de secret professionnel qu'ils refirent devant lui sans protester pour le prouver. Ils discutèrent encore un moment de ces affaires, des documents à fournir au sujet de tout cela pour qu'ils puissent commencer à travailler sérieusement sur le dossier et tout préparer, faire des recherches. Harry leur promit de rassembler au plus vite ces pièces, avant qu'il ne retourne à Poudlard et de rester en contact avec eux. Ce fut intérieurement très soulagé que Harry les raccompagna à la fin de leur entretient, les regardant s'en aller par sa cheminée.

- Vous n'auriez pas pu trouver mieux, sourit Solange. Ils sont très réputés ici comme à l'étranger.

- J'avais peur qu'ils refusent aussi, me voilà rassuré, avoua-t-il.

- Ils auront le temps de monter des dossiers très solides d'ici à ce qu'une action en justice soit possible et vous aurez le temps de vous préparer correctement, remarqua Adélème. Voilà une inquiétude en moins.

- En effet, sourit-il doucement. J'écrirai dés ce midi aux gobelins pour leur dire de stopper les dons et je les informerai des dossiers en préparation, leur demanderai les documents nécessaires.

- Inutile d'entrer dans les détails avec eux, ils sauront immédiatement quoi faire, expliqua Solange.

- Je n'en doute pas. Allons nous remettre au travail, dit-il ensuite en reprenant le chemin de son bureau avec eux.

Comme il l'avait dit, ce fut le midi même qu'il prit le temps d'écrire aux gobelins entre sa prise de potions et son repas, Adélème veillant de près alors qu'il restait toujours déjeuner en semaine. Il enchaîna avec ses cours d'économie avec Églantine l'après-midi, terminant sa journée fatigué et un peu mal, frissonnant de froid. Il sourit avec reconnaissance lorsqu'une douce couverture fut déposée sur ses épaules, additionnée d'un doux sort de réchauffe. La belle dame lui sourit en l'entourant de l'étoffe qu'elle avait fait apparaître avec attention, veillant sur lui comme ils le faisaient tous autour de lui.

- Vous avez besoin de repos, remarqua-t-elle en avisant sa pâleur et son air épuisé. C'est aujourd'hui que vous commencez pour vous yeux n'est-ce pas ?

- Oui. Isaac vient dans un petit moment, approuva-t-il. Notre prochain cours sera uniquement à l'oral.

- Vous devriez prendre ces trois jours en repos, conseilla-t-elle.

- Non. J'ai besoin de continuer, répondit-il.

- Très bien, approuva-t-elle avec compréhension. Nous nous voyons vendredi alors.

- Oui, à vendredi Églantine et merci.

- C'est toujours un plaisir. Non, fit-elle alors qu'il s'apprêtait à se lever, inutile de me raccompagner, restez tranquille.

- Mais…

- Ce n'est rien Harry. Je préfère que vous économisiez vos forces, pria-t-elle. Restez là. Au revoir lord Lafay.

Il lui rendit le salut et elle s'en alla, Adélème rejoignant son élève qui oscillait un peu dans sa fatigue.

- Comment vous sentez vous ? demanda-t-il en posant une main sur son épaule.

- Je vais bien, assura-t-il.

- Vous ne savez dire que cela lorsque l'on vous pose cette question n'est-ce pas ? s'amusa-t-il.

- Je suppose, soupira-t-il.

- Voulez vous prendre un thé avant l'arrivée d'Isaac ?

- Non, j'ai mes potions à prendre, dit-il en faisant apparaître le coffret où il les rangeait.

Adélème le regarda prendre les breuvages, toujours très inquiet pour son jeune élève. Mais il était confiant. Isaac était un génie de la médicomagie et Harry suivait à la lettre ses prescriptions. Il n'y avait donc aucune raison qu'il ne finisse pas par s'en sortir. En tout cas, tant qu'il n'arrivait rien entre deux, ce qui n'avait rien de certain avec la guerre. Il priait la Magie pour que son protégé reste en sécurité au moins jusqu'à avoir retrouvé suffisamment de force. Harry était un jeune homme formidable et, il en était certain, deviendrait un grand lord. Il eut rapidement avalé ses potions sans une seule grimace, l'air épuisé lorsqu'il eut terminé. Le quotidien était loin d'être facile pour lui pourtant, il ne se plaignait jamais et ne réclamait pas la moindre pause.

- Isaac ne va plus tarder, remarqua le jeune lord. Vous pouvez rentrer. Votre famille doit me détester de vous prendre autant de temps.

- Pas le moins du monde, assura-t-il. Vous n'avez pas à vous en faire pour ce genre de chose. Je reste encore un peu si vous permettez, j'aimerais être là pour le début du traitement de vos yeux.

- Si vous voulez, approuva-t-il.

Il ne le dirait pas mais cela le rassurait. Il était inquiet au sujet du traitement de ses yeux, inquiet de rester aveugle trois jours durant. Il n'aimait déjà pas être dans le noir total, cela ne lui rappelant que trop son placard tant hais et il n'était donc pas vraiment enthousiaste.

- Allons l'accueillir, dit-il en se levant.

Il chancela un peu, sa tête tournant et Adélème enroula un bras autour de ses épaules pour le stabiliser, le tenant précautionneusement. Il attendit d'être sûr que son protégé soit stable avant de s'éloigner, Harry le remerciant comme toujours lorsqu'on l'aidait ne serait-ce qu'un peu. Adélème remit en place la couverture sur ses épaules, sentant le froid de son corps. Il lui sourit et ce furent ensemble qu'ils gagnèrent le hall, arrivant au moment où la cheminée s'activait. Ce ne fut pourtant pas Isaac qui en sortit mais Arthur, surprenant Harry.

- Bonsoir, salua l'invité.

- Bonsoir Arthur, rendit Harry alors qu'il s'approchait en souriant doucement. Que se passe-t-il ?

- Je viens pour vous tenir compagnie pour vos yeux, annonça-t-il. Et si vous me le permettez, je resterais durant ces trois jours pour vous aider, dit-il en le surprenant.

- Ce n'est pas la peine, répondit-il finalement. Dobby et les autres sont là.

- J'insiste, pria doucement Arthur. J'imagine à quel point cela peut être stressant. Permettez moi de rester près de vous pour vous aider Harry. Entre cela et le reste, avoir quelqu'un pour veiller sur vous ne sera pas une mauvaise chose. Et puis, je m'ennuie au château Lafay. Je n'ai rien à faire. Laissez moi rester auprès de vous, ce serait un honneur et un plaisir.

- Êtes vous certain ? demanda-t-il.

La proposition le tentait bien. Arthur avait ce je ne sais quoi qui le rassurait, le sécurisait et le détendait. Il ne serait pas contre l'avoir près de lui pendant qu'il était dans le noir.

- Absolument, répondit l'homme.

- Merci, fit-il en recevant un sourire doux. Dobby ?

Celui-ci apparut immédiatement, accordant toute son attention à son lord.

- Que peut faire Dobby pour lord Potter ?

- Est-ce que vous pourriez préparer une chambre d'invité pour Arthur ? Il va rester avec nous pendant quelques jours.

- Dobby va le faire tout de suite, répondit-il joyeusement.

- Merci Dobby, répondit-il en le faisant sourire.

L'elfe disparut au moment où la cheminée s'activait de nouveau, Isaac en sortant. Ils se saluèrent et le médicomage se tourna vers son patient :

- Avez vous dîné ?

- Pas encore, répondit-il. Est-ce un problème ?

- Il vaudrait mieux manger avant que nous commencions. L'opération sur vos yeux va prendre un moment. Je vais devoir vous endormir et je ne pense pas que vous vous réveillerez avant demain matin. Et vous ne pouvez pas sauter de repas.

- D'accord. Il est peut-être tôt pour vous mais, voulez vous dîner avec moi ?

- Avec plaisir, approuva Arthur.

Les autres approuvèrent et le jeune lord appela Dorémi qui fut absolument ravie, allant dresser la table pour eux. Un moment plus tard, ils y étaient, commençant à manger, Isaac s'informant sur sa santé des derniers jours. Le médicomage eut l'air heureux d'entendre que Arthur restait à ses côtés pour cette période. Et finalement, ils furent à l'infirmerie, Isaac demandant à Adélème et Arthur d'attendre dehors. Il commença par examiner son patient installé sur le lit de la pièce. Puis il fit le traitement du jour sur ses cicatrices tout en lui expliquant ce qui allait se passer :

- Je vais vous endormir.

- Est-ce obligatoire ? demanda Harry anxieux.

- Oui. L'opération serait beaucoup trop douloureuse conscient et j'ai aussi besoin que vous ne bougiez pas d'un cheveux. Ne vous inquiétez pas, tout se passera bien. Personne ici ne vous veut le moindre mal. Nous veillerons sur vous.

- D'accord. Et ensuite ?

- Je vais faire l'opération sur vos yeux. Il s'agit de régénérer vos rétines, vos yeux pour qu'ils soient comme neufs. Lorsque j'aurais terminé, je vais mettre des gouttes d'une potion particulière dans vos yeux, les couvrir d'un épais cataplasme magique là encore puis les bander. Il faudra laisser le tout pendant trois jours en prenant une potion particulière deux fois par jour. Ce délai passé, nous pourrons retirer le tout et je pourrais analyser vos yeux pour déterminer si nous avons réussi comme nous le voulions. Il faudra être prudent durant ces trois jours, la cécité autant que le traitement va altérer votre équilibre. Vos yeux brûleront sûrement un peu, pourront gratter, faire un peu mal… C'est normal. Prenez les anti-douleurs que je vous ai donné. Je vais ensorceler les pansements de vos yeux pour qu'ils ne bougent pas, qu'ils ne puissent pas bouger quoi qu'il arrive. Il est très important que rien ne bouge avant la fin des trois jours. Cela pourrait vous rendre définitivement aveugle si le traitement est brusquement interrompu en plein milieu. Vous aurez certainement des maux de têtes aussi alors il faudra vous reposer si vous sentez que ça ne va pas.

- Compris.

Isaac termina avec son dos avant de lui permettre de se rhabiller, lui conseillant de passer un pyjama au cas où il ne se réveillerait plus ce soir. Harry le fit puis il s'installa confortablement sur le lit de son infirmerie, tendu. Isaac prit le temps de le rassurer avant de l'endormir vraiment, le plongeant dans le noir, le couvrant chaudement alors qu'il frissonnait toujours. Une fois certain que le jeune lord était profondément endormi, il se mit au travail avec soin, prenant son temps pour mener l'opération avec toute la précision nécessaire. Deux heures plus tard, il terminait de poser les pansements. Les bandes blanches entourèrent la tête du jeune homme, couvrant ses yeux d'une épaisse couche de tissus immaculé, ne laissant pas la plus petite possibilité à la lumière de passer. Il ensorcela le tout avant de vérifier l'état de son patient. Comme toujours en ce moment, il le trouva bien trop épuisé à son goût. Il annula l'anesthésie mais il lui administra ses potions à prendre au coucher ainsi que sa sommeil sans rêve, décidant qu'il valait mieux qu'il dorme jusqu'au lendemain. Les soins terminés, il ouvrit la porte, Adélème et Arthur entrant immédiatement :

- Comment cela s'est-il passé ? demanda le lord alors que Arthur rejoignait Harry.

- Bien, sourit-il. Maintenant, il faut qu'il prenne bien la potion qui va avec l'opération et attendre trois jours. Il va dormir jusque demain. Il est épuisé et très éprouvé. Ces trois jours vont être difficiles et il vaut mieux qu'il ne se déplace pas seul. Son équilibre va être altéré et avec tout ce qu'il y a déjà, il pourrait chuter pour un rien. Il risque d'être encore plus fatigué et d'avoir mal à la tête alors n'hésitez pas à le pousser à se reposer.

- Je vais veiller sur lui, assura Arthur. J'essaierai de le détendre aussi.

- Il en a bien besoin, soupira le médicomage. Il est très stressé, ce qui n'a rien de surprenant mais ça n'aide pas sa santé. Il reste moins de trois semaines avant qu'il ne retourne à Poudlard. La rentrée va être très lourde pour lui.

- Tout sera lourd tant que cette guerre ne sera pas terminée en sa faveur, remarqua Adélème. Comment un adolescent a-t-il pu se retrouver dans cette situation ? demanda-t-il avec tristesse. Notre monde devient totalement fou.

Aucun ne répondit, bien d'accord avec lui. Leur jeune ami portait déjà tellement sur lui, à seulement seize ans quand il aurait simplement dû faire des bêtises avec ses amis, faire ses expériences, s'amuser, apprendre et mettre en rage ses parents parce qu'il avait fait on ne savait quelle frasque. Mais non, Harry vivait comme un adulte, endurait comme un adulte, avait les responsabilités d'un adultes et même bien plus encore que n'importe qui.

- Je vais aller le coucher, annonça finalement Arthur. Il sera mieux dans son lit.

Adélème et Isaac approuvèrent, l'aidant à venir prendre le jeune lord dormant profondément dans ses bras. Ce fut avec une immense délicatesse que l'épéiste agit, prenant son temps pour bien installer sa charge, soupirant de tristesse en constatant ainsi sa légèreté. Harry aurait dû être bien plus costaud à son âge mais il en était loin et cela exprimait un peu plus à quel point ses problèmes de santé et tout ce qu'il vivait l'avaient éprouvé. Ce fut ensemble qu'ils se dirigèrent en silence vers la chambre du jeune homme, Adélème écartant les draps du lit d'un sort pour que Arthur puisse le déposer doucement. Là encore il prit soin de l'installer de son mieux, Isaac recommandant de le redresser un peu pour lui donner une respiration plus confortable. On vérifia sa température et son état pour s'assurer qu'il n'avait pas de fièvre ou au contraire qu'il n'avait pas froid avant de le couvrir de manière appropriée, Arthur s'asseyant finalement au bord du lit.

- A-t-il besoin de surveillance cette nuit ? demanda-t-il.

- À priori non, répondit Isaac. Mais très franchement, ce serait moi, il serait sous surveillance constante en ce moment. L'anesthésie est bien levée et c'est la potion de sommeil qui l'endors donc il n'y a pas de problème. Il risque d'être désorienté au réveil. Il faudra bien lui réexpliquer qu'il y a eu l'opération et que c'est normal qu'il n'y voit rien le temps qu'il reprenne ses esprits. Nous n'en n'avons jamais parlé mais il a sûrement des réveils difficiles alors il serait bien qu'il soit rassuré. Ses pansements sont ensorcelés pour ne pas bouger d'un pouce quoi qu'on fasse. Ils ne doivent pas bouger ou pire être retirés avant l'heure, cela pourrait lui coûter ses yeux.

- Je vais mettre un sort pour me prévenir s'il se réveille, fit Arthur, comme ça je viendrai immédiatement pour qu'il ne soit pas seul. J'imagine à quel point ça doit-être stressant de se retrouver aveugle ainsi. Surtout pour lui vu comme il est déjà constamment sur ses gardes.

- On voit bien qu'il s'est fait dangereusement attaquer plus d'une fois, remarqua Adélème. Il est constamment aux aguets et il réagit très vite à la moindre chose, comme s'il était monté sur ressort.

- Ce sont des réactions classiques pour des personnes avec son vécu, répondit le médicomage. Il faut espérer qu'il parviendra à se détendre, cela lui ferait vraiment du bien. Quoi qu'il en soit et même si je sais qu'il travaillera quand même, il va avoir besoin de plus de pauses et de repos dans les jours à venir. Je passerai chaque soir voir comme il va pour être sûr. Il ne dit pas un dixième de ce qu'il ressent.

- Je ne connais pas son entourage mais il est évident que jamais personne n'a veillé sur lui ou fait attention à lui, dit Adélème. Tout son comportement cri à la solitude et aux instincts défensifs.

- On ne peut pas faire plus flagrant, approuva Arthur. Et il n'a pas facilement confiance. Je me demande même si ses amis en sont vraiment vu à quel point il se cache d'eux.

- Je me le demande aussi, fit le lord alors qu'un pop résonnait.

- Est-ce que l'opération de lord Potter s'est bien passée ? demanda Dobby planté devant le médicomage.

- Oui, répondit celui-ci en le faisant sourire largement. Il a juste besoin de se reposer maintenant. Il va dormir jusqu'à demain. Je lui ai donné une potion de sommeil sans rêve pour qu'il se repose.

- Il vaut mieux le laisser se reposer tranquillement, posa Adélème. Prenez soin de lui Arthur, nous allons rentrer.

L'homme approuva et le lord et le médicomage se laissèrent raccompagner par l'elfe. Arthur resta encore un moment près du jeune homme auquel il s'était déjà énormément attaché en un mois. Il savait, il savait que Harry Potter étaient quelqu'un de grand, de noble et de bienveillant, profondément, courageux. Il méritait tellement qu'on l'aide et le soutienne. Ce qu'il était bien décidé à faire. Il se leva finalement, Dorémi apparaissant. Elle ferma les rideaux alors qu'il remontait la couverture sur son protégé, se laissant ensuite conduire à sa propre chambre, demandant aux elfes de le réveiller à la moindre chose avec leur maître.

Le lendemain, après une nuit calme, ce fut bien plus tôt qu'il ne l'avait imaginé que Arthur fut réveillé par Dobby lui annonçant qu'il allait réveiller son lord. Il se leva rapidement, prêt en quelques minutes pour ensuite suivre l'elfe vers la chambre d'Harry.

- Se réveille-t-il toujours aussi tôt ? demanda-t-il intrigué.

- Oui, acquiesça l'elfe. Lord Potter se lève même bien plus tôt parfois.

Se demandant si son jeune ami prenait le temps de se reposer au moins une fois de temps en temps, Arthur continua à avancer. Très vite, ils furent dans la chambre, Dobby ouvrant les rideaux de quelques claquement de doigts, le soleil pointant à peine à l'horizon. L'épéiste s'avança vers le lit, se faisant inquiet en trouvant Harry. Il était très pâle, tremblant de froid et respirant lourdement.

- Lord Potter a eu froid toute la nuit. Dobby a essayé de le réchauffer mais il tremble toujours.

- C'est à cause de son traitement. Vous avez fait tout ce qui était possible j'en suis certain, rassura l'homme.

Il vint ensuite s'asseoir près du jeune homme, posant une main sur son épaule en se mettant à l'appeler pour le réveiller. Il lui fallut un bon moment au jeune homme pour émerger vraiment, Arthur se faisant patient et doux.

- Arthur ? bredouilla-t-il finalement en portant une main aux bandages de ses yeux.

- C'est moi, approuva-t-il. Bonjour Harry. Vous souvenez vous de ce qu'il s'est passé hier soir ?

- Oui. L'opération de mes yeux, répondit-il faiblement.

- C'est ça. Tout s'est très bien passé et comme prévu, vous avez dormis toute la nuit. Il est l'heure à laquelle Dobby m'a dit que vous vous leviez.

- D'accord.

- Comment vous sentez vous ?

- Bien, répondit-il dans un automatisme évident.

Il commença ensuite à se redresser, Arthur le voyant peiner, le souffle court alors qu'il tremblait toujours. Il le laissa pourtant faire alors qu'il s'asseyait lentement au bord de son lit.

- Lord Potter veut-il prendre ses potions avant d'aller se laver ? demanda Dobby.

- S'il te plaît Dobby, répondit-il en lui donnant un sourire.

L'elfe lui amena rapidement un plateau lévitant chargé de nombreux verres de potions déjà prêt, Arthur grimaçant à la quantité qu'il avait à prendre et qu'il n'avait jamais vu de ses yeux. Il était tellement curieux de savoir d'où pouvaient venir les problèmes de santé d'Harry. Maladie ? Anciennes blessures ? Un sort peut-être ? Personne ne savait en dehors du médicomage et le jeune homme n'en parlait jamais. Mais ce n'était certainement pas une petite chose et il redoutait toujours d'apprendre à quel point Harry avait déjà pu souffrir dans le passé. Il en connaissait une partie, pouvait en soupçonner une autre et si cela était déjà bien trop pour un jeune comme lui ou même pour n'importe qui, il était évident qu'il y avait plus. Il regarda le lord avaler les potions les unes après les autres sans une grimace, s'assurant aussi qu'il y avait celle pour ses yeux dans le lot, Dobby confirmant. Il remercia l'elfe pour lui avoir tout préparé, celui-ci souriant l'air heureux. Le jeune lord entreprit ensuite de se lever pour aller se laver et Arthur l'aida immédiatement sans remarque, lui donnant son bras en passant l'autre autour de lui. Et la chose s'avéra plus que nécessaire, Harry ne tenant pas sur ses jambes, tanguant et peinant à trouver son équilibre.

- Prenez votre temps, conseilla-t-il doucement. Isaac a dit que votre équilibre pouvait être un problème.

Il sentait le lord terriblement tendu de gêne et de honte contre lui, se faisant aussi tranquille que possible pour ne pas le mettre plus mal à l'aise. Cela aussi avait créé bien des questions dans son esprit. Comment Harry avait-il pu vivre maladie, faiblesse ou blessure pour en avoir une telle honte aujourd'hui ? C'était comme si on ne lui avait jamais permis la moindre défaillance quelle qu'elle soit, qu'on les avait peut-être moqué ou carrément ignoré. Il n'aimait vraiment pas ça et il faisait tout ce qu'il pouvait, comme Adélème et les autres professeurs d'ailleurs pour que Harry comprenne qu'il ne devait pas avoir honte ou être gêné, qu'il pouvait leur dire si ça n'allait pas et qu'il pouvait se reposer sur eux. Il comprenait le besoin de Harry de se montrer fort et sans faille avec la guerre et tout ce qui l'attendait, la chose devenant même une nécessité pour sa protection ? mais il avait aussi besoin d'apprendre à s'appuyer sur des personnes de confiance, à se détendre en privé.

- Je vous accompagne à la salle de bain, dit-il alors qu'ils se mettaient doucement à marcher.

- Merci Arthur, murmura faiblement le jeune homme.

- Ce n'est rien, sourit-il. Je suis là pour vous aider et je suis ravi de le faire. Alors ne vous en faîte pas et dîtes moi s'il y a quoi que ce soit.

Il le mena dans la salle de bain, le laissant après s'être assuré qu'il pourrait se débrouiller, disant qu'il restait derrière la porte s'il avait besoin de lui. Harry ne chercha pas très loin pour se préparer, utilisant d'abord les toilettes avant de se laver et de s'habiller de sorts, sa baguette continuellement attachée à son avant bras. Une migraine terrible lui fendait le crâne et il peinait à vraiment entendre Arthur lorsqu'il lui parlait, tenir debout relevant plus que jamais du défi alors qu'il avait l'impression d'être en pleine tempête en mer. Et lorsqu'il eut terminé, il fut impossible de se relever seul, manquant de tomber lorsqu'il essaya. Se souvenant nettement qu'une mauvaise chute pouvait avoir de graves conséquences sur lui, il préféra ne pas tenter le diable même si demander son aide à Arthur l'embarrassait. Il l'appela et son professeur d'escrime fut là presque immédiatement, l'aidant avec attention et délicatesse. Mais il n'échappa pas à l'homme que marcher était une épreuve pour lui. Il se baissa, le soulevant facilement dans ses bras comme une princesse, sentant Harry se tendre contre lui.

- Laissez moi faire, pria-t-il paisiblement. Marcher va vous épuiser et c'est dangereux si vous tombez. Détendez vous, je vous emmène.

Harry ne dit rien et se laissa aller, posant lourdement sa tête sur son épaule, Arthur se doutant qu'il devait se sentir mal. Il le voyait grimacer légèrement et serrer les dents, tremblant toujours de froid. Il suivit Dobby jusqu'à la salle à manger où le petit déjeuner serait servi, déposant doucement le jeune homme sur sa chaise une fois à destination.

- Merci, bredouilla-t-il une fois de plus.

- De rien, répondit-il simplement.

Il vit rapidement Dobby faire apparaître une couverture, l'air soucieux de voir son maître trembler ainsi et il se chargea de la passer autour de lui, espérant que cela l'aiderait. Il s'installa à ses côtés alors que Dobby expliquait à son maître ce qu'il avait devant lui et comment ils avaient tout préparé pour qu'il puisse facilement manger avec les doigts. Il l'aida à composer son assiette, Harry le remerciant avant de se mettre à manger. Arthur en fit de même, trouvant tout aussi excellent qu'à l'habitude ici. Les elfes de Harry faisaient vraiment d'immenses efforts en cuisine, leurs repas toujours délicieux. Il mangea donc avec plaisir, gardant un œil sur le lord qui mangeait bien moins et avec bien plus de peine. Il semblait lutter, oscillant sur sa chaise, ne parvenant pas à se tenir droit comme il le faisait toujours. Arthur fut ravi de le voir cesser de trembler assez rapidement seulement, ce fut un soulagement de courte durée alors qu'il se mettait à transpirer, ses joues rougissant lui indiquant qu'une fièvre montait certainement, les effets des potions commençant à se faire sentir. C'était un crève cœur pour lui de voir le jeune homme endurer de telles choses. Sa respiration se fit plus laborieuse, sa grimace de douleur plus prononcée. Ses mains tombèrent finalement sur ses cuisses comme si elles pesaient des tonnes et qu'il ne parvenait plus à les lever.

Une minute plus tard, Arthur n'était plus sûr qu'il soit encore vraiment conscient. Il laissa donc son repas, revenant prendre le jeune homme dans ses bras, laissant la couverture, et le fait qu'il ne se tende pas et qu'il fut telle une poupée de chiffon le renseigna sur son état de conscience. Il rappela Dobby qui le guida vers le salon où Mella était en train d'élargir une méridienne et de la garnir de coussins pour installer confortablement son maître. Il sourit aux petits êtres tellement attentionnés pour le lord. Il installa Harry, sentant qu'une magie légèrement rafraîchissante était posée là certainement pour soulager sa fièvre monstrueuse. Il fut vite évident pour lui que Harry n'était plus vraiment là et ça n'avait rien de surprenant au contraire. Il resta près de lui, demandant aux elfes s'il pouvait avoir des linges frais qui lui furent vite amenés. Il se mit alors à éponger doucement le visage et le cou du jeune homme, espérant l'aider un peu.

Lorsque Adélème et Bastide arrivèrent, l'état du jeune homme n'avait pas changé et il n'avait toujours pas redonné signe de conscience. Les deux hommes conduis par Ori le saluèrent, se concentrant pourtant bien vite sur leur protégé :

- Comment va-t-il ? demanda Adélème en prenant place non loin.

- Il est très faible, répondit-il. Il ne tenait pas sur ses jambes ce matin. Il a juste pu se préparer et il n'a même pas réussi à terminer son petit déjeuner avant de perdre conscience. Il souffre aussi mais il n'a rien dit là dessus comme d'habitude. Et une bonne fièvre a fait son apparition depuis un moment.

- J'espère qu'il ira vite mieux, fit Bastide. C'est complètement fou tout ce qu'il a déjà à endurer à seize ans à peine.

Adélème et Arthur ne purent que confirmer et ils veillèrent ensemble sur leur élève. Lorsque Joachim arriva, Harry n'était toujours pas réveillé et ce ne fut qu'en fin de matinée qu'il émergea sans grande concentration, s'excusant auprès d'eux pour cela. Et comme à l'habitude, ils le rassurèrent. Ce jour là, il ne put que discuter un peu avec ses professeurs, décrochant souvent, luttant visiblement. Lorsque Isaac passa au soir, il ne put que conseiller du repos et de la détente, faisant prendre un anti-douleur au lord en lui rappelant qu'il pouvait en prendre jusqu'à quatre par jours espacés de six heures, ce que Harry avait tendance à oublier. Aidé d'Arthur, il alla se coucher tôt, l'homme restant un moment près de lui pour s'assurer qu'il allait aussi bien que possible. Le vendredi fut semblable, comme le samedi d'ailleurs. Mais au moins ce jour là, l'absence de cours l'après-midi avait été un bon argument pour pousser le jeune lord à se détendre et à se reposer. Arthur avait d'ailleurs proposé d'aller prendre l'air et Harry avait approuvé, se laissant être chargé sur le dos de l'homme. Arthur était d'un soutient inestimable pour lui et il se demandait comment il aurait fait sans lui. Marcher était des plus ardu avec ses yeux et son état, tout était difficile et surtout, tout était terriblement angoissant. Mais Arthur savait le rassurer, le tranquilliser, très attentif et d'une aide précieuse. Il s'était détendu avec lui, acceptant son aide, heureux de se sentir ainsi soutenu sans jugement.

Il se laissa donc emmener lorsque l'homme proposa d'aller se promener dans le jardin et sortir lui fit en effet du bien, la marche douce et souple, silencieuse d'Arthur le berçant. Le vent lui faisait du bien, comme les bruits des oiseaux et de tout ce qui les entourait. C'était apaisant. Tellement qu'il finit par s'endormir contre l'épéiste qui sourit avec douceur, le ramenant tranquillement vers le château. Le lendemain matin, ce fut avec un stress et une excitation particulière que Harry se leva, difficilement avec l'aide d'Arthur fidèle au poste. Il se prépara et alla prendre le petit déjeuner avec l'épéiste. Ce jour là, Bastide ne venait pas, comme il n'était pas venu la veille alors qu'il participait à un tournois de duel ce week-end. Mais ce n'était pas un problème puisqu'il ne pouvait pas s'entraîner avec le traitement de ses yeux. Cela n'empêcha pas Adélème d'être là tôt, Isaac dans son sillage. Le médicomage prit d'ailleurs le relai d'Arthur pour soutenir le lord ne parvenant toujours pas à marcher correctement. Ils rejoignirent l'infirmerie, les deux hommes patientant dans le couloir, Harry s'installant sur le lit :

- Est-ce que vos yeux sont encore douloureux ? demanda-t-il en sachant qu'il avait eu mal.

- Plus depuis hier soir. Il n'y a plus rien ce matin.

- Très bien, sourit-il. Je vais d'abord lancer un diagnostique pour savoir si tout est bien comme on le souhaite puis on retirera les pansements et vous pourrez voir comment c'est.

Harry approuva et ne bougea pas alors qu'il lançait son sortilège, patientant avec tension. Cela représentait tellement de pouvoir régénérer ses yeux abîmés, de pouvoir voir correctement, d'éloigner le risque de cécité et de découvrir sa vision d'aura.

- C'est parfait, fit Isaac un sourire dans la voix. Vos yeux sont entièrement régénérés et le processus s'est passé parfaitement. Je crois que le résultat va vous plaire. Quand à la vision d'aura, vous seul pourrez dire si elle est là ou pas. S'il n'y a rien en ouvrant les yeux, ne paniquez pas, ça pourrait prendre plusieurs jours pour se réveiller après un tel temps de dysfonctionnement.

- D'accord.

- Je vais retirer les bandages, nettoyer vos yeux. Attendez simplement que je vous dise que c'est bon avant d'ouvrir. Je tamiserai la lumière pour que vous ne soyez pas éblouis.

Il approuva et se laissa faire, Issac retirant les pansements avant de se mettre à nettoyer ses yeux, retirant les restes de cataplasme et de potion avec soin et douceur. Il fallut un moment mais il termina finalement. Il ferma les rideaux de la pièce, allumant quelques douces lumières d'appoint ne donnant pas directement sur son patient.

- Voilà, vous pouvez ouvrir, autorisa-t-il.

Ce fut avec appréhension que Harry s'exécuta, clignant plusieurs fois des paupières alors que quelques larmes et picotements se montraient. Isaac le rassura en expliquant que c'était tout à fait normal après trois jours dans le noir, lui recommandant de prendre son temps. Le médicomage lui donna un mouchoir pour essuyer ses larmes et rapidement, les picotements s'atténuèrent et sa vue s'éclaira. Elle s'éclaira soudain comme jamais. Malgré la pénombre, il réalisa pleinement à quel point il avait eu la vue abîmée en découvrant la myriade de détails et de ton des choses. Jamais il n'avait vu ça. Le monde avait brusquement un tout autre visage était c'était incroyable. Il pouvait voir les détails insoupçonnés de la décoration, des meubles, des différences de textures, des jeux de lumière… Il tourna les yeux vers Isaac, le redécouvrant lui aussi à travers les détails qu'il n'avait pas perçu avant. De légères couleurs lumineuses entouraient le médicomage comme une brume et il comprit qu'il avait récupéré son pouvoir, ravi.

- C'est formidable, remarqua-t-il avec un petit sourire.

Isaac lui rendit l'expression, l'air très heureux lui aussi.

- Pas de douleur ou de gêne ?

- Non ça va.

- Bien, je vais ouvrir doucement les rideaux.

Il le fit, la lumière baignant lentement la pièce, Harry observant avidement autour de lui, un peu émerveillé de redécouvrir les choses. Isaac sourit, continuant à ouvrir doucement les rideaux pour ramener la lumière progressivement. Il savait à quel point la vue du jeune homme avait été mauvaise et il comprenait donc sa surprise maintenant, le changement que cela représentait d'autant plus que s'il récupérait sa vision d'aura, sa vue serait extrêmement précise. Il le laissa en profiter, revenant s'asseoir près de lui une fois les rideaux bien ouverts.

- Votre vision d'aura ? demanda-t-il finalement.

- Elle est là, répondit-il avec soulagement. C'est encore faible et flou mais c'est là.

- Elle mettra probablement quelques jours à s'éveiller totalement mais elle va revenir. Je vais faire un petit test visuel.

Harry approuva et ils firent l'examen pour s'assurer que tout était en ordre, Isaac ressortant très satisfait, comme le jeune homme. Ses efforts en valaient la peine et il se disait que si pour le reste de son traitement le changement était aussi radical à la fin, comme Isaac le prévoyait, alors il ferait tout ce qu'il faudrait. Ils enchaînèrent sur une séance de soins sur ses cicatrices, le lord en profitant pour tout observer autour de lui. Cela fait, le médicomage fit plusieurs diagnostiques de contrôles comme à chaque fois, souriant lorsqu'il eut terminé.

- Trois semaines de traitement ont déjà commencé à vous faire du bien, remarqua-t-il. Vous êtes bien hydraté, vous avez commencé à reprendre du poids et vous êtes plus reposé. C'est très bien.

- Pensez vous que ça ira pour la rentrée ?

- Oui. Ce ne sera pas parfait mais vous devriez vous sentir bien plus fort et les effets secondaires devraient être supportables. Le traitement de vos yeux a été lourd, c'est un choc pour le corps et ce n'est pas une procédure anodine. Mais vous vous sentirez mieux dans deux ou trois jours. Il reste deux semaines avant la rentrée. Cela vous donne encore un peu de temps pour vous améliorer. Le tout sera de ne pas relâcher vos efforts à l'école.

- Je n'en n'ai pas l'intention, affirma-t-il.

- Alors ça ira. Cela ne sera pas facile mais ça devrait aller. Bien sûr, au moindre problème, appelez moi sur le champs. Je viendrai à Poudlard.

Harry approuva. Adélème avait veillé à ce qu'il sache quels étaient tout ses droits et ses possibilités à Poudlard. Il ignorait si madame Pomfresh était assermentée, la chose n'étant pas systématique pour les infirmiers comme pour les médicomage. Et tant qu'il n'était pas certain, il était hors de question de se laisser soigner par elle désormais. Protéger sa vie privée était une priorité dont-il avait plus que conscience. Cela mais aussi pour protéger sa santé, une personne assermentée s'engageant à ne pas lui faire de mal, à ne pas lui nuire et à le soigner au mieux. C'était cela qui lui avait permis d'accorder la confiance nécessaire à Isaac pour se laisser soigner. Il fallait également compter le traitement complexe qu'il suivait et les nombreuses puissantes potions qu'il prenait et qui interféraient grandement avec d'autres soins. Il était donc évident pour lui qu'il ne laisserait personne d'autre le soigner. Adélème lui avait expliqué qu'il pouvait exiger cela à l'école, exiger que son médicomage soit contacté en cas de besoin ou s'il le réclamait. Pour cela, il devait simplement le notifier par écris à son chef de maison. Voulant être certain que le professeur McGonagall aurait bien l'information, méfiant à l'égard de Dumbledore, il avait opté pour lui remettre le courrier en main propre à la rentrée. Ainsi, il serait certain et il pourrait lui expliquer l'importance de la chose, se renseigner sur l'infirmière aussi peut-être. Les examens terminés, Harry se releva, acceptant le bras du médicomage alors qu'il peinait encore.

- Il faudra encore un jour ou deux pour que les effets du traitement s'estompent complètement alors soyez prudent pour ne pas vous blesser en attendant. Mais retrouver la vue améliorera déjà votre équilibre. Vous devriez déjà être mieux d'ici ce soir.

- Merci Isaac, répondit-il avec reconnaissance. Pour tout ce que vous faîte pour moi.

L'entrée du médicomage dans sa vie était vraiment salvatrice et il ne regrettait pas de l'avoir écouté le premier jour. Isaac était gentil, il savait le rassurer malgré ses problèmes de santé, il l'écoutait avec attention sans lui mettre la pression, savait répondre à toutes ses questions. Il était réconfortant et encourageant. Il l'aidait à adapter les choses autour de lui plutôt que de lui interdire quoi que ce soit et cela était d'un immense secours.

- Ce n'est rien, sourit-il. C'est un plaisir.

Ils sortirent ensemble, Adélème et Arthur ravis d'apprendre que tout avait fonctionné parfaitement, soulagés eux aussi. Harry leur proposa d'aller prendre un thé ensemble, ce qu'ils furent ravis d'accepter. Ils passèrent un moment simple, Harry se sentant de plus en plus à l'aise avec le petit entourage qu'il s'était constitué cet été. De plus en plus, il les voyait tous comme des amis de confiance et cela faisait du bien quelque part. Tous repartirent finalement, le jeune homme ne manquant pas de remercier encore Arthur pour son assistance de ces derniers jours. Ses invités partis, il opta pour la bibliothèque et un livre sur la vision d'aura. Il était très heureux qu'elle soit revenue, ayant bien saisi le potentiel d'un tel pouvoir. Mais cela lui donnait aussi l'impression qu'il se réappropriait un peu plus son corps et sa vie et il adorait ce sentiment qui venait de plus en plus au fur et à mesure qu'il reprenait les choses en main.

Il devait pourtant encore apprendre à lire et interpréter correctement les auras et ce fut à cela qu'il s'intéressa ce jour là. Chaque couleur, chaque nuance avait sa signification. Chacune avait un côté positif, un autre négatif, la luminosité disant si on tendait d'un côté ou de l'autre. Les mélanges de couleurs avaient leurs messages aussi comme de nombreuses autres particularités. Il pouvait lire la puissance d'une personne, sa personnalité générale, ses émotions du moment, ses spécificités magiques… Il n'apprendrait pas à les lire correctement du jour au lendemain et il lui faudrait certainement de l'entraînement et de l'expérience mais c'était un don formidable et il s'appliqua à commencer à enregistrer les bases, motivé. Le lendemain, lundi, il reprenait ses cours normalement, avec les aléas de son état mais capable de se remettre au travail aussi bien que possible, soulagé alors qu'il se voyait avancer chaque jour un peu plus.