Chapitre 14 :
Âge mémoriel
Ce fut avec intérêt que Harry observa Draco Malfoy. On était à la fin du premier mois de cours et il n'y avait aucun doute sur le fait que le Serpentard était très étrange. Régulièrement maintenant, il exerçait sa vision d'aura redevenue parfaite et puissante. Ou plutôt, il s'exerçait à lire les auras, un peu chaque jour. Comme il l'avait prévu, il se concentrait d'abord sur la lecture et le décryptage des signes négatifs et cela n'avait fait que renforcer son impression au sujet de Malfoy. Il agissait étrangement. On ne l'entendait presque plus, même pour l'insulter lui. Il errait souvent seul, il regardait dans le vide, il avait l'air très sombre, ses résultats avaient baissé alors qu'il était à cheval là dessus, s'en vantant régulièrement. Presque plus rien ne captait son attention et en le regardant un peu aux repas, on s'apercevait qu'il ne mangeait pas grand-chose. Son aura quand à elle était pleine de stress, de peur, de terreur même, de tension, de panique, de désespoir… Il maintenait une façade parfaite mais Harry le voyait, le sentait lorsqu'il le regardait avec sa vision d'aura active. Il l'avait suivi sur la carte du maraudeur et il avait vu qu'il était souvent du côté de la salle sur demande, son nom disparaissant ou apparaissant brusquement marquant qu'il entrait ou sortait de la salle magique. Ce qu'il y faisait seul, il n'en n'avait aucune idée.
Clairement quelque chose n'allait pas avec lui et compte tenu de qui était son père et de ce qu'il pouvait se passer autour de lui en ce moment, il n'était pas difficile de faire des suppositions. Il pouvait s'inquiéter pour sa famille, pour son père, pour ce qui allait se passer pour eux maintenant… Il pouvait s'inquiéter pour autre chose aussi, pour une mission qu'il avait à faire peut-être ou pour quelque chose qu'il savait, qui arriverait… On pouvait supposer beaucoup de choses mais il préférait pencher pour la possibilité la plus dangereuse par prudence : une mission ordonnée par Voldemort à Poudlard. Il valait mieux prévenir que guérir et il préférait donc le surveiller discrètement avec cette idée en tête, sans pour autant oublier le reste. Il se mit donc à garder un œil sur lui discrètement, principalement grâce à sa carte, réfléchissant à ce qu'on pouvait lui avoir demandé. Si on était logique, il y avait trois choses que Voldemort pouvait vouloir à Poudlard : lui même, Dumbledore et entrer dans l'école. Observer Draco lui dirait peut-être ce qu'on lui avait demandé.
Mais le jeune lord avait aussi une autre préoccupation qui le taraudait de plus en plus. Depuis qu'il était de retour à Poudlard, il vivait une chose étrange. Il avait… comme des flash back, des souvenirs qui lui revenaient, des impressions de déjà vue, des sensations, comme avec Slughorn, qu'il avait oublié quelque chose. C'était d'ailleurs très fort avec le professeur de potions. Problème, il n'avait jamais vécu les images qui lui venaient, les rêves qu'il faisait parfois. Il n'en n'avait parlé à personne et n'avait rien laissé paraître mais il voulait tirer ça au clair, comprendre. Il ne pouvait s'empêcher de faire le parallèle avec les visions du lien avec Voldemort même s'il avait été brisé et cela l'effrayait. Il se demandait s'il s'agissait de quel que chose du même genre. Il avait donc commencé à faire des recherches sur les magies de liens et de la mémoire, pour essayer de se souvenir clairement, si c'était réellement des souvenirs, et d'enfin expliquer ça. Si la chose l'effrayait, le stressait, cela ne l'inquiétait pas autant que cela aurait dû même si c'était bizarre. Sa propre réaction était étrange et il voulait savoir ce qu'il se passait.
Il cherchait donc, dans ses propres livres, dans ceux de la bibliothèque et ceux de la réserve. Lorsqu'il avait demandé à sa directrice de maison une autorisation pour y aller, elle n'avait pas posé la moindre question sur ce qu'il voulait y chercher, lui donnant simplement, Harry devinant qu'elle l'aiderait toujours de son mieux, reconnaissant. McGonagall était d'un grand secours et au plus il avançait dans la maîtrise de sa vision d'aura, au plus il pouvait confirmer qu'elle était sincère et vraiment inquiète pour lui, soucieuse de l'aider. C'était aussi le cas de Flitwick, de Bibine et de beaucoup d'autres professeurs à divers niveaux. C'était comme si ce qu'il s'était passé au Ministère, le retour officiel et flagrant de Voldemort, leur avait fait comprendre ce qui lui tombait dessus et qu'ils voulaient l'aider à leur manière. Si c'était un peu tard à son goût, il était aussi reconnaissant et réconforté par cela. Lorsqu'ils lui disaient qu'ils ne disaient rien à Dumbledore ou a quiconque sur l'aide qu'ils lui offraient, ce dont-ils parlaient, leur aura criait la sincérité et ça le rassurait beaucoup.
- Monsieur Potter ! appela une voix qu'il reconnut sur le champs.
Il se retourna pour voir le professeur Bibine derrière lui alors qu'il quittait le stade avec son équipe après un entraînement. Il fit signe à Cormac et aux autres qui faisaient mine de l'attendre d'avancer sans lui, ne manquant pas de voir Ginny et Ron l'observer. Mais il les ignora, avançant vers la dame qui avait un immense sourire au visage, lançant un discret sort d'intimité qu'elle remarqua mais contre lequel elle ne protesta pas.
- Vos… amis, dit-elle avec un doute certain pour le mot, veulent encore tout savoir ? demanda-t-elle en regardant les deux roux les fixant à quelques mètres de là.
- Malheureusement et cela commence à sérieusement me fatiguer. Je pense en parler officiellement au professeur McGonagall.
- Vous auriez raison. J'ai cru comprendre qu'ils étaient exécrables avec vous à l'entraînement ?
- Oui. Ils avaient pris pour acquis que je leur donnerai leur place dans l'équipe principale parce qu'ils étaient mes amis.
- C'est dire qu'ils ne vous connaissent pas si bien. Je savais que vous seriez impartial et c'est admirable, dit-elle avec fierté. Bref, dit-elle en lui tendant une grande et épaisse enveloppe, les informations sur les tournois de duel volant. On y présente le projet entier, les idées pour l'avenir, ce qu'ils aimeraient construire, les organisateurs, les règles, les conditions… tout.
- Merci professeur, sourit-il en prenant les documents. J'y ai beaucoup pensé et je crois que je vais essayer.
- Si vous confirmez votre idée après avoir lu cela, je serai enchanté de vous aider à vous préparer si vous le voulez. N'hésitez pas à venir me voir.
- Avec plaisir. Encore merci professeur.
- Ce n'est rien, assura-t-elle. Je serai très heureuse si je vous voyais mettre une raclée à tout vos adversaires dés le premier tournois, s'amusa-t-elle en le faisant doucement rire. Je suis certaine que vous ferez merveille dans un sport de ce genre. Et comme ce n'est pas un sport d'équipe, pas d'obligations et bien plus de liberté pour concilier cela avec votre carrière.
- C'est très tentant. J'ai besoin de quel que chose comme ça pour me dépenser et me détendre. Et comme j'aime le duel et le vol, c'est parfait.
- Dites moi si vous commencez à vous entraîner et nous pourrions demander au professeur Flitwick aussi, c'était un grand duelliste autrefois.
- Il se trouve que je m'entraîne déjà avec le professeur Fliwtick.
- Vraiment ?
- Oui mais dans une optique de me protéger pendant cette guerre, pas de manière sportive. Mais les deux peuvent se faire ensemble.
- En effet, répondit-elle une fois de plus touchée de constater tout ce qui pesait sur son jeune élève. Dans ce cas, il sera peut-être partant pour participer à cela aussi. Le connaissant, il sera tout excité, s'amusa-t-elle.
- Sûrement. Je lui en parlerai.
- Bien, allez dîner maintenant, lança-t-elle.
Il la salua joyeusement et s'en alla, ignorant Ron et Ginny lorsqu'ils lui demandèrent de quoi ils avaient parlé. Il les ignora, souriant en regardant l'enveloppe. L'idée de participer à ces tournois le tentait de plus en plus. Au plus il avançait, au plus sa santé s'améliorait et au plus il sentait son esprit plus clair et plus calme. C'était à tel point qu'il ne s'était pas rendu compte avant du niveau de malaise et de confusion qui régnait en lui jusque là. Mais il commençait à le réaliser en se sentant mieux. Et au plus il s'améliorait, au plus il arrivait à voir un avenir après la guerre, à se détacher d'elle et au plus il parvenait à envisager une vie plus normale. Maintenant, il avait envie d'avoir d'autres occupations, de tester de nouvelles choses, de faire des activités pour le plaisir. Pour le moment, les possibilités restaient limité avec le travail qu'il s'imposait mais il savait que lorsque ce serait plus calme, il en profiterait. Pour l'instant, il avait déjà le quidditch et ça l'aidait vraiment à se défouler et à s'aérer. Ces tournois pourraient aider aussi parce qu'il adorait voler et que malgré tout, il aimait aussi le duel et l'adrénaline. Ce n'était pas pour rien qu'il avait envisagé d'entrer en compétition comme Bastide. Mais ce sport là alliant les deux le tentait encore plus. Il avait aussi l'avantage d'être tout neuf sans point de comparaison avec rien ni personne, ce qu'il appréciait et il aurait pour avantage de l'aider à continuer à s'entraîner et à rester actif, à rester vigilent tout en s'amusant. Aussi, si le projet lui plaisait, il envisageait sérieusement de s'y mettre.
- Qu'est-ce qui vous préoccupe tant Harry ? demanda Arthur après l'avoir salué.
Il était tôt et ils étaient dans la salle sur demande pour leur entraînement matinal. De plus en plus, ils discutaient aussi, Arthur apprenant plus de choses sur son jeune ami, son entourage, son quotidien, sa vie et s'il ne le disait jamais pour ne pas le mettre mal à l'aise, il se rendait toujours plus compte de la dureté de son existence. Il voyait et entendait tout ce qu'il se passait autour de lui et Harry acceptait bien souvent de répondre à ses questions sur ce à quoi il assistait. Ils avaient parlé de ses amis, de McGonagall, de Dumbledore, de l'Ordre, de Snape… Le jeune lord n'entrait pas franchement dans les détails ou dans son propre ressentis vis à vis de tout cela mais il expliquait et il comprenait de plus en plus de chose. Voir et entendre ce qu'il se passait autour de lui ne voulait pas dire qu'il saisissait tout. En ce moment, il voyait le jeune homme passer de plus en plus de temps à faire des recherches sur la mémoire, les visions, les liens… Il le sentait un peu frénétique à ce sujet et il savait que s'il acceptait de perdre du temps à ça, s'était important. Harry optimisait son temps avec une précision millimétrée. Il ne perdait pas un instant qu'il pouvait exploiter pour étudier ou s'entraîner, ne s'accordant que de rares moments de pause avec le quidditch, certains amis ou auprès de Hagrid, son ami demi-géant. S'il passait du temps à ça, de manière aussi notable, c'était parce qu'il jugeait cela important et ça l'intriguait franchement.
- Cela fait déjà un bon moment que je vous vois vous acharner sur ces recherches sur la mémoire, les liens…, expliqua-t-il calmement. Vous ne semblez pas trop savoir ce vous cherchez exactement mais ça vous préoccupe visiblement. Si vous m'expliquiez, je pourrai peut-être vous aider.
Face à lui, Harry soupira avec un sourire résigné. Il s'assit au sol et il le suivit, comprenant qu'il acceptait de lui parler.
- Je vous avais déjà expliqué pour le lien avec Voldemort ? demanda-t-il.
- Oui, approuva-t-il. Et vous nous avez dit que vous l'aviez brisé au début de l'été.
- En effet. Je suis sûr de ça parce que les analyses magiques l'ont bien mis en évidence, son installation, comme sa disparition. Mais il y a quel que chose depuis. Cet été, ça ne m'inquiétait pas vraiment. J'avais autre chose à penser. J'avais juste l'impression d'avoir l'esprit plus clair, de mieux réfléchir, de mieux mémoriser, mieux apprendre…
- Ce n'est pas surprenant, posa-t-il. Ce genre de lien, surtout quand ils ne sont pas voulus et acceptés, peuvent entraver l'esprit et la réflexion, tout ce qui va avec.
- C'est que je me suis dit aussi et c'est pour ça que je n'en n'ai pas fait grand cas. Seulement, il se passe des choses bizarres depuis la rentrée. J'ai… comme des souvenirs, des impressions de déjà vue, des sensations étranges… Des flash back sauf que les images qui viennent, je ne me souviens vraiment pas les avoir vécu. Cela semble parfaitement réel et valide mais je suis incapable de resituer ces souvenirs, de comprendre d'où ça vient, c'est perturbant. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un parallèle avec le lien que j'avais avec Voldemort et les visions que ça provoquait. Je sais qu'il n'y a plus de liens mais quel que chose ne va pas et ça commence à m'inquiéter. Cela ne s'est pas produit juste une fois, c'est quasiment tout les jours. C'est comme si… j'avais des souvenirs qui, au choix, ne sont pas à moi ou qui ne collent pas avec ma propre mémoire.
- Vous pensez qu'on a peut-être manipulé vos souvenirs ?
- Je n'ai pas pu m'empêcher de le supposer. Avec Dumbledore et tout ce qu'il y a eu, je ne serai même pas surpris. J'essaye de trouver ce qui peut provoquer ce genre de chose ou voir si je peux mettre la raison en évidence.
- Je vois. C'est étrange en effet. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais je peux peut-être donner déjà une piste. Si votre mémoire a été altéré, on peut facilement le vérifier.
- Comment ?
- Il existe un rituel d'analyse, vous devriez l'avoir dans le même livre que les test de naissances et de bilan que vous avez fait. Ce rituel entre dans la même catégorie. Il n'est pas très connu mais il existe depuis longtemps. Il est fait pour analyser la mémoire. C'est assez général mais ça permet de vérifier très vite si quel que chose ne vas pas. Il vous donnera deux informations : l'âge exact de votre corps à la seconde près et celui de votre mémoire. Normalement, ils doivent être identiques. Seulement, si on vous a retiré des souvenirs, avec un oubliette par exemple, cela change artificiellement l'âge de votre mémoire qui se base sur le temps de souvenir que vous avez. Si on vous fait oublier quel que chose, cet âge diminue autant que ce qu'il manque. Ce n'est pas vraiment un âge en faîte, c'est plus un temps d'enregistrement. Cela prend en compte toute la mémoire consciente ou non, même ce dont vous n'arrivez pas forcément à vous rappeler parce que vous étiez trop jeune ou que votre cerveau l'a oublié, c'est votre magie qui a enregistré ce temps. Si on a altéré votre mémoire, vous verrez le décalage tout de suite, l'âge mémoriel sera plus jeune que celui de votre corps.
- Et si on a remplacé les souvenirs par d'autres ?
- Cela ne changera rien. Un souvenir artificiel n'entre pas dans l'âge mémoriel. Il ne prend en compte que le vécu véritable et n'est altéré que si on a réellement agis sur les vrais souvenirs. Cela ne vous donnera pas toute l'explication mais vous pourrez savoir s'il y a un problème avec votre mémoire ou pas. Sur le même principe, il existe des analyses pour l'esprit et la magie, précises et puissantes qui pourraient vous renseigner. Cela pourrait vous dire s'il y a la moindre trace d'une magie étrangère agissant sur vous que ce soit un lien ou autre chose. Vous pourriez avoir des pistes sur ce qu'il se passe au juste.
- Je n'avais pas pensé à ça, soupira-t-il l'air de se sentir bête.
- Avec tout ce que vous avez à penser en ce moment ce n'est pas surprenant, rassura-t-il. C'est pour ça que vous pouvez vous appuyez sur moi pour vous aider.
- Merci Arthur. Je n'ai pas pris ce livre avec moi.
- Demandez à Avismark de venir vous l'apporter. Il ne vous en voudra pas l'appeler.
- Cela m'embête de le solliciter, avoua-t-il.
- Je sais, je comprend mais il peut vous aider et il sera là jusqu'à la fin de votre vie ou la sienne. Autant que vous appreniez à travailler ensemble. Un gobelin n'acceptera pas de ne pas rendre ce qui lui est donné et vous lui donnez beaucoup en le traitant aussi bien, en le payant, en faisant en sorte qu'il ait une vie aussi normale que possible malgré la situation, en veillant sur lui, en le respectant. Absolument rien ne vous y oblige et je ne connais pas un sorcier qui en aurait fait autant que vous pour lui tout en se sentant gêné de recourir à lui. Certains l'auraient bien traité mais se seraient servit de lui sans remord. Pas vous. N'allez pas croire qu'il ne l'aura pas remarqué alors qu'il devait s'attendre à une vie d'esclavage. Et les gobelins aiment équilibrer les choses, c'est pour ça qu'il exécute parfaitement les quelques tâches que vous lui donnez. Il ne vous en voudra pas de lui demander ce genre de chose, au contraire, c'est une question d'honneur pour lui.
- Je comprend. J'avoue que j'aimerai bien m'entendre avec lui.
- Je suis sûr que ça viendra. Il est déjà plutôt détendu avec vous malgré tout. Donnez vous l'occasion de le côtoyer et de travailler avec lui. Les gobelins louent le travail et lorsqu'on leur en donne, c'est une preuve de confiance pour eux. Les gobelins de Gringotts ne fournissent pas un travail de cette qualité juste pour la réputation de la banque, c'est dans leur culture et valable pour tout le peuple. Donnez du travail à Avismark, incluez le, il sentira que vous lui faîte confiance, qu'il peut rendre ce qui lui est donné, remplir son devoir et ça lui plaira. Tenez le à l'écart sans rien à faire de concret et il pensera que vous vous méfiez de lui, que vous ne reconnaissez pas ses capacités, que vous le dévalorisez… N'hésitez pas à l'appeler, surtout pour ce genre de chose simple.
- Très bien, je l'appellerai tout à l'heure. Il est encore beaucoup trop tôt là. Il dort peut-être.
Arthur sourit, toujours touché par son attention pour les autres. Il savait que personne n'aurait aussi bien traité le gobelin et eu autant de soucis pour lui dans cette situation. Des lords comme Adélème l'auraient bien traité mais ils ne l'auraient pas payé, n'aurait pas fait autant attention à ses sentiments, n'auraient pas eu de gêne pour recourir à lui, n'aurait pas été dérangé par l'application de la peine… Mais Harry était beaucoup plus soucieux de lui et de son bien-être aussi bien physique que mental. Le lord sembla soulagé d'avoir cette piste et ils se mirent au travail sur l'entraînement, Arthur heureux qu'il lui ait parlé. Plus que tout, il espérait lui montrer qu'il n'était pas seul et qu'il pouvait demander de l'aide s'il avait un problème.
Ce jour là, enfermé seul dans le bureau de sa directrice de maison pour travailler, Harry appela Avismark, commençant par prendre de ses nouvelles et s'assurer qu'il allait bien. Ce qu'il y avait de bien avec la situation d'Avismark était qu'on ne pouvait détecter sa présence, son arrivée alors qu'il était considéré comme un objet. Le gobelin avait pu lui assurer et avait ajouter que son anneau gobelin cachait encore plus toutes leurs interactions. Il lui demanda gentiment s'il pouvait lui ramener le livre précieux dont-il avait besoin et qui se trouvait dans la bibliothèque du château Potter. Moins d'une heure plus tard, son anneaux chauffait et vibrait, Avismark lui remettant l'ouvrage lorsqu'il l'appela avant de repartir simplement. Il observa le volume dans ses mains. C'était un ouvrage précieux, rare, il le savait. Il était assez ancien dans le sens où il avait été écris une première fois des siècles auparavant puis réécris à plusieurs reprises en y ajoutant de nouveaux rituels. Il en avait toutes les éditions dans sa bibliothèque, celle-ci étant la plus récente. Adélème que c'était un livre rare, dont chaque nouvelle édition était mise à jour par un lord ou un autre et proposée aux lords en place lorsqu'elle était terminée. Heureusement, sa famille s'était procurée chacune d'entre elle, le texte précieux.
Il l'ouvrit pour trouver les rituels dont-il avait besoin, commençant par celui conseillé par Arthur. Il marqua la page et en chercha d'autres. Il trouva plusieurs analyses qui pourraient peut-être l'aider, qui étaient assez simples et il fut heureux de voir qu'il avait les composant nécessaire dans sa malle. Aucun n'était compliqué ou rare et ça lui facilitait les choses. il finit par ranger le livre lorsqu'il fut temps d'aller en cour, programmant cela pour le lendemain. Il attendit d'être en sécurité dans la salle sur demande pour s'atteler à ça. Respectueusement, Arthur resta à l'écart, promettant de ne pas regarder pour lui laisser le choix de parler ou non des résultats. Le jeune lord s'installa, traça le premier cercle d'un sort avant de disposer les éléments du rituel, de bougies et quelques plantes séchées ainsi que des parchemins vierges et une plume magique. Puis il s'installa au centre et lança l'incantation comme expliqué dans le livre devant lui. Comme pour les analyses qu'il avait déjà fait, il sentit la magie faire son œuvre, la plume s'animant pour écrire sur les parchemins. Il enchaîna ainsi plusieurs analyses pour voir s'il y avait un lien avec quelque chose, s'il y avait une magie en action sur lui…
Lorsqu'il eut terminé, il rangea ses affaires et effaça toute trace des rituels. Il attrapa les parchemin et alla s'asseoir dans un fauteuil que la salle avait fait apparaître. Le premier était celui issu du dernier rituel. Il commença à lire et fut à la fois frustré et heureux de ne rien découvrir d'anormal. Dans les magies agissant sur lui il y avait des choses attendues comme les charmes qui cachaient son état de faiblesse, le pouvoir de ses chevalières, celui des objets offerts par Adélème… Que des choses qu'il savait exister et qu'il expliquait sans aucun mal, qui ne pouvaient pas être responsables des bizarreries qu'il avait constaté. Pour les liens magiques, là encore, il n'y avait rien d'inattendu. Il y avait les traces des serments passés avec ses professeurs ou d'autres liés par promesses magiques, cela considéré comme étant un lien. Il y avait son lien avec Adélème, celui avec Hedwige, Arthur, Avismark, Dobby, Ori, Mella, Dorémi. Encore une fois, rien d'inattendu ou inexplicable. C'était rassurant. Quoi que soit le phénomène, la magie utilisée n'était plus en action et il n'y avait pas de lien. Cela devait donc venir d'ailleurs, d'un autre phénomène ou d'une magie antérieure. En tout cas, c'était ce qu'il imaginait.
Il en arriva finalement au dernier parchemin, celui de l'analyse de mémoire recommandée par Arthur. Il n'y avait pas grand-chose d'écrit. Deux lignes : l'âge de son corps et son âge mémoriel. Le premier indiquait seize ans, deux mois, neuf jours et quelques heures, minutes et secondes. Son âge exact sans aucune surprise. Restait à voir si son âge mémoriel correspondait ou était plus bas, la chose pouvant indiquer que sa mémoire avait été trafiqué. Lorsqu'il lut cet âge, il resta complètement choqué, ahuris, ne s'attendant pas du tout à ça, ne comprenant pas. Il resta bloqué sur l'information pendant de longues minutes, perturbé et il mit un moment à sentir l'anneau d'Arthur qui remuait d'inquiétude.
- Vous pouvez venir Arthur, bredouilla-t-il sans lâcher le parchemin des yeux.
L'homme apparut face à lui, prenant un autre fauteuil non loin.
- Que se passe-t-il Harry ? Vous avez eu un résultat ? demanda-t-il alors qu'il avait perçu le choc de son ami.
- Seulement sur l'âge mémoriel, répondit-il doucement.
- On a trafiqué votre mémoire ? questionna-t-il en craignant que ce soit le cas.
- Euh, je n'en sais rien. Est-ce qu'on peut trafiquer une mémoire en la faisant vieillir ?
- En la faisant vieillir ? releva-t-il surpris.
- Le rituel indique un âge mémoriel de soixante et onze ans et neuf jours, répondit-il en le stupéfiant. L'âge de mon corps est le bon mais celui là… Est-ce que c'est possible ?
- Je n'ai jamais entendu parler de ça, répondit-il. Je sais qu'il est possible d'assimiler des souvenirs qui ne sont pas à nous. C'est une vieille magie qui avait été créé pour apprendre plus vite mais c'est contraignant et peu efficace alors cela a été abandonné. On peut regarder les souvenirs d'une autre personne avec une pensine, la légilimencie ou d'autres choses mais comme on n'a pas réellement vécu ces choses, ça ne devrait pas changer l'âge mémoriel.
- Comment ma mémoire peut avoir cet âge alors ? demanda-t-il perdu.
- Très sincèrement, je ne sais pas Harry. J'ai déjà vu des âges mémoriels réduit à cause d'effacement ou modification de mémoire mais jamais ça et je n'en n'ai pas entendu parler.
- J'imagine que ça pourrait expliquer pourquoi j'ai des souvenirs en plus avec cet âge mais pas d'où ils sortent.
- Ces sensations ont commencé récemment n'est-ce pas ?
- Oui. Depuis la rentrée.
- Donc quoi que ce soit, c'est sûrement récent. Sauf si c'était en sommeil et que cela s'est réveillé pour une raison ou une autre, peut-être par la rupture du lien avec Voldemort. Cela pourrait libérer des magies psychiques. Vous devriez demander conseil à Adélème. Il connaît énormément de choses, il aura peut-être une piste et il sera heureux de vous aider.
- Vous pensez ?
- Bien entendu, assura-t-il en souriant. Et il pourra vous aider à chercher s'il ne sait pas. Vous avez déjà énormément de choses à gérer, laissez nous vous aider.
Il vit le jeune lord réfléchir un moment à la proposition et il le laissa faire, sachant que ce n'était pas évident pour lui de demander de l'aide ou de l'accepter.
- Je ne peux pas parler d'une telle chose par le carnet de communication, remarqua-t-il finalement.
- Dans ce cas, rentrez à la maison ce week-end. Vous en avez le droit de votre place et comme ça, vous pourrez voir Adélème.
Encore une fois, Harry y pensa, son regard errant sur le résultat du rituel avant qu'il ne soupire :
- Je vais rentrer ce week-end et parler à Adélème, dit-il. Et puis, le château me manque, sourit-il.
- Bien, approuva Arthur. Ce n'est qu'une suggestion comme ça mais vous pourriez peut-être en profiter pour voir Isaac. Pour faire un point.
- C'est une bonne idée.
Il sourit légèrement, confus, se demandant ce que cela voulait dire. Comment sa mémoire pouvait-elle être aussi vieille ? Il ne savait pas mais la chose semblait bien trop importante pour être mise sur le côté. Cela pouvait expliquer les souvenirs en plus mais cela amenait aussi d'autres questions. Et c'était bien assez préoccupant pour qu'il fasse en sorte d'obtenir une réponse aussi vite que possible. Demander à Adélème était une bonne solution. Le lord savait beaucoup de choses et il pouvait avoir confiance en lui, son serment lui assurant la sécurité même si cela devenait de moins en moins nécessaire à ses yeux. On était jeudi et donc, selon le règlement, il pouvait partir le vendredi soir après les cours à condition de prévenir sa directrice de maison. Les sorties de ce genre devaient rester exceptionnelles mais il en avait parfaitement le droit. Normalement, les parents devaient faire l'autorisation mais il était majeur et lord, il décidait pour lui même.
Il alla donc voir sa directrice de maison pour lui dire, remplissant le formulaire adéquat pour cela. Elle s'inquiéta de ce qu'il pouvait se passer mais il lui assura que ce n'était rien, qu'il avait simplement une affaire à régler qui nécessitait qu'il se déplace. Elle avait approuvé sans rien demander de plus et elle avait accepté de ne pas le dire au directeur qu'elle n'était pas obligé de prévenir dans ce cas. C'était à elle de gérer ce genre de choses pour les élèves de sa maison. Il s'en apercevrait certainement mais il ne voulait pas qu'il tente de l'empêcher de quitter l'école. Il prévint également Flitwick qu'il ne serait pas là pour leur entraînement du samedi et le petit professeur avait simplement acquiescé. Usant de ses carnets, il avait demandé à Adélème s'il pouvait le rejoindre au château Potter samedi, à Isaac s'il accepterait de venir également pour faire un point. Tout deux avaient répondu très vite, assurant qu'ils seraient là.
Le lendemain soir, après les cours et l'entraînement de quidditch, il avait donc pris toutes ses affaires et avait rejoint le portail pour transplaner. Il réapparut chez lui, dans le hall de son château et immédiatement, un poids s'envola de ses épaules et il se détendit, souriant naturellement. Il regarda autour de lui, heureux de renter dans son refuge, sa maison, s'y sentant bien et en sécurité. Il ne fallut pas longtemps pour que Dobby, Ori, Mella et Dorémi apparaissent, lui sautant joyeusement dessus en faisant une fête qui lui tira un petit rire. Il se baissa devant eux, les saluant, prenant de leurs nouvelles avec joie, touché par leur bonheur de le voir. Ils lui assurèrent qu'il passerait un excellent week-end, qu'ils avaient tout préparés. Arthur apparut rapidement, saluant les elfes l'air amusé de les voir si excité par son retour. Ils ne tardèrent pas à aller dîner, l'esprit gardien pouvant vivre normalement ici. Après avoir mangé, Harry profita de sa présence ici pour aller voir Buck, l'hippogriffe semblant aussi heureux que les elfes de le revoir. Il ne put s'empêcher de passer par la bibliothèque pour en sortir quelques livres de plus pour ses études avant de faire quelques recherches sur ce qu'il pouvait lui arriver. Mais sans informations supplémentaire, difficile de trouver, beaucoup d'ouvrage parlant de mémoire et de magie s'y rapportant. Il finit donc par laisser cela de côté pour aller dormir, Dobby venant lui rappeler qu'il commençait à être tard.
Le lendemain, il se réveilla aussi tôt qu'à l'habitude mais il avait bien dormi pour une fois. Son sommeil s'améliorait progressivement. Il dormait mieux même s'il se réveillait souvent et avait du mal à se rendormir. Mais il faisait moins de cauchemars à tel point que ce n'était plus systématique et ça, ça faisait vraiment du bien. Sa santé s'améliorait doucement et son état mental aussi. Avoir confronté l'Ordre et Dumbledore avait soulagé ses nerfs, avoir vu qu'il parvenait toujours à étudier et à garder la maîtrise des choses à Poudlard l'avait détendu. Comme Adélème l'avait dit, il avait été prêt pour l'école et c'était un soulagement. Pour l'instant et malgré les désagréments de l'Ordre, de Dumbledore, de Ginny, Ron et Hermione, cela se passait plutôt bien à Poudlard et il se sentait plus assuré chaque jour. Entre sa santé et son état d'esprit qui évoluaient, son sommeil allait mieux aussi. Et ça faisait un bien fou alors qu'il ne se souvenait plus d'une nuit sans cauchemar avant l'intervention d'Isaac. Maintenant, il avait régulièrement des nuits sans cauchemar et il venait de passer l'une d'elle.
Il fut heureux de voir que Arthur était levé et prêt pour un entraînement, lui souriant en le voyant arriver. Aussi, ils ne dérogèrent pas à l'habitude et s'entraînèrent ensemble avant que le jeune homme ne prenne ses potions et se change. Puis ce fut le petit déjeuner qu'ils prirent dans la véranda que Harry adorait. Cela fait, Arthur partit prendre l'air un moment pendant que son jeune ami allait voir Avismark pour prendre de ses nouvelles. Cela fait, Harry regagna sa bibliothèque, errant entre les étagères pour voir ses livres. Lorsque l'heure de son rendez-vous avec Adélème et Isaac approcha, il rejoignit le hall presque en même temps que Arthur et quelques instants plus tard, les deux hommes arrivaient par la cheminée, souriant largement en le voyant. Ils se saluèrent, l'attention des nouveaux arrivants braquée sur le jeune lord.
- Je vais bien, assura-t-il en devinant leur questionnement.
Ils sourirent et prirent le chemin du salon avec eux, s'y installant, un elfe venant bien vite leur servir le thé. Ils prirent des nouvelles les uns des autres, discutant de banalités avant que Harry ne propose à Isaac d'aller ailleurs pour leur contrôle. Le médicomage sembla heureux qu'il le propose, visiblement pressé de vérifier lui même son état. Ils s'en allèrent donc, Arthur restant avec Adélème au salon dans un silence serein, jusqu'à ce que le jeune lord soit loin.
- Comment ça s'est passé ? demanda le lord inquiet. Vraiment ? Il dit que ça s'est bien déroulé mais…
- Pour lui, j'imagine que ça s'est bien passé vu ce qu'il a déjà vécu mais… J'ai appris beaucoup sur lui avec ça. C'est complètement dingue tout ce que les autres attendent de lui, tout ce qu'ils lui mettent sur le dos, la pression qu'ils lui infligent. Il ne s'en rend même plus compte et ça prouve qu'il en a trop l'habitude. Tout le monde autour de lui le fait d'une manière ou d'une autre. Personne ne le regarde comme un enfant ou comme quelqu'un de normal. Ses professeurs ont changé cette année. Harry pense que ce qu'il s'est passé au Ministère les a réveillé. Ils essayent de l'aider maintenant mais on voit comment ils étaient avant. Aveugles, naïfs, sans rien comprendre de ce qu'il se passait, sans attention pour lui alors qu'il en avait besoin. Les autres élèves, ils ne voient que le Survivant. Ils s'appuient sur lui, tellement fort que je me demande comment il tient debout. Ils ne le disent pas clairement mais ils lui demandent souvent ce qu'ils pensent de la guerre, de comment ça va se terminer, de comment faire pour ne pas avoir peur… C'est implicite mais j'ai souvent l'impression que leur vraie question c'est « quand est-ce que tu vas t'occuper de ça et mettre fin à la guerre ? »
- Ils espèrent tous qu'il va s'occuper de Voldemort, constata-t-il sombrement.
- Oui et ils le font peser sur lui. Ce n'est pas dit si directement mais ça plane partout autour de lui. Adultes ou jeunes, ils espèrent tous qu'il va le faire. C'est tellement évident. Ils sont terrorisés et pas un n'est près à se battre. Ils comptent sur lui pour ça, ils lui reprochent presque de ne pas encore l'avoir fait. Pour tous, c'est sa charge.
- Ils sont tous fous et lâches.
- Oui. Leurs yeux ne le quittent jamais. Il est scruté, jugé à chaque instant et on lui tombe dessus à chaque erreur. Pas étonnant qu'il ne fasse pas confiance, qu'il ait peur des autres, qu'il se sente en danger s'il a toujours vécu comme ça. Pas un n'a une image vraie de lui. Ils se sont tous fait un fantasme du Survivant, du héros, du fils de Lily et James Potter. Mais pas un ne le voit lui. Je ne suis finalement pas surpris qu'il soit ce qu'il est.
- Ses amis ? questionna-t-il.
- Il n'en n'a pas, pas de vrais en tout cas. Je commence à croire qu'il ne sait pas ce que sont de vrais amis. On n'appelle par des gens qui agissent ainsi à notre égard des amis. Il y en a peut-être deux ou trois, dit-il avec une pensée pour Luna, Hagrid et Neville, qui sont sincères mais ils se reposent aussi sur lui inconsciemment. Il est le seul à soutenir et personne ne le soutient lui. Les autres, ce ne sont pas des amis. Ce sont des profiteurs qui veulent se servir de lui. Ils pensent pouvoir se servir de lui, lui commander, avoir le droit de tout savoir. Pas un n'a de considération pour ce qu'il ressent, pour ses souffrances, pour ses problèmes, pour ce qu'il veut, ses propres besoins. Ils veulent qu'il fasse ce qu'ils désirent. Ils ne lui demandent pas comment il va ou s'il a besoin d'aide. Ils ne le connaissent pas. Ce ne sont pas des amis, ce sont des gens qui se servent de lui ou qui attendent des choses de lui, qui voudraient en faire ce qu'ils aimeraient qu'il soit.
- Cela ne me surprend pas même si j'aurai aimé apprendre l'inverse, soupira Adélème.
- Ses professeurs ont commencé à réagir cette année mais ils sont loin de le cerner, de comprendre vraiment et de faire vraiment ce qu'il faut. Mais ils aident et c'est déjà ça. Harry lui même en semble tellement surpris que c'est évident que ça n'a jamais été le cas. Quand aux autres élèves, ils sont aussi changeant que le temps qui passe, prés à l'aimer ou le haïr d'une seconde à l'autre. Ils sont tellement inconstant et superficiel, avec lui que parce qu'il est le Survivant, que je saisi pourquoi il a tellement de mal avec nous. Après ça, notre stabilité doit être très inattendue pour lui, voir totalement inconnue. Je sais maintenant pourquoi il avait l'air si seul. Malgré le monde autour de lui, il l'est vraiment.
- Je vois. Dumbledore ?
- Je n'avais déjà pas une bonne image de lui avant mais maintenant c'est encore pire. Harry n'est qu'un jouet pour lui, une arme dont-il se sert, rien d'autre. Il veut un contrôle total sur lui. C'est un objet qui n'a pas son mot à dire à ses yeux et il cherche à le manipuler d'une telle manière… Il tente de le culpabiliser, de se servir de sa famille disparue contre lui, le tout lui mettre sur le dos, de faire en sorte qu'il se sente responsable… Il lui parle comme s'il n'y avait aucune autre voie pour lui que celle de combattre Voldemort. Je comprend pourquoi il est tombé dans ces pièges au fils des ans, c'est sûr que Dumbledore l'a poussé là dedans.
- A-t-il causé des problèmes ?
- Il a essayé mais Harry l'a remis en place de main de maître. Il lui a bien fait comprendre qu'il ne se laisserait plus faire et qu'il lui interdisait de l'approcher. Vos boucles d'oreilles ont énormément servies en sa présence. Il n'arrête jamais avec la légilimencie. Il a essayé de le faire plier avec l'Ordre aussi. Ces gens sont comme les autres. Ils veulent juste se servir de lui et se fichent de son sort. Ils sont infects et très fidèles à Dumbledore. Ils le regardent comme s'il était un dieu vivant, grimaça-t-il. Heureusement, sa directrice de maison, Minerva McGonagall, est de son côté et elle a réagi. Elle tient Dumbledore a distance pour lui et elle commence visiblement à comprendre ce qu'il en est. Elle semble avoir du mal à trouver comment s'y prendre avec lui, le cerner mais elle fait de son mieux pour l'aider et elle est sincère, elle l'encourage à s'éloigner de la guerre et à faire sa vie comme il l'entend.
- Encore deux ans à Poudlard, soupira-t-il. Espérons que cela se passera sans autres incidents pour lui. Et pour le reste ?
- Les cours se passent bien si ce n'est avec ce Snape dont-il nous a déjà parlé. Cet homme est absolument infect avec lui. Sans aucune raison qui plus est. Mais, il y a aussi quel que chose d'étrange avec lui.
- Quoi dont ?
- Je ne saurais dire quoi. Quel que chose de positif j'en suis sûr mais je ne saurais l'expliquer.
- Votre instinct ? sourit-il.
- Oui. C'est aussi précieux qu'agaçant d'avoir ce genre d'intuition parce que c'est utile mais qu'on ne sait jamais ce qu'il en est vraiment. Les cours ça va et il travaille dur sur tout le reste avec beaucoup de volonté et de discipline.
- Prend-il au moins le temps de se détendre de temps en temps ?
- Rarement mais il le fait quand même. Surtout avec le quidditch. Cela lui fait du bien et lui permet de se défouler, d'évacuer les tensions. C'est un très bon capitaine, chef d'équipe. Et bon sang je n'ai jamais eu autant de sensation qu'en volant avec lui même depuis ma bague. C'est un pilote de balai extraordinaire, bien plus qu'il ne l'avait dit. J'ai ma dose d'adrénaline lorsqu'il vole, s'amusa-t-il.
Il y eut un moment de silence entre eux avant que Arthur ne reprenne :
- Pour lui, tout se passe bien et il se détend mais ce qu'il vit là bas est vraiment très lourd pour une personne, soupira-t-il.
- Est-il en sécurité ?
- Clairement, non, répondit-il. C'est évident que ce soit au sens immédiat du terme ou pour son bien être. Mais c'est gérable et je veille constamment. Il prend énormément de précautions tellement naturellement qu'il est évident que le danger lui colle à la peau. Ouvertement devant tout le monde, Dumbledore ne peut pas faire grand-chose et pour le reste, pour l'instant, sa prudence suffit. Mais je ne sais pas si ça durera. Je doute que le vieil homme laisse tomber même s'il a été assez calme jusque là. Mais ça ne fait qu'un mois et demi qu'il est à l'école alors je reste vigilent.
- Veillez bien sur lui.
- J'en ai bien l'intention, assura-t-il.
Ils changèrent de sujet alors que malgré tout, Arthur était resté très général et Adélème s'en contentait, sachant que Harry préférait qu'il en soit ainsi.
Ce fut rapidement que le jeune lord gagna son infirmerie avec son médicomage. Ils s'y enfermèrent et il prit place sur le lit pour se laisser examiner tout en discutant avec lui.
- Les effets secondaires des potions sont-ils encore puissants ? demanda Isaac en lançant ses sorts.
- Non ça va maintenant. Il y en a encore mais c'est de plus en plus gérable au fil du temps.
- C'est une très bonne nouvelle. Ils resteront cependant. Je crois que le niveau auquel vous êtes maintenant devrait se stabiliser. Cela fait plus de deux mois maintenant que nous avons commencé alors ça devrait être plus constant.
- Faudra-t-il encore longtemps ? Je sais que vous aviez dit six mois…
- Et je crois qu'il faudra vraiment six mois, dit-il tranquillement. Je sais que c'est assez long et que vous devez avoir envie d'en finir vite mais il n'y a pas de raccourcis dans ce domaine et on ne rigole pas avec sa santé.
- Je sais, soupira-t-il.
- Lorsque ce sera terminé, vous serez heureux du résultat.
- Je le suis déjà. Je sens la différence, sourit-il. Je n'avais pas réalisé à quel point ça me pesait, remarqua-t-il doucement.
- Très vite, vous n'aurez plus besoin de ce traitement même s'il faudra continuer à faire attention à vous, vous reposer, bien manger… Malgré tout, il faudra un temps de repos à votre corps pour vraiment s'enraciner dans un état de santé satisfaisant. Le quidditch se passe bien ? Pas de cognard pour vous toucher?
- Il faudrait qu'ils m'attrapent pour ça, s'amusa-t-il en le faisant rire. Pas de choc, puisque c'est la question.
- Tant mieux, il faut vraiment éviter à tout prix. J'imagine que vous avez quand même mis des protections au cas où.
- Oui, toutes celles que le règlement de quidditch de l'école permet. J'ai ensorcelé tout mon équipement pour ça. Si je prend un cognard, mon vol sera déstabilisé et je prendrai un coup mais je ne devrai pas avoir plus qu'un bleu. Pareil pour les collisions avec d'autres joueurs. Cela ne les empêchera pas de me gêner comme ça devrait mais les chocs sont presque complètement amortis
- Très bien. Y-a-t-il eu quoi que ce soit sur votre santé ou le traitement que vous voudriez aborder ?
- Non, tout continu comme c'était prévu et il n'y a rien eu de spécial alors ça va.
- Je suis heureux de l'entendre, dit-il en prenant les parchemins de résultats.
Harry le laissa lire tranquillement, attendant son verdict avec impatience.
- Il semble que tout se passe comme nous le voulions, dit-il finalement. Les choses s'améliorent bien même s'il y a encore du travail. Mais vous évoluez comme je l'espérai. Il semble pourtant que vous avez encore tendance à en faire trop, remarqua-t-il doucement.
- J'ai beaucoup de travail et de choses à faire mais je fais attention, assura-t-il.
- Alors tout vas bien, sourit-il. Vous êtes encore fragile et il faut autant continuer vos efforts que vos précautions mais dans l'ensemble, l'examen est plutôt bon compte tenu du dernier que j'avais fait.
- Ça ne paraît pas dit ainsi, remarqua-t-il.
- Je n'ai pas pour habitude de mentir et nous savons tout les deux d'où nous partions. Les choses progressent bien mais très sincèrement, bien d'autres personnes s'arrêteraient avec votre état de santé actuel.
- Vraiment ?
- Oui. Vous êtes fort mais il n'empêche que vous auriez des raisons de vouloir rester au lit à ne rien faire. Je sais que ça ne va pas aussi bien que vous le dîtes, qu'il y a toujours des malaises en tout genre, des douleurs, des faiblesses… Alors n'oubliez pas de vous ménager un peu, pria-t-il. Vous en avez plus que le droit et si vous sentez que vous avez besoin de rentrer quelques jours pour être au calme, je suis disposé à fournir un certificat à Poudlard pour vous le permettre sans qu'ils n'aient rien à dire. Il serait déjà justifié que vous restiez chez vous en ce moment alors si vous en avez besoin parce que ça ne va pas ou même pour autre chose, je le ferai.
- Pour autre chose ?
- Si vous avez besoin de vous éloigner de l'école et de tout ce qu'il peut y avoir là bas. Je me doute que ce n'est pas facile pour vous avec ceux qui s'y trouvent et les conditions actuelles. Alors même si vous en avez juste assez et envie de rentrer chez vous. J'interviendrai.
- Merci Isaac, sourit-il en sentant qu'il était réellement soucieux de pouvoir le soulager de tout ce qu'il pouvait.
- Ce n'est rien. En parlant de l'école, j'espère qu'ils n'ont pas fait d'histoire au sujet de votre demande de m'appeler en cas de besoin.
- Non. Ma directrice de maison à parfaitement compris et s'est assuré que l'infirmière le sache et que l'information soit enregistrée. Je lui ai aussi dit que j'avais un traitement qui risquait d'interférer avec d'autres soins, au cas où il se passerait quoi que ce soit.
- Vous avez bien fait. Des soins mal mené dans votre état et avec votre traitement pourrait vous faire bien du mal. Il faut être prudent. Je suis heureux de pouvoir vous voir pour faire cet examen. Si cela vous convient, il serait bien que nous fassions la même chose dans un mois pour nous assurer que nous allons toujours dans la bonne direction sans problème. Je peux venir le faire à Poudlard sans problème.
- Je demanderai à rentrer quelques heures, répondit-il. Rien que le fait que votre nom soit dans mon dossier pourrait déjà vous causer des ennuis. Il vaut mieux que vous ne veniez pas à Poudlard si ce n'est pas nécessaire. Dumbledore vous ennuierait.
- Et je serai prêt à le recevoir, assura-t-il. Il ne m'effraie pas. Vous ne devez pas vous en faire pour moi d'accord ?
- Alors que vous vous en faîte autant pour moi ? nargua-t-il en l'amusant.
- Je veux dire, ne vous en faîte pas outre mesure, rectifia-t-il.
- J'essaierai.
Le médicomage approuva et ils discutèrent encore un peu de sa santé, de son traitement, de son sommeil, de son alimentation… Puis ils retournèrent vers le salon ou Adélème et Arthur se trouvaient toujours. Ils leur sourirent en les voyant revenir, demandant si tout allait bien et l'approbation simple d'Harry leur suffit et ils ne posèrent pas plus de question. Ils se réinstallèrent avec eux, la discussion s'engageant sur les six semaines déjà écoulées depuis la rentrée. Le jeune lord assura que tout s'était bien passé, parlant un peu du changement de professeur qui lui bénéficiait en potion et de l'équipe de quidditch.
- Harry, puis-je vous demander s'il se passe quelque chose de particulier pour que vous décidiez de rentrer ainsi ? questionna son précepteur subtilement inquiet.
Le jeune homme échangea un regard avec Arthur qui lui donna un sourire encourageant. Cela sembla le décider et il se mit à parler. Il expliqua pour les flash back, les impressions, les rêves et les souvenirs qui semblaient lui appartenir sans lui appartenir vraiment.
- Le pire c'est avec le professeur Slughorn, continua-t-il. Quand je l'ai vu à la rentrée, c'était comme si je le connaissais déjà, assez bien, que je lui avais déjà parlé, passé du temps avec lui… Pourtant, je ne l'avais jamais rencontré et je ne parvenais à vraiment éclaircir mes souvenirs et mes impressions à son propos.
- Votre mémoire aurait été altérée ? supposa le lord grave comme le médicomage.
- C'est ce que j'ai supposé, comme je n'ai pu m'empêcher de repenser au lien avec Voldemort ou à d'autres choses du genre. J'ai commencé des recherches mais ça n'a pas changé grand-chose. Et puis Arthur m'a conseillé quelques rituels d'analyses et surtout celui sur l'âge mémoriel pour essayer d'avoir une piste, de voir si ma mémoire a pu être modifié.
- Très bon conseil. Ce rituel est en effet un très bon indicateur, remarqua Isaac.
- Les analyses de liens et de magie n'ont rien donné mais celui sur l'âge mémoriel…, grimaça-t-il. Je m'attendais à ce qu'il soit potentiellement trop bas, que ces flash soient des réminiscences de ce qu'on m'aurait fait oublier. Je sais que c'est possible.
- C'est vrai. C'est la supposition la plus évidente, approuva Adélème.
- Mais ce n'est pas la bonne assurément, fit Arthur.
- Pourquoi cela ? questionna le précepteur.
- Selon le rituel, mon âge mémoriel serait de soixante et onze ans et une dizaine de jours, révéla-t-il en les choquant visiblement. Arthur m'a déjà dit que ce n'était pas possible d'augmenter cet âge en regardant ou en assimilant simplement les souvenirs de quelqu'un d'autre. Cela peut expliquer ces souvenirs en plus mais ça ne règle pas le problème de savoir d'où ça vient. Arthur m'a conseillé de vous demander votre avis.
- Et vous faîte bien, approuva Adélème. C'est en effet un sujet qui doit être éclairé. Mais je dois avouer que je n'ai jamais vu d'âge mémoriel augmenté, fit-il l'air de réfléchir. Je ne savais même pas que c'était possible. Isaac ?
- Je ne l'ai jamais vu et je ne connais pas de cas, répondit-il en faisant soupirer le jeune homme. Mais je connais des théories, dit-il en attirant l'attention de tous. Augmenter l'âge mémoriel n'est pas censé être possible parce qu'il faut avoir vécu ces souvenirs pour influer vraiment sur l'âge de la mémoire. Seulement, il a été supposé que c'était possible dans un cas particulier : un profond lien d'âme.
