Un nouveau one-shot, tout droit sorti de mes archives comme d'habitude, parce que je mets des années (littéralement) à publier quoi que ce soit.


Pirate!England x Male!Reader ~ L'indigène de l'île perdue

Nombreux étaient les jours depuis lesquels Arthur avait navigué à bord du Unicorn avec son équipage d'un bout à l'autre du monde sans avoir pu revoir les rivages de son Angleterre natale. Le mal du pays ne semblait pourtant pas vouloir le troubler tant que ça car après tant d'années à voguer sur les mers, il partait toujours de plus en plus loin de sa belle Londres sans paraître ressentir le moindre scrupule. Comment aurait-il pu alors qu'il y avait tant de terres encore inexplorées à découvrir ?!

C'était par un bel après-midi ensoleillé, loin aux abords du continent américain, alors que son équipage désespérait de voir une terre à l'horizon pour renflouer les cales pratiquement vides du navire, que le Capitaine appela à un miracle et fut, miraculeusement, entendu. Peu de gens avaient jamais pris le risque de s'aventurer si loin à l'ouest et de ce fait, aucune carte n'existait. Autant dire qu'Arthur et son équipage voguaient dans le flou le plus total et que le navire voyait le début d'une mutinerie se profiler. Chose que le Capitaine Kirkland, terreur des Sept mers, refusait de se voir produire.

C'est alors qu'une terre solitaire, d'abord sous forme de point lointain qui sembla presque relever de l'hallucination due au soleil, apparut à l'horizon. A mesure qu'ils approchaient, force était de constater qu'il s'agissait bien d'une île aux apparences de jungle, posée là sur l'océan comme un bout oublié de terre. Elle paraissait si éloignée de toute civilisation, loin du continent et des autres îles et pourtant elle causa sur le navire un éclat de joie comme Arthur en avait rarement connu. Était-ce là une nouvelle île ? Étaient-ils sur le point de faire une nouvelle découverte ? Depuis le temps qu'Arthur en rêvait ! De nouvelles terres à rattacher à sa fière nation anglaise ! Et quel soulagement après tout ce temps passait sans rien trouver, presque à court de provisions. Il ne pouvait en vouloir à son équipage de se réjouir de la sorte. Nul doute que là-dessus, ils y trouveraient des ressources pour les ravitailler et peut-être même de nouvelles découvertes qui pourraient leur rapporter gros une fois de retour sur le continent ; des plantes, des fruits, des minerais, peut-être même de l'or ou des pierres précieuses, pourquoi ne pas rêver ?!

Arthur se coiffa de son tricorne, prit un air supérieur et ordonna qu'on fasse mouiller l'ancre. Les canots remplis de pirates furent rapidement mis à l'eau, tous impatients de découvrir une nouvelle terre qui paraissait si prometteuse. Après tant de semaines passés en pleine mer, atteindre la plage de sable blanc fut pour tout l'équipage et Arthur compris, un mélange d'excitation et de soulagement en voyant la dense forêt qui se dressait devant eux. Il devait y avoir là-dedans des trésors insoupçonnés !

- Bon, séparez-vous en groupe de quatre ou cinq ! Chacun va explorer une partie de l'île et si vous trouvez quelque chose d'intéressant, ramenez-le sur la plage, à cet endroit-même ! Si vous êtes en danger ou perdu, soufflez dans votre corne, un autre groupe devrait venir à votre secours ! Tout le monde a bien compris ? N'oubliez pas, vous êtes les pirates les plus craints des sept mers ! Rien ne peut venir à bout de votre ténacité ! Vociféra Arthur en se tournant vers ses marins.

- Ay, Capitaine ! Répondirent-ils.

Chaque groupe prit donc une direction différente. Celui d'Arthur partit droit devant, au milieu des fourrés denses de la forêt, si denses qu'ils eurent d'abord du mal à y trouver un passage d'entrée. Arthur lui-même eut à peine fait un pas dans la jungle qu'il se rendit compte de son abondance.

Les arbres étaient immenses, aux racines saillantes qui n'attendaient qu'un pied à faire trébucher, si hauts qu'il était impossible d'en voir la cime. Les plantes étaient si prolifiques qu'on ne pouvait marcher droit ou éviter de trébucher ; des feuilles géantes, des lianes qui tombaient du ciel, des teintes de vert si nuancées qu'on aurait bien eu du mal à toutes les nommer. Il y avait des fleurs de toutes sortes ; des rouges, des bleues, des violettes, des grandes, des petites, des carnivores et des loufoques que le pirate n'avait encore jamais vu malgré tous ses voyages. Arthur trouvait cet endroit paisible entre les chants des oiseaux, le bruissement du vent dans les feuillages et le glouglou calme de l'eau qui coulait dans un ruisseau non loin.

Vraiment, cette forêt est un coin de paradis, pensa Arthur. Mais alors qu'il marchait tranquillement à travers la végétation, il ne vit pas la paire d'yeux qui l'observaient, lui et son groupe de pirates, d'un air affamé.

Arthur n'eut même pas le temps de le réaliser, qu'un jaguar bondit en avant. Il l'évita de justesse alors que celui-ci atterrit plus loin dans l'épaisse végétation et disparut de leur vue. Les trois autres pirates dégainèrent leurs sabres et leur couteaux, prêts à riposter si le jaguar attaquait de nouveau. Après un roulé-boulé dans l'herbe haute, Arthur se releva et dégaina son arme à son tour, tous les sens aux aguets. Un hurlement lui fit tourner la tête si vite qu'il eut le tournis. Il eut à peine le temps de voir l'un de ses marins disparaître dans la végétation avant d'entendre le terrible bruit d'une nuque qui se brise. L'un des marins voulut se précipiter à la poursuite de son ami mais Arthur cria :

- N'y allez pas ! Vous allez vous faire tuer !

- On est de pirates, parbleu ! C'est pas un maudit chat qui va me faire peur ! Hurla le marin en retour et celui-ci se jeta dans les fourrés, disparut lui aussi là où la bête avait emmené sa dernière victime.

- NON ! Hurla Arthur, mais il était trop tard.

Il n'y eut d'abord que le son du cri que poussait le marin pour faire peur à la bête avant qu'un autre hurlement glaçant leur fasse comprendre le destin tragique qu'il avait connu. Arthur et le membre de son équipage restant restèrent là quelques secondes dans l'effarement le plus complet avant que ce dernier ne hurle :

- Pas question que j'reste ici une seconde de plus ! J'veux pas mourir bouffer par un sale félin !

- Je t'interdis de t'enfuir ! Bats-toi comme un pirate que tu es ou tu seras exécuté pour lâcheté !

- Plutôt ça que mourir dans le ventre d'une bête !

Et il s'enfuit, laissant son capitaine derrière lui. Celui-ci n'eut même pas le temps de lui crier de revenir qu'un éclair jaune jaillit de derrière un buisson et une terrible douleur se répandit dans son épaule. Le jaguar avait rejailli d'entre les feuillages et avait planté ses crocs acérées dans son chair. Il poussa un cri de pure douleur avant d'essayer de se débattre, mais l'animal était trois fois plus fort que lui, en plus d'avoir profité de l'effet de surprise de sa victime. Il avait lâché son sabre et le jaguar était en train de le tirer dans les fourrés pour lui faire subir le même sort qu'aux deux autres. Il se rendit alors compte que c'était sans doute les derniers instants de vie et que toutes les aventures qu'il avait vécu en cours de ses périples sur les mers allaient se terminer ainsi : dévoré par une bête sauvage dans une jungle perdue sur une île déserte aux allures de paradis sauvage. C'était autrement qu'il avait envisagé sa fin, de préférence en mourant courageusement lors d'une bataille navale contre ce sale hispanique voleur de terres ou noyé à bord de son Unicorn adoré après avoir essuyé une effroyable tempête plutôt qu'ainsi.

Mais alors que le pirate en était à réciter ses dernières prières, délaissé par ses subordonnés, dévoré par une bête sauvage, le spectateur de la scène se décida à intervenir. Une flèche se planta dans le flanc du jaguar qui recula immédiatement, la tête tournée vers son assaillant et un feulement vengeur dans la gorge. Arthur malgré la douleur, vit une forme humaine tomber du ciel devant lui, face à l'animal. Il crut d'abord à une hallucination causée par son cerveau engourdi de douleur mais il constata bien vite qu'en effet, la bête avait relâché sa puissante prise de son épaule et grognait contre la silhouette qu'il voyait dans le flou de ses yeux embués de larmes. La forme humaine était courbée sur elle-même et portait une arme à la main - une sorte d'arc. Mais le jaguar ne semblait pas prêt à laisser tomber sa proie si facilement et s'apprêta à bondir sur son sauveur. Il n'eut pourtant pas le temps de l'atteindre que celui-ci lui décocha une autre flèche dans le ventre alors que la bête avait bondi sur lui. D'un habile mouvement, la silhouette esquiva le corps du jaguar qui s'écroula au sol, inerte.

C'était terminé.

La bête avait été touchée.

Arthur était sauvé.

Le pirate cligna plusieurs fois des yeux pour chasser les larmes d'agonie et se releva doucement, difficilement, une main sur son épaule sanguinolente. Le regard un peu plus clair, il détailla alors celui qui était venu à son secours : un indigène à la peau (s/c) et aux cheveux (h/c). Il portait une peau de bête qui entourait sa taille, sans rien d'autre sur le torse - un torse musclé et fin, sculpté par des années à vivre à la seule force des capacités de son corps. Il portait des colliers de pierres autour du cou, un carquois rempli de flèches dans le dos, et son corps était maculé de peinture sur le torse, les bras et le visage. Celui-ci rangea son arc sur son épaule et se dirigea, un poignard dans la main vers l'animal à l'agonie sans même prêter un regard à l'Occidental qui le regarda, ébahi, procéder à une sorte de cérémonie autour de l'animal. Il baragouinait dans une langue qu'Arthur ne comprenait pas en se postant au-dessus de l'animal mourant.

Zussarre'a-nauh, nar unuruh. Zussarre'a nar fe'ase'a. Zussarre'a urse'as uhfrasurze'a. Hu he'asr se'ar zuhe'ai, si iy re'asur e'ar rézisuhsé sà-ur, si iy re'asur uhe'ar uzzie'auhssuh. Se azare'a e'ar zuuh. [1]

Lorsqu'il eut fini, il planta son poignard dans la gorge du jaguar qui rendit son dernier souffle. L'indigène fit un dernier geste qui ressemblait à une prière et se releva doucement, les yeux toujours rivés sur l'animal mort. Arthur s'approcha alors doucement de lui.

- Euh… je sais que vous ne devez sans doute pas comprendre ma langue, mais… j'aimerais vous remercier de m'avoir sauvé. Je veux dire… je vous dois beaucoup... la vie, en fait...

Sans qu'il s'y attende, l'indigène se retourna, envoyant valser son arc qui claqua contre la joue du capitaine. Arthur s'écroula au sol, à moitié assommé et la joue endolorie.

- « Merci » ?! Nous ne disons pas « merci » pour ça ! Personne ne peut dire « merci » pour ça ! Toi être un monstre ! [2]

Alors qu'il disait cela, il pressa le bout de son arc dans la poitrine du pirate qui leva les mains en l'air, en signe de paix.

- Ok, ok ! Pourquoi tu m'as sauvé alors ?! Demanda-t-il, désorienté par le comportement du sauvage.

L'indigène eut un moment d'hésitation, cherchant ses mots.

- Parce que nous ne laissons pas semblables à nous être tués !

Arthur resta un peu étonné alors que le jeune homme reprit sa marche sans plus faire attention à lui.

- A-Attends ! Comment ça, « tes semblables » ? Je ne fais pas partie de ton peuple, il me semble !

- Cela n'a rien à voir ! Répondit-il sans se retourner. Tu être un humain, un être de chair et de sang, sans fourrure et sans griffe, alors tu être un semblable à moi, même si peuples à nous être très différent ! Nous être tous pareils !

L'indigène aux cheveux (h/c) ne s'arrêta pas en disant cela, mais Arthur resta perplexe. Ils étaient différents, Arthur venait d'un pays civilisé et avancé, riche et supérieur. Ce jeune homme n'était qu'un indigène, un sauvage vivant dans une forêt avec une tribu qui poussait des cris pour se comprendre - enfin il imaginait que celui-ci devait vivre dans une tribu. Ils n'étaient pas pareils, n'étaient pas des semblables. Ils n'avaient rien en commun !

Le pirate, pour méditer sur ses réflexions, s'était arrêté quelque instant, menaçant de perdre de vue l'indigène.

- Hé ! Attends !

Mais celui-ci ne semblait pas du tout vouloir l'attendre, au contraire, il donnait plutôt l'impression de vouloir s'enfuir le plus vite possible. Arthur voulut le rattraper mais était loin d'autre aussi à l'aise que l'indigène dans la jungle et ne cessait de se prendre les pieds sur des racines, d'être agrippé par les branchages, de trébucher, de tomber, et il finit par perdre complètement de vue le jeune homme qui disparut dans la verdure.

Le capitaine pirate se retrouva donc une fois de plus seul dans la forêt, abandonné et incapable de pouvoir se diriger correctement. Il trébucha encore une fois ou deux sur de grosses racines saillantes, se fit lacérer la pommette par une ronce et hurla à maintes reprises en voyant des insectes qui n'avaient pas cette taille dans son pays natal se jeter sur lui…

Il fallait croire qu'à force d'entendre ses cris, l'indigène eut pitié de lui et retourna le voir. Il était cependant particulièrement comique de voir un fier colon se débattre dans le vide, et depuis plusieurs minutes déjà, il l'observait depuis le haut d'un arbre se démener dans un environnement qui n'était pas du tout le sien. Il se décida finalement à intervenir lorsqu'il le vit se mettre à courir après avoir vu une araignée de la taille d'un petit chien. Il le suivit en sautant de branches en branches et s'arrêta lorsqu'il vit l'homme venu de l'autre bout de l'océan trébucher à nouveau sur une racine, hurlant et jurant comme un charretier contre cette « saloperie de jungle de l'enfer ».

L'indigène sauta de l'arbre et atterrit gracieusement devant le capitaine, étalé au milieu des feuilles, à qui il tendit sa main. Celui-ci lui lança un regard noir que l'indigène trouva juste amusant. Arthur repoussa sa main et se leva en grognant.

- Ça va, pas la peine de me prendre de haut !

L'indigène ne dit rien, mais le sourire éloquent qu'il lui envoya suffit à le faire grincer des dents. Il jeta alors un regard à l'épaule ensanglantée d'Arthur sur laquelle il apposa sa main si vite que le pirate n'eut même pas le temps de reculer. Il sentit soudain une chaleur agréable remplacer le terrible lancement que les crocs du jaguar lui avait laissé en souvenir. Lorsque l'indigène s'éloigna, il n'expliqua pas son geste et poursuivit sa route, mais Arthur avait senti le sang cesser de couler.

- Venir avec moi, je vais conduire toi jusqu'à ton navire !

Stupéfait de ce qu'il venait de se passer, il répondit du tac au tac :

- Vraiment ? Pourquoi est-ce que je te ferais confiance une seule seconde ? Pour ce que j'en sais, tu pourrais tout aussi bien m'emmener dans ta tribu de cannibales pour me donner en pâture à l'un de vos dieux cruels !

C'était stupide, il le savait bien ! Il ignorait bien comment, mais il semblait que l'indigène venait de le soigner et lui, tout ce qu'il trouvait à faire, c'était de se méfier de celui-là même qui lui avait sauvé la vie.

- Pourquoi faire chose pareille ? Demanda l'indigène, interloqué.

- J'en sais rien ! C'est ce que vous faites en général, vous les sauvages !

- Pas vraiment... Fit-il avec une moue réprobatrice.

Les mots du pirates ne parurent pas plaire à l'indigène mais là encore, il étonna le pirate en ne répliquant rien, ne cherchant même pas à l'attaquer pour l'injure qu'il venait de lui faire. Peut-être que ce sauvage n'était pas aussi sauvage qu'Arthur voulait bien le croire...

Les deux hommes se dirigèrent alors à travers la forêt, l'homme vêtu d'une peau de bête guidait tandis qu'Arthur le suivait à la trace pour éviter de tomber à nouveau sur une racine ou de se prendre une branche dans la figure. Il avait le loisir, entre deux pas de course, d'admirer le dos musclé, les mollets épais, la nuque gracieuse et la peau dorée par le soleil de l'indigène et se prit l'instant d'après une branche dans l'œil à cause de son inattention. Il jura, mais une question lui vint alors.

- Dis-moi, comment connaît-tu ma langue ? Personne ne connaît cette île, comment peux-tu parler et comprendre aussi bien l'anglais ?

- Tu vraiment croire être le seul étranger a être venu sur cette île ? Pas être la première fois étranger cherche à prendre de force nos terres.

Arthur resta abasourdi. Alors comme ça, il n'était pas le premier à découvrir cette île ! Mince, lui qui pensait avoir fait une découverte majeure et pouvoir entrer dans les annales de la piraterie !

Tout en réfléchissant à comment il était possible qu'il n'ait jamais entendu parler de cette île si elle avait déjà été découverte, il voyait la silhouette gracile et forte se mouvoir devant lui avec une facilité et une agilité déconcertante entre les branchages et les plantes, tandis que le capitaine du Unicorn avait beaucoup plus de difficulté. Le suivre relevait du miracle à ce stade-là.

- Attends ! Mais attends-moi ! S'écria-t-il en repoussant les feuilles géantes et les branchages qui ralentissaient sa course.

Mais l'indigène ne s'arrêta pas pour autant et poursuivit sa danse agile parmi la végétation. Bientôt, le capitaine ne l'eut même plus dans son champ de vision. Il tenta d'accélérer en pestant et après une dernière branche, il trébucha sur un banc de sable en poussant un cri qu'on aurait difficilement pu considéré comme viril. Lorsqu'il releva la tête, il découvrit qu'ils étaient retournés sur la plage. L'indigène lui avait bel et bien montré la voie de sortie car il voyait, plus loin, flottant sur l'eau, son très cher Unicorn. Il se releva aux côtés de celui-ci qui regardait l'océan vaste devant lui avec une sorte de mélancolie.

- Maintenant, tu suivre juste la plage par-là (il montra la plage qui s'étendait vers la gauche et disparaissait à un moment derrière un creux que cachait des arbres), tu finir par retrouver équipage à toi un peu plus au nord.

- Je te remercie... Marmonna le pirate, un peu malgré lui.

- Ne pas me remercier. Si je faire ça, toi promettre à moi en retour de jamais remettre pieds sur cette île. Maintenant, celle-ci être rayée de ta carte et si moi te revoir ici, tu croire moi ne serais pas aussi clément. Poursuivit-il avec une voix sombre qui suffit à intimider légèrement la Terreur des Sept Mers.

- D'accord, mais dis-moi au moins ton nom que je connaisse celui qui m'a sauvé la vie !

L'indigène réfléchit un instant, paraissant hésiter puis dit :

- (M/n). Mais toi ne pas te souvenir une fois parti donc pas être important.

Puis, il se retourna pour entrer à nouveau dans la végétation, laissant Arthur derrière lui, mais celui-ci ne pouvait se résoudre à le laisser sans aller de la sorte. Il sentait qu'il ne pouvait pas le perdre maintenant, pas après ce qu'il avait fait pour lui. Il voulait le remercier comme il se devait et il pensait avoir trouver le meilleur moyen.

- Attends !

(M/n) se stoppa, mais ne se retourna pas.

- N'as-tu jamais pensé à devenir pirate ? Demanda-t-il.

Il n'était pas sûr de ce qu'il avançait, mais à la façon que l'homme avait eu de regarder la mer avec cet air étrange, il pensait avoir trouvé chez lui un point faible. En effet, l'indigène se retourna d'un coup vers lui.

- Qu'est-ce ce qui te faire croire une chose pareille ?!

- La façon dont tu as regardé la mer, comme si elle t'appelait ! C'est un regard que j'ai souvent observé chez des marins, et que je connais bien pour l'avoir eu moi-même. Cet appel que l'océan te fait n'est pas offert à tous, mais chez toi, il est présent.

- Tu te tromper ! Tu ne rien connaître de moi !

- Non, c'est sûr, mais je suis à peu près sûr de ce que j'avance. Tu en as marre d'être enfermé sur cette île, ça t'étouffe de ne pas pouvoir sillonner les mers et de voir le monde.

Ses paroles semblèrent faire mouche, l'indigène ne dit plus rien et parut tomber dans une profonde réflexion.

- Admettons toi avoir raison, je pas pouvoir quitter mon peuple. Ça faire longtemps que moi avoir compris que la mer m'être interdite. Je pas pouvoir partir avec des pirates, pas avec toi, pas avoir confiance en toi. Pirates être malhonnêtes et cruels ! Se défendit l'indigène.

- Nous ne le sommes pas tous ! Ou seulement envers nos ennemis ! Avant de devenir pirate, j'étais un gentilhomme de la bourgeoisie anglaise, mais ce monde-là ne m'attirait pas. Parce que j'ai répondu à l'appel de la mer. Tu peux faire pareil ! Tenta à nouveau l'Anglais.

Il ignorait la raison, mais il n'avait aucun envie de voir cet indigène disparaître et imaginer ne jamais le revoir, perdu dans sa forêt tropicale. Bien sûr, il pouvait toujours imaginer revenir sur l'île, mais quelque chose lui disait qu'une fois de retour sur son navire, il ne reverrait jamais plus cette île... Aussi avait-il l'espoir de le voir accepter son offre. Un guerrier dans son équipage serait un atout majeur, mais plus que tout, il s'agissait de l'homme qui lui avait sauvé la vie, et il avait une faveur à lui rendre.

(M/n) semblait avoir de plus en plus de mal à trouver des réponses pour argumenter contre sa proposition.

- Je pas pouvoir !

- Tu m'as dit que je ne devais plus revenir sur cette île, et je suis un homme de parole, dès l'instant où je partirai avec mon équipage, je ne reviendrai pas, mais mon offre se lèvera avec moi. C'est maintenant que tu dois choisir ! Tu n'auras sans doute plus jamais d'offre comme celle-ci, de pouvoir t'enfuir de ton île.

Alors l'indigène regarda la jungle, sa maison, celle où il était né et avait grandi, où vivait son peuple qu'il devait protéger et se tourna à nouveau vers la mer, son regard se faisant lointain et mélancolique. Arthur sut qu'il était sur le point de gagner ce combat. Pourtant, quelque chose dans son regard changea lorsqu'il se tourna vers le capitaine.

- Je être désolé, offre impossible ! Je devoir veiller sur mon peuple !

- Mais... !

Cependant, Arthur n'eut pas le temps de protester davantage que la main de l'indigène se posa sur son front, pile au milieu de ses deux yeux. Arthur se sentit fébrile, tout à coup, la terre tournait autour de lui et il sentit que quelque chose en lui lui était retiré. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il regarda autour de lui, il était seul sur la plage. Il se demanda alors : « Mais qu'est-ce que je fais ici tout seul ? » et il partit en direction de son navire amarré plus loin, la tête dans le brouillard.

Arthur et son équipage retournèrent sur le bateau, tous guidés au même temps dans une sorte d'appel inéluctable qui les avait poussé à abandonner leurs explorations pour revenir d'urgence sur la plage. Comme il était revenu seul, les marins lui demandèrent ce qui était arrivé à ceux qui l'avait accompagné. Arthur leur raconta alors comment un jaguar affamé les avait dévoré. Lorsqu'il dût raconter comment lui-même avait dû s'en sortir face à la bête, il se rendit compte qu'il était bien incapable de raconter ce qui lui était arrivé et inventa, au dernier moment, une histoire héroïque où, après de longues minutes de combat acharné, il avait fini par avoir raison d'elle avec comme preuve à l'appui, sa blessure à l'épaule qui avait miraculeusement cessé de saigner mais sans se souvenir de la raison. Le marin qui s'était défilé n'avait pas reparu, sans doute lui aussi dévoré par une autre bête. Et lorsque le navire repartit au gré des vents, Arthur sentit un désagréable tiraillement dans la poitrine, comme s'il avait oublié quelque chose sur l'île qu'il ne retrouverait jamais.

Finalement, une fois que celle-ci eut disparut de leur horizon, tous les marins, Arthur compris, oublièrent complètement les dernières heures qu'ils avaient passé sur l'île mystérieuse. Arthur ne se départit pourtant jamais de cette sensation d'avoir oublié quelque chose, même si plus jamais il ne put mettre les mots sur ce que c'était. Il n'était cependant pas rare qu'un nom lui revienne, entouré d'un épais brouillard, mais qui semblait disparaître aussitôt qu'Arthur y pensait trop longtemps.

Ça ressemblait à...

(M/n).

Mais il n'en était pas sûr du tout...


[1] Pardonne-moi, mon ami ! Pardonne mon geste ! Pardonne son ignorance ! Va vers les cieux, tu y seras en sécurité, tu y seras bien accueilli. Repose en paix !- Ouais, j'invente des langages à mes heures perdues...)

[2] J'avoue, on sent clairement mon inspiration d'Avatar, là ! J'assume.