Heya !

Vous avez écouté le dernier album de Billie Eilish ? J'suis en boucle dessus.

Bonne lecture !


Chapitre 30

Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais seule dans les bois. Je n'entendais rien. Je bougeai lentement la tête et j'aperçus mes membres. J'avais du sang partout. J'étais sonnée et je mis deux bonnes minutes à me redresser en luttant contre la nausée. Ce n'était pas un très bon signe. Je cherchai Awa du regard et la repérai rapidement. Elle avait repris sa forme d'origine. Je me levai en titubant. Mon oreille droite sifflait et j'avais une curieuse sensation du côté gauche, comme si mon oreille était complètement bouchée. Je secouai légèrement la tête pour tester mes sensations, mais c'était encore pire. Je récupérai ma lame et me rendis compte en voulant la ranger que j'avais égaré mon fourreau. Il avait sûrement volé dans l'explosion.

Je tournai la tête pour le chercher du regard mais un violent vertige me prit et je faillis tomber. Je restai immobile quelques instants en respirant profondément. Surtout, ne pas céder à la panique.

Ok Hana, faisons le point. Déjà, plus de reiatsu d'adjuchas. Le soleil a baissé, tu t'es évanouie… une demi-heure, une heure ? Les autres, où sont les autres ?

Je réussis à me lever doucement, me retournai et cherchai mon fourreau. Le sifflement dans mon oreille était douloureux, j'avais l'impression que ma tête pesait une tonne. Ah, et mon petit doigt était définitivement cassé. Inquiète à l'idée de croiser un hollow, et surtout un autre adjuchas, je réduisis mon reiatsu le plus possible pour passer inaperçue. Heureusement, je finis par retrouver mon fourreau facilement : il était coincé dans les racines d'un arbre immense. Avec sa couleur sombre, j'aurais eu du mal à le retrouver durant la nuit.

Il n'y avait plus aucune trace de l'adhuchas. Je me doutais que tout le sang sur mon uniforme devait lui appartenir, au moins en partie. Etait-il mort, ou s'était-il seulement enfui ? Non, ça ne ressemblait guère aux hollows, il m'aurait achevée, et m'aurait mangée. Ou l'inverse.

Je frissonai. ça alors. J'avais vaincu un adjuchas. Mais pourquoi avait-il attendu pour me tuer ? J'essayai de me rappeler ses paroles.

Le comportement de cet adjuchas ne faisait pas plus sens que celui des autres hollows, intervint Awa.

Il a pourtant dit des choses vraiment étranges… Tu te souviens, Awa ? Je me rappelle plus exactement…. faut que je le dise à Gin…

On verra ça plus tard. Ce qui compte, c'est que tu es en vie. Essaie de retrouver ton escouade !

La voix d'Awa tremblait de l'inquiétude qu'elle n'arrivait pas à me cacher. Je tentai de rassembler mes esprits et de me concentrer pour retrouver les reiatsus de mes collègues. Mon mal de tête s'intensifia instantanément. Mais cela ne donna rien. J'étais trop fatiguée, et je n'arrivais pas à dissimuler mon reiatsu tout en m'en servant de façon aussi complexe. Je réprimai un juron de frustration, et entrepris de retourner dans la clairière où j'avais aperçu Kandi pour la dernière fois. La forêt était toujours silencieuse, trop silencieuse. La chair de poule me prit, et je sentis mes vêtements plein de sang frotter contre ma peau. La sensation m'écoeura et la bile me monta à la gorge. Si j'avais eu le temps de prendre un repas correct durant le déjeuner, j'aurais probablement vomi.

Les minutes passèrent et je me sentais de plus en plus faible. Le soleil descendait rapidement à présent et, sans ma perception du reiatsu, j'avais du mal à comprendre ce qu'il se passait autour de moi. Avais-je vraiment parcouru tant de kilomètres pour m'éloigner ? D'ailleurs, étais-je dans la bonne direction ? J'aurais dû trouver quelqu'un, depuis le temps que je marchais. Ou alors, quelqu'un aurait dû me trouver. Peut-être étais-je morte, après tout. ça expliquerait pourquoi je ne sentais plus rien.

Avance, Hana. Un pas après l'autre. Voilà, comme ça. C'est bien, continue.

Je perdis le fil du temps et me contentai d'avancer en ayant la sensation de traîner des boulets derrière mes pieds. Je me mis à trembler mais je n'avais même pas froid. Mes paupières étaient lourdes, j'avais de plus en plus de mal à les relever. Et si je m'asseyais, juste quelques minutes ? Le temps de reprendre quelques forces.

-Jyuukai-san !

Je m'arrêtai de marcher. J'avais entendu quelque chose. Je tournai lentement la tête. Il fallait que je fasse doucement, sinon ma tête ne tiendrait pas.

-Jyuukai-san ! Vous voilà !

C'était un shinigami de la quatrième. De mon équipe, même. Son nom m'échappait. C'était le tout jeune. Il courrait vers moi.

-Nous allions partir à votre recherche ! Comment allez-vous ? Vous êtes blessée ? s'inquiéta-t-il en s'approchant à toute vitesse.

Je reculai d'un pas et trébuchai. Il m'attrapa fermement les bras, m'empêchant de tomber. Il avait les sourcils froncés et la ride du lion. Je devais vraiment avoir une sale gueule.

-Où est Kandi ? Comment vont les autres ? m'enquis-je dans un sursaut de vivacité.

Akira, c'était son nom, ne répondit pas et, tout en continuant de me maintenir debout, se retourna et appela Sentarô de ce qui semblait être toute la force de ses poumons. Mais je réalisai que je ne l'entendais que de l'oreille droite.

Le Vice-Capitaine de la treizième division apparût. Il me jeta un bref coup d'œil de haut en bas et m'attrapa sans plus de tergiversations. Je n'eus pas le temps de protester que je me retrouvai devant une tente après un shunpo fulgurant. Sentarô entra et me déposa sur un tatami, à côté d'autres shinigamis. J'aperçus Rurori dans un coin, mais il semblait dormir. A moins qu'il ne soit évanoui. Je reconnus d'autres shinigamis de mon équipe et de celle du Vice-Capitaine. Apparemment, tout le monde s'était rassemblé à la clairière. Cela signifiait que les combats étaient terminés. Du moins, je l'espérais. Le Vice-Capitaine se redressa pour sortir de la tente, mais je le retins par le bras :

-Vice-Capitaine, s'il vous plaît…

Il se retourna mais ne répondit pas.

-Comment vont les autres ?

Il soupira en fermant les yeux.

-C'est un peu tôt pour te répondre. La quatrième fait les premiers soins, Akira va venir s'occuper de toi, ne bouge pas.

Il se détourna à nouveau et je me redressai vivement. Un gémissement m'échappa tandis que le vertige me prenait à nouveau.

-Bordel, tiens-toi tranquille ! s'agaça le lieutenant. N'empire pas ton état !

Akira apparut enfin, l'air essoufflé. Il ne savait pas faire de shunpo, le pauvre.

-Laissez-moi vous examiner.

Je me laissai faire docilement, sachant très bien que je n'aurai pas de réponse dans l'immédiat. Le Vice-Capitaine m'observa une petite minute pour vérifier que je ne ferai plus de grabuge, et finit par sortir après m'avoir regardé droit dans les yeux. Message reçu. Il me faudrait être patiente.

Akira m'examina longuement, marmonnant dans sa barbe inexistante des mots que je ne comprenais pas. Il me posa plusieurs questions, et je lui signifiais que j'avais toujours envie de vomir et surtout, une terrible envie de dormir un mois ou deux. Cela ne le fit pas rire du tout. Il me donna enfin son diagnostic.

-Votre tympan gauche a été perforé, c'est pour ça que vous n'entendez rien et que vous avez des vertiges. ça se résout tout seul en quelques jours. L'os de votre petit doigt est cassé. Votre cheville gauche est foulée. Rien de grave. En revanche, je crains que vous n'ayez une commotion cérébrale. Ne bougez pas, je vais chercher de l'aide.

Il revint quelques minutes plus tard accompagné d'autres shinigamis de la quatrième que je ne connaissais pas. L'un d'eux portait une mallette. Il l'ouvrit et en sortit plusieurs flacons.

-Nous allons d'abord vous soigner avec des kidos curatifs puis nous vous plongerons dans un sommeil artificiel qui accélèrera votre guérison. Ce sera réglé dans deux ou trois heures seulement. Allongez-vous, s'il vous plaît.

-Quoi ? m'exclamai-je sans bouger. Attendez, je veux savoir ce qu'il s'est passé, où est le cinquième siège Sato-

Akira échangea un regard entendu avec ses collègues. Le plus grand d'entre eux s'approcha de moi et appuya sur mes épaules pour m'allonger. Je protestai mais ne me défendis pas. Je n'en avais pas la force. Je sentis des larmes de frustration monter pendant que les soigneurs s'y mettaient à trois autour de mon crâne et les retins à grand peine. Bientôt, une douce lumière verte emplit mon champ de vision, et je me sentis instantanément apaisée. Ma respiration se calma et s'allongea. En quelques secondes, je ne me rappelai plus pourquoi j'étais en colère. Ou inquiète, je ne savais plus. De toute façon, ça n'avait plus d'importance. Je fermai les yeux.

HhHhHhHhHhHhHhHhHhHhH

J'ouvris les yeux dans la nuit noire. Le silence était total. Il me fallut quelques secondes pour me rappeler des derniers événements, et comprendre que je n'étais plus en danger. Une bonne minute fut nécessaire pour m'habituer au manque de luminosité. Je posai la main sur mon cœur et tentai d'en maîtriser les battements effrénés. J'avais rêvé de l'adjuchas. Sa tête d'enclume ne quittait pas mon esprit. Ses yeux intelligents…

L'adjuchas ! Le Seireitei ! Il fallait que je les prévienne ! Je jurai. Et Sentarô-san qui n'avait pas voulu m'écouter…

Je me levai précipitamment, et sans aucun mal. Mon mal de tête avait totalement disparu. Cependant, j'avais toujours une gêne à l'oreille gauche et je sentais mon équilibre précaire. Je titubai et mon regard tomba sur Rurori Name, toujours allongé. Il n'avait pas bougé d'un iota. Je me demandai ce qui lui était arrivé. Je songeai à Kandi et mon ventre se serra.

Je sortis de la tente le plus doucement possible pour ne pas réveiller les autres blessés. Il faisait nuit à présent. Le campement était en grande partie dans le noir. Ainsi, il me fut aisé de repérer la seule source de lumière, dans une tente à l'écart des autres. Je passais aux côtés de dizaines d'autres. Visiblement, les combattants de mon escouade et de celle menée par Sentarô s'étaient retrouvés au même endroit, dans cette clairière à la limite du district 74. D'Inuzuri. Je m'approchai. Des éclats de voix me parvinrent.

-Kotsubaki, tu ne comprends pas, il -

-Kandi, je t'ai écoutée, je comprends ton agacement, mais il n'y a que toi qui l'a vu, je ne peux rien faire, la coupa Sentarô-san. Et puis, ce n'est pas le moment de-

J'entrai dans la tente sans m'annoncer et il se tût instantanément. Son expression, déjà lasse, s'allongea encore plus en m'apercevant. Il avait l'air épuisé.

-Hana ! s'écria Kandi.

Et elle se précipita vers moi pour me serrer dans ses bras. Comme elle était plus grande que moi et que je ne portai pas mes geta habituelles, ma tête était tout contre sa poitrine. Sans savoir pourquoi, alors que nous avions eu ce geste des centaines de fois, je sentis le rouge me monter aux joues. Peut-être parce que son supérieur était présent ? Je lui rendis brièvement son étreinte en étouffant ma gêne et m'éloignai rapidement. Elle me prit la main et ne la lâcha pas.

-Ravi de vous revoir en forme, Jyuukai-san. Vous tombez bien, le Capitaine Ukitake est sur le point d'arriver et nous allons lui donner notre rapport. Vous pourrez faire le votre à ce moment-là.

Il était redevenu formel et ne semblait pas me tenir rigueur de mon impolitesse. J'acquiesçai, et il détourna aussitôt la tête, comme s'il n'était pas en train de se disputer avec sa subordonnée une seconde auparavant. Je brûlai d'envie de savoir de quoi, ou plutôt de qui ils parlaient à l'instant, mais cela aurait dépassé mes fonctions. De plus, la tension entre les deux gradés de la treizième était palpable. J'étais atrocement gênée de me retrouver là, en fait. Mais maintenant que j'étais arrivée, je ne pouvais pas me défiler. Je n'avais plus qu'à attendre l'arrivée du Capitaine, et nous en saurions enfin plus sur tout ce bazar.

Je sentis le regard de mon amie sur moi et me tournai vers elle. La main que Kandi me donnait était bandée jusqu'en haut de l'épaule, son uniforme était déchiré par endroits et elle était elle aussi au bord de l'épuisement. Mais surtout, ses yeux brillaient d'une lueur que je ne lui connaissais pas. Elle capta mon regard et sourit instantanément, telle la Kandi que j'avais toujours connue, rassurante. Mais je n'arrivais pas à le lui rendre. Malgré mes quelques heures de sommeil artificiel, j'étais trop tendue, trop inquiète, la tête remplie de pensées envahissantes. Les garganta, l'attaque groupée, l'adjuchas, son aveu, tout ce que j'allais devoir expliquer.

Soudain, une chose me frappa. Je m'éclaircis la gorge et Sentarô se tourna vers moi.

-Excusez-moi, troisième siège Sentarô…

-Le Capitaine ne va pas tarder, répéta-t-il de son ton bourru.

-Hai. C'est seulement que… ce ne devrait pas être le cinquième siège, enfin, ne devrait-il pas faire lui-même le rapport ?

L'expression de Sentarô changea, et je sentis Kandi se tendre. Elle posa sa main sur mon épaule. Sentarô s'approcha de moi et me regarda droit dans les yeux.

-Le cinquième siège Sato est mort au combat, annonça-t-il sans prendre de pincettes. J'ai déjà recueilli les témoignages des autres membres de votre escouade. Vous n'êtes pas la plus gradée de votre équipe, mais vous êtes celle de la troisième division. Les autres dorment ou sont inconscients. C'est donc à vous de compléter le reste.

J'accusai le choc.

-C'est la seule perte à déclarer concernant votre escouade, ajouta-t-il. Il est mort honorablement, en protégeant les blessés.

Je hochai la tête. J'aurais voulu le remercier de m'avoir donné cette information, mais si j'ouvrais la bouche, je n'étais pas sûre que le moindre son en sorte.

Je n'étais pas proche de Sato, je le connaissais très peu, à vrai dire. C'était la première fois que nous faisions plus que nous croiser. Pourtant, je ne comprenais pas. Sa mort était absurde. Comment lui, le cinquième soldat le plus fort de notre division, avait péri, alors que moi, quinzième siège, j'avais survécu face à un adjuchas. ça n'avait aucun sens.

J'en étais à ce point de mes réflexions lorsque le Capitaine de la treizième division, Ukitake Jyuushiro, pénétra dans la tente accompagné de plusieurs shinigamis et, étonnamment, du Capitaine de la sixième division, Kuchiki Byakuya. Je remarquai alors que le ciel s'était éclairci. Bientôt, les premières lueurs de l'aube pointeraient le bout de leur nez. J'avais dormi plus longtemps que ce que je pensais.

Nous nous inclinâmes devant les Capitaines et, après les salutations d'usage, le Capitaine Ukitake prit la parole :

-Kotsubaki, j'ai emmené avec moi plusieurs membres de la quatrième. Nous allons pouvoir rapatrier vos blessés les plus graves, s'ils sont stabilisés.

Sentarô s'éloigna quelques instants pour leur indiquer les tentes des blessés et des soigneurs déjà sur place. Il revint et commença immédiatement son rapport : il narra le début des attaques à l'heure du déjeuner, comment nos deux escouades les avaient facilement déjouées pour ensuite se retrouver submergées et dépassées par le nombre de hollows sans cesse renouvelé. Il expliqua que nos deux groupes s'étaient rejoints car les hollows cherchaient à nous isoler et que nous avions été éloignés de force. C'était ainsi que Sato s'était retrouvé acculé, seul contre deux huge hollow qu'il avait occupés pour laisser nos frères d'armes s'éloigner. Il était mort en héros, après avoir gagné son combat, mais trop grièvement blessé. Il aurait survécu si les soigneurs avaient pu le rejoindre à temps. Cela correspondait au moment où ils s'étaient retrouvés encerclés dans la clairière, et que j'avais disparu de leur champ de vision.

Je l'écoutais, tête baissée, et je me sentais flotter, comme si je n'étais pas réellement présente. Puis, ce fut à mon tour. Je racontai les combats sous les ordres de Yasahiro, puis de Sato lorsqu'il nous avait rejoint, jusqu'au moment où je m'étais retrouvée avec Sentarô. Je fis un bond dans le temps et expliquai que je m'étais retrouvée seule avec un adjuchas qui m'avait prise en grippe. Je ne m'étalai pas sur le pourquoi du comment et ne mentionnai pas le comportement abject de Rurori Name. Ce n'était pas le moment de passer pour une râleuse, ou pire, un cafard. Je narrai rapidement le combat lorsque le Capitaine Kuchiki me coupa la parole.

-Vous avez vaincu, seule, un adjuchas ?

Le bleu de ses yeux me frappa, et me rappela ceux de mon amant. Excepté qu'ils étaient bien plus froids. Sa question me désarçonna, et son manque d'expression, ce masque impassible, me mit mal à l'aise. Je venais tout juste de prendre la parole et j'allais enfin pouvoir parler des révélations de mon ennemi. Avais-je manqué de clarté dans mes propos ?

-Oui Capitaine, répondis-je sans comprendre où il voulait en venir. Enfin, je me suis évanouie, mais je n'ai pas vu son corps en me réveillant. Je pense qu'il est mort.

-Vous pensez ?

-Je…. C'était une attaque plutôt puissante.

Je ne comprenais pas ses questions. Ma réponse n'eut pas l'air de le convaincre.

-Byakuya, cesse de la déstabiliser ainsi, intervint le Capitaine Ukitake. Hana-kun, continue, je te prie.

Je me tournai vers le Capitaine avec reconnaissance et reprit la narration du combat.

-Avant de le tuer, l'adjuchas m'a révélé quelque chose qui me préoccupe beaucoup. (Les deux Capitaines échangèrent un regard, mais ne m'interrompirent pas.) Il a dit, lorsque je lui ai demandé pourquoi ils nous attaquaient sans chercher à nous tuer : "Je n'obéis qu'aux ordres. Et les ordres, c'est d'empêcher les shinigamis de rejoindre le Seireitei."

Kandi ne cacha pas sa stupéfaction, et se tourna vers ses supérieurs, attendant leur réaction avec impatience. Sentarô se renfrogna.

-Je vois que nous avons eu des conclusions similaires, réagit enfin le Capitaine Ukitake. Byakuya, je te prie.

-Nous n'avons pas encore reçu tous les rapports des escouades envoyées dans le Rukongaï et qui ont été attaquées, c'est-à-dire presque toutes. Mais ce qui ressort pour le moment, c'est l'utilisation d'une même stratégie de la part de nos assaillants. Comme vous l'avez soulevé, Jyuukai-san, les hollows attaquaient mais ne tuaient pas, ou exceptionnellement. Nos pertes sont très peu élevées pour une attaque de cette envergure. Nous envisageons une attaque groupée du Hueco Mundo.

Je ne pus retenir un frisson.

-Il - il a également dit quelque chose d'étrange, qui va dans ce sens, ajoutai-je.

Le Capitaine Kuchiki hocha la tête pour m'enjoigner à poursuivre.

-Au moment où il… il croyait m'avoir, il a dit quelque chose comme " Une shinigamie de plus ou de moins, ça ne devrait pas faire de différence". Ensuite, j'ai réussi à l'avoir grâce à une attaque spéciale de mon shikaï. Il ne s'y attendait pas.

Dans mon champ de vision, je vis Kandi contracter les poings malgré sa blessure. J'avalai difficilement ma salive.

-Je pense qu'ils avaient explicitement l'ordre de ne pas nous tuer. Mais comme c'était un adjuchas, je ne comprends pas de qui il aurait pu recevoir ses ordres. Enfin, je veux dire. Quel type de hollow pourrait donner des ordres à un adjuchas ? Et puis, qu'est-ce que cela signifie ?

Cette fois-ci, le Capitaine Kuchiki était franchement agacé.

-Nous vous remercions pour votre rapport, quinzième siège Jyuukai. Vous pouvez disposer.

C'est ainsi que Kandi et moi furent congédiées. Je m'inclinai et partis immédiatement, la tête bourdonnante.

Je ressortais de cet entretien avec plus de questions que de réponses. Les Capitaines savaient quelque chose, je le sentais. Si le Capitaine Kuchiki avait gardé une expression fermée tout au long du rapport, j'avais bien remarqué l'étonnement et l'inquiétude du Capitaine Ukitake. De Sentarô, aussi. Mais, une fois de plus, il me faudrait prendre mon mal en patience. Qu'il était frustrant d'être quinzième siège !

Je suivis docilement Kandi en silence, qui m'avait repris la main à l'instant où nous étions sorties de la tente. A l'horizon, le ciel s'éclaircissait lentement. L'heure la plus froide était passée.

Elle s'arrêta à quelques mètres du camp sans en sortir réellement. Toutes les tentes étaient occupées par les blessés et ceux qui récupéraient. De toute façon, je n'avais pas sommeil. Je m'assis à même le sol et lissai mon hakama tâché de sang pour m'occuper les mains.

-Je ne savais pas que tu avais développé ton shikaï à ce point, lança-t-elle sans préambule.

-C'est récent, expliquai-je. Je me suis beaucoup entraînée depuis que… tu sais.

-Hm.

-C'est grâce à Gin, on s'entraîne dès qu'on se voit.

Elle ne dit rien de plus et, finalement, s'assit. J'avais du mal à distinguer les traits de son visage.

- Comment va ton bras ? demandai-je au bout d'un silence gênant.

- Oh, ça ? demanda-t-elle avec un ton cynique qui me prit au dépourvu. C'est grâce à ton meilleur ennemi.

Je lui lançai un regard interrogateur.

-Cet imbécile de Rurori, cracha-t-elle. Il est intervenu en plein milieu de mon combat, il me gênait… en plus de ne pas avoir écouté mes ordres. A un moment donné, le hollow aux bras longs l'a attrapé et me l'a balancé dessus, et je me suis retrouvé avec tout son poids sur mon bras. ça m'a luxé l'épaule. Le hollow en a bien sûr profité pour me frapper exactement au même endroit juste après. Heureusement que je pouvais encore me battre, car si j'avais dû compter sur l'autre couillon, je ne serais pas là pour en parler.

Il me fallut quelques secondes pour réagir. J'étais autant choquée par les agissements dénoncés que par la hargne de mon amie. C'était bien la première fois que je la voyais parler d'un frère d'armes d'une telle façon, même si elle ne l'appréciait pas. Elle savait faire la différence entre le personnel et le professionnel.

Certes, mais cette fois-ci, Rurori a fait plusieurs fautes professionnelles…

En plus d'être insupportable, oui.

-C'est de ça dont tu parlais au Vice-Capitaine avant que j'arrive ? Et comment va ton bras maintenant ?

- Oui, et ça va.

Sa réponse laconique me laissa pantoise. Je ne rêvais pas, il y avait bien une gêne entre nous. Je sentis aussitôt les battements de mon cœur s'accélérer, et un sentiment d'injustice mêlé à de la frustration monter. Je ne lui avais rien fait !

-Je peux savoir ce qu'il te prend ? dis-je d'une voix plus forte et plus aigüe que ce que j'aurais voulu.

Kandi tourna brusquement son visage vers moi.

-Qui ça, moi ? C'est plutôt toi, qu'est-ce qu'il t'a pris ?

-Pardon ?!

-Tu n'as pas obéi aux ordres.

Un hoquet d'indignation me prit, mais elle continua sans me laisser le temps de répondre.

-Tu étais censée rester protéger nos soigneurs. C'était ton rôle. Sauf que tu ne l'as pas fait. Alors, en plus d'avoir Rurori dans mes jambes, j'ai dû gérer le fait que TU t'étais barrée avec un putain d'ADJUCHAS et les soigneurs n'avaient plus de protection ! J'étais débordée !

Elle s'était mise à parler de plus en plus fort, jusqu'à crier sous la colère. Car elle l'était, en colère. C'était évident maintenant. Ses yeux brillaient et elle devait être aussi rouge que moi. Je pouvais entendre sa respiration rapide et je devinais ses muscles contractés. C'était la deuxième fois de ma vie que je voyais Kandi aussi énervée. Et c'était contre moi.

-Mais enfin, Kandi, je ne pouvais pas me battre contre cet adjuchas dans la clairière, les soigneurs m'auraient gênée. Je devais nous éloigner !

Kandi écarquilla les paupières.

-Tu connais mon shikaï, c'est dangereux pour les autres que je l'utilise s'ils sont trop près !

-Tu aurais dû attendre que je vienne t'aider ! Tu n'as pas le niveau contre un adjuchas. Et non, je ne le connais pas tant que ça, ton shikaï.

-Je suis capable de me défendre sans toi, répliquai-je, touchée au vif.

-Ce n'était pas ton rôle de battre cet adjuchas ! insista-t-elle.

-Et pourtant je l'ai fait ! Qu'est-ce qui te dérange autant là-dedans, hein ?

Je ne comprenais rien à son comportement. D'abord elle me sautait dans les bras, puis elle… elle avait ce comportement étrange, et enfin elle m'engueulait pour avoir fait mon travail ?

-Mais… mais Hana, bon sang. J'ai cru que tu étais morte.

Sa voix se brisa sur ces derniers mots et elle fondit en larmes. Ma colère et ma frustration retombèrent comme un soufflé. Je me précipitai vers elle et la prit dans mes bras. Mais elle me repoussa vivement. Son rejet me blessa plus que tous ses mots, mais je n'en montrai rien.

-Ton reiatsu avait disparu, et on a mis tant de temps à repousser tous les hollows. Quand les garganta se sont enfin fermés, j'ai voulu te chercher, mais Sentarô n'était pas d'accord. Il disait que l'adjuchas était mort et que tu étais forcément quelque part, même si on ne te sentait pas. Et qu'on avait trop à faire sur place. Entre ça et Rurori, j'ai cru que j'allais vraiment péter un plomb.

-Mais tu ne l'as pas fait. Parce que tu sais rester professionnelle. Contrairement à Rurori.

Kandi essuya ses larmes et ne put contenir un petit sourire satisfait.

-Qu'est-ce qui lui est arrivé d'ailleurs ?

-Rien de grave. Quand il m'est tombé dessus, il ne s'est pas relevé. Il a dû prendre un coup trop fort, il est juste inconscient. Cet imbécile n'a même pas utilisé son shikaï. Je ne l'ai pas vu tuer un seul hollow.

-D'accord.

Un nouveau silence gêné s'installa entre nous.

-Tu n'as pas parlé de son insubordination aux Capitaines Ukitake et Kuchiki, finis-je par dire.

-Toi non plus, remarqua-t-elle.

Je lui répondis par une grimace ennuyée.

-Kotsubaki me croit, reprit-elle. Enfin, je pense. Mais il est encore trop tôt pour savoir si quelqu'un d'autre l'a vu. Enfin, à part toi, mais vu votre passif… C'était la pagaille. Ne pas obéir aux ordres en plein combat est un acte grave, le dénoncer est sérieux. Il m'a dit qu'il en parlerait au Capitaine. De toute façon, s'il doit être puni, ce sera par le Capitaine Kuchiki.

-J'espère qu'il le fera alors.

-Moi aussi.

-Je suis désolée, dis-je sans grande conviction après quelques secondes.

-Moi aussi. J'étais juste… si inquiète.

-C'est ok, passons à autre chose.

Kandi bougea mollement et se rapprocha de moi. Elle posa sa tête sur mon épaule et je la laissai faire, même si je dus réprimer un mouvement de recul. Je ne me l'expliquai pas, mais je ne supportais pas de la toucher. Après quelques instants, elle se redressa, coupant tout contact physique avec moi, et je ne pus m'empêcher de me sentir soulagée.

TO BE CONTINUED


Olalala, ça se tend entre nos deux BFF préférées...

Il me reste plus qu'un chapitre d'avance, et je suis HYPER charrette au taff en ce moment. Prochain chapitre dans trois semaines en théorie les z'amis, après y aura peut-être un peu plus d'attente, mais je vous oublie pas ! J'aurai pas mal de temps libre cet été suite à une opération et mes congés d'été. J'aurai à peu près le droit de rien faire physiquement, donc j'écrirai ^^

En vous souhaitant une bonne semaine/journée/nuit ! Des reviews svp !