CHAPITRE 1 – LA 118
-9-1-1, quelle est votre urgence ?
-9531 Kirkside Road. Femme de 70 ans. Arrêt cardiaque. J'ai entrepris le massage cardiaque. Envoyez les secours.
-Les secours sont en route. Besoin d'aide ? Je suis Maddie. Quel est votre nom ?
-Calipso. Cela ira, je suis pompier. J'attends juste… Son cœur repart ! Elle reste inconsciente.
-Les secours arrivent, l'informa Maddie. Je reste avec vous.
Ce n'étaient certainement pas les présentations entre voisines auxquelles Calipso s'était la plus attendue. Elle n'était à Los Angeles depuis deux jours seulement et elle était déjà en condition. Cela ne lui déplaisait pas. Bien au contraire, elle vivait pour sauver. Sa voisine ne ferait pas exception, peu importait son âge avancé.
Plusieurs passants s'arrêtaient et s'approchaient. Calipso leur grognait de rester assez éloignés, sa voisine n'avait pas besoin d'un public aussi étouffant. Malgré tous ses appels, sa voisine restait inconsciente. Son pouls était faible mais elle aurait dû ouvrir les yeux ou au moins réagir.
Son ouïe s'éveilla quand elle entendit le son des sirènes. Comme toujours, elles vibraient en elle. Un réel appel, l'adrénaline monta plus encore. Son univers serait bientôt complet, uniforme ou non.
-Calipso, l'interpela Maddie, les secours sont là. Bonne journée.
-Merci, bonne journée.
Maddie raccrocha et Calipso entendit les crissements des freins du camion de pompier. La caserne 133 accourut avec tout le matériel pour transporter sa voisine. Caserne 133. Dommage, elle ne rencontrerait pas ses nouveaux collègues.
-Capitaine Mehta, se présenta l'homme. Merci, nous prenons le relais.
-Quatre minutes d'arrêt respiratoire. Inconsciente depuis la reprise. Le pouls est faible. Vous feriez mieux de vous dépêcher.
-Bien sûr.
Le capitaine Mehta et son équipe chargèrent sa voisine dans le camion puis l'engin démarra avec rapidité. Calipso sourit, elle avait hâte de retrouver cette sensation. Elle ne fit que peu attention aux applaudissements et se releva tandis que Coop, son golden retriever, la suivit. Elle lui caressa le haut du museau :
-Et bien ! On ne devrait pas s'ennuyer !
A l'allure fière et sa manière de soulever avec légèreté ses pattes, Calipso conclut que son chien était plutôt d'accord avec elle. D'un petit sprint d'une dizaine de mètres, ils retrouvèrent leur nouvelle maison.
Ses recherches de logement ne s'étaient pas éternisées, elle détestait cela. Elle avait choisi un quartier calme où il lui serait agréable de courir et de promener Coop. Elle avait eu de la chance de tomber sur ce logement. Elle n'était qu'à quelques kilomètres de plusieurs petits parcs et sa charmante petite maison lui suffisait amplement.
Le pas de la porte passée, elle balança ses clés dans un pot situé sur l'îlot de la cuisine. Elle se félicita d'un « yes », elle était réellement douée pour viser. Peut-être avait-elle été joueuse de basketball dans une autre vie car dans celle-ci, elle n'avait pratiqué que l'athlétisme.
Coop prit possession du canapé et entama rapidement une sieste. Il la suivait lors de ses activités sportives, quand elle lui proposait, mais il appréciait sans aucun doute son temps de sommeil. Elle se dirigea vers sa chambre, la seule de la maison, pour récupérer des vêtements. Sa prochaine étape fut la douche, elle avait sué comme un bœuf lors de sa course et le massage cardiaque n'avait rien arrangé.
L'eau tiède s'écoula sur sa peau ce qui lui donna la chair de poule. Cela ne dura que quelques secondes le temps de s'adapter car elle n'eut plus qu'à profiter de ce moment de plaisir. Elle ne tarda pas, ce n'était pas le but et elle détestait cela.
Une meilleure odeur et un sentiment de propreté plus tard, elle s'affala sur le canapé et Coop en profita pour poser son museau sur sa jambe. Elle alluma la télévision mais n'y trouva aucun divertissement. Elle n'avait envie d'aucun film, d'aucune série.
Elle n'avait en tête que la caserne 118.
Elle avait hâte de commencer cette nouvelle vie, peu importait les collègues qu'elle y trouverait. Elle s'en moquait, tout ce qui lui importait était les missions et de ne jamais échouer. Enfin… Elle s'en persuadait.
Son contrat démarrait dans deux jours. Elle n'avait aucune obligation de se rendre sur les lieux avant deux jours. Mais l'envie était mille fois forte qu'elle. Rien ne l'empêchait de prendre ses repères. Elle avait le droit de se présenter, peut-être même qu'elle ferait bonne impression. Oui, c'était une très bonne idée.
-Bon Coop, on y va ? Je suis bien curieuse.
La chaleur los angelienne était étouffante en cette journée de septembre. Le soleil brillait de mille feux et lui brûlait la peau, elle en avait presque des frissons. Ces sept dernières années, elle avait vécu à Seattle et autant dire que le climat était bien différent. Elle s'y habituerait vite, elle en était certaine. La chaleur ne lui était pas inconnue, elle avait simplement besoin de quelques jours.
Devant la caserne, elle l'observa attentivement. La devanture était d'un blanc étincelant, la propreté devait tenir une place importante. Le soleil s'y réverbérait et les ombres des palmiers dansaient au rythme d'une brise imperceptible.
-Allons-y !
Calipso enleva ses lunettes de soleil et s'autorisa à entrer. Elle inspecta la qualité des camions, de la grande échelle et des ambulances qui était irréprochable. Ils étaient si bien entretenus que le reflet de Calipso s'y projetait. Seulement par respect et politesse, elle s'interdit de consulter l'intérieur des véhicules ainsi que les inventaires. Cependant, elle n'avait aucun doute. L'organisation primait, ce qui lui changerait de sa dernière caserne.
Au fond à gauche, sous la mezzanine, elle reconnut des vestiaires. Elle fit quelques pas. Différentes personnalités se mélangeaient à cet endroit, le rangement des casiers était la plus belle preuve. Le seul point commun était que rien ne dépassait ou ne traînait sur les bancs. Encore une fois, cela était bien différent de ses anciennes casernes qui n'étaient que désordres.
Derrières les vestiaires, Calipso devina une rangée de douche. Elle ne s'y aventura pas et préféra se préoccuper de l'espace sportif. Elle porta la main à sa bouche pour étouffer son « wow » qui aurait trahi sa présence. Elle avait toujours rêvé d'une salle de sports comme celle-ci afin de s'occuper lors des gardes dites « calmes ». Les tapis de course et rameurs ne la contentaient pas.
Ici, des barres fixes pour les tractions – ce qu'elle préférait – s'enchaînaient. Trois bancs de musculation se succédaient et derrière eux, une série d'haltères et de poids était présentée. Elle constata une petite armoire où étaient rangées cordes à sauter, ballons et des bandes de force.
Si des rires au-dessus n'avaient pas résonné, elle aurait été certaine d'être dans un rêve. Les rires étaient forts et n'étaient en aucun cas forcé. C'en étaient des vrais, plein de joie. L'ambiance semblait très sympathique et ils avaient tous l'air de bien s'entendre. Ou bien était-ce simplement un bon jour.
D'un regard Coop et elle se comprirent. Ils s'étaient assez faits discrets, il valait mieux se présenter avant d'être trouvés. Cela aurait été bien gênant. Elle recula d'une petite foulée et se positionna devant les escaliers.
-Excusez-moi ? cria-t-elle ne souhaitant pas être plus impolie qu'elle ne l'était déjà.
Coop la suivit et proclama un aboiement joyeux pour marquer sa présence. Il s'assit à ses pieds et attendit aussi patiemment qu'elle. Les rires s'étaient interrompus et un homme de grande taille au badge de capitaine commença à descendre les escaliers.
A première vue, il paraissait calme et avait un regard doux. Il n'en paraissait pas moins sérieux et impressionnant. Elle avait plutôt intérêt à ne pas dire un mot de travers, enfin c'était ce qu'elle s'imaginait.
-Bonjour, vous êtes ? demanda-t-il en lui serrant la main puis il caressa Coop qui fut plus que ravi. Salut toi !
-Calipso Rivera et Coop, les présenta-t-elle. J'intègre la caserne dans quelques jours. Mais j'étais impatiente de…
L'alarme de la caserne l'interrompit. Elle en eut des frissons de l'entendre à nouveau. Les pompiers commencèrent à s'agiter à l'étage et descendirent avec précipitation dans les escaliers. Le capitaine lui tapota l'épaule avant de lui annoncer :
-Rivera, bien sûr. Capitaine Nash. Enchanté Rivera mais nous devons partir. Ma fille est en haut, vous pouvez vous y rendre. Nous discuterons après, si vous n'êtes pas pressée.
-Non, non bien sûr ! Bon courage.
Le capitaine Nash la quitta pour enfiler sa tenue. Il était suivi de très près par cinq membres de l'équipe alors que les autres pompiers étaient plus divisés. Un sourire malicieux sur le visage, elle les salua d'un rapide et peu sérieux salut militaire. Ils ne parurent pas comprendre mais lui rendirent. Calipso et Coop les observèrent enfiler leur veste. Calipso put ainsi mettre un nom de famille à chacun d'entre eux : Han, Wilson, Buckley, Diaz et Panikkar.
Buckley semblait taquiner ses partenaires et tous la toisèrent quand ils rejoignirent leurs camions. Elle n'y ressentit aucun jugement, juste beaucoup de curiosité.
Les sirènes se déclenchèrent, les klaxons résonnèrent et les véhicules disparurent dans les rues de Los Angeles. Elle tapa du pied, elle aurait tant aimé partir avec eux. Elle était réellement frustrée de ne pas pouvoir participer et ses poils hérissés étaient entièrement d'accord avec elle. Comme souvent, Coop la sortit de cet état.
Elle l'autorisa à bouger et ils montèrent les escaliers pour découvrir le quartier général de la 118. D'un rapide balayage visuel, elle qualifia les lieux de très conviviaux. Une grande cuisine très propre était au fond de la pièce, une table pouvant accueillir une bonne dizaine de personnes s'étendait devant un petit coin salon.
Au niveau de celui-ci, une jeune fille au teint mat d'une vingtaine d'années étaient installée sur un des canapés. Elle parcourait un classeur d'un air assez désespéré. Calipso ne s'approcha pas plus et la salua :
-Bonjour. Tu dois être la fille du capitaine Nash. Il m'a dit que je pouvais les attendre avec toi.
La jeune fille replaça ses mèches brunes derrière ses oreilles et lui sourit. Elle ferma son classeur et parut soulagée. Elle se leva pour l'accueillir.
-Bonjour, je suis May.
-Calipso et Coop.
May s'agenouilla pour caresser Coop qui se mit sur le dos. Les gratouilles étaient son réel péché mignon. Ce fut de courte durée puisque May se mit à éternuer plusieurs fois d'affilée et elle se releva à la recherche d'un mouchoir.
-Tu es allergique ? demanda Calipso. Désolée, je peux partir ce n'est pas grave. Je reviendrai demain.
-C'est bon, ne t'inquiète pas. Il est vraiment trop mignon.
May passa une dernière fois sa main dans les poils de Coop puis invita Calipso à la rejoindre sur le canapé. Elle lui proposa un verre de jus de fruits qu'elle accepta, tout en demandant un bol d'eau pour Coop. Le pauvre subissait lui aussi la chaleur californienne.
-Donc tu es ? l'interrogea May une fois qu'elle fut elle aussi installée.
-Pompier. Je rejoins la 118 après avoir quitté Seattle.
-Le soleil, je suppose.
-J'ai grandi en Floride donc oui ! La pluie rend mon humeur maussade.
Pendant de longues minutes, May et elle discutèrent. Calipso apprit que May était étudiante en biologie mais qu'elle avait pris presque deux ans d'années sabbatiques après le lycée pour travailler au centre d'appels du 9-1-1. Calipso avait trouvé cela très mature et remarquable. May avait même ajouté que cela lui manquait parfois.
Puis, Calipso lui avait raconté son parcours de vie : son début de vie en Floride, sa première année à Yale qu'elle avait vite abandonnée, son retour en Floride et sa formation de pompier, son départ pour Seattle et enfin son arrivée ici.
-Tu as pas mal vadrouillé, s'étonna May. Ta famille ne te manque pas trop ?
-Non, déglutit Calipso en caressant Coop. Je suis plutôt solitaire.
-Ah, grimaça May en rigolant. Il va te falloir un temps d'adaptation à la 118 alors.
Il y eut un instant d'incompréhension. Quel était le rapport entre sa solitude et la 118 ? Ils n'étaient que des collègues, qui pouvaient bien s'entendre certes mais cela n'avait aucun rapport avec sa vie personnelle. Le professionnel et la vie privée étaient deux choses bien distinctes, enfin c'était ainsi que cela s'était déroulé dans toutes ses autres casernes.
Calipso prit cette réflexion comme une belle perche et la saisit. Elle n'avait aucun doute sur les informations que May pouvait lui apportait, elle semblait bien familière avec la 118. Plus elle saurait, mieux elle pourrait appréhender les jours à venir.
-Puisque tu l'évoques, que dois-je savoir ?
-La 118 est une famille, commença May et Calipso comprit bien mieux le message qu'elle avait tenté de lui faire passer. Ma famille. Tout le monde, enfin quelques-uns en particulier tu t'en rendras vite compte. Le capitaine Nash, Bobby, est marié à ma mère. Elle est sergente de police à LA aussi.
-Donc le capitaine Nash est marié à une sergente de police ? Cela doit être bien pratique.
-Tu n'imagines pas à quel point, rigola May.
La résolution d'enquête devait être très sympathique et la coopération était sans aucun doute plus facile à mettre en place. Calipso y penserait, si avoir un petit-ami l'intéressait de nouveau. Elle se sentait bien assez tranquille avec Coop. De toute manière, elle préférait éviter ce type de relations. Qui savait où cela l'amènerait ?
-Hen est une amie très proche de ma mère, elle est mariée à Karen qui travaille dans des grands laboratoires scientifiques pour la NASA.
-Rien que cela, constata avec admiration Calipso.
-Chimney est…
-Attends, Chimney ? C'est son prénom ?
-Non bien sûr que non. C'est un surnom, je suis sûre qu'il sera ravi de t'en raconter l'origine, rigola May. Il est plutôt drôle et il est le meilleur ami de Hen. Il est en couple avec Maddie qui travaille au centre d'appels. Elle est la sœur de Buck…
-Maddie… J'ai justement eu une Maddie ce matin quand j'ai appelé le 9-1-1.
-Tu as eu un problème ?
-Ma voisine a fait un arrêt cardiaque, j'espère qu'elle se porte bien, répondit-elle en se grattant la tête.
May la scruta avec curiosité comme si elle cherchait à mieux la cerner. Aussi gentille que May avait l'air, Calipso ne comptait pas dévoiler trop de sa personne dès leur première rencontre. De toute manière, elle n'avait pas beaucoup d'histoires à raconter. Pas des drôles en tout cas.
-Bref, reprit May, c'était certainement elle. Il n'y en a pas d'autres au centre d'après les dernières nouvelles. Maddie est la sœur de Buck. Et il y a Eddie.
-Oh ! Laisse-moi deviner, je suppose que Buck et Eddie sont en couple !
-Non, rit May. Ils sont comme des frères. Les relations amoureuses s'arrêtent là.
-C'est déjà pas mal, constata Calipso.
Le mot « famille » prenait tout son sens. Ils étaient tous liés de manière très forte, bien plus que par des liens professionnels. Calipso n'avait jamais vu cela. Dans quoi s'était-elle embarquée ? Elle commençait à craindre son aventure dans cette caserne, peut-être avait-elle commis une erreur finalement.
-Mais Buck et Bobby sont père et fils, sourit May avec espièglerie.
-D'accord, je vois.
Cette fois-ci, elle avait parfaitement saisi le sous-entendu. Elle comptait bien le garder en mémoire pour le réutiliser.
Près de deux heures plus tard, les camions firent leur retour. Calipso constata qu'il s'agissait d'une petite intervention. Elle profita des dernières minutes pour réfléchir à la pertinence de les interroger sur leur mission. Au fil des années, elle avait parfois appris que c'était bien déplacé. A vrai dire, elle avait intégré cette leçon quand un de ses camarades l'avait questionné. La conclusion de son intervention avait été bien négative, un bel échec, et la lourdeur de son camarade n'avait pas aidée. Elle avait quitté la caserne quelques jours plus tard.
-Les voilà ! s'exclama May. Merci de m'avoir aidé à réviser.
-Je n'ai pas été d'une grande utilité.
-C'est ce que tu penses.
Aucune importance. Si simplement lire à haute voix certaines des fiches de May et lui avoir posé des questions lui suffisaient, cela convenait aussi à Calipso.
Les pas dans les escaliers annoncèrent l'arrivée des membres de la caserne que Calipso put reconnaitre comme Diaz et Buckley. Ils étaient suivis de près par Panikkar, Wilson, Han et enfin le capitaine Nash. Elle remarqua l'expression grincheuse de Diaz, le sourire enthousiaste de Buckley, la curiosité de Panikkar, l'impatience de Wilson, l'air ahuri de Han et… Elle ne sut pas trop comment qualifier celui du capitaine Nash. Calipso murmura à May :
-Diaz est toujours aussi méfiant ?
-Non. Je pense que c'est un air qu'il se donne, surtout au début. Il en est bien loin, ne le prends pas personnellement.
-Et les autres ?
-Leur air habituel.
Ah. En effet, elle ne devrait pas s'ennuyer dans cet endroit. Enfin, elle l'espérait. Elle espérait surtout qu'ils ne l'étouffent pas.
-Rivera, l'interpela capitaine Nash, je te présente les membres de l'équipe.
Il n'eut pas à continuer car elle avait parfaitement repéré chaque membre et elle était certaine de pouvoir les dénommer avec les informations apportées par May. Elle pencha légèrement la tête en désignant Buckley et plissa les yeux.
-Tu dois êtres le fils du capitaine Nash.
Un flottement répondit à sa déclaration et elle n'en cacha pas sa fierté. Ses futurs collègues s'observèrent avec amusement sauf Buckley qui paraissait assimiler ses pensées. Elle l'avait pris au dépourvu, peut-être aurait-elle dû attendre. Mais cela aurait été moins drôle une fois les présentations faites. Le capitaine Nash donna une tape sur l'épaule de Buckley et May mit fin au silence en rigolant doucement.
-Vous devez arrêter avec cela, répondit Buck mais l'expression qui suivit prouvait qu'il était d'accord.
-Dis le contraire, le tenta May.
-Je ne le ferai pas.
-Vous avez fini ? demanda le capitaine Nash. Nous pouvons manger, Rivera tu te joins à nous ? Nous discuterons après.
-Cela me va !
-Bobby cuisine le meilleur chili con carne du monde. Je suis le seul à en détenir l'ingrédient secret, se vanta Buckley en l'invitant à s'asseoir à table avec eux.
Par politesse, Calipso ne refusa pas le plat texan. Ses origines mexicaines désapprouvaient l'existence du chili. Par pure fierté, il fallait l'admettre. Mais jamais, elle n'y avait goûté ne serait-ce qu'une cuillère. Tia Helena en aurait très certainement été scandalisée. Il y avait une première à tout et personne ne pouvait lui en vouloir. Du moins, elle l'espérait.
-C'est la tradition familiale, dit Han en s'asseyant. La transmission de père en fils.
Il y eut quelques rires puis le capitaine Nash déposa la grande marmite dont une odeur alléchante légèrement épicée titillait les narines de Calipso. Son ventre gargouilla, assez discrètement pour ne pas se faire remarquer.
-Les invités d'abord, lui tendit une assiette le capitaine Nash et elle l'en remercia.
Elle détailla l'assiette. L'ensemble avait tout pour être bon, le pays natal de sa mère semblait avoir un peu exagéré. Calipso attendit que tout le monde soit servi, quand ce fut le cas elle prit une bouchée du plat préparé par le capitaine Nash.
Ce fut une explosion de saveurs en bouche, un véritable feu d'artifices. Un parfait équilibre entre les épices et chaque ingrédient. Les Mexicains ne savaient pas ce qu'ils manquaient.
-C'est délicieux ! s'exclama-t-elle.
-Je te l'avais dit, répliqua Buckley.
Ce ne fut qu'une affaire de quelques bouchées supplémentaires avant que les questions à son égard ne commencent à s'enchaîner. Elle s'y était attendue, cela se déroulait toujours ainsi.
-Alors d'où nous viens-tu ? demanda Han en prenant une grande bouchée, Calipso se demandait même comment il pouvait garder tout cela en bouche.
-J'étais à Seattle, répondit-elle simplement.
-Et à Orlando avant cela si je me trompe, remarqua le capitaine Nash.
-C'est bien cela.
Son dossier était donc bien en tête du capitaine Nash. S'il avait retenu ces informations, il avait sûrement retenu qu'elle avait démissionné les deux fois sans délai. Il l'observa pour juger sa réaction mais elle ne laissa rien transparaître, ils auraient bien le temps d'en discuter après. S'il l'évoquait.
-Plus que New-York et tu auras fait les quatre coins des Etats-Unis, remarqua Panikkar.
-Non pas New-York, non, marmonna-t-elle en se concentrant sur son assiette pour triturer un haricot rouge avec sa fourchette.
-Qu'est-ce qui t'amène à Los Angeles ? demanda Wilson.
-Le soleil, sans aucun doute.
Il y eut encore quelques questions sur son parcours mais elles restèrent assez générales. A la fin du repas, le capitaine Nash l'invita à rejoindre son bureau. Elle s'exécuta suivie par Coop.
-Calipso Rivera, annonça calmement le capitaine Nash. Je ne t'attendais pas avant deux jours.
-Je sais. J'étais impatiente de découvrir la caserne et l'équipe. J'espère ne pas vous avoir dérangé capitaine Nash.
Il eut un discret sourire à la commissure de ses lèvres. Elle n'eut aucune idée de comment l'interpréter. Cependant, elle n'aurait pas eu le temps de disserter à ce sujet.
-Tu n'es pas obligé de m'appeler capitaine Nash, tu peux simplement m'appeler Bobby. Tout comme tu peux me tutoyer, ce sera bien plus confortable ainsi.
-Euh… Vraiment ? Tout le monde se tutoie et s'appelle par son prénom ? demanda-t-elle particulièrement gênée par l'idée.
-Evidemment. Je pense que c'est ce qui fait la force de notre caserne. Tu n'y vois pas d'inconvénient ?
-Pas du tout !, s'exclama-t-elle bien qu'elle en était gênée. C'est simplement… inhabituel.
-Tu t'y habitueras. J'ai cru comprendre que tu avais changé deux fois de caserne sans donner de raison particulière. Cependant, d'après ce que j'ai lu, un départ a suivi une intervention à l'issue dramatique et l'autre à un incident, eum personnel. Tu as dû subir beaucoup de refus ?
Et voilà, le sujet était sur la table. Jamais elle n'avait commis de fautes graves mais cette instabilité avait déjà des effets néfastes sur sa carrière. Elle restait curieuse de découvrir pourquoi elle était ici alors que le capitaine Nash avait très bien saisi son cas.
-Quelques-uns, répondit-elle. Vous… Tu as parfaitement compris mes départs mais il y avait toujours d'autres raisons derrière. Ce n'était pas aussi impulsif que cela en a l'air, précipité mais pas impulsif.
-Je n'en doute pas. Je m'y connais en impulsivité, tu ne serais pas la première. J'étais intéressé par tes compétences et je suis très curieux de t'avoir comme élément nouveau dans l'équipe. J'espère que nous te garderons à nos côtés.
-Je l'espère aussi.
Elle ne précisa pas que la description faite par May l'avait légèrement effrayée. Le capitaine Nash avait l'air si confiant. Ils ne se connaissaient pas mais elle avait la sensation qu'il lisait en elle tel un livre ouvert, c'en était déconcertant.
Peu importait, grâce à lui elle avait son travail.
-Tu as des questions ? demanda-t-il.
-J'en ai une oui, elle regarda Coop qui inclina légèrement la tête. Est-ce que Coop peut rester à la caserne quand nous sommes en mission ? Il est sage et obéissant, il ne fera aucun dégât.
-Je n'y vois pas d'inconvénient, sourit le capitaine Nash.
Son arrivée à Los Angeles atteignait la perfection. Où était le piège ?
-Bienvenue dans la 118, Calipso, lui tendit la main le capitaine Nash.
-Merci Bobby.
Un nouveau pas de franchi. Quelques heures dans cette nouvelle caserne et elle réalisait que son expérience serait bien différente des deux précédentes. Une certaine appréhension naquit en elle. Cela ne lui était pas forcément synonyme de positif, bien au contraire…
A leur sortie du bureau, l'équipe avait l'air bien trop sérieuse pour ne pas paraître suspecte. Elle pouvait parier sur le fait qu'ils avaient peut-être essayé d'écouter voire qu'ils émettaient des hypothèses sur elle. Cela se passait toujours ainsi. May leur avait certainement apporté des réponses.
-Calipso commencera avec nous dans deux jours. Je compte sur vous pour l'accueillir dans les meilleures conditions possibles, annonça Bobby.
-Ce n'est pas déjà fait ? remarqua Hen en prenant une poignée de pop-corn.
-On peut difficilement faire mieux, ajouta Chimney, il faudrait qu'elle lui demande d'où venait ce surnom.
-Merci pour cet accueil, vraiment, les remercia-t-elle. J'ai hâte d'être le jour J !
Evan – que tout le monde surnommait Buck – lui tapa dans la main pour réellement lui souhaiter la bienvenue. Derrière lui, Eddie fit de même. Il avait déjà perdu cette expression distante. Elle serra dans ses bras May pour la remercier du temps passé ensemble.
De son côté, Coop reçut de nombreuses caresses. Bobby venait d'annoncer qu'il intégrait lui aussi la 118 et cela avait provoqué des exclamations joyeuses. Calipso en était plus que ravie. Elle les salua tous d'un signe de la main et quitta la caserne.
Avant de monter dans la voiture, elle se tourna une dernière fois vers la caserne. Son sourire fut très franc, elle avait un bon sentiment. Ici, elle devrait faire du bon travail. Elle était bien entourée pour.
-Au moins, ici, ils t'acceptent Coop.
En guise de réponse, son chien aboya doucement simplement pour marquer son contentement.
-Je pense qu'on a trouvé un bon endroit.
Et voilà !
Ce premier chapitre vous a-t-il plu ? Il n'est qu'une introduction des personnages et des lieux, le chapitre 2 sera du même style. :)
Quelles sont vos premières impressions ?
N'hésitez vraiment pas à laisser un petit review, même un petit mot fait toujours plaisir.
A bientôt :D
Blue.
