Hello ! :)

Bonne lecture !

CW : Mention d'agression sexuelle (Rien de direct).


CHAPITRE 3 – Echec et Maths

Calipso avait intégré la 118 depuis deux mois et jamais elle n'avait vu Bobby dans un tel éclat de colère. Depuis la péripétie de leur précédente mission, il y a quelques heures, personne ne bronchait à la caserne. Bobby était dans son bureau, en compagnie de Coop, et le reste de la caserne se moquait de Buck et d'elle.

Pour détendre l'atmosphère, Ravi avait proposé un jeu de cartes. Malgré elle, Calipso ne pouvait s'empêcher de jeter de furtifs regards vers le bureau de Bobby. Elle était certaine qu'il ne leur en voulait pas mais qu'il avait simplement beaucoup de papiers à rédiger. D'ici le prochain appel, tout serait oublié. C'était pourquoi elle choisissait de prendre cette mésaventure avec humour comme chacun ici. Cependant, elle devait tout de même se rassurer.

-Vous croyez qu'il va nous en vouloir pendant longtemps ?

-Non, répondit Hen en posant sa carte. Il en a vu bien d'autres avec Buck.

-Ne t'en fais pas Cali, dit Buck avec un clin d'œil, ce n'est qu'une affaire de temps.

-Evite juste d'être aussi influençable, remarqua Ravi.

-Eh ! s'exclamèrent Calipso et Buck.

-Elle est aussi coupable que moi ! se défendit Buck.

Les chamailleries semblèrent les faire tous rire, sauf Buck et elle. A cet instant, elle avait l'impression d'être une enfant qui craignait de se faire gronder par son parent. Elle posa sa carte et Ravi suivit :

-Gagné !

-Je suis sûre que tu triches, l'épia-t-elle.

-En plus d'être influençable, tu es mauvaise joueuse.

D'accord. Elle s'enfonçait. Sauvée par le gong, l'alarme sonna annonçant un carambolage avec des blessés légers. Ils se levèrent immédiatement et c'est à ce moment que Bobby sortit de son bureau. Il passa à côté d'elle et de Buck. Bobby posa chacune de ses mains sur leurs épaules et les fit rasseoir.

-Vous deux, vous restez là !

-Quoi ? dirent-ils en chœur.

-La prochaine fois, vous ferez preuve d'un minimum de jugeote et vous écouterez.

-Mais tu n'as pas le droit, vous avez besoin de nous ! s'indigna Calipso.

-On est de garde, on doit venir en intervention, l'appuya Buck.

Bobby se retourna. Il paraissait toujours aussi calme mais l'agacement se lisait sur son visage. Apparemment, elle était à ce moment où il ne valait mieux pas dire un mot de travers.

-L'alarme a sonné. Nous sommes attendus. Donc cessez de me faire perdre mon temps. La garde ne vous garantit pas une place en intervention. Je vous annonce que vous êtes assignés aux corvées et aux inventaires. Sauf si vous préférez être virés ?

Buck et elle se regardèrent et elle haussa un sourcil, qu'étaient-ils censés répondre ? Buck lui fit comprendre qu'il valait mieux ne pas insister. D'après la dernière discussion, elle préférait croire son expérience. Cependant, elle restait ébahie. Comment pouvait-il les laisser à la caserne ? Elle hallucinait vraiment. C'était inhumain.

A côté d'eux, Hen passa en avalant une dernière bouchée de popcorn :

-BOUM !

-Les enfants sont punis, se moqua Eddie.

-Très drôle vraiment, grimaça-t-elle.

-Je n'aurais pas osé à mon arrivée, commenta Ravi.

-Tu étais stagiaire à ton arrivée ! roula-t-elle des yeux. Je suis une pompière accomplie.

-Tu mériterais de repasser cette étape, dit une dernière fois Bobby en bas des marches.

-BOUM ! cria Chimney avant de monter dans le camion.

D'une même manière, Buck et Calipso s'accoudèrent à la rambarde menton posé sur leurs bras. D'en bas, ils devaient avoir l'air de deux enfants boudeurs. Après tout, c'était un peu ce qu'il se passait. Leurs compagnons s'en allèrent du garage, les sirènes résonnant dans toute la caserne. Cela donna des frissons à Calipso et elle constata qu'il en était de même pour Buck. Tous les deux étaient frustrés.

Calipso tourna sa tête et Buck fit de même en soufflant.

-Il a le droit ? demanda Calipso.

-Je ne sais pas mais il m'a déjà viré. Je ne préfère pas recommencer.

-On évitera de défoncer la mauvaise porte la prochaine fois.

C'était plus raisonnable. Elle était encore capable d'entendre le cri de Bobby et les têtes incompréhensives du reste de l'équipe. Tous les deux avaient mal compris et avaient détruit d'un commun accord la porte du voisin d'où il fallait porter secours. Rien de bien méchant, certes. Cependant, Bobby n'avait pas apprécié ce manque d'attention.

Désabusés, ils saisirent des chiffons et commencèrent le ménage de la mezzanine commune tandis que Coop trouvait refuge dans le bureau de Bobby, comme très souvent. Ce fut d'abord dans le silence qu'ils s'exécutèrent. Calipso n'avait aucun doute que les pensées et regrets qui la traversaient étaient aussi présents dans la tête de Buck.

Maintenant que la mezzanine brillait, ils descendirent pour assurer l'inventaire des camions restants mais aussi des stocks de la caserne. Ce fut à cet instant que Buck passa sa tête pour la regarder :

-Ta couleur préférée ?

-Quoi ?

Elle devait avoir mal entendu, cette question n'avait aucun sens. D'autant plus qu'aujourd'hui était particulier, elle devrait consulter un ORL très prochainement. Son audition devait avoir baissé.

-Quelle est ta couleur préférée ? C'est l'occasion de faire connaissance.

-Euh… Le vert, répondit-elle sans vraiment réfléchir, elle n'était même pas certaine d'avoir une couleur préférée, elle savait juste que c'était celle de Bianca.

-Pas mal, moi c'est le rouge, c'est celle de Bobby aussi.

-C'est mignon, se moqua-t-elle d'une moue attendrie.

-Ta saison préférée ? enchaîna-t-il après avoir marmonné des « gneugneu » risibles, ils avaient vraiment l'air d'enfants.

-J'aurais bien dit l'été car j'adore quand le soleil brille et me brûle la peau. Cela me rappelle la Floride. Mais j'aime beaucoup les couleurs de l'automne, c'est d'une beauté. Le printemps est plutôt pas mal dans son genre, la faune et la flore se réveillent… Pas l'hiver en tout cas, brrr, frissonna-t-elle.

-Très poétique ! s'étonna Buck en checkant la liste. J'adore le printemps. Ah ! T'as Instagram ?

- calipso911_

Sa tête pivota vers l'autre côté du camion afin d'observer Buck lâcher son porte-documents pour attraper son portable. Elle sentit son portable vibrer.

-911 ? Tu es un peu obsessionnelle, non ?

-Légèrement, murmura-t-elle en se cachant.

-Compte privé. Un abonné, oh coop_thegold te suit, rit-il aux éclats. Tu caches des choses ? l'interrogea-t-il.

-Pas du tout. Jusqu'à maintenant, personne ne m'a demandé mon compte. Bravo Buck, tu seras mon deuxième abonné.

-Quelle honneur, ricana-t-il.

A vrai dire, son compte Instagram lui servait juste à suivre les célébrités qu'elle appréciait – ou idolâtrait, c'était une question de perspective, et des comptes de pompiers. Elle avait bien posté quelques photos de Coop, mais elle avait bien conscience que cela était d'aucune utilité.

-Pourquoi l'appelle-t-on Chimney ? le devança-t-elle, quitte à poser des questions autant aller dans le vif du sujet, elle n'avait pas envie de s'attarder sur son nombre d'abonnés.

-Ah tu n'es pas prête ! rigola Buck et il posa sa pochette pour prendre tout son sérieux. Donc…

Malheureusement, Buck n'eut pas le temps de terminer sa phrase que son portable sonna. Il informa Calipso qu'il s'agissait de Maddie, sa sœur.

-Yep Maddie ! répondit Buck. Un appel pour nous ? Attends je te mets en haut-parleur je suis avec Cali.

-Je sais que tu es avec Calipso, Chimney m'a envoyé un message. Vous n'êtes pas près d'oublier votre erreur, se moqua Maddie.

-Génial, marmonna Calipso.

-Bref, reprit Maddie, j'ai un appel pour vous. Un enfant appelle pour de l'aide.

-Donc d'après Chim tu sais que nous sommes assignés à la caserne ? vérifia Buck mais Calipso commençait à espérer de pouvoir sortir d'ici.

-Demandez à Bobby la permission.

-C'est pour quoi ?

-Un petit blocage, hésita Maddie, vous ne devriez pas en avoir pour très longtemps.

-Ok. Je te rappelle dans deux minutes !

Buck raccrocha et se dépêcha de monter à l'étage pour pouvoir accéder au contact de Bobby, disponible par la radio de la caserne. Arrivé en haut, Buck s'impatientait joyeusement. Calipso était dans ce même état et commença même à préparer un camion.

-Une mission pour les rejetés de la 118 ! s'égosilla Buck.

-Yes !

D'en bas, Calipso parvenait à entendre l'échange entre Buck et Bobby. Elle l'écouta d'une oreille attentive, ne souhaitant pas manquer l'excellente nouvelle qui les attendait.

-Cap, tu me reçois ?

-Quoi, Buck ?

-Maddie a eu un appel pour nous, on peut s'y rendre ? Il parait que ce ne sera pas long.

-D'accord, accepta Bobby et Calipso sauta de joie. Pas le moindre débordement, je vous préviens. Un appel quand vous êtes sur place, le pourquoi et surtout quand vous partez. Suis-je assez clair ?

-Limpide ! Merci Cap !

Plus vite que l'éclair, Buck courut et descendit par la barre de pompier. Perplexe, Coop passa sa tête à travers les barreaux mais se coucha bien rapidement. Prête à monter dans le camion, Calipso s'assura :

-On est partis ?

-Go ! s'exclama Buck en lui tapant dans la main. Je te raconte pour Chim dans le camion.

De bien meilleure humeur, Calipso prit place au volant et déclencha fièrement la sirène. Une seconde plus tard, ils étaient prêts pour leur mission en binôme d'isolés. Il était hors de question qu'ils déçoivent Bobby. C'était leur moment pour se rattraper.


Quelques minutes après leur départ, ils arrivèrent dans un quartier résidentiel de Los Angeles. C'était l'endroit typique où s'installaient les familles pour avoir une tranquillité et un cadre sécuritaire pour leurs enfants. Devant la maison, Calipso serra le frein à main et conclut à l'histoire de Buck :

-Je comprends mieux pourquoi il n'est pas fier de cette histoire.

Ils descendirent du camion, s'équipèrent d'un cric et d'une scie. Ils prirent l'équipement le plus adéquat mais restaient prêts à rebondir en fonction de la réelle demande. Après tout, Maddie était restée vague ce qui n'était pas habituel.

-Oups attends, je préviens Bobby, dit Buck en modifiant la fréquence. Cap, bien arrivés sur les lieux. Nous allons marquer notre présence.

-Reçu. Merci Buck.

La maison était grande, digne d'un pavillon. Une terrasse en bois encadré de barrières blanches donnait accès à la porte d'entrée grâce à un escalier dont les marches grinçaient à chaque pas. De longues baies vitrées devaient illuminer l'intérieur de la maison et laissait découvrir un salon. Aucun doute qu'il s'agissait d'une famille aisée.

Ils toquèrent à la porte assez bruyamment pour se faire entendre et ils n'eurent pas à attendre longtemps qu'un petit garçon de huit ans leur ouvrit la porte, grand sourire. Buck et Calipso s'échangèrent un regard, c'étaient rarement les réactions les plus fréquentes en cas d'urgence.

-C'est bon Maddie, ils sont là ! s'exclama le garçon avant de raccrocher.

-Salut mon pote. Je suis Buck et voici Cali. Tu t'appelles ?

-Samuel ! répondit le garçon toujours aussi joyeux et peu pressé.

-On peut voir tes parents ? demanda Calipso en passant la tête vers l'intérieur.

-Euh… Je suis tout seul avec mon grand-frère, il est dans sa chambre, les informa Samuel. Maman travaille et papa est allé amener Amy à son entraînement de baseball.

D'accord donc il n'y avait aucun adulte ici, il y avait un enfant qui avait tout sauf l'air paniqué et un adolescent à l'étage qui écoutait la musique bien trop forte pour le bien de ses tympans. Professionnellement, Calipso analysa les lieux à la recherche du moindre d'indices qui la mettrait sur la piste de leur mission.

Mais rien. Rien ne lui tapait à l'œil, il n'y avait aucune urgence ici.

Cependant, Buck eut une réflexion plus intelligente que la sienne. Cette idée ne lui avait pas effleuré l'esprit, elle avait bien trop vite émis sa propre conclusion. Bobby avait raison, l'étape « stagiaire » aurait pu lui être utile pour lui rappeler les principes de base.

-Euh… D'accord, c'est ton frère qui est bloqué ?

-Non, répondit Samuel en fronçant les sourcils comme si Buck était un idiot. Personne n'est bloqué.

Cette journée n'avait AUCUN SENS. Buck et elle se regardèrent avant d'épier les recoins, il y avait forcément une caméra cachée. Cela ne pouvait être autrement. Leurs camarades désiraient se moquer d'eux après leur erreur du matin. Calipso s'en trouvait vexée, même Maddie participait à cette plaisanterie de mauvais goût. Il ne manquait plus qu'Athena, gyrophare en route, mégaphone en main leur hurlant qu'ils s'étaient bien fait avoir.

Sous le regard de Samuel, Calipso pivota vers Buck pour lui murmurer à l'oreille :

-Il y a souvent des blagues comme cela entre vous ?

-Non, répondit-il en hochant la tête.

Il était de plus en plus difficile d'apposer une explication à leur situation. Il valait mieux se rendre dans le vif du sujet, ils avaient assez perdu de temps et Bobby ne tarderait pas à les recontacter.

-Bon… Euh… Pourquoi nous as-tu appelés ?

-Venez, entrez. Je vais tout vous expliquer !

D'un air sérieux et d'un pas déterminé tel un soldat, Samuel les dirigea vers la pièce à vivre de sa maison. La grande table derrière le canapé était couverte de cahiers et de stylos. Il n'allait tout de même pas leur dire qu'il avait perdu un de ses stylos ? Il s'assit sagement sur la chaise et leur présenta les fichiers devant lui.

-Alors voilà, j'ai des devoirs, déclara Samuel. Papa m'a demandé de les faire le temps qu'Amy est au baseball. Il a dit à Tommy de m'aider mais il reste dans ma chambre et me demande de dégager à chaque fois que je monte !

-Donc ? s'impatienta Buck et ni lui, ni elle n'étaient prêts à l'annonce du petit garçon.

-Vous pouvez m'aider à faire mes mathématiques ?

C'en était trop pour Calipso, elle pouffa de rire. Buck la suivit de très peu sous les yeux incompréhensifs de Samuel. La farce était très bonne, vraiment. La 118 avait beaucoup d'imagination.

Ils s'excusèrent auprès de Samuel et rejoignirent la cuisine pour contacter Bobby.

-Très drôle, Bobby, dit Buck en passant frottant son menton de sa main.

-Qu'as-tu encore Buck ?

-Le petit garçon, les problèmes de maths. Vous vous moquez de nous avec Maddie ?

-Je n'ai aucune idée de quoi tu parles Buck.

-Nous sommes sur place, reprit Buck, l'appel de Maddie est un enfant de 8 ans ayant besoin d'aide pour ses devoirs de maths. Vous n'êtes pas dans le coup ?

-Je pense que j'ai bien d'autres choses à faire Buck, répondit calmement Bobby. Nous sommes en pleine extraction des passagers, donc je n'ai qu'une chose à vous dire : Maintenant que vous êtes sur place, amusez- vous !

-Je suis nul en maths, Bobby, soupira Buck avant de murmurer à Calipso. Et toi ?

-Je peux me débrouiller. Il a 8 ans, cela ne doit pas être si terrible.

-A tout à l'heure Buck, conclut Bobby.

Il raccrocha et il y eut un instant de flottement. Peu importait ce qu'ils avaient fait au Karma, celui-ci était bien décide à se venger. Ils avaient tout intérêt à régler ce problème avant qu'il ne s'acharne sur eux.

-A toi l'honneur Cali, lui dit Buck en lui désignant le salon. Je vais m'assurer de mettre les lieux en sécurité.

-Ah ah ah ah !

Toujours aussi perplexe, elle s'installa à côté de Samuel et constata qu'il s'agissait d'exercices sur les unités de mesure. Intérieurement, Calispo souffla tout l'air dont elle avait disposition. Oui, elle s'en sortait en mathématiques mais les unités de mesure n'étaient pas ce qu'elle préférait. Il s'agissait d'ailleurs de son plus grand défaut dans son métier. Elle y parvenait, bien sûr, elle avait juste besoin de plus de temps que les autres pour les conversions.

« Stagiaire », sa journée était vraiment risible. On cherchait à lui envoyer un message très clair.

Tant bien que mal, ils avancèrent dans les exercices avec autant d'exemples que possible. Calipso utilisa différents récipients, balances, règles afin que la tâche soit plus ludique et concrète pour Samuel, même Buck s'y intéressa plus en détails. Ils arrivèrent au bout du dernier exercice quand ils entendirent des pas dans les escaliers.

-Sam, tu fous quoi ?

Devant eux, un adolescent de seize ans se figea. Il pâlit quand il remarqua leur présence et Calipso crut qu'il allait prendre ses jambes à son cou. Mais ce ne fut pas le cas, il se contenta de regarder à l'étage puis de se gratter la tête.

-Bonjour. Pourquoi êtes-vous là ?

-Parce que tu n'as pas été capable d'aider ton petit-frère, maugréa Calipso entre ses dents de manière à ne pas être entendue.

-Ton frère avait besoin d'aide pour ses devoirs, il a cru bon de nous appeler, dit Buck de manière plus adaptée même si son ton suggérait le contraire.

-T'as appelé le 9-1-1 pour une connerie pareille et vous vous déplacez pour cela ?

-T'avais qu'à m'aider tête d'oignon ! cria Samuel en claquant son stylo sur la table.

-Oh oh ! On va se calmer, dit Buck

-Ton frère avait besoin d'aide, tenta de garder son calme Calipso. Habituellement, nous préférons ne pas nous déplacer pour ce type d'appels mais nous sommes là. Donc peut-être, veux-tu prendre le relais ou alors tu peux nous laisser terminer tranquillement afin de ne pas nous faire perdre plus de temps ?

-Je… Je… Je vais dans ma chambre, dit Tommy en s'éclipsant.

-Ouais, c'est ça. Il ne manque pas d'air, croisa les bras Buck.

Après quelques excuses de Samuel, Calipso parvint à focaliser de nouveau son attention sur l'exercice demandé. Elle commençait à en avoir assez et cet adolescent n'avait vraiment rien arrangé. Celui-ci était d'une insolence inouïe et il se permettait d'augmenter le volume de sa musique, insensé !

Samuel et elle furent d'accord pour jeter leur stylo quand il eut fini d'écrire sa dernière réponse. A vrai dire, ils n'avaient pas été si longs mais Calipso n'était pas enseignante ou aide scolaire. Elle désirait simplement retrouver sa caserne et rejoindre une vraie mission cette fois.

Pendant qu'ils rangeaient tout leur matériel, Buck en profita pour annoncer à Bobby qu'ils avaient terminé et qu'ils allaient pouvoir rejoindre la 118. D'après Bobby, leur mission menait à sa fin et ils ne tarderaient pas à les rejoindre.

-Merci Cali et Buck, dit Samuel quand ils quittèrent la maison.

-Avec plaisir, répondit-elle. La prochaine fois, évite juste d'appeler le 9-1-1, d'accord ?

Samuel acquiesça et claqua la porte derrière eux. Buck et elle récupèrent leurs équipements inutiles et les rangèrent. Puis, ils se regardèrent en souriant avant de se tape dans la main.

-Mission réussie !

Avant qu'ils ne rejoignent leur place, ils furent attirés par des gyrophares. Devant eux, la voiture d'Athena se gara. Elle sortit de sa voiture et baissa ses lunettes de soleil pour les observer de haut en bas.

Si Athena ne l'impressionnait pas autant, Calispo aurait levé les yeux au ciel en marmonnant Quoi encore ? Ou bien, avait-elle vu juste quelques minutes plus tôt. Non, non. Vu l'air sérieux d'Athena, ce n'était pas le cas.

-Que faites-vous là tout sourire ? demanda Athena.

-Nous venons d'accomplir un acte de bravoure et héroïque ! s'exclama Buck.

Tous les deux se mirent à rire mais ce fut un moment de solitude – à deux – car Athena ne décrocha pas un sourire et ne chercha pas à découvrir quel était ce fameux acte. Elle répliqua simplement d'une voix ferme en désignant la maison de Samuel :

-J'ai été appelée pour une intervention. Une jeune fille a appelé de cette adresse.

Une nouvelle fois, Buck et Calipso se regardèrent curieusement. Calipso prit le relais.

-Nous étions avec un petit garçon de 8 ans, Samuel. Il n'y a que lui et son frère, Tommy.

L'expression d'Athena les inquiéta immédiatement. Elle saisit son arme et les bouscula pour rejoindre la maison, juste après leur avoir dit :

-L'agresseur s'appelle Tommy.

Sans attendre, Buck et Calipso opérèrent un demi-tour en courant pour suivre Athena. Peu importait ce qu'il se passait avec Tommy, elle aurait sans aucun doute besoin de leur aide. La porte ouverte, Samuel se précipita vers eux en panique.

-Qu'est-ce que vous faites ?

-Att… Viens avec moi.

Calipso fit signe à Buck et Athena de monter tandis qu'elle restait avec Samuel. Ce petit garçon n'avait pas besoin de subir les actions de son frère, d'autant plus qu'aucun d'eux ne savait ce qu'ils allaient trouver. Elle alla dans le salon avec Samuel tandis qu'une porte à l'étage claquait et que des cris retentirent.

Samuel se boucha les oreilles et Calipso n'eut qu'à prendre le petit garçon dans ses bras. Elle lui expliqua calmement :

-Notre amie, Athena, est sergente de police. Le 9-1-1 lui a dit de se déplacer ici car une fille a appelé de votre maison. Est-ce que tu sais si une fille est chez toi ?

-Non, sanglotait Samuel. Amy est avec papa.

-D'accord, d'accord.

Les cris continuèrent et après un bruit sourd, Calipso fut sûre qu'une personne avait été plaquée au sol. Elle devait être en mesure de donner des explications à Samuel, tout tremblant entre ses bras :

-Il se peut que Tommy ait fait une bêtise, d'accord ? Je ne sais pas laquelle mais c'est pour lui que nous sommes venus. Athena devra très probablement l'amener au poste de police, nous ne te laisserons pas seul. Est-ce que tu as le numéro de portable de ton papa ou de ta maman que nous les prévenions ?

-Oui, pleurnicha Samuel, ils le laissent toujours sur le tableau dans la cuisine avec le 9-1-1.

Une personne dévala les escaliers d'un pas précipité et Calipso vit Buck l'appeler avec sa main. Elle se tourna une dernière fois vers Samuel dont les joues étaient rouges, brûlantes par les larmes :

-C'est très bien cela. Ecoute, Buck me demande de venir. Il va rester avec toi et vous allez appeler ton papa et ta maman, okay ?

Samuel bougea simplement la tête, il n'était plus disponible pour poser des questions. Peut-être même n'avait-il pas saisi son discours. La peine la saisit, le pauvre garçon devait être paniqué. Elle rejoignit Buck et ils se tournèrent pour discuter :

-Ce minable était sur le point de la violer… Enfin… Je n'ose imaginer ce qu'il lui a déjà fait…

-On était juste là, dit Calipso d'une voix tremblotante réalisant l'acte qu'ils avaient manqué.

-On ne pouvait pas savoir… murmura Buck en passant une main dans son dos, elle sentait qu'il culpabilisait aussi. Athena maîtrise l'agresseur mais la victime a besoin de… de quelqu'un. Tu es la personne la plus adaptée. Tu peux rester avec elle le temps que les renforts arrivent ?

-Oui, oui bien sûr. Reste avec Samuel, je lui ai dit qu'on appellerait ses parents.

-On fait cela. A tout de suite Cali.

A l'étage, elle trouva Athena dans une pièce qui tenait fermement Tommy. Elle n'échangea même pas un regard avec cette ignoble personne, juste avec Athena qui lui désigna la pièce du menton.

Sur le lit, une jeune fille était recroquevillée plaquée contre le mur. Calipso remarqua un bleu sur son visage. La musique était toujours aussi forte et Calipso trouva préférable de l'éteindre. Les images devaient tourner en boucle dans la tête de la jeune fille, elle n'avait pas besoin d'y associer l'auditif.

Le silence eut un effet étouffant et Calipso s'avança doucement pour s'asseoir au bord du lit. Elle plaça d'une meilleure manière le drap sur la jeune qui tremblait de tous ses membres. La jeune fille se laissa faire bien qu'elle ne décrochait pas le sol des yeux.

-Je suis Cali, chuchota-t-elle. Je vais rester avec toi en attendant les secours, d'accord ?

La jeune fille se contenta d'hocher la tête tandis que Calipso reculait progressivement pour se rapprocher d'elle sans faire de mouvement brusque. Le dos contre le mur, elle regarda la jeune fille :

-Et toi tu es ?

-Lindsay. Je… J'aimerais prendre une douche.

-D'accord Lindsay. Je comprends. Cependant, une autre équipe de police va venir ainsi qu'une équipe de secouristes pour t'amener à l'hôpital. Ce que je vais te dire n'est pas facile à entendre mais je me dois te l'expliquer, tu acceptes ?

Lindsay hocha doucement la tête, ses yeux verts presque ternes. Calipso recula, elle était désormais à la hauteur de l'adolescente.

-Il faut que tu saches que si tu veux porter plainte, ils auront besoin d'échantillons. La douche peut éliminer certains de ces échantillons. Je sais que c'est difficile pour toi de prendre une décision après ce qu'il vient de se passer mais… veux-tu porter plainte, Lindsay ?

-Je… Je ne sais pas.

La voix de Lindsay s'étouffa dans un grand sanglot sans larmes. Ce fut à cet instant que Calipso choisit d'établir le contact avec elle. Lindsay se lova dans ses bras et Calipso serra l'étreinte autour d'elle. Elle préféra ne pas bouger, elle n'était que le soutien physique de Lindsay. Elle ne pouvait rien faire d'autre.

Les pleurs de Lindsay se firent de plus en plus prononcés et ses yeux s'humidifièrent au fur et à mesure. Calipso devait elle aussi contenir ses larmes. La détresse de Lindsay était débordante, une goutte dans un vase rempli qui s'imbibait dans la nappe et à tout ce qui l'entourait. Mais Calipso n'avait pas le droit de craquer, Lindsay avait besoin de sa force. Tout comme la détresse, la force pouvait se transmettre.

-Veux-tu qu'on appelle quelqu'un ? murmura Calipso.

-Ma maman, répondit Lindsay et elle fit un instant beaucoup plus jeune que son âge.

-D'accord, je dirai à mes collègues de l'appeler. Respire, Lindsay. C'est fini. Tout le monde va t'aider maintenant.


Ce n'était pas aussi joyeux qu'à leur départ que Calipso et Buck retrouvèrent la 118. Depuis le départ de Lindsay pour l'hôpital et l'arrivée du père de Samuel, ils s'étaient plongés dans le silence. Calipso ne cessait de ressasser les événements depuis qu'ils étaient sur les lieux. Elle avait pourtant passé la maison au peigne fin, rien ne lui avait laissé présager qu'une fille se faisait agresser à l'étage. Comment avait-elle pu manquer cela ?

Pourtant, le malaise de Tommy quand il les avait remarqués la pâleur de son visage, sa fuite. Tout cela aurait pu les guider sur la piste ? Ils auraient pu éviter le cauchemar qu'avait subi Lindsay. Les signes étaient là, finalement, n'est-ce pas ?

A côté d'elle, Buck était aussi plongé dans une volée de pensées qu'aucun d'eux ne parvenait à partager. La culpabilité les rongeait. Leur journée avait été une succession d'échecs et de honte. Calipso devait se rendre à l'évidence, son passage dans la 118 aura été éphémère.

Sans un mot, ils se changèrent et retrouvèrent leurs camarades sur la mezzanine. Calipso profita de l'enthousiasme de Coop pour l'entourer de ses bras et le caresser. Elle déchargea toute sa négativité, Coop avait toujours eu ce super pouvoir. Puis elle se releva et s'installa à côté de Ravi.

L'histoire n'avait pu que faire le tour de la caserne car Ravi la prit par les épaules pour la réconforter. Peu importait sa lutte contre les amitiés, elle était reconnaissante d'avoir un ami sur lequel s'appuyer.

De son côté Buck était entouré de Hen et Eddie. Bobby n'était pas là et il était mieux ainsi. Elle ne supporterait pas la déception sur son visage, elle ne supporterait pas les mots qu'il leur adresserait.

Pourtant, quand Bobby fit son apparition, son attitude fut tout autre qu'au matin. Il se contenta d'annoncer :

-Athena part du poste de police, elle arrive. Qui veut un sandwich ?

Mais Calipso n'avait pas le cœur à manger, Coop dut le sentir car il posa son museau sur ses jambes. Elle le caressa du bout des doigts et croisa le regard de Buck. Il était aussi dépité qu'elle.

Ils avaient tant ri, croyant à la plaisanterie alors que l'horreur se produisait au-dessus de leur tête. La confiance les avait perdu deux fois dans la même journée.

-Vous ne pouviez pas savoir, murmura Ravi à côté d'elle.

-On aurait dû le sentir.

Il ne la contredit pas, se contentant de lui frotter le bras et poser sa tête sur la sienne, il n'y avait rien d'autre à dire.

Quand Athena arriva, elle salua tout le monde rapidement puis demanda à Bobby ainsi qu'à Buck et Calipso de la rejoindre dans le bureau du capitaine. Tous les quatre restèrent debout jusqu'à ce que Buck parle :

-Des nouvelles de Lindsay ?

-Elle est prise en charge par l'hôpital. Sa mère l'a rejointe. Elle a décidé de porter plainte.

Intérieurement, Calipso se trouva soulagée. Elle n'avait pas eu le droit de guider le choix de Lindsay mais elle était contente que la jeune fille ait ce courage. Tommy paierait et ne recommencerait pas, elle l'espérait. La justice lui échappait.

-Les parents de Tommy n'ont pas souhaité le soutenir pour le moment, madame est effondrée, continua Athena.

-Evidemment, murmura Calipso d'un air mauvais. Dire qu'il a une petite sœur… ça me dégoûte.

Calipso pensa à Samuel, à sa sœur Amy qui devraient vivre avec un frère criminel et tout ce qu'il se dirait à l'école. Elle savait très bien que les nouvelles allaient vite et que peu importait le pourquoi, tout entraînait des répercussions. Ils subiraient les paroles, Samuel et Amy seraient changés à tout jamais.

Elle pensa à Lindsay, la reconstruction dont aurait besoin la jeune fille. Elle pensa au moment où elle s'était effondrée, dévastée et perdue. Calipso n'aimait pas pleurer, elle se répétait souvent qu'il fallait être forte. Elle n'avait aucune raison de pleurer, pourtant une larme lui échappa.

La main de Bobby trouva son épaule et il eut un sourire empathique, pourquoi réagissait-il ainsi ? Buck et elle avaient échoué ? Deux fois en une journée, ce n'était pas un exercice de mathématiques qui allait rattraper la cause.

-Je sais ce que vous pensez, dit Athena, et c'est aussi pour cela que j'ai souhaité me déplacer à la caserne. Vous n'êtes pas responsables.

-Bien sûr que nous ne sommes pas responsables, rit nerveusement Buck. Il n'y a qu'un responsable. MAIS nous aurions pu l'éviter. Nous n'avons rien vu ! Cet enfoiré s'est pointé devant nous et nous n'avons rien fait !

-On aurait dû le forcer à terminer les devoirs de Samuel, ajouta Calipso.

Buck approuva son constat. Le peu de possibilités qui leur avait été offert leur avait échappé.

-Depuis quand était-elle là ? demanda Calipso. Samuel ne savait même pas qu'elle était chez eux.

-Après votre arrivée, leur apprit Athena, elle a pu dire qu'elle avait vu le véhicule de la caserne. Elle est montée par le mur de la fenêtre de Tommy. Apparemment, elle était en retard. Elle n'a pas eu le temps de parler qu'il a commencé à la frapper. C'est là qu'elle lui a dit que les pompiers étaient chez lui.

-Et il est descendu pour s'assurer qu'elle disait vrai, conclut Calipso.

-Exactement. Elle a profité de ce moment pour appeler le 9-1-1.

-Il savait qu'on était là mais il a quand même fait cela ? se dégoûta Buck. Il est à vomir.

-D'après les mots de Lindsay, il a commencé à l'agresser sexuellement quand il a entendu la porte claquer.

-A quelques secondes… marmonnèrent-ils en même temps et Buck enchaîna. Il l'a quand même frappée. Et… si on était simplement remontés pour lui dire qu'on partait….

-Un adolescent qui écoute de la musique, arrogant de plus est, comment auriez-vous pu ? sortit du silence Bobby.

-Bien sûr que si ! s'exclama Calipso et elle pointa ceux qui lui étaient revenus sur le trajet du retour.

-Quelle est la différence d'avec un adolescent embarrassé ? demanda Bobby et elle hocha les épaules. Vous n'aviez aucun élément. Vous avez effectué la mission demandée d alors que vous auriez pu partir. Je vous connais bien assez qu'un moindre doute vous aurait fait réagir. Il n'y avait aucun moyen de savoir. Le plus important ? Vous avez parfaitement agi à l'arrivée d'Athena avec cet enfant et avec cette jeune fille. Pour cette raison, vous devez être fiers de vous. En votre absence, les choses auraient pu être pires qu'elles ne l'étaient déjà.

Calipso baissa la tête. Les informations étaient nombreuses, elle s'y noyait. Sa capacité à réfléchir était totalement absente. Il s'agissait d'un vrai bousculement, partagée entre sa culpabilité et les mots d'Athena et Bobby. Devait-elle s'en vouloir ?

Bobby et Athena se placèrent plus proche d'eux pour leur faire face. Buck était aussi submergé qu'elle.

-Votre aide a été nécessaire, comme l'a dit Bobby, déclara Athena.

-Votre intervention est réussie, continua Bobby. Je suis fier de vous.

L'intensité du regard de Bobby déstabilisa Calipso. Il tenait à ce qu'elle le croit. D'une œillade, elle comprit qu'il lui demandait si elle était capable de l'intégrer. Elle n'en était pas certaine, pourtant il insista.

Elle hésita, mais peut-être avaient-ils raison ?

Après tout, Lindsay l'avait remerciée et l'avait même étreinte à nouveau. Samuel s'était réfugié auprès d'eux, en sécurité, avant l'arrivée de son père et de sa sœur. Il s'agissait de bonnes notes, non ?

Bobby tapota son épaule, il paraissait lire dans ses pensées comme lors de leur première rencontre. Le cœur de Calipso battit à la chamade, sa réponse déterminerait la suite. Était-elle prête à poursuivre, ici ?

Elle sourit difficilement à Bobby. Ce n'était pas un véritable échec, pas un qu'elle avait initié en tout cas.

Alors, oui, elle était prête.


Et voilà ! :)

Le duo Buck/Cali vous a convaincu-es ? Je tenais à ce chapitre, car je voulais qu'on voit les ressemblances entre Buck et Cali (surtout pour celleux qui regardent la série). Ils sont plutôt du même style : être pompier a beaucoup d'importance pour elleux deux, leur côté "je fonce", un peu les deux enfants de la caserne. Bref... J'aime leur dynamique commune.

Sinon, vous vous attendiez à un problème de mathématiques ? Pour être totalement honnête, j'avais entendu passer cet audio où un opérateur 9-1-1 aide un enfant à résoudre ses calculs et je voulais vraiment intégrer ce type d'"intervention" à l'histoire. C'était parfait pour Buck et Cali ahah.

Et l'intervention cachée, vous vous y attendiez (hormis le CW au début du chapitre) ?

Bref, ce chapitre vous a-t-il plu ? :)

Au prochain chapitre : Les membres de la 118 sont appelés à intervenir à l'anniversaire d'une petite fille après qu'un incendie s'est déclaré. Plus tard, l'équipe apprend qu'elle a manqué l'anniversaire de Calipso. Alors que l'équipe cherche à percer sa carapace, Calipso apprend à trouver sa place.