Hello !

Bonne lecture ! :)


CHAPITRE 5 – Calipso, la survivante

- 9-1-1, quelle est votre urgence ?

-Un avion s'est écrasé dans la tour Nord !

11 septembre 2001, quelques minutes plus tôt

-Tu vas arrêter de te plaindre que tu rates l'école ? T'ES A NEW-YORK !

D'humeur plus que joyeuse, elle sautilla dans toute la chambre, impatiente de découvrir tout ce que la Big Apple avait à leur offrir. Depuis trois jours, toute sa famille était à New-York en vacances et elle avait l'impression qu'elle n'aurait jamais le temps de tout voir. Tout était si immense !

Le seul truc embêtant du voyage était sa sœur qui ne cessait de geindre et râler.

-Si je rate mes examens, ce sera votre faute ! s'indigna sa grande-sœur en rangeant ses fiches de cours dans son beau cartable en cuir marron.

-Les cours viennent de commencer, Bianca, s'expliqua pour la millième fois leur mère, et nous n'avons pas eu le choix des vacances. C'est exceptionnel, cela ne nous fait pas plaisir de vous faire rater l'école.

-Moi je trouve ça trop coooool de ne pas aller l'école ! jubila-t-elle en se laissant rebondir sur le matelas de leur grand lit d'hôtel. Ça sert à rien de toute façon.

-Calipso, ne commence pas ! la prévint sa mère.

Et voilà, qu'elle allait encore se faire gronder de dire la vérité après une énième plainte de sa sœur. Ce n'était qu'une question d'habitude.

-QUOI ? C'est vrai ! Je suis bien mieux ici !

-Elle n'ira jamais à Yale, s'exaspéra Bianca.

-Pfff… C'est juste pour te la péter que tu veux aller là-bas ! Moi, je m'en fiche !

-Et tu feras quoi ? demanda sa sœur en croisant les bras.

-J'sais pas ! J'ai onze ans, je profite !

-T'as même pas onze ans.

-T'es agaçante à jouer sur les mots, soupira-t-elle.

-Les filles, STOP ! les interrompit leur père. On y va, la journée est chargée.

Calipso roula sur le lit et se releva d'un coup sur le matelas. Elle s'amusa à sauter, ce qui fit rouler des yeux Bianca. Calipso la nargua en lui tirant la langue. Elle exécuta trois petits bonds, puis se jeta du lit pour retomber sur ses pieds en criant :

-GHOSTBUSTERS !

-Elle va être longue surtout, souffla Bianca en sortant de la chambre.

Calipso n'y faisait plus attention, son quotidien était d'écouter les réflexions désespérées de sa sœur. Bianca était toujours très attachante et prenait toujours soin d'elle. Mais alors, lorsqu'elle était agacée ou stressée, elle devenait insupportable. Finalement, Calipso réalisait que Bianca était plus souvent sur les nerfs qu'elle n'était calme.

Bref, ce n'était qu'une question de temps. Bianca allait s'apaiser quand elle découvrirait la caserne de Ghostbusters. Elles adoraient ce film et Calipso savait que Bianca avait hâte de s'y rendre pour prendre des photos et rapporter quelques souvenirs.

Ils parcoururent une des longues avenues de New-York. Calipso était, toujours, devant en sautillant, les cheveux dans les yeux.

-Tu ne voudrais pas que je t'accroche les cheveux, mija ?

-As-tu un problème avec ma crinière de lion, mamááááá ?

Elle coupa court à sa marche en secouant son épaisse chevelure. Elle bascula sa tête en arrière, rugissant comme le roi des animaux. Gagné ! Bianca riait aux éclats, la main devant sa bouche. Leur mère parut désespérée tandis que leur père ébouriffa ses cheveux au passage.

-Allez petite lionne, on avance !

Ils arrivèrent devant le célèbre World Trade Center. Les deux tours étaient si hautes qu'elles les enveloppaient dans leur ombre. C'était sacrément impressionnant ! Calipso, hypnotisée, s'immobilisa pour les contempler. De son point de vue, les tours conversaient avec le ciel, comme de grands amis.

-C'est quand même sacrément haut, constata Bianca.

-Je crois que la tour Nord fait près de 420 mètres, leur apprit leur père.

-WOW ! s'émerveillèrent-elles en chœur.

Après une dernière exclamation d'admiration, Bianca lui prit la main pour l'inciter à reprendre leur chemin. La caserne Ghostbusters les attendait !


-9-1-1, quelle est votre urgence ?

-Le sol s'est écroulé ! Ils sont tombés !

-Où êtes-vous ?

-Dans la grotte… Grotte… Argh ! Je ne sais plus le nom. Mes potes y sont toujours. Son os sortait !

Calipso adorait les interventions risquées, ces interventions où la montée d'adrénaline l'empêchait de réfléchir. Elle n'avait qu'à agir et s'adapter au moment présent. Il n'y avait que rarement le temps pour des hésitations. Elle les adorait.

Oui, elle raffolait de ces missions où ils se mettaient dans des situations inhabituelles. La routine brisée était un réel plaisir. Calipso était passionnée par son métier.

Mais, il y avait bien un type d'intervention qu'elle détestait. Une seule. Aujourd'hui était l'une d'elle.

Leur camion était arrêté devant une grotte. Tout le corps de Calipso tremblait comme une feuille prise au vent. Elle n'était même pas certaine d'être capable de marcher jusqu'à l'entrée. Une douleur s'implanta dans sa poitrine. Sa tête tourna. Elle eut juste le temps de se rattraper à la barre.

-Un problème ? s'assura Ravi en la maintenant, ce qui attira l'attention de Bobby et de leurs coéquipiers.

Le moment était venu de faire un choix. Elle pouvait la jouer orgueilleuse, suivre sa mission au risque de mettre la vie de ses camarades en péril, car elle ne serait pas vigilante. Ou elle pouvait être honnête et admettre ses faiblesses pour que Bobby s'adapte et établisse la meilleure équipe possible. La réponse était évidente, elle y gagnerait en honneur.

Calipso n'aimait pas échouer. Elle n'accepterait pas la moindre blessure d'un de ses camarades ou d'être incapable d'aider les victimes à cause d'une angoisse. Elle ne le supporterait pas.

-Je…Je… balbutia-t-elle. On doit vraiment aller dedans ?

Les regards criaient de curiosité dans des échos inquiets. Bobby releva la tête, impatient, il attendait plus d'elle. Il était le seul à connaître sa dernière faute, celle qui lui avait valu un rapport. Bobby la cernait avec une habileté déroutante. Sans jamais la rabaisser, il l'incitait à admettre ses faiblesses et ses forces. Il mettait en valeur le meilleur d'elle-même, plus qu'elle n'en était capable.

-Je n'aime vraiment pas être sous terre, murmura-t-elle. C'est pfouuuh.

-D'accord, fut satisfait Bobby. Buck, Hen, Chim, Ravi, vous descendez. Eddie, Cali, vous restez à la surface pour récupérer les victimes et assurer le contact. C'est parti.

-Ca va aller ? lui demanda Ravi en enfilant son casque.

-Oui, ne t'inquiète pas. Bon courage !

La forme n'était pas revenue, mais l'air lui parvint. Calipso était rassurée. Elle aida Eddie à installer la table. Ils déplièrent la carte de la grotte, tracée par Dean, le jeune homme dont les amis étaient toujours coincés. Ils l'étudièrent pour guider leurs camarades.

A chaque fragment de secondes, l'attention de Calipso se portait sur la grotte d'où ils avaient disparu.

L'angoisse ne la quittait pas, elle ronronnait à ses oreilles et la recouvrait telle une couverture lestée. Elle craignait qu'ils ne remontent jamais à la surface.

Le casque posé sur ses oreilles, elle s'installa. Grâce à elle, ils pouvaient trouver leur chemin et revenir, si le temps ne leur manquait pas.

-Ravi, vous nous entendez ?

-Bien sûr qu'on t'entend, Cali, on vient de rentrer.

-Je m'assurais du contact. Parfait.

Elle remonta le micro et se laissa tomber sur le dossier de son siège. Pourvu que cette mission soit rapide. Son ventre se tortillait, des gros nœuds se formaient, pire que des écouteurs dans une poche.

-Tu as froid ? demanda Eddie, après un nouveau frisson.

-Pas vraiment, le rassura-t-elle. Les savoir là-dedans, là-dessous, je ne sais pas, cela me donne froid dans le dos.

-Je comprends. J'évite aussi depuis la fois où j'ai été enseveli.

-Ne m'en dis pas plus, j'ai la tête qui tourne.

Elle se tint à son siège, d'une poigne ferme, emportée par ses émotions. Derrière eux, Bobby écoutait attentivement tout en effectuant ses tâches de capitaine. Eddie lui serra l'épaule de manière rassurante :

-Ca va aller, ils vont les récupérer et on pourra retourner à la caserne pour des interventions plus drôles.

-Je les aime celles-ci.

-Et prendre de nouvelles photos, se moqua-t-il.

-Vous n'arrêterez jamais, hein ? elle replaça son micro. Ravi. Position.

-Oui, on avance doucement. C'est assez étroit.

Tout était rassurant, ils suivaient le trajet à la perfection. Du moins, elle se le répétait pour y croire.

Elle se retourna vers Eddie, pleine de détresse. Il haussa les épaules, que pouvait-il dire de plus ? Calipso pianota la table. Elle se focalisa sur ce mouvement et s'apaisa par la régularité des tapotements. Si elle se concentrait sur ce son, elle pouvait presque oublier sa peur.

-Position, dit Eddie.

-On vient de monter un étage. On doit traverser un tunnel en rampant, les informa Hen et Calipso écarquilla les yeux d'effroi. On entend des bruits au loin, cela doit être eux.

-Continuez, dit Calipso d'une voix tremblante. Vous êtes presque au bout.

-Après le tunnel, détailla Eddie. Vous descendez le petit mur, le sol s'est effondré à cet endroit.

-Bien, ils y arrivent, fut soulagé Bobby.

Bien. Ils étaient bientôt à leur objectif. Quelques soins sur place, le chemin inverse et ils seraient de retour. Finalement, c'était plus simple qu'elle ne l'avait pensé. Son travail se poursuivait, elle avait simplement à s'assurer de leur avancée. De la routine.

-Et toi ? l'observa Eddie.

-A l'extérieur de la grotte, assise à côté de toi, répondit-elle ne comprenant pas sa question.

-Ta phobie ? précisa-t-il en lançant un regard à Bobby.

-Mauvaise expérience enfant alimentée, récemment, par une mauvaise intervention, répliqua-t-elle avant de se focaliser sur le contact. Ravi. Position.

-Hen et moi venons de passer le petit tunnel, on va descendre. Buck et Chim suivent.

-Parfait. Attention aux risques de glissement, recommanda Bobby. Effectuez les soins nécessaires qui ne peuvent attendre, préparez le retour et annoncez votre déplacement.

Le micro remonté, Calipso prit son visage entre les mains en soufflant. Tout allait bien. Une grosse migraine s'installa, dire qu'elle devrait enchaîner avec le reste de la garde. Ses yeux restaient posés sur la radio, attendant les nouvelles de leurs camarades. Ce furent les minutes les plus longues de toute cette mission, Calipso les vécut comme l'infini. Quand…

-Cali. Première victime, prête à passer le tunnel. Buck va…

Il y eut une superposition de bruits : des exclamations de surprise, un cri, des grondements tel un écroulement, des pierres qui s'écrasaient les unes sur les autres, des grésillements. Le bouquet final fut le silence.

Non. C'était une erreur. Calipso se redressa brusquement et replaça son micro en même temps qu'Eddie.

-Chim. CHIMNEY ! appela-t-elle.

-Hen ! Position ! Buck ! Vous entendez ? tentait Eddie.

-RAVI ! REPONDS !

-La communication est coupée. Il y a un problème, déclara Bobby d'une voix calme mais non sereine.

D'un même mouvement, Eddie et elle déposèrent leur équipement relié à la radio. Leurs regards se croisèrent. Il n'eut besoin d'aucun mot pour se comprendre. Tous les deux avaient la même idée, ils devaient effectuer le prochain pas. Calipso tentait de contrôler ses tremblements, Eddie s'assura :

-Ca va aller ?

-Pas le choix, répondit-elle.

-Cali, j'envoie quelqu'un d'autre, proposa Bobby.

-NON ! J'ai fait une promesse. Je la tiendrai. On y va.

Eddie et elle coururent s'équiper pour la traversée dans la grotte. Les jambes de Calipso menaçaient de l'abandonner d'une minute à l'autre, claquant l'une contre l'autre. Les larmes se faufilaient vers la sortie qu'était le coin de ses yeux. Elle devait y faire abstraction. Son casque sur la tête, elle alluma la lampe frontale. Elle attrapa des filets ainsi qu'une pioche, tandis qu'Eddie transportait un cric.

Elle n'allait pas bien. Elle allait même terriblement mal. Mais elle ne pouvait pas abandonner ses camarades. Elle ne pouvait pas abandonner les deux victimes. Ce serait un échec et elle le refusait.

Pas ici. Pas dans ces circonstances. La peur était surmontable, elle l'espérait.

-VOTRE POSITION TOUT LE TEMPS ! hurla Bobby.

-Ok, Cap' ! répondirent-ils.


Sans s'arrêter de parler, Calipso gambadait, suivie de près par Bianca. Au coin de la rue des World Trade Center, un gros bruit les stoppa. Calipso avait l'impression que le bruit se répercutait dans tout son corps. Des tas de vibrations la chatouillaient à la surface de sa peau, comme en profondeur.

-C'est quoi ça ? s'inquiéta Bianca en se tournant vers leurs parents.

Tous les quatre eurent le même réflexe, ils levèrent la tête. Calipso ouvrit si grand les yeux qu'elle crut qu'elle allait les devoir les ramasser par terre.

Un avion était en train de s'écraser, ou plutôt s'écrasa dans la tour du Nord.

Calipso fut pétrifiée. Des éclats de l'avion brisèrent le sol et la tour Nord prenait feu. Une fumée noire et épaisse entourait la tour. De ses dix années de vie, Calipso n'avait jamais assisté à un tel spectacle d'horreur. Pourtant, cet été, Bianca l'avait traînée dans le train fantômes.

Elle décrocha ses yeux de la tour, au moment où son père s'abaissa pour être à sa hauteur. Autour d'elle, le monde tournait toujours. Moins calme, il était en ébullition.

-CALIPSO ! l'appela de nouveau son père et elle cligna des yeux. Bianca, prends ta sœur et éloignez-vous ! ALLEZ !

-Viens, Calipso, on va attendre de l'autre côté.

-PAPA ! MAMA ! cria-t-elle.

-Ce n'est rien, Calipso, la rassura son père et sa mère lui embrassa le haut de la tête. On va appeler les secours et proposer notre aide. On revient tout de suite après.

Incapable d'effectuer le moindre mouvement, Calipso demeura immobile. Leurs parents couraient vers la tour, elle les fixa jusqu'à ce qu'ils deviennent un point parmi la foule. Elle n'eut plus le choix de se déplacer quand Bianca lui tira le bras.

A une cinquantaine de mètres de la tour Sud, elles s'assirent sur un banc. D'abord silencieuses, toute leur attention était portée sur la tour Nord, perdues dans les cris du monde affolé et de l'incompréhension. Calipso tourna la tête vers Bianca :

-Il faut qu'on appelle le 9-1-1, dit-elle calmement.

-Tu n'as pas de téléphone. Je n'ai pas de téléphone. Papa a dit qu'il allait appeler. Regarde toutes ces personnes, tout le monde est en train d'appeler. Le 9-1-1 va être débordé, notre appel ne servirait à rien.

Ce n'était pas la peine d'insister. Calipso avait confiance en Bianca. Sa grande sœur réfléchissait toujours au mieux pour prendre les meilleures décisions. Si Bianca trouvait que c'était inutile, alors elle était d'accord pour dire que c'était inutile.

Les sirènes des pompiers étaient de plus en plus proches. Les poils de Calipso se hérissèrent et elle suivit la couleur des gyrophares. Elle regarda à nouveau la tour Nord et elle mit sa main devant les yeux, ils commençaient à lui piquer.

-BIANCA ! UN AUTRE !

Au moment où Bianca l'écouta, un autre avion s'écrasa dans la tour Sud cette fois. Au moment de l'impact, elles poussèrent un cri, terrifiées. Une même fumée épaisse et noire se dégagea de la tour Sud. Le cœur de Calipso battait si fort qu'elle en avait envie de vomir. Son visage la grattait à cause de toute cette poussière qui volait autour d'elles. Les yeux marrons de Bianca brillaient, sa grande sœur se retenait de pleurer.

-Il se passe quoi ? demanda-t-elle.

-Je ne sais pas, murmura Bianca. Il y a peut-être eu une défaillance technique mais deux, cela me paraît énorme. La tour de contrôle est peut-être en panne mais les deux avions dans les tours… Calipso voyait que sa sœur cherchait toutes les possibilités. Avec les guerres qu'on mène à d'autres pays, on se fait peut-être attaquer.

-Les Etats-Unis se font attaquer ? répondit-elle, choquée.

-Non. C'est ridicule. Je me trompe peut-être. Allez viens là, hermanita.

Bianca passa son bras derrière elle pour l'étreindre. Bianca était toujours ainsi, elle prenait soin d'elle. Calipso se blottit contre sa sœur, sans détacher ses yeux d'elle.

Bianca avait seize ans et Calipso savait plusieurs choses sur sa sœur. Elle la connaissait par cœur.

Bianca ne se trompait jamais.


-Comment une activité comme la spéléologie peut-elle être acceptée ? se plaignit Calipso après une bonne inspiration.

Elle ne sortirait jamais vivante de là. La roche allait les engloutir, ou bien ils manqueraient d'oxygène. Si elle avait un peu de chance, la grotte tiendrait, mais pas elle. L'angoisse la menaçait et la peur l'envahissait, elle allait littéralement mourir de peur.

-Il y a bien des activités qui me posent la question, répondit Eddie, ce qui la ramena à la réalité.

-Cap. On avance du mieux qu'on le peut, dit-elle dans la radio.

Depuis leur entrée dans la grotte, Calipso luttait contre ses pensées négatives. Elle devait déglutir à intervalles réguliers pour que ses larmes ne la vainquent pas. Elle prenait de grande inspiration et expirait bruyamment. Elle était d'ailleurs étonnée qu'Eddie ne lui ai fait aucune réflexion à ce sujet ou qu'il ne se moque pas d'elle. Cela devait être insupportable.

L'espace lugubre et le manque de place n'arrangeaient en rien sa peur. Ils se faufilaient avec difficultés entre les murs de pierre humides. Elle craignait le moment où ils devraient sortir les victimes, s'ils parvenaient à cette étape.

Pire que tout. Sa respiration se saccadait dès qu'elle pensait à son équipe coincée à l'intérieur. Elle était très fière et n'aimait pas partager ce qu'elle ressentait. Mais elle était en mission, elle ne pouvait se laisser débordée. Et qui savait ? Eddie pourrait peut-être l'apaiser.

-Et si on arrive trop tard ?

-Nous n'arriverons pas trop tard, répondit-il.

-Chim a parlé de Buck et s'il était dans le tunnel quand il s'est écroulé ?

Contrairement à sa précédente question, la réponse d'Eddie ne fut pas spontanée. Elle pivota pour être certaine qu'il la suivait toujours. En effet, il était toujours là, la tête baissée. Elle jura. Elle était vraiment bête. Buck était le meilleur d'ami d'Eddie et elle supposait qu'il était mort. Délibérément.

-Désolée, Eddie… Je ne voulais pas…

-Non, non ! releva-t-il les yeux dans sa direction. Tu es inquiète, c'est normal. Gardons en tête que nous ne sommes mêmes pas sûrs que ce soit le tunnel qui se soit écroulé. Et comme tu l'as dit, nous ne savons pas si Buck y était. Attendons de voir, ça marche ?

Elle n'insista pas. Elle n'avait pas envie de le peiner, elle lui en avait assez causé. Ils continuèrent le long couloir jusqu'au fameux étage qui menait au tunnel. Calipso souffla et Eddie lui proposa :

-Je te fais la courte échelle, je te passe le matériel et tu m'aides à monter après. C'est bon pour toi ?

Elle n'avait aucune raison de refuser.

-Cap. On est devant l'étage, on est sur le point de le monter, s'adressa-t-elle à Bobby.

-Parfait. Faites attention.

Elle prit appui sur les mains jointes d'Eddie qui la souleva et elle grimpa par la force des bras. Vivent les tractions. Elle récupéra le matériel puis aida Eddie à la rejoindre.

L'espace devenait de plus en plus clos. Sa tête vacilla, accompagnée de petites étoiles blanches qui scintillaient dans son champ de vision. Réelles, elle les aurait qualifiées de magnifiques.

-Prends une pause, lui conseilla Eddie.

-Je ne suis pas fatiguée, s'outra-t-elle, la prenait-il pour une faible ?

-Non mais tu es de plus en plus pâle, constata-t-il. Tu vas t'évanouir avant la fin. Assieds-toi et respire un bon coup, elle s'assit et il s'agenouilla devant elle. Cap. On est à l'étage, on avance.

-Reçu, Eddie.

-Allez… Inspire, expire.

La voix d'Eddie la guida. Ses esprits devinrent plus sains. C'était loin d'être suffisant, elle était bien trop perturbée par le fait d'abandonner ses camarades, mais elle devait admettre que les tournis avaient faibli. Quand Eddie réalisa qu'elle se sentait mieux, il lui sourit. Elle en oublia presque qu'elle était dans une grotte, sous terre.

C'était ridicule. Elle inspira une bonne dernière fois et rejeta l'air avant de se relever brusquement. Il n'y avait plus une minute à perdre. Elle avait peut-être gâché la seule chance qu'ils leur restaient.

-Tu vas me dire ta mauvaise expérience ? l'interrogea Eddie.

-Pourquoi je le ferai ?

-Je pensais qu'on avait passé l'étape des « je ne vous fais pas assez confiance », railla-t-il.

-Je t'intéresse tant que cela, Edmundo ? préféra-t-elle plaisanter.

-Si je te réponds oui, je suppose que tu vas me raconter, elle préféra faire comme si elle n'avait pas entendu. Plus sérieusement, en parler t'aiderait à mieux gérer ton angoisse.

Il était fort. Très fort. Il avait raison, même s'il était difficile pour elle de l'admettre. Elle avança et se retrouva devant un tas de pierre. Toute la peur qu'elle avait extériorisée lui explosa dans la poitrine. Elle déclara froidement alors qu'Eddie constatait la scène :

-Quand j'étais enfant, je suis restée coincée dans un très petit espace pendant des heures.


-Bianca, j'ai chaud.

-Moi aussi. C'est normal, la rassura sa grande sœur. Regarde l'incendie des tours et toute cette fumée qui nous entoure. C'est totalement normal, ne t'en fais pas. On attend papa et mamá. Je suis sûre qu'ils nous amèneront manger une glace à leur retour.

-Ils vont bientôt revenir tu crois ? demanda-t-elle.

-Les connaissant, ils aident les personnes blessées et apportent les premiers soins. Une fois tous les secours sur place, ils vont revenir. Ne t'inquiète pas. Mets ton nez et ta bouche sous ton col, cela filtrera un peu l'air.

-T'avais raison, on n'aurait jamais dû venir à New-York, grogna-t-elle en écoutant la consigne de sa sœur.

-Mais non, hermanita. C'est simplement un mauvais moment. Demain sera un meilleur jour. Allez, cela va aller.

Bianca la serra plus fort contre elle et lui fit un bisou sur le haut du crâne. Calipso bougonna. Sa grande sœur avait raison, elle n'en doutait pas. Mais là, maintenant, Calipso voulait juste que ses parents reviennent et que leur journée continue. Elle n'aimait pas entendre les gens crier et pleurer. Elle n'aimait pas toutes ces ondes négatives.

Il était difficile de ne pas s'occuper des tours. Le feu se propageait. Elle voyait très bien toutes ces personnes bloquaient aux étages supérieurs. Calipso se demandait si toutes celles en dessous avaient réussi à sortir. Elle l'espérait. Les pompiers devaient certainement les aider. Elle plissa les yeux vers une fenêtre. Elle était certaine de voir une personne sortir. Oh non !

-REGARDE EN HAUT ! QUELQU'UN VA SAUTER ! IL VA MOURIR !

-Ne regarde pas, ne regarde pas, lui répéta Bianca.

Elle sut que Bianca l'avait tournée au bon moment contre elle quand sa sœur déglutit avec force. Le cœur de Bianca tamponnait contre sa joue. Des tremblements parcouraient sa sœur était parcourue de spasmes qu'elle lui transmettait. Le souffle au chaud de Bianca caressait son visage et sa voix tremblante tentait de la rassurer. Une goutte chaude tomba dans le cou de Calipso, puis une autre.

Elle eut encore envie de vomir. Bianca était en train de pleurer.

Si Bianca pleurait, elle avait toutes les raisons de le faire aussi. Alors, une larme vint brûler sa joue jusqu'à tomber dans son col. Puis une autre.

Calipso n'avait aucune idée du temps écoulé. Elle n'avait plus aucune notion du temps maintenant qu'elle avait trouvé refuge contre sa sœur. Bianca ne l'avait pas relâchée une fois alors Calipso avait préféré s'y tenir.

Calipso n'avait aucune idée de l'heure. A cet instant, elle ne savait pas non plus qu'il s'agissait des dernières minutes passées avec sa sœur. Elle ne savait pas qu'une fois qu'elle reverrait le visage de Bianca, ce serait aussi la dernière vraie fois.

-¡Oh Dios ! se releva brusquement Bianca. Lève-toi, Calipso ! On doit partir !

Tirée par sa sœur, Calipso s'exécuta. La main dans celle de Bianca, elle la regarda. Les yeux marrons de sa sœur ne reflétaient que la peur et son visage était mortifié. Calipso ne comprit pas.

Le ciel s'assombrit. Calipso s'arrêta, les yeux fixés sur cette vue inimaginable. Le ciel leur tombait sur la tête. La main de Bianca lui échappa et elle perdit sa sœur.


-Cap. Nous sommes devant l'éboulement, prévint Eddie. On va tenter d'écarter les rochers en maintenant l'équilibre.

-J'envoie du renfort, annonça Bobby.

-Ce serait inutile, c'est bien trop étroit. Cali et moi allons trouver une solution.

-Reçu. Faites vite.

Le plus gros du travail était maintenant, à l'endroit le plus étroit de leur chemin. Elle n'essayait plus de retenir ses larmes. Elle les laissait s'égouttait une par une. En proie à la panique, elle gardait sa raison focalisée sur l'échappatoire. Elle devait prouver qu'elle en valait la peine. A son équipe et à elle-même.

Eddie vint à ses côtés et il constata qu'elle pleurait. Elle ne pouvait plus se cacher. Il posa ses mains sur ses épaules et la réconforta du mieux qu'il en était capable :

-C'est dur, je le sais. Mais tu dois rester concentrée, d'accord ? On doit trouver une solution et on y arrivera, seulement si tu es disponible pour cela. On a besoin de nos deux cerveaux.

En soufflant, elle hocha la tête. Ils observèrent attentivement le placement des roches et la manière dont elles étaient tombées. Ils cherchaient à trouver l'origine pour prendre les meilleures décisions.

-Je pense que ce n'est pas le tunnel, fit remarquer Eddie. Regarde. On n'a même pas de signe de l'entrée. Et regarde au-dessus de nous, c'est fragilisé. L'entrée doit être juste derrière, mais le tunnel doit être intact.

-Je suis d'accord, confirma-t-elle. Je pense qu'il faudrait garder les pierres contre les parois pour maintenir un équilibre. On peut commencer par le bas, on gagnerait du temps. Ce sera plus pratique pour récupérer les victimes. Le cric et les filets nous aideront à maintenir celles du dessus.

-Cela me semble la meilleure idée, accepta Eddie. De toute manière, on n'a pas le temps de trouver autre chose. On commence.

Il ne fallait pas lui dire deux fois. Elle s'accroupit et commença à déplacer les roches de manière la plus ingénieuse possible. Ce n'était pas le moment de se faire écraser. Sous les consignes d'Eddie, elle continua d'inspirer et d'expirer.

-Ravi. Buck. Hen. Chim. Vous me recevez ? tenta-t-elle à la radio. On est juste derrière avec Eddie. On arrive.

-Re… elle ne reconnut même pas la voix tant la communication était brouillée. …çu.

-Ils nous entendent, fut soulagé Eddie. Sortons-les.

Dans un silence pesant et plus angoissant qu'avant, ils obtempèrent. Eddie plaça le cric, prêt à utilisation. Elle poussa une pierre qu'elle déposa sur une autre de la paroi. Ses pensées s'entrechoquaient et son mal de tête frappait de nouveau. Ils étaient lents, beaucoup trop lents. Calipso était bien trop distraite.

-Avec ma sœur, nous étions à côté des tours quand elles se sont effondrées, déclara-t-elle et elle eut l'impression que sa phrase fit un écho dans toute la grotte.

-Pardon ? demanda Eddie, certainement surpris.

-Je te raconte mon histoire, poursuivit-elle en continuant sa tâche. Le 11 septembre, ma sœur et moi étions à côté des tours.

-Oh…Désolé.

-Nous étions en vacances. Mes parents, Bianca et moi nous rendions à la caserne Ghostbusters. Je ne l'ai jamais vue du coup… Bref. Quand le premier avion s'est écrasé, nos parents nous ont demandé d'attendre et ils sont partis aider. Sans aucun doute. Ils étaient tous les deux infirmiers, tu sais… Alors aider leurs prochains, c'était leur truc. Nous attendions avec Bianca et… Quand elle a vu la tour s'effondrer, elle m'a tirée par le bras pour qu'on parte mais j'ai regardé… et je l'ai perdue. Les débris sont tombés. Je ne l'ai plus jamais revue.

-Je comprends mieux, dit simplement Eddie. Ton angoisse.

-Ouaip.

Elle souleva une nouvelle pierre, ils devraient bientôt réussir à avoir accès au tunnel. Il y eut de nouveau un silence, il n'y avait plus rien à dire.

-Eddie. Cali, les interpela Bobby.

-On avance, Cap, répondit Eddie avant de se tourner vers elle. Cela fait de toi une survivante du 11 septembre alors.

-Apparemment.


Une forte quinte de toux réveilla Calipso. Elle essaya de bouger, mais elle en fut incapable. Elle était bloquée sous le poids du ciel. A chaque respiration, la toux enchaînait. Elle tenta d'ouvrir les yeux mais ils lui brûlaient, un feu vif en avait la possession. Elle gigota un peu, mais se cogna contre quelque chose.

-Bianca ?

Sa voix resta coincée dans sa gorge qui lui grattait. Elle toussa encore et encore, incapable de s'arrêter. Un poil devait être coincé dans sa gorge, alors elle toussa plus fort pour qu'il se décolle. Il était tenace, car il ne partait pas. Calipso étouffait et sa poitrine était douloureuse.

-Bianca ! essaya-t-elle de crier.

Ce ne fut que quelques petits sons à peine audibles. Elle n'eut aucune réponse. Elle se concentra sur les bruits autour d'elle. Les pompiers devaient être là, car elle entendait les sirènes, ils devaient être beaucoup. Elle entendait des paroles et quelques cris, mais pas sa sœur. Peut-être que sa voix était éteinte comme la sienne.

Bianca devait être emprisonnée par le ciel, elle aussi.

-Papa ! Mamá !

A chaque mot qu'elle prononçait, elle se sentait s'essouffler. Elle n'avait plus si chaud, au contraire elle tremblait de froid ou de peur… La seule source de chaleur était ses larmes sur ses joues. Elle avait peur, ici et toute seule. Elle n'arrivait presque pas à respirer.

A nouveau, elle essaya de pousser les murs qui l'entouraient avec ses bras. Elle ne réussit pas, elle n'avait pas assez de force dans ses bras. Les murs s'approchaient d'elle. Et s'ils lui tombaient dessus ? Et s'ils l'écrasaient ? Tout était trop petit. La peur l'envahissait. Elle voulait juste sortir d'ici. Elle toussa. Elle essuya les larmes qui lui brûlaient la peau avec le dos de sa main. Elle pleura plus fort. Des picotements sillonnaient chaque parcelle de sa peau. C'était insupportable.

Argh. Une petite poussière, ou plutôt des milliers démangeaient ses yeux. Ils gonflaient comme des ballons de baudruche. Calipso était tiraillée par l'envie de les gratter, mais à chaque exécution, elle amplifiait la sensation désagréable.

Calipso perdait patience. Elle était épuisée. Elle voulait crier et cogner les parois qui la privaient de la lumière. La force lui manquait.

Jamais, elle n'aurait dû venir à New-York. Cette ville était trop nulle.

-J'veux sortir, sanglota-t-elle. Mamá ! Papa ! Bianca ! J'veux sortir. Ça pique.

Elle était toute seule, immergée dans le noir. Sa poitrine était si douloureuse. A chaque respiration, elle avait de plus en plus mal. Calipso toussa pour évacuer ce qui était bloqué dans sa gorge ou ses poumons, elle ne savait pas. Encore une fois, rien n'en sortit. Elle pleura encore.

Jamais, elle ne sortirait d'ici. Le ciel l'avait comprimée.

-WOUF !

Était-ce un rêve ? Elle était sûre d'avoir perçu un aboiement. Elle essaya de relever la tête, mais celle-ci était bien trop lourde, comme cet hiver, quand elle avait eu la grippe. Sa tête l'a clouée au sol. Calipso glissa son doigt à travers le seul petit trou, si minuscule qu'elle ne dégageait même pas de la lumière.

-Au secours ! tenta-t-elle d'un cri étouffé.

Des cailloux roulèrent au-dessus d'elle. Ils claquèrent un à un sur le ciel. Les aboiements étaient plus forts, le chien ne devait pas être très loin.

-WOUF ! WOUF !

Le chien ne s'arrêtait pas, Calipso espérait qu'il l'avait trouvée. Des pas battaient sur le ciel, juste au-dessus, car des petits objets qu'elle n'était pas capable d'identifier tombèrent sur son visage. C'était sûrement Bianca, sa grande sœur avait dû la retrouver.

-Bianca, ici ! l'appela-t-elle.

-LA ! QUELQU'UN ! entendit-elle une grosse voix, ce n'était pas Bianca. ENSEMBLE !

L'obscurité de New-York remplaça la nuit profonde. Une lumière éblouissante l'obligea à fermer les yeux. Les piqûres étaient plus intenses. Sa main se posa sur ses yeux, elle préférait le noir. Une truffe humide se posa sur son visage, puis une léchouille mouilla sa joue.

-Bien, Cooper. Laisse-la maintenant.

La voix de l'homme était là. Il venait la chercher. Calipso bougea légèrement, mais tous ses membres étaient engourdis. A côté d'elle, l'homme cria :

-ENFANT DE DIX ANS ! BESOIN DE RENFORTS !

Il parvint à déplacer un morceau du ciel. D'un léger battement de paupière, Calipso s'aperçut qu'il s'agissait de grosses pierres. Elle en profita pour observer le monsieur, mais la lumière qu'il portait sur sa tête l'empêchait de bien voir son visage. De toute façon, elle n'arrivait pas à garder les yeux ouverts.

-Tu m'entends, ma grande ?

-Oui, toussota-t-elle.

-Super. Je suis Carl. Tu t'appelles comment ?

-Calipso Murphy, elle toussa encore et encore, Carl dut même répéter.

-Alors Calipso, mon équipe et moi allons te sortir d'ici. Dis-moi, est-ce que tu arrives à bouger ?

Pour lui répondre, elle força sur ses bras pour être debout, mais elle retomba au sol. En revanche, elle était capable de bouger ses bras, ses jambes et sa tête. C'était sûrement sa question.

-Oui, je crois. J'ai mal dans ma poitrine.

-C'est normal, ma grande. Il y a beaucoup de poussière et de fumée par ici.

-D'accord.

-Si tu arrives à bouger ta main et si tu le veux, tu peux caresser Cooper. Il est très gentil.

Beaucoup de bruits détonnèrent. Calipso réessaya de se déplacer. Elle sourit. A chaque tentative, elle réussissait un peu plus. Elle toussa, en mettant la main devant sa bouche maintenant que Carl était devant elle. Elle caressa Cooper. Le chien se coucha à côté d'elle, Carl avait raison, Cooper était très gentil.

-T'es doux, rigola-t-elle.

Cooper lui lécha la main, sûrement pour la remercier de ce compliment.

-Je vais mettre cette minerve autour de ton cou, c'est simplement pour te maintenir immobile et éviter des blessures.

Elle hocha la tête, elle connaissait cela. Carl s'approcha et déposa la minerve. Calipso parvenait à regarder Carl. Il avait une moustache rousse et un gros grain de beauté sur la joue. Calipso était contente de garder les yeux ouverts, mais elle toussait encore beaucoup.

-Maintenant, Grant et moi allons te poser sur le brancard. On pourra t'amener au camion pour te transporter à l'hôpital.

-Et Bianca ?

-Qui est Bianca ? demanda Carl.

-Bianca Murphy. C'est ma grande sœur. Elle était avec moi. Je ne sais pas où elle est. Et mon papa et ma mamá. Gavin Murphy et Lucía Murphy. Ils sont partis pour aider. Vous savez où ils sont ?

Elle avait beaucoup trop parlé. Une quinte de toux la saisit, inarrêtable. Calipso était sûre que jamais de sa vie, la toux prendrait fin. Ses yeux ne quittèrent pas Carl et Grant, attendant qu'ils lui apportent une réponse. Rien ne vint. Les deux pompiers s'échangeaient de lourds regards. Elle trouvait qu'ils avaient l'air tristes.

-Nous allons vérifier les listes et allons continuer de chercher, okay ? finit par répondre Carl, Calipso hocha la tête. Le plus important est que tu ailles à l'hôpital pour qu'on prenne soin de toi. Nous, nous allons les retrouver. Tiens, je te pose cela sur le visage. Cela va t'aider à respirer.

-D'accord.

Carl posa un masque à oxygène sur son visage. Un vent de fraîcheur traversa son nez, se frayant un passage jusqu'à ses poumons. Elle pleura car elle respirait de nouveau. Maintenant, elle devait juste retrouver Bianca, papa et mamá. Carl allait les retrouver, comme elle. D'autres ambulanciers la portèrent pour la mettre sur un brancard roulant.

Elle adressa un signe de la main à Carl, Coop et Grant pour leur dire au revoir alors que les portes de l'ambulance se refermaient. Carl et Grant lui rendirent et elle entendit tout juste Carl lui dire :

-Au revoir, Calipso. Prends soin de toi.


-Eddie ? Cali ?

-BUCK ! Vous allez bien ?

Grâce au trou qu'ils avaient réussi à créer, l'accès au tunnel était dégagé. Eddie aida Buck à sortir, puis à se lever et ils se prirent dans les bras. Buck se tourna vers elle et la serra contre lui aussi. Si la hauteur l'avait permis, elle était certaine qu'elle n'aurait plus touché le sol.

-Ca va, dit Buck. Il serait juste temps de les sortir. L'un d'eux a vraiment besoin d'être pris en charge. Et on manquait d'oxygène.

-On se dépêche. Préparez le guide, demanda Eddie.

-Cap', annonça Calipso, Buck est avec nous. On extrait les victimes.

Calipso s'occupa de retirer les quelques pierres qui gênaient le passage. Elle entendit la voix de Chim, une boule de chaleur l'envahit. Ils étaient proches de la sortie. Buck et Eddie tirèrent le brancard, ils commençaient sérieusement à être à l'étroit.

-Descends, Buck, proposa Calipso. On ne tiendra pas tous ici. Je vais aider Eddie. Une fois qu'il sera sorti, Eddie descendra avec toi. Je vous glisserai le brancard pour que vous puissiez le récupérer. Vous pourrez partir. J'aide Chim à sortir du tunnel. On procédera de la même manière avec Ravi et Hen.

-J'attendrai Chim, dit Eddie. Je reste avec toi et ils ont plus besoin d'oxygène que nous.

-Débrouillez-vous mais go !

Ils exécutèrent son plan, vu le teint pâle de la première victime, il valait mieux enclencher la deuxième vitesse. Chim et Buck partirent, alors que Calipso recommença à trouver de l'air quand le visage de Ravi sortit du tunnel. Elle l'aida à sortir et, tout comme Buck, elle le prit dans ses bras.

-C'est bon, Cali, on y va. Dépêchons-nous, j'ai vraiment envie de sortir de là. Et toi aussi.

Ils enchaînèrent le plan précédent sans encombre.

-On sort tous, Cap.

-Parfait, à tout de suite !

Eddie et Calipso fermèrent la marche. Arrivée à la sortie, Calipso plissa les yeux, tant la lumière du jour l'éblouit. Ses oreilles bourdonnèrent et sa tête valsa. Elle se laissa tomber au sol, en se prenant la tête entre les mains. Assise, elle sentit Bobby s'agenouiller auprès d'elle en passant son bras sur son dos.

Elle commença à hyperventiler et elle éclata en sanglots. Elle détestait cela, encore plus en public. Cela n'arrivait jamais, elle devait être forte. Mais cette course dans la grotte était trop pour elle. L'air ne rentrait plus et elle ne cessait d'inspirer. Ses poumons la tiraillaient et elle toussa à maintes reprises pour reprendre son souffle.

Depuis une dizaine d'années, elle toussait beaucoup moins. Cependant, dès qu'elle manquait d'air, ses quintes de toux revenaient à la charge. Elle était proche de cracher ses poumons, elle en était certaine. Ses larmes concurrençaient les chutes du Niagara.

Le visage de Bobby se retrouva à sa hauteur et il lui prit le sien entre les mains. Elle n'entendait pas sa voix, mais elle voyait le mouvement de ses lèvres. Il lui demandait de prendre une grande inspiration et d'expirer. Elle se concentrait sur son visage calme et confiant. Elle se concentrait sur la pression de ses doigts sur ses joues pour se maintenir à la réalité. Les sons lui revinrent petit à petit.

-C'est bon, Cali. Inspire, expire, répétait Bobby. Tu es sortie. Respire.

-Je suis sortie, toussa-t-elle.

-Tu es sortie, répéta-t-il.

Sa voix était rassurante. Il continua de la calmer le temps qu'il fallut, sans impatience. La main d'Eddie passa à nouveau dans son dos. Elle réalisa que toute l'équipe était autour d'elle. Buck. Chimney. Hen. Ravi. Ils étaient eux aussi sortis. Elle toussa à nouveau et sa respiration redevint normal.

-C'est bon. C'était du bon travail. Respire. Tout le monde va bien.

-Tout le monde va bien.

Il acquiesça. Toute la 118 s'approcha d'elle et ils se prirent dans les bras. Elle éclata de nouveau en sanglots. De soulagement. Ils étaient tous revenus. Ils se relevèrent et Eddie lui tendit la main pour l'aider. Debout, ils se tapèrent dans le dos, puis il la blottit contre lui.

-Merci, Eddie.

-Tu as été très forte. On peut rentrer maintenant. Coop nous attend.


Calipso n'en avait pas eu très envie, mais Tia Helena avait insisté pour qu'elles se rendent à la cérémonie d'hommage organisé par le maire de leur ville. Tia Helena trouvait que leur présence était très importante : pour le pays, pour ses parents, pour sa sœur et pour elle.

Calipso n'était pas de cet avis.

Pendant une semaine, elle était restée à New-York. Tia Helena l'avait rejointe pour prendre soin d'elle. Tia Helena était rarement agitée. Le jour où elles s'étaient retrouvées, son visage était tiré et s'était jetée sur elle, comme la fois où Bianca l'avait perdue dans le parc alors qu'elle s'était juste cachée. Calipso ne comprenait pas l'élan de Tia Helena, tout comme celui de Bianca.

Pendant plusieurs jours, elles étaient restées près de l'hôpital, car les médecins préféraient la surveiller encore quelques temps. Le masque à oxygène, puis des lunettes – même si cela ne ressemblait à rien à des lunettes – à oxygène avaient fréquenté son visage. Calipso toussait encore beaucoup, ce n'était qu'une affaire de temps pour que cela se calme lui avait annoncé le médecin.

Depuis leur retour de la Big Apple, Calipso vivait chez Tia Helena. Elle avait été surprise quand elle avait découvert la chambre qu'elle occupait quand elle dormait chez elle. Tia Helena était même passée à la maison chercher quelques-unes de ses affaires.

Il y avait eu l'enterrement de Bianca, pas celui de ses parents. Encore une fois, Calipso n'avait pas compris pourquoi. Elle n'avait pas pleuré à l'enterrement de Bianca et elle n'avait pas su répondre à toutes les paroles des personnes qui s'étaient déplacées. Elle s'était tue, ce qui était très rare.

Maintenant, elles arrivaient sur la grande place de la mairie. Tia Helena avait accepté qu'elle ne dise pas bonjour à tout le monde. De toute façon, Calipso préférait se cacher dès que quelqu'un entrait dans la maison. Aujourd'hui, elle espérait juste en éviter. Elle fit simplement signe à Lena et Ashley, deux de ses copines d'école avant de baisser la tête.

Main dans la main avec Tia Helena, elle écouta le discours du maire Bennett. Enfin… Elle attendait que le discours se termine. Tout était barbant et ses cheveux… Ce matin, Tia Helena avait insisté pour la coiffer de deux tresses africaines. Calipso détestait avoir les cheveux accrochés, surtout quand ils étaient autant tirés. Elle préférait avoir sa crinière de lion, comme l'appelait papa. Ils étaient libres, comme elle l'aimait l'être. Alors… Elle ne cessait de se gratter la tête et de danser d'un pied à l'autre dans l'espoir de ne pas penser à ses cheveux. C'était un échec. Plus elle grattait, plus elle était gênée. Elle n'avait rien d'autre à faire.

Quand le maire Bennett eut terminé son discours, un brouhaha d'applaudissements explosa autour d'elle. Calipso se cacha les oreilles avec l'envie de pleurer, le ciel paraissait lui tombé sur la tête. Encore. Elle s'approcha de Tia Helena pour trouver réconfort. Tia Helena lui caressa le dos et lui murmura gentiment :

-Tu dois être forte, Calipso.

-Oui, Tia Helena.

Des sirènes retentirent dans toute la ville. Calipso se mit sur la pointe des pieds pour mieux apercevoir les policiers et les pompiers. Tia Helena lui avait expliqué qu'un défilé aurait lieu, eux aussi souhaitaient rendre hommage à leurs collègues et aux perdus du 11 septembre 2001.

Tia Helena lui avait dit que cette date serait à tout jamais dans les mémoires de chaque personne sur Terre, il était important de ne jamais oublier. Comment Calipso pourrait oublier ?

Parmi les voitures de police et les camions de pompiers, Calipso se souvint de Carl et de Cooper. Elle aurait aimé les revoir et caresser Cooper, mais ils étaient bien loin maintenant. Les yeux rivés sur les camions rouge flamboyant, Calipso croyait rêver. La sirène semblait la bercer, elle frissonna.

-Tia Helena ?

-Oui ?

-Quand je serai grande, je serai pompier.

-Ce n'est pas pour les filles, Calipso, lui répondit Tia Helena.

Les larmes aux yeux, Calipso leva la tête vers sa tante. Elle s'en moquait que ce ne soit pas pour les filles, c'était ce qu'elle souhaitait, vraiment. Bianca lui avait demandé ce qu'elle serait, Calipso était désormais certaine, elle serait pompière. Mais… Ne pourrait-elle donc jamais ? C'était injuste. Ses yeux lui piquèrent, pas comme lorsque le ciel lui était tombé sur la tête. Non, par ses larmes. L'expression de Tia Helena changea. Sa première réponse n'avait pas été très gentille. Maintenant, elle parut plus douce. Elle lui sourit :

-Perdón… Tu seras ce que tu voudras, Calipso.


Ce fut une garde des plus éprouvantes. Calipso était exténuée. Son mal de tête l'accompagnait depuis la sortie de la grotte, elle avait dû coopérer avec lui lors des deux interventions suivantes. Cependant, pour rien au monde elle n'aurait pu refuser une bière chez Ravi. Elle n'avait vraiment pas envie d'être seule ce soir et May les avait rejoints.

Calipso n'avait pas posé la question à Ravi, mais elle était sûre qu'il avait raconté à May toute l'histoire. Probablement, parce qu'elle l'avait vu pianoter à plusieurs reprises sur son portable, puis qu'il avait envoyé un message sur leur groupe pour inviter May. Rien n'était anodin avec eux.

A peine arrivée, Calipso se laissa tomber sur le canapé qui la fit rebondir légèrement et posa ses pieds sur la table. May s'installa à l'autre bout, Coop à leurs pieds. Ravi les rejoignit et leur tendit les bouteilles. Calipso porta la sienne à la bouche. C'était rafraîchissant.

-Comment va ta mère ? demanda-t-elle en apercevant le cadre photo à côté de la télévision.

-Très bien, sourit Ravi en perçant une place entre May et elle. Je vais manger chez elle demain. Tu devrais venir, elle t'a adorée la dernière fois. Je ne te propose pas May, tu as cours ?

-Tout le monde m'adore, répondit Calipso, même si elle ne le pensait pas.

May approuva la remarque de Ravi avant de réagir à sa réponse d'un clin d'œil.

-Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre.

-Ah oui ? Eddie aussi ? se moqua Ravi.

Les sourcils de Calipso se froncèrent et sa tête recula, qu'allait-il encore inventer ? May était en tailleur, prête à écouter les âneries que Ravi s'apprêtait à raconter. Calipso les observa en buvant une gorgée, d'un geste du menton, elle incita Ravi à s'exprimer. Il n'y manqua pas. Ravi adorait cela, d'autant plus qu'il était fier de partager cela avec May. Après plusieurs soirées Mamma Mia ou autres, tout simplement, elle les connaissait…

-Avoue que tu as un crush sur lui, lâcha Ravi.

-QUOI ? s'illumina May.

-PAS DU TOUT ! s'exclama Calipso.

-Si tu le dis, ricana-t-il.

Ravi partagea une œillade avec May. Calipso ne put la qualifier car elle n'y eut pas accès. C'était mieux ainsi, elle préférait ne pas savoir.

-C'est pour l'étreinte de tout à l'heure ? réalisa-t-elle. Je te signale que Buck m'a serrée dans ses bras de la même manière à sa sortie du tunnel et il avait fait de même avec Eddie. Je t'ai moi-même pris dans les bras. Et puis… Eddie m'a été d'une grande aide pour éviter une crise d'angoisse en pleine intervention.

-Justifie-toi, tu as raison.

Il cessa de boire en plein crise de rire, accompagné par May. Calipso évita d'en rajouter. Si cela les amusait… Ravi racontait n'importe quoi. Elle n'avait pas un crush sur Eddie. Il était plutôt séduisant, en effet, mais n'importe qui aurait pu le remarquer ! C'était tout.

-Désolé pour ta famille, dit avec douceur Ravi. Désolé pour ton histoire.

Le changement de sujet était brutal. Calipso le suspectait d'avoir tout mis en œuvre pour en arriver à ce moment. May lui sourit avec tendresse, comme toujours, et ses yeux marron chocolat répétaient les mots de Ravi. Calipso regretta la conversation précédente. Elle était peut-être gênante et sans aucun fondement, elle n'était pas douloureuse.

Elle regarda Ravi, y avait-il une suite ? Il plissa légèrement ses sourcils pour renforcer ce regard de chaton si réconfortant.

-Tout le monde pense que c'était involontaire, mais je suis sûr que tu as fait exprès de laisser ta radio allumée. Je commence à te percer, Cali, que tu le veuilles ou non.

D'accord, May et Ravi étaient en pleine mission extraction d'informations. La bouteille de Calipso tournoya entre ses doigts. Elle évitait leurs regards. Elle détestait ces regards. Un sourcil haussé, une légère distance dans la voix, elle demanda, bien curieuse :

-Et que penses-tu comprendre ? Enfin… Vous…

-Tu te caches, mais tu désires t'ouvrir. Tu sèmes tes indices par ci par là, espérant qu'on les saisisse dans le but que nous tissions les liens de nous-mêmes. Aujourd'hui, tu as réalisé que tu voulais qu'on ait connaissance de ton histoire, car tu en ressentais le besoin. Eddie a su te faire parler et… Tu lui fais confiance. Alors, tu as laissé ta radio allumée pour qu'on sache qui tu es, sans avoir à répéter.

Calipso fixa le vide, digérant cette pertinente analyse de Ravi. Jamais elle ne se serait décrite ainsi, elle aurait plutôt utilisé le terme « indécise ». Cependant, elle ne nierait pas le fait qu'il avait raison. Elle agissait peut-être de cette manière… Elle était perturbée, elle n'avait jamais été cernée. Personne ne s'était intéressé à elle pour parvenir à cette déduction. La 118 possédait des pouvoir magiques qui lui échappaient. En quelques mois, ils la connaissaient mieux que ses connaissances de Yale ou que Ryan, mieux que ses anciennes casernes qui l'avaient connue plus longtemps. Mieux qu'elle-même, assurément.

-Tu es assez paradoxale, conclut Ravi. Tu fuis tout en t'ancrant.

-Si tu le dis… lâcha-t-elle.

-Personne ne te juge, Cali, intervint May. Tu n'as pas à fuir.

Pour le moment non, pensa-t-elle.


Dans son lit chez Tia Helena, Calipso s'emmitoufla sous la couette. Tia Helena lui avait promis qu'elles aménageraient la chambre pour que ce soit sa chambre à elle. Calipso la croyait. Tia Helena déposa un baiser sur son front et éteignit la lumière :

-Buenos noches, Calipso.

-Buenos noches, Tia Helena.

Un œil fermé, un œil ouvert, elle attendit que Tia Helena ferme la porte. Ses pas étaient discrets sur la moquette de l'escalier, mais le grincement de l'avant-dernière marche la trahit. Tia Helena était au rez-de-chaussée. Calipso se releva et chercha la lampe de poche qu'elle avait cachée sous son oreiller. Elle se glissa sous la couette et alluma la lampe.

Bianca était là, un petit sourire sur ses lèvres.

Calipso admira sa grande sœur. Elle était la plus jolie de toutes les deux. Bianca avait les cheveux plus fins, comme ceux de leur père alors que Calipso avait hérité de la chevelure de leur mère et de Tia Helena. Les yeux marron foncé de Bianca étaient plus ronds que les siens noisette. Hormis cela, Calipso trouvait qu'elle se ressemblait. Peut-être qu'à seize ans, elle serait aussi belle que sa sœur.

-On va se faire prendre un jour, chuchota-t-elle.

-Personne ne me verra, lui assura Bianca. Je ne suis qu'avec toi hermanita.

Si Bianca lui disait, Calipso la croyait. Elle se blottit contre sa grande sœur qui l'enveloppa de ses bras. Calipso ne les sentait pas, mais elle les voyait. Rien de plus ne comptait. Le soir était le moment qu'elle préférait, pour cela. La journée, Bianca n'était que rarement là, sauf quand elle se retrouvait toute seule. Mais le soir, Bianca restait avec elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme.

Aussi loin qu'elle était, emportée par le ciel, Bianca continuait de prendre soin d'elle.

-Tia Helena a dit qu'il fallait que je sois forte, lui apprit-elle à voix basse.

-Et tu l'es.

-Tu l'es plus que moi, remarqua Calipso d'une voix tremblante.

-Parce que je suis plus grande, mais je sais ce dont tu es capable. Ten confianza, Calipso.

Bianca lui embrassa la joue. Calipso s'apaisa. Voilà, sa sœur avait toujours le bon mot ou le bon geste.

-Tu restes avec moi tout la nuit ? demanda-t-elle.

-Le temps qu'il faudra, lui répondit sa grande sœur.

-Te amo, Bianca.

-Te amo, hermanita.


Et voilà ! :)

Ce chapitre vous a-t-il plu ?

Cela faisait très longtemps que je souhaitais écrire sur le 11 septembre. C'était assez rapide, mais j'ai enfin eu cette occasion (sorry Cali). Vous aviez deviné ou pas du tout ? Les passages vous ont plu ? J'ai essayé de me mettre du POV d'une enfant de 10 ans... Pas facile.

Et l'intervention dans la grotte, alors ? Personnellement, j'aurais angoissée aussi. La spéléologie, très peu pour moi. Calipso a bien géré son angoisse ? Et merci la patience d'Eddie !

Cette petite soirée entre May, Ravi et Cali ? Qu'en pensez-vous ? Ravi a-t-il raison ? au sujet du crush et de sa manière d'avoir cerné Cali.

Et la dernière scène ? Je pense que cette question suffit ahah.

Au prochain chapitre : La saison des amours approche, accompagnée de ses interventions farfelues. Buck propose une sortie à ses camarades célibataires : chacun son date mais soirée ensemble.