Hello ! :D
Bonne lecture !
CHAPITRE 6 – La saison des amours
Être membre d'une caserne offrait de nombreux avantages. La préférée de Calipso était, sans nul doute, l'accès à une salle de sport privative. Sportif ou non, les pompiers n'avaient pas d'autres choix de garder la forme. C'est pourquoi, chaque caserne possédait sa propre salle de sport avec son propre matériel, accessible à chaque membre. Tout le temps.
Le bonheur, donc.
Lors des gardes dont il ne fallait pas prononcer l'adjectif au risque de provoquer le contraire, il était très confortable de profiter de cet endroit. Ravi était en train de compter son nombre de tractions et ses bras commençaient à la brûler. Elle serra les dents et força une dernière fois et…
— CINQUANTE ! annonça Ravi.
Calipso lâcha la barre et retomba les pieds à plat au sol. Ravi lui tendit sa serviette. Elle s'essuya le front et la nuque. Puis elle s'assit pour boire le peu d'eau qu'il restait dans sa gourde. Tout le long, elle fusilla du regard Eddie et Buck au banc du musculation.
Eddie était allongé et effectuait sa série d'haltères, tandis que Buck surveillait à côté en scrutant l'application Tinder. Elle n'était pas du genre à juger mais ce sujet de conversation n'était en rien passionnant et l'avait dérangée tout du long.
Elle reposa sa gourde et détacha ses cheveux en secouant sa crinière de lion.
— A toi ! ordonna-t-elle à Ravi.
— Non merci, déclina-t-il. J'en ai assez pour aujourd'hui. Je ne sais vraiment pas comment tu arrives à faire cinquante tractions, j'arrive à peine à en faire vingt.
— Mais tu tiens plus longtemps le gainage que moi !
Elle sursauta quand elle entendit une exclamation de Buck.
— Celle-ci est pas mal, constata Eddie.
— Ouais mais elle aime les chevaux.
— Et ?
— Si elle t'intéresse, je t'organise le rendez-vous, proposa Buck.
Calipso se releva pour ranger ses affaires et ne put s'empêcher de souffler. Désespérant, vraiment.
— Quoi ? l'interpela Buck. Tu veux que je te trouve quelqu'un aussi ?
— Et puis quoi encore ? râla-t-elle.
— Ne me fais pas croire que tu n'es sur aucune application, reprit Buck après avoir bloqué la barre qu'Eddie lui tendait.
— Bien sûr que non ! Je suis très bien toute seule, avec Coop.
Elle haussa les épaules, alors qu'ils reprenaient le cours de leurs recherches, ou de celles de Buck, elle ne savait plus. Ravi lui proposa de remonter à la mezzanine ce qu'elle accepta avec joie. Elle ne pouvait s'empêcher de grimacer dès qu'ils commentaient positivement un compte. Mieux valait qu'elle fuie cet endroit. Ravi et elle passèrent devant eux, d'où elle jeta un regard froid à celui que lui envoyait Eddie.
— Arrête d'être aussi réfractaire, remarqua-t-il. Personne ne t'oblige pas à les rejoindre alors ne juge pas ce qu'ils le font.
— Oh je sais ! réalisa Buck, avant qu'elle ne puisse répliquer d'une manière bien cinglante, et il semblait avoir eu l'idée du siècle. Cali, Ravi, attendez ! On pourrait faire un date en commun ! Chacun d'entre nous trouve quelqu'un et on sort tous ensemble !
— Pire idée au monde, s'exaspéra-t-elle.
Elle hocha la tête, désespérée. Elle s'allongea sur le canapé de la mezzanine, suivie par Ravi. Eddie et Buck s'offraient une boisson rafraîchissante.
— T'es sur Tinder, toi ? interrogea-t-elle Ravi.
— Non, je préfère Fruit. Je trouve cela plus adapté. Selon le fruit que tu choisis cela détermine ce que tu attends de ce rendez-vous.
— Il y a combien de trucs comme ça ? grimaça-t-elle.
— T'as fini, oui ? elle haussa les épaules et il chuchota. Tu vas enfin admettre que tu as un crush ? J'ai vu que tu étais jalouse !
— Bien sûr que non. Tu es vraiment un ado, Ravi, roula-t-elle des yeux. Et regarde comme il est ridicule.
— N'empêche qu'après chacune de ses réactions, c'est sur toi qu'il pose les yeux.
Il était doté d'une imagination débordante. Il n'y avait aucune chance pour qu'il dise vrai.
— 9-1-1, quelle est votre urgence ?
— Je suis à Cal Plaza ! Mon petit-copain a sauté du bâtiment en parachute. Il a atterri… Mais… Mais il se fait traîner par une voiture !
— Pouvez-vous décrire le véhicule ?
— Euh… Un… Un pick up noir. Oui ! Un pick-up noir avec un homme à l'intérieur, habillé en noir !
— Parfait. Il est notre voleur.
A leur arrivée sur place, le pick-up avait été arrêté par un camion. Athena brisa la vitre à l'aide de son arme. Le danger écarté, Athena leur demanda de le sortir du véhicule qu'il puisse être arrêté. L'équipe fut divisée en deux. Eddie, Hen et Chim se précipitèrent sur l'homme au parachute. Buck, Ravi, Bobby et Calipso s'occupèrent de l'activité : extraction.
Calipso récupéra la scie circulaire qu'elle apporta à Buck, déjà en place dans le camion. Ils encerclèrent la portière, réactifs au moindre changement. Buck déclencha la scie, elle provoqua un bruit métallique désagréable à l'oreille. Buck démonta le volant, Calipso récupéra la scie et Ravi partit la ranger.
Buck sorti du véhicule, Bobby attrapa le conducteur et le sortit d'une poigne féroce. Calipso se retint d'encourager son capitaine, ce n'était pas très professionnel. Bobby le tendit l'homme à Athena et elle le coinça contre la portière. Elle lui passa les menottes. Il y en avait un qui allait passer un très bon moment en prison, sourit Calipso.
— GRIFFIN ! GRIFFIN !
Alors que Buck, Ravi et elle nettoyaient le pick-up afin de dégager la route. Elle entendit la voix d'une femme hurler, ses talons aiguilles claquaient contre le sol. Ses longs cheveux bruns dansaient derrière au rythme de sa course. Distraite, Calipso observa la femme rejoindre Eddie, Chim et Hen qui s'occupait de la victime.
— GRIFFIN ! Je suis là ! OUI ! OUI JE LE VEUX !
La dame passa un objet autour de son doigt, Calipso déduisit qu'il s'agissait d'une bague de fiançailles. D'accord. L'homme avait donc sauté en parachute pour demander sa petite-amie en mariage, originale, mais surtout terriblement prétentieux. Ridicule. Elle leva les yeux au ciel, alors que le reste de l'équipe emportait le fameux Griffin.
— Tu vois, Cali, railla Buck, si tu allais en date, toi aussi tu trouverais ton âme sœur.
— Pardon ? s'outra-t-elle.
— J'ai bien vu que tu ne les avais pas quittés des yeux. Toi aussi, tu veux une belle demande en mariage ?
— Je trouvais que c'était stupide, oui ! Brrr… Certainement pas une demande en public, trop de pression…
— AH ! s'exclamèrent Buck et Ravi, comme s'ils l'avaient piégée.
— Et qui a dit que je voulais me marier ? se rattrapa-t-elle.
Insupportables. Ils s'apprêtèrent à lui tenir tête, bien sûr, mais elle fut sauvée par Eddie et Chim qui les rejoignirent. Mieux valait pour elle qu'elle ne s'intéresse pas à l'intervention, alors elle retourna à sa mission, oreille tendue.
— Ces fiançailles ne vont pas durer, leur apprit Chimney.
— Elle comptait rompre lors de leur rendez-vous. Mais la demande en public, l'accident….
— VOILA ! s'écria Calipso. Qu'est-ce que je disais ?
— Qu'est-ce qu'elle disait ? demanda Chimney.
Elle était analysée par des regards curieux et moqueurs. Peu importait, l'amour rendait fou et elle n'était pas au bout de ses surprises.
De retour à la caserne, Calipso était assise à table avec Ravi. Coop dormait les quatre fers en l'air au pied de Bobby qui jouait aux cartes avec Hen et Chimney. Eddie et Buck étaient accoudés au plan de travail. Très bon point de vue et mise en situation. De temps à autre, elle jetait des coups d'œil pour constater si Ravi disait vrai. Il dut saisir son attention, car il explosa de rire quand Eddie la regarda. Une fois, deux fois, trois fois.
¡Oh Dios ! Il avait raison. Argh. Elle haussa un sourcil vers Eddie quand l'hypothèse de Ravi se réitéra. C'était bien drôle. Finalement, Buck n'avait peut-être pas eu une si mauvaise idée.
Et elle avait la sienne.
— Tu voudrais sortir ? demanda-t-elle à Ravi, toute souriante.
— Je connais ce regard, qu'as-tu en tête ? soupira-t-il.
— On peut sortir tous ensemble, sans avoir réellement un date commun.
— Je le sens mal.
— OK BUCK ! cria-t-elle. Je ramène mon date. Plus qu'à Eddie et Ravi de trouver le leur.
Elle se leva en prenant son portable pour rejoindre Buck et Eddie, suivie par Ravi. Elle constata que Bobby, Hen et Chimney les observaient mi-dépassés, mi-amusés. Mais ils commençaient à avoir l'habitude.
— T'es sûre ? s'étonna-t-il.
— Bien sûr, Buck ! répondit-elle avec évidence. Amusons-nous !
Bien déterminée, elle défia du regard Eddie. Il voulait ses réactions, il allait en avoir. Quant à Ravi, il verrait qu'elle n'était pas jalouse. Elle avait toutes les cartes en main, que les jeux commencent ! Alors, elle ajouta :
— Tu n'es pas partant Eddie ?
La provocation, elle adorait cela. Surtout quand la personne en face était aussi réceptive, le jeu n'en était que meilleur. Il plissa les yeux et s'accouda sur l'îlot :
— Oh si, carrément !
Ils entreprirent une bataille de regards, à laquelle elle ne comptait pas perdre. Et en effet, il fut le premier à le détourner quand Buck remarqua, assez confus :
— Okay… Trop bizarre. Vous en avez déjà un ?
— Bien sûr ! s'enthousiasma Cali à la surprise de tous, elle le lut sur leur visage et dans l'exclamation de surprise de Bobby, Hen et Chim.
— Tu n'en as pas, murmura Ravi à son oreille.
— Tais-toi. Super Trouper à la rescousse.
yo : hi mayyy ! t'es libre ce soir ? buck a proposé une soirée date en commun. il y aura aussi eddie et ravi
— La voilà, mon date ! montra-t-elle l'écran avec fierté.
— T'es incroyable.
Incroyable et très maline, en effet. Ils ne pensaient tout de même qu'elle allait accepter un rendez-vous avec n'importe qui. Non, elle était sûre de son coup. Ravi hocha la tête en la regardant, puis il sortit son téléphone, à partir duquel il devait sûrement ouvrir l'application Fruit. A côté d'eux, Eddie et Buck furetaient sur Tinder. Elle s'amusait à tourner son portable sur l'îlot, à deux doigts de parader, jetant de temps en temps des coups d'œil sur l'écran de Ravi. Son portable vibra.
mayyy :Je suis en couple Cali… Tu connais Darius, non ? :')
yo : roooh je sais ! mais tu serais mon date. les autres se débrouillent. toi et moi, ensemble, juste pour rire
Et voilà ! Elle allait bientôt pouvoir se pavaner, devant eux. Elle était vraiment fière de son coup. Elle était une génie. Cette soirée serait bien sympathique. Elle commença à relever le menton et vit que Ravi semblait avoir un bon plan. Elle croisa le regard d'Eddie :
— Alors tu trouves une compagnie ?
— Qui t'a dit que je cherchais ? railla-t-il.
— C'est le principe de la soirée, s'exaspéra-t-elle.
— J'attends le bon moment pour la contacter.
Il était fort. Très fort.
— Il plaisante, dit Buck. Tiens, elle, regarde.
Eddie l'abandonna pour regarder le portable que lui tendait Buck. Il eut une moue convaincue. Il releva la tête vers elle, avec un grand sourire.
— Très jolie, commenta-t-il.
Les joues de Calipso s'enflammèrent et son estomac fit une looping. D'accord. Elle était peut-être un peu jalouse. Mais elle ne devait rien laisser transparaître. Son portable vibra à nouveau. MERCI MAY !
mayyy : Désolée Cali mais on avait prévu une soirée tranquille avec Darius. Une autre fois : )
— QUOI ? hurla-t-elle, horrifiée.
Toute l'équipe se retourna vers elle, alors qu'elle était totalement crispée. Bobby demanda un peu plus de calme et elle préféra que l'attention ne soit plus portée sur elle.
— Rien, rien. Retournez à votre occupation. Oh ! Pas mal celle-ci !
Elle désigna l'écran de Buck sans même avoir vu à quoi ressemblait la fille, ou le garçon qui savait. Elle se refocalisa sur son problème. C'était un cauchemar. May ne pouvait pas refuser sa proposition, elle devait la convaincre.
yo : juste ce soir ! demain, je vous prépare la plus belle des soirées romantiques. mais j'ai besoin de toi ce soir. s'il te plaît mayyy
Pendant qu'elle écrivait à la vitesse de la lumière, Ravi en avait profité pour jeter un coup d'œil par-dessus son épaule. Elle l'entendit pouffer de rire et elle lui donna un coup dans les côtes. C'était trop lui demander d'être discret ?
— Outch, se moqua-t-il. On dirait bien que ton plan tombe à l'eau.
— Chut ! lui lança-t-elle un regard noir quand elle vit qu'ils étaient observés par Eddie. Elle ne peut pas me faire ça. Pas maintenant. Elle va changer d'avis.
— Permets-moi d'en douter.
— Très encourageant, vraiment.
Elle sursauta quand son portable lui vibra entre les mains. Il lui échappa des mains et elle le rattrapa au dernier moment. Le moment de vérité était arrivé.
mayyy : Bon courage. Bonne soirée. (emoji coeur)
yo : toi aussi (deux emoji coeur)
Elle s'était dépêchée de répondre, il n'y avait plus rien à faire. Elle grogna en posant violemment son portable sur l'îlot et prit son visage entre les mains. Le point positif était qu'elle avait une excuse pour ne pas se rendre à cette soirée, même si elle l'avait imaginée drôle.
— C'est bon pour moi ! dit Ravi avant de la taquiner. Ton date est prêt Cali ?
Elle le fusilla du regard, fulminante. Il était vraiment insupportable et son sourire moqueur n'arrangeait pas ce qu'elle pensait de lui à cet instant. Heureusement pour lui, il avait ses petits yeux de chaton et cet air tendre qui l'empêchaient de le tuer. Alors elle répondit, le plus calmement possible :
— Il n'est pas disponible. Dommage. Je viendrai une autre fois.
— Mais non ! Je viens de trouver la mienne. Installe une appli, ça devrait être rapide, proposa Buck en commençant à lui prendre son portable des mains.
— Hors de question !
— Sinon… commença Ravi.
Oh non, non, non. Elle le menaça non verbalement de ne pas terminer ce qu'il allait dire. Elle avait bien compris qu'il essayait de l'avoir à son propre jeu. Mais il avait bien l'intention d'aller jusqu'au bout des choses, au grand désespoir de Calipso.
— Eddie, tu n'as personne ? Vous pouvez y aller entre amis et trouver quelqu'un sur place.
C'était définitif. Peu importait à quel point elle l'aimait, elle allait l'égorger. Là. Maintenant.
— Super idée mon pote ! jubila Buck. C'est réglé. Nous ferons juste comme si nous ne te connaissons pas Cali, pour éviter que nos dates trouvent cela bizarre.
— Quoi ? Non ! s'interposa-t-elle. Ca ne marche pas comme ça !
— Un problème avec moi ? lui demanda Eddie.
Le monde se retournait contre elle. Si elle refusait, elle abandonnait et donc elle perdait. Il était hors de question qu'elle perde à son propre jeu. Les yeux d'Eddie hurlaient l'arrogance et elle ne laisserait pas passer cela. Non, elle plongeait dedans.
— Mais pas du tout ! C'est juste que… elle chercha ses mots. Rien. Ca me va par-fai-tement.
C'était faux.
C'était hors de contrôle.
Elle se retourna vers Ravi, qui sans aucun doute n'avait jamais été aussi fier de lui. Elle vit alors Bobby, Chim et Hen qui suivaient la scène comme s'ils étaient au théâtre. Elle plissa les yeux et ils retrouvèrent leur occupation. Ils étaient tous de petites fouines.
— Je te déteste, grinça-t-elle des dents à l'attention de Ravi.
— De rien Calipso, lui fit-il un clin d'œil. Je t'aime aussi.
— 9-1-1, quelle est votre urgence ?
— Il s'est pris pour Superman.
Ah l'amour…
Il avait différentes facettes, une vraie boule de disco. L'intervention pour laquelle ils étaient sur place en était une nouvelle preuve. Calipso pensait avoir tout vu après la demande en mariage en parachute, mais l'espèce humaine débordait de créativité.
L'amour apportait de la passion, l'amour aidait à flirter avec le risque. Mais surtout, l'amour rendait idiot.
— C'était donc une légende, pensa tout haut Buck en fixant l'arbre. L'amour ne donne pas des ailes.
— Ou il a une aile cassée, commenta Chimney.
— L'amour lui est tellement monté à la tête qu'elle était trop lourde, continua Eddie.
— Quand vous aurez fini, on pourra peut-être le faire descendre, les interrompit Bobby, même s'il ne cachait pas son amusement.
Les bras croisés, Calipso se retenait de rire. Elle n'était pas la seule. Hen avait la main devant sa bouche pour masquer son sourire. Ravi riait sans discrétion. Bobby donna les ordres et tous obtempérèrent. Au sol, Calipso entendit Gina – la fille dont Dorian, le garçon perché était amoureux – dire :
— Il est vraiment stupide.
— Comment est-il arrivé là ? l'interrogea Calipso.
— Il m'a demandé si je voulais sortir avec lui. Il a ajouté qu'il était prêt à tout pour moi, même sauter du premier étage. J'ai rigolé, par amusement, car je comptais accepter ! Il n'a pas perdu temps. Il est évident qu'il a manqué sa trajectoire.
Calipso leva les yeux au ciel. C'était pire que ce qu'elle croyait. Ce n'était plus de l'idiotie ou de la prise de risque, il s'agissait de l'inconscience pure et dure. Elle observa Chimney prendre les constantes de Dorian. Le jeune homme était couvert de nombreuses griffures sur le visage et sa cheville formait un angle original, coincée entre deux branches.
Dans l'arbre, Buck était grimpé sur la branche la plus proche de Dorian. Eddie posait l'échelle pour avoir accès à la branche et Ravi la maintenait pour éviter qu'il ne perde l'équilibre. Hen et elle sortirent le brancard.
— GINA, JE T'AIME ! cria Dorian.
— J'ai compris, Dorian. J'ai compris.
— Cali, la tronçonneuse, demanda Bobby.
— Vous allez me découper la jambe ? s'horrifia Dorian.
Calipso n'écouta pas la réponse de Bobby. Elle ricana en allant chercher l'engin et le garda en main le temps qu'ils en aient besoin. Hen tendit le collier cervical à Chimney. Eddie équipa Dorian d'un baudrier et Buck y accrocha un câble qu'il passa au-dessus d'une branche. Elle tendit la tronçonneuse à Eddie et Bobby lui demanda de grimper à son tour pour soutenir le poids de Dorian. Dans un bruit désagréable et fort, Eddie utilisa l'outil et la branche s'écrasa au sol.
— Okay, commanda Bobby, Buck tu le descends doucement. Chim, Eddie, Cali, vous le guidez dans la descente.
A hauteur du brancard, ils s'accordèrent pour être en synchronisation. Ils basculèrent Dorian et l'allongèrent. Hen examina la cheville :
— Ecoute-moi Dorian, expliqua Hen. Je vais compter jusqu'à trois et je replacerai ta cheville, d'accord ?
— D'accord ? hésita Dorian.
— 1… 2.
Hen replaça la cheville et Dorian cria de douleur. Elle posa l'attelle et l'équipe put transporter le jeune homme dans l'ambulance.
— Est-ce que je peux venir avec vous ? demanda Gina.
— Bien sûr, accepta Bobby.
— Dorian, espèce d'idiot, dit Gina en montant dans le véhicule.
Avant que les portes ne se ferment devant, ils eurent tout juste le temps de voir Gina embrasser Dorian. Ils restèrent stupéfaits. Calipso roula des yeux. Il y avait un autre point sur l'amour et Ravi partagea sa pensée :
— Ce qui est sûr, c'est que l'amour rend aveugle.
La garde terminée, Calipso se doucha à la caserne et enfila des habits décontractés. Elle rejoignit son casier et rangea ses affaires à la perfection. Elle attrapa sa veste qu'elle posa sur son épaule et dit au revoir à ses camarades. En sortant du vestiaire, elle croisa Buck et Eddie.
— A tout à l'heure, Cali, lui rappelèrent-ils et elle saisit parfaitement la raillerie d'Eddie.
— Ouais, à toute ! marmonna-t-elle.
Près de sa voiture, Ravi l'attendait en pianotant sur son portable. Elle ouvrit la voiture et il s'installa sur le siège passager tandis qu'elle ouvrait la portière de Coop pour qu'il se couche sur les sièges arrière. Ravi lui proposa de passer chez lui pour qu'il prenne des affaires pour ce soir avant de se rendre chez elle. Bien entendu, elle accepta.
Alors qu'elle l'attendait dans la voiture, elle augmenta le son quand Runaway de Bon Jovi débuta. Son portable tinta et elle le regarda suspicieuse quand elle constata qu'il s'agissait de May.
mayyy : Un petit FaceTime avant que tu ne partes à ton « rendez-vous » ?
yo : comment sais-tu que j'y vais quand même ?
mayyy : L'intuition. :D
Elle ne répondit pas tout de suite. Ravi fermait la porte de chez lui, grand sourire. Elle le jugea du regard attendant une quelconque remarque, mais rien ne vint. Arrivés chez elle, elle rangea son sac dans le placard et laissa la salle de bain à Ravi pour qu'il se prépare. Pendant ce temps, elle attrapa une chemise et un petit pull à mettre par-dessus. Ravi revenu, il s'installa sur son lit et elle appela May.
— Salut ! s'exclama joyeusement May. Pour ma défense Cali, je me doutais bien que tu ne lâcherais pas l'affaire aussi facilement.
— Ouais, soupira-t-elle. Figure-toi que Ravi a eu l'excellente idée de proposer à Eddie d'y aller avec moi en amis. C'est n'importe quoi. Sache que c'est ta faute si j'en suis là, May !
— C'est plutôt ta faute, la corrigea Ravi. Tu as joué, tu as perdu.
— Ou gagné, dit May.
May et Ravi s'échangèrent des clins d'œil. Calipso les regarda un à un, le dos bien droit et le menton relevé. Ses yeux s'écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit en O bien dessiné. Ils n'avaient pas osé ! Elle les désigna du doigt un par un :
— Non mais je rêve ! s'outra-t-elle. Tu lui avais envoyé un message pour qu'elle refuse !
— C'est possible, se moqua Ravi.
— Vous êtes de très mauvais entremetteurs, grogna-t-elle en croisant les bras.
— C'est ce qu'on verra, la provoqua May.
La confiance régnait constata Calipso. Elle ne prit plus garde à leurs commentaires et elle retira son t-shirt pour boutonner sa chemise. Elle avait peine mis la tête dans le col de son petit pull que Ravi et May crièrent :
— NON !
— Ne commencez pas, les prévint-elle. Je vous rappelle que ce n'est pas un vrai date. Je subis simplement votre très mauvais plan. Vous pensez que je n'ai pas compris ? Combien de fois vais-je devoir vous dire que je n'ai aucun crush sur Eddie ! Vos tentatives seront vaines, il ne se passera rien !
— Oui, oui, on a compris, dit May avec lassitude. Cela prendra le temps qu'il faudra.
— PARDON ?
— Ravi, trouve-lui une tenue appropriée.
Comme toujours, le pire finissait par arriver.
Ils prenaient vraiment cette soirée à cœur, ils avaient de drôles idées. Elle se laissa tomber sur son lit. Désespérée, elle regardait May et Ravi se mettre d'accord sur ce qu'elle porterait ce soir. Même Coop se prêtait au jeu, car sa tête vacillait entre Ravi et l'écran où apparaissait May.
Personne ne viendrait donc à son secours. Peut-être devrait-elle appeler le 9-1-1. Avec un peu de chance, Maddie décrocherait et cesserait cette stupidité. Dans ses rêves… Maddie serait bien capable d'envoyer Eddie.
Quand ils eurent fini leur spectacle, Ravi lui tendit une blouse grise pailletée – dont elle n'avait aucun souvenir et un jean bleu. Sans broncher, elle les enfila et se regarda dans le miroir. Elle devait admettre que c'était de bons goûts. La blouse était légèrement décolletée et ce jean, et bien elle ne pensait pas avoir d'aussi belles fesses. La course avait plus d'effets qu'elle ne l'imaginait.
— YES ! se félicitèrent May et Ravi.
— Je comprends mieux pourquoi il vous arrive de courir ensemble Eddie et toi, commenta Ravi. Il est souvent derrière non ?
— Non, répliqua-t-elle. Tu peux arrêter de te faire des films, maintenant.
— Bon les cheveux, l'inspecta Ravi.
— PERSONNE NE TOUCHE A MES CHEVEUX ! l'interdit-elle en reculant jusqu'à se cogner contre sa table de chevet. AIE !
— Wow, ok. Pas besoin de rugir, se moqua May.
Ils en avaient déjà bien assez fait. Sa crinière de lion était bien trop importante pour qu'elle les laisse les coiffer. Ils auraient choisi de les attacher et cela, elle le refusait. Elle passa ses doigts entre ses boucles et les tâta pour leur donner bonne allure. Voilà. Rien de plus.
— DARIUS ! appela May. VIENS !
— Quoi ? il leur fit coucou à travers la caméra.
— Que penses-tu de Calipso ?
— Tu n'es pas obligée de te répondre, soupira-t-elle, mais Darius s'exclama recouvrant sa voix.
— Classe Caliiiiiii !
— Merci Darius. Bon sur ce, on va vous laisser. Passez une bonne soirée en amoureux !
— On a une soirée en… commença Darius en scrutant May.
— Bonne soirée Cali et Ravi ! l'interrompit May et elle raccrocha aussi vite.
Evidemment. Elle était vraiment bien naïve. Le regard noir, elle se tourna vers Ravi en crispant la mâchoire.
— On y va ? proposa-t-il en prenant sa moue adorable.
Elle les détestait, vraiment.
Devant le bar, Ravi et Calipso retrouvèrent Eddie, Buck et une charmante femme aux cheveux coupés en carré blond. Elle était très jolie et devait très certainement le savoir. Si ce n'était pas le cas, elle faisait en sorte de l'être. Quand ils les reconnurent, Buck se retourna joyeusement :
— Ah Ravi ! Et tu es…
Il tendit la main vers elle et elle la saisit retenant un hoquet de rire.
— Calipso, finit-elle.
— Original, commenta-t-il, apparemment ils avaient le droit d'exagérer c'était bon à savoir.
— On l'appelle Cali, dit Ravi avant de les présenter. Cali, voici Buck et je te présente…
— OH ! Tu dois être Ed-mun-do, détacha-t-elle chaque syllabe.
— Je préfère Eddie, remarqua-t-il d'un ton désespéré.
— Et voici Stella.
Ils s'échangèrent des poignées de main par politesse. Calipso resta en retrait, les mains dans les poches de sa veste. A aucun moment ils n'avaient pensé à elle. Jouer l'inconnue n'était pas une affaire simple. Alors elle fit ce pour quoi elle était douée, elle fronça les sourcils pour lancer des regards menaçants – pour rire, bien sûr – à Eddie. Ce n'était pas une si mauvaise idée.
Son isolement prit fin quand Ravi l'abandonna pour retrouver son date à quelques mètres de là. Elle se retrouvait donc seule avec, Buck et Eddie – qu'elle ne connaissait pas – et Stella. N'ayant aucune idée de sujets de conversation qu'elle pouvait aborder avec Buck et Eddie, elle se concentra sur Stella :
— Et donc tu fais quoi dans la vie ?
— Je suis éditrice, répondit-elle. J'ai ma propre entreprise, je n'ai qu'une employée.
— Chouette ! Cela ne doit pas être facile avec toutes les grosses boîtes, j'imagine.
— C'est ce qu'il y a d'intéressant car je travaille avec eux d'une certaine manière. Et toi alors ?
Et elle alors ? C'était une très bonne question. Elle n'avait pas préparé cette partie, d'autant que Ravi l'avait présentée comme une amie d'enfance. Qu'était-elle ? Eddie porta la main à sa bouche, amusé et attendant de voir comment elle se débrouillait. Tandis que Buck devait chercher un moyen de la secourir… Elle se concentra sur Buck. Ah !
— Je suis professeure de mathématiques.
Buck et Eddie se retournèrent en même temps et elle dut se retenir pour ne pas les imiter. Elle se refroidit vite, si le date de Ravi était dans le domaine, elle aurait bien l'air maline. En parlant du loup, celui-ci arriva à leur hauteur, accompagné de Ravi. Il avait une mâchoire carrée, des yeux bleus et une chevelure blonde. Physiquement, il lui rappelait quelqu'un… Elle croisa le regard d'Eddie, il parut de son avis.
— Paul, le présenta Ravi.
Paul ressemblait à Buck.
Quand Ravi regarda dans sa direction, elle lui fit comprendre qu'elle aurait beaucoup de questions à lui poser. Il fronça les sourcils pour la prier de se taire. Puis il l'évita en proposant de rentrer dans le bar. Paul et lui furent les premiers à passer le porte, Stella et Buck furent les suivants. Il ne restait qu'Eddie et elle :
— T'es d'accord avec moi ?
— Complétement ! confirma-t-il. Professeure de mathématiques alors ?
— Je me débrouille, leva-t-elle le menton.
— A toi l'honneur.
Il lui ouvrit la porte et elle alla suivre son invitation, mais les mots de Ravi résonnèrent dans sa tête. Oh non ! Elle ne passerait pas devant lui. Elle s'arrêta et pondit l'excuse la plus minable qu'elle trouva :
— La galanterie, très peu pour moi. Vas-y donc.
Elle agita sa main devant elle pour lui indiquer la porte, mais elle eut plutôt l'air de quelqu'un qui dépoussiérait l'espace. C'en était risible. Il ne posa pas de question et s'exécuta.
De manière involontaire, ses yeux se posèrent sur les fesses d'Eddie. Elle hocha la tête impressionnée, Captain America n'avait qu'à bien se tenir car « le cul de l'Amérique » était clairement devant elle. Oh ! Elle frotta son visage de ses mains, elle devait contrôler ce type de pensées. Elle ne devait pas donner raison à May et Ravi, non ! C'était anodin ! Elle en croisait souvent des hommes attractifs !
Non… Elle ne pouvait pas qualifier Eddie d'attractif. Elle prit une allée différente pour ne pas subir une nouvelle tentation et se laissa tomber sur le siège proche de Ravi. II l'analysa, désespéré, mais elle se contenta de tapoter le siège en face d'elle.
— Alors Ed-mun-do, il paraît que tu viens du Texas ?
La soirée commençait.
Calipso sirotait sa deuxième piña colada, plus doucement que la première. Quand elle avait eu fini son cocktail, Ravi l'avait jugée avec de gros yeux. Apparemment, il ne comptait pas la ramener si elle n'était pas capable de conduire. Elle avait commandé une deuxième boisson, alors que les autres n'avaient pas encore terminé la leur.
Cette idée de date en commun n'était pas très intéressante car chacun était de son côté. Sauf Buck qui les faisait participer de temps en temps. Elle échangeait parfois quelques mots avec Ravi, c'était la moindre des choses après son coup de fouine. Bien sûr, elle parlait avec Eddie. Mais ce n'était en rien naturel, drôle au début, c'en était devenu inintéressant.
Arrivée à la fin de son verre, elle mordit dans l'ananas qui était, autrefois, une décoration. Elle scruta les verres de chacun. Quand Ravi eut enfin la décence de terminer sa sangria. Elle se leva en repoussant son fauteuil :
— Ma tournée ! Vous voulez quoi ?
— Pareil, répondirent-ils.
Elle analysa les boissons de chacun et se précipita vers le bar. Elle pourrait profiter de quelques minutes de répit et cela lui laissait le temps de trouver soit des sujets de conversation avec Eddie, soit un plan de fuite.
— Trois bières, une piña colada, une sangria et une margarita, s'il vous plaît.
En attendant, elle s'accouda sur le bar, la tête posée sur ses poings. Elle souffla. L'ambiance était sympathique et elle passait un bon moment, mais elle ne s'amusait pas. La prochaine fois, elle réfléchirait un peu plus.
— Un problème avec ton date ? murmura la voix d'Eddie à son oreille.
Ses poils se hérissèrent. Elle se releva tandis qu'il se mettait à côté d'elle. Elle lui sourit, elle était incapable de faire autrement. Pourquoi ? Elle ne savait pas, mais à jouer, elle se jetait dans la gueule du loup. Plus elle jouait, plus elle tombait dans l'incontrôlable.
— Non. Bien sûr que non, insista-t-elle, il était loin d'être le problème. Juste… C'était ridicule, avoua-t-elle.
— N'est-ce pas ?
Elle s'avouait vaincue et il le savait. Elle baissa alors les armes et profita de l'instant présent. Elle jeta un œil aux « vrais » dates. Tout semblait bien se dérouler. Elle pouvait surfer sur cette vague. Le barman posa le plateau entre eux deux et Eddie s'apprêta à le saisir, mais elle l'arrêta en posant sa main sur son bras. Il parut surpris, passant de sa main à elle :
— J'en trouve un avantage, déclara-t-elle avec confiance.
— Ah bon ? se tourna-t-il, en relevant le menton, il était vraiment prêt à jouer.
— Une échappatoire est vite trouvée. Notre ami nous a présentés, nous nous entendons très bien. On peut imaginer que nous nous plaisons, nous pouvons feinter et partir pour… être plus tranquilles.
— C'est malin, admit-il.
— Tu veux partir ?
— Un rapprochement est nécessaire, rebondit-il.
— Un rapprochement ?
Sa réponse était lisible dans l'expression qu'il renvoya : Pourquoi pas ? Il s'approcha d'elle et attendit son accord. Elle n'irait pas à l'encontre, l'idée venait d'elle. Et… Pourquoi pas, en effet. Elle avança son visage vers le sien et murmura :
— Comme ça ?
— Un peu plus proche.
La proximité prit une autre dimension quand Eddie posa son index sur son menton pour l'accompagner dans son déplacement vers lui.
Elle jouait avec le feu. Un incendie acharné se propageait dans chaque partiel de son corps.
Elle était étouffée intérieurement alors qu'elle n'avait jamais aussi bien respiré. Tout se bousculait. Entre l'embrasement et l'apaisement. Que ressentait-elle ?
Son souffle se fit plus haletant et celui chaud d'Eddie caressait sa peau. Ils n'étaient plus qu'à quelques centimètres. Ses yeux étaient rivés sur sa bouche fine. S'ils plongeaient, il serait trop tard. Leurs nez se frôlèrent et un vent frais parcourut son corps, comme de l'eau combattant le feu. Elle était tentée de reculer, mais ses lèvres… Oh… Elle ne résisterait pas.
— Stop, susurra Eddie.
Elle était si frustrée qu'elle eut envie d'hurler ! Non, non. Elle devait se calmer, ce n'était pas ce qu'elle voulait. Cela aurait été une terrible erreur aux conséquences irrémédiables.
— Nous n'avons pas envie qu'on nous voie.
— Oui, nous n'aimons pas nous donner en public.
Leurs rires naquirent dans un même son, mélodieux si elle avait dû le qualifier, mais elle n'était pas objective. Elle laissa tomber sa tête sur l'épaule, mais elle la releva aussitôt quand son parfum, enivrant, la saisit.
— Allons leur donner à boire et fuyons.
Elle attrapa le plateau et ses talons claquèrent au sol jusqu'à la table. Elle posa le plateau au milieu de leur table ronde. Elle croisa le regard de Ravi, bien suspicieux, et celui de Buck qui cherchait à comprendre ce qu'il se déroulait autour de lui.
— Vous gagnez une bière et une piña colada ! chantonna-t-elle.
— On y va, enchaîna Eddie en enfilant sa veste et l'aidant à mettre la sienne. A demain Buck, Ravi. Au revoir.
Il posa sa main au creux de ses reins et elle se décala, surprise.
— Joue le jeu, voyons, murmura-t-il.
Elle avait presque oublié qu'elle était en pleine partie. Elle se recolla à lui et la main d'Eddie retrouva sa place. Ils se dépêchèrent de sortir du bar. Une fois à l'air libre, Calipso s'abaissa et frotta ses cheveux avant de les rejeter en arrière. Elle prit une grande inspiration et s'exclama :
— Pfiouh ! Il faisait une chaleur là-dedans !
Elle s'aéra en pinçant le haut de sa blouse pour la secouer doucement. Elle avait très chaud. Elle enleva ses chaussures, cette sortie était terminée alors cette démarche aussi.
— Tu ne vas pas marcher pieds nus ? s'inquiéta Eddie. Il y a sûrement des morceaux de verre au sol.
— Plutôt mourir que marcher plus longtemps avec cet objet de torture.
— C'est toi qui vois. Tu veux faire quoi maintenant ?
— Je rentre chez moi, tiens !
— Ce n'était pas le plan, remarqua-t-il.
— J'ai dit être tranquilles. Je n'ai pas précisé ensemble
— Ah. Bien sûr, répondit-il froidement, en évitant son regard.
Le second degré devait être resté au bar pensa Calipso. Son but n'avait jamais été de le vexer.
— Une glace sur la plage ? proposa-t-elle.
— Vendu, lui sourit-il.
Calipso le préférait mille fois ainsi.
Une glace à la vanille chacun, ils marchèrent dans le sable fin où ils n'étaient pas les seuls à profiter de la douceur californienne. Pour plusieurs raisons, Calipso ne regrettait pas Seattle. Le climat en faisait partie, l'air y était souvent humide et les températures baissaient rapidement.
Ils s'installèrent à l'abri des regards, mais surtout à l'abri de l'agitation. Le brouhaha du bar leur avait suffi. Ils s'assirent proche de la mer où le claquement des vagues brisait le silence et où l'eau chatouillait les orteils.
C'était bien plus agréable qu'un bar. La brise caressait leur visage et les grains de sable dansaient sur leurs pieds dans de légers picotements. Si l'idée traversait de nouveau Buck, elle choisirait le lieu… et son date.
— Christopher est seul ? s'intéressa-t-elle.
— Non, Carla est avec lui. Il a le droit à la console toute la soirée, je suis sûr qu'il ne s'en fait pas, rit-il.
— Pompier et père célibataire, remarqua Calipso. Cela ne doit pas être facile. Enfin… Tu n'es pas le premier parent célibataire, ne parlons pas de toutes ces pauvres mères qui sont seules car le père n'a pas assumé. Mais je veux dire… Pompier, les horaires ne sont pas les plus évidents alors avec un enfant…
— Chris est grand maintenant, commenta Eddie. Mais non en effet, ce n'est pas toujours simple. Mais je ne suis pas seul. Il y a Carla, Buck et toute la 118 si besoin.
— C'est vrai, hocha-t-elle la tête en observant la lune reflétait dans la mer. Cool.
Elle s'allongea dans le sable, sans se préoccuper de ses cheveux qui se mêlaient à lui. Elle aurait juste à les laver en rentrant. Eddie l'imita et il posa une question à laquelle elle ne s'était pas attendue. Mais il agissait toujours ainsi depuis leur rencontre. Il cherchait à mieux la comprendre. Comme beaucoup.
— Tu n'es jamais retournée à New-York ?
— Nop, répondit-elle, elle avait parfois l'impression d'y être encore quand elle fermait les yeux. Trop de mauvais souvenirs.
— Jamais alors ?
— Peut-être pour la caserne Ghostbusters, admit-elle.
— En tant que pompiers, tu auras peut-être des avantages.
— Qui sait ?
Cela n'avait aucune importance et elle savait. La caserne n'offrait qu'une photo à l'extérieur et une boutique. Les pompiers n'auraient rien pu faire pour elle. Mais ce manque la travaillait parfois.
Elle avait ce sentiment d'inaccomplissements, un rêve d'enfant qu'on avait balayé comme la poussière. Irréalisable.
New-York avait trop d'effets négatifs. Que ressentirait-elle une fois là-bas ? Parviendrait-elle à retrouver son chemin ? Qu'y ferait-elle ? Est-ce que Bianca reviendrait ? Mais Bianca lui manquait… Elle avait tant besoin d'elle parfois, mais Calipso craignait de s'isoler avec sa sœur si elle lui revenait. Elle serait incapable de la quitter de nouveau, surtout d'une telle violence. Deux fois. Trois fois seraient bien trop.
Mais elle était à Los Angeles. Bianca n'était pas là.
Elle contempla le ciel dont les étoiles étaient à peine perceptibles avec la pollution de la grande ville. Elle pouvait imaginer les étoiles et constellations pourtant visibles. Dans leur silence, elle partagea ce qu'elle considérait, enfant, comme une injustice.
— Saturne a un satellite naturel qui s'appelle Calypso. J'ai toujours trouvé cela dommage d'avoir un élément astronomique à ton nom et de ne pas pouvoir l'admirer.
— Au moins, tu en as un à ton nom, souffla-t-il.
— Pardon, Edmundo.
Elle tourna la tête en souriant, nez plissé et moqueuse. Il plongea ses yeux dans les siens et un court instant, elle crut y plonger. C'était exactement cela. C'était comme avoir la tête sous l'eau et observer les profondeurs marines. Elle détourna son regard, comment pouvait-elle imaginer cela ?
— Arrête de m'appeler comme cela, sourit-il puis il ajouta. Et franchement… La majorité des étoiles ont des noms, mais combien de personnes les connaissent sur le bout des doigts ? Crée ton propre astre.
Hein ? Que racontait-il ? Avait-elle droit de faire cela ?
Il haussa un sourcil et leva le menton vers le ciel. Il était donc sérieux. Il l'incitait à faire son shopping d'étoiles. Original.
Elle parcourut le ciel, comment choisir une étoile quand tout était similaire d'où ils se situaient ? Elles n'étaient que des points lumineux. Elle s'apprêtait à abandonner, déclarer que tout cela était ridicule, quand elle la vit.
Cette étoile, la plus près de l'étoile du berger. Elle l'appelait. L'étoile l'avait choisie. Calipso.
— Celle-ci, désigna-t-elle.
— Elle est parfaite.
Il était donc sérieux. Il ne se moquait pas d'elle. Pourquoi devait-il prendre soin d'elle ainsi ? Pourquoi répondait-il à ses plus profondes blessures ? Pourquoi cherchait-il à les panser ? Il fixait cette étoile, admiratif. La lune éclairait son visage ou bien était-ce lui qui s'illuminait ?
— A ton tour, lui proposa-t-elle. Que le monde ait la chance d'avoir une étoile au nom d'Edmundo.
— La même, ricana-t-il.
— Quoi ? s'outra-t-elle. NON ! Je ne peux pas partager mon étoile, impossible !
— Je suppose que tu l'as choisie, car elle est la plus repérable dans le ciel ?
Loin de là, pensa-t-elle, mais il la prendrait pour une idiote si elle évoquait l'appel de l'étoile. Ou bien pour une folle, quel était le pire ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Il la regarda, il attendait sa réponse. Elle posa la main sur ses yeux noisette, hors de question qu'il la voit douter.
— Choisis-en une autre ! ordonna-t-elle.
Elle enleva sa main, tout doucement. Ses doigts défilèrent sur sa peau, électrifiés, puis tombèrent sur son épaule avant de se faufiler dans le sable. Elle ne s'arrêta jamais de le regarder, parce qu'elle attendait sa réponse bien sûr.
Souvent, Calipso s'était qualifiée de têtue, mais Eddie ne l'était pas moins. Le pauvre, il était scorpion, elle ne pouvait lui en vouloir.
— J'ai choisi mon étoile.
— Calipso perd de son charme, bougonna-t-elle.
— Calipso-Edmundo, tu veux dire ? la taquina-t-il.
La provocation, encore et toujours. Avant qu'elle ne réplique, il constata :
— Tu te plains, mais tu as une danse à ton nom et rien ne t'empêche de la pratiquer.
— Je ne sais pas danser le calypso, roula-t-elle des yeux.
— Moi oui !
— Ce n'est pas la country au Texas, cowboy ?
— Si, mais cela ne m'empêche pas d'en connaître d'autres.
Il s'assit et lui tendit la main.
Il comptait réellement danser le calypso, avec elle, sur la plage ? Une presque baiser, pour jouer certes, une étoile, maintenant une danse ? Dans quel univers était-elle projetée ?
Elle l'analysa, front plissé. Il était plus que sérieux, car il lui proposa cette danse. L'incendie se déclara à nouveau. Elle hésita. Qu'avait-elle à perdre ? Qu'avait-elle à gagner ? Des connaissances sur le calypso, évidemment.
Au point où elle en était dans cette soirée…
Elle tendit sa main. Leurs doigts se rapprochèrent, plus que quelques centimètres. Elle pouvait toujours se raviser, mais en avait-elle envie ? Non. Loin de là. Elle frôla la paume de sa main.
La sonnerie de son portable les interrompit. Eddie avait les sourcils froncés, prêt à rire. Elle suivit son regard, son portable était dans le sable et elle constata la photo de Ravi et l'appellation « chaton ». Elle n'avait pas le temps de lui expliquer. Elle attrapa son portable et elle se dépêcha de décrocher.
— Tout va bien ? s'inquiéta-t-elle.
— Ouais, répondit-il.
— Donc tu me déranges alors que j'étais sur le point de conclure ?
Elle adressa un clin d'œil à Eddie. Il passa la main sur son visage en rigolant doucement tandis que Ravi émettait une suite de « ah ah », bien ironiques. Eddie retrouva sa place, bien plus proche d'elle assurément.
— Je sais très bien que c'était un subterfuge.
— Tu ne me crois pas ? Eddie, viens-là !
Elle glissa son doigt sur l'écran. Elle s'allongea et Eddie la suivit. Son bras tendu vers le ciel, elle fit un grand sourire et prit un selfie. Elle se moquait de la qualité de la photo, elle s'empressa de l'envoyer à Ravi.
— TADAM !
— Je vois, ricana-t-il. Bref, tu as bien toutes les informations sur Paul ?
— Yep, tu m'as tout donné, confirma-t-elle.
— Je rentre avec lui, si tu n'as pas…
— De message demain à la première heure, j'appelle le 9-1-1 et je commence à te chercher.
— Essaie de m'appeler d'abord, tu commences simplement à t'inquiéter.
— Je commence à te chercher, insista-t-elle.
— Vous êtes chez toi ? demanda-t-il.
— Je viens te dire que j'allais conclure, répéta-t-elle et il soupira. Je rigole, on est à la plage.
— Cool. Bonne soirée, Cali.
— Toi aussi ! Bisous !
Elle raccrocha et rangea son portable dans sa veste. Les grains de sable sur son écran étaient suffisants.
— Il a un problème ? demanda Eddie.
— Non, ce ne sont que des précautions. On ne sait jamais…
— Chaton ? se moqua-t-il.
— Tu ne trouves pas qu'il a une tête de petit chaton ? s'enthousiasma-t-elle avant de prendre un ton plus doux. Il m'a, à chaque fois.
Elle prit une moue attendrie, Ravi avait vraiment cet effet sur elle. Il était plus calme qu'elle. Juste son expression pouvait parvenir à l'apaiser. Il le savait, il s'en servait bien souvent. Depuis ses premiers pas à la 118, il avait su la mettre en confiance grâce à cela. Bref, il était son chaton.
— Je vais y aller, Coop va s'impatienter, annonça-t-elle en se levant. On remet la danse à une autre fois. Merci pour cette soirée.
— Merci à toi.
Il releva les yeux vers elle. Un sourire sincère éclairait son visage. Elle l'imita. Elle ne pouvait faire autrement, il était contagieux. Elle lui donna une tape dans le dos en guise d'au revoir.
Calipso avança, pieds nus dans le sable, balançant légèrement ses chaussures dans sa main.
La soirée défilait dans son esprit en vitesse accélérée. Les yeux vers le ciel, vers son étoile, elle sourit niaisement. Elle tournoya pour avoir une vue sur Eddie. Il la regardait partir. Les joues de Calipso s'empourprèrent. Tout en reculant, elle demanda bien assez fort pour qu'il l'entende :
— C'était loin d'être ridicule, hein ?
Le mouvement de tête d'Eddie indiqua qu'il était d'accord et son sourire s'élargit. Elle lui fit un signe de la main avant de reprendre le cours de son chemin.
Oui. Cette soirée avait été sympathique.
Ce chapitre vous a-t-il plu ?
Pour celleux qui regardent la série, j'ai utilisé l'intervention de la demande en mariage de l'épisode 17 de la saison 6. Il faut bien que je puise mon inspiration quelque part de temps en temps, ahah.
Bon, j'espère que vous avez ri, ne serait-ce qu'un petit peu. :') J'ai pris tellement de plaisir à écrire ce chapitre, je rigolais toute seule. Le principal est que je me fasse me direz-vous, mais j'espère avoir réussi à vous faire esquisser ne serait-ce que de petits sourires. :)
Que pensez-vous de la bande Super Trouper ? J'aime beaucoup la relation entre Cali, Ravi et May malgré leurs âges différents. Ils ont beaucoup à s'apporter tous les trois. Cali a bien besoin d'eux.
Et l'idée de Buck, alors, bonne ou mauvaise ? Ravi et May, bons ou mauvais entremetteurs ?
Enfin... Eddie et Cali ?
J'ai tellement HATE de vous partager la suite !
Au prochain chapitre : Eddie et Cali enquêtent sur les sentiments de Ravi. La 118 est appelé pour incendie dans un karaoké box.
