Hello !

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Bonne lecture :)


CHAPITRE 7 : Chantons sous la pluie

Au fil des semaines, Calipso s'était découvert une nouvelle vocation : détective. Elle aurait même pu demander à Athena de l'intégrer à son équipe. Bien sûr, cela n'avait pas été le cas. Premièrement, Athena travaillait en solitaire, elle n'allait certainement pas s'embêter d'elle. Deuxièmement, être pompière était toute sa vie. Troisièmement, elle était une piètre enquêtrice.

Au tout début, elle avait choisi le silence. Elle avait ignoré chacun des signes et restait en-dehors de cela, après tout cela ne la regardait pas. Cependant, cela s'était conclu en un cuisant échec. La personne concernée ne prononçait aucun mot à ce sujet. Soit elle se fourvoyait, soit la personne cachait très bien son jeu.

Il s'était avéré que la deuxième hypothèse soit la plus plausible. Lors d'une de leur course à pied, elle avait souhaité avoir l'avis d'Eddie. Elle était certaine qu'il s'était fait la même remarque le soir des « dates en commun ». Elle avait vu juste car la frappante ressemblance entre Buck et Paul lui avait sauté aux yeux à lui aussi.

Calipso n'était donc pas folle. Ravi était juste un petit cachottier, ou bien il refoulait ses sentiments. L'un comme l'autre ne pouvaient être ignorés.

Avec la complicité de son nouvel allié, Eddie, elle était donc passée à l'étape supérieure : l'observation et l'analyse. Pendant des jours, ils avaient observé les comportements et remarques de Ravi à l'égard de Buck. Calipso devait admettre qu'elle se servait de toutes les réflexions que Ravi avait pu lui notifier jusqu'alors. Il avait tort, bien sûr. Mais c'étaient de bons signaux quand ils étaient présents.

Ils avaient donc créé une note partagée où ils notaient au fur et à mesure ce qu'ils repéraient. Bien sûr, ils en discutaient lorsque Ravi et Buck n'étaient pas dans les parages. Malheureusement pour eux, ils étaient proches de la page blanche. Hormis quelques sourires discrets de Ravi, rien n'était à relever.

— C'était sûrement une coïncidence, murmura Calipso à Eddie.

Il était accoudé à l'ilot de cuisine et elle profita de se servir un verre de jus de fruits pour émettre son opinion. Il s'approcha un peu d'elle, ils étaient presque aussi proches qu'au bar. Comme toujours quand il était trop proche, l'air lui manqua une infime seconde, puis elle respirait, bien mieux qu'en son absence. C'était très étrange.

Elle se décala légèrement, un centimètre peut-être, il ne valait mieux pas que ces messes basses se retournent contre eux. Ils se retrouveraient bien vite au centre de spéculations infondées.

— Tu crois ?

— Je ne sais pas, mais il n'y a clairement rien ! Ou alors on ne voit rien, hésita-t-elle.

— Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir alors, conclut-il.

— Le plan C, dirent-ils en chœur.

Ils approuvèrent d'un signe de tête sans se quitter des yeux. Peut-être pouvait-elle trouver un autre sujet aussi intéressant, afin qu'elle puisse garder cette proximité ? Oh, c'était d'une stupidité sans nom. La dernière fois faisait partie du jeu, là elle ne faisait que donner raison à Ravi.

Ce qui était faux. Bien sûr.

— C'est le plan D, remarqua une voix derrière eux. Le plan C est : mettre la table.

D'un sourire embarrassé, Eddie et Calipso se retournèrent d'un même mouvement pour se retrouver face à Bobby. Il leur désigna le tas d'assiettes devant eux, surmonté des couverts. Il fit ses grands yeux doux, mais aussi autoritaires, ils n'eurent pas d'autres choix que d'obéir. Eddie prit les assiettes et lui tendit pour qu'elle puisse attraper les couverts qui menaçaient de tomber.

— Dès que j'ai un moment avec lui, je lui demande !

— Vous êtes aussi discrets qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, se moqua Chimney.

— Je suis certaine que cela vous intéresse aussi ! s'exclama Calipso.

Le regard empli de jugement qu'elle reçut de la part d'Hen l'obligea à revoir sa certitude, mais ce ne fut qu'une courte seconde. Bien sûr qu'elle était intéressée. Calipso déposa des couverts à chaque place et s'assit à côté de Chimney juste face à Hen.

— Ne faites pas les innocents, soupira-t-elle.

— Rien à voir, répliqua Chim avec un clin d'œil qu'elle ne sut interpréter.

— Nous pensons juste que vous vous faites des films, répondit Hen, convaincue. Et cela vous arrange.

— Merci Eddie, dit-elle alors qu'il déposait en face d'elle le verre qu'elle avait oublié sur l'ilot. Pourquoi cela nous arrangerait ?

— Oh pour rien.

L'air complice entre Hen et Chimney intrigua Calipso. Ce n'était définitivement pas rien. Elle commençait à les connaître. Elle interrogea Eddie d'une œillade, mais il haussa les épaules. Elle n'osa pas en faire autant vers Bobby car il lui proposerait un autre plan. Elle aurait pu insister, mais Buck et Ravi revinrent de leurs tâches. Elle se contenta de reprendre ses observations et analyses.

Le lendemain, Calipso s'assura d'avoir une séance de sport à la caserne seule avec Ravi. Contrairement aux autres fois, elle ne força pas Ravi à suivre son entraînement. Non, elle écouta les envies et propositions de Ravi. Cependant, après de trop nombreuses séries de gainage, elle se laissa tomber sur le ventre en soufflant.

— On fait moins la maline que pendant les tractions, Rivera, se moqua Ravi.

— Ne me provoque pas, Panikkar. Je pourrai faire de ta vie un enfer à la prochaine séance.

La grimace de Ravi prouva qu'il n'irait pas plus loin. Dommage. Elle se serait bien amusée. Ils arrêtèrent leur séance et alors que Ravi alla se relever, elle lui tira le bras et il s'écrasa au sol. Elle se retint d'exploser de rire pour éviter d'attirer l'attention.

— C'était une coïncidence ? demanda-t-elle, il n'était pas nécessaire d'y aller par quatre chemins.

— Quoi ? répondit-il en se frottant la tête.

— Que Paul ressemble à Buck.

Ravi la fixa, bouche bée. Il couvrit son visage de ses mains avant de la regarder. Elle connaissait ce regard, c'était celui qu'il lui lançait quand il se demandait pourquoi il était ami avec elle, mais surtout ce qu'il allait faire d'elle. Parfois, elle remettait en doute ses capacités en amitié et parfois cela l'amusait.

— Oh non, réalisa-t-il. C'était donc ça tous vos messes basses Eddie et toi ?

— Peut-être, laissa-t-elle le suspense.

— Vous feriez mieux de vous préoccuper de vos propres sentiments au lieu de vous occuper de ceux des autres.

— Je n'ai AUCUN sentiment pour lui ! s'outra-t-elle.

— Un, je n'ai jamais parlé de sentiments mutuels. Deux, menteuse.

— Peu importe, reprit-elle le sujet. Tu trouves Buck à ton goût.

— Il ne me laisse pas indifférent.

OUI ! Il l'avait admis, sans même avoir à lui tirer les vers du nez ! Calipso mima un « yes » avec le bras en signe de victoire. Ah, elle n'était pas si terrible en termes de repérages de sentiments finalement !

— Mais ça s'arrête là, d'accord ? reprit Ravi. Il n'y aura jamais rien d'autre !

— Eddie m'a dit que Buck était déjà sorti avec un garçon, lui apprit-elle en se relevant.

— Vous vous parlez souvent comme ça ?

— Je t'en dis plus, si tu m'en dis plus, marchanda-t-elle.

— Tu me fatigues, soupira Ravi. Tu n'as pas besoin d'en savoir plus. Oui, il me plaît comme d'autres hommes. Non, cela n'ira pas plus loin.

— Pas drôle, ronchonna-t-elle.

— A toi maintenant !

L'alarme sonna et toute la caserne se réveilla. Calipso releva la tête et sautilla jusqu'aux vestiaires. Elle se retourna et continua de reculer lorsqu'elle s'adressa à Ravi, avec beaucoup de fierté :

— Sauvée par le gong !

— CALIPSO RIVERA ! On avait un deal !

— Le soir du date commun, commença-t-elle en s'assurant qu'il n'y avait pas d'autres oreilles indiscrètes, nous avons nommé une étoile à nos deux noms.

Ravi se figea de surprise. Ah, elle aimait quand elle était l'heureuse gagnante. Elle ajouta, car il était bien drôle ainsi :

— Et puis, il allait m'apprendre à danser le calypso. MAIS tu as appelé. Quand je te disais que tu m'avais empêchée de conclure ! C'est tout. Maintenant nous ne faisons que discuter. Quelque chose à ajouter, Panikkar ?

A son casier, elle sortit sa tenue et l'enfila. Ravi rejoignit le sien sans la quitter des yeux, sa bouche était si grande ouverte qu'il aurait pu gober une mouche. Séparés par leurs autres membres de l'équipe, elle le nargua entre deux profils d'un sourire narquois.

— Tu lui as fait quoi ? demanda Chim à sa gauche.

— Nous avons procédé à un échange d'informations, leva-t-elle le menton.

— Et donc ? l'interrogea Hen à sa droite.

— Vous ne saurez rien vu que vous n'êtes pas intéressés.

— Tu es machiavélique, constata Chimney. Je n'ai plus aucune pitié pour toi.

Elle lui ricana au nez et se dirigea vers le camion, suivi de près par Ravi. Elle monta dans le camion et ils s'assirent l'un à côté de l'autre. Alors que Bobby s'installait à l'avant, Ravi se colla à son oreille en déclarant :

— Comment as-tu pu me cacher une chose pareille pendant tout ce temps ?

— Tu n'es pas le seul à avoir tes petits secrets, sourit-elle.

— Est-ce que May est au courant ? s'assura-t-il et Bobby se retourna vers eux.

— Au courant de quoi ?

— Rien, elle n'est au courant de rien, répondit Calipso.


Sur les lieux de l'appel, Calipso sauta du camion et analysa l'étendue des flammes. A vue d'œil, elle estimait que l'incendie ne s'était pas propagé et paraissait isolé. Pour le moment. Cependant, elle n'était pas la capitaine. Elle s'occupa de s'équiper tout en observant le bâtiment. Sur la façade était écrit en majuscules et lettres violettes parsemées d'étoiles : Karaoké Box.

Si Bobby ne lui avait pas donné l'ordre d'être plus dynamique, elle serait restée à réfléchir au sens du terme. Si la première idée qui l'éclairait était la bonne, elle ne pouvait y croire. Comment avait-elle pu passer à côté de cela ?

— Le gérant pense que le bâtiment est évacué, annonça Bobby. Ravi et Cali, faites le tour pour constater l'étendue du feu. Hen, Chim, Buck et Eddie, avancez à l'intérieur et éteignez-moi ce feu.

Thomson et Parks s'occupèrent de dérouler les lances demandées par Bobby, tandis que leurs camarades entraient pour combattre le feu. Ravi et Calipso se précipitèrent d'exécuter les ordres de Bobby. Ils commencèrent par l'aile ouest où rien n'était à déclarer.

— Un karaoké box ! s'exclama joyeusement Ravi. C'est génial.

— Est-ce bien ce que je crois ? s'assura Calipso.

— Oh que oui ! J'adore le concept !

— Carrément !

L'inventeur de cette idée était un génie.

Ravi et elle continuèrent leur tour. Hormis une fumée éparse, le feu semblait être contenu à l'endroit mentionné par le gérant. Ils arrivèrent sur l'aile ouest et Calipso eut un petit hoquet de toux. L'appel du feu.

— Civil à l'intérieur ! appela Chim dans la radio. La porte des toilettes est bloquée.

— Cap', interpela-t-elle Bobby en même temps, vous allez pouvoir contrôler le feu rapidement.

— Chim, j'envoie Parks et Thomson ! Ils vont débloquer la porte. Hen, Buck, continuez. Eddie, reste avec Chim pour mouiller le feu. Cali, avez-vous accès à une fenêtre ou une porte ?

Ses yeux guettèrent le bâtiment à la recherche du passage le plus approprié. Ravi lui tira le bras et tendit la main :

— Là !

Ravi lui désigna une petite fenêtre en hauteur. Ce n'était pas le plus efficace, mais cela serait déjà d'une grande aide.

— On en a une, confirma-t-elle.

— Cassez-la pour ventiler et revenez à l'échelle.

— Parks et Thomson sont là. Porte cassée. Eddie et moi arrivons avec la victime.

— On est face au feu, les informa Hen. On commence l'intervention.

— Parks, Thomson, rejoignez Hen et Buck. Ravi et Cali vous donnent une ouverture.

Au bout de trois coups d'extincteur, la fenêtre se brisa. Ils n'entendirent pas les éclats de verre s'écraser au sol, seul le long bruit du jet d'eau était audible. La fumée noire s'enfuit de la salle et leur agressa le masque.

A l'échelle, Chimney et Eddie s'occupaient de l'homme enfermé dans les toilettes. Un masque à oxygène posé sur le visage, ils le placèrent dans l'ambulance prêts à partir. Calipso toussa, Bobby s'approcha d'elle :

— Monte avec eux, prends une bouffée aussi. Chim va t'examiner, être certain que tu n'as pas inhalé trop de fumée.

— Tu sais très bien que cela n'a rien à voir, toussa-t-elle.

— Je le sais, mais mieux vaut être trop prudent. Monte. On se retrouve à la caserne.

Elle leva les yeux au ciel et s'assit à côté de Chimney. Elle croisa le regard d'Eddie dans l'ambulance alors que la toux la frappait, encore. Elle savait qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter, ce n'était qu'affaire courante lors des incendies. Elle lui sourit pour le rassurer et il démarra. Chimney lui tendit un masque qu'elle posa sur son visage.

Cela les rassurait. Elle cacha ses lèvres qui se tendirent, cela faisait longtemps qu'on ne s'était pas inquiété pour elle.


En pleine garde de nuit, il était parfois difficile de trouver le sommeil. Après avoir tourné et retourné dans le dortoir de la caserne, Calipso retrouva l'espace commun. Elle proposa une séance caresses à Coop qui s'en roula par terre. Quel chien malheureux… Puis elle s'assit à table, en bâillant à s'en décrocher la mâchoire, avec les autres qui avaient à peine trouvé le sommeil aussi.

Elle accepta la tasse de café que lui tendit Buck. Elle se frotta les yeux et n'entendait que des bribes de conversation. Elle se massa les tempes, espérant émerger de la brume de fatigue qui l'enveloppait. Habituellement opérationnelle pour n'importe quelle discussion, elle eut du mal à s'y introduire. Elle rêvait simplement de son lit et d'une bonne nuit de sommeil. Heureusement qu'elle enchaînait avec deux jours de repos ensuite.

— Oh ! s'exclama Chimney.

Calipso releva la tête en haussant un sourcil, elle espérait que cela valait le coup. Elle entendit Buck demander à Chimney d'être un peu plus précis alors qu'Hen lui donnait un coup d'épaule pour qu'il se dépêche.

— Vous vous souvenez du karaoké box ? ils hochèrent tous la tête. Il a réouvert !

— Donc ? l'incita à conclure Hen.

— Je nous ai réservé un box pour samedi soir !

Sans même s'interpeler, Ravi et Calipso trouvèrent le regard de l'autre. Tout comme elle, les yeux de Ravi pétillaient. Ils partageaient la même pensée, elle aurait pu mettre sa main à couper. En un rien de temps, ils sautèrent tous les deux de leur chaise. Elle cogna dans Eddie en se relevant et elle tapa dans la main de Chimney en même temps que Ravi.

— OUAIS ! s'égosillèrent-ils.

Derrière Chim, Hen entama des pas de danse et elle fut suivie par Buck. Eddie leva les pouces. C'était l'idée du siècle. Aucun doute qu'elle faisait l'unanimité, d'autant qu'elle avait eu le mérite de la réveiller. Calipso était prête à enchaîner des gardes jusqu'au karaoké maintenant !

— Pour combien de personnes ? l'interrogea Bobby, portable en main.

— Capacité maximale 18 personnes ! Tout le monde peut venir !

Et deux jours plus tard, tout le monde était réuni dans la fameuse box. Enfin… Il ne manquait que Jee-Yun et Coop. Calipso n'aurait su dire lequel des présents étaient le plus surexcités. Maddie et Chimney étaient sans aucun doute le Dieu et la Déesse du karaoké. Buck lui avait raconté que les karaokés avaient une grande valeur sentimentale pour eux. Apparemment, cette sortie était fréquente lorsqu'ils flirtaient, un karaoké géant avait d'ailleurs été improvisé le jour de leur mariage. Ils avaient de très bons goûts.

Christopher et Denny furent les premiers à choisir leurs musiques. Cela allait à Calipso, les adultes purent commander leur boisson. Ravi lui tendit sa piña colada, elle s'installa entre May et lui. Calipso laissait les autres se donner en spectacle avant qu'elle ne fasse son propre show.

— Je nous ai choisi une musique, leur annonça May. On passe après Karen.

— Laquelle ? demanda Ravi.

— Vous la reconnaîtrez.

May releva son buste avec fierté et leur adressa un clin d'œil. Calipso ne sous-estimait pas May, elle avait forcément choisi la chanson.

Les morceaux s'enchaînèrent dans des vocalises qui n'étaient pas toujours justes, rarement en fait. La préférence de Calipso était les refrains où les voix de tous se mêlaient. Toutes ces imperfections s'ajustaient pour offrir une symbiose inattendue.

Au tour de Calipso, elle prit plaisir à chanter See the light de Stephen Sanchez. Malheureusement pour elle, personne ne la connaissait. Elle trouva cela bien triste, Stephen était encore bien trop sous-coté. Pour limiter sa déception, Chimney ajouta Until I found you. Cette fois-ci, elle fut accompagnée et elle préféra ce moment. Elle adapterait ses choix la prochaine fois.

Le micro donné à Karen, le relais fut passé. Calipso sirota la fin de son verre de piña colada et se jeta sur la tablette pour en commander un nouveau. Du coin de l'œil, elle saisit le regard empli de jugement de Ravi. Elle l'ignora. S'il n'était pas content, il n'aurait pas dû accepter de ne pas boire pour la ramener chez elle.

Elle donna un coup de coude à Chimney qui s'était levé pour commander aussi puis elle reporta son attention sur la chanteuse. Karen était maintenant accompagnée d'Hen dans un très beau duo. La chanson s'évanouit et les premières notes de la chanson suivante transpercèrent. Calipso se jeta sur Hen et lui arracha le micro des mains.

— EH ! s'insurgea Hen.

— PAS LE TEMPS ! hurla Calipso, tandis que Ravi et May la rejoignaient en riant.

I wasn't jealous before we met, commencèrent-ils en chœur sous les applaudissements rythmés de la foule.

La porte pouvait s'ouvrir, Calipso n'en aurait eu que faire. Les hologrammes d'ABBA à Londres n'avaient qu'à bien se tenir, ils étaient une réelle concurrence. Tout son corps tremblait par l'énergie qu'elle déployait dans cette chanson. Lors des dernières syllabes, ils se rapprochaient toujours. Un véritable plaisir. Le souffle manquait à Calipso, la tachycardie la guettait. Elle s'en moquait, elle pouvait s'évanouir sur du ABBA. Même mourir, pourquoi pas.

Le refrain était proche, très proche. Elle croisa les grands yeux marron de May et le regard de chaton de Ravi. Les grands esprits se rencontraient. Ils se séparèrent et imitèrent la scène de Mamma Mia ! Ravi s'assit sur Maddie et se laissa tomber sur Chim. May s'exécuta avec Bobby et Darius. Calipso ne réfléchit pas et trouva les genoux de Buck. Son dos se posa sur Eddie.

Don't waste your emotion.

Lay all your love on me.

Un vrai piège dans lequel elle s'était jetée. Les beaux yeux noisette d'Eddie l'hypnotisaient. Elle récitait les paroles, les yeux dans les siens. Elle devait avoir l'air ridicule, comment y décrocher ?

Le couplet arrivait, elle devait s'extirper de ce regard. Le couplet arrivait, elle devrait cesser cette imitation d'Amanda Seyfried sur le sable de l'île grecque. Elle n'était que dans un karaoké box de Los Angeles en pleine performance vocale.

Heureusement pour elle, elle fut aidée par Ravi qui attrapa sa main pour la relever. Son sauveur, malgré tout. Elle adressa un clin d'œil à Eddie et ses pieds retrouvèrent le sol. Elle dut reprendre une grande inspiration, manquant quelques mots. Qu'il faisait chaud ici !

Les notes s'estompèrent pour laisser la place à une chanson de rap que Calipso ne connaissait pas. Mais le cri de Denny laissait croire que son show était venu. Calipso, bien essoufflée, l'effort vocal était pire que l'effort lors de ses entraînements sportifs. Elle s'assit sur Buck, plus aucune place n'était disponible et il était le plus proche.

— Et bien Cali, dit-il. Vous êtes impressionnants.

— On dirait presque que vous avez fait cela toute votre vie, ajouta Eddie.

— Simplement à chacune de nos soirées, avoua-t-elle. Nos soirées à trois sont passionnantes, vous demanderez à Coop. Il confirmera.

La chanson de Buck débuta dans les enceintes. Il se releva et Calipso vit le sol de très près. Bien gentiment, il la rattrapa en vol et la déposa sur les genoux d'Eddie. Elle était gênée, mais elle n'aurait pas pu s'asseoir à côté de lui car May prit cette place un sourire coupable sur le visage.

Quand ce n'était pas Ravi, c'était May. Ils la fatiguaient.

La main d'Eddie se posa sur sa cuisse et elle en sursauta. Elle devait penser à autre chose. Elle ne devait pas écouter les signaux de son corps qui envoyaient des messages dont elle refusait la présence. Non, les battements de son cœur n'étaient pas rapides. Non, son ventre ne la chatouillait pas. Non, ses yeux ne se perdraient pas encore.

Elle frissonna d'un sentiment qu'aucun mot ne pouvait qualifier. D'accord, d'accord, les signaux étaient bel et bien ancrés et ne comptaient pas se détacher.

Okay. Elle devait parler. Parler résolvait tous les problèmes.

— Tu n'as pas choisi de chanson ? glissa-t-elle à l'oreille d'Eddie.

— Vous chantez bien mieux que moi, je suis bien meilleur dans les chœurs, répondit-il.

Ils étaient si près que leur nez touchait la peau de l'autre dès qu'ils pivotaient. Elle avait commis une terrible erreur. Elle s'enfonçait dans son souci. Calipso trouvait qu'ils avaient pourtant atteint un niveau de proximité dont il était difficile de faire mieux, sauf peut-être dénudé. Elle sentait ses poils se hérissaient et la chaleur de l'incendie vécue à ce même endroit quelques semaines plus tôt l'envahit de nouveau. Le feu s'embrasait dès qu'ils prenaient de la distance, lorsqu'ils se rapprochaient par contre… Calipso ne comprenait pas.

Sans aucun contrôle, ses yeux se focalisaient sur la bouche d'Eddie. Elle luttait pour leur ordonner de trouver un autre point ? mais la tentation était trop forte. Face à cela, elle était bien trop faible.

Oh non.

La prise de conscience lui mit une claque. Si une main en avait été responsable, elle aurait eu la marque de chaque doigt sur la joue.

— AH !

Le réveil fut immédiat. Le feu s'était éteint, tué par un verre d'eau renversé sur elle. Calipso entendait de nouveau la musique pourtant très forte. Des explosions de rires la martelaient. La main d'Eddie quitta sa cuisse et elle constata qu'il s'essuyait le t-shirt. Elle releva la tête et croisa le regard désolé de Denny. Il grimaçait un demi-sourire l'illuminant.

— Excuse-moi Cali.

— Pas de problème, cela arrive, le rassura-t-elle. Je vais juste aller me sécher. Pour la prochaine fois, rappelez-moi que le chemisier blanc n'est pas la meilleure idée.

Les bras croisés pour éviter de dévoiler sa poitrine masquée par son soutien-gorge à dentelle, déjà bien mise en évidence par la transparence de son chemisier mouillée. Non pas qu'elle n'appréciait pas se mettre en valeur, elle souhaitait juste garder un peu de pudeur.

Sous le sèche-main, elle secoua tant bien que mal le tissu de son chemisier. La machine n'était pas très performante, peut-être que les responsables auraient dû songer à la changer lors des travaux. La tâche fut complexe, longue surtout. Combien de chansons manquait-elle ?

Une fois les dégâts limités, elle regagna leur box. Un sourire se dessina sur son visage, Eddie chantait avec Christopher. Elle resta dans un coin de la pièce près de Denny, dont elle ébouriffa les cheveux, et Darius.

La chanson se termina. Il était temps de boucler cette incroyable sortie avec la toute dernière musique. Les tonalités de la guitare vibrèrent dans les enceintes, une tonalité familière, d'une chanson mythique. Guidés par le même élan, ils se regroupèrent au milieu du box en se prenant par les épaules. Leurs voix s'associèrent.

Take me home, country roads

To the place I belong

Une parfaite harmonie, synonyme d'une famille unie.


L'after karaoké avait aussi été très appréciable. Le gérant du Karaoké Box leur avait offert les boissons, ce qui convenait parfaitement à Calipso. La piña colada coulait à flot. Le repas terminé et la nuit bien entamée, Ravi appuya sur la tête de Calipso pour qu'elle puisse rentrer dans la voiture.

— Au revoiiiir ! fit signe de la main Calipso à son équipe.

— BYYYYE ! cria Hen, prise d'un gros fou rire.

— Vous allez me manquer, chouinait Chimney par la fenêtre alors que Maddie aidait Bobby à attacher Buck, à moitié endormi.

Ravi claqua la portière et elle fit signe à Christopher et Eddie dont la voiture partait devant eux.

— Et bien, heureusement qu'il était prévu que je ne boive pas ce soir, constata Ravi en démarrant le moteur.

— Pfff… Il y a toujours quelqu'un pour nous ramener.

Tout le long de la route, Calipso hésita. Etait-elle dans une voiture ou un sur un voilier en pleine mer ? Elle avait grondé Ravi sur sa conduite, mais il avait assuré qu'il n'en était aucun responsable. Puis, il avait rigolé. Elle se sentait trop embrumée pour réagir.

Des heures plus tard – c'était son ressenti, son voilier subit une pleine tempête. Il chavirait de bâbord à tribord.

— T'as bu combien de verres ? lui demanda Ravi.

— J'sais pas… Compte pas…

— Pour une professeure de mathématiques, c'est du beau… pouffa-t-il.

— Suis pas au travail, marmonna-t-elle en s'accrochant à la poignée et Ravi s'esclaffa. T'es pompier et t'éteins pas l'feu chez toi.

— Euh… Parce qu'il n'y en a pas ?

Elle s'en moquait. Là, elle avait le mal de mer. De terribles vagues la secouaient. Oh… Elle porta la main à sa bouche :

— ARRETE-TOI !

Ravi fit un écart sur la droite. Elle eut juste le temps d'ouvrir la porte et vomit un certain temps. Beurk. C'était sûrement à cause de la conduite de Ravi, il n'avait qu'à être plus doux.

— Un peu plus et ta voiture prenait un sacré coup, se moqua-t-il.

— T'es censé être mon ami ! couina-t-elle avant de vomir à nouveau.

— Justement ! rit-il. Et… C'est peut-être pour cette raison que je tiens tes cheveux ?

Ah oui. En effet. Elle n'avait même pas fait attention. Il était son ami.

La crise passée, ils roulèrent jusqu'à la maison. Calipso s'accrochait à son siège, en inspirant et expirant, pas trop fort. Tout allait bien se passer. Ravi se gara devant chez elle et coupa le moteur. Calipso ouvrit la portière et se retint à la carrosserie. La terre ferme ne l'était pas vraiment. Tout tournait autour d'elle.

— Je vais prendre les clés, notifia Ravi.

Il s'approcha d'elle et fouilla dans sa poche de veste. Elle recula en crispant son visage, la prenait-il pour une imbécile ? Il lui sourit et agita les clés devant elle quand il les eut trouvées. Il la prenait définitivement pour une imbécile. Elle claqua la portière tandis que Ravi trottinait jusqu'à la porte. A peine ouverte, Coop en sortit pour s'aérer. Il manque de la faire tomber et Ravi le rappela.

— Ce n'est pas le moment de lui faire la fête, Coop. Calipso n'est pas dans sa meilleure forme, il ajouta à voix plus basse, comme la moitié de l'équipe soit dit en passant.

— Je t'ai connu plus drôle, soupira-t-elle.

Lorsqu'elle entra, Ravi était déjà en train de déplier le canapé. Elle fit un rapide passage aux toilettes, puis leur servit un verre d'eau.

— Je suis fier de toi, Cali, tu deviens raisonnable, plaisanta-il.

— C'est parce que tu es très attentionné et mon meilleur ami, sinon je t'aurais déjà mis dehors !

Enfin, elle se laissa tomber sur le canapé. Elle ne bougea pas pendant quelques secondes. Ravi lui balança un oreiller et la borda de sa couette, puis il s'installa à côté d'elle. Calipso se releva tant bien que mal pour s'allonger avec décence. Plus les minutes passées, plus elle avait l'impression d'être plongée dans un brouillard épais. Elle se colla à Ravi et s'approcha de son oreille :

— J'ai un secret, murmura-t-elle.

— Ah oui, quoi ? l'interrogea-t-il en reculant pour mieux l'appréhender.

— Je n'ai pas un crush sur Eddie.

— Tu me le répètes assez, soupira-t-il.

Il se tourna pour éteindre la lampe près du canapé, mais elle se jeta sur lui. Ce n'était pas le secret !

— Nooon ! Je crois que je l'aime.

— OH !

Les yeux noirs de Ravi la fixaient désormais, oh elle était incapable d'interpréter maintenant. Elle n'avait même aucune idée de pourquoi elle lui racontait cela ce soir. Cela pouvait attendre demain après tout.

— Tu avoues donc que tu as des sentiments pour Eddie, c'est bien cela ? s'assura Ravi. On est tous surpris…

— Oui ! s'exclama-t-elle bêtement. Mais c'est tout. Mais tu comprends pas… Ca ne pourra JAMAIS être plus. Non. Jamais. C'est déjà trop. Toi, mon meilleur ami. May. Tout le monde. C'est déjà trop.

— Comment ça ?

— Il n'y a qu'un pas entre s'aimer et souffrir. La vie ne tient qu'à un fil. L'échec nous pend au nez. Je serai obligée de partir.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ?

— Tu sais ce qu'elle dit Peyton Sawyer ? « Tout le monde part un jour ».

Calipso n'entendit pas les derniers mots de Ravi, car elle s'assoupit dans la seconde qui suivit.


Voilà ! :D

Ce chapitre vous a-t-il plu ?

Nous venons de passer la moitié de cette partie 1 et j'ai vraiment hâte que vous découvriez cette deuxième moitié ! :D D'ailleurs, il serait temps que je me mette sérieusement à écrire la partie qui devrait être... bien plus longue.

J'espère que cette histoire vous plaît toujours autant. Pour celleux qui suivent la série, j'espère que les personnages canon restent fidèles à eux-mêmes. Pour celleux qui ne regardent pas, vous aimez tout le monde ? Que pensez-vous de Calipso ? Quel personnage à votre cœur pour le moment ? Je redemanderai à la fin de la première partie :D

Bon... Que pensez-vous de l'enquête de Calipso et Eddie ? Entre nous, même si Hen et Chim sont à l'écoute, Eddie et Cali sont les seuls à vraiment croire des choses ahah.

Un karaoké box ! N'est-ce pas merveilleux ? J'adore cela, et vous ?

Qu'avez-vous pensé de cette petite sortie en famille ? Nos Super Trouper sont toujours en forme ! :D

Enfin... La prise de conscience de Calipso ? Est-ce que cela va l'amener quelque part ? Ou va-t-elle rester bornée ? Qu'en pensez-vous ? Mais surtout... Est-ce que les sentiments sont partagés ? :')

Au prochain chapitre : La 118 intervient pour secourir un alpiniste dont la corde s'effrite. Calipso retrouve du beau monde sur la plage. Eddie s'inquiète pour Christopher.