Hello ! :)

Bonne lecture !

CW : Mention de harcèlement


CHAPITRE 8 – Un pas dans l'océan

— 9-1-1, quelle est votre urgence ?

— La roche se brise, il va tomber !

Les premières informations de l'appel avaient renversé Calipso. Après la grotte, elle n'était définitivement pas prête à réitérer l'expérience. Elle s'était proposée auprès de Bobby pour effectuer TOUTES les corvées pendant un mois si cela lui évitait de s'engouffrer dans une grotte. Plutôt que grimacer que mourir écrasée. Bobby s'était moqué. Il lui avait tapoté l'épaule :

— Je t'épargne, Cali. L'appel provenait d'amateurs de rappel australien.

Ni une, ni deux, elle sautilla jusqu'à la barre de descente. Elle glissa et se lâcha d'un saut, prête à se préparer.

A présent, elle était d'attaque. Une nouvelle mission pour la 118 et celle-ci était dans ses cordes.

— Buck, équipe-toi, ordonna Bobby. Ravi, Chim, fixez la corde. Hen, Cali, assurez la stabilité. Eddie, prépare-toi à assurer la descente de Buck.

— Okay, Cap' !

Calipso rejoignit Hen au camion. Elles déployèrent les maintiens du camion afin d'éviter tout déséquilibre lors de la descente de Buck. Elles croisèrent Chim et Ravi qui accrochaient les mousquetons et fixations à l'avant du camion. D'un bâton, elles tapotèrent le sol proche du vide afin d'assurer les parties rigides. A côté d'elles, Bobby échangeait avec les alpinistes :

— Qu'est-ce qui vous a empêché de le remonter ?

— Le glissement de terrain, l'informa l'un d'eux. On glissait à chaque fois et la corde s'effrite.

— Comment ça ? La corde s'effrite ?

— Elle commençait à s'abîmer, répondit l'autre. A chaque fois qu'on tire, elle se casse peu à peu.

— Bien, leva les yeux au ciel Bobby avant de s'adresser à l'alpiniste toujours en rappel australien. Tenez bon ! On arrive !

— CA TIRE ! JE VAIS LACHER !

Calipso jeta un œil au vide. En effet, elle adorait les sensations fortes, mais rester ainsi perpendiculaire à la montagne… et bien, elle n'aimerait pas y rester trop longtemps.

Surtout quand sa vie ne tenait qu'à un fil.

Accroché, Buck descendit en rappel. Des cailloux dévalaient la montagne à chacun de ses pas. Chacun d'eux grimaçait. Ce n'était pas rassurant. Calipso tourna la tête vers Eddie et Ravi qui géraient le câble pour maintenir au mieux Buck. Ce dernier descendait petit saut par petit saut, sans trop d'appui à la roche. Il approchait l'alpiniste qui tremblait comme une feuille prise au vent.

— Equipe-toi, chuchota Bobby à l'oreille de Calipso. S'il lâche, Buck ne pourra pas le maintenir seul. Tu t'équipes, Hen va te fixer au camion et Chimney va maintenir ta corde. Tu te prépares à sauter à mon signal.

— Reçu, Cap'.

La mission prenait une tournure croustillante. Elle enfila son casque, ses gants, son baudrier et assembla tous les mousquetons. Hen l'accrocha au câble. Elle hocha la tête pour lui signifier qu'elle était prête. A petits pas, Calipso avança vers le bord, ce n'était pas très stable. Elle inspecta la direction et elle estima la descente pour rebondir au bon endroit. Buck était arrivé au niveau de l'alpiniste.

Calipso se positionna dos au vide. Ses pieds s'accrochèrent au sol. Son cœur battait à tout rompre. L'adrénaline se propageait dans son corps. Elle étouffait d'excitation. Elle adorait cela !

Le regard figé sur Bobby, elle inspirait et expirait lentement. Elle agrippa le câble et s'appropria ses appuis. Elle entendit un écroulement, mais tenta de ne pas se laisser distraire. Elle inspira et expira. Il y eut un crissement, puis un cri :

— CALI, SAUTE ! EDDIE, EQUIPE-TOI ET SAUTE !

Peu importait sa curiosité, elle n'avait pas le droit de vérifier les lieux. Alors dès qu'elle entendit son prénom, elle se propulsa en arrière dans une descente rapide. Quand elle jugea la distance respectée, elle projeta ses jambes en avant et imagina les enfoncer dans la roche. Il y eut une cascade de cailloux, mais elle réussit à s'arrêter. Elle pivota et attrapa l'alpiniste. Deux secondes plus tard et il chutait.

— MA GOPRO ! hurla-t-il.

— Que du matériel, répliqua-t-elle. Accrochez-vous à moi avant que vous n'ayez le même destin.

Il s'agrippa à elle. Calipso grimaça tant l'effort lui saisit tous les muscles. Tout son corps se crispa, elle devait tenir. Si elle lâchait et bien… elle échouait sa mission.

— CALI, CA VA ?

— OUI ! JE VAIS TOURNER !

Elle pivota et visa juste pour accrocher le mousqueton à l'alpiniste. Ouf. Ils n'avaient plus qu'à les remonter. Elle leva la tête, Eddie effectuait le même saut qu'elle. Elle vit alors Buck qui pendait dans le vide. Il luttait pour retrouver son appui.

— BUCK ! CA VA ?

— J'AI CONNU MIEUX !

— C'EST BON, JE SUIS LA BUCK ! TIENS-TOI PRÊT ! cria Eddie.

— CALI ! ON VOUS REMONTE !

Le câble s'enroula et elle s'aida de ses jambes pour le suivre. Elle maintenait avec force le mousqueton qui la liait à l'alpiniste et l'incita à rejoindre la montagne. Bien heureusement, il réussit à poser ses pieds et ils n'eurent plus qu'à suivre le mouvement.

Arrivés en haut, Hen l'aida à retrouver la terre plus que ferme. Elles purent tirer l'alpiniste avant de se concentrer sur Eddie et Buck qui grimpaient tels des Spider-Man. C'était donc cela qu'on appelait le multiverse. Les cailloux s'écroulaient à leurs pieds. Elles s'agenouillèrent. Tous les quatre devaient faire vite, leur emplacement disparaissait et eux avec.

Eddie lui tendit la main et elle l'empoigna pour le faire basculer de son côté. Sous leur poids, elle s'écroula en arrière et il tomba à côté d'elle. Pas une minute à perdre, ils se relevèrent et aidèrent Hen et Buck à faire de même. Le cœur battant, ils coururent rejoindre le camion juste à temps car le bord de la falaise s'écroula juste derrière eux.

— Wow ! C'était moins une ! s'exclama Buck.

— On recommence quand tu veux, proposa Calipso sous les regards désespérés de leur équipe.


Parfois, la vie à Los Angeles rappelait à Calipso ses années à Orlando. Que la journée ait été dure ou agréable, la plage leur tendait toujours les bras. Calipso adorait pouvoir s'y retrouver. Tout était plus paisible. Le contact du sable chaud glissant entre ses doigts dans petits chatouillements, le soulèvement des vagues provoquant des clapotis, l'odeur salé. Ce mélange parfait lui procurait un bien-être idéal. Après les sensations fortes de la journée, elle ne déméritait pas.

Elle n'était pas la seule de cet avis. Dès leur arrivée, Coop aimait se rouler dans le sable et plonger dans l'océan sans un brin hésitation. Le plus grand plaisir de Coop demeurait dans le fait de secouer ses poils à côté de Calipso et ainsi l'arroser. Ce chien était un amour.

Après une baignade, Calipso s'assit dans le sable et demanda à Coop de se coucher près d'elle. Elle essora du mieux qu'elle pouvait ses cheveux. Le sel et l'eau n'avaient jamais été le meilleur combo pour sa qualité capillaire. Mais c'était ainsi que Calipso les préférait, relâchés.

Elle se blottit contre ses jambes et contempla le spectacle océanique. Depuis toujours elle plissait les yeux, convaincue que, si elle était assez observatrice, elle discernerait les limites de l'océan. Il y avait bien des détails qui la rendraient capables d'y parvenir, elle n'avait juste pas encore trouvé lesquels ils étaient.

L'immensité de l'océan était une source d'angoisse pour beaucoup, pour Calipso il était synonyme d'espoir. S'il était si grand, une infinité de possibilités s'offrait à elle. Son bonheur devait y résider, elle n'avait juste pas encore trouvé le bon cap.

Coop tourna la tête et se leva. Il agita sa queue et un filet de bave s'échappa de sa gueule. Calipso grimaça. Elle attrapa un mouchoir dans son sac et lui essuya avant qu'il ne l'asperge avec. Coop enfonça sa patte en avant, tentant un pas.

— Pas bougé, Coop, l'en empêcha-t-elle.

Coop resta à sa hauteur. Il lâcha un couinement pour démonter son mécontentement. Quel pauvre chien, si elle avait eu deux minutes, elle l'aurait plaint. Calipso pivota et comprit ce qui avait attiré l'attention de son chien. Christopher et Eddie s'approchaient d'eux. L'excitation de Coop était toute justifiée.

— Hey ! les salua-t-elle.

— Salut, Cali ! lui répondit Christopher dont les béquilles s'enfonçaient dans le sable. Salut Coop !

Calipso autorisa Coop à se déplacer. Ce dernier se dépêcha de quémander les caresses aux nouveaux venus. Elle sourit quand il sautilla autour d'Eddie et Chris. Son chien n'avait jamais été aussi heureux que depuis qu'ils étaient arrivés à Los Angeles.

— Christopher devait rejoindre des copains, expliqua Eddie. J'ai vu ta voiture.

— Tu as bien fait de venir, s'enthousiasma-t-elle, elle tapota le sable à côté d'elle. Vas-y, installe-toi.

— J'y vais, moi, annonça Christopher. Je peux prendre Coop, s'il te plaît ?

Elle alterna son regard entre Coop, volontaire, Christopher, impatient, et Eddie qui estimait ne pas avoir son mot à dire. Elle se reposa sur Christopher qui lui sourit à pleines dents, comment pourrait-elle lui refuser quoi que ce soit ? Calipso pourrait lui décrocher la lune s'il lui demandait.

— Okay, mais tu y fais bien attention. Ne lui donne rien à manger et juste de l'eau à boire. Si tu en as marre, tu as juste à lui dire « Avec Calipso », il reviendra. Coop, fais attention à Christopher. Allez, avec Chris.

Sans un mot, Eddie et Calipso observèrent Christopher et Coop s'aventurer le long de la plage pour retrouver les amis de l'adolescent. Quand ils devinrent de petits points, Eddie s'assit à l'endroit qu'elle lui avait proposé.

Ce paradoxe lui explosa la figure. Le feu qu'elle ne quittait jamais s'enflamma avant de tourbillonner, un combat entre le désastre et le calme. Que lui arrivait-il à chaque fois qu'il était dans les parages ?

— Je suis rassuré que Coop soit avec lui, dit Eddie, cela lui permit de s'extirper de cette interrogation, j'ai toujours peur que quelque chose lui arrive.

— Il a douze ans, il va s'en sortir !

— J'aimerais penser si simplement, se confia Eddie. Il est bizarre en ce moment, je pense qu'il ne me dit pas tout.

— Quel enfant de douze ans raconte tout à ses parents ?

— Pas dans ce sens, je suis certain qu'il lui arrive quelque chose, mais qu'il ne le dit pas.

Ce sujet était complexe. Par quel moyen pouvait-elle rassurer Eddie ? Elle n'avait pas d'enfant, elle ne pouvait pas comprendre à quel point il était touché. Elle n'avait pas le droit de dire qu'il se trompait sûrement, car son instinct paternel devait avoir raison.

Cependant, il était vraiment préoccupé, elle ne pouvait pas rester silencieuse. Eddie l'avait toujours rassurée quand elle en avait besoin, ce serait bien lâche de sa part de ne pas lui rendre la pareille. Elle lui donna un coup d'épaule, le feu disparut une infime seconde :

— Il saura parler quand il en ressentira le besoin, ne t'en fais pas. Et puis, il est proche de Buck, non ? Il y a Carla aussi, c'est ça ? Il trouvera bien un adulte pour en parler. Chris est assez mature pour cela.

— Tu dois avoir raison, répondit-il en lui souriant. Carla s'inquiète aussi, mais il ne dit pas un mot, même quand on pose directement la question.

— Si tu veux mon avis, plus vous lui poserez la question, moins il parlera.

Calipso s'abstint d'ajouter qu'elle savait de quoi elle parlait. Il lui aurait demandé des explications, et cela aurait été loin de le réconforter.

— Apportez-lui juste le climat de confiance dont il a besoin, compléta-t-elle.

Il hocha la tête. Peu importait s'il était convaincu ou non, elle le trouva moins angoissé. Rien ne comptait plus. Du coin de l'œil, elle continua de l'observer. Elle gardait en tête ces dernières discussion avec Ravi.

Depuis que son cerveau, trop alcoolisé, avait permis à ses organes phonatoires d'exprimer la phrase qu'elle cachait, Ravi ne l'avait pas lâchée. D'un côté, Calipso en était soulagée. Admettre ce sentiment lui avait enlevé un poids, celui de la vérité. La nouvelle problématique était qu'elle ne pouvait baisser les armes, elle s'interdisait d'écouter ses sentiments. Elle se blesserait, Eddie et Christopher ne seraient pas épargnés. Et puis, que s'imaginait-elle ? Rien n'aboutirait, même si Ravi était persuadé du contraire.

Plus ses minutes d'observations s'écoulaient, plus elle se donnait raison. Ravi avait tort. Aucun signe ne prouvait qu'Eddie s'intéressait à elle. Pas même un aux interprétations antipodiques. Rien.

Pendant un long moment, ils discutèrent de la caserne ainsi que de leur arrivée à Los Angeles. Ils échangèrent sur divers sujets, il s'agissait de la première fois qu'ils conversaient réellement à deux. Calipso ne se souvenait pas avoir autant ri en si peu de temps. Tout était plus simple.

Le soleil se couchait. Les lueurs rouges reflétaient sur le bleu océan. Cela annonçait son départ. Calipso adorait sortir, mais ce qu'elle préférait par-dessus tout était d'être chez elle.

— Il commence à se faire tard, je vais récupérer Coop et rentrer, le prévint-elle.

Elle rassembla ses affaires et plia ses jambes pour prendre appui et se relever, mais il la retint :

— On peut faire un pique-nique sur la plage si tu veux. On peut même inviter les autres si…

BOUM. Son feu s'embrasa dans une violente explosion. Tous ses organes la brûlèrent, elle étouffait.

Elle baissa les yeux. Eddie s'interrompit, il devait jauger sa réaction. Elle était ridicule, c'était certain. Son idée était bonne, elle se sentait juste vexée que seule sa présence ne suffisait pas. Mais après tout, ils n'étaient que des collègues qui se fréquentaient de temps à autres. Elle était proche de Ravi, mais pour le reste de l'équipe, c'était tout.

Elle n'était que Calipso Rivera et elle voulait rester juste Calipso Rivera, non ?

Argh. Elle détestait l'admettre, mais Ravi avait raison. Elle était paradoxale. Pourquoi cherchait-elle tant à être importante pour eux si elle n'avait pas l'intention d'être plus qu'une collègue ? Elle-même ne se comprenait pas. Comment pouvaient-ils y parvenir ?

— Ou je peux simplement aller chercher des bières ? se corrigea Eddie.

Une légère brise, imaginaire, car il n'y avait pas de vent aujourd'hui, caressa son visage. Ses joues devaient aussi s'être enflammées, le souffle les rafraîchit. La question d'Eddie ne l'aida pas, s'adaptait-il à elle par politesse ? Était-ce l'envie d'être avec elle qui le poussait à trouver une solution ?

Et d'abord, pourquoi se posait-elle la question ?

— C'est gentil. Je… Désolée. Comme tu veux, tu peux leur envoyer un message.

Elle ne prêta pas attention à son choix. Elle l'évita et prétendit s'amuser avec des poignées de sable qu'elle relâchait doucement. Elle fixait les grains de sable s'écoulaient tel un sablier, un par un dans un laps de temps limité. Elle en était à cinq poignées quand Eddie la questionna :

— Tu es du genre compétitrice, non ?

— Pas vraiment, nuança-t-elle. J'aime me surpasser, pas forcément face aux autres.

— Une course jusqu'à la bouée là-bas !

Son doigt désignait une des dernières bouées de délimitation de baignade. Elle reporta son attention sur lui. Elle décrypta de la provocation, d'accord, si c'était ainsi…

— Défi relevé, Diaz !

Comme des enfants, ils se précipitèrent en se bousculant. Ils coururent dans le sable jusqu'au premier pas dans l'océan qui leur rappela que l'eau était plus froide qu'elle n'y paraissait, mais ils étaient des pompiers il en fallait plus pour les impressionner.

Quand il devint plus difficile de courir et qu'elle perdit du temps, Calipso plongea et ondula sur plusieurs mètres avant de sortir la tête de l'eau. Les vagues provoquèrent une résistance. Calipso força sur ses bras pour les battre. Eddie n'était plus dans son champ de vision, mais elle ne pouvait pas perdre de temps à constater si elle était première ou non.

Il n'y avait qu'elle et l'océan. Il était compliqué de percer les vagues, mais Calipso parvenait à les dompter. Tout était une question de calcul. Il suffisait de glisser sur la vague, battre des jambes et amplifier ses mouvements de bras pour prendre un maximum d'appui. Rien de plus simple.

Un enchaînement stratégique qu'elle persévéra jusqu'à claquer sa main contre la bouée et constater sa….

L'égalité.

Drôle ou non, ils explosèrent de rire manquant de boire la tasse. Calipso n'était pas du genre à se contenter d'une égalité. C'était tout ou rien. Elle devait donc trouver une solution, et il n'y en avait qu'une seule. Du moins, selon elle, et elle estimait ne pas avoir le temps de réfléchir comme sur le terrain.

— Nous n'avons qu'un seul moyen de départager alors.

— Ah oui ? la défia Eddie.

— La noyade.

Elle termina son mot et ne laissa pas Eddie anticiper son attaque. Elle battit des pieds pour rester à la surface et l'éclaboussa à grosses vagues. Heureusement pour elle, ou malheureusement, elle ne se ridiculisa pas car Eddie se vengea la seconde suivante. Ils s'aspergeaient d'eau l'un l'autre.

La première étape n'était pas suffisante. Il ne restait plus que la tentative : couler.

Deux pompiers l'un contre l'autre apporta un combat très serré. Leur résistance était telle qu'ils n'arrivaient pas à atteindre le but, mais Calipso était tenace, enfin c'était ce qu'elle croyait. Après un énième essai, Eddie l'attrapa par la taille et elle s'en trouva paralysée.

Mais elle n'était pas la seule.

Il n'y avait plus un rire. Il n'y avait plus un mot. Il n'y avait plus un geste d'attaque ou de défense. Seuls leurs légers battements de jambes pour garder la tête hors de l'eau ainsi que les mouvements de main de Calipso étaient perceptibles. Cela, et un regard.

Juste un regard.

Calipso était incapable de mesurer le temps. Il aurait pu se passer une seconde ou un siècle, elle n'en aurait vu la différence. Elle était hors du temps.

Son corps bouillonna, elle luttait contre le pire incendie jamais connu. Son cœur palpitait, mais elle était incapable de décrocher ses yeux des lèvres d'Eddie.

Il ne la quittait pas non plus. Peut-être ressentait-il ces mêmes sensations. Il ne valait mieux pas. C'était bien trop dangereux. Il resserra sa main sur sa hanche, elle en frissonna. Il la rapprocha doucement de lui. Le feu s'apaisait. Plus proche, encore. Bonne ou mauvaise idée ? Elle n'avait plus chaud, elle approchait de la quiétude. Depuis quand ne l'avait-elle pas ressenti ? Peut-être pouvait-elle essayer, ressentir cet état au moins une fois dans sa vie ? Son cœur tambourinait comme les batteries dans un concert de rock.

Non, ce n'était pas une bonne idée.

— WOUHOUUUUU !

ALLELUIA ! Ses voix, peu importait leur appartenance, les propulsèrent dans la réalité. Mais, surtout, elles leur sauvaient la vie. Ils tournèrent la tête et virent Buck, Maddie, Chimney et Jee leur faire des signes de la main. Finalement, elle était soulagée qu'il ait envoyé le message.

Eddie souffla si fort qu'elle sentit l'air chaud dans son cou, elle en eut les poils qui se hérissaient. Il bascula sa tête en arrière en murmurant des mots inaudibles. Il regrettait son choix, elle l'interprétait ainsi. Peu importait, cela valait bien mieux pour eux. Cela aurait été une sacrée erreur.

Il était temps de réagir.

Elle se décrocha d'Eddie et balança son bras pour saluer leurs amis. Il imita son geste. Calipso ricana, un air bien moqueur marqué au visage.

— Parfait. Très bon timing pour le sauvetage en mer. Nous allons être départagés.

— Comment ça le sau…

Ne jamais baisser sa garde. Calipso se tourna brusquement, posa ses deux mains sur les épaules d'Eddie et de toutes ses forces, jusqu'à ce qu'il ait la tête sous l'eau. Elle s'assura qu'il coulait un peu, puis elle le relâcha. Avant qu'il ne remonte à la surface, elle plongea à nouveau et fit exprès de battre fort des pieds afin qu'il n'ait pas la possibilité de les tirer.

Le retour fut bien plus évident. Elle se cala sur le rythme des vagues et elles la portèrent jusqu'au bord de la plage. Les deux pieds au sol, elle ne put qu'apprécier sa victoire. Eddie était encore en train de nager, parfait.

Elle plaqua du mieux qu'elle pouvait ses cheveux bouclés et rejoignit les nouveaux arrivants. Elle agita ses doigts vers Maddie pour l'arroser. Puis, elle s'approcha de Buck – qui allait parler – et Chimney et passa un bras autour de chacun afin de les serrer contre elle pour bien prendre soin de les mouiller.

— Outch. C'est froid, constata Chimney tandis que Jee rigola en portant sa main à la bouche.

— Roooh, t'abuses, dit Buck en la repoussant, puis il demanda sérieusement. Vous faisiez quoi LA ?

— Ne te fais pas des idées, Buck, roula-t-elle des yeux. Il ne s'agissait que d'une course. Il y avait égalité donc nous étions en pleine bataille. Je viens d'arriver première, donc J'AI GAGNE.

Ce n'était pas un hasard, elle avait bien pris garde de crier ces trois derniers mots pour qu'Eddie, sorti de l'eau, l'entende. Son élan de malice lui échappa quand ses yeux se posèrent sur le corps d'Eddie dont les gouttes d'eau coulaient le long de sa peau. Il s'ébouriffa les cheveux. Elle souffla, le plus discrètement possible, pour ne pas se laisser piéger à nouveau.

Une chose était sûre, l'incendie la regagnait. Un peu plus à chaque fois qu'elle était proche de l'éteindre.

— C'était de la triche, constata Eddie en faisant un check à Chimney et Buck, toujours éberlué.

— Non, une stratégie pour gagner. C'est différent, remarqua-t-elle. Coucou Jee ! On va faire un château ?

— Ouiiii ! dit la petite fille de sa voix aiguë.

Jee-Yun lui attrapa la main et Maddie lui tendit le seau et la pelle. Calipso se tourna vers Eddie et montra son bras musclé afin de le narguer. Il était dépité. Elle avançait avec Jee, mais eut juste le temps d'entendre Chimney arbitrer :

— Elle a gagné, c'est indéniable.

— T'as gagné ? demanda Jee.

— Et oui, Jee. Maintenant, toi, tu vas faire le plus beau des châteaux.

— L'est où Coop ?

— Il est avec Christopher, tu les verras tout à l'heure.

Proche de ses affaires, Calipso s'assit dans le sable et Jee se laissa tomber à côté d'elle. Elle commença à creuser le sable pour remplir le seau. Calipso gigota un peu, gênée par le sable qui lui colla à la peau. Buck s'assit à côté de Jee et les aida à construire le plus beau des palais avec douves pour Jee-Yun.

Ils étaient certainement bien plus impliqués que la petite fille qui se contentait de produire des pâtés dégoulinants de sable. L'intention était là.

May et Darius arrivèrent, suivis d'Athena et Bobby. Athena portait un imposant chapeau qui lui allait à merveille et dont elle était très fière. Calipso n'aurait jamais pu mettre cela sur ses cheveux.

— Bonsoir tout le monde ! salua Athena en tournant sur elle-même.

De leur côté, Jee, Buck et elle se contentèrent de simples bonjours de la main avant de reprendre le cours de leurs travaux. Le château commençait à être incroyable, Buck avait réussi à rehausser certaines parties pour faire de grandes tours, les remparts étaient parfaitement lisses. Jee avait trouvé de petits coquillages pour le décorer. De vrais artistes.

Ravi et sa mère – Jaya – les rejoignirent et enfin Hen arriva avec Karen et Denny. Alors que Denny courrait vers l'océan, Hen s'arrêta en levant un sourcil puis sortit son portable :

— Les enfants jouent ensemble, qu'ils sont mignons ! Dites cheese !

D'un même air, Buck et elle froncèrent les sourcils en se regardant. Cela ne dura qu'un court instant, ils préféraient mille fois avoir une belle photo d'eux. De toute façon, ils avaient bien l'habitude d'être qualifiés d'enfants, surtout depuis leur intervention ratée.

— Quelqu'un aurait pensé à prendre un couteau ? demanda Bobby. On a pris de quoi faire des sandwichs, mais, sous la précipitation, on a oublié les couteaux.

— Dans ma voiture ! leva la main Calipso quand elle comprit que personne n'avait le nécessaire. Mes clés sont dans mon sac, il y a une caisse sur le siège passager, tu devrais trouver ce dont tu as besoin.

— Laisse, Bobby, j'y vais, dit Eddie. A défaut d'avoir apporté quelque chose, je peux faire cela.

Quand Eddie revint, lunettes de soleil toujours sur son nez alors que le soleil disparaissait, elle remarqua qu'il avait bien trouvé le nécessaire parmi tout son bazar. Il le donna à Bobby qui commença à tartiner de beurre de cacahuète des tranches de pain de mie.

— C'est le sac de Mary Poppins là-dedans, lui fit-il remarquer. Couteau, extincteur, cric, pied de biche, marteau…

— C'est ma caisse de secours, remarqua-t-elle avec évidence, mais cela ne l'était que pour elle. Personne ici n'en a ? ils hochèrent la tête d'un non, Et bien pour des pompiers, c'est fort dommage.

— Et tu ne peux pas le mettre dans ton coffre ? se moqua Eddie.

— C'est une caisse de secours, l'intérêt est qu'il soit accessible en cas d'urgence.

— C'est franchement malin, constata Bobby.

— Voilà, si un jour vous avez un accident avec moi, vous serez bien contents d'avoir ma caisse de secours.

— A L'EAU ! se leva soudainement Jee en courant vers son père.

— On va manger, dit Chimney, à la vue de la moue de Jee il changea d'avis. Un petit peu alors.

— Et le château ? demanda Calipso.

— Tu t'attendais à quoi ? railla Hen. Elle a quatre ans.

— A un peu plus de persévérance, soupira-t-elle.

Après tout, il n'était pas trop mal comme château. L'avantage était qu'ils pouvaient aller manger. Elle se leva en balayant le sable de ses jambes et elle accepta la bière que lui tendit Karen. Cependant, elle n'eut pas le temps de s'insérer dans le groupe ou même se servir à manger qu'elle entendit des gros aboiements. Ils étaient forts, presque menaçants.

— J'arrive, je pense que Coop a un problème, préféra-t-elle vérifier.

— Tu penses que Christopher… commença Eddie en se relevant d'un saut.

— Non, je ne pense pas. Coop serait venu nous chercher. J'y vais, je t'appelle si Chris a un problème.

Avant de partir, elle prit son portable et enfila son T-shirt et son short de plage. Elle suivit la direction empruntée par Christopher deux heures plus tôt. Elle appelait Coop, mais jamais il ne revint, c'était bizarre.

Bizarre, jusqu'à ce qu'elle aperçoive des silhouettes sur lesquelles Coop aboyait et une silhouette au sol qu'elle ne douta pas être Christopher. Elle entama des foulées afin de les atteindre plus rapidement. A quelques mètres d'eux, elle les interpela :

— EH ! Un problème ?

— Non, non, reculèrent-ils.

Tout prouvait le contraire. Coop ne cessait de leur aboyer dessus pour les prévenir de ne pas faire un pas de plus, mais surtout c'était le comportement de Christopher qui l'intriguait. Il l'évitait et n'avait pas prononcé un seul mot.

— Je crois qu'il y en a un, déclara-t-elle. Déguerpissez. Et vous avez plutôt intérêt à ne plus vous approcher de Christopher.

— Oui, oui, répondirent les deux jeunes, tête baissée.

— Coop.

Son chien aboya une grosse dernière fois en sautant d'un pas. Les jeunes prirent la fuite en courant. Elle hocha la tête, ils étaient ridicules. Elle caressa le haut de la tête de Coop, toujours sur ses gardes.

— Merci, Coop, beau chien.

Il s'assit à côté de Christopher en lui donnant un coup de tête ce qui provoqua un sourire de Calipso, elle s'agenouilla à son tour. A priori, il n'avait aucune blessure physique. Heureusement, pour ces deux garçons.

— Ça va, Chris ?

— Ouais… Ils m'ont bousculé et se sont moqué de moi. Ils sont au collège, deux ans de plus que moi.

— Quelle bande d'idiots, cracha-t-elle. J'aurais dû être plus explicite.

— Ça ira, Cali, répondit Chris d'une voix cassée. Merci.

Elle en doutait. C'était important pour Christopher. Les préoccupations d'Eddie se déroulaient devant ses yeux et elle regrettait de ne pas avoir mieux gérer le problème. Elle prit peine pour Christopher, il n'était pas trop tard pour qu'elle agisse. Elle ne pouvait pas faire comme si elle n'avait rien vu. Elle s'assit à côté de lui et demanda avec douceur :

— Ils t'embêtent souvent comme ça ?

Elle croisa les doigts pour qu'il soit honnête avec elle, même s'ils n'étaient pas très proches. Christopher parut hésité, mais il sortit de son silence.

— Bof… Je suis bien entouré. Là, mes amis venaient de partir alors ils en ont profité.

— Des lâches. De mieux en mieux, grogna-t-elle.

— Tu as l'air de prendre très à cœur cette histoire, remarqua-t-il. C'est rien.

— En effet, admit-elle, cela me rappelle de mauvais souvenirs. Ce n'est pas tout. Je n'apprécie pas qu'on te fasse du mal surtout quand je sais que ton père s'inquiète pour toi. Ce n'est pas rien et tu le sais.

— Ouais sûrement, soupira Christopher. Il t'est arrivé quoi ?

— On va vraiment parler de moi ? s'étonna-t-elle en l'observant.

— Oui, sauf si tu ne le veux pas.

Elle n'avait pas eu tort quelques heures plus tôt, ce gamin était beaucoup trop mature et intelligent. Il la prenait à son propre piège, elle discernait son petit sourire lourd de sens. Il jugeait sa réaction. Si elle refusait de parler, il estimerait qu'il avait toutes les raisons de ne pas le faire non plus. Et elle ne pouvait pas laisser passer cela. Elle tritura les perles du bracelet offert par Christopher, cherchant ses mots, les plus justes...

— Au collège, cela allait. Je venais de perdre mes parents et ma sœur donc les gens avaient pitié, raconta-t-elle. J'étais seule, par choix, mais pas embêtée. Au lycée, cela s'est corsé. J'avais toujours la tête dans mes leçons et j'étais toujours à la bibliothèque pour travailler. Je m'isolais pour ne pas être distraite. Forcément, on se moquait de moi comme la « sans ami », l' « intello » et…

Elle s'interrompit, elle ne pouvait aller jusqu'au bout. Elle s'accrocha à la surprise de Christopher quand elle avait prononcé le mot « intello ». Elle ne pouvait lui en vouloir. Elle n'avait aucun discours qui allait dans ce sens et aucun comportement non plus. Rien de plus normal. Alors elle enchaina et cela fit rire Christopher :

— Qu'on soit clairs, toi et moi, je suis loin d'être une tête. Je détestais l'école. Je travaillais juste énormément pour atteindre ce que ma sœur aurait aimé réussir, mais qu'elle n'a pas eu le temps de réaliser.

Son cœur se pinça en évoquant les ambitions de Bianca. Sa sœur avait un grand avenir devant elle. Elle aurait pu devenir n'importe qui et faire n'importe quoi. Elle rêvait de devenir chirurgienne, mais si elle l'avait voulu, elle aurait même pu être Présidente. Elle fit une pause pour fuir les émotions négatives qui la menaçaient. La voix de Christopher la sortit de son état :

— C'est très courageux.

— Tu trouves ? il acquiesça. A Yale, je n'ai pas eu trop de problèmes. Les étudiants sont trop occupés. Et puis, il y a eu ma formation de pompiers et ma première caserne. Là, c'était très compliqué. J'étais la seule fille, la plus jeune, latina.

— Je vois, souffla Christopher.

— A Seattle, c'était différent. Nous étions deux filles, ce n'était pas bienveillant pour autant. Avant de partir, j'ai eu un petit-copain et il n'était pas toujours très agréable.

— Il te frappait ? s'outra Chris.

— Non, non heureusement pour moi. Il était juste rabaissant et manipulateur, elle ajouta, et pas très gentil avec Coop.

— Un lâche aussi. Tu mérites beaucoup mieux.

Christopher appuya le « beaucoup » d'une belle intonation. Elle plissa les yeux alors qu'il lui adressait un clin d'œil. Il avait une idée en tête, trop intelligent, elle ne le dirait jamais assez.

— Merci, Chris. Bon allez, on va y aller avant que ton père ne panique.

Elle imaginait déjà Eddie arriver en courant avec toute la caserne. Cela aurait été un moment parfait pour plonger Christopher dans le silence. Ce n'était vraiment pas l'effet voulu, surtout quand Chris dit :

— Ne lui dis pas, s'il te plaît.

— Je ne le ferai pas, garantit-elle, sauf s'il s'inquiète pour toi, qu'il nous en fait part et que je comprendrais que tu ne l'as pas fait. C'est à toi de lui dire. Il doit être au courant que des personnes t'embêtent, Chris. C'est important, sinon ce sera dur pour toi et il ne saura pas comment t'aider.

— Tu avais fait quoi toi ?

— J'ai gardé le silence, avoua-t-elle, elle ne voulait pas lui mentir.

— Et le résultat ?

— Je crains que… Je l'ai gardé trop longtemps. Et… Tout cela s'est répercuté sur ma confiance envers les autres. Alors crois-moi quand je te dis qu'il est important d'en parler, tu dois avoir confiance aux personnes que tu aimes et qui veulent ton bien-être. Tu crois que c'est possible pour toi ?

Elle craignait de ne pas avoir eu les mots justes. Elle ne se le pardonnerait pas si Christopher se renfermait et sombrait autant qu'elle. Il était joyeux et empathique, il ne devait pas perdre cela. D'autant que les personnes autour de lui se préoccupaient de son bien. Il devait accepter leur aide, ce qu'elle n'avait pas été capable de faire avec Tía Helena, puis elle avait été livrée à elle-même.

— Je vais y réfléchir, dit Christopher et cela la rassura. Tu peux m'aider à me relever ?

— Bien sûr, accepta-t-elle. Cela ne doit pas être simple de marcher avec les béquilles dans le sable.

— Ça va et j'ai mes muscles.

Ils marchèrent silencieusement dans le sable jusqu'à ce que la 118 soit visible.

— Bon ta soirée devrait mieux se terminer, annonça-t-elle, nous passons un très bon moment.

— Avec mon père ? Je ne suis pas sûr de vouloir en savoir plus.

— Vous interprétez très mal les signes, s'exaspéra-t-elle et Christopher pouffa de rire. Nous avons de la compagnie.

Elle désigna leur groupe qui avait l'air d'avoir déjà bien entamé le repas, il était temps qu'ils arrivent. Son ventre gargouilla, elle n'était pas la seule à le penser.

— Cooool ! s'enthousiasma Christopher.

— Avant qu'ils arrivent, j'ai battu ton père lors d'une course jusqu'à la dernière bouée. Je me permets de te le dire, cela pourrait être une échappatoire.

— Raconte-moi tout !

Bien sûr, Calipso omit l'erreur qu'ils avaient failli commettre. Cela ne concernait pas Christopher et puis, ce n'était qu'un détail dans cette histoire. Ils arrivèrent au pique-nique où tout le monde fut ravi de voir Christopher. Eddie serra l'épaule de son fils et remarqua :

— Vous en avez mis du temps, que s'est-il passé ?

Calipso fit un clin d'œil à Christopher, puis elle s'assit à la place de libre entre Bobby et Ravi, juste face à Eddie. Comme si de rien n'était, elle répondit :

— Oh rien, Coop avait peur d'un rocher et de son ombre. Puis j'ai pris plaisir à raconter à Christopher que je t'ai battu à plate couture.

— Ça ne s'est pas passé comme ça, corrigea Eddie.

— Si papa, joua le jeu Christopher. Tu t'es juste laissé avoir.

— Un point pour Chris, dirent en chœur Buck, Chimney et Hen.

— Tu as corrompu mon fils ? s'outra Eddie.

— Seulement mentionné les faits, leva-t-elle le menton.

— Un point pour Cali, comptèrent à nouveau Buck, Chimney et Hen.

Eddie atteignait un niveau de désespoir que Calipso n'aurait pas aimé connaître, heureusement pour lui, il était clair qu'il était tout aussi amusé. Elle tendit alors sa bière, que Ravi avait eu la gentillesse de lui garder, vers Eddie d'une œillade provocatrice. Il le lui rendit, elle en fut satisfaite.

— Crush ! chuchota Ravi à son oreille.

Surprise, elle avala de travers. Ouf, elle toussait, signe qu'elle respirait encore. Bobby lui donna plusieurs tapes dans le dos :

— Tu t'en remets ? s'assura-t-il.

— Ouaip ! répondit-elle en signant « ok ». Merci, cap'.

Dios gracias, personne d'autre ne lui prêtait attention. Sauf peut-être May, qui avait ce même air que Ravi et qu'elle oscillait son regard entre Eddie et elle. Et puis… Il y avait Eddie qui écoutait Christopher discuter avec Buck, mais qui avait aussi un œil sur elle. Pourquoi restait-elle son intérêt ? Peut-être n'était-il pas si indifférent… Alors… Peut-être que lui aussi…

Une bouffée d'angoisse la saisit. Elle prit garde à la masquer, elle ne devait rien montrer. Elle imagina un scaphandre dans lequel elle contenait cette panique. Elle s'asphyxiait, mais rien n'en sortirait. Elle devait la maîtriser en cet intérieur, rien ne déborderait.

Sa vie à Los Angeles devenait hors de contrôle.

Elle n'avait pas fait qu'un pas dans l'océan, elle s'était jetée à l'eau. Elle nagerait bientôt en eaux troubles jusqu'à risquer la noyade. Et elle les emportait tous avec elle.


Et voilà ! :)

Ce chapitre vous a-t-il plu ?

La plage ! Qu'avez-vous pensé de ce petit moment ? Et du pas dans l'océan d'Eddie et Cali ? Eddie, partage-t-il les sentiments de Cali ? Où cela va-t-il les mener ?

Petite Jee n'est-elle pas toute mimiiiiii ?

Cette discussion entre Christopher et Cali ? Qu'en avez-vous pensé ? Retenu ?

Et enfin... Cali a-t-elle raison ? Va-t-elle tenir le coup ?

J'AI HATE DU PROCHAIN CHAPITRE ! En parlant de lui "Au prochain chapitre" : Bobby a préparé un week-end camping en nature pour toute la famille 118, avec un programme dont il est fier ! Calipso joue les entremetteuses. May annonce une nouvelle aux Super Trouper. Bref, c'est parti pour un week-end PARFAIT !