Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour la troisième nuit du FoF (oui je fais les choses 14 ans après, et alors?) sur le thème Oreiller!
Quand Ito lui avait annoncé fièrement lui avoir trouvé la meilleure chambre de l'auberge, Isabella avait sourit. Elle était tout simplement épuisée : au-delà des contraintes physiques exercées sur son corps par cette première journée de voyage, cette dernière avait été si riche en découvertes qu'elle n'avait su où donner de la tête. Toutes ces nouveautés, ces odeurs si différentes de l'Angleterre, ces coutumes étranges, sans compter le fait d'entendre toute la journée une langue inconnue... oui, tout ceci avait de quoi fatiguer. Et même si c'était une fatigue qu'Isabella était heureuse d'accueillir, elle n'était absolument pas contre une bonne nuit de repos.
Dire qu'elle fut déçue en rentrant dans la chambre était ainsi un euphémisme.
Même avec toute la bonne volonté et ouverture d'esprit du monde, Isabella peinait à comprendre en quoi cette pièce était une chambre. Les murs étaient en effet décrépis, le sol manifestement usé et moisis. Le seul objet tenait en une fine couche de toile, qu'Isabella présumait être le lit. Mais sur celui-ci, aucun drap, aucune couette, pas même un oreiller... C'est bien simple : la seule chose qui trônait sur cette usurpation de lit, c'étaient de drôles de petits insectes dont elle n'avait que peu envie de faire la connaissance.
En constatant cela, Isabella fut prise d'une pathétique envie de pleurer. Un instant, elle en vint à remettre son projet en question.
Un instant seulement.
Car sitôt qu'elle formula cette pensée, revint à son esprit ce qui l'attendait en Angleterre : des médecins tous plus alarmistes les uns que les autres. Une vie rigide et contrôlée par sa famille. Le poids de la société. Un mari, à qui elle devrait rendre des comptes. Autant de choses bien pires qu'un lit punaisé, en somme.
Alors Isabella chassa bien vite sa première réaction capricieuse pour se tourner vers Ito.
- Je te remercie profondément d'avoir trouvé cette chambre. C'est parfait.
Et le saint patron des voyageurs savait qu'elle n'aurait pas pu être plus honnête.
