TU PEUX TOI AUSSI COMMANDER TA FICTION

Oui tu peux toi aussi commander une fiction en te rendant sur notre histoire "Commandes de fictions" ou sur notre forum, et review le mois en cours !


Hé ! Bien le bonjour (ou le bonsoir) à toi qui arrive sur cette histoire ! Mana2702 nous a demandé : "comment Tatsu a rencontré sa femme et qu'est-ce qui l'a fait décider de devenir homme au foyer ? Car dans la série anime de netflix on ne le sait pas, et comme je n'ai pas lu les manga bah j'en ai aucune idée."

Umi - Lady d'Acticiel, une des auteurs de notre collectif, a décidé répondre à cette commande.


Disclaimer : La Voie du Tablier est l'oeuvre de Kosuke Oono.

Résumé : Aujourd'hui, Tatsu est un homme au foyer accompli, grâce à qui son épouse Miku peut laisser libre court à son travail. Cette histoire raconte le commencement de leur relation lorsqu'une nuit, un jeune yakuza trop fier a rencontré ce petit brin de femme…

Note de l'auteur : Bonjour tout le monde ! Petite précision : l'écriture de cette histoire a été entièrement basée sur la série anime « La Voie du Tablier », et pas sur le manga. Merci à Mana d'avoir donné l'idée de cette histoire, et à Marina, dont l'écrit sur cette œuvre a mis la barre plutôt haute. Allez lire son texte, aussi disponible dans la liste du Comptoir, c'est une excellente séquelle à « La Voie du Tablier » ! ^_^ Bonne lecture !


La Voie du Dragon

Chapitre 1

La pluie qui clapotait contre les fenêtres du bureau faisait toujours un joli bruit. Dans leur espace de travail, tout le monde commençait à ramasser ses affaires. Les plus précoces venaient d'ailleurs de vider les lieux. Le couloir était assez animé, à cette heure de la journée.

Une silhouette âgée se planta devant la jeune femme :

- Miku ! Tu viens avec nous ? On va faire un karaoké, pour célébrer le début du week-end !

Avec un rire, Miku attrapa son sac et sa veste. Elle se tourna vers Masako. Miku aimait bien Masako. De toutes ses collègues, elle avait été la première à l'inclure dans leur groupe. Aujourd'hui, si elle était bien intégrée dans l'équipe, Miku savait que c'était grâce à elle. Un autre jour, elle aurait accepté avec plaisir. Mais ce soir…

- Non, pas ce soir, désolée, répondit-elle. Je… suis attendue.

Masako leva une main et couvrit sa bouche, l'air rieur :

- Oooooh ? Par ton petit ami, c'est ça ?

Ah, c'était toujours gênant de devoir parler de ce sujet devant des gens qu'elle connaissait mal. Pour biaiser, Miku répondit :

- … Disons plutôt que c'est un rendez-vous que j'aime beaucoup, et que j'aimerais ne pas rater.

- Oh, je comprends, je comprends ! Ah, c'est beau la jeunesse ! Allez, à lundi, Miku ! Et sois en forme pour la réunion avec le chef, tu auras ton mot à dire, cette fois.

- Oui ! A lundi !

Masako partit avec leur groupe de collègues et Miku se retrouva seule dans le bureau. Un autre jour, elle aurait pris le temps de passer éteindre tous les écrans de tous les ordinateurs que ses collègues distraits avaient oublié pour le week-end… Mais pas ce soir, pardon. Elle prit une grande inspiration et rangea ses affaires à toute vitesse.

Elle devait calculer comment arriver chez elle le plus vite possible.

Possibilité n°1 : Elle prenait le bus n°2, qui passait juste en bas de l'immeuble. Puis elle descendait devant la bibliothèque, pour un changement pour le bus n°4, qui la laisserait devant la pharmacie. Arrivée estimée devant son appartement : 17h45.

- Problème ? Le bus n°4 avait souvent du retard aux heures de pointe.

Possibilité n°2 : Elle courait une centaine de mètres vers la rue d'à-côté, pour prendre le bus n°3. Et ce bus la déposait juste devant chez elle. Arrivée estimée devant son appartement : 17h35.

- Problème ? Si elle voulait avoir le bus n°3, elle devait se mettre à courir.

La jeune femme regarda par la fenêtre : une pluie drue tombait depuis le matin.

Galoper sous la pluie et arriver à l'heure ? Ou bien arriver tranquillement mais bien au sec ?

L'air résigné, Miku attrapa ses affaires. Elle prit une profonde inspiration… et se mit à GALOPER comme une dératée en direction de l'ascenseur ! Dans sa course, elle heurta la femme de ménage, un homme âgé qui passait là, ainsi que Piyo, le chat jaune du bureau. Elle ne s'en rendit même pas compte.

J'arrive, Matsuda ! hurla-t-elle mentalement.

Les cheveux trempés, Miku enfonça la clé dans la serrure et ouvrit brutalement la porte. Comme tous les vendredis, la poignée intérieure heurta violemment le mur fin, écartant de manière infime les deux pans de plâtre. C'était la Fissure du Vendredi, et probablement l'une des raisons qui faisaient que Miku savait qu'elle ne récupérerait jamais la caution de son petit appartement.

D'un coup de talon, les chaussures à talons vernies furent expulsées des pieds de leur propriétaire. Elles heurtèrent un cadre et un pot de fleurs. Aucune importance : l'Amour n'attendait pas ! Pas le temps de mettre les pantoufles, ce fut donc pieds nus et mouillés que la jeune femme se jeta sur son minuscule sofa. Elle attrapa la télécommande et alluma son minuscule poste de télévision et s'assit en tailleur et… enfin, après une semaine entière à l'attendre, il apparut.

- Matsuda… minauda-t-elle en portant ses mains encore trempées à ses joues soudain brûlantes.

L'Homme de sa vie était là, dans son armure étincelante, s'illustrant dans un Japon féodal. Pile à l'heure, comme chaque vendredi. Et par chance, elle arrivait au bon moment. C'était le résumé des épisodes passés, le générique n'avait même pas encore commencé.

- Précédemment dans « Shôgun Love Love » : - Je ne comprends pas ce qu'il se passe… Mes jambes refusent de bouger ! […] - Meeeeeeurs, enfoooiré ! […] – Noooooon, s'il vous plaît ! Monsieur le Shôgun, venez-moi en aide ! […] – Ce type… Je le connais… Il s'agit de…

Miku poussa un couinement ravi et s'emmitoufla dans son plaid préféré – aux motifs de pétales de cerisier, l'emblème de la série.

Bon sang… Avec Matsuda, chaque semaine était une vraie aventure. Toute la semaine, Miku attendait la suite de sa série préférée… Et l'épisode de vendredi dernier l'avait laissée sur un suspense abominable ! Miku détestait (et adorait,) lorsque la série se finissait sur un suspense abominable…

Par égard envers ses voisins, elle s'abstint de chanter à tue-tête le générique, et se contentant de le chantonner calmement.

Elle avait hâte, si hâte, de connaître la suite des aventures de son shôgun préféré !

- Saluuut Miku~ ! résonna une voix ridicule à travers le combiné.

- Allô, Naokooo~ ! répondit Miku d'une voix toute aussi ridicule, en portant le téléphone à son oreille.

- Non mais t'as VU ce dernier épisode ?

- Bien sûr, oui. J'ai pensé à toi au moment où Reika a déclenché…-

- …son attaque de tourbillon des cœurs, oui ! Bon sang, j'adore ça. Reika, il est TROP BEAU ! J'ai du mal à croire que la série va bientôt se terminer.

Beau, oui, Reika l'était. Mais selon Miku, Reika n'arrivait pas à la cheville de Matsuda.

- Attends, rien n'est moins sûr…

La jeune femme posa l'appareil sur la table de la cuisine. Elle versa le riz dans la cuve du cuiseur et lança le programme, avant de reprendre le téléphone à l'oreille.

- Tu sais, il paraît qu'ils vont sortir un épisode spécial sur l'enfance de Gonzô. J'ai lu ça sur un forum.

- Haha, t'as vraiment que ça à faire de tes journées !

- Eeeeh, c'est pas gentil ! couina Miku. Je dis rien, moi, lorsque tu m'envoies des photos d'hommes blonds dans le métro, uniquement parce qu'ils ont la même couleur de cheveux que ton Reika.

- MON Reika, oui, t'as bien raison ! souligna Naoko en riant. Je l'aime trop. Eh au fait ! Tu parles de forum, mais t'as vu sur leur compte officiel, que les auteurs de Shôgun Love Love vont faire adapter leur nouveau manga en anime ?

- Ouais, j'en ai entendu parler, soupira Miku, soudain refroidie. Mais ça n'a pas l'air terrible. C'est du déjà-vu... C'est quoi, déjà, le nom ?

- « Crime Catch Policure » ! chantonna Naoko. J'ai déjà acheté les douze tomes. Le prochain sort la semaine prochaine. J'adore ! C'est vraiment trop mignon… dans un style différent de « Shôgun Love Love ».

Miku eut cette fois un éclat de rire, l'obligeant à lâcher son téléphone sur la table :

- Ah bah oui, tu parles d'un style différent ! Il est où, le Japon féodal ? Les tenues historiques ? Les beaux discours et les danses ?

- Ce que tu peux être vieux jeu !

- Je ne suis pas « vieux jeu », Naoko, mais j'aime le romantisme ! Dans mon cœur, il est hors de question qu'ils remplacent l'omniprésence de Matsuda par deux midinettes en jupettes. Leur histoire, ça ne marchera jamais, je peux te le parier !

- D'accord, d'accord, Miku ! Haha, on croirait entendre mon grand-père ! Moi aussi, pour le moment, je reste amoureuse de Reika. Et j'ai bien l'intention de prévenir Hideomi qu'il a intérêt à connaître et apprécier « Shôgun Love Love », s'il veut que ça colle entre nous !

Le téléphone maintenu par son épaule, Miku sortit du réfrigérateur du jambon sous vide et du curry en tube. Elle hocha la tête, le regard dans le vague.

- E… Est-ce que ça te fait peur ? demanda-t-elle, le ton soudain sérieux.

- Quoi donc ? Qu'Hideomi n'aime pas la meilleure série de tous les temps ? Carrément ! Imagine, passer mes journées à parler base-ball avec un type qui ne fait QUE jouer au base-ball.

- Haha, toi, on voit que t'as jamais vu mon père… Mais non, je parlais de ça. L'o-miai. Est-ce que ça ne te fait pas un peu peur, d'envisager de te marier avec un garçon que tu connais à peine ?

- Je sais pas… C'est juste que… Ma mère serait soulagée que je me marie. Elle dit que je perds mon temps, avec mes séries. Elle, elle veut que j'aie un travail, un beau mariage et des enfants. Enfin… Le truc que veulent toutes les mères pour leurs filles, je suppose. (Ellerit et reprit) Elle a peut-être pas tort, je me dis. On n'est plus des fillettes, toi et moi. On a fini nos études, on a un travail… Alors pourquoi ne pas passer à la vitesse supérieure, hein ?

Le reste de la conversation se termina normalement, comme à l'accoutumée entre Miku et sa meilleure amie de toujours en éclatant de rire et en s'échangeant des potins et des théories farfelues sur leurs héros respectifs. Mais pourtant, ce soir-là, lorsque Miku raccrocha, elle sentait qu'elle avait du vague à l'âme.

Sa mère aussi, par moments, lui faisait comprendre qu'elle voulait avoir des petits enfants, pour avoir le plaisir de jouer avec eux avant d'être trop âgée. Souvent, elle disait que Miku travaillait déjà trop, qu'elle allait avoir des rides prématurément, et que ce n'était pas bon pour l'image d'une femme, que de laisser son appartement se salir.

Miku sortit ses baguettes préférées – ceux qui avaient la tête de Kumo, le chien de Matsuda – de son tiroir et prépara son plateau qu'elle mangerait devant la télé. Elle posa tous ses ustensiles sales dans l'évier, les faisant rejoindre le monticule de vaisselle sale accumulée depuis mercredi.

Sans être une maniaque de la propreté, Miku ne trouvait pas qu'elle ne savait pas tenir son appartement. Il était vrai qu'elle n'aimait pas faire la vaisselle, et que la faire deux fois par semaine était le meilleur compromis qu'elle avait trouvé. Il était vrai aussi que l'aspirateur que son père lui avait acheté était lourd et plein de petits accessoires qu'elle n'avait même pas osé déballer. Et il n'était pas rare que son lavabo de salle de bain soit bouché par des cheveux ou d'autres matières – mais c'était toujours si dégoûtant de tout enlever… Miku savait qu'elle ne cuisinait pas très bien. Mais c'était pas sa faute ! Quand elles étaient à l'école, c'était toujours Naoko qui faisait les choses les plus compliquées en cours de cuisine.

Malheureusement, d'après Maman, attirer un homme ne tenait qu'à deux choses fondamentales : savoir bien cuisiner et bien tenir sa maison.

Mais Miku, depuis qu'elle était petite, savait qu'elle était une aventurière. Elle avait trouvé elle-même dans quelle branche elle voulait travailler. Elle adorait son boulot ! Elle adorait qu'on apprenne son jeune âge et qu'on constate à quel point elle avait envie de s'en sortir. Elle était sortie major de sa promotion, avec les félicitations du jury. Elle avait reçu deux offres d'emploi et avait pu choisir la meilleure. Et depuis qu'elle avait rejoint les rangs de son agence de communication, en tant que designeuse, elle savait qu'elle voulait rester dans cette boîte. Elle voulait dessiner le monde de demain. Elle voulait former des jeunes femmes ambitieuses, comme elle !

Elle mangeait, respirait, vivait pour son travail. Elle l'aimait, c'était aussi simple que cela. Elle aimait tellement travailler que, même jusque dans ses toilettes, on trouvait des carnets avec des idées jetées sur le papier. (Certaines des campagnes qu'elle avait décrochées avaient d'ailleurs été esquissées dans cet endroit si atypique…)

Mais comme disait Maman : on pouvait difficilement être une bonne employée ET une bonne épouse. Miku savait qu'elle aurait, un jour, à faire un choix. Peut-être était-ce pour cela qu'elle n'avait pas spécialement envie de se trouver un mari… Comment accepter de quitter son travail génial pour se consacrer à un bonhomme, à une maison et à ses enfants ? C'était impossible !

Miku repensa à ce que lui avait dit Naoko dans la conversation de tout à l'heure. Naoko, qui espérait que l'homme qu'elle rencontrerait lors de l'o-miai aime leur série préférée. Eh bien… Si elle devait être totalement honnête, Miku se disait qu'elle préfèrerait trouver un mari qui respecterait son besoin de créer, plutôt que de devoir devenir la parfaite petite épouse que tout le monde voulait qu'elle soit.

Elle soupira et attrapa une lamelle de jambon du bout des baguettes. C'était chose impossible, en somme…

Son regard se posa sur le poster promotionnel du dernier tome de « Shôgun Love Love », qu'elle avait accroché à son mur. On y voyait Matsuda, dans le beau costume de Shôgun qu'il portait durant l'arc de Kintai – son passage préféré du manga, parce qu'on voyait Matsuda torse nu et blessé à la fin de son combat contre la Jorogumo.

- Mais pour toi, Matsuda, je saurais être une bonne épouse ! gloussa-t-elle la bouche pleine, consciente d'être ridicule.


Petite précision : au Japon, on appelle o-miai une rencontre arrangée entre deux famille, en vue de marier deux jeunes gens.

Pour les besoins de cette histoire, je trouvais intéressant de focaliser une partie du récit du point de vue de Miku. Tatsu apparaîtra bientôt, ne vous en faites pas.

Bonne journée et à bientôt pour la suite !