Philippe prenait petit à petit ses esprits grâce au soin de ma mère, elle resta à son chevet toute la journée d'hier. En punition, je devais vider le contenu de la bassine au pied de son lit. Une infection…

Mère savait se montrer cruelle quand elle s'y mettait puis je me retrouvais à lire sous sa surveillance interdiction de quitter la cabine, j'étais consigné jusqu'à un nouvel ordre. Lorsqu'elle devait s'absenter, j'épongeais la sueur de Philippe et lui mettait des vêtements la chemise de rechange de mon père. Elle sera plus utile à lui, qu'au fond d'une cheminé à brûler.

- C'est normalement à moi de prendre soin de vous, jeune maître, souffla-t-il à bout force.

- Ne dit plus de sottise et préservez vos forces, dis-je de manière autoritaire alors je termine de boutonner sa chemise. Reposez vous, demain vous irez mieux.

- En tout cas, je peux mourir heureux en vous voyant ainsi, déclare-t-il admiratif.

Le lendemain c'était un homme nouveau, il rayonnait alors qu'il était quasiment à l'article de la mort. A peine le petit-déjeuner terminé que mère nous traina deux par l'oreille chez le barbier coiffeur.

- Philipe votre barbe, c'est un nid à parasites et nous devons y subsister, pesta ma mère le maintenant fermement sur le fauteuil du barbier.

- Ah bon… Si vous le dit Lady Amélie, accepta docilement Philippe contrarié de perdre sa barbe.

Il tente de négocier auprès de ma mère d'épaissir seulement un peu. Ce qu'elle refuse catégoriquement. Pour les beaux yeux de ma mère il finit par céder, compatissant le barbier lui laissa une fine barbichette.

De mon côté, on me rasa totalement le côté de mes cheveux, bien trop long à son goût, cela faisait ressembler à un voyou. Etant toujours puni, j'avais ordre de retourner à ma cabine pour d'y étudier religieusement, puis de les rejoindre, à l'heure où l'on sonnait le déjeuner.

Splendide ! Elle m'obligeait à potasser, cela m'ennuyait profondément. Surtout lorsqu'on sortait d'un cursus universitaire bien avancé. Le plus jeune diplômé d'Oxford et Cambridge, la fierté de mère et le désintérêt cruel de mon père. Un salopard qui, toute la journée avant la guerre me répétait : « Tu n'es qu'un raté ! Tu m'entends, un taux ! » Rien que d'évoquer son existence remplissait mon cœur d'amertume.

Sous mon lit se cachait ma valise de voyage, à l'intérieur tout y était soigneusement rangé, chaque choix à sa place et ça ne devait pas être autrement. Coincé entre mes dessous et ma chemise propre, un jeu échec en bois avec une lettre. Par hasard, dans l'un des tiroirs de ma cabine se trouvait un coupe-papier.

Je repositionnais mes pièces consciencieusement là où ma partie s'était arrêtée. Pour le moment, j'avais un léger avantage. Et la lettre que je tenais au creux de mes main, allait-elle bouleverser la suite de la fête ?

Bonjour Félix

Comment vas-tu ? Bien, je l'espère. De mon côté l'air de la Normandie m'a fait le plus grand bien. Les médecins pensent que d'ici une quinzaine de jours, je pourrais rejoindre Paris.

Mère m'a dit que toi et tante Amélie partez pour New-York. Tu ramèneras un beau souvenir de là-bas. Ne l'oublie pas. Ta dernière lettre ma fait énormément plaisir. père m'écrit peu, il n'est toujours pas sorti de l'hôpital. Et il refuse catégoriquement que nous allions le voir.

Mère aussi est très occupée, sa nouvelle pièce prend du temps. Sa santé inquiète…

Nathalie s'occupe bien de moi. C'est une femme extraordinaire ! Ai-je raconté la fois où elle a rencontré un Radja Indien. Surement… Mon Dieu, qu'est que je dois radoter.

Normalement, ci-joint à la lettre dans un petit paquet se trouvent : des coupures de journaux et des livres. C'est en remerciant de tous ces drôles de petits magazines illustrés, si tu as autre envoie-les moi.

Sinon pour revenir à notre parti le Fou en B3

Avantage perdu !

Il me bloquait dans le déploiement de ma stratégie. Bien joué ! Nous étions à nouveau à égalité. Le bout de mon crayon de papier tapotait sur le dessus de mon carnet. Devais-je garder mon style ultra-agressif ou adopter une position plus attentive pour mieux étendre ma toile ?

Armée de mon plus beau stylographe, j'entamai ma lettre de réponse :

Bonjour Adrien

Oui ça va, merci de t'inquiéter de mon état de santé ! Ma mère te transmet ses meilleurs vœux de rétablissement et regrette que tante Emilie n'a pas eu le cœur de venir à Brighton. Nous serions venus te rejoindre afin de mieux te suivre dans ta convalescence. Les jours te seraient peut-être parus moins longs.

Les paysages de l'Est du Sussex le jumeau de la Normandie, avec ses mêmes falaises de craie blanche. En tout cas, heureux de lire que ta tuberculose ne soit plus qu'un lointain mauvais souvenir.

Garde précieusement mon magazine pulpe, mère me déteste voir les lire. D'après elle, cela me fait doucement mais sûrement glissé vers la délinquance. Trop obscénité et de violence m'éloignant de toute morale. Si tu en désires d'autres, j'en récupérerais une fois arriver aux Etats-Unis.

Et je rajouterais

Pion en E4.

Avec toute mon affection,

Félix.

Il ne me restait plus qu'à l'apporter au service postal de la compagnie. Ma montre bracelet affichait l'heure de 11h10, l'heure du déjeuner n'allait pas à tarder à être sonnée. J'avais le temps de lire un article. Mon choix se porte sur un scandale d'État : un haut fonctionnaire de la IIIe République dans la tourmente. La raison : un collaborateur proche mentant sur l'identité des corps réinhumés des soldats français de la Grande Guerre.

A chacune des lignes parcourues, mon visage se crispa d'amertume et de colère. C'est ainsi, le cynisme de l'être humain bâtissait des fortunes sur la plus grande tragédie de ce siècle.

Zut ! Les enveloppes prétimbrées, c'était mère qui les gardait. Elle ne m'en voudra pas de m'introduire dans sa chambre. J'étais son fils adoré après tout. Cependant, si elle apprenait l'existence de mon nécessaire de crochetage de serrure…Je ne donnerais pas cher de ma pauvre vie. Alors si je me souvenais bien, les enveloppes, elle les gardait généralement dans sa seconde valise dans la poche intérieure. Elle est également verrouillée à double tour.

Bon sang… Je me laisse tomber sur son allumé, me noyant lentement dans son parfum de lavande et de camomille. Mes yeux se portaient sur la table de chevet, à côté de la lampe un portrait de moi et mère il avait été pris il ya plus de 10 ans. Elle portait une magnifique robe en crêpe de laine, ornée de dentelle et de broderies principales. Cette photographie avait été l'occasion pour elle de mettre cet adorable costume de marin.

Ridicule mais néanmoins un cadeau d'une grande valeur pour elle. Ce jour-là, j'avais piqué une colère quand elle m'avait présenté le costume.

- Félix, s'il te plait, essaie-le, me demanda-t-elle à ma hauteur d'une voix douce et rassurante.

- Non ! Je n'en veux pas ce costume de bouffon ! hurlais-je de rage.

- Félix, c'est un magnifique cadeau qu'on t'a fait, bredouilla ma mère étranglée par un début de sanglot.

Sa main s'approchait de mon visage, un geste si anodin pour une mère, elle désirait seulement me plus calme. Comme une petite brute sans cœur, je l'avais violemment repoussé. Quel fils indigne étais-je…. J'aurais mérité une solide paire de claque à ce moment-là. Ma nourrice entendant le grabuge à l'étage, se permet de me tirer l'oreille droite.

- Vous êtes une brute, jeune Félix ! déclare-t-elle en colère tenant entre ces doigts épais boudinés mon oreille. Regardez dans quel état vous avez mis votre mère, vous devriez avoir honte ! Ce n'est pas le comportement d'un futur seigneur mais d'un voyou ! Excusez-vous-sur-le-champ !

- Pardonnez-moi, mère, bredouillais-je.

- Plus fort, petit insolant ! m'ordonna-t-elle tirant plus fort sur mon oreille.

- Pardonnez-moi, mère, d'avoir aussi abjecte avec vous ! Je recommencerais plus, c'est promis !

Elle s'approche de moi, m'offrant seulement une entre accolade. Niché au creux de son cou, le cœur lourd de honte, je fondis en larme sous le regard accusateur de ma nourrice. Pourquoi ? Parce que la tendresse et la bonté de ma mère à mon égard ont toujours été perçues comme la faiblesse. Tout ce que je méritais n'était que coup de martinet et de badine, d'après elle.

Quelle vielle harpie ! Au moindre impair que je commettais, elle s'empressait de le dire à mon père qui me corrigeait.

Après une fois calme, j'accepte de mettre le costume de marin. Philippe nous conduisit. Le photographe me positionna sur les genoux de ma mère. Et nous fumons photographiés. J'observe les différents appareils exposés dans la boutique, curieux je faillis en toucher un et Philippe m'attrapa la main dans le sac.

- Jeune maître, je vous déconseille de toucher ceci, me recommande-t-il, sa pipe à la bouche. C'est un matériel très précieux et très onéreux.

Touché avec les yeux, je m'étais contenté de répondre par une mine renfrognée

- Ne boudez pas, jeune maître, se moqua-t-il alors il me souleva. Votre mère m'a chargé de vous donner ceci.

Qu'est que je m'étais gavé de caramel ce jour-là puis le lendemain au point d'en voir mal au ventre.

Autant que j'aille les attendre devant la grande salle du paquebot et nous trouvons une table à l'écart des mondanités obligatoires. Sur le bureau qu'occupait les différents écrits et théories médicales reposés un étrange carnet qui attira mon attention titré grossièrement écrit « Chant des Tranchées » : les paniers de mauvaise qualité avaient jaunie et s'étaient gondolés et une femme de cabaret en guise d' illustration qui me convient rougir.

Cela devait appartenir à Philippe ou à un de ses compagnon. A l'intérieur un ensemble de phrases entre-couper par des dessins témoignant de la violence des combats en France.

Attendre…attendre au fond d'un trou humide, boueux dans un mélange de vinasse, de poudre, de sang et de gangrène. Sifflet à la bouche l'officier ordonnait l'assaut ; aucune forme de défection n'était autorisée. On courrait à travers un no man's land défiguré par une pluie d'obus éventrant la terre et les hommes. Pourquoi ? Gagner quelques mètres, une tranchée perdue lors du dernier assaut et qui sera perdu de nouveau.

L'absurdité d'une guerre de position où les hommes se terreraient comme des rats à attendre dans l'angoisse de la prochaine attaque.

C'était ça Verdun…

Nous étions plus que des automates…avançant vers une mort certaine et une victoire illusoire

Une série de courtes lettres décrivant le terrible quotidien de soldats français, canadiens, britanniques ou américains que Philippe avait sûrement rencontré. Tous ces écrits avaient une annotation en bas de page : une date à côté de leur prénom.

- Jeune maître, ne vous ai-je pas dit à plusieurs reprises que la curiosité était un vilain défaut ? déclare une voix derrière moi.

Philippe se tenait derrière moi, appuyé contre le chambranle de la porte, bras croisés. Il s'approche moi lentement, me reprenant des mains ce carnet qu'il renvoie aussitôt.

- Votre mère n'apprécierait pas de vous savoir en retard pour le déjeuner, continua-t-il sur le même ton sans trahir la moindre émotion. Ce n'est pas digne d'un gentleman de forcer la porte de la chambre de sa mère puis de se permettre de fouiller dans ses affaires, vous ne croyez pas ?

Il marquait un point.

- Excusez-moi de m'être permis de lire votre carnet, Philippe, disais-je.

- Ce n'est rien, jeune maître, se contenta-t-il de dire tout en reprendre son carnet en main. Si vous désirez tant le lire, je crains que le contenu à l'intérieur ne soit inapproprié pour vous.

- Ce sont les dernières pensées de certains de vos camardes tombées au combat ? osais-je demander.

- Je vous prie d'oublier l'existence de ce carnet…répéta-t-il tout en tournant les talons.

Son visage était impassible, mais ses yeux trahissaient une douleur profonde. A peine eus-je le temps de le rattraper, qu'il me claqua la porte de sa cabine au nez. Des lamentations étouffées par des sanglots avant d'entendre sa voix étranglée qu'il était impoli de faire attendre une si merveilleuse dame.

L'effervescence de la grande salle du paquebot me donnait le tournis, entre les balais incessants des différents serveurs, sous l'œil inquisiteur du maître d'hôtel veillant à ce qu'aucun grain de sable ne vienne coincer la machinerie complexe qu'était un déjeuner de première classe à bord d'un navire de la Majestic Maritime Ltd.

Une multitude de lustres en cristal suspendus au plafond inondant la pièce d'une lumière éclatante, une boiserie riche faite d'acajou, ornée des plus fines dorures et de motifs sculptés par les plus grands maîtres.

Je n'avais plus à suivre la teinte des verres et de l'argenterie. Un jeune serveur maigrelet, au visage anguleux rouge de sueur, à l'uniforme visiblement bien trop grande pour ses épaules fragiles, manqua de peu me percuter.

- Idiot ! Tu ne peux vraiment pas faire attention, pour une fois ? Vociféra un de ses collègues près à en plus coller une. Qui m'a fichu un employer pareil !

J'allais intervenir mais le serveur poursuivait sa tirade de reproche envers ce jeune apprenti

- Ne l'excusez surtout pas, monsieur ! Ce n'est qu'un sot ! Un bon à rien ! Un âne, bétâ. Une triple andouille ! énuméra-t-il. Retourne en cuisine sur le champ et n'y sort plus de la journée ! Est-ce bien compris Norbert ?

- Oui monsieur, sanglotait le jeune apprenti la tête base.

A deux doigts de lui mettre un coup de pied à l'arrière-train pour le voir plus vite débarrasser le plancher.

- En quoi puis-je vous êtes utile, mon bon monsieur ? Désirez-vous une table ? Ou être conduit jusqu'au salon, ou bien qu'on vous serve un de nos délicieux cocktails ? présente le serveur tout se courbant légèrement avec son meilleur sourire de façade.

- Non ! rien de tout ça ! Accompagnez-moi à ma table, vous savez lire ou vous êtes bigleux ! aboyais-je tout lui affiche le numéro de ma cabine.

Il s'exécute sur le champ.

- Oh oui, tout de suite, mon bon monsieur, se courbait-il.

S'il espérait un pourboire, il pouvait courir. Nous avions demandé à être à l'une des tables les plus isolés, mère n'était pas désireuses de se remêler dans l'immédiat au grand le bain du monde mondain Européen.

Tiens, mère n'était pas seule à table. Philippe n'aurait pas pu la rejoindre avant moi sans que je le remarque.

La personne qui lui tenait compagnie n'était autre qu'une connaissance de mon père, le sénateur Mark Miller. Son fils aussi était de la partie… « Géniale, soupirais-je intérieurement ». Lui et moi nous nous observons longuement comme des chiens de faïence sans nous saluer. Nous n'échangions aucune salutation, ce qui étonna ma mère et son interlocuteur qui semble remarquer ma présence.

- N'est-ce pas le fils prodige de Colt Fathom ! déclare-t-il dans d'une vigoureuse poigné de main.

- Bonjour monsieur le Sénateur Miller, comment allez-vous ? répondis-je l'air neutre alors qu'il avait dû me briser une ou deux phalanges.

- On ne peut mieux, merci de me le demander, mon garçon. Vu que mon fils a décidé d'être muet comme une carpe, John voici le fils d'une très bonne connaissance, ajouté à-t-il gaiement.

- Nous nous connaissons déjà, père, les présentations sont inutiles. Le jeune Fathom, s'est « brillamment » illustré à Cambridge en finissant major de notre promotion à seulement 15 ans, maugréa-t-il les mains crispés sur la table avant qu'il fit signe au sommelier de remplir son verre vide.

- Colt m'avait caché ce détail ! Toute mes félicitations, mon garçon vous savez de qui tenir ! m'acclama-t-il. En revanche parlait-il de ma mère ou de mon père ?

John se contenta de me fusiller du regard avant d'exprimer sarcastiquement : « Oui toute mes félicitations ». Ce que son père remarqua.

- Fils ! Est-ce des manières de parler ainsi ? pointe du doigt le sénateur.

- Ne vous en fait pas, monsieur le sénateur, rassurais-je en adressant un sourire méprisant à John. L'animosité de votre fils est compréhensible, nous avons eu un léger contentieux.

- Un léger ? Laisse-moi rire ! grogna-t-il.

- John ! Il suffit ! retorqua son père fermement.

- Voyez-vous, reprise-je tout en refusant poliment qu'on me serve un verre de vin. Lui et moi, nous étions membre du même club d'échec à Cambridge. Il nous a montré comment perdre sa reine en moins de 10 coups, son seul palmarès au sein de ce club, d'ailleurs. S'il n'y avait que ça, sa place de gardien…il faut savoir prendre des risques pour gagner. Puis on m'a offert sur un plateau d'argent sa position d'arrière au rugby, être aussi inefficace qu'un vulgaire pion en B2.

Piqué au vif, rouge de colère, il bondit de sa chaise renversant son verre dont le contenu éclaboussa la magnifique robe de ma mère. Ce pseudo prodige perdait la face devant sa famille à cause de moi. Un spectacle à la fois pathétique et divertissant.

A Cambridge, alors que je rejoignis l'internat après une longue séance éreintante d'étude à la bibliothèque, il me tomba dessus lui et ses comparaisons pour soi-disant m'apprendre l'humilité. Ce qui constituait à tenter d'enfoncer ma tête la première dans les armoires. Pourquoi ce « bizutage » immonde ? La raison était simple, ce petit premier de sa classe, bien plus âgée que moi, à l'égo atrophié n'avait pu supporter de me voir briller à sa place. Ce petit jeu dura un long mois d'octobre.

L'intégralité de mes costumes finirent brûlés dans la chaudière de l'internat. Un livre à la main, j'observai en sous vêtement, les cheveux mouillés d'une longue douche, les flammes consommées lentement mes plus beaux ensembles. Dans un coin de mon esprit, murissait la plus délicieuse des vengeances. Anéantir lentement et sournoisement son adversaire. Une tâche accomplie avec zèle et minutie, au détriment du temps passé avec mère les fins de semaines.

- Oh non ma robe, s'exclama ma mère impuissante face aux dégâts causés à sa robe.

- FILS ! REGARDE UN PEU CE QUE TU FAIS, VOYONS ! s'énerva aussitôt le sénateur. Ce comportement puéril est indigne de toi… Je vous prie d'accepter mes plus plaques excuses Lady Amélie, je suis confus.

- Ne vous en fait pas, Mark, c'est une veille robe, minimisa ma mère la mine abandonnée cette robe était un cadeau de sa sœur et elle y tenait.

- Non, j'insiste. Quant à toi fils, présente tes excuses auprès de dame Amélie et de son fils, et ne discute surtout pas ! ordonna le sénateur tout en tentant de maitrisé sa voix, il ne voulait pas se donner plus en spectacle.

- Oui, père, grommela John, vexé. Veuillez accepter mes plus sincères excuses dame Amélie. Assurez-vous que cela ne recommencera plus.

- C'est oublié, John. Reprenons si vous le voulez bien ce succulant déjeuner, éluda ma mère.

Le dernier clou du cercueil, patience Félix ! Patience mère de toutes les vertus. Difficile de cacher mon excitation, ma jambe n'arrêtait pas de tressailler.

Un serveur se présente à notre table tout nous distribuant le menu du jour. Voyons, voyons voir …une farandole de plats s'offrait à nous, une véritable étable d'opulence devant nos yeux et je ne savais quoi choisir : velouté d'homard à la crème au cognac accompagné de sa salade Waldorf, ou un assortiment de divers sorte de caviars servie des petites galettes épaisses et moelleuse russe qu'on appelait blini. Suivi en plat principal un filet de sole à la meunière, un risotto aux truffes et champignon ou bien un chateaubriand à la sauce béarnaise et un homard thermidor.

Alors que je scrutais avec appétit la section des fromages rares et affinées, accompagnés de tranche de truffe noire et de miel, je lançai, les yeux rivés sur les propositions de plat : « Avant que cette histoire ne me sorte à nouveau de l'esprit , vous ai-je parler de la fois où durant un mois entier John m'a enfoncé la tête dans les cabinets de Cambridge ? Des moments forts désagréables pour un enfant d'âge de 13 ans, seule, loin de son domicile et sans camarde compatissant, étant nouveau, racontais-je de manière neutre alors que le quatuor à corde commençait à jouer du Haydn. Sinon qu'est-ce que vous allez prendre, le caviar pour être un excellent choix ? »

Les deux adultes eurent la bouche grande ouverte, incapables d'articuler la moindre pensée. John passa du rouge colère à blanc comme un linge, ses poings se serraient sur la nappe. Le serveur ignorant la tension palpable, nous exigeons si on avait fait notre choix :

- Malheureusement nous sommes encore en train de réfléchir et, tout compte fait, je n'ai plus très faim, disais-je heureux d'avoir semé les graines de la discorde et qu'un simple club-sandwich m'irait très bien.